Les dernières semaines ont été épouvantables. Un véritable cauchemar dans lequel nous continuons à nous engluer, sans entrevoir la moindre possibilité de rédemption. Hideko ne m'a mis au courant que tardivement des évènements les plus récents, puis de tout le reste. Elle semblait rongée par une telle honte et une telle culpabilité que, même sans pouvoirs de sensitif, n'importe qui devait être en mesure de les lire en elle. Plusieurs élèves étaient morts, d'autres ont survécu de justesse ; mais combien de blessés, combien de vie nous faudra-t-il encore voir disparaître afin de calmer la fureur de l'Avatar ? La douleur et la peine, qui s'installent à Terrae depuis plusieurs mois, viennent à présent d'y prendre racine, plus solidement qu'un chêne centenaire. Comment les déloger ? Comment faire pour éradiquer cette haine injuste ?

Injustice il y a eu. Mais cependant, est-ce la solution de vouloir réduire à néant des centaines de vies, qui ont déjà dû endurer mille supplices pour parvenir jusqu'ici ? Terrae, c'est la paix. C'est censé l'être. Pourquoi est-ce que ça ne l'est plus, au juste ?

Light. Cet homme, cette légende, ce Master que nous devrions tous admirer et dont nous pouvons encore lire les exploits dans les livres anciens ; Light. Hideko est allée jusqu'à le chercher en Amérique du Sud, et s'est bien gardée d'en informer qui que ce soit. Que compte-t-elle faire ? Le supplier d'emporter la femme qu'il aime loin de Terrae ? C'est insensé. Lui aussi, a souffert... Il ne l'écoutera probablement pas. Pourtant, aussi agaçante que me paraisse l'idée, je crois bien que notre seule chance de sauver l'institut de la destruction repose entre ses mains à lui. À présent, s'il souhaite nous aider ou pas...

C'est un mystère.

Adossé à un arbre, près des grilles de Terrae, je me pince l'arête du nez, une clope coincée au coin des lèvres. Tomoe m'a averti ce matin-même de l'arrivée d'une élève un peu particulière : Elena Derevko, fille de deux anciens Originels, qui avait fui Terrae dès son arrivée ici. J'avoue ne pas y avoir prêté attention auparavant, mais il me semblait bien qu'Hideko l'avait déjà évoquée. Bref, tout ça pour dire que je l'attends d'un air un peu trop sombre pour son propre bien et que je risque de lui passer un joli savon. Disons que je suis pas d'humeur à m'occuper d'élèves fugueurs quand autant de trucs arrivent en même temps : c'est tout simplement pas le moment et je crois que je vais le lui faire sentir. Même si je peux comprendre les raisons qui l'ont amenée à partir, ce n'est pas tolérable...

Un sourire amer se glisse soudainement sur mes lèvres alors que je me remémore ma propre fuite, quelques mois plus tôt, avec Gaetano et Emmy.

Bon, d'accord. J'écouterai ce qu'elle aura à me dire, au moins...
Avisant une silhouette s'avançant au travers des grilles, je la suis du regard un court instant, avant qu'elle ne me dépasse, probablement sans me voir. Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus entre son visage déterminé et les sentiments qui tourbillonnent au fond de son cœur, mais le fait est que j'hésite quelques secondes de plus. Je sais que je n'ai pas le choix, mais je ne peux m'empêcher de me demander si c'est vraiment nécessaire. Tomoe, pourquoi tu m'as fourré là-dedans encore ?

Un soupir m'échappe. Puis je m'avance vers elle après avoir jeté mon mégot sur le sol et l'avoir écrasé sous ma semelle.

– Elena Derevko ? je l'interpelle d'une voix qui se veut parfaitement neutre, mais qui laisse transparaître une légère émotion, indéfinissable. Cette voix tellement propre aux Masters.

Que dire de plus ? « Alors, où tu t'étais enfuie, sale gamine ? » Ce serait un peu irrespectueux. Probablement trop. Je sais pas comment me comporter face à quelqu'un aussi passé au complexe. À l'existence tout simplement aussi merveilleuse que les personnes qui lui ont offert la vie.

Alors je me contente simplement de lui dire ces mots, que l'on a jamais eu l'occasion de prononcer pour elle :

– Bienvenue à Terrae. J'espère que tu y trouveras ce que tu recherches, cette fois.

Ce n'est qu'un éternel recommencement.

Un frisson me remonte le long de l'échine lorsque la jeune fille se retourne avec une lenteur insupportable. Une cascade de boucles sombres, un visage fin, opalin ; et, surtout, des yeux d'un vert aux nuances polaires qui vous transpercent l'âme. Des yeux solitaires, en quête de réponses. Aussi mystérieux que leur propriétaire.

Un vert magique, encore. Un vert destiné à me vaincre. Comme tous les autres.

Son corps est tendu, sur la défensive, comme un petit animal menacé, comme prise sur le fait. L'inquiétude grandit, la jalousie la remplace immédiatement après pour une raison que je ne saisis pas. Je ne peux jamais que constater. C'est ce don qui m'a été légué ; ressentir les peurs, les désirs, sans jamais savoir ce qu'ils peuvent être. Un don. Une malédiction. L'un ou l'autre, qu'importe ? Tout est semblable. Là aussi, un sentiment perdu parmi tant d'autres.

Un don. Une malédiction...

Le retour à la réalité se fait plus ardu que prévu, pour elle comme pour moi ; son regard est toujours planté dans le mien, et je ne parle pas, me contentant de le soutenir comme on soutiendrait, bon gré mal gré, le regard d'une bête sauvage. Son comportement me laisse perplexe ; un savant mélange entre un calme olympien et la détermination farouche d'accomplir ses volontés, coûte que coûte.

Sa voix fuse, posée, aux accents de neutralité mal contrôlés. Chez elle, tout semble vouloir s'enfuir, et pourtant elle reste, déterminée. Son cœur lutte, sa voix s'affermit. Dans quel but ?

Elena m'interroge sans détour, laissant mon visage se peindre quelques secondes d'une surprise que je peine à retenir. Un court instant, et mes traits reprennent une expression indéfinissable, celle que je traîne depuis des jours à présent. Sombre et inquiète, et pourtant encore empli d'un espoir à la limite de l'irréel. Light.

Light. Pourra-t-il sauver Terrae ? Le souhaitera-t-il ? En réalité, sa venue m'inquiète autant qu'elle me rassure. Lui seul peut décider, d'un claquement de doigts, de laisser Aëlita détruire notre refuge. Je refuse de revoir des morts et des blessés, de voir ces gosses se battre ; à présent, où iraient-ils ? La rue les accueillerait à bras ouverts. Le Désespoir et la Mort en feraient de même.

La jeune fille baisse le regard vers le sol, et j'en suis presque heureux. Peut-être n'a-t-elle pas lu la réponse évidente à sa question sur mon visage. Puis, elle le relève, plante à nouveau ses yeux métalliques dans les miens.

- Je cherchais Adam.

Je mets quelques secondes à me souvenir de qui elle peut bien parler. Puis je me souviens. Et finalement je comprends. Je comprends ce qu'elle fait là, malgré sa fuite. À vrai dire, il ne me vient aucune envie de lui faire la morale. C'est tellement stupide.
Puisque tout est tellement logique.

Son frère, qu'elle recherchait. Terrae en danger ; Terrae, le seul lien tangible avec Adam, qui a disparu dans la nature. Et à présent, son retour ? Ici, rien n'est jamais coïncidence. Tout n'est qu'évidence. Je ne sais pas comment elle est au courant pour Aëlita, pour Light ; peu importe. Elle est simplement là. Comme nous tous.

Un soupir m'échappe et je hoche la tête avec lenteur, avant de planter mes mains trop nerveuses dans mes poches. Fichues traîtresses.

– Je comprends. Mais essaie d'éviter de disparaître à nouveau ; on s'inquiétait. Tu ne peux pas tout faire seule. Laisse nous t'aider ; c'est à ça qu'on sert.

Une légère pause, encore. Je m'en veux une demi-seconde d'avoir été aussi abrupt.

– Pour ce qui est de Light, je ne sais pas comment tu as été mise au courant... mais oui, il est bien là. Inutile de le cacher, tu aurais fini par l'apprendre tôt ou tard de toute manière.

Je penche légèrement la tête sur le côté, la fixe quelques instants de plus, en silence, ne sachant trop que dire. Sa question m'a déstabilisé plus que je ne saurais l'admettre.

Dis-moi, Elena, tiens-tu encore tant à Terrae que tu ne puisses l'abandonner lorsque sonne son heure ?

Je peine à suivre le fil de ses pensées. De ses émotions, devrais-je plutôt dire. Tout se mélange et se confond, rien ne se distingue clairement. Je lis en elle autant de soulagement que d'appréhension, autant de colère que de tristesse. Malgré tout, son visage reste impassible, distant et refermé. J'aurais sans doute jamais pu savoir si elle a bien compris ce que j'ai voulu lui dire si je n'avais pas été sensitif, et c'est bien triste à avouer.

Elena fuit mon regard. Je mets quelques secondes à m'interroger sur la raison, qui m'échappe totalement, sans pour autant trouver de réponse.

- Philos ...

Sa voix n'est qu'un murmure, un souffle imperceptible. Pourtant, plus que son intonation, c'est le mot qu'elle prononce qui me fait tressaillir un instant. Un nom, qui évoque tant de choses...
Terrae. Un Originel. Évidemment qu'il devait être au courant.
Comment aurait-il pu en être autrement ?

La suite de ses mots me plongent encore une fois dans la perplexité, mais me tirent un pâle sourire vaguement amusé. Je ne dis rien, me contente de hocher lentement la tête. Mon regard se fait infiniment plus doux. Que dire, dans un tel instant ?
Oui, ça a commencé. Non, tu n'es pas en retard. Peut-être même que, toi aussi, tu auras ton rôle à jouer ? Qui sait. Je crois pas vraiment au destin, et à toutes ces conneries. Mais il faut bien avouer que Terrae est magique. Tous les êtres, liés de près ou de loin à cet endroit, ne pouvaient que l'être eux aussi. Et ça, c'est une conviction profonde.

Je lui laisse le temps de se reprendre, d'imposer son propre rythme, pour ne pas la brusquer. Elle semble de plus en plus perdue, et fuit encore mon regard. Qu'est-ce qui la trouble, sincèrement ? Les autres ne ressentent jamais ça. Peut-être que si je passais moins de temps à faire mon boulet et un peu plus à me montrer comme je suis, ça ne me choquerait pas autant. Ou peut-être que ce n'est qu'en le sachant que les autres parviennent à ressentir quelque chose de semblable, qui sait ? Ahh. C'est tellement stupide de penser à ça maintenant.

Puis, les secondes s'étirant, un bourgeon commence à éclore dans son cœur. Il se détache du reste, enfle progressivement. Comme une graine portée par le vent, ce sentiment s'implante en moi à son tour, et me tire un sourire plus sincère. Plus fort. C'est une très jolie fleur, à vrai dire.

- Co... Comment t'appelles-tu ?

Une question banale, mais indispensable en effet. Non, je n'ai pas oublié de me présenter tout à l'heure, c'est faux. Enfin un peu. Mais ça aurait gâché l'effet de la rencontre classe et mystérieuse.
Ahem.

– Aaron Williams, je me présente sobrement, ravi de constater qu'elle me regarde enfin dans les yeux.

Un nouveau sourire éclaire mon visage, rassurant.

– Pas la peine de te troubler autant.

Je manque de rajouter qu'il n'y a que les Morphes hystériques qui ont un goût prononcé pour la chair fraîche, mais me retiens à temps. Puis je laisse un temps passer, avant de reprendre :

– Tu m'avais l'air hésitante. Si je peux faire quoi que ce soit, il faut me le dire. Je ne suis pas télépathe, tu sais ? je lui souris d'un air mutin.

J'essaie de rester en place, un peu difficilement je l'avoue. Je suis pas Tonnerre pour rien, faut pas l'oublier. Mais elle a l'air tellement tendue, tellement perdue surtout, que j'ose à peine bouger un cil. Ah ça, pour avoir changé, j'ai changé. Pas comme certains le pensent ni le souhaiteraient, mais soit. C'est important de laisser le temps, maintenant je le comprends. Puis, je suis bien trop sur les nerfs depuis quelques temps pour avoir envie de rire comme avant en la saoulant avec mes conneries. Une fois que tout sera terminé, peut-être. Mais pas tant que l'Avatar continuera ses folies. Combien de personnes a-t-elle envoyé à l'hôpital ? Combien en a-t-elle tué ? Un nombre infime... Et pourtant, c'est déjà tellement. Trop pour qu'on puisse l'accepter. Le tolérer.
On ne se laissera pas faire.

Je lis dans son regard ses excuses, avant même qu'elle ne les prononce ; cette volonté de bien faire et de s'ouvrir, rien qu'un peu, pour pouvoir protéger cette grande maison. Pour Terrae. Un nouveau sourire étire mes lèvres à cette pensée. C'est quelqu'un de bien, cette gosse. Comme beaucoup, elle mérite tellement plus que ce qu'on peut lui offrir...

– T'inquiète pas, je comprends. Même si c'est important que tu te mettes à l'aise.

Je l'écoute attentivement, comme un élève devant son professeur. La situation paraîtrait presque comique...

– Merci, je réponds en hochant la tête. Si tu peux me dire ce que tu sais sur elle, même juste sommairement, je pense que ça pourrait nous être utile. Je veux dire... Hideko nous en a parlé. Mais au final, on ne sait pas grand chose sur elle.

Mis à part le fait que Light soit la seule personne à pouvoir l'arrêter. C'est triste à dire, mais je ne place aucune confiance en lui pour la simple et bonne raison que, dans sa situation, je ne me contenterais pas de récupérer la femme que j'aime. Je ferais en sorte de provoquer le plus de dégât possible et d'annihiler de la surface de la terre les salauds qui ont fait ça. Peu importe les raisons. Peu importe les conséquences.
Espérons simplement qu'il ne soit pas aussi rancunier que moi.

La surprise pointe son nez, bientôt délogée par un brin d'amusement. Elle semble tellement... C'est indéfinissable, comme sentiment.
Pour la rassurer un peu, je secoue la tête.

– J'essaie de fuir les montagnes de copies à corriger, ça me permet de faire une petite pause, je ris doucement, lui lançant un clin d’œil.

Il faudrait penser à reprendre des cours pour détendre l'atmosphère, je suis de plus en plus nul à ce jeu-là.

– Quoi qu'il en soit... On a fait passer le message dans les classes, et les rumeurs se répandent comme une traînée de poudre. Les gens évitent de sortir la nuit depuis qu'ils ont appris que des élèves ont été blessés et tués, je reprends en me pinçant les lèvres, mal à l'aise. Certains ont pas encore la présence d'esprit de rester regroupés, mais on est pas assez pour tous les surveiller. Surtout qu'elle cache sa présence. On ne sait jamais quand elle va surgir.

Mon regard se perd un instant dans le vague, avant que je ne reporte mon attention sur elle.

– Toi aussi, fais attention. Ne te mets pas dans des situations dangereuses, d'accord ?

Je lâche un soupir et fais la moue. Elle ne semblait pas réellement prête à rester calme et sage comme une bonne petite fille – ceci est évidemment cynique, je me vois mal lui faire la morale… Elle est grande après tout. Je ne peux pas faire grand-chose pour elle. Juste éviter qu’elle se fasse éventrer sur le parvis de l’institut. Quoique, c’est déjà pas trop mal je trouve…
Cette histoire avec Aëlita me perturbe.
Elle me propose d’aller boire un verre et j’accepte dans un sourire léger, la suivant jusqu’au village sans rien dire. Nous nous asseyons à une table libre et elle sort un dossier de son sac, qu’elle dispose devant moi, avant de commencer son récit au sujet de l’avatar. J’écoute, tout ouïe, et enregistre chacun de ses mots, les pesant longuement, essayant de comprendre et reconstruire logiquement le fil de l’histoire. Les visages des Masters, eux, se gravent peu à peu sur ma rétine. Dark et Mist. Les parents de Mitsuki – tous deux Tonnerres, Téléporteurs de génie. Elle leur ressemble beaucoup, et pas seulement au sujet de leurs pouvoirs ; on reconnaissait les traits fins de sa mère, le sourire mutin de son père. Les cheveux immaculés de la femme, les yeux améthyste de l’homme. Des légendes.
Les voir de cette manière me tire une vive émotion, sans que je ne sache expliquer pourquoi.
Les autres Masters, quant à eux, j’en ai déjà rapidement entendu parler ; des Masters célèbres, qui avaient marqué l’histoire de leur temps. Surtout le dernier, premier de leur génération, merveille parmi les plus hauts, et revenu il y a peu de temps à Terrae. Light. Ces Téléporteurs ne cesseront jamais de m’étonner.
Mes sourcils se froncent légèrement. Je ne comprends pas pourquoi ils ont changé de nom – aucun d’entre nous, ici, ne l’avait fait. Peut-être est-ce cela qui les rend si extraordinaires ? Ils sont devenus Masters, presque des Dieux. Forts et puissants, tous reliés les uns aux autres ; et nous, à côté, nous ne sommes que des insectes. Nous avons les pouvoirs, certes ; mais Masters, avec cette force universelle qui devrait tous nous traverser ? Nous sommes trop égoïstes pour ressentir cette Unité. Comme des Etoiles au potentiel trop élevé ; des Dieux abrutis, corrompus, entraînés vers le fond par notre ignorance et notre désintérêt. À côté d’eux, ces forces de la nature…
Nous ne sommes rien.
Je continue d’écouter Elena en me mordillant la lèvre, pensif, essayant de me reconcentrer sur ses mots et moins sur le fil de mes pensées. Trop de choses arrivent en même temps – les doutes et la peur, Aëlita, Light, nous tous. Nous avons tellement de choses à nous reprocher.
Adorable à son arrivée ? En l’entendant me dire ça, j’ai l’impression d’avoir loupé un épisode – il s’est passé quoi pour qu’elle devienne une tueuse sanguinaire, au juste ? Son… enlèvement par Hideko – on ne peut le définir d’une autre manière – l’aurait donc changée à ce point ? Elle devait être particulièrement instable de base… Ou peut-être que, comme pour Mist, comme pour Mitsuki, ses pouvoirs ont repris le dessus sur son humanité ? Je ne sais pas… Après, d’accord. Deux ans enfermé, et je serais devenu fou moi aussi. C’est difficile d’en ressortir sain d’esprit, je pense, mais même. Je me pince l’arête du nez, réflechissant. Pourquoi n’a-t-elle jamais rien dit ? J’avais perçu parfois des instabilités dans les sous-sols, mais de là à me dire qu’elle gardait l’Avatar enfermée pour ne pas qu’elle massacre la moitié de Terrae, franchement…
Qu’est-ce qu’on a loupé ? À quel point s’est-on fourvoyé ? Il faut qu’on agisse avant que ce soit définitivement trop tard – mais avec les têtes brûlées que je me tape comme collègues, c’est pas gagné pour régler ça diplomatiquement. Le problème risque d’enfler un peu plus.
Je manque de m’effrayer lorsque le serveur arrive, et pousse un long soupir.

- Un café pour moi. Merci.

L’homme me lance un regard interrogateur, avant de partir faire nos cafés. Je reporte mon attention sur la jeune femme face à moi. Mon regard brille d’une légère couleur mordorée. Dans mon cœur se mêlent tristesse et impuissance.

- Je te remercie de m’avoir dit tout ça, je soupire encore. C’est une histoire compliquée…

Mes yeux partent dans le vague. J’hésite longuement sur le choix de chacun de mes mots, la voix traînante.

- Si Aëlita a pu être… une fille normale… Je veux dire, quelqu’un capable de ressentir de l’empathie, ou autre chose que de la haine… Alors on doit pouvoir la calmer. Rien qu’un peu.

Je réfléchis à la vitesse de l’éclair. Ah, ces tonnerres… Dire qu’ils peuvent être des lumières de temps à autre n’est pas qu’un mauvais jeu de mot ! (Sinon, mes chevilles vont bien.)

- Mais connaissant les autres Masters, ils risquent de vouloir lui mettre sur la gueule. Plus ou moins violemment selon les caractères. J’ai un peu peur pour l’avenir là.

Ma mâchoire se contracte.

- Elle méritait sûrement pas de subir tout ça – si ça l’a détruite à ce point, ça a vraiment dû être… Horrible. Et là je comprends pas comment Hideko a pu laisser une chose pareille arriver.

Je ne peux m’empêcher de me mettre à sa place, et je frémis. Autant de colère que d’angoisse.

- Il faut que quelqu’un aille la voir… je murmure, perdu dans mes pensées.

Je suis pas certain de ce que je dois faire, mais… Il faut que je la retrouve et que je lui parle. Au plus vite.



HRP : Bon. Je suis désolée de ce post tout pourri tout nul... et du temps qu'il m'a fallut pour te répondre >< Pardon >< Si mon post te convient pas, hésite pas à me le dire pour que je modifie !

Les yeux perdus dans la contemplation de ma tasse, j’acquiesce lentement. Avoir la foi. La foi en Light, cet homme que je ne connais pas, mais qui a laissé tant d’histoires dans son sillage. C’est vrai, il faut lui faire confiance ; mais comment faire quand on ne sait pas réellement de quoi il est capable ? Je prie pour qu’il tienne autant à Terrae que nous. Je prie pour qu’il n’ait pas l’envie de participer à ses tueries vengeresses. Mais qu’est-ce que ça lui apporterait ? De la satisfaction ? Tuer des élèves… Non, des gosses en fait. Nos gosses. Ils n’ont pas notre sang, mais ils ont nos tripes. Cette rage de vivre.
Je sais pas trop quoi en penser. J’ai envie de pouvoir placer ma confiance en lui, mais c’est pas si simple. J’ai déjà du mal à me convaincre que certains de mes propres collègues pourraient aider à régler le problème ; alors c’est dire. Ce doit être le problème, en réalité. On se méfie tous les uns des autres, et on arrive pas à se reposer sur qui que ce soit. Un peu plus maintenant ; Gaetano, Haley, Hideko, Ryu, Keitaro… Tomoe. J’ai un sourire plus doux à cette pensée. Je sais qu’on arrivera à faire changer Aëlita d’avis. Même si c’est stupidement niais et optimiste comme pensée. Je refuse de me laisser aller au pessimisme.
Je sors de mes pensées lorsqu’Elena me propose du feu, et secoue la tête. Pas envie de fumer – assez rare, tiens. J’irais enfumer mon appartement plus tard, c’est pas grave. On va se contenter de café pour le moment…

- Non merci.

Je reporte mon attention sur elle. Ahh, si, j’ai envie de fumer finalement… Quelle merde ce truc, ça rend complètement addict. Faut vraiment que j’arrête.

- On essaiera de lui faire confiance dans ce cas, je souffle finalement au bout d’un temps, avant de prendre une gorgée brûlante de café. Mais si ça prend trop de temps, il faudra bien essayer de régler le problème nous-même.

Elle ne s’arrêtera pas toute seule. Justement parce qu’elle est brisée, complètement détruite ; elle se rend parfaitement compte de ses actions. Mais elle est trop aveuglée par son désir de vengeance… Je sais pas comment qui que ce soit pourrait faire pour la faire changer d’avis. Mais si Light le peut, qu’il se grouille de le faire et l’emmène loin.
Je soupire.

- Même si ça ne risque pas d’être très pacifique. Beaucoup de monde souhaitent la mettre hors d’état de nuire. Définitivement. C’est peut-être pas la solution, mais je peux les comprendre.

Après tout, combien de personnes sont mortes par sa faute ?