« ENCORE EN RETARD ? »

Le prof hurle. C’est la cinquième élève qui ouvre la porte depuis qu’il l’a lui-même fermée. Il est à deux doigts, de craquer. La petite brune se faufile discrètement jusqu’à sa place. Le prof fait un grand discourt sur la ponctualité et les valeurs qui se perdent qui est à dire vrai tout aussi pompeux que son court habituel. Ipiu n’écoute rien, elle est à l’heure, ELLE. Toujours à l’heure, c’est une marque de respect. Pourtant elle n’écoute pas un mot de la tirade de l’enseignant, elle a pioché un exercice au hasard traitant du chapitre qu’ils sont en train de voir. Elle est tellement concentrée qu’elle ne se rend pas compte que le cours est en train de reprendre.

Lorsqu’elle s’en rend finalement compte, elle a tout juste le temps de recopier ce qui est inscrit au tableau avant qu’il ne l’efface. La cloche sonne, elle regroupe ses affaires. Le prof la rejoint à son bureau. Merde ? A-t-il remarqué qu’elle n’avait pas du tout suivit son cours ? Non. Pas du tout, en fait il lui demande son aide. Il souhaiterait qu’elle fasse en sorte qu’Elena Devecov, Non crétin c’est Derevko… soit à l’heure à la prochaine heure de cours. Je ne suis pas déléguée ! Elle accepte avec un sourire.

Elle réfléchit quand aura leur prochain cours de Math… Un matin c’est sûr, toutes leurs heures de cours de maths ont lieu entre 8 et 11h ! Pour qu’ils soient plus attentifs… Si ça marche pour Ipiu la majorité des jeunes sont justes dans le brouillard jusqu’à 10h au moins. Elle grimace, leur prochain cours sera lundi matin, 8h. Elle a prévenu Elena de sa mission le soir même.

Elle se lève. Elle s’étire, il est 5h30… Elle aurait aimé dormir une heure de plus, mais elle s’en sait incapable. Au lieu de cela elle file à son entrainement. Elle s’arrête pourtant après de simples échauffements, elle n’a pas beaucoup de temps. Okay, elle vise large. Il est tout juste 6h30 quand elle débarque devant le lit d’Elena qui roupille. Elle n’a pas pris sa douche, elle compte la prendre avec miss retard. Elle hésite un instant sur la tactique pour faire sortir sa camarade des bras de Morphée… Elle commence par la manière douce. Elle passe sa main sur l’épaule d’Elena :

« Allez minette, faut te réveiller ! »

Ipiu a d’abord tenté la caresse maternelle, celle d’une mère qui veut réveiller doucement. Elle ne veut pas que le rêve se finisse trop brutalement… D’ailleurs, de quoi peut bien rêver une petite Elena ? De son prince charmant ? Du prof de maths ? Peut-être de son enfance. Elle pouvait aussi imaginer être une super-héroïne d’un livre pas encore écrit. Elle imaginait bien la jeune fille se substituer à une guerrière rompue au combat… Voltigeant sur les toits, le regard franc. C’est assez drôle comme image.

- Mghflhfgflf

Ah. Bon. Ce n’est pas la bonne technique ? Bah merde, on va passer à l’étape papa ours ? Elle sourit. Elle va s’amuser, quitte à avoir reçu une mission autant s’amuser un peu ? Elle se met à secouer plus vigoureusement la pauvre Elena. Pas comme un prunier, mais presque. Elle n’est pas vilaine, elle ne veut pas la faire tomber de son lit, juste la réveiller.

« Hey, Elena, j’ai pas envie de devoir te traumatiser en jouant le rôle du prince charmant pour te réveiller. Ouvre tes jolies mirettes ! »

Oui, pas tout a fait gentil, pas tout à fait méchant. Elle ne compte pas faire semblant d’être la meilleure amie d’Elena, elles ne se sont quasiment jamais parlé bien qu’elles soient dans la même classe. Ce qui reste étrange, en fait, Ipiu est plus jeune que tous les élèves de sa classe. Elle a pourtant demandé l’autorisation de squatter dans un cours de niveau plus élevé. Elle ne parle à personne d’autre qu’au prof, ses camarades la voient comme un bébé surdoué… Pas comme une gamine bosseuse qui aime les maths… Et je ne vais pas me taper des cours de quatrième alors que j’ai un niveau faculté…

HRP : Désolé c'est court...

Tout va vite. Elena se redresse et se réveille à la fois, une main se plaque contre la gorge d’Ipiu lui coupant la respiration, l’autre lui saisi son poignet qu’elle tord violement, envoyant une onde de douleur dans son bras. Ipiu retient sa respiration, elle ne montre pas qu’elle a mal, ne pousse pas un cri, elle se contente de sourire, elle a réussi à réveiller la brunette. Et si je réagissais pour si peu, ma couverture volerait en éclat en quelques secondes. Le pression et la douleur cessent en un instant, le sourire d’Ipiu persiste.

La moindre des choses que l’on puisse dire, c’est qu’elle est réactive au réveil. Ipiu en connaît plusieurs qui seraient restées dans le brouillard pendant plus d’une heure avant de réussir un raisonnement aussi cohérent. Déjà se rappeler qu’Ipiu était là pour l’emmener en cours était déjà pas mal.

« Désolée, mais la manière douce n’a pas fonctionnée, et j’aurais pu passer au seau d’eau si tu n’avais pas ouvert les yeux. Lundi prochain, j’utiliserais sans doute cette méthode si je ne peux pas te toucher… »

Aucune trace d’humour sur le visage d’Ipiu, elle l’aurait fait… Ou peut-être pas, le sourire qui apparaît sur ses lèvres montre bien qu’elle plaisante. Elle se frotte le poigné et puis la gorge. Ca ne fait pas vraiment mal, mais elle sait qu’elle va en garder des ecchymoses. Tant pis, elle portera une écharpe malgré la chaleur.

« Douche en premier, ou p’tit déjeuner ? N’envisage pas que je te laisse arriver à la bourre. »

« Mh, ouais, enfin l'eau je m'en passerai bien »

Ipiu sourit, de plus en plus amusée par la situations, elle vient tout de même de menacer sa camarade de classe de la réveiller à coup de seau d’eau la prochaine fois… Bon, oui, c’est une menace en l’air, elle n’a pas envie de se faire étriper et vue la réaction d’Elena c’est ce qui arriverait. Elle a déjà une bonne idée de la manière dont elle la réveillera… Quelques minuteurs posés autour de son lit lui permettront de mettre une distance de sécurité entre elles deux.

« Alors évite d’essayer de m’étrangler, ça ne se voit peut-être pas bien, mais je tiens beaucoup à ma vie… Et à mon intégrité physique ! »

Elle remue le poignet d’un air de martyr. Il en faut beaucoup plus que cela pour la dégommer et de toute manière elle porte encore le bandage servant à éviter une grande partie des foulures qu’elle pourrait se faire en faisant une mauvaise chute en s’entrainant. Elle sourit quand sa compagne propose une douche en premier. Elle ne l’a pas dit, mais c’est elle-même ce dont elle a le plus besoin ! Elle a pas mal transpiré même si elle ne s’est limitée qu’à l’échauffement !

Elle se dirige vers son propre lit d’où elle tire sa valise armoire, elle a préféré laisser l’armoire rattachée au lit superposé où elle séjourne à la fille du haut. Elle en tire une serviette du savon du shampoing, et de quoi s’habiller à savoir : un jean, une chemise à fleurs bleues, et des sous-vêtements à cœur, assez enfantins d’ailleurs, et qu’on peut juger de « très utilisés » et de « vieilleries. » Elle s’en tape ils sont confortables !

«Plus vite je m'éloignerai d'ici mieux ce sera.
- En avant pour le palais des eaux ! »

En même temps elle nota le fait que sa camarade n’apprécie pas les dortoirs. Elle comprenait même s’il était vrai que cette proximité avec des autres filles pouvait être gênante pour quelqu’un qui ne l’avait jamais vécu au par avant. Les deux filles se dirigent vers les douches, grandement vide à cette heure là, l’heure de ponte viendrait bien assez tôt !

Ipiu se glissa dans une douche. Elle ferma la porte avant de commencer à faire glisser ses habits au sol. Elle les ramassa et les attacha sur le porte manteau de la porte. Elle fit un nœud avec ses deux tresses, histoire de ne pas se mouiller ses cheveux. Elle les avait lavé la veille et essayais de ne pas les abimer en les lavant tous les jours. Elle alluma le jet de la douche, elle aimait les douches froides, mais elle savait qu’avec la séance de sport  qu’elle venait de faire une douche froide favoriserait un claquage. Elle commença donc par une douche tiède, elle se savonna.  Elle descendit petit à petit la température de l’eau, jusqu’à ce qu’elle soit glaciale, ou du moins le plus froid qu’elle pouvait espérer des douches de l’institut.

Quand elle fut « prête » elle ferma le combiné de douche. S’essuya et s’habilla. Elle sourit en enfilant le petit débardeur noir qu’elle portait sous sa chemise et empêchait quiconque de découvrir la nature de ses sous-vêtements, ainsi que leur couleur… De même que le tatouage qui couvrait son dos. Elle détacha ses cheveux qui tombèrent en cascade légèrement bouclée. Elle mit ses affaires dans un sac et sa serviette sur son épaule elle sortit en passant sa brosse dans ses cheveux.

Les deux filles mirent les voiles vers le dortoir. Ipiu mit ses affaires en tas sous son lit, et sa serviette à sécher sur la rambarde du lit. Elle revint vers Elena en se tressant les cheveux. Elle les préférait ainsi, ils tombaient moins sur ses yeux , la gênaient moins. Elle sourit :

« Tu as faim ? »


Il se trouve que c'était le cas et les deux jeunes filles déjeunèrent ensemble avant de se rendre en cours. Aucune d'elle ne fut félicité, mais au moins elles échappèrent ensemble à une engueulade.