Je le savais que c'était pas un "normal" de Terrae (normal, façon de parler ! Personne ne l'est ici). Bref. L'homme qui sortit du couvert des arbres était sûrement plus âgé que moi, plus puissant, aussi je le sentais. Il s'avança et prit la parole :

J'imagine que vous n'êtes pas une patrouille.

Le sourire présent sur ses lèvres ne me plaisait guère. Un nouveau grondement sourd sortit de ma gorge. Eion, près de moi, semblait tout aussi mal à l'aise. L'homme reprit la parole :

Cependant quelque chose me dit que vous avez des informations qui m'intéressent.

Je plissais les yeux en sentant les menaces sous son ton amical. Eion, je ne sais comment, garda son "calme" et pointa du doigt l'intrus :

Ton ptit sourire me plaît pas. J'ai pas le souvenir de t'avoir vu à Terrae et tu n'es certainement pas un Master. Encore moins un élève. Je m'appelle Eion. Master. Nous ne sommes effectivement pas une patrouille, de simples personnes qui viennent ici pour s'entraîner et qui ont peut-être eu vent de rumeurs. T'es qui toi si tu n'es pas intérieur à l'institut ?

J'admirais sa force mentale. Si les autres n'étaient pas présents et malgré la puissance qui suintait de l'homme, je lui aurait déjà envoyé quelques coups.
Du coin de l'œil, je vis Alexander qui reculait doucement. Il se déplaçait silencieusement. Il se plaça près de Karin. Il semblait nerveux plus que nécessaire. Cependant, je reportait mon attention vers l'homme. Ses yeux bleus semblaient voir directement l'âme de la personne sur laquelle ils se posaient. C'était flippant à voir. Pourtant Eion, centre d'attention de l'intrus, avait un petit sourire aux lèvres. Je m'avançais et lançais, d'un ton badin sans méfiance si tension dans la voix :

Dis-nous au moins ton nom, qu'on soit fixés.

Finalement, un inconnu grand et blond comme les blés apparut devant nous. Toute la pression semblait venir de lui. Plus intriguée par cet homme que je n'avais jamais vu à Terrae plutôt qu'effrayée, je me redressais lentement, sans faire de mouvement brusque. C'est drôle, une puissance comme la sienne, je n'en ai jamais sentie. Même les Masters comme Eion et Dante n'en émettent pas une aussi impressionnante. Serait-ce un ancien ? J'écoutais avec attention les paroles échangées entre lui et notre petit chef, qui ne semblait pas franchement affecté par le stress ambiant. C'est bien, qu'il arrive à faire la part des choses...

En revanche, rien d'amical dans leurs paroles. L'homme blond passa d'à peu près amical à franchement menaçant, mais Eion ne s'en laissa pas conter. Je remarquais alors soudainement qu'Alexander se rapprochait peu à peu de moi, comme s'il souhaitait se dissimuler derrière moi. Je posais doucement une main sur son bras et passais devant lui, sentant qu'il devait y avoir une bonne raison pour qu'il cherche à se mettre à l'arrière. Notre thélépathe saurait-il quelque chose à propos de cet individu ? D'ailleurs, est-ce que sa présence a un rapport avec celle de la meurtrière ? D'elle aussi on ne sait rien, si ce n'est qu'elle est extrêment puissante... Si c'est une réunion des anciens de Terrae, ce n'est pas la meilleure façon pour se manifester.

Le stress de l'équipe devint franchement inquiètant. Je dois bien avouer que je n'y étais pas insensible, mais je faisais très bien semblant. Et personnellement, je n'avais pas prévu de me battre sérieusement aujourd'hui. Je jetais un rapide coup d'oeil sur les deux Masters, puis ne pouvant pas fermer ma grande bouche, je pris par à la conversation, d'une voix plus chaleureuse que celles des mes compagnons :

- Nous ne sommes pas tellement enclins à créer des problèmes... Peut-être pourrions-nous discuter comme des adultes civilisés ? Que voudriez-vous savoir ?

Un peu de savoir-vivre que diable, on ne va pas lui sauter dessus comme ça ! Surtout en sachant que cet individu est vraiment puissant... De plein fouet, ce serait stupide et complètement suicidaire en plus. Faut pas s'étonner qu'il le prenne mal si on l'agresse comme ça, avec tous ces regards soupçonneux et cette atmosphère moite d'inquiètude !

Non mais c'est quoi tout ce stress que dégage le groupe.... Je suis donc le seul à trouver ça jouissif? Il va enfin se passer un truc marrant et tout le monde semble redouter la catastrophe. Ce qu'ils sont négatif, c'est pas avec un comportement pareil que les choses iront mieux. Il faut aller de l'avant et de préférence dans le tas.

Ainsi de la forêt, entre les arbres, les buissons et toute la flore locale, arrive la "menace identifiée. Un blondinet, qui se marche vers nous le pas assuré... Et c'est ça qui les inquiète. Je lâche un soupir. Eion grince des dents devant les quelques mots qu'il nous lance. Faut dire que son ton me plait pas non plus, mais j'ai super envie de dérouiller alors je suis pas franchement objectif.

Apparemment, il est curieux de connaitre ce qu'on sait sur le sujet de cette fameuse Aelita... ou le hasard l'a fait tomber ici et il nous balance ça comme ça. Mouais, ça me parait improbable quand même. Par contre, petit détail qui vaut ce qu'il vaut, il est devenu vachement plus menaçant d'un coup. J'en suis bien content. Mais ma réaction ne semble pas partagée. Eion et Kyle lui demandent son nom, Les demoiselles du groupe optent pour de la diplomatie et Alexander recule à l'arrière du groupe.

J'attend que chacun dise ce qu'il veut et me place, au cas où entre lui et Kiko. On est jamais trop prudent. Le sourire aux lèvres, je fais quelques pas et me place à distance de fente de lui, environs 2 de mes pas, et lui lance:

" Bon je vais faire court. D'abord tu te présentes, ensuite si tu veux tes infos il va falloir nous dire en quoi ça te concerne. Partant de là, je vais débattre avec moi-même pour savoir si c'est valable. Si c'est pas le cas, je te vire d'ici à grands coups de pieds dans le train. En revanche, si c'est convaincant, tu pourras éventuellement prendre rendez-vous avec l'un des masters ici présent..." Je pointe le branque pyroman du doigt " Eion Nassel, ou moi, Dante Alighieri. Parce que oui, on compte pas répondre de suite, on sait rien sur toi et franchement, on a autre chose à foutre que t'écouter raconter ta vie, ô combien passionnante je n'en doute pas un seul instant."

Je me retournerai bien pour voir la tronche des gens suite à ma provocation, mais je préfère garder mes deux yeux sur notre blondinet. Allez savoir de quoi il est capable.

L'homme face à moi était dangereux, et ce que mon instinct, aiguisé par les années dans le ghetto, me laissait comme arrière-goût ne promettait rien de bon. Il eut un sourire ironique lorsque je lui demandais son nom. Il s'avança à la lumière et ses yeux firent le tour de notre groupe. Je le sentais qui analysait.

Il se présenta sous le nom de Light. J'entendis Alexander gémir très légèrement tandis que Eion se redressait. Je l'imitais bien que ne comprenant pas pourquoi il perdait sa position de garde. Je me savais assez rapide pour réagir si une attaque se déclenchait. Light ferma les yeux un instant. Lorsqu'il les rouvrit ils était froids et pleins d'une détermination meurtrière.

-Et je cherche des informations sur Aëlita.

Sa voix retentit comme un pieu de glace, semblant trancher l'air lui-même. Une impression m'envahit si soudainement qu'un instant j'en restais pantelant. Une courte phrase avait surgit du plus profond de mon être, brutale. Je le hais. L'impression passa comme elle était apparue me laissant une rage froide et implacable que je dus contenir. J'avais manqué ce qu'avait dit Eion. C'est dans un bourdonnement que j'entendis Alexander s'exprimer :

Je crains que nous ne soyons pas vraiment d'une grande aide de ce point de vue. Nous ne sommes pas un groupe très rattaché à Terrae.. La preuve, nous sommes assez éloignés ici.. Déjà qu'on aime pas vraiment traîner avec eux, alors connaître toute les histoires internes..

Malgré la rage qui bouillonnait en moi, je lançais un regard à Alexander. C'est quoi ce coup de bluff pur ?! Si Light devine quoi que ce soit, on est tous dans la mouise. Je priais pour qu'il gobe ce mensonge, ce qui serait quand même surprenant. Je préférais me taire, pour une fois, histoire de ne pas attirer le regard de cet homme si étrange sur moi. Car je n'étais pas sûr de pouvoir garder mon sang froid s'il daignait poser ses yeux sur moi.

D’accord, nos hommes n’étaient donc vraiment pas doués niveau communication et mise en confiance. Même Alexander en plus ! Franchement, j’ai vu beaucoup mieux comme acteurs, ce seraient les tuer que leur demander d’essayer de paraître presque sympathiques ? Roh, les mecs, je vous jure ! Moi qui espérais que ce Terre saurait y faire pour briser les défenses ennemies en trouvant exactement les bons mots… Eh ben non. Enfin, il a dû essayer : son soudain mal de tête ne pouvait provenir que de là. Il faut croire que la dissimulation est une caractéristique principalement féminine… On a de l’expérience après tout. Ca nous évite de nous sauter à la gorge mutuellement…
Je lançais un coup d’œil à Makiko, afin de juger à partir de ses réactions face à ces menaces pour m’adapter à la situation. Si elle aussi se met à être plus ou moins agressive, je crois que chercher à calmer le jeu sera parfaitement inutile, autant suivre le mouvement. En même temps, en mettant un Feu à la tête de notre petit groupe, on aurait dû s’attendre à ce que les ennuis nous tombent rapidement dessus. Du côté des hommes en tout cas, la tension est palpable.
Light, donc, ne venait pas en paix. Curieusement, ce bel homme était à la recherche de notre récente tueuse en série. Les bag girls ont aussi leur côte de popularité, il faut croire… Insensible à la tension qui montait, je repoussais négligemment une de mes mèches de cheveux et me sortis un chew-gum pendant qu’Alexander tentait un coup de bluff, qui pour ma part fut rendu inefficace par le regard ô combien incrédule de Kyle. Merci Kyle. Essayons de rattraper le coup en paraissant complètement d’accord avec Alex’…
Sauf que venant de la part d’un Thélépathe, c’est quand même fort du café de dire qu’il n’est pas au courant des histoires internes. Enfin, c’est lui qui voit. Reportant mon regard sur Light (j’aurais pu sourire en entendant son nom si l’atmosphère n’avait pas été aussi stressée. Avouez, il s’appelle Light ! Ca passe beaucoup moins bien en français ! Non ? Bon, ok, j’arrête.), je le dévisageais sans un mot. Si je rajoute quelque chose, je vais forcément faire une bêtise, autant éviter.

Ignoré.... Il m'a ignoré... MOI? Le danger ambulant du groupe il est passé sur moi comme un char sur une voie pavée. Je crois qu'il m'agace encore plus que Eion, et il en faut pour ça. ET C'EST QUOI CE SOURIRE?

La première idée qui me traverse l'esprit est de lui sauter à la gorge ici et maintenant, sans attendre. Mais mon instinct, de survie, me dit que c'est pas le genre de réaction qui plait à Kiko donc je me contente de l'assassiner du regard en espérant que ça marche.

Eion raconte de la merde pour changer, les demoiselles se montrent calme, Alexander bluff et Kyle fait tout foiré avec sa réaction à deux balles. Et après c'est moi qu'il ignore l'autre empaffé.

Je suis toujours un peu en rogne alors qu'il finit par se souvenir son prénom et de ce qu'il fait ici. J'ai du mal à contenir ce sentiment qui monte en moi, une sorte de démangeaison irrésistible. Je ne parviens pas à la contenir. J'éclate donc de rire... Non mais sérieusement, il s'appelle Light l'autre, oh putain, elle est quand même forte celle-là non? Light..... Et mon Clint, cette entrée trop dramatique, il s'est pris pour un prophète?

Bon bah je vois plus grand chose à faire puis j'en ai tellement envie, faut que je l'emmerde histoire qu'il se souvienne que j'existe. Aussi je commence à lui parler.

" Hum... Light, c'est ça? Donc tu cherches la nouvelle tueuse en série à la mode? Excuse moi de te dire ça, mais ça reste douteux... voir obscure, il faudrait que tu éclaires un peu notre lanterne par ce c'est pas clair ton histoire. Donc faisons vite, en quoi ça te regarde? Parce que bon, tu te payes une entrée messianique et peut-être un peu trop shakespearienne, si c'est pour me dire "parce que" tu peux direct faire demi-tour."

Je souris de mes jeux de mots assez mauvais pour agacer et attend une réaction de sa part, violente si possible parce que sinon c'est pas drôle, c'est que je commence à en avoir marre de rien faire moi.

Bon, j'avais tout foiré. J'allais me faire buter. Par Alexander mais en plus par l'inconnu s'il décidait d'attaquer. Donc j'étais mal. La réaction de Dante face au nom de l'inconnu, Light, me troubla légèrement au premier abaord, puis qu'il se mit à rire. Mais c'est quoi son problème ? qu'es-ce qu'il fout à se marrer au milieu d'une situation pareille ? Je le compris en l'entendant débiter toute une tirade truffée de jeux de mots. Pathétiques. Mais marrant. Je retins un ricanement. Ta gueule, Kyle TA GUEULE. Tu t'es assez fait remarquer. Contente-toi de baisser les yeux et de fixer tes chaussures en gardant un œil sur Light. Et tu la fermes.

Finalement, Light reprit d'un air plus menaçant, une expression de mépris sur le visage. Une veine palpita à mon front, signe d'agacement, mais je ne bougeais pas d'un pouce. L'homme réitéra sa demande :

Bon. Je vous ai entendu parler avant d'arriver. Et comme vient de le confirmer votre chien de garde, vous en savez plus que vous ne le pensez sur Aëlita. Juste, donnez moi des informations et je m'en irai.

Un sourire malsain étira ses lèvres, un peu comme le mien pendant une bonne baston. Sauf que le sien me fit froid dans le dos, accompagné comme il l'était d'une phrase menaçante :

Je n'en ai peut être pas trop l'air mais vous ne savez pas à qui vous vous frottez.

Je restais sur place, tendu comme une corde. L'ambiance atteignit un pic de tension puis Eion intervint. Il calma un peu Dante et prit le temps de répondre à Light.

Light... Tu as entendu ce qu'à dire notre cher toutou (tapotage d'épaule de Dante)... C'est tout ce que nous savons. Maintenant tu peux t'en aller et aller embêter d'autres inconnus, nous on a pas mal de boulot là.

Son calme face à cet homme m'impressionna. Alexander, qui m'avait fusillé du regard un peu plus tôt - si les regards pouvaient tuer, je serait mort sur le coup -, prit à son tour la parole. D'abord pour Eion :

Cela ne sert à rien Eïon. Il ne s'en ira pas avant d'avoir un tant soit peu d'informations.

Je hochais très très trèèès légèrement la tête, en accord avec Alexander, mais me rendant compte que c'était par ma faute, j'arrêtais très vite et me contentais de fixer mes baskets et Light à intervalles réguliers. Alexander enchaîna, pour Light cette fois :

Light, vous vous trompez. Nous savons à qui nous avons à faire. Vous cherchez Aëlita.. Vous avez environ son âge et vous connaissez Terrae. Vous êtes donc un ancien. Surement de l'ancienne Terrae. Si je ne dis pas d'idioties, vous avez du perdre vos pouvoirs en partant. Cependant, vous avez surement du les re-sentir depuis peu ce qui expliquerait le fait que vous soyez arrivé d'un seul coup ici sans qu'on ne vous repère avant. Vous avez donc vos pouvoirs, mais pas à pleine puissance, c'est pour cela que vous ne nous avez pas directement attaquer pour nous sous-tirer des informations. Néanmoins, vous êtes toujours redoutable. Vous cherchez Aëlita, vous la connaissez très bien.. De ce que j'ai vu, elle n'apprécie quasiment que les personnes puissantes, ce qui veut donc dire que vous l'égalez ou que vous êtes légèrement en dessous d'elle.

Je fus surpris par la véracité de ses propos, mais aussi par le fait que contrairement aux autres, il vouvoyait l'homme face à nous. Il jouait fort et il ne pouvait y avoir que deux issues : une discussion calme ou le combat. Dans les deux cas, je me sentais mal à l'aise car j'avais déjà fait une bêtise, mais au combat, je risquais de me retrouver en mauvaise posture. Je reculais légèrement, cachant mon visage dans l'ombre. Non pas que je veuille fuir, je n'étais pas comme ça, mais plutôt pour cacher l'expression penaude et mal à l'aise qui flottait sur mon visage.