Elle change de position mais clairement pas de comportement, elle perd son regard je ne sais trop où dans les bois, comme si il y avait un truc intéressant à y voir dans ce trou paumé.

Voilà que je me retrouve à subir des agressions verbales d'une violence que je ne connais pas à Makiko.Elle commence par émettre l'hypothèse d'un ratage pur et simple avec Gwen... Quelque part, il y a peut-être un peu de ça en effet... puis commence à m'insulter, je suis donc pathétique et infréquentable hein? Tu as pitié aussi? Et donc après tout ça je mérite ce qui l'arrive... Mais bien sûr!!!

" Ouais, il y a sûrement un peu de ça je crois. Après tout, ça doit être pour ça que tu m'aimes bien. Par rapport à moi, tu te sens respectable et grande, pleine de vertus."

Je marque une pause, je suis sur le point de franchir de seuil de non retour et... je le fais allègrement.

" Mais si tu es si parfaite, alors éclaire ma lanterne je te prie... Où donc se trouve l'homme exceptionnel qui à dû engendrer la petite Aikô? Il doit l'être puisque tu t'es donné à lui non?"

" Dommage, c'est raté. Pourtant je suis pratiquement sûr que Hideko t'as dit tout ce qu'il y avait à savoir sur moi. Tout monde dit ce genre de chose de moi alors forcément, au bon d'un moment, il faut bien rentrer dans le personnage non. Chaque cirque à son clown, je suis celui de Terrae."

Oui ça devient tendu comme discussion, je sais bien que ça ne peut que mal finir surtout quand je vois le visage de Makiko varier autant de fois d'expression en une seconde. Elle doit me haïr maintenant. Bah tant pis, je pourrais reprendre mon ancienne vie, au moins personne ne venais fouiller dans mes affaires.

Avec un faux air innocent je lui lance.

" Pardon, je ne fais que demander à savoir qui est passé avant moi c'est tout. Quant à Gwen, laisse la où elle est.... Attend je comprend mieux pourquoi tu te fais tant de soucis. Suis-je bête, le dernier t'as quitté pour quelqu'un de mieux c'est ça?"

Elle serre ses poings, elle va me frapper? Ses larmes, encore un piège pour m'avoir par faiblesse. Pourtant elle joue vachement bien, j'ai très envie d'y croire mais après tout ce qu'elle m'a dit ça tient difficilement debout comme théorie.

La manière dont elle me compare au père d'Aikô sonne comme la pire insulte qu'elle puisse sortir. Et sans trop savoir pourquoi, ça me blesse. Non mais bordel, avant je ne me serai pas laissé démonté comme ça, j'ai vraiment changé. Elle m'a vraiment changé... même si elle me dit encore que je suis inutile.

Je sais pas pourquoi, ses derniers mots m'ont... Déstabilisé. Je ne suis plus sûr de lui en vouloir. Quel con je fais, pourquoi est-ce que j'ai dit ça? Moi et ma grande gueule.

Pendant que je m'insulte copieusement, je ne peux pas regarder autre chose que ses yeux, d'où perlent des larmes... des larmes que je viens de provoquer. Je suis vraiment allé trop loin cette fois et quoi qu'il arrive je l'aurai bien mérité.

" Kiko... Je... je suis désolé."

Je bafouille ce début de phrase avant que la suite ne m'arrive clairement à l'esprit.

" J'ai été atroce, horrible et je te demande pardon. J'aurai dû fermer ma gueule. Je crois bien que t'as raison, que les autres ont raison, je suis pas un type bien, pourtant je sens que toi aussi tu m'as changé, en bien. Mais il y a pas de rédemption pour les gens comme moi. J'y ai pas le droit. "

Je me sens comme une sous-merde maintenant, mais je supporterai qu'elle en rajoute. Elle devrait même y aller de bon coeur selon moi.

Un silence lourd et pesant s'installe quand je la ferme enfin. J'attend avec une pression dans le ventre, j'imagine que des condamnés à mort doivent aoir un peu cette sensation là.

Un coup de poignard amplement mérité. Voilà ce qu'est la dernière phrase de Makiko. Je suis un monstre et je le sais, quelque part je l'ai toujours su. Je baisse la tête sans rien dire, le cœur au bord des lèvres. Je me suis que très rarement senti aussi mal. Cette sensation, j'en ai peur.

Je redresse la tête pour la regarder. Elle pleure toujours, mais me lance un sourire emprunt d'une espèce de satisfaction alors qu'elle commence à quitté ce jardin qui devait être notre paradis.

Je viens de perdre quelque chose d'important... Enfin je crois. Je sais plus vraiment où j'en suis et je suis incapable de réfléchir convenablement.

La seule chose que je comprend, c'est que je me sens seul.... Et vide.