J'avais les mains... Charcutés. Je n'ai jamais été douée en cuisine. Absolument ja-mais ! Pourtant, hier, veille de la St Valentin, j'avais voulu faire bien... J'avais essayé de cuisiner et de faire du chocolat. Autant dire que les premières tentatives étaient tout simplement abominables ! Je n'avais jamais vu de chocolats aussi moches ! Ils ressemblaient à tout, sauf... Ben... A la forme que doivent prendre les chocolats pour la St Valentin. Oui, autant le dire : ils avaient l'air dégueulasse.
Du coup, une fille qui était passé dans le coin m'avait informé d'un atelier spécialement dédié à la fabrication des chocolats de la St Valentin... Et comme j'avais trois boîtes à faire. Je m'étais finalement décidée à y aller !
Bon, bien sûr, j'y avais passé toute la matinée, toute l'après-midi, et toute la soirée... J'étais même repartie la dernière, celle qui organisait le truc n'en pouvant plus. MAIS j'y étais arrivé ! Et le résultat n'était pas si horrible que ça !
J'avais donc décidé aujourd'hui d'aller donner mes chocolats à Aaron en premier. Tradition japonaise... Même s'il vivait à présent depuis un moment au Japon, j'ignorais totalement s'il était pleinement au courant des coutumes d'ici... Mais dans tous les cas, je lui offrais des chocolats, et s'il les refusait, je les lui faisais bouffer par les trous de nez.
Aucune des trois boîtes que j'avais préparé ne signifiait pleinement quelque chose. Du moins... Je crois ? C'était simplement que...
Je voulais remercier Aaron pour ce qu'il avait fait pour moi.
Je voulais remercier Matthew pour ce cadeau de Noël si magnifique.
Et je voulais remercier Allen pour avoir toujours été là pour moi. Mais enfin, lui, il avait l'habitude de recevoir des chocolats tous les ans de ma part ! Ce n'était certainement pas rare...!
Arrivant devant l'appartement d'Aaron, j'hésitai entre sonner, déposer le carton, et partir en courant... Et sonner, rester, et lui donner en main propre.
Je choisis la deuxième solution, prétextant que s'il n'était pas là, après que je sois partie, quelqu'un pourrait passer et lui voler ses chocolats.
Je sonnai alors, attendant sa réponse, basculant d'un pied à l'autre, sentant ma gorge s'assécher à cause du stress. Hé, c'était gênant !

Aujourd'hui, très sérieusement, je crois que je n'ai jamais été aussi... Mal de toute ma vie. Plus sérieusement, la veille, j'étais -encore ?- parti me saouler au bar de la ville -le barman a d'abord voulu me foutre dehors, mais bon, en voyant que j'étais disposé à le clouer au mur style Jésus avec des éclairs, je crois qu'il a compris que ce n'était pas bon d'insister...-. Je crois que j'aurais pas dû... Parce que plus le temps passe, moins je supporte les fuckin' trucs que ce débile me sert.
Oh, non, bien entendu, je ne me sentais pas du tout mal, je n'avais pas du tout envie de vomir, je n'avais pas du tout une gueule de déterré, je n'avais pas du tout l'impression qu'un troupeau de rhinocéros sadiques m'est passé dessus ! En fait si. Mais le plus chiant, c'est probablement... Le fait que j'ai un énorme trou noir à la place du cerveau. Enfin, je me souviens plus de ma soirée, quoi ! Ca m'arrive de plus en plus souvent, et franchement, parfois, ça me fait juste... Juste... Chier ! J'ai beau essayer de me souvenir -je fais genre le « Réfléchis, réfléchis... » de Jimmy Neutron, mais c'est des conneries ce truc, ça marche pas !-... Je suis incapable de vous calculer deux plus deux, sérieusement, j'ai maaaaaaal...
En entendant la sonnette retentir, je poussais un gémissement plaintif tout en fourrant très élégamment ma tête sous la couette. Sérieusement, qui était le débile qui osait sonner à cette heure ?! Bon, d'accord, vu mon état, il aurait pu être six heures du soir que j'aurais probablement dit la même chose, maiiis... Bref, tout ça pour dire que j'ai paaaaaas envie de me lever !
Mais bon, il faut bien...
Je roulais sur le côté et... M'étalai par terre comme un gros abruti.

- Rahh putain ma têteee...

Je me redressais, constatant que je m'étais encore couché sans prendre le soin de quitter mes habits de la veille. Je me tins la tête, avançant comme un zombie au travers de l'appartement. Pour une fois qu'aucun câble ne traînait... C'était la fête quoi !
Aïe, un meuble...
J'arrivais enfin devant la porte, ouvrais celle-ci en retenant un bâillement. Oh, tiens, Mitsuki ! Ca faisait longtemps !

- Oh !… Yo.

J'aime quand tu nous montre ton superbe sens de la répartie, Aaron, c'est un truc de malade !
Cette fois-ci, je bâillais vraiment, en prenant tout de même soin de mettre ma main devant la bouche, et en essayant de ne pas tomber sur la porte.
C'est dingue, j'ai vu vite fait mon reflet dans le miroir, en passant dans le couloir, tout à l'heure, et je dois avouer que je dois péter la classe avec mes cernes de vingt kilomètres, la trace de mon oreiller sur la joue droite et mes habits posés en bordel sur tout mon corps ! -Ironie, quand tu nous tiens...- Nan mais sérieux, je suis même étonné qu'un des boutons de ma chemise se soit pas pété vu l'état dans laquelle elle est...
Je me frottais l'œil, gauche, chassant les dernières traces de sommeil. C'est dingue ce que la lumière du jour peut-être... Éblouissante. J'ai mal.

- Tu as besoin de quelque chose ? articulais-je difficilement. Ou alors j'ai encore oublié de rendre des copies à des élèves et tu as été désignée comme bouc émissaire pour venir les réclamer ?

Rahhh, bordel, mon crâne... Que le débile qui est en train d'y faire des claquettes cesse immédiatement ses conneries... Faut que je prenne de l'aspirine, vraiment.

La tête de la personne qui vint m'ouvrir la porte m'étonna quelque peu. Cernes, yeux plissés à cause de la lumière du jour, visage blanc et voix traînante. Je vois...
Il bâilla, mettant sa main devant sa bouche, avant de reposer son regard sur moi, se demandant visiblement qu'elle était la raison de ma venue ici. Cela dit, il ne dit pas un mot, attendant probablement une réaction de ma part à son... "Yo". Sauf que j'étais bien trop absorbée par la trace d'oreiller sur sa joue, et ses vêtements enfilés en vrac sur son corps pour me concentrer sur ma réponse à venir. Aussi continua-t-il finalement la conversation.

- Tu as besoin de quelque chose ? Ou alors j'ai encore oublié de rendre des copies à des élèves et tu as été désignée comme bouc émissaire pour venir les réclamer ?

Je le fixai, incrédule. Et pourquoi ce serait moi, le bouc émissaire ?! Nan mais n'importe quoi !
Un peu vexée, toujours sans dire un seul mot, je levai la boîte, encore emballée, de chocolat que je lui avait fait, et la laissai sous son nez, attendant qu'il la prenne.

-C'est la St Valentin aujourd'hui ! Alors pour te remercier pour tout ce que tu as déjà pu faire pour moi depuis que je suis arrivée à Terrae... Je tenais à t'offrir ces chocolats.

Je tournai la tête, me rappelant en croisant son regard... Qu'il n'était pas du tout japonais. Et que par ailleurs, ce présent pouvait être très mal interprété par sa petite caboche.

-C'est une coutume japonaise, expliquai-je en baissant les yeux sur mes pieds. C'est un moyen de te remercier. Il n'y a aucun sous-entendus derrière ça !

Quoi ? J'ai un bouton sur le nez ? D'accord, je sais, j'ai pas l'air franchement très trèèèès frais, mais... Je veux dire, j'ai pas l'air d'un abruti congénital, sinon, non ?
J'attendais un petit instant en la fixant moi aussi, avant de me rendre compte que je l'avais finalement un peu vexée. Ouais maiiiis... Mais non, quoi ! Je suis désolé mais non. Je vois pas pourquoi elle serait vexée ! Je lui ai pas donné de rendez-vous que j'ai oub-...

-C'est la St Valentin aujourd'hui ! Alors pour te remercier pour tout ce que tu as déjà pu faire pour moi depuis que je suis arrivée à Terrae... Je tenais à t'offrir ces chocolats.

Ah, bah nan.
Oh.
Je savais même pas quel jour on était... On était VRAIMENT le quatorze février ?

-C'est une coutume japonaise. C'est un moyen de te remercier. Il n'y a aucun sous-entendus derrière ça !

Je la fixai encore un petit moment, avant de laisser un immense sourire se peindre sur mes lèvres. Un peu gêné, néanmoins, je me passais une main dans les cheveux – tout en constatant avec malheur qu'ils étaient complètement en bordel – et lui répondis, reconnaissant :

- C'est gentil... Même si j'ai pas fait grand chose.

Je lui pris doucement ses chocolats, pour ne pas la faire attendre plus longtemps, avant d'ébouriffer gentiment ses cheveux de mon autre main, toujours mon sourire pendu aux lèvres.

- Enfin, quoi qu'il en soit... Merci, Mitsuki-chan !

Eh, attendez, je me suis retenu de pas lui lancer une vanne complètement débile comme quoi elle aurait finalement succombé à mon charme, alors je peux bien lui foutre les cheveux en bordel aussi, m'enfin !
Néanmoins, je ne comprenais pas vraiment pourquoi. C'était pas comme si j'avais toujours été formidable de bonté et de générosité avec elle... Le plus souvent, elle était d'ailleurs blessée. Alors vraiment, non, j'ai du mal à comprendre. Mais tant pis, hein ?

Il me sembla avoir besoin d'un petit moment pour comprendre. Et puis, finalement, au bout de ce petit laps de temps, il sourit et prit les chocolats en me remerciant. En croisant son sourire du regard, je me sentis légèrement rougir, sous la gêne. Je n'avais pas l'habitude d'offrir des chocolats, je n'en avais toujours offert qu'à Allen, mais je dois bien vous avouer que certaines années, je faisais cela simplement pour qu'il m'offre un cadeau en retour à la St White.
Lorsqu'il affirma ne pas avoir fait grand chose, je revins d'un coup à la réalité. Je fronçai les sourcils, plantant mon regard dans le sien.

-Ah oui, parce que venir me sauver de ces... scientifiques, déclarai-je en sentant mon coeur se serrer à cette pensée, c'est pas grand chose ? Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres ! Je trouve que tu... Que vous m'avez beaucoup aidé, depuis que je suis arrivée, Aaron-sensei.

J'étais revenue à la forme de politesse. Ce que je faisais assez souvent, au final, lorsque je lui parlais. J'alternais tutoiement et vouvoiement... Très certainement parce que sans ça, je serais deux fois plus mal à l'aise. C'est parfois difficile de dire ce que l'on pense, de vraiment s'exprimer en toute sincérité. Pour moi en tout cas, c'est gênant ! Mais enfin, passons.
Il m'ébouriffa alors les cheveux, comme ce soir-là, au bal d'halloween, et me remercia une nouvelle fois, avec plus d'enthousiasme cependant... Avant de reprendre un visage pensif. J'affichai un sourire d'abord triste, embêtée à l'idée qu'il puisse tout simplement penser qu'il n'avait jamais rien fait pour moi. Et puis, je souris plus joyeusement, tentant par ce moyen-là de cacher mes pensées.

-De rien ! Ils étaient mérités, ces chocolats, de toute façon !

Je lui étais reconnaissant. Gêné, mais ô combien reconnaissant. Néanmoins, un nœud se serra douloureusement dans mon ventre lorsqu'elle parla des scientifiques, et de ce qu'ils lui avaient fait. Un exemple parmi tant d'autre ? Je ne pensais pas, réellement. La sauver ? Je n'étais pas un super-héros. Non, je n'allais pas me ramener en voletant dans les airs avec une cape rouge foncé et des collants. Non, je n'allais pas toujours réussir à faire preuve de force et de détermination pour la sauver, elle et tous les autres. Tout simplement parce que j'étais loin – ô, si loin ! – d'être parfait. Mais je la laissais dire, l'écoutant sagement, un petit sourire, quoiqu'un peu triste, pendant à mes lèvres.
Ma tête me lançait.

-De rien ! Ils étaient mérités, ces chocolats, de toute façon !

Je hochais légèrement la tête, regardant les-dites confiseries avec un sourire un peu plus large.

- Tu crois que je dois les mettre derrière une vitrine ? ris-je doucement. Je veux dire, tu a l'air de t'être donné tellement de mal ! Vraiment, ça me fait super plaisir.

Je les serrais un court instant contre moi, silencieux, avant de lui demander d'une voix peu assurée :

- Oh, tu veux quelque chose à boire, d'ailleurs ? Pour te remercier à mon tour, rajoutais-je précipitamment.

Et moi, juste histoire de prendre une aspirine – ou deux, probablement – et de m'enlever cet horrible arrière goût d'alcool qui persistait sur ma langue depuis mon réveil. Enfin, techniquement, c'était depuis hier soir, mais bon... J'étais d'ailleurs plutôt étonné de ne pas puer l'alcool à cent kilomètres. Comme quoi, j'avais de la chance, dans mon malheur !



[HRp : Allez allez, on reprend les RPs ! *3* Désolée si je commence avec un post court, je crois qu'il faut laisser le temps aux réflexes de revenir... >O< Je le dirais jamais assez (je sais que tu as l'habitude, mais bon), mais pardooooon du retard T.T]

Les mettre dans une vitrine ? Et bien... C'était un peu... exagéré. Non ? Je crois, si !
Cependant, je ne pus m'empêcher de rougir légèrement lorsqu'il ajouta que je semblais m'être donné du mal. Ce n'est pas de ma faute ! Je ne supporte pas l'idée, quand j'offre quelque chose, que ce soit bâclé. Je trouve que c'est irrespectueux, et dans l'optique d'offrir un cadeau raté, je préfère ne rien offrir du tout. C'est vrai quoi ! C'est comme si en offrant, y'avait un clair sous-entendu de "je m'en débarrasse grâce à toi, merci !". C'est nul, voilà tout ! Et j'embête ceux qui sont pas contents avec ça !
Par contre... Je n'avais pas aimé ce regard qu'il avait eu. Comme si tout ce que je disais était absurde. Je ne supportais pas ces regards de personnes qui en fait... Se considérait comme... Rien. Non, je ne supportais pas ça.
Mais inutile de revenir là-dessus, je suppose. Après tout, Aaron m'est supérieur et je n'ai pas à m'occuper de ça...
Il me proposa ensuite quelque chose à boire, et je dois vous avouer que pour le coup, j'avais un peu été prise au dépourvu. Alors que j'avais dans l'idée de refuser, la seule réponse qui sortit de ma bouche fut :

-Et bien... pourquoi pas ! Mais je file juste après alors ! Je ne veux pas te déranger plus... Et puis j'ai des choses à faire !

Ouais, ouais, des excuses, encore des excuses... Pfeuh ! Je suis vraiment nulle...

HRP : Baaah... Je fais pas beaucoup mieux, alors t'inquiète ! ><

Je l'observai du coin pendant qu'elle débattait avec elle même, un peu penaud. D'accord, ma proposition était un peu bizarre. Je suis sûr que Haley aurait été dans le coin, elle m'aurait frappé en me traitant de pédophile-devant-réprimer-ses-pulsions-devant-des-gamines, alors que paaaaas du tout ! Mais j'avoue que c'est bizarre. Mais vu que j'aime pas les gamines, ça dérange pas, hein ! Et puis je peux pas être pédophile, vu qu'elle a dix-huit ans. Ah mais c'est vrai qu'elle est mineure au Japon... Et puis...
Et puis rahhhhhhhh vous m'enquiquinez tous autant que vous êtes, d'abord ! Comme je le disais, c'était une proposition tout à fait innocente dans le cadre de créer une atmosphère moins tendue, de taper la discut' et de ne pas se remémorer les dernières fois où l'on s'est vus. À savoir en cours, où je gueule tout le temps, et la fois, en décembre, où nous avions failli nous entretuer. C'est merveilleux, l'esprit humain, quand même !

-Et bien... pourquoi pas ! Mais je file juste après alors ! Je ne veux pas te déranger plus... Et puis j'ai des choses à faire !

Je secouai la tête.

- Naaaan mais si je propose, c'est que ça me dérange pas.

Je lui laissai la place pour entrer.

- Allez, viens, entre ! Reste pas dehors.

Je souris légèrement.

- Tu aimerais boire quoi ?

Puis, je continuai, en mode « je découvre des choses avec dix heures de retard, mais c'est pas de ma faute je cuve » :

- Eh mais, je viens de remarquer... Tu m'as appelé « sensei » avant ! C'est la première fois que ça m'arrive, ça me choque presque, rigolais-je doucement.

Bah ouais, le peu de réaction que j'obtenais de la part de mes élèves c'était... C'étaiiiiit...
… Bah y en avait pas en fait.

J'avais, instinctivement, repris le tutoiement, et lui... C'était seulement là qu'il remarquait que je l'avais tutoyé, tout à l'heure.
Je me mordis la lèvre inférieure, un peu gênée, et décidai de répondre à sa première question d'abord.

-Je voudrais bien un jus de fruit, ou un sirop de grenadine, quelque chose comme ça... Je ne suis pas très difficile.

Je lui souris, un peu mal à l'aise et timide. Un peu gauche, je l'observai. Je ne voyais pas pourquoi ça le choquait presque... Que je l'ai appelé Sensei, je veux dire... ce n'est pas perturbant de la part d'une japonaise, si ? D'autant plus... Qu'il doit vivre à Terrae depuis un petit moment maintenant, non ? Et pourtant, il ne semble pas habitué à ce genre d'appellation... Là, c'est moi qui suit presque choquée !

-Je ne comprends pas pourquoi c'est choquant... Je ne dois certainement pas être la première à t'appeler... A vous appeler ainsi ! Si ?

Raaah ! Il allait falloir que je me décide ! Tutoiement, ou vouvoiement... Mais pas les deux ! J'en ai vraiment marre de passer mon temps à m'emmêler les pinceaux comme ça ! Il faudrait qu'un jour je me décide une bonne fois pour toute, que ce soit fait quoi.
Je soupirai doucement.

-Vous voulez de l'aide pour les boissons ? m'enquis-je.

-Je voudrais bien un jus de fruit, ou un sirop de grenadine, quelque chose comme ça... Je ne suis pas très difficile.

Je lui adressai un léger sourire. C'était mignon de voir comme elle était toute gênée et tout !

- Bon bah, je vais voir ce que j'ai alors.

Il me semblait qu'y avait une brique entamée de jus d'orange au frais, dans le frigo... Ou un truc comme ça. J'espérais juste que c'était pas un de ces trucs chelou du style « jus de poire assaisonnée au vinaigre » – d'accord, ça veut rien dire et ça n'existe pas, mais tant pis, hein, vous avez tous compris de quoi je voulais parler – que j'achetais parfois par erreur, la tête encore dans le brouillard, au rayon des multivitaminés... Bah ouais, je vous raconte pas parfois les trucs qu'on trouve ! La dernière fois, je suis tombé sur une huile pour la peau aux extraits de tomate, de wasabi et d'alcool... Je vous rassure, je l'ai pas prise. J'aime pas l'huile, c'est gras. (Wow, bravo Aaron pour cette découverte qui révolutionnera le monde !)
Je m'approchai du frigo, fouillai dedans.

-Je ne comprends pas pourquoi c'est choquant... Je ne dois certainement pas être la première à t'appeler... A vous appeler ainsi ! Si ?

- Bah les élèves m'appellent pas ; généralement ils me fuient, donc bon. Y en a que je vois qu'une seule fois de l'année et puis pouf ! Ils disparaissent. Je les comprends, aussi.

J'attrapai la brique de jus (d'orange ! Youhou !) et refermai la porte du réfrigérateur.

-Vous voulez de l'aide pour les boissons ? s'enquit-elle, alors que je cherchais deux verres que je ramenai et remplis par la suite.

- Héhé, non, c'est bon. Ca te va, jus d'orange ? Ah et puis stop avec le « vous », s'il te plaît ! Aux US, on a pas ce problème là, et ça me gêne pas d'être tutoyé.

Déjà qu'elle le faisait assez souvent... C'est bon, c'est bon, quoi ! Ca va quasiment faire un an que je suis venu l'emmerder dans la salle d'entraînement, et, depuis le temps, elle a eu le temps de changer de manière de m'appeler, hein ! Ca me fiche la migraine à force.

- Donc essaie avec « tu », et sans le « sensei ». Tu vas voir, c'est magique, ça ira mieux !

Ou peut-être pas... Pourquoi les japonais étaient-ils toujours aussi polis ? J'veux dire... Je suis peut-être son prof, mais purée, elle a l'âge de ma p'tite sœur ! Ou elle est peut-être même plus âgée, d'un an, nah ? Je sais plus. Rofl et puis merde, quoi ! C'est bon, ça me vieillit d'être vouvoyé, voilà ! Oui, c'est la raison pour laquelle j'aime pas ce titre de prof. Ca fait vieux. Le jour où on me met un « -san » derrière mon nom de famille, je décime le royaume des bisounours pour la peine.
Je lui tendis son verre, un peu gêné.

- Tiens.

C'est pas possible de stresser autant les autres en étant aussi nerveux, rahlala...

Je la regardai tranquillement boire son jus d’orange, et détailler mon appartement de fond en combles. Le truc drôle, c’est qu’à chaque fois qu’elle vient chez moi, c’est bordel total, et qu’elle trouve encore le moyen de pas critiquer… Quoi que, c’était quand, déjà, qu’elle s’était proposée pour ranger ? Ahah… ça devait être vraiment terrifiant, alors, en fait ?! Genre pire que d’habitude ? Mais là, là, c’était rangé, à peu près, hein ?

-Merci !
- C’est rien.

Voyant les monticules de papiers et de livres étalés et empilés partout, je poussai un soupir intérieur. Ouais, bon, d’accord, c’est encore le bordel. Désolé, Mitsuki, de t’obliger à subir ça !

-Dites-... Dis, pourquoi est-ce que v-tu dis que les élèves te fuient ? Je n'arrive pas à comprendre ce qui semble si évident...

Je retins difficilement un rire un peu moqueur, alors que je constatai qu’elle n’arrivait définitivement pas à me tutoyer lorsqu’elle y pensait réellement. Mais ses paroles me laissèrent légèrement pantois, et je ne su pas immédiatement quoi répondre. Je restai quelques secondes à réfléchir, un peu mal à l’aise, avant qu’un sourire un peu pâle ne s’étende sur mes lèvres.

- Eh bien… Je suis insupportable. Je crois que c’est une raison suffisante.

Il fallait bien dire que je le méritais – étant donné que je me rendais moi-même le plus insupportable possible. On récolte ce que l’on sème ! J’allais pas me plaindre maintenant, non plus… Alors que ça fait plus de trois ans que je me créé cette réputation de chieur intersidéral !
Puis, la voyant lorgner de temps à autres sur la petite boîte qu’elle m’avait offerte, puis sur ses mains, je fronçai les sourcils. C’est quoi ces pansements ? Nan mais c’est bon, quoi, qu’elle se taillade pas non plus dans les mains pour moi, je m’en voudrais, là !
J’attrapai alors à nouveau la boîte, et l’ouvris, soucieux de ne pas la laisser s’inquiéter comme ça pour rien et de changer immédiatement de sujet.

- Tiens, je vais goûter tout de suite, d’ailleurs !

Je retirai un des petits chocolats, et en mangeai un. Un large sourire s’inscrit sur mes lèvres.

- Eh, c’est super bon en plus, tu gères !

La fougère… Ahah…


HRP : Je suis désolée du retard T.T Tu me manques T-T *bade*

HRP : Tu me manques aussi T.T Par contre je clos le topic là, ça te dérange pas ? Parce que j'en ai vraiment trop et je m'en sors plus T.T

J'arquai un sourcil lorsqu'il expliqua simplement que les élèves le détestaient simplement parce qu'il était insupportable... Il semblait fier de lui en plus ! Mais bon, je ne pouvais pas tellement répondre. Parce que, déjà, je ne me sentais pas de lui faire la leçon, vu ma position par rapport à lui... Et puis bon, il avait sans doute de bonnes raisons de penser ça !
Finalement, il reporta son attention sur les chocolats que j'avais préparé, et il en goûta un.

- Tiens, je vais goûter tout de suite, d’ailleurs !

Je devais bien avouer que là... Là, le stress commençait à monter... Oui parce qu'évidemment, avant d'en faire plein, tous les ratés, je les avais goûté... Et bon, moi j'aimais quand même bien le goût ! Mais qu'est-ce qui me prouvait que lui aussi, il aimait, hein ?

- Eh, c’est super bon en plus, tu gères !

Un grand sourire naquit immédiatement sur mes lèvres. Non, là, vraiment, sérieux... Ca me faisait SUPER plaisir ! J'étais super contente de ce qu'il venait de dire... Et j'étais très touchée aussi ! Et puis mince, avec tous les efforts que j'avais fait, ça me rendait vraiment heureuse de savoir que tout ça n'avait pas été vain... J'étais vraiment contente moi !

-Merci beaucoup ! m'exclamai-je joyeusement.

Un grand sourire étirait encore mes lèvres, jusqu'à ce que j'aperçoive l'heure sur l'une des grandes horloges de la pièce principale. Mon visage se décomposa.

-Aaah ! J'ai cours d'histoire dans 20 minutes et il faut que je retourne à l'institut à pied, que je prenne mes affaires et que j'aille en cours ! Je suis vraiment trop désolée mais je vais devoir y aller...

Je me pinçai les lèvres, un peu gênée.

-Je... Heu... Je suis contente que les chocolats te plaisent... Ca me fait plaisir, vraiment.

Je me levai, et m'inclinai.

-On se revoit peut-être bientôt, pour un entraînement ou... Enfin, voilà quoi ! Désolée pour le dérangement.

Je me dirigeai vers la porte, l'ouvris, et sortis.

-Passez... Passe une bonne journée !

Je passai la porte et m'éloignai en courant... J'étais vraiment super en retard là !