Kei qui parle. Facepalm collectif de mes neurones. Mon Dieu, que de grossièreté chez ce garçon. Ses mots étaient alignés avec une mauvaise volonté évidente et il semblait sur le point d'exploser. Comme à son habitude, rien de bien extraordinaire.

Je lui adressais un regard à mi chemin entre le regard noir et l'avertissement. Me remémorant les paroles d'Alexander, je m'étais tu, mais ce n'était que partie remise pour une engueulade qui promettait d'être très longue et très fatigante...

Je soupçonnais Hideko d'avoir provoqué Kei, mais je gardais mes doutes pour moi, car Jacques prit la parole à son tour.

C'est un excellente question, des endroits que j'aimerai éviter. D'abord tout les pays où la charia s'est imposé par la force des choses. Je pense que si les demoiselles ont un jolie minois, c'est pour que l'ensemble du monde puisse profiter de leurs charmes visuelles. Mais ceci n'engage que que l’esthète que je suis. Ensuite les pays où la cigarette et l'alcool sont illégaux et ce par principe de libertaire. Enfin le Quebec, mais c'est juste parce que l'accent m'agace au plus haut point. après ça je reste assez ouvert mais si la plupart des pays d'Afrique subsaharienne ne m'attire pas spécialement. Je crois que pour le moment, je fantasme sur la Jamaïque, je ne dirai pas pourquoi.

Ses raisons étaient pour beaucoup superflues. Il en avait beaucoup dit sur lui-même. Kei semblait avoir attiré une sorte de sympathie chez ce blond presque aussi grand que moi. Il semblait que ce soit à moi de répondre. Je réfléchis un instant et énonçais d'une voix renfrognée :

Je me fiche d'aller dans n'importe quel pays. Le seul que je veux éviter est mon pays natal. Plus j'en suis loin, mieux je me porte. Qui plus est, je préfère rester loin des pays fourrés de scientifiques et d'hommes armés. Je me fiche des autres pays.

D'un mouvement de la main, je repoussais une mèche de cheveux qui me tombait sur l'épaule. Ce geste me parut si semblables à ceux que j'avais l'habitude de faire étant mannequin que j'en eus immédiatement honte. Comme d'avoir révélé autant d'information. Tant pis.

Me plongeant dans un silence boudeur, je laissais mon regard vagabonder sur le paysage qui défilait. Je pensais un instant à Amadeus que j'avais entraîné malgré moi à Terrae. Maintenant je l'y laissais pour m'absenter avec des presque inconnus. Me secouant, je refoulais la culpabilité qui pointait dans un coin de mon esprit et laissais vagabonder mes pensées sur d'autres sujets.

Le trajet avait été plutôt cours, le temps rythmé par les digressions des uns et des autres. Camus souhaitait éviter les pays où l'on pouvait trouver des hommes armés, ce que je trouvais tout à fait légitime en y repensant, quoi que parmi mes fantasmes secrets, il y avait bien celui d'être un reporter de guerre et ce même si je savais qu'il ne fallait pas être trop grande gueule par moments, ce qui n'était pas mon je l'étais en permanence. Il mentionnait ensuite les scientifiques.... Je les avais oublié ces tarés du bistouri. Bien que je n'en ai jamais vu, plus d'une rumeur à Terrae laissé entendre la réalité de leur existence, je partais donc du postulat qu'ils étaient une menace à moi, mon intégrité physique et mental et surtout mon sourire qui manquerai trop à ces dames. Narcisse quand tu nous tiens.

La réponse de mademoiselle Honda était plus symptomatique d'une réponse adulte. J'entends que le soucis du climat est généralement le soucis des gens plus ... mûrs. Mais sa réponse disais-je donc, me fit hausser un sourcil. Elle avait juré, un bon vieux juron des maisons. Après tout elle aussi devait profiter de cette mission pour relâcher un peu la pression par rapport au quotidien.

J'ouvrais la fenêtre de mon coté alors que les embouteillages à l'entré du port ralentissait notre progression. je sortais un cigarette que j'allumais et fumais tranquillement en écoutant la conversation... Le mal de mer hein? Non... Non pas de soucis, si je reste allongé pendant le trajet ça va... Autant dire que j'évitais la question et faisais semblant d'être concentré sur autre chose... Genre le gamin incrédule qui venait de me voir allumer une cigarette avec mon doigt.... Merde. Mauvais réflexe. Le retour à la société devait se faire avec prudence..... une notion qui m'était étrangère. Je lâchais un soupir... Je n'avais pas vraiment envie de remettre les pieds sur un bateau mais bon, je ne pouvais pas faire attendre les demoiselles de Séoul. Soudain, une information de la veille me revint en mémoire, un petit quelque chose que j'avais trouvé en farfouillant.

" D'ailleurs mademoiselle Honda, je me demandais Si on allait avoir du temps libre, une soirée histoire de.... changer d'air. Enfin je voudrais pas avoir l'air de trop en demander, c'est à but purement informatif."

Oui mais également de profiter du fait que là bas j'étais légalement majeur et que je devais bien pouvoir trouver une petite fête ou un truc du genre... Et j'en ai marre de dormir seul aussi mais c'était un autre problème.

N'empêche, un an ça fait long.

[HRP : Désolée du retard, je suis confuse, j'ai eu tellement de trucs à faire que j'ai plus eu le temps de rp >< désolée !!]

La réponse d'Hideko était plus discrète, plus mûre que celles des autres, j'entends par là que Kei est toujours aussi excité (il me tape sur le système) et Jacques, toujours aussi calme, quoique les infos qu'il avait révélées témoignaient d'une personnalité plus forte que ce qu'il laissait paraître. Je crois.

J'écoutais les papotages des trois autres, toujours enfermé dans un silence boudeur. Les embouteillages ralentirent largement notre progression. Je pouvais à présent détailler les personnes de la voiture de la file d'à côté. Il s'agissait de deux jeune filles avec leurs parents.

Elles devaient avoir 15-16 ans et gloussaient comme des poules en se poussant du coude, un magazine de mode dans les mains. Laaaa joie. Hideko interrompit mes pensées avec une question que j'écoutais plus ou moins :

...mal de mer, j'espère ?

P-pardon ? On va aller sur un BATEAU ?! Ah oui, on est près d'un port, je suis bête. Mein Got, pas ça... Kei bougonna quelque chose comme quoi il n'avait pas le mal de mer et Jacques évita la question. Quant à moi, je pâlis et lâchais un seul mot, rageant intérieurement de montrer une faiblesse à l'autre albinos de mes deux.

Si.

Sur ce, je croisais les bras et me re-concentrais sur la vue depuis ma fenêtre. Pourquoi moi ? Au volant, Jacques alluma une cigarette. L'odeur de tabac me redonna envie de fumer un instant. Je me retins pour le moment mais une fois sur le bateau j'en piquerais peut-être une au grand blond. Avec son accord. Kei râla un moment sur le temps de trajet et "quand est-ce qu'on arrive ?" puis se tut. Jacques reprit alors la parole :

D'ailleurs mademoiselle Honda, je me demandais Si on allait avoir du temps libre, une soirée histoire de.... changer d'air. Enfin je voudrais pas avoir l'air de trop en demander, c'est à but purement informatif.

Quelle politesse. Cet homme est vraiment très élégant. Il avait gagné mon estime de par sa vitesse d'adaptation et son langage plus que correct. Je commençais à l'apprécier. Je tendis l'oreille pour entendre la réponse de la Master.

Je laissais échapper un soupir  quand l'aveu de Camus atteignait mes esgourdes. Au moins je serai pas le seul allongé tout le temps du trajet à chercher le sommeil pour éviter que le coeur et les tripes ne jaillissent lors d'une hypothétique mais problème crise de nausée dû à ce satané roulis.

Je hais les bateaux en fait.

Bien que ce soit un lieu tout à fait propice au romantisme comme le laissais entendre Fitzgerald, il se trouve que la limite de l'espace peu rapidement devenir pesante et empêche toute fuite en cas de rencontre d'une demoiselle trop... Envahissante, mais le problème ne se posant que sur les longs trajets, et si bien sûr je pouvais me tenir debout et déambuler sans défaillir physiquement.

Enfin chaque problème en son temps car la réponse de notre bonne directrice me tira un sourire que laissais bien évidemment transparaître ma jubilation intérieure, alors que la demoiselle me souriait, montrant que ma demande avait eu le mérite de l'amuser. Pourtant celui qui devait s'amuser c'était belle et bien moi et peut-être Camus si il le voulait bien, ce que je m'empressais de lui demander après la réaction emplie de fausse joie et de sarcasme de Kei.

" Dans ce cas, je me suis laissé dire que la ville méritait d'être visitée durant la soirée, là où elle grouille de vie et d'animations aussi diverses qu'exotiques. Camus, si tu as envie de te joindre à moi, je pense alors que Séoul sera à nous. Kei, ce n'est pas contre toi mais tu n'es visiblement pas majeur et cela risque de limité le nombre de lieux que l'on pourrait arpenter, alors il est très probable que l'on te charge de veiller sur Miss Honda, quelque chose à ta mesure. Je me suis laissé entendre dire que certaines personnes paieraient cher pour mettre la main sur notre ravissante directrice et même si je la pense capable de se défendre, je préfère ne pas la savoir seule. Enfin si ça ne te dérange pas, je ne force la main de personne."

Invitation, diplomatie et compliment, je synthétisais tout cela avec joie en fantasmant sur la soirée qui m'attendait. Pleine de promesses et de surprises puis  probablement d'alcool. Une soirée comme je n'en faisais pas  assez, une soirée comme je les aimées.

J'engageais la voiture dans le lieu de stockage du navire, abordage manquant de piquant mais abordage quand même.

" Et rappelez vous de ce jour comme étant celui où vous avez navigué avec le capitaine Jacques Moineau... Oui ça rend nettement moins bien en français, je vous l'accorde."

J'entendis Jacques soupirer à mon marmonnement. Il devait me trouver enfantin, à bouder pour une chose pareille, mais il ne se rendait pas compte à quel point il m'était dur de monter sur un bateau. Autant pour un voyage court que pour un long, il me semblait impossible de le supporter. Et je terminais toujours dans un état lamentable...

Je lançais un regard aux autres. Hideko regardait devant elle, un petit sourire aux lèvres, Kei me tournait limite le dos et Jacques était concentré sur la route (bien que nous n'avancions plus vraiment, attendant notre tour pour embarquer la voiture. A la vue du bateau, la tentation de fuir vint me titiller, mais je restais sur mon siège sans bouger. Hideko répondit alors à la question de Jacques : nous aurions une soirée pour nous en arrivant.

Chouette ! Non, mais vraiment chouette. Parce que j'aimerais pouvoir visiter la ville, repérer les endroits étranges, ceux bien fréquentés... Non, pas pour ça en fait, juste pour me balader le nez en l'air. Kei eut une réaction qui m'agaça plus qu'autre chose mais je m'abstins de lui rabattre son caquet à coup de coude dans les côtes. Jacques prit alors la parole :

Dans ce cas, je me suis laissé dire que la ville méritait d'être visitée durant la soirée, là où elle grouille de vie et d'animations aussi diverses qu'exotiques. Camus, si tu as envie de te joindre à moi, je pense alors que Séoul sera à nous. Kei, ce n'est pas contre toi mais tu n'es visiblement pas majeur et cela risque de limité le nombre de lieux que l'on pourrait arpenter, alors il est très probable que l'on te charge de veiller sur Miss Honda, quelque chose à ta mesure. Je me suis laissé entendre dire que certaines personnes paieraient cher pour mettre la main sur notre ravissante directrice et même si je la pense capable de se défendre, je préfère ne pas la savoir seule. Enfin si ça ne te dérange pas, je ne force la main de personne.

Encore une fois, la politesse et l'implication de ce garçon me plurent. Le fait qu'il s'enquiert de la sécurité de notre directrice était plaisant, tout aussi que son sarcasme bien caché envers Kei. Un sourire pointa sur mes lèvres et je répondis donc d'une voix emplie de sympathie :

Comment refuser une telle invitation, Jacques ! Tu as attisé ma curiosité.

Je pensais à ma faible endurance face à l'alcool et décidais d'éviter de boire plus que de raison. Il serait stupide de devoir engager la mission avec une gueule de bois et un trou de mémoire quant à la soirée de la veille. Mais visiter la ville, c'est toujours une rencontre avec une autre ambiance, et au vu de ce qu'avait dit Jacques, nous allions entrer dans une ville grande et attractive, donc active. Cette activité ne me fera pas de mal, bien au contraire. J'imaginais déjà la ville la nuit, ses lumières multicolores et ses enseignes vives.

Une secousse me sortit de ma rêverie. Lançant un regard à la fenêtre, je constatais que nous étions à présent sur le bateau. Jacques le confirma :

Et rappelez vous de ce jour comme étant celui où vous avez navigué avec le capitaine Jacques Moineau... Oui ça rend nettement moins bien en français, je vous l'accorde.

Je remarquais sa référence à Pirates des Caraïbes, qui me tira un sourire vite effacé par la vue de l'aire de stockage des voitures. Je me raidis sur mon siège, guettant les premiers roulis.

Je pouvais finalement garer la voiture dans cette cale-parking, je ne saurais d'ailleurs jamais comment appeler cet endroit, alors que Hideko nous donnais les dernières instructions importantes pour notre trajet. Au moins, je savais où aller si le mal de mer me prenait subitement.  Notre bonne directrice nous indiqua également où la trouver en cas de besoin, après quoi elle ouvrit la porte et s'en alla. Peu après, Kei pris la fuite avec ses affaires et se faufila entre les passagers, nous laissant seuls Camus et moi. J'allais profiter des commerces du bateau pour craquer à une envie que j'avais depuis quelques temps, m'acheter un nouveau costume. Cela me semblait d'autant plus urgent que nous rencontrerions notre cliente dès demain et il fallait faire bonne impression. Je me retournais vers Camus et lui lançais en riant:

" Je crois que ces deux là n'aiment pas les blonds aux yeux bleus, ils ont filé à l'anglaise sans demander leurs restes."

L'objectif détente de cette blague peu inspirée n'allait certainement pas être atteint, c'est donc un peu sans délicatesse que j'attaquais la question de mal de mer en espérant ne pas trop embêter Camus en lui tendant les clefs de la voiture.

" Plus sérieusement, avant de te sentir mal tu devrais aller voir le médecin de bord, il va probablement pouvoir te donner un truc pour le mal de mer, au passage, essaie de prendre un cachet pour moi aussi s'il te plait, je vais un peu vadrouiller sur le bateau mais je pense inévitablement finir à la cabine dans une heure ou deux, terrassé par le roulis. Bon sur ce, je files aussi à plus tard et bon courage à toi."

Je sortais de la voiture pour me diriger vers le coffre, prendre mon sac  avant de le refermer pour traverser la foule de gens qui cherchaient à progresser à l'intérieur du navire pour filer vers les boutiques, gentiment indiquées par les plans du navire. Coup de chance ou chose commune sur ce genre de bateau j'en trouvais une qui vendait  les produits que je convoitais et tellement d'autres choses encore. Je sentais que l'allais papillonner ici un moment.

Des étalages de chemises de tout les tissus nobles imaginables, des cravates à ne savoir quoi en faire, de magnifiques costumes sur présentoirs et des chaussures...des Church's, des Santoni, des Sebago, Des Fratelli Rossetti, autant de marques aussi prestigieuses qui n'attendaient que moi. Avais-je déjà mentionné que j'adorais les chaussures? C'est avec des étoiles dans les yeux que je commençais mon parcours du combattant pour en choisir seulement trois paires avant de m'atteler au choix du costume.

Au final, Jacques gara la voiture avec dextérité et une fois qu'elle fut arrêtée, j'en sortis. Bien que le bateau ne soit pas encore parti, le roulis léger des vagues me prit tout de suite en otage. Saloperie de mer... Pour ajouter à mon malaise, Hideko, après quelques consignes vagues, fila sans demander son reste. Kei avait disparu avant que je ne me rende compte qu'il s'était glissé hors de la voiture. Restait Jacques. Je me tournais vers lui, sûrement avec un éclat de supplique dans les yeux.

Si lui m'abandonne, je jure que je ne bougerais plus d'ici jusqu'à l'arrivée... Pourtant, Jacques se tourne vers moi et lance en riant :

Je crois que ces deux là n'aiment pas les blonds aux yeux bleus, ils ont filé à l'anglaise sans demander leurs restes.

Je souris à sa blague, mais mon sourire, déjà pâle, s'effaça quand un roulis plus fort que les autres me secoua. Putain de mal de mer... Je suis pathétique. Finalement, le blond reprit la parole, en me tendant les clefs de la voiture :

Plus sérieusement, avant de te sentir mal tu devrais aller voir le médecin de bord, il va probablement pouvoir te donner un truc pour le mal de mer, au passage, essaie de prendre un cachet pour moi aussi s'il te plait, je vais un peu vadrouiller sur le bateau mais je pense inévitablement finir à la cabine dans une heure ou deux, terrassé par le roulis. Bon sur ce, je files aussi à plus tard et bon courage à toi.

Je hochais la tête avant de tilter. Attends, il m'abandonne lui aussi ?! Pitié tout mais pas ça... Je vais encore me retrouver seul. Je devrais avoir l'habitude. Je range les clefs dans une poche de mon pantalon et esquisse un hochement de tête vers Jacques :

Débrouille-toi pour être dans la cabine avant de t'effondrer, parce que je pourrais pas venir te chercher. Je prendrais un cachet pour toi.

Sur ces mots, je lui tournais le dos et me dirigeais tant bien que mal vers l'intérieur du bateau. Je pris le chemin vers celui qui sera sûrement mon sauveur sur ce bateau, le médecin de bord. Je trouvais aisément mon chemin grâce aux nombreux plans placés çà et là. Finalement, je récupérais les cachets et fonçais vers la cabine qui nous était réservé avant que le bateau ne démarre réellement.

Finalement, je claquais la porte de la cabine et, sans faire attention à Kei - Pitié, qu'il me laisse tranquille - qui avait élu domicile dans un coin et avale mon médicament, sachant qu'il ne serait pas assez puissant pour éviter que je doive rester dans cette position pathétique que je prends quand je me sens mal. Ca y est le bateau se met en marche. Je suppose que je dois avoir pâlit au point d'avoir l'air... mort ? Les roulis prennent le dessus et je m'adosse à un mur avant de remonter mes genoux contre mon torse. Le menton sur les genoux, le regard perdu dans le vide, je me mets à me balancer d'avant en arrière. Ce sera mon action principale pour ce passage en bateau. En espérant être assez en forme pour conduire.