Mensonge. Ou l'autre nom de la confiance. [Solo]

Je me levai ce matin avec une impression étrange, comme un mauvais pressentiment, cette petite boule dans la gorge et l'estomac qui vous dis dès le réveil que votre journée ne se terminera pas bien. Je soupirai, moi qui pensait hier soir en me couchant que pour une fois ma journée se passerait bien... Il faut dire que j'étais vaguement sur les nerfs depuis que Misao était parti en mission avec Aaron, dire qu'il y a plusieurs semaines je lui parlais de quitter Terrae un temps pour retrouver cette masse d'humains grouillante en ville. Pitié, dites-moi que je n'ai encore pas dis le mauvais truc au mauvais moment, une fois avec Aoi, Light et les autres ça passe. Deux fois, c'est un peu trop je trouve.

Pas décidée pour un sou à sortir de ma chambre, je filais sous une bonne douche pour me sortir de la tête ces idées plus paranoïaques et invraisemblables les unes que les autres. De toute façon, Misao ne partirait pas puisqu'il avait Hideko et Daisuke ici, non ? Je soupirai, peut-être qu'au final ça n'avait rien à voir et que j'allais simplement juste encore révéler ma maladresse à la pâtisserie, ce qui n'est pas franchement plus enviable en réalité, à ce rythme-là je vais me faire renvoyer en vitesse oui... Je sais bien que ça doit faire bientôt presque un an que je bosse comme vendeuse et que j'aide un peu à l'arrière quand j'en ai envie, mais je doute que ça empêche Jeremy de me virer si jamais je fiche en l'air une bonne partie de ce qui est censé lui rapporter de l'argent.

Je sortais lentement, essuyant d'un coup de poignet la buée sur le miroir accroché au-dessus du lavabo, vraiment, j'avais probablement une tête à faire peur en ce moment. Je m'entraînais peut-être un peu trop, pourtant, je n'étais pas si fatiguée que ça, et je me débrouillais bien mieux avec le feu qu'il y a quelques mois. Ce qui honnêtement, me rend plutôt fière de moi, je pourrai montrer mes progrès à Misao une fois qu'il serait rentré, ça ne devrait plus trop tarder je suppose. On ne reste de toute façon jamais trop longtemps en dehors de Terrae et ça devait bien faire une semaine que je ne l'avais pas croisé quelque part, en supposant qu'il ne serait pas venu me voir en revenant, ce qui quelque part, m’ennuierait probablement.

En sortant, j'avais claqué ma porte un peu violemment, un peu trop sûrement, une petite blonde qui passait par là à sursauté et m'a regardé avec un visage un peu tiré. Bon ok, j'avais des cernes et les cheveux indomptables ce matin, mais c'était pas une raison pour me fixer comme ça, j'allais pas la bouffer non plus, j'étais pas encore cannibale. Il faut dire que pour l'être, il faudrait être sacrément difficile côté nourriture, parce que la cantine est superbe je trouve. Et je dis pas ça seulement parce qu'on y trouve des gâteaux à tous les repas et du café à la vanille.... Enfin, probablement que si au final. Quoiqu'il en soit, je ne travaillais pas aujourd'hui, alors je pouvais probablement passer un peu de temps en salle commune avec mon café.

J'y étais posée depuis une bonne vingtaine de minutes, les fesses sur le fauteuil moelleux que j'avais du occuper la première fois qu'on s'était croisé avec Misao, ça remonte maintenant, vraiment. Mais ça reste une journée plutôt amusante, il faut dire que j'ai failli mourir assommée aussi, ce qui restera probablement une de mes gaffes les plus dangereuses. Je venais à peine d’entamer mon café vanille brûlant quand la porte s'ouvrit en large, deux étudiants de probablement dix-sept ou dix-neuf ans venaient d'ouvrir, bon, à part leurs yeux écarquillés et leurs cheveux échevelés, ils n'avaient pas l'air si intéressants que ça au final. Enfin, jusqu'à ce que le petit roux n'ouvre la bouche et ne se mette à parler dans tous les sens.

Les seuls mots que j'avaient pu décrypter dans son babillage incessant avaient été "traître", "mission", "Aaron" et "kidnapping". Ce qui, il faut l'avouer, n'était pas forcément des plus engageant, surtout en prenant en compte que Misao était censé être sur ladite mission avec Aaron si j'avais bien tout compris. Une sueur froide fit se dresser les fins poils sur mes bras et je me levais dans sa direction, rapidement, sans vraiment faire attention au petit de peut-être douze ans que je venais de pousser et qui avait fini les fesses collées à la moquette. J'avais attrapé le bras du rouquin, le forçant à se retourner vers moi, bon, ok, je faisais peut-être peur actuellement, mais il fallait comprendre aussi, il était complètement incohérent et j'avais besoin de comprendre exactement ce qu'il avait entendu avant que tout ne soit bêtement déformé comme avec Aëlita il y a plusieurs mois.

" Qu'est-ce que tu as entendu ? Exactement.
- Je te le dis si tu me lâches, tu me fais mal ! "

Je sursautais légèrement et le relâchais, évitant de croiser le regard des adolescents autour de moi, vraiment, je détestais être la plus vieille ici. Il se positionna face à moi et me ressortit, mot pour mot, je l'espérais, ce qu'il avait entendu dans les étages supérieurs, sans nous dire pourquoi il s'y était trouvé, évidemment.

" Ils ont dit qu'Aaron avait été kidnappé pendant une mission et qu'il était en danger. Ca bougeait tellement que j'ai pas pu entendre le reste très clairement, mais il a été trahi pendant la mission. D'ailleurs, j'ai pas pu entendre le nom de ce traître. "

J'étais déjà partie, laissant la porte claquer dans mon dos, il me fallait un coin calme, un endroit vide, tranquille. J'avais besoin de me poser et de réfléchir. Au détour d'un couloir je tombais sur une fenêtre donnant sur le gymnase, très bien, théoriquement, il y aurait peu de monde et au pire, je pourrais toujours me cloîtrer dans la salle de tir à l'arc, ça devrait être suffisant. Enfin, à part Elena, je n'y ai jamais vu personne, donc je suppose que ça va encore être le cas ce matin. Une fois à l'intérieur, je m'étais assurée de bloquer la porte suffisamment pour avoir le temps de disparaître si Ryu décidait de passer par là avant que je ne sorte, même si je doute de pouvoir passer inaperçu face à un Master, je me débrouillais bien, mais pas assez non plus.

" Qu'est-ce que t'as foutu Misa... "

La tête contre le pan de bois portant les arcs, j'avais fermé les yeux et tentait de trouver une raison valable de croire à ces rumeurs et d'en conclure ce que je redoutais le plus, la tromperie, les faux-semblants, l'hypocrisie. Parce qu'après tout, Misao n'aurait pas pu faire semblant tout ce temps non... ? Pitié dites-moi que non...

Je ne sais plus exactement depuis combien de temps j'étais assise en tailleur là, sur le parquet de la salle de tir à l'arc, au calme, seule. Je suppose que ça devait faire au moins une heure, ou deux, ou peut-être plus, en tout cas l'heure du repas devait être passée puisque mon estomac me faisait la misère. Je décidais de me lever, pourtant très peu motive à l'idée de me retrouver au milieu de la population adolescente de Terrae pour manger, je savais très bien, vu à la vitesse à laquelle c'était parti ce matin en salle commune, que tout le monde ne parlerait que de l'événement du jour. C'est incroyable, c'était même plus rapide encore que la fois où Aëlita avait fait sa petite crise.

Je débloquais la porte, contente qu'au final, personne n'ait eu l'envie de venir et sortais. Avec le temps que j'avais pris pour me poser, j'en avais finalement déduis que, peut-être que je me trompais, après tout l'identité du traître était encore inconnue, donc il y a avait une chance pour que ce ne soit pas Misao après tout. Et puis, peut-être que si je ne le voyais pas, c'était simplement parce qu'il se reposait après sa mission et profitait un peu de Daisuke et Hideko après son retour. C'est un peu bancal comme explication, mais j'avais vraiment envie d'y croire, j'avais vraiment envie de penser qu'il était quelqu'un de bien. Le Misao que je connais l'est, il est peut-être maniaque et un peu fou, mais c'est quelqu'un de bien.

En arrivant au niveau du réfectoire, j'avais déjà entendu de nombreuses remarques faites sur le supposé traître, mais rien de très précis, pas son identité encore... Je soupirai et me faufilai dans la cantine, me servant peu en réalité, je n'avais aucune envie de manger, et je n'avais pas non plus réellement faim, ce qui m'arrangeait. J'essayais tant bien que mal de ne pas les écouter mais ça devenait de plus en plus difficile, ma curiosité aidant, j'avais rapidement cédé et j'avais penché l'oreille en m'asseyant.

" T'as entendu cette histoire de traître qui a vendu un des Master aux scientifiques pendant une mission ?

- J'y crois pas. Si ça se trouve on l'a déjà croisé et on a rien soupçonné, il cachait bien son jeu. Si ça se trouve c'était un scientifique dès le départ.

- Mais il aurait pas pu entrer à Terrae sans le vide non ?

- Ils sont assez tordus pour ça va. "

Même en essayant de me convaincre que ça ne pouvait tout simplement pas être Misao, les entendre cracher sur une personne qui les avait probablement aidé auparavant comme s'il n'était qu'une tâche sur un mur qu'il fallait absolument supprimé restait extrêmement difficile. J'avais rapidement fini mon assiette, écartant mon dessert pour une fois, sortant en vitesse de la salle. Non vraiment, il fallait que j'aille dans ma chambre, il fallait simplement que j'attende un peu, et Misao viendrait me voir tout souriant pour me demander encore de l'aide pour ranger sa chambre.

En parcourant les escaliers j'avais probablement trébuché deux fois, trop peu concentré sur ce que je faisais en réalité. Ce n'est qu'en arrivant au niveau du toit, pourquoi je n'étais pas simplement allée dans ma chambre resterait un mystère, que je m'arrêtais brusquement, mon élan coupé par une phrase abominable prononcé par ce qui me semblait à moi deux personnes trop âgées pour être des élèves, mais qui devaient pourtant en être. Des Masters ne se promèneraient pas tranquillement avec tout ce chahut dehors, ils seraient plus prudents non ?

" Le frère de la directrice... Vraiment ? Moi qui pensait qu'on pouvait lui faire confiance.

- Faut croire que même quand on connaît bien les gens ils sont capables de vous berner hein. Je pense qu'Hideko doit quand même très mal le vivre même si elle en dit rien.

- C'était son frère ! Elle lui faisait confiance, évidemment qu'elle le vit mal et qu'elle s'en veut. "

J'en avais probablement assez entendu, assez pour comprendre que me bercer de mes douces illusions serait inutiles... Misao. C'était réellement Misao qui avait trahi Terrae, sa sœur qu'il aime tant, son neveu... Il les avait tous trahi comme ça. La boule que j'avais dans la gorge ce matin en me levant me semblait encore plus oppressante, pourquoi est-ce qu'il avait pu faire ça ? Il fallait que je sois certaine, après tout, c'était des rumeurs hein.

Automatiquement, dirigée plus par l'instinct qu'autres choses, je m'étais rendue devant le bureau d'Hideko. Et si elle n'y était pas ? Hé bien j'irai chez elle, mais il me fallait mes réponses. Je pris mon courage à deux mains et toquais à la porte, l'angoisse devait sûrement suinter de tous mes traits, il n'avait pas pu faire ça n'est-ce pas Hideko ? La porte s'ouvrit lentement et je ne pu me retenir de poser ma main dessus pour l'empêcher de se refermer ensuite, surprenant sûrement la directrice de mon geste.

" Hideko, s'il te plaît, dis-moi que c'est faux.

- De quoi est-ce que tu parles Roxanne ?

- Misao. Misao, dis-moi qu'il n'est pas comme ça. C'est faux n'est-ce pas ? Il n'a pas vendu Aaron hein ? Il n'aurait pas fait ça ! Dis-le moi ! "

Je devais probablement faire peur, en pleine crise d'hystérie, apeurée à l'idée d'avoir été bernée aussi longtemps. Pitié, pas lui, pas alors que je lui faisais confiance, pas comme ça. Je la fixais, les traits tirées par la peur, l'angoisse de s'être fait tromper, le cœur battant, les yeux brillants. Hideko, dis-moi que tu le connais mieux que ça et qu'il n'a rien pu faire d'aussi abominable. Dis-le moi...

Au moment où ses yeux se baissèrent vers le sol je perdis toute l'énergie que j'avais il y a quelques secondes. Je reculais de quelques pas, la laissant refermer la porte, choquée au point de ne plus savoir comment bouger. Après de longues minutes passées à fixer la porte en bois du bureau d'Hideko, je repartais, lentement, absente. C'était faux, ça ne pouvait que l'être, je le connais, c'est Misao après tout, il ne peut pas faire ça, il sait que sa sœur aide énormément de monde ici... Les larmes dévalèrent sur mes joues quand j'arrivais dans le couloir menant aux chambres des éléments Feu, plusieurs personnes se retournèrent et me fixèrent en me voyant mais je n'y fis pas attention, trop absente pour m'en rendre compte.

Une fois dans ma chambre, je me laissais simplement tomber dans l'entrée, sur les genoux. Mes larmes reprirent de plus belles, mes sanglots m'arrachant des geignements atroces, c'était si douloureux d'y penser, de prendre conscience que tout ça n'avait jamais été qu'un rêve, un beau rêve empli de mensonges, tout comme mon enfance d'ailleurs... Un cri plus perçant que les autres s'échappa de ma gorge au moment où la douleur que cette pensée réveilla vint s'ajouter à celle de se sentir doublée par la seule personne à qui j'avais réellement accordée ma confiance.

J'étais partagée entre la douleur que je ressentais de prendre conscience du mensonge qu'est Misao Honda et la colère qu'il me faisait éprouver actuellement. Comment avait-il seulement pu mentir de cette façon ? Aussi naturellement qui plus est ! Comptait-il le faire encore plus longtemps si sa mission avec Aaron avait été reportée ? J'étais debout au milieu de ma chambre et une photo que j'avais prise de lui discrètement plusieurs semaines auparavant, quand nous avions fait un peu de Baseball ensemble, terminait déjà en cendre contre le carrelage de ma minuscule cuisine, les flammes tentant vainement de lécher le bois du meuble à côté en vain.

Les larmes avaient rendu mon visage humides, souillés, les traits encore plus tirés qu'à mon réveil ce matin, il y a encore quelques heures. J'aurai probablement du rester dans mon lit, ç'aurait été mieux pour tout le monde que j'ignore tout ça, que je l'apprenne stupidement à son retour, s'il revient un jour... Les sanglots qui s'étaient stoppés quelques minutes avant reprirent à nouveau, secouant violemment mes épaules, j'avais à peine assez de souffle pour les subir. La douleur me vrillait les tempes et j'avais déjà retiré une partie de mes vêtements à cause de la chaleur qui émanait de mon corps et que je ne parvenai pas à réguler. Je vis avec horreur la chemise bleue pâle à mes pieds prendre feu, me faisant crier sous le coup de la surprise.

Je m'étais enfermée dans la salle de bain, sous la douche, froide. J'avais constamment chaud, et par moment, un membre de mon corps disparaissait quelques secondes. J'avais peur, j'avais mal et peur. Mal à cause de ce que j'avais appris aujourd'hui et de ce que ça signifiait pour moi, peur parce que je ne contrôlais plus rien, mes pouvoirs m'échappaient. C'était terrifiant, encore plus que lors de mon initiation, quand j'avais mis le feu à la salle des Masters. Rien que d'y repenser me fit mal au cœur et ramenait à mes tympans les phrases abominables que j'avais entendu depuis le début de la matinée.

" Taisez-vous. Taisez-vous... Pitié... Misao... "

C'était difficile, plus que je ne le pensais, alors que j'espérais pouvoir gérer une nouvelle comme celle-ci. Et pourtant... Pourtant elle rouvrait la plaie béante de ce vide qui m'avait conduit ici, et je détestais Misao pour faire endurer ça. C'est vrai, on ne parlait que de la pluie et du beau temps, jamais de nos familles respectives, de ce passé douloureux. De mon côté c'était juste par peur de l'évoquer, peur de souffrir inutilement, peur de lui avouer aussi sûrement. Mais lui ? Est-ce que c'était juste parce que ça lui était douloureux, ou plutôt parce qu'au final, tout n'était que mensonge ? Est-ce qu'il ne parlait pas de sa vie avant, plutôt parce qu'elle n'était pas si différente de celle qu'il menait actuellement ?

" Espèce de manipulateur ! "

Est-ce qu'il avait menti aussi quand il avait partagé de beaux moments avec Hideko, Daisuke ou moi ? Est-ce que tout ça n'était qu'un vulgaire mensonge ? Une manipulation ? Un jeu ? Est-ce qu'il a joué un rôle jusqu'à maintenant ? Il s'est simplement moqué de nous au final n'est-ce pas ? Il a trouvé la bonne poire et hop, voilà, son plan était lancé... Je ne remarquais pas mes bras qui avaient disparu, frappant violemment dans le mur carrelé à ma gauche. Non, c'était faux. Tout ça n'était qu'une machination. Je le connais. Je le connais bordel ! Il n'aurait pas pu feinté tout ce temps, pas comme ça, pas avec ses TOC, pas Misao merde !

" Et si... Au fond... Ces TOC c'étaient juste du cinéma... ? "

J'avais l'impression que mes pouvoirs s'épuisaient petit à petit. Pourtant, les souvenirs qui me revinrent en tête à ce moment-là me prouvèrent le contraire. Ces images douces de Misao ronchonnant à cause de la sueur, de sa défaite à Mario, souriant en parlant de Daisuke, riant en me voyant trébucher... Mes yeux me brûlaient, violemment, forçant un cri dans ma gorge que je pensais rouée au point de ne plus parler avant plusieurs jours. Je me levais précipitamment, manquant de heurter le bord de la baignoire avec mon tibia et trébuchait jusqu'à atteindre le lavabo d'une main. Je tremblai, me maintenant debout et évacuant le peu de buée qui recouvrait le miroir.

Mon reflet me coupa la respiration, j'étais si... Différente. Mes joues étaient blafardes, faisant ressortir les très légère tâche de rousseur qui se cache sous mon teint rosée habituellement. Mes lèvres étaient rouges et gercées, elles avaient probablement saignées aussi à force que je les morde. Mes cheveux étaient collés à mon visage et mes épaules à cause de l'eau qui pesait dessus. Et mes yeux... Ma main droite montant jusqu'à mon oeil qui prenait non plus une teinte mordorée comme d'habitude, cette couleur que je tenais de Maman, mais un rouge plus vif, plus sanglant. J'en vins à penser que finalement, les yeux rouges n'étaient pas si mal, ça se mariait plutôt bien à mes cheveux bleus.

Je fus contrainte à les fermer fortement, la douleur et la brûlure que je ressentais sur mes iris se faisant plus violente encore. Je ne fis même pas attention au lavabo qui fondait littéralement sous mes doigts à cause de la chaleur qui s'en dégageait, ni de mes jambes qui avaient complètement disparu. Je sortis en trombe de la pièce, cherchant de quoi soulager la douleur aussi bien physique que morale, je sentais mes pouvoirs affluer, l'énergie qui me faisait défaut il y a quelques minutes revenait au galop, me coupant presque le souffle sous l'intensité.

Je me laissais finalement lamentablement tomber sur mon lit après avoir fait brûler sans le vouloir mon bureau et ce qui se trouvait dessus aussi sûrement. J'avais soudainement presque froid, et la sensation d'il y a quelques secondes, cet afflux incroyable d'énergie, m'avait maintenant complètement quitté. Je fixais mon plafond bruni par les flammes de plus tôt, les yeux dans le vague, l'esprit ailleurs, vidé. Plus de Misao, plus de trahison, plus de confiance, plus de souvenirs. Juste une incroyable fatigue et une envie presque inhumaine de dormir.

" Mensonge... "

Je plongeais trop rapidement à mon goût dans l'inconscience, vidée du trop-plein d'énergie que j'avais subit juste avant, fatiguée et démoralisée. Je venais probablement de réduire en cendre la moitié de ma chambre et de mes vêtements, mais j'avais envie de voir encore mes yeux prendre cette si belle couleur. Juste une fois...

	## Lun 4 Aoû 2014 - 18:24
Personnage ~ ► Âge : 28 ans ► Doubles-comptes ? : ► Rencontres ♫♪ : Huo, un petit photographe nocturne, que je n'ai pas revu depuis un sacré bout de temps. Oktober, qui avait été vachement cool comme modèle ! Ys, qui est un sacré numéro, mais avec qui c'est plutôt amusant de se balader. Allen, dont l'invincibilité me reste toujours en travers de la gorge, je me vengerai sur un bon Tetris. Côté cœur ? Ugh... Ma vie de base est bordélique, mais quand on en vient à ma vie sentimentale... C'est Bagdad... Enfin, du coup, Misao ferait office de bombe, ce qu'est pas complètement faux, mais c'est pas vraiment ce que je voulais dire, ahah. Roxanne Tessier Messages : 307 Date d'inscription : 20/10/2012 Age : 28 Emploi/loisirs : Bavarder ♥ Humeur : Explosive ~	Je me levai ce matin avec une impression étrange, comme un mauvais pressentiment, cette petite boule dans la gorge et l'estomac qui vous dis dès le réveil que votre journée ne se terminera pas bien. Je soupirai, moi qui pensait hier soir en me couchant que pour une fois ma journée se passerait bien... Il faut dire que j'étais vaguement sur les nerfs depuis que Misao était parti en mission avec Aaron, dire qu'il y a plusieurs semaines je lui parlais de quitter Terrae un temps pour retrouver cette masse d'humains grouillante en ville. Pitié, dites-moi que je n'ai encore pas dis le mauvais truc au mauvais moment, une fois avec Aoi, Light et les autres ça passe. Deux fois, c'est un peu trop je trouve. Pas décidée pour un sou à sortir de ma chambre, je filais sous une bonne douche pour me sortir de la tête ces idées plus paranoïaques et invraisemblables les unes que les autres. De toute façon, Misao ne partirait pas puisqu'il avait Hideko et Daisuke ici, non ? Je soupirai, peut-être qu'au final ça n'avait rien à voir et que j'allais simplement juste encore révéler ma maladresse à la pâtisserie, ce qui n'est pas franchement plus enviable en réalité, à ce rythme-là je vais me faire renvoyer en vitesse oui... Je sais bien que ça doit faire bientôt presque un an que je bosse comme vendeuse et que j'aide un peu à l'arrière quand j'en ai envie, mais je doute que ça empêche Jeremy de me virer si jamais je fiche en l'air une bonne partie de ce qui est censé lui rapporter de l'argent. Je sortais lentement, essuyant d'un coup de poignet la buée sur le miroir accroché au-dessus du lavabo, vraiment, j'avais probablement une tête à faire peur en ce moment. Je m'entraînais peut-être un peu trop, pourtant, je n'étais pas si fatiguée que ça, et je me débrouillais bien mieux avec le feu qu'il y a quelques mois. Ce qui honnêtement, me rend plutôt fière de moi, je pourrai montrer mes progrès à Misao une fois qu'il serait rentré, ça ne devrait plus trop tarder je suppose. On ne reste de toute façon jamais trop longtemps en dehors de Terrae et ça devait bien faire une semaine que je ne l'avais pas croisé quelque part, en supposant qu'il ne serait pas venu me voir en revenant, ce qui quelque part, m’ennuierait probablement. En sortant, j'avais claqué ma porte un peu violemment, un peu trop sûrement, une petite blonde qui passait par là à sursauté et m'a regardé avec un visage un peu tiré. Bon ok, j'avais des cernes et les cheveux indomptables ce matin, mais c'était pas une raison pour me fixer comme ça, j'allais pas la bouffer non plus, j'étais pas encore cannibale. Il faut dire que pour l'être, il faudrait être sacrément difficile côté nourriture, parce que la cantine est superbe je trouve. Et je dis pas ça seulement parce qu'on y trouve des gâteaux à tous les repas et du café à la vanille.... Enfin, probablement que si au final. Quoiqu'il en soit, je ne travaillais pas aujourd'hui, alors je pouvais probablement passer un peu de temps en salle commune avec mon café. J'y étais posée depuis une bonne vingtaine de minutes, les fesses sur le fauteuil moelleux que j'avais du occuper la première fois qu'on s'était croisé avec Misao, ça remonte maintenant, vraiment. Mais ça reste une journée plutôt amusante, il faut dire que j'ai failli mourir assommée aussi, ce qui restera probablement une de mes gaffes les plus dangereuses. Je venais à peine d’entamer mon café vanille brûlant quand la porte s'ouvrit en large, deux étudiants de probablement dix-sept ou dix-neuf ans venaient d'ouvrir, bon, à part leurs yeux écarquillés et leurs cheveux échevelés, ils n'avaient pas l'air si intéressants que ça au final. Enfin, jusqu'à ce que le petit roux n'ouvre la bouche et ne se mette à parler dans tous les sens. Les seuls mots que j'avaient pu décrypter dans son babillage incessant avaient été "traître", "mission", "Aaron" et "kidnapping". Ce qui, il faut l'avouer, n'était pas forcément des plus engageant, surtout en prenant en compte que Misao était censé être sur ladite mission avec Aaron si j'avais bien tout compris. Une sueur froide fit se dresser les fins poils sur mes bras et je me levais dans sa direction, rapidement, sans vraiment faire attention au petit de peut-être douze ans que je venais de pousser et qui avait fini les fesses collées à la moquette. J'avais attrapé le bras du rouquin, le forçant à se retourner vers moi, bon, ok, je faisais peut-être peur actuellement, mais il fallait comprendre aussi, il était complètement incohérent et j'avais besoin de comprendre exactement ce qu'il avait entendu avant que tout ne soit bêtement déformé comme avec Aëlita il y a plusieurs mois. " Qu'est-ce que tu as entendu ? Exactement. - Je te le dis si tu me lâches, tu me fais mal ! " Je sursautais légèrement et le relâchais, évitant de croiser le regard des adolescents autour de moi, vraiment, je détestais être la plus vieille ici. Il se positionna face à moi et me ressortit, mot pour mot, je l'espérais, ce qu'il avait entendu dans les étages supérieurs, sans nous dire pourquoi il s'y était trouvé, évidemment. " Ils ont dit qu'Aaron avait été kidnappé pendant une mission et qu'il était en danger. Ca bougeait tellement que j'ai pas pu entendre le reste très clairement, mais il a été trahi pendant la mission. D'ailleurs, j'ai pas pu entendre le nom de ce traître. " J'étais déjà partie, laissant la porte claquer dans mon dos, il me fallait un coin calme, un endroit vide, tranquille. J'avais besoin de me poser et de réfléchir. Au détour d'un couloir je tombais sur une fenêtre donnant sur le gymnase, très bien, théoriquement, il y aurait peu de monde et au pire, je pourrais toujours me cloîtrer dans la salle de tir à l'arc, ça devrait être suffisant. Enfin, à part Elena, je n'y ai jamais vu personne, donc je suppose que ça va encore être le cas ce matin. Une fois à l'intérieur, je m'étais assurée de bloquer la porte suffisamment pour avoir le temps de disparaître si Ryu décidait de passer par là avant que je ne sorte, même si je doute de pouvoir passer inaperçu face à un Master, je me débrouillais bien, mais pas assez non plus. " Qu'est-ce que t'as foutu Misa... " La tête contre le pan de bois portant les arcs, j'avais fermé les yeux et tentait de trouver une raison valable de croire à ces rumeurs et d'en conclure ce que je redoutais le plus, la tromperie, les faux-semblants, l'hypocrisie. Parce qu'après tout, Misao n'aurait pas pu faire semblant tout ce temps non... ? Pitié dites-moi que non... Vit en #3399cc

	## Lun 4 Aoû 2014 - 19:47
Personnage ~ ► Âge : 28 ans ► Doubles-comptes ? : ► Rencontres ♫♪ : Huo, un petit photographe nocturne, que je n'ai pas revu depuis un sacré bout de temps. Oktober, qui avait été vachement cool comme modèle ! Ys, qui est un sacré numéro, mais avec qui c'est plutôt amusant de se balader. Allen, dont l'invincibilité me reste toujours en travers de la gorge, je me vengerai sur un bon Tetris. Côté cœur ? Ugh... Ma vie de base est bordélique, mais quand on en vient à ma vie sentimentale... C'est Bagdad... Enfin, du coup, Misao ferait office de bombe, ce qu'est pas complètement faux, mais c'est pas vraiment ce que je voulais dire, ahah. Roxanne Tessier Messages : 307 Date d'inscription : 20/10/2012 Age : 28 Emploi/loisirs : Bavarder ♥ Humeur : Explosive ~	Je ne sais plus exactement depuis combien de temps j'étais assise en tailleur là, sur le parquet de la salle de tir à l'arc, au calme, seule. Je suppose que ça devait faire au moins une heure, ou deux, ou peut-être plus, en tout cas l'heure du repas devait être passée puisque mon estomac me faisait la misère. Je décidais de me lever, pourtant très peu motive à l'idée de me retrouver au milieu de la population adolescente de Terrae pour manger, je savais très bien, vu à la vitesse à laquelle c'était parti ce matin en salle commune, que tout le monde ne parlerait que de l'événement du jour. C'est incroyable, c'était même plus rapide encore que la fois où Aëlita avait fait sa petite crise. Je débloquais la porte, contente qu'au final, personne n'ait eu l'envie de venir et sortais. Avec le temps que j'avais pris pour me poser, j'en avais finalement déduis que, peut-être que je me trompais, après tout l'identité du traître était encore inconnue, donc il y a avait une chance pour que ce ne soit pas Misao après tout. Et puis, peut-être que si je ne le voyais pas, c'était simplement parce qu'il se reposait après sa mission et profitait un peu de Daisuke et Hideko après son retour. C'est un peu bancal comme explication, mais j'avais vraiment envie d'y croire, j'avais vraiment envie de penser qu'il était quelqu'un de bien. Le Misao que je connais l'est, il est peut-être maniaque et un peu fou, mais c'est quelqu'un de bien. En arrivant au niveau du réfectoire, j'avais déjà entendu de nombreuses remarques faites sur le supposé traître, mais rien de très précis, pas son identité encore... Je soupirai et me faufilai dans la cantine, me servant peu en réalité, je n'avais aucune envie de manger, et je n'avais pas non plus réellement faim, ce qui m'arrangeait. J'essayais tant bien que mal de ne pas les écouter mais ça devenait de plus en plus difficile, ma curiosité aidant, j'avais rapidement cédé et j'avais penché l'oreille en m'asseyant. " T'as entendu cette histoire de traître qui a vendu un des Master aux scientifiques pendant une mission ? - J'y crois pas. Si ça se trouve on l'a déjà croisé et on a rien soupçonné, il cachait bien son jeu. Si ça se trouve c'était un scientifique dès le départ. - Mais il aurait pas pu entrer à Terrae sans le vide non ? - Ils sont assez tordus pour ça va. " Même en essayant de me convaincre que ça ne pouvait tout simplement pas être Misao, les entendre cracher sur une personne qui les avait probablement aidé auparavant comme s'il n'était qu'une tâche sur un mur qu'il fallait absolument supprimé restait extrêmement difficile. J'avais rapidement fini mon assiette, écartant mon dessert pour une fois, sortant en vitesse de la salle. Non vraiment, il fallait que j'aille dans ma chambre, il fallait simplement que j'attende un peu, et Misao viendrait me voir tout souriant pour me demander encore de l'aide pour ranger sa chambre. En parcourant les escaliers j'avais probablement trébuché deux fois, trop peu concentré sur ce que je faisais en réalité. Ce n'est qu'en arrivant au niveau du toit, pourquoi je n'étais pas simplement allée dans ma chambre resterait un mystère, que je m'arrêtais brusquement, mon élan coupé par une phrase abominable prononcé par ce qui me semblait à moi deux personnes trop âgées pour être des élèves, mais qui devaient pourtant en être. Des Masters ne se promèneraient pas tranquillement avec tout ce chahut dehors, ils seraient plus prudents non ? " Le frère de la directrice... Vraiment ? Moi qui pensait qu'on pouvait lui faire confiance. - Faut croire que même quand on connaît bien les gens ils sont capables de vous berner hein. Je pense qu'Hideko doit quand même très mal le vivre même si elle en dit rien. - C'était son frère ! Elle lui faisait confiance, évidemment qu'elle le vit mal et qu'elle s'en veut. " J'en avais probablement assez entendu, assez pour comprendre que me bercer de mes douces illusions serait inutiles... Misao. C'était réellement Misao qui avait trahi Terrae, sa sœur qu'il aime tant, son neveu... Il les avait tous trahi comme ça. La boule que j'avais dans la gorge ce matin en me levant me semblait encore plus oppressante, pourquoi est-ce qu'il avait pu faire ça ? Il fallait que je sois certaine, après tout, c'était des rumeurs hein. Automatiquement, dirigée plus par l'instinct qu'autres choses, je m'étais rendue devant le bureau d'Hideko. Et si elle n'y était pas ? Hé bien j'irai chez elle, mais il me fallait mes réponses. Je pris mon courage à deux mains et toquais à la porte, l'angoisse devait sûrement suinter de tous mes traits, il n'avait pas pu faire ça n'est-ce pas Hideko ? La porte s'ouvrit lentement et je ne pu me retenir de poser ma main dessus pour l'empêcher de se refermer ensuite, surprenant sûrement la directrice de mon geste. " Hideko, s'il te plaît, dis-moi que c'est faux. - De quoi est-ce que tu parles Roxanne ? - Misao. Misao, dis-moi qu'il n'est pas comme ça. C'est faux n'est-ce pas ? Il n'a pas vendu Aaron hein ? Il n'aurait pas fait ça ! Dis-le moi ! " Je devais probablement faire peur, en pleine crise d'hystérie, apeurée à l'idée d'avoir été bernée aussi longtemps. Pitié, pas lui, pas alors que je lui faisais confiance, pas comme ça. Je la fixais, les traits tirées par la peur, l'angoisse de s'être fait tromper, le cœur battant, les yeux brillants. Hideko, dis-moi que tu le connais mieux que ça et qu'il n'a rien pu faire d'aussi abominable. Dis-le moi... Au moment où ses yeux se baissèrent vers le sol je perdis toute l'énergie que j'avais il y a quelques secondes. Je reculais de quelques pas, la laissant refermer la porte, choquée au point de ne plus savoir comment bouger. Après de longues minutes passées à fixer la porte en bois du bureau d'Hideko, je repartais, lentement, absente. C'était faux, ça ne pouvait que l'être, je le connais, c'est Misao après tout, il ne peut pas faire ça, il sait que sa sœur aide énormément de monde ici... Les larmes dévalèrent sur mes joues quand j'arrivais dans le couloir menant aux chambres des éléments Feu, plusieurs personnes se retournèrent et me fixèrent en me voyant mais je n'y fis pas attention, trop absente pour m'en rendre compte. Une fois dans ma chambre, je me laissais simplement tomber dans l'entrée, sur les genoux. Mes larmes reprirent de plus belles, mes sanglots m'arrachant des geignements atroces, c'était si douloureux d'y penser, de prendre conscience que tout ça n'avait jamais été qu'un rêve, un beau rêve empli de mensonges, tout comme mon enfance d'ailleurs... Un cri plus perçant que les autres s'échappa de ma gorge au moment où la douleur que cette pensée réveilla vint s'ajouter à celle de se sentir doublée par la seule personne à qui j'avais réellement accordée ma confiance. Vit en #3399cc

	## Lun 4 Aoû 2014 - 22:06
Personnage ~ ► Âge : 28 ans ► Doubles-comptes ? : ► Rencontres ♫♪ : Huo, un petit photographe nocturne, que je n'ai pas revu depuis un sacré bout de temps. Oktober, qui avait été vachement cool comme modèle ! Ys, qui est un sacré numéro, mais avec qui c'est plutôt amusant de se balader. Allen, dont l'invincibilité me reste toujours en travers de la gorge, je me vengerai sur un bon Tetris. Côté cœur ? Ugh... Ma vie de base est bordélique, mais quand on en vient à ma vie sentimentale... C'est Bagdad... Enfin, du coup, Misao ferait office de bombe, ce qu'est pas complètement faux, mais c'est pas vraiment ce que je voulais dire, ahah. Roxanne Tessier Messages : 307 Date d'inscription : 20/10/2012 Age : 28 Emploi/loisirs : Bavarder ♥ Humeur : Explosive ~	J'étais partagée entre la douleur que je ressentais de prendre conscience du mensonge qu'est Misao Honda et la colère qu'il me faisait éprouver actuellement. Comment avait-il seulement pu mentir de cette façon ? Aussi naturellement qui plus est ! Comptait-il le faire encore plus longtemps si sa mission avec Aaron avait été reportée ? J'étais debout au milieu de ma chambre et une photo que j'avais prise de lui discrètement plusieurs semaines auparavant, quand nous avions fait un peu de Baseball ensemble, terminait déjà en cendre contre le carrelage de ma minuscule cuisine, les flammes tentant vainement de lécher le bois du meuble à côté en vain. Les larmes avaient rendu mon visage humides, souillés, les traits encore plus tirés qu'à mon réveil ce matin, il y a encore quelques heures. J'aurai probablement du rester dans mon lit, ç'aurait été mieux pour tout le monde que j'ignore tout ça, que je l'apprenne stupidement à son retour, s'il revient un jour... Les sanglots qui s'étaient stoppés quelques minutes avant reprirent à nouveau, secouant violemment mes épaules, j'avais à peine assez de souffle pour les subir. La douleur me vrillait les tempes et j'avais déjà retiré une partie de mes vêtements à cause de la chaleur qui émanait de mon corps et que je ne parvenai pas à réguler. Je vis avec horreur la chemise bleue pâle à mes pieds prendre feu, me faisant crier sous le coup de la surprise. Je m'étais enfermée dans la salle de bain, sous la douche, froide. J'avais constamment chaud, et par moment, un membre de mon corps disparaissait quelques secondes. J'avais peur, j'avais mal et peur. Mal à cause de ce que j'avais appris aujourd'hui et de ce que ça signifiait pour moi, peur parce que je ne contrôlais plus rien, mes pouvoirs m'échappaient. C'était terrifiant, encore plus que lors de mon initiation, quand j'avais mis le feu à la salle des Masters. Rien que d'y repenser me fit mal au cœur et ramenait à mes tympans les phrases abominables que j'avais entendu depuis le début de la matinée. " Taisez-vous. Taisez-vous... Pitié... Misao... " C'était difficile, plus que je ne le pensais, alors que j'espérais pouvoir gérer une nouvelle comme celle-ci. Et pourtant... Pourtant elle rouvrait la plaie béante de ce vide qui m'avait conduit ici, et je détestais Misao pour faire endurer ça. C'est vrai, on ne parlait que de la pluie et du beau temps, jamais de nos familles respectives, de ce passé douloureux. De mon côté c'était juste par peur de l'évoquer, peur de souffrir inutilement, peur de lui avouer aussi sûrement. Mais lui ? Est-ce que c'était juste parce que ça lui était douloureux, ou plutôt parce qu'au final, tout n'était que mensonge ? Est-ce qu'il ne parlait pas de sa vie avant, plutôt parce qu'elle n'était pas si différente de celle qu'il menait actuellement ? " Espèce de manipulateur ! " Est-ce qu'il avait menti aussi quand il avait partagé de beaux moments avec Hideko, Daisuke ou moi ? Est-ce que tout ça n'était qu'un vulgaire mensonge ? Une manipulation ? Un jeu ? Est-ce qu'il a joué un rôle jusqu'à maintenant ? Il s'est simplement moqué de nous au final n'est-ce pas ? Il a trouvé la bonne poire et hop, voilà, son plan était lancé... Je ne remarquais pas mes bras qui avaient disparu, frappant violemment dans le mur carrelé à ma gauche. Non, c'était faux. Tout ça n'était qu'une machination. Je le connais. Je le connais bordel ! Il n'aurait pas pu feinté tout ce temps, pas comme ça, pas avec ses TOC, pas Misao merde ! " Et si... Au fond... Ces TOC c'étaient juste du cinéma... ? " J'avais l'impression que mes pouvoirs s'épuisaient petit à petit. Pourtant, les souvenirs qui me revinrent en tête à ce moment-là me prouvèrent le contraire. Ces images douces de Misao ronchonnant à cause de la sueur, de sa défaite à Mario, souriant en parlant de Daisuke, riant en me voyant trébucher... Mes yeux me brûlaient, violemment, forçant un cri dans ma gorge que je pensais rouée au point de ne plus parler avant plusieurs jours. Je me levais précipitamment, manquant de heurter le bord de la baignoire avec mon tibia et trébuchait jusqu'à atteindre le lavabo d'une main. Je tremblai, me maintenant debout et évacuant le peu de buée qui recouvrait le miroir. Mon reflet me coupa la respiration, j'étais si... Différente. Mes joues étaient blafardes, faisant ressortir les très légère tâche de rousseur qui se cache sous mon teint rosée habituellement. Mes lèvres étaient rouges et gercées, elles avaient probablement saignées aussi à force que je les morde. Mes cheveux étaient collés à mon visage et mes épaules à cause de l'eau qui pesait dessus. Et mes yeux... Ma main droite montant jusqu'à mon oeil qui prenait non plus une teinte mordorée comme d'habitude, cette couleur que je tenais de Maman, mais un rouge plus vif, plus sanglant. J'en vins à penser que finalement, les yeux rouges n'étaient pas si mal, ça se mariait plutôt bien à mes cheveux bleus. Je fus contrainte à les fermer fortement, la douleur et la brûlure que je ressentais sur mes iris se faisant plus violente encore. Je ne fis même pas attention au lavabo qui fondait littéralement sous mes doigts à cause de la chaleur qui s'en dégageait, ni de mes jambes qui avaient complètement disparu. Je sortis en trombe de la pièce, cherchant de quoi soulager la douleur aussi bien physique que morale, je sentais mes pouvoirs affluer, l'énergie qui me faisait défaut il y a quelques minutes revenait au galop, me coupant presque le souffle sous l'intensité. Je me laissais finalement lamentablement tomber sur mon lit après avoir fait brûler sans le vouloir mon bureau et ce qui se trouvait dessus aussi sûrement. J'avais soudainement presque froid, et la sensation d'il y a quelques secondes, cet afflux incroyable d'énergie, m'avait maintenant complètement quitté. Je fixais mon plafond bruni par les flammes de plus tôt, les yeux dans le vague, l'esprit ailleurs, vidé. Plus de Misao, plus de trahison, plus de confiance, plus de souvenirs. Juste une incroyable fatigue et une envie presque inhumaine de dormir. " Mensonge... " Je plongeais trop rapidement à mon goût dans l'inconscience, vidée du trop-plein d'énergie que j'avais subit juste avant, fatiguée et démoralisée. Je venais probablement de réduire en cendre la moitié de ma chambre et de mes vêtements, mais j'avais envie de voir encore mes yeux prendre cette si belle couleur. Juste une fois... Vit en #3399cc

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