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Je sais ce que tu vas me dire, et je n'ai aucune envie de l'entendre. [Gaepuce ♥]
##   Sam 9 Aoû 2014 - 23:39
Aaron Williams

Personnage ~
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Aaron Williams
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Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ?

Mes yeux se détournent et je fixe l’extérieur de la petite chambre d’hôpital, perdu dans mes pensées, l’esprit engourdi. Quelques bandages entourent mes membres et je soupire en constatant une fois de plus les quelques perfusions plantées dans mon bras. Sérieux, je crois que je vais prendre un abonnement « Master boulet », peut-être que j’aurai ma chambre attitrée que je pourrai décorer !... Hum, non, mauvaise idée. Quand je vois l’état dans lequel s’est retrouvé Hideko tout à l’heure, et le savon qu’elle m’a passé, pour avoir entraîné son frère là-dedans, m’être (encore) fait mettre sur la gueule… et surtout sans l’avoir mise au courant, je crois que ça passerait pour une provocation de plus. Complètement inutile. J’avoue qu’elle n’avait pas vraiment besoin de ça en plus, mais qu’est-ce que j’y pouvais si mon plan avait complètement foiré ? C’est injuste...
Je soupire à nouveau et tente de me reconcentrer sur le livre que vient de m’apporter Tomoe en même temps que mes lunettes, un peu saoulé de devoir passer la nuit ici pour des tests. C’est bon, ça va, j’ai été soigné, maintenant je vais bien, même si je suis dans un état de délabrement assez avancé. Pour le moment, j’aimerais juste arrêter d’être constamment branché à une machine inutile – qu’elle me pompe la vie ou me permette de me sentir mieux, je m’en branle, j’en ai ras le cul d’avoir des trucs plantés dans le bras. Quoique c’est peut-être des calmants. Pour que je sois un peu moins nerveux quand ils m’approchent pour faire leurs trucs chelou. Ça expliquerait pourquoi j’ai accepté qu’ils me foutent une perfusion…
Une moue dubitative s’inscrit sur mes traits, alors que je détourne une énième fois la tête vers la fenêtre, en recherche de quelque chose à regarder. Oui, parce que non, j’arrive pas à lire là, mon cerveau est pas encore dans un état suffisamment apte à la chose. Sur une échelle de 1 à 10, 1 étant l’état larvaire et 10 quand je suis drogué et/ou monté à bloc, je crois que je suis au niveau 2 et demi. Ça va. Y a pire – et puis, l’état de légume est pas compris dedans. Tout de même. Je m’en tire mieux que prévu.
Mon regard se fait vague, perdu dans la contemplation du vide. Les médicaments n’aident pas vraiment, je suppose. Ni à me faire sentir mieux, ni à oublier. Parce que cette fois, je crois que je ne l’oublierai pas non plus. Il a suffi de cette infime erreur pour faire remonter mes peurs les plus enfouies. Pour m’obliger, encore, à subir ces expériences sur mon corps, ces prélèvements, ces tests, ces—
Mon regard s’abaisse. Evidemment, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Mais l’arrogance doit-elle se payer d’un si lourd tribut ? Je déteste perdre le contrôle le mon corps. Il n’y a que moi pour décider de ce qu’il devient. Je le contrôle. Tout entier. Je décide de ce qu’il advient, je décide de ce qu’on lui fait subir, je décide de ce que je lui ferai subir. Après tout. Tout est une question de contrôle sur soi. De volonté. Alors pourquoi, même quand on le souhaite du plus profond de son être, on ne peut pas décider de ce que les autres nous feront ? C’est injuste. Mais c’est la réalité de la vie.
Je me sens ridicule. J’ai l’air d’en rire, de pouvoir sourire comme un con, comme d’habitude, mais je peux pas. Je peux pas parce que c’est pas humain de rester indifférent à ça, et que je suis incapable de l’être à quoi que ce soit. L’humiliation profonde de s’être fait avoir, que tout le monde, en plus, soit au courant ; je n’aime pas repenser à la colère d’Hideko, au regard fuyant de Tomoe, et j’ose à peine imaginer ce que je dirai à Gaetano lorsque je le verrai.
Piètre Master.
Me calant un peu plus dans mes coussins, toujours à demi assis, je soupire et ferme les yeux. J’ai pas envie d’y penser. Il va vouloir me tuer quand il saura – et j’aurai à peine envie de l’en empêcher, pour le coup. Parce que c’était une belle idée de merde, il faut bien le dire.
Lentement, je tombe dans un semblant de sommeil, assommé par mes médicaments, la tête dodelinant doucement vers l’avant, mes lunettes risquant de tomber sur le livre toujours ouvert sur mes cuisses.
J’aime pas les hôpitaux…



Aaron vit en #E5882A.
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##   Dim 10 Aoû 2014 - 12:23
Gaetano Bianchi

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Humeur : Calme

J'appuyai encore une fois sur la gâchette de mon Beretta. Puis encore une fois. Encore, encore et encore. J'imaginais différentes personnes en face de moi. Un scientifique. Un garde. Un autre scientifique. Aaron.
J'appuyai encore une fois.
La colère ainsi que la frustration que j'avais accumulée depuis un certain temps avaient atteint un seuil critique et j'avais jugé judicieux d'aller me défouler sur un arbre plutôt que de laisser éclater ma colère en salle des Masters.
Je savais qu'Aaron était parti en mission une semaine avant que je ne rentre et cela m'avait plutôt vexé. Je pensais qu'il s'agissait d'une simple mission de repérage… Jusqu'à ce qu'Hideko nous apprenne deux semaines après son départ qu'il avait été enlevé par les scientifiques. Enfin… Le terme enlever n'était pas forcément le terme approprié étant donné qu'il s'était laissé faire. Peut-être avait-il eut la merveilleuse idée de s'introduire dans un laboratoire de cette manière mais son plan avait apparemment foiré. Et je pesais mes mots. A présent Aaron se trouvait à l'hôpital et les guérisseurs s'attachaient à lui sauver la vie. D'ailleurs lorsque Mitsuki était revenue avec lui, son énergie était tellement faible que je ne l'avais pas ressentie.
Je baissai mon arme. Je ne supportais plus de devoir attendre.
Je rangeais finalement mes affaires, remettais mon blouson et pris la direction de l'hôpital. Une fois arrivé à l'accueil, j'appris qu'il était enfin tiré d'affaires et me dirigeai donc vers sa chambre. Je frappais deux petits coups contre le battant de bois puis sans attendre de réponse j'entrai.
Toutes sortes de fils reliaient Aaron à des moniteurs et autres encéphalogrammes. Il semblait somnoler au-dessus d'un livre ouvert sur ses genoux.
J'hésitais sincèrement entre le réveiller ou le laisser dormir. J'étais vraiment en colère contre lui. Tout d'abord car il ne m'avait rien dit concernant sa mission, mais surtout il m'avait caché son plan idiot.
Aaron ouvrit alors les yeux et les posa sur moi, semblant légèrement dans le gaz. Malheureusement pour lui, j'étais particulièrement remonté. Le fait qu'il soit shooté aux tranquillisants ne m'empêcherait pas de lui passer un savon.
Je m'appuyai contre le mur à côté de lui, le fixant, le visage fermé.

- T'es vraiment con, j'espère que tu le sais, lâchais-je d'une voix froide.

En vérité si j'avais écouté ma colère et mes instincts primaires, je lui aurai très certainement donné un coup. Heureusement pour lui, ma raison me dictait de ne pas accomplir ce geste sur un homme shooté, à moitié blessé et qui venait de passer une semaine à se faire disséquer dans un laboratoire. De plus je ne doutais pas qu'Hideko me passerais un savon si je le faisais.
Une nouvelle pulsion de meurtre sembla pointer le bout de son nez mais je la réfrénais aussi vite. De toute manière, j'avais comme la sensation qu'Aaron était un peu trop stone pour réagir comme il le devrait à mes remontrances.


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##   Mar 12 Aoû 2014 - 15:52
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Il m’a semblé perdre conscience l’espace de quelques secondes. Ou minutes. Un temps durant lequel rien ne peut me déranger, un temps durant lequel mon esprit enfin au repos peut se reformer, lentement, mais avec soin. Sommeil réparateur, qui ne dure pourtant pas. La porte s’ouvre et le bruit me fait sursauter ; je lève la tête et les yeux vers le nouveau venu, perdu, mais sur mes gardes comme un animal blessé, attentif aux signes. Je ne veux plus qu’on m’enfonce d’aiguille dans la peau, je ne veux plus qu’on me touche. Je refuse. Ils n’auront jamais fini d’essayer de me faire du mal ?
La première chose que je perçois, je crois, est la colère. Un sentiment de fureur profonde et blessée, qui me fait me recroqueviller un peu plus sur moi-même, imperceptiblement. Je la ressens à peine derrière ce voile opaque qui me coupe de tous les sentiments humains présents dans l’hôpital, et même Terrae toute entière. Puis je croise son regard, que je soutiens sans trop savoir pourquoi, incapable de parler devant ses yeux accusateurs. J’ai une moue dépréciatrice lorsqu’il prend la parole, mais j’avoue que sur le coup, je suis pas certain qu’il ait réellement tort.

- Ouais, je sais, t’en fais pas, je grommelle en détournant finalement le regard, n’osant pas le garder planté dans le sien plus longtemps.

Plus d’un mois et demi qu’on ne s’est pas vu, et c’est le premier truc qu’on est capable de se dire ? Eh ben, c’est beau l’amitié hein, ahah. Bon, d’accord, j’ai pas grand-chose à dire sur ce coup-là. Je le mérite un peu. Même si tout n’est pas de ma faute, ça aurait pu ne pas se passer comme ça.
J’ai même pas la force de sourire comme un con. J’en ai pas la moindre envie et de toute manière je sais pas à quoi ça servirait dans la situation actuelle. Qu’il arrête de me fixer comme ça, bon sang, j’ai l’impression d’être un alien en observation scientifique… Déjà qu’avec tous mes bandages et autre, ça le fait moyen-bof.
Je soupire.

- Si tu es venu pour me faire la morale, c’est pas la peine, je soupire faiblement.

Et j’en ai assez qu’on me remette les conséquences de mon échec en pleine face constamment. C’est pas comme si Hideko avait assez remué le couteau dans la plaie comme ça…
Me mordillant la lèvre inférieure, je consens enfin à le regarder à nouveau.

- Ta mission s’est bien passée ? je réussis à articuler, en sachant pourtant pertinemment quelles sombres conneries il avait lui-même faites. D'ailleurs, content de te revoir ici… entier. Plus que moi, je veux dire.

Aaron… Ferme ta gueule. Tu vas encore réussir à te prendre un poing en pleine tête, même si tu ressembles plus à un mec qui s’est fait tabasser qu’autre chose. La pitié, tu sais bien que ça marche pas avec lui…



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##   Mar 12 Aoû 2014 - 19:11
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Je soupire.
Voir Aaron dans cet état n'est pas franchement agréable, surtout quand on sait quelles sont les causes de ses blessures. Je hais ces maudits scientifiques mais d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de le blâmer aussi pour avoir fait une chose aussi stupide.
Lorsqu'il détourne son regard je ne peux m'empêcher de ressentir un léger pincement au cœur. Je ne veux pas avoir pitié de lui, car je sais qu'il aurait horreur de ça, mais le voir comme ça n'est pas du tout agréable. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que si je n'étais pas parti aussi longtemps tout cela ne serait pas arriver. Enfin… Le connaissant, il aurait trouvé le moyen de filer dans mon dos sans que je ne m'en aperçoive.
Presque deux mois que nous ne nous étions pas vu et notre conversation se résumait à une remontrance ? Plutôt pathétique à vrai dire… Lorsque j'avais quitté New York j'avais espéré le revoir en forme. Nous serions allés nous bourrer gentiment la gueule au bar pour nous lancer des vacheries. Mais lorsque j'étais rentré Hideko m'avait appris qu'il était en mission. J'avais été un peu déçu mais n'avait rien dit car je comprenais. Apprendre qu'il se trouvait en vérité chez les scientifiques à se faire torturer de nouveau m'avait presque fait perdre le contrôle. J'avais d'ailleurs dû sortir de la salle des Masters pour éviter de gêner mes collègues avec ma colère.

- Laisse tomber, répondis-je d'un ton un peu las. Je voulais juste voir comment t'allais.

Je pouvais comprendre qu'il n'ait pas envie de se faire engueuler au réveil. Surtout qu'Hideko était très certainement passée avant moi. Pour une fois j'aurais voulu être simplement son meilleur ami et tenter de lui dire que tout ça n'était pas bien grave mais je n'y arrivais pas. Je n'étais pas assez calme pour ça.
Je haussai un sourcil lorsqu'il me demanda comment s'était passée ma mission. Je repensais à Primo, à la visite chez mes parents, ma rencontre avec Houston aussi. Mais aussi le message qu'il m'avait envoyé lorsque je me trouvais en Irlande. Seulement une blague stupide. Qui avait manquée de me faire tuer.

- En parlant de ça… Tu sais que ton petit sms a failli me faire tuer ?

Bon d'accord… C'est un peu vache de lui dire ça comme ça. Je sais que je vais le faire culpabiliser mais peu importe. Disons que c'est pour me venger.
Je ne savais pas si Aaron était au courant pour l'assassinat de Primo, même si ça ne m'aurait pas étonné le connaissant. Mais pour l'instant il n'en avait rien dit. Au final, nous avions peut-être fait autant de conneries l'un que l'autre bien que je trouvai que lui avait atteint des records…


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##   Mer 13 Aoû 2014 - 14:10
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Un ricanement m’échappe malgré moi. Amer, je dirais. J’aurais préféré qu’on ne se retrouve pas dans une telle situation – mais après tout, j’en étais responsable, non ? Je n’ai pas réellement envie d’y penser pour le moment, et même si sa présence me fait plaisir… J’ai aussi l’impression de me sentir assisté. Comme un enfant qui s’est cassé le bras et qu’on vient voir, pour la forme, parce que c’est ce qu’il faut faire. Pour lui tenir compagnie, un peu aussi. J’ai toujours détesté aller à l’hôpital pour cette raison. Les gens viennent te rendre visite, mais à quoi ça sert ? Se donner bonne conscience ou se rassurer, au mieux ? Moi, ça m’apporte rien de voir des gens faire une tête de dix pieds de longs devant mon pieu parce que je me suis encore pété X trucs. Vous n’imaginez pas à quel point j’ai toujours tout fait pour éviter de me retrouver alité. Ce qui est parfois difficile, quand, au lycée, je me retrouvais avec le corps couvert de bleus et de blessures environ une semaine sur deux. Et qu’au final, ça pouvait vraiment aller très très loin. On se rend pas compte de la cruauté des gens, parfois… Mais bon, je tenais le coup, quoi, c’est pas quelques courbatures qui me feraient du mal. Et là c’est pareil. Je vais bien. Je vais bien putain. J’ai passé huit jours chez ces tarés, mais je vais bien. Je suis crevé. Et j’ai besoin de dormir. Mais pas ici. Pas avec ces perfs. Pas dans un putain d’hôpital de merde dans lequel je suis en train de littéralement péter un câble.
Puis, croisant à nouveau son regard, je hausse les épaules suite à son intervention, lui désigne une chaise.

- T’as même le droit de t’asseoir si ça te plaît de jouer au garde-malade. C’est presque du cinq étoiles, t’as vu ? J’ai les infirmières qui font tout ce que je veux ! Y a juste la bouffe qui laisse à désirer… Faudra dire à Jerem’ de changer le menu de l’hosto... Bon, y a aussi le fait que je puisse pas sortir de la chambre, mais c’est un détail que je surmonterai très prochainement…

J’ai mis quelques secondes à comprendre de quoi il voulait parler. Mais je me souviens. Avant de partir, je lui ai envoyé un petit mot d’amour – keur keur love et tout ça, sisi – avec une connerie que j’ai trouvée sur le net.

- Oh, bah dommage, t’es encore vivant…

Un sourire désabusé. Ouais, bon, je voulais pas le mettre dans la merde. Mais il était pas obligé de regarder immédiatement son portable, sérieux… Il cherche à me faire culpabiliser cet abruti ? Si t’es en mission, ton portable, tu l’éteins ou le mets en mode vibreur, quoi… C’est logique !! Je vais pas apprendre ça à un ancien tueur à gage non plus ?!

- Tu ne pouvais donc pas te passer de moi pour regarder le message que je t’ai envoyé en pleine mission ? je ricane. Quel professionnalisme.

Encore une fois, ce ton amer. Je détourne les yeux. Je crois que je suis encore un peu trop secoué par ce qu’il s’est passé, même si c’est pas une raison pour lui parler comme ça. Je fais pas seulement référence à mon séjour là-bas… mais aussi ma perte totale de contrôle. Je ne sais pas si je devrais lui en parler.
Combien d’hommes j’ai tué ? Combien d’hommes…
Mes yeux se ferment, et je retiens un haut-le-cœur. Je ne dois pas y penser.
Je soupire et referme mon bouquin pour m’occuper, les yeux perdus dans le vague mais étirant un léger sourire, un peu trouble.

- Laisse tomber. Je plaisante. Même si je suis déçu que le petit message ne t’ait pas plu.

Un sourire en coin, encore. C’est ça, fous toi encore de sa gueule, il va y croire.



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##   Mer 20 Aoû 2014 - 20:23
Gaetano Bianchi

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J'aurais presque envie de le frapper. Son sarcasme qui d'habitude me fait sourire me tape sur les nerfs. Je sais qu'il fait ça pour éviter de déprimer et pour éviter de penser à ce qui s'est passé mais je dois avouer que là je suis à deux doigts de m'énerver. En revanche je ne lui ferais pas ce plaisir. Je n'ai pas envie de "gâcher nos retrouvailles", même si là nous ne sommes pas très bien partis…
Son air désabusé et sa remarque me laissent de marbre. Je sais qu'il n'a pas tort. J'aurais dû éteindre ce foutu portable. J'ai été négligent pour le coup, et au final le sms n'avait pas changé grand-chose puisque j'étais déjà repéré lorsque je l'avais reçu. Cela m'avait juste distrait et j'avais failli me prendre une balle.

- T'as raison, mon compagnon de beuverie me manquait trop, c'est bien pour ça que j'ai manqué de me prendre une balle ! lui répondis-je sur un ton sarcastique.

Je sais que je ne devrais pas lui dire ce genre de choses. Je vois bien au ton qu'il emploi qu'il ne va pas bien. Et son regard fuyant ne me dit absolument rien qui vaille. D'ordinaire il ne se détourne jamais. Mais je n'aime pas ça. Je n'aime pas ce que je vois dans ses yeux, cette petite lueur. Ou plutôt l'absence de lueur. Comme si quelque chose était cassé en lui.
Je connais ça trop bien. Ce regard, je le reconnaîtrais entre milles pour l'avoir croisé un nombre incalculable de fois dans les miroirs. J'ai l'impression de me voir moi.
Il referme son livre et tente un sourire qui me semble bien faux. Et il s'excuse. Là ça ne va vraiment pas.

- Aaron. Arrêtes ça. Je suis pas venu pour qu'on se lance des vacheries alors qu'on s'est pas vus depuis deux mois.

Je ne voulais pas rouvrir la plaie béante de ses souvenirs mais je ne supportais pas de ne pas savoir. Je préférais prendre le risque qu'il me remballe plutôt que de ne pas lui demander.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, Aaron ? Et ne me dis pas rien, je connais ce regard pour l'avoir vu sur mon reflet.

En vérité l'idée même qu'Aaron ait pu tuer me terrifiait. Parce que cela signifiait qu'il avait très probablement pété un câble. Et je ne l'avais jamais vu comme ça. Rien que cette pensée me faisait peur car je me doutais que lorsqu'Aaron craquait, il devait être aussi effrayant que moi.

- Si tu veux pas en parler ça me va mais c'est juste…

Je poussai un soupir. Prononcer ces paroles me semblait vraiment étrange venant de moi. Je n'étais pas la personne la plus empathique qui puisse exister.

- On est censé être potes et je sais ce que ça fait, c'est tout.


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##   Jeu 21 Aoû 2014 - 23:35
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Je me renfonce un peu plus dans mes coussins. Perturbé. Je sens à nouveau la colère me compresser la poitrine, et je ferme les yeux pour la faire refluer. Use de mes pouvoirs sur moi-même pour me forcer au calme. Essayer de reprendre mes esprits. Les souvenirs de cette après-midi sont encore trop vifs. J’ai encore cette rage qui menace d’éclater à tout instant. Mais là, devant lui, face à Gaetano, je refuse de me laisser aller à nouveau. Surtout que… je n’ai pas envie de le blesser. Je sais que je pourrais pas – et que je m’en voudrais trop, surtout. Encore plus, je veux dire. Je ne veux pas ressembler encore une fois à un monstre.
Finalement, je me décide à ne pas lui répondre. Je n’ai pas envie d’y penser. Ça me fait trop mal. Alors autant occulter la chose. Lui non plus ne veut pas qu’on en parle. Pourquoi il ne peut pas tout simplement me renvoyer des conneries à la gueule, et me foutre la paix ? J’ai pas envie qu’on en discute. J’ai pas envie de discuter de ça alors que ça vient juste de se passer, alors qu’on s’est pas vus pendant deux mois. J’ai pas envie de lui dire que je suis parti de mon plein gré, que j’avais prévu tout ça. Même si je n’avais pas prévu d’y rester si longtemps – ça a été ma perte, certainement.
Lentement, je lève les yeux vers lui. Qu’il me dise ça de cette manière, aussi ouvertement… C’est étrange. La situation n’est vraiment plus la même.
Il ne bouge pas, se contente de me fixer. Et de me sortir ces conneries qui me font grimacer. Ouais, venant de lui, ça fera toujours aussi bizarre… Mais j’imagine qu’il s’inquiète. Au moins un peu… C’est bizarre.

- Ecoute, je--…

Mes lèvres se pincent, je fuis à nouveau son regard.

- J’avais prévu de me faire attraper. On avait tout prévu avec Misao. La dose. Notre aller… et notre retour… L’entrée dans le laboratoire. Tout.

Mes yeux se plantent dans les siens.

- Je savais que vous me laisseriez pas partir alors je vous ai rien dit. Comme je savais que tu étais encore en mission, j’ai précipité le départ. Tu m’aurais pas laissé y aller, hein ?

J’ai un rire sans joie. J’aurais préféré ne pas y aller, finalement…

- Je…

Mes lèvres se pincent à nouveau. La gorge serrée.

- J’ai passé huit jours là-bas… Après quoi j’ai-- Je sais pas. Je crois que j’ai appelé Tomoe en reprenant conscience. C’est pour ça que Mitsuki est venue me chercher… D’après ce que j’ai compris.

Un long silence s’installe. Je me sens con de lui sortir ça de cette manière. Détaché. Mais c’est pour éviter à ma voix de trembler, à mon regard de fuir à nouveau. Pourtant, c’est ce que je fais, une fois de plus. Mon regard se pose sur la fenêtre, et je serre le drap entre mes doigts.

- Je crois que j’ai pété les plombs, je souffle.

Mon visage se baisse. Je me retiens de toutes mes forces de prendre mes genoux entre mes bras et me recroqueviller sur moi-même. Prendre ma tête entre mes mains et évacuer. Mais tout est vide… Quand je repense à l’année dernière, à ma rencontre avec mon père, et à ma décision de ne plus m’abaisser au meurtre…

- Je sais pas ce que j’ai foutu, je murmure à nouveau, me passant la main sur le visage en lâchant un rire sans joie. Traite-moi de connard. Ça me ferait plaisir.

Je ne sais pas non plus à qui dire que je suis désolé.



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Je déteste me sentir à ce point impuissant. Le voir ainsi, à se détester pour quelque chose qu'il ne voulait pas. Et au final je ne peux rien faire. Comme lorsque Tomoe a surgit dans la salle des Masters pour nous dire qu'Aaron avait des problèmes. Je voulais dire à Mitsuki que je souhaitais l'accompagner mais au final je n'ai rien pu faire et je ne me suis jamais senti aussi impuissant.
A quoi est-ce que ça sert que je sois Master si je ne peux pas protéger ceux qui me sont chers ? Encore cet horrible sentiment de ne servir à rien, comme lorsqu'Adriano est mort dans mes bras.
Je vois bien qu'il ne souhaite pas en parler mais au final il finit quand même par le faire. Et je l'écoute qui essaye de se justifier en parlant de son plan, me dire qu'il a précipité le départ.
Je me renfrogne. Vraiment ? Pourquoi est-ce que je ne suis même pas étonné ? Il a raison, je ne l'aurais jamais laissé faire si j'avais su à quel point c'était dangereux. J'aurais préféré l'envoyer moi-même à l'hosto plutôt que de le savoir à nouveau entre les mains de ces tortionnaires. J'avais vu le code barre tatoué dans son dos, il m'avait parlé de son enlèvement, de tout ça. Alors je ne comprenais pas. Non je ne comprenais pas qu'il ait voulu se jeter dans la gueule du loup. Etait-il donc si irresponsable ? Ou bien considérait-il que Terrae passait avant sa propre santé ? Probablement, cela lui ressemblait bien… C'est bien pour cette raison que je lui en voulais. Avait-il pensé ne serait-ce qu'un instant aux conséquences de ses actes ? A ce nous pourrions ressentir si jamais il mourrait ? Non, ça jamais.
Je sers les dents lorsqu'il me dit qu'il a pété les plombs. C'est exactement ce que je ne voulais pas entendre. Rien que le fait qu'il le dise me laisse imaginer le massacre. Je ne l'ai jamais vu hors de contrôle et je ne veux pas voir ça.
En vérité j'ai mal pour Aaron. Je peux très bien sentir le vide qui émane de lui, n'importe quel Master pourrait le ressentir.
Tuer est loin d'être un acte anodin. Cela nous prend une part de nous-même et c'est bien pour cette raison que je me suis rangé. Je ne voulais pas qu'il vive ça mais c'est trop tard. Je ne peux que… essayer de l'aider.
Je lui lance un regard glacial lorsqu'il me dit de la traiter de connard.

- T'es vraiment un connard, je lâche.

Je marque une pause, le temps que ces mots pénètrent dans son esprit.

- C'est bon t'es content maintenant que je l'ai dit ? Tu te sens mieux ?

Je m'approche enfin de lui et m'assois sur la chaise à se droite.

- Regardes-moi Aaron, fis-je d'une vois une peux plus douce. T'es pas un connard. Ça arrive à tout le monde de foirer. Tu crois vraiment que je suis irréprochable ? Je pense pas non.

Je pousse un soupir et me passe une main dans les cheveux. Pourquoi tout est si compliqué ?

- Je vais pas te mentir Aaron. Ça te hantera jusqu'à la fin de tes jours, t'en fera des cauchemars. Mais tu arriveras à vivre avec. Parce c'est ça être un Master. C'est ce qu'on nous a appris en arrivant ici.

J'ai un petit rire sans joie. Et dire qu'il m'a fallu tant de temps pour comprendre. Le fait que je sois en train de faire la leçon à Aaron est encore plus étrange. A croire que c'est le monde à l'envers…


Je sais ce que tu vas me dire, et je n'ai aucune envie de l'entendre. [Gaepuce ♥] 1477317971-white-cat-black-cat-by-pascalcampion-d8ewm5b


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##   Dim 24 Aoû 2014 - 17:28
Aaron Williams

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Mon visage reste baissé vers les draps, et je me perds dans la contemplation du linge blanc. Blanc, blanc pur, tout ce qui est opposé à ce que j’ai fait cette après-midi. Une hécatombe. Quand je repense à ces morts, quand je repense à ce que j’ai fait, je ne peux pas m’empêcher de sentir toute couleur quitter mes joues. Si elles ne s’étaient pas déjà barrées avant, comme il est certainement plus probable. Peu importe. J’aimerais ne plus penser à tout ça, à ces visages, à ce sang, à cette odeur de brûlé qui ne veut pas me quitter. J’ai l’impression que, où que j’aille, je ne sentirai plus que la chair carbonisée par mes propres pouvoirs. La mienne, tout comme celle des autres.
Mes mains enserrent les draps. Pourquoi est-ce qu’il se sent si impuissant, si dépassé par les événements ? C’est encore de ma faute ? De ma faute, si cette mission a foiré, que tout le monde s’est retrouvé dans cet état ? L’inquiétude… Un fléau. Mais après tout, j’ai essayé de ne pas m’attacher à eux, pour qu’ils ne ressentent jamais ça – c’est si compliqué que ça, de se passer des autres ? Sûrement que oui. Avoue-le, Aaron. Tu fuis ce qui te rend fort, au point de t’affaiblir. J’ai beau persister à penser que ce sont les autres qui me tirent vers le bas… c’est bien eux qui me permettent de remonter la pente. Je m’en rends compte à nouveau aujourd’hui. Même si la situation n’est pas idéale.
Un sourire faible s’étire sur mes lèvres. Je suis fatigué.

- Nan, je souffle. Nan, je me sens pas mieux.

Ma tête se détourne lorsqu’il vient s’installer à ma droite. Je fixe à nouveau la fenêtre, incapable de supporter son regard. Ses mots me font frissonner, me tireraient presque un rire amusé dans d’autres circonstances. Depuis quand Gaetano est-il si adulte, hein ? Depuis quand il est capable de dire des trucs pareils ? Finalement, je crois que j’ai loupé beaucoup de choses, en deux mois…

- Irréprochable, t’es bien loin de l’être… Mais t’es sûrement plus mature que moi de ce côté-là. Je resterai toujours un peu un gosse, j’imagine.

Un temps passe.

- Mais, tu sais, c’est pas la première fois que je tue quelqu’un.

Je ferme les yeux. C’est pas ce que j’appelle un « foirage »… C’est… pire que ça ?

- Je me suis juré que je laisserai plus une chose pareille arriver. Parce que même la vengeance n’apaise pas le cœur. Je pensais l’avoir appris, l’année dernière. Avec un train de retard.

Puis, tournant enfin la tête vers lui, je plante mes yeux dans les siens une nouvelle fois.

- Je dois assumer mes actes. Même si, là, c’est difficile de le faire. Surtout quand on voit l’état dans lequel ils--

Silence. Mes dents se serrent, mais je tente un sourire crispé.

- Il me faut du temps, j’imagine. Comme pour tout... Il va falloir que je tienne tête à l’avalanche de reproches qui va me pleuvoir sur la gueule de tous les côtés. C’est juste que…

Ma tête retombe sur l’oreiller, et je fixe à nouveau le plafond. Je déteste rester sans bouger de cette manière…

- Gaetano, quand tu appuies sur la gachette, est-ce que tu ressens leur peur ? Leur terreur face à la mort ? Et est-ce que tu ressens leur douleur ? Cette sensation qui te fait te déchirer de l’intérieur… J’ai eu l’impression de mourir de mes propres mains… Une bonne quinzaine, vingtaine de fois ?

Un tremblement. Je me prends à demi la tête entre les mains. Un rire nerveux secoue mes épaules.

- Je savais même pas si je rentrerais à Terrae. C’est con, hein ? Je savais même pas si je pourrais--

Je m’interromps, tente de reprendre un peu de contenance. De m’obliger au calme. Je remarque seulement que mes mains enserrent mes cheveux avec force. Je relâche. Inspire profondément. Lève un regard troublé vers le Master.

- Laisse tomber. Ça ira.

Je ferai en sorte que ça aille. Comme toujours.



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##   Ven 29 Aoû 2014 - 21:05
Gaetano Bianchi

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L'entêtement d'Aaron m'agace profondément. S'il n'avait pas été alité je l'aurais frappé. Mais je sais que pour l'instant je ne peux pas faire grand-chose à part faire acte de présence et attendre. Attendre que le maelström des souvenirs s'apaise, que les images deviennent plus floues. Malheureusement nos fantômes continuent de nous hanter. Je continue de voir leurs visages, son visage à Elle. Parfois ce sont des éclats de voix, des suppliques ou des cris. Il m'arrive très souvent de me réveiller en sursaut couvert de sueur. C'est pire depuis la mort d'Adriano.
Je hausse un sourcil lorsqu'il me dit qu'il a déjà tué mais ne dis rien. Il ne l'a jamais mentionné clairement mais je m'en doutais.

- Je ne suis pas sûr que le terme mature soit le plus approprié…

J'ai une autre petite grimace en l'entendant parler de vengeance et détourne le regard. Est-il au courant ? Peut-être bien… Après tout, ce serait bien le genre d'Aaron de suivre quelqu'un à la trace.

- Je suppose que…

Je secoue la tête.

- J'aurais bien aimé apprendre cette leçon un peu plus tôt, lui répondis-je avec une grimace.

Je pousse un soupir. J'avais raison. Il revoit les images du massacre qu'il a perpétré.

- Ne t'inflige pas ça Aaron. Tu n'étais pas toi-même. Et ton plan était peut-être stupide et dangereux mais ce n'est pas ta faute si les choses ont dégénéré.

Sa question me donne des frissons. Je déteste parler de ça. Cette sensation qui me traverse lorsque je tue. Lorsque je vois la lueur qui s'éteint au fond de leurs yeux, leur souffle qui se tarit. Mais je suppose que pour Aaron c'est pire. Il n'a pas le recul et l'expérience nécessaire pour ça. De plus c'est un sensitif et je ne peux qu'imaginer l'horreur que ce doit être. C'est comme s'il s'était tué lui-même.

- Chaque fois que j'appuyai sur la gâchette je sentais l'adrénaline qui me parcourait et cette ivresse…

Je marque une pause, peu sûr de ce que je devrais dire.

- Je ne suis pas sensitif alors je ne sais pas ce que ça fait. Et c'est bien pour ça que je préférais les tuer de dos ou alors avec un sniper. Je ne pouvais pas voir la terreur sur leur visage et dans leurs yeux.

Je me passe une main dans les cheveux mal à l'aise. Je n'aime pas parler de ça.

- C'est probablement pour ça que je suis un meilleur tueur que toi, je lâche avec un rire grinçant.

Ma phrase est peut-être déplacée mais c'est bien pour cela qu'on l'appelle de l'humour noir. Je pousse un soupir puis hoche la tête.

- Ça n'ira pas. Mais avec le temps ça s'apaisera. En tout cas je l'espère.

Je sors alors un paquet de cigarettes et m'allume une clope. Il est interdit de fumer dans un hôpital mais peu m'importe, j'en ai besoin. Je souris à Aaron et lui tend le paquet.

- Une cigarette ?

Bon ok, si jamais une infirmière débarque je suis bon pour la porte.


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##   Mer 3 Sep 2014 - 18:25
Aaron Williams

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Ça ira. Cette phrase se répète en moi comme un écho, une voix lointaine percutant les parois étroites de mon esprit fatigué. Le silence qui s’étire parfois dans la chambre m’est insupportable. Mais, entre nous, nos rares discussions avec Gaetano – discussions sérieuses, j’entends par-là – ont toujours été plus ou moins semblables à celles-ci : quelques mots échangés, ponctués d’immenses silences interminables. Je le regarde s’allumer une clope sans rien dire, acquiesce finalement et en attrape une que j’allume d’une légère étincelle. Le papier s’embrase. Et je frissonne. Un sourire pâle, fatigué, tout simplement mort. Je la prends entre mes deux doigts et détourne la tête. Tente inconsciemment de la tenir le plus loin possible de moi – en envisageant un instant de la balancer par la fenêtre. Tu parles d’un truc pour se détendre…
Ils ont tous fini comme le bout de cette clope.
Je crois que je vais arrêter un moment. Et la cuisine. Je vais devenir végétarien aussi, tiens…

- Heureusement que t’es meilleur tueur que moi, je lâche finalement. Je suis pas un type d’action. Juste… un pauvre geek asocial qui a trop de convictions, un sens de la Justice démesuré et pas assez d’estime de soi pour espérer s’en tirer vivant d’une mission pareille.

Mes épaules se haussent. Il va mal le prendre mais je m’en fous. Je prends tout de même ma clope et tire une bouffée. Observe la fumée. Vive les engagements qui durent deux minutes hein…

- Dis, Gaetano, je souffle en fixant le mur en face de moi. Tu comptais le tuer depuis le début, hein ?

Lentement, je m’appuie à nouveau contre mes coussins, tente de me mettre à l’aise. Ou plus à l’aise que je ne le suis, en tout cas.
Puis, je reporte mon attention sur lui, scrutant ses expressions, cherchant à y lire quelque chose. Quelque chose d’autre que les remords, la tristesse ou la colère.

- Je sais, j’aurais pas dû suivre ta trace, je grommelle avant qu’il ne m’interroge à ce sujet, pressentant la question. Mais avoue que j’ai bien fait.

Quelque part, je me demande ce qui aurait pu le pousser à tant haïr ce type, au point de le vouloir mort – et tout le monde sait qu’un mafieux obtient assez souvent les têtes qu’il souhaite voir traîner dans un caniveau. Séparées de leur corps, les têtes, sinon c’est pas aussi fun. Mais en même temps, même si ça me permettait d’oublier mon état actuel, je sais que je n’ai pas le droit de le lui demander. Lui non plus ne sait pas les raisons qui m’ont poussé à venir à Terrae. Alors honnêtement, ouais… c’est un peu compliqué d’aborder le sujet. C’est pour ça que j’évite.
Même si j’aimerais éventuellement avoir cette discussion avec lui un jour. Pas que pour me libérer, mais… pour lui prouver que malgré ce que je laisse parfois croire, oui, j’ai une confiance absolue en lui. Et j’aimerais qu’il le sache. Pour réparer mes erreurs – lui présenter mes excuses, aussi, j’imagine. J’ai été con, et je mérite qu’on me fasse des reproches. Mais cette fois, j’aimerais essayer d’éviter de jouer au coin. À l’avenir. C’est un bon compromis je crois…
Je ne sais pas ce qui l’énerve le plus. Que j’y sois allé en dépit des risques, que j’aie complètement et bêtement perdu le contrôle ou que je ne l’aie absolument pas tenu informé de mes intentions. Enfin. Ça peut être vu comme une petite vengeance personnelle. Mais sachant qu’elle ne nous a causé que du tort…
Un nouveau soupir. Je me sens un peu rassuré de lui avoir parlé. Enfin, un peu.

- T’es pas obligé de m’en parler. Mais je voulais même savoir si… enfin, si ça allait. T’as fait un bout de chemin.

Même s’il n’a pas l’air aussi traumatisé que moi, j’imagine qu’il gardera ça dans son cœur encore un moment. Je repense un instant à Naples, à son frère. Puis, comme à chaque fois, je repense à ma sœur. Et à nouveau, j’ai un coup au cœur.
Ce n’est pas que l’anniversaire de Cassidy que j’ai loupé. C’est lamentable, hein… Tant pis. Je passerai m’excuser auprès d’elles avec un bouquet. Diana a toujours aimé les narcisses.



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Dernière édition par Aaron Williams le Lun 6 Juin 2016 - 12:12, édité 2 fois
##   Sam 6 Sep 2014 - 17:35
Gaetano Bianchi

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Le silence. Encore cet étrange et lourd silence qui s'est installé entre nous. Il est souvent présent lorsque nous discutons sérieusement. Il entrecoupe nos phrases, les ponctues et est parfois bien plus parlant que des mots.
Je reprends une bouffée de cigarette, essayant de me calmer un peu grâce à ce geste machinal. J'expire lentement et la fumée vient former un petit nuage au-dessus de nos têtes avant de se dissiper. Je plonge mon regard dans celui d'Aaron lorsqu'il reprend la parole.
Il m'agace. Encore.
N'est-il jamais lassé de se dénigrer constamment ? Je serais fatigué à sa place. J'admets qu'il est parfois un peu stupide -enfin pas plus que moi- mais il a des qualités. Il refuse simplement de les voir.
Je porte ma cigarette à ma bouche, stoppe mon geste à l'entente de ses propos. Puis je tire finalement sur ma clope.
Il le savait. Alors il m'a bien suivi en fin de compte. Je ne suis pas étonné. C'est juste que sa question en cache une autre. "Depuis le début".

- Je ne m'en suis jamais caché, je lui réponds.

En vérité sa question serait plutôt : "Est-ce à cause de lui que tu es arrivé à Terrae ?" ou "Est-il la cause de ton vide ?"
Oui. Il est la cause de tout. Il est mon commencement. Le prélude de ma vie.
Je ne suis pas sûr de vouloir répondre à une telle question. C'est tellement personnel, tellement douloureux. Lui non plus ne m'a jamais parlé de son vide même si je suppose que cela a un lien avec sa sœur et sa famille.
Je sais maintenant que je peux lui faire confiance et peut-être aborder le sujet mais c'est… délicat.
J'éclate d'un rire amer lorsqu'il me demande si ça va. Cette question m'a toujours parue un peu stupide.

- "Aller bien" est un concept que je ne connais pas Aaron.

Je me calme un peu. Je me lève, ouvre la fenêtre et jette ma cigarette. Je reste accoudé là, à contempler Terrae sans vraiment la voir.

- Je savais que ça ne les ramènerais pas. Elle et mon frère.

Je marque une pause puis tourne la tête vers Aaron, plantant mon regard dans le sien.

- Je l'aimais tu sais. Primo.

J'ai un peu sourire ironique. Quel idiot j'avais pu être…

- Mais finalement je supportais pas l'idée qu'il puisse respirer encore alors qu'il m'avait tout pris.

Je ferme les yeux un instant.
Maintenant il n'y a plus que l'amertume, les remords et les souvenirs. Et rien d'autre hormis les cauchemars.


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##   Mar 9 Sep 2014 - 19:44
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Mes yeux fuient parfois son regard. Je n’ai jamais été aussi proche de mon « moi d’avant » – railleur, mais certainement plus las et plus seul que jamais. Seul dans mon cœur et mon âme – la solitude causée par le chagrin, par la déception, par la honte et par la colère. Tout ça ne fait qu’un très mauvais mélange, en fin de compte. J’essaie de passer outre. D’enchaîner sur autre chose – de pas plus joyeux selon moi. Mais Gaetano n’a certainement pas besoin de me voir m’apitoyer sur mon sort. Honnêtement, je ne sais pas ce qu’il a vécu – et parfois je me demande comment il fait pour me supporter quand je suis dans cet état. Je ne connais que sa réputation de tueur à gages, son histoire avec son frère. Mais le reste ? Est-ce que j’ai le droit de l’interroger à ce sujet ? Je ne lui avais pas non plus dit que je partais, l’an dernier. Lorsqu’il m’a posé la question, j’ai esquivé, de mon mieux. « Une mission, c’est tout. » Une mission d’un mois. Mais pas pour Terrae – bien sûr que non… Une mission ayant pour but le contrôle de mes propres sentiments, je crois bien. L’acceptation de ce passé révolu, certainement aussi. Même si j’ai plus que la nette impression d’être revenu au point de départ, en quelques mois. Tout ça me rappelle mon adolescence… ou, plutôt, sa fin. Pas très enviable, j’avoue. Mais je suppose qu’il doit y avoir pire. Pas besoin de voir la moitié de sa famille être décimée pour être anéanti.
Un soupir m’échappe. Il n’a pas envie d’en parler.

- Je vois.

Pendant un temps, je suis tenté de ne pas insister. Je le regarde se déplacer jusqu’à la fenêtre, silencieux, et cale la cigarette allumée au coin de mes lèvres. Le temps s’étire un peu. Avant qu’il ne reprenne la parole. « Elle ». Je me mords la langue. Qui est « elle » ? Quelqu’un qu’il aimait, probablement. C’est une intuition. Parce que je sens. Je reste persuadé que s’il s’était retourné, j’aurais pu apercevoir dans ses yeux la même tristesse que celle que j’ai déjà pu ressentir par le passé. Mais il reste dos à moi, à rire amèrement, comme si ce que je lui avais dit était la chose la plus stupide au monde. Elle l’était probablement. Même si ça m’énerve de le penser. J’ai appris depuis un moment que continuer à dire que ça ne va pas nous laisse nous complaire dans notre détresse. Et ce n’est pas ce dont j’ai besoin. Ce n’est pas ce dont il a besoin non plus. Néanmoins, quelque part, j’ai envie de le pousser à se confier – il n’a pas l’air de s’être refermé sur lui-même cette fois. Une ouverture. Comme si une confidence pouvait en amener une autre. Mon aveu contre le sien. « J’ai tué. » Lui aussi l’a fait. Cette fois, qu’est-ce que c’est ? Son aveu. Il a aimé… Est-ce qu’il attend le mien ? À propos de Damian, de Ben ?
Pourquoi les situations sont-elles si semblables ? J’en ai presque le vertige.

- Ouais. Je comprends. Mais parfois, j’imagine que ça fait du bien. Au moins de savoir qu’il ne fera plus de mal.

Un soupir. Tout ça me rappelle trop Boston.

- Ecoute Gaetano. Je peux pas vraiment t’aider. J’ai rien d’un gars réconfortant. Mais si une fois tu veux te lâcher…

J’ai un sourire faible. Un peu cynique.

- Je t’oblige à rien. Surtout après… ça.

Il n’est pas obligé de m’accorder sa confiance après tout. Mais bon. C’est mon meilleur pote. Et si lui est là, il a pourtant l’air d’oublier que je le suis aussi. Pour lui.

- Le seul truc que je peux te dire c’est… qu’un jour, je crois qu’il faudra qu’on arrête de s’en vouloir.

Entre nous. Mais aussi de nous en vouloir nous-mêmes.
Un sourire léger s’affiche sur mes lèvres.

- C’est toi qui l’a dit tout à l’heure. C’est ça être Master, nan ?

Je repousse mes draps et arrache mes perfs d’un mouvement pour me lever. Tanguant un peu dans mon abominable robe de chambre – ouais, ben, rien à foutre hein. Je m’accoude à côté de lui et jette aussi ma clope par la fenêtre, l’expression plus légère mais le cœur toujours aussi lourd. Je sens que je vais me faire tuer quand Norah captera que je sens la clope.
Je ferme les yeux. Le vent sur mon visage…

- … depuis combien de temps ? je souffle pour moi-même, un peu apaisé.

Je crois qu’au fond de moi, j’avais toujours cette terreur. Celle de ne plus jamais voir le jour se lever.



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##   Mar 9 Sep 2014 - 22:23
Gaetano Bianchi

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A quoi pense Aaron en ce moment ? Se pose-t-il des questions sur moi ? Pense-t-il à ce qu'il s'est passé chez les scientifiques ? Ou broie-t-il du noir ? Peut-être un peu de tout cela allez savoir.
C'est assez étrange de penser que nous sommes meilleurs amis sans pour autant connaître le passé de l'autre. Parce qu'au fond, je ne sais rien de lui en ce qui concerne l'avant-Terrae. Il vivait à Boston, a une sœur et c'est tout. Enfin je suppose que ça marche aussi dans l'autre sens… Il connait ma réputation, sait que je travaillais pour Primo mais ça ne va pas plus loin. Peut-être qu'un jour nous arriverons à nous parler franchement et cela voudra dire que nous avons arrêtés de nous en vouloir.
Pour le moment je ne suis pas sûr d'arriver à lui pardonner sa petite escapade chez les scientifiques.
Je souris. Il essaye de faire acte de présence en tentant de me réconforter mais je crois que je le sais déjà. Que je peux m'appuyer sur lui. Et cela marche dans les deux sens.

- T'en fais pas Aaron je le sais. Mais t'inquiètes pas pour moi, je vais bien. Enfin, dans la mesure du possible.

Je hausse un sourcil. Arrêter de s'en vouloir ? J'ai un petit rire.

- Ouais ben, le jour où on arrêtera de faire des conneries dans le dos de l'autre, peut-être qu'on y arrivera…

Autrement dit, ce n'est pas pour tout de suite…
Je plisse les yeux lorsque je le vois arracher ses perfs et se lever mais ne dit rien. En voyant sa magnifique tenue d'hôpital j'ai un ricanement. Un jour il faudra dire au personnel hospitalier de changer de styliste parce que ça craint vraiment…

- Je trouve que cette robe te va à ravir, Aaron ! je lâche avec un sourire.

Son petit murmure me replonge dans mes pensées. Je n'ose à peine imaginer ce qu'il a enduré. Drogué à longueur de journée, cloué sur une table d'opération, torturé pendant huit longs jours. J'en frissonne de dégoût. Je ne comprendrais jamais comment on peut infliger ça à un être humain…


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##   Mar 9 Sep 2014 - 23:24
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[HRP : La robe, la robe... MATEUR VA]


Discuter avec Gaetano a toujours un petit quelque chose de réconfortant. Je ne sais pas si c’est son cynisme ou la manière qu’il a de voir les choses qui me tire ce sourire, mais quoi qu’il en soit, il est certain que sa répartie n’y est pas étrangère. En effet… C’est sûr que le jour où on arrivera à parler sincèrement des conneries qu’on compte faire, ça ira sûrement un peu mieux. Juste un peu. Je crois que la confiance passe aussi par là. Mais bon, c’est vrai que c’est plus sympa d’avoir un compagnon d’aventure pour toutes les débilités qu’on risque encore de faire, hein ! Une idée me vient, et je me décidé à la garder dans un coin de mon esprit pour plus tard. Ça me sera sûrement utile, tiens, je lui demanderai tout à l’heure. Avant qu’il ne parte.
Je me lève et étire mes muscles, me traîne jusqu’à la fenêtre ouverte. Je crois que mon corps a rarement été aussi brûlé… Heureusement que les guérisseurs font des miracles. Mais il n’empêche que je vais en garder des traces, aussi infimes soient-elles. Je relève à peine sa remarque sur ma tenue et baisse les yeux pour l’observer. Ah, en plus, la robe est fendue sur l’arrière. C’est cool, c’est pas du tout super tendancieux ! Et vu ce qu’il s’est déjà passé avec Gaetano, ça me perturbe. Même s’il s’est au final pas passé grand-chose – dieu merci, j’aurai jamais réussi à le regarder en face après ça. (Et puis, je vous ai déjà dit que j’ai pas ce genre de fantasmes avec les infirmières sexy, et tout ça. Merci bien, mais tout de même, j’ai un peu de tenue… Parfois.)

- Ouais, ouais, c’est ça, profites-en pour mater. Pervers va, je sais que t’aimes ça.

Un rire léger m’échappe, et j’en profite pour me gratter légèrement à travers le bandage de mon bras droit. Je sais très bien à quoi il pense – et moi aussi, en sentant l’air passer dans mon dos, là où la chemise est fendue, je ne peux que penser à ce maudit tatouage. Et à toutes ces nouvelles cicatrices qui s’ajouteront à la liste un peu trop longues des tucs qui ont un jour marqué mon corps. Et après, on se demande pourquoi j’aime pas la violence, hein…

- Le jour où tu seras dans le même état que moi, rappelle-moi de me foutre allègrement de ta gueule… et de tes fesses, j’ajoute en soupirant, imaginant la merveilleuse vue que l’on doit avoir de mon magnifique postérieur.

Mais bon, pour que notre cher petit tueur se retrouve dans un lit d’hôpital, faudrait déjà qu’il se fasse mettre sur la gueule… ce qui n’est évidemment pas admis dans la conception bianchienne du monde. Et honnêtement, je ne suis pas prêt de me porter volontaire pour le combat, là.

- Et puis, avoue, t’es jalouse parce que les robes me vont mieux qu’à toi~

O.K…. J’ai envie de dire : Aaron, ta gueule. (Mais le pire, c’est que je suis certain que c’est vrai… C’est dur d’être une princesse dans un monde de brutes.)



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