Sortant du bain, ou plutôt quand Marina-San m'aida à sortir de la baignoire, elle m'enroula dans un peignoir. Sentant la chaleur revenir d'un coup, je le resserrai contre ma peau d'un air content. Parce que là, vraiment il gelait. D'ailleurs chose qu'elle confirma aussi après m'avoir lancé une pique qui me fit grimacer.

-C’est plus « Maman » que « Onee-Sama » que tu devrais dire en fait, et en fait, pourquoi tu mets encore le « Sama » ? Je t’avais pas dis d’arrêter de me vouvoyer ?

-On retourne dans la chambre ? Il fait vachement froid ici comparé à, à côté.

Me prenant dans ses bars elle me ramena dans la pièce d'à coté, me déposant sur le lit elle vint se coucher juste à coté.

-Je sais pas pourquoi, mais je suis encore fatiguée moi !

La regardant entourée de son essuie, je fis une moue songeuse. Effectivement les événements d'il y a peu étaient digne d'être dits fatigants.

-On va manger quelque part où tu veux rester ici encore aujourd’hui ? C’est toi qui décides alors dis moi ce que tu veux !

Affichant une tête surprise par sa bonne humeur venue de nul part, je réfléchissais à pleine vitesse. Il était rare que je puisse décider quoi que ce soit, normalement on me disait de faire quelque chose, alors je le faisais sans plus. Me grattant la tête tout en affichant un sourire, je la fixais de mes yeux bordeaux.

-Ne t'en fait pas Nee-chan ! Dès que j'aurai ma chaise, je saurai me débrouiller.

Oui, car je ne voulais pas être un poids pour elle, surtout pas, déjà qu'elle devait me supporter ainsi. Laissant mon dos rencontrer le matelas d'un mouvement lent, je restais à coté de Onee-Sama tout en fixant le plafond.

-Il est tard ne ? Autant rester ici, et de toute façon pas moyen qu'on aille quelque part pour le moment...

Bah oui, je n'allais pas me faire porter dans les couloirs à chaque fois qu'on changerait de lieu. Ce serait assez gênant vis-à-vis de ce que Marina-San faisait déjà pour moi. À croire que je lui étais reconnaissante pour tout cela, mais d'une puissance.

-On ira visiter demain alors, Onee-chan ?

Mais d'un autre coté, j'avais trop faim, après tout des chips pour toute la journée ce n'était pas la joie. Mais pour aujourd'hui, je me contenterai de ça, vu que je n'avais pas vraiment envie de sortir, après ce qui venait de se passer y a peu. Il serait peut être préférable de ne plus revenir sur le sujet, même si ca me trottera dans la tête pendant un long moment.

La suivant du regard, après qu'elle se soit levée, j'attendis une réponse de sa part qui vint après peu.

-Ok pour demain ! Mais ca se voit que tu as faim, alors changes-toi, on sort dans dix minutes !

Déposant mes yeux sur la robe noire qu'elle venait de me passer, je devinais aisément qu'elle m'était destinée et que j'avais intérêt à la mettre rapidement. Ce que je fis de suite. Arrangeant un peu le tout vu que la robe était un peu trop grande pour moi, je levais les yeux en voyant Onee-Chan sortir de la salle de bain, bien prête.

-T’es pas mal comme ça ! Comment tu me trouves moi ?

La détaillant de haut en bas de mes yeux bordeaux, il était difficile de ne pas remarquer qu'elle aimait le classique, d'ailleurs habillée ainsi, lui donnait l'air d'un professeur, il lui manquait juste une règle pour faire régner l'ordre par la terreur. Non, je ne suis pas traumatisée par mes années scolaires.

-Je t’aurai bien proposer d’aller au village pour manger, mais je ne crois pas que tu arriveras à tenir sur ma moto … tu as déjà fait de la moto ?

Faisant un « oh » de la bouche, je la fixais d'un regard curieux. Non mais, déjà les habits contrastaient avec son caractère et là, encore, j'apprends qu'elle était une motarde. À croire que ce personnage n'arrêtera pas de me surprendre.

-Ca te va bien, tu donnes l'air d'être super stricte comme ça.

Même si c'est pas le cas, mais ça je garderai pour moi. Ajustant des plis invisibles sur la robe, je souriais avant de lui demander d'une voix calme.

-Elle est jolie cette robe, merci de me l'avoir prêté. Et non, je n'ai jamais eu l'occasion de rouler en moto...

Effectivement, les seules roues que je connaissais faisaient deux fois ma taille, et je m'amusais à les faire tourner manuellement. Après tout, personne n'allait me faire de promenade en moto ou autre. Surtout avec les risques à prendre.

-On va manger où ?

Cafétéria je suppose, mais il risque d'il y avoir beaucoup de gens non ? Quoi que à cette heure, se serait peut être assez vide, j'espérai tout du moins.

Avant qu'elle puisse me répondre, quelqu'un toqua à la porte, ne la laissant pas continuer sa phrase. Elle alla ouvrir la porte avec son habituel bonne humeur. Ne voyant pas trop avec qui elle parlait, je n'entendis pas trop ce qu'elle racontait. Restant assise sur ce lit, je tournais ma tête dans sa direction attendant qu'elle revienne pour me dire quoi. Tout en détaillant la pièce, je me demandais où Marina voulait qu'on aille, en plus il faisait tard et se déplacer dans la nuit n'était pas mon passe-temps préféré. Laissant échapper un soupir d'ennui, je la vis revenir dans la chambre avec... pour ma plus grande surprise une chaise. À première vue, je savais que ce n'était pas la mienne, celle-ci avait l'air plus neuve. Détournant tout de même mon regard de ce cadeau qui devait surement m'être destiné, je reportais mon attention sur Nee-Chan qui avait une enveloppe dans ses mains.

-J’ai reçu un mot de Miya, je te le lis. « J’ai eu le temps d’aller chercher une chaise neuve pour Nina, malencontreusement je n’ai toujours pas su parler avec Hideko-Chan. De ce fait, vous resterez ainsi pendant une semaine plus ou moins. Cependant, j’ai glissé dans le mot si joint les clés d’une de mes voitures, j’ai pris l’initiative de me charger de l’aménager de manière à ce qu’elle soit facile d’accès pour Nina. Trois lois à respecter : Ne pas dépasser 200km/h, Ne pas faire de bêtises dont tu es capable en compagnie de Nina, et surtout ! Ne griffe pas mon bijou sinon je te tranche en deux. Bisous à toutes les deux, prenez soin de vous ! ».

Répétant les mots qu'elle venait de prononcer, ses paroles arrivèrent à mon cerveau. Et c'est surement à ce moment là que je me suis dit que Miya-Sama était folle. Palissant tout à coup, j'ai eu une peur bleue pour Onee-Chan, elle risquait de détruire cette voiture. Pourquoi ? Parce que la joie qu'elle montrait à ce moment précis était démesurée. Lui souriant aussi contente qu'elle, je la laissai poursuivre avant de lui parler d'un point de la lettre, qui m'angoissait.

-On va manger dehors ! Un restaurant ! Qu’importe lequel, on doit fêter … Notre rencontre ! 

Laissant échapper un petit rire, je m'installais avec aisance dans ma nouvelle chaise. Bien prête pour partir, je pris le plaid qu'elle me tendit, et le mit sur mes genoux tout en enfilant le gilet qui allait à merveille avec la robe que je portais. Attrapant machinalement les roues, je pivotais la chaise avec aisance en direction de la porte pour sortir. Lançant un regard amusé à Nee-chan, je lui demandais tout de même :

-Ca veut dire qu'on va faire quoi pendant une semaine ?

Pui prenant un air plus inquiet, je lui demandais d'une petite voix :

-Nee-Chan, tu sais conduire ne ?

Oui je l'espérai bien autant pour ma vie que pour la sienne. Car si elle se mettait à rouler à des vitesses pas possible, je risquai d'avoir une crise cardiaque, et si en plus elle provoquait un accident, c'est Miya-Sama qui s'occuperait de son cas.

-Il faudra que je remercie Miya-sama aussi, pour ce cadeau.

Parlant plus à moi-même qu'autre chose, je calculais l'espace de la porte, question si je passerai facilement ou pas. Constatant que oui, j'avançais et passai le seuil sans attendre. Me retrouvant dans le couloir, je lui lançais amusée :

-On y va ?

-Bah ca veut dire que pendant une semaine tu devras supporter ma présence encore.

Souriant à ces dires, je trouvais cela plutôt comme une chance qu'un fardeau. Après tout, passer du temps avec la personne qu'on apprécie n'avait rien de mal, au contraire. Joyeuse, je l'écoutais d'une oreille attentive tout en arrêtant ma chaise roulante juste devant la porte en attendant que Marina-San la ferme à clés.

-Pour ce qui est du permis, j’ai mon permis Anglais et Italien ! Donc je sais aussi bien rouler à gauche qu’à droite … j’ai juste un problème avec l’accélérateur, mais Miya c’est pareil donc ça va.

Donc elle était un conducteur expérimenté, enfin je l'espérai. Parce que personnellement me retrouver au bord d'une route avec une voiture fondue en deux à cause d'un arbre, ce n'était pas trop joyeux comme pensée. Mais je n'allais pas me poser plus de questions que ca, si Onee-chan affirme savoir rouler, ca veut dire qu'elle le sait ; Et les amandes pour excès de vitesse, c'est un autre problème.

-Laisse moi t’aider, tu veux quoi comme resto alors ? Français ? Italien ? Anglais ? Chinois ? Japonais ? MacDo ?

Mettant mes mains à plat sur les accoudoirs, je la laissai pousser ma chaise jusqu'aux ascenseurs. D'ailleurs savoir qu'il y en avait ici était soulageant parce que devoir descendre les escaliers dans un tel état, c'était assez difficile, du vécu et pleins de bleus par la suite. Prenant un air songeur, je tournais ma tête vers l'arrière pour bien l'avoir dans mon champ de vision. Avant que l'ascenseur arrive, donc selon mon calcul dans environ deux minutes, je me mis à réfléchir quel endroit serait le mieux pour aller manger. Le MacDo me tentait, après tout c'était communs aux jeunes d'y aller dès qu'ils en avaient l'occasion. Mais est-ce que cela conviendrait à Nee-Chan, je ne savais pas. Après tout elle était adulte et avait l'air d'aimer la bonne cuisine. Ou peut être pas en fait, vu son air parfois enfantin, sans oublier que ses armoires étaient remplies de chips, je miserai peut être sur un endroit simple. Par contre, il y avait une chose qui était dérangeante dans ce genre d'endroit, ce que je lui exposais sans attendre.

-Nee-Chan, j'aimerai que tu choisisses alors, mais un endroit calme...

Où il y a peu de gens en somme. Parce que c'est pas que je ne supportais pas les regards des autres sur moi et que je devenais muette dans de telles situations, mais c'est tout comme. En fait, c'était ca le grand défaut de ma personnalité, j'aimais pas sortir à causes des gens, sans oublier les autres défauts, mais je vais pas m'attarder dessus pour le moment. Entendant le bruit significatif de l'arrivée de l'ascenseur, je vis les portes s'ouvrir. Me poussant à l'intérieur, elle appuya sur 0 , ce qui devait être le rez-de-chaussée. Pendant la descente qui ne dura pas longtemps, elle ne dit rien, ce qui me fit supposer qu'elle réfléchissait à un endroit qui répondrait à ma demande.

C'est là que je venais de constater qu'il me manquais quelque chose. Faisant une petite grimace tout en sortant de l'ascenseur, je venais de comprendre que j'ai oublié ma veste fétiche, celle qui me suivait peu importe l'endroit où j'allais. Et si il y aurait un incendie et qu'elle brulerait dedans ? J'en serais démoralisée à vie. Secouant la tête pour faire sortir cette idée de plus stupides, je soupirai légèrement avant de poser une autre question à Nee-Chan tout en regardant le hall d'entrée dans lequel on se trouvait.

-Dis, t'aimes dessiner ? En fait, Onee-Chan, qu'est ce que t'aime en général ?

Car oui, ca m'intéressait. Après tout, si je devais vivre avec pendant un petit moment, c'est toujours intéressant de savoir plus à son sujet. D'ailleurs en y pensant, il faudra que je m'achète un nouveau jeu de réflexion quand j'en aurai l'occasion, je me demande si mes parents sont au courant de l'endroit où je me trouvais aussi, je ne sais pas pourquoi mais ca m'angoissait énormément.

[Extérieur]

-Pour la nourriture … Je connais un restaurant que j’ai voulu essayer, mais comme je suis la plus part du temps seule, ce serait idiot d’y aller hein ? C’est un restaurant Italien, je me demande comment les Japonais cuisent mes tagliatelles !

Affichant une mine pensive, je constatai que cette femme était assez intelligente à l'encontre de son comportement. Après tout, étant Italienne et anglaise, elle était surement douée dans ces deux langues. Elle était vraiment une personne admirable. Je ne savais pas, mais je pensais que le choix qu'elle a fait, serait le bon. Je n'ai jamais eu l'occasion de manger dans un restaurant ayant pour thème un autre pays que le Japon, alors ce sera une bonne expérience culinaire.

-Ce que j’aime … Les Sous-vêtements principalement, sinon un peu de tout, je ne suis pas difficile …

Arrivées sur le parking, Onee-Chan me poussa vers une voiture grise, assez classe dans son genre. Ca se voyait que ce n'était pas un pavé de cinquante ans, cet engin. Et à première vue, ça avait l'air d'être rapide, très rapide. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle m'aida à m'installer dedans. J'aurai bien voulu lui dire que je me débrouillerai toute seule, après tout ce n’était pas sorcier, mais à croire qu'elle avait envie de me chouchouter un peu trop là. Je n'allais pas m'en plaindre non plus, ce genre de chose n'arrive pas tous les jours après tout.

-Et pour ce qui est du dessin, je me débrouille. Avant, je posais comme nature vivante, j’avais beaucoup d’admirateurs, après tout, tout le monde n’a pas la chance de voir mon corps nu et en plus, pour le dessiner !

Ha ? Surprise par ses dires, je la scrutais des yeux, il était vrai qu'elle avait une allure de mannequin, ca ne devrait pas être si surprenant qu'elle pose par-ci par-là montrant sa beauté. En tout cas, elle était bien consciente de ce fait. Mettant la ceinture de sécurité, j'écoutais son rire cristallin ainsi que le ronronnement du moteur. Quand elle démarra, elle me posa aussi une question.

- Et toi ? Attirée par l’Art ? Et qu’aimes-tu donc à part ta Onee-Chan ?

Rougissant à ses dires en détournant la tête vers la vitre, je faisais semblant de me concentrer sur le paysage. Répondant à sa question d'une voix trop calme à mon gout, je tournais la tête vers mon interlocutrice.

-J'aime dessiner, c'est mon passe-temps quand je n'ai rien à faire. Et tu sais Nee-Chan, je t'aime parce que tu es unique en ton genre après tout.

Lui lançant un sourire rayonnant, je poursuivis sur ma lancée :

-J'aime beaucoup de choses aussi, passant par les jeux de réflexion à ma veste.

Oui ma veste chérie, que j'ai oublié, tellement j'étais omnibulée par Onee-Sama. Me giflant mentalement, je lui demandais d'une petite voix tandis que la voiture déboulait sur une route annexe.

-Jepourraitedessinerunjour ?

Douée Nina, franchement. Non, mais comme si je n'avais rien d'autre à dire moi aussi, mes paroles dépassaient mes pensées, ce n'était pas normal. Serait-ce à cause de sa présence ? Bien possible. Espérant qu'elle n'a rien compris, ce qui serait bien logique vu la vitesse de mes dires, je poursuivis dans un autre sens, bien gênée.

-J'ai jamais mangé dans un resto' italien... et tu dois être assez proche de Miya-Sama pour qu'elle te donne sa voiture ne ? Ou les gens sont naturellement généreux ici ?

Avant qu'elle puisse me répondre, nous arrivâmes devant le restaurant. N'ayant pas reçu sa réponse de suite, j'attendis qu'elle amène ma chaise, pour que je puisse m'installer dedans.

-Bah … Je sais pas, Miya et moi c’est comme, comment dire ? Bah on s’entend assez bien, je lui tourne autour la plus part du temps, on est comme sœurs en fait. Je suis là pour elle et inversement, même si la plus part du temps, c’est elle qui est là pour moi pour masquer mes conneries.

Acquiescent à ses dires, je la laissais pousser ma chaise sans protester tout en regardant en direction de l'entrée de ce resto' italien. Remarquant qu'elle arrêta le mouvement en plein milieu du chemin pour venir se placer devant moi, je la regardais surprise.

-Si tu veux me dessiner, je suis d’accord. Mais à une seule condition …

- Fais moi un bisou !

Marquant un moment d'hésitation en comprenant qu'elle avait entendu ma demande, je penchai ma tête en avant pour déposer un bisou sur sa joue, tout en lui faisant un câlin. Me reculant je lui souriais à pleins dents avant de pousser ma chaise dans la direction du restaurant.

-Miya-Sama doit être douée pour masquer tes bêtises, Nee-chan.

Faisant tourner ma chaise vers sa direction, j'avançais à reculant avant de m'arrêter et lui sourire.

-Merci Onee-Chan, je te ferai un beau dessin.

Oui, maintenant que j'avais sa permission, il allait de soi que je mettrai tout mon coeur pour sa réalisation. Me donnant cela comme premier but de ma présence dans ce nouveau monde, je lui fis signe de la tête en désignant le restaurant.

-Je ne sais pas parler italien !

Rentrant dans le restaurant, une serveuse vint nous interpeller de suite. Nous amenant à une table reculée au fond du restaurant, elle partit et nous ramena des cartes. Installée dans ma chaise, je lançais des petits regards sur la carte et sur Marina. Comment me retrouver dans ces noms de plats imprononçables ?

-Tu sais ce que tu veux déjà ? 

La question tant redoutée. Grimaçant tout en me creusant la tête sur un choix quelconque, je rivais mes yeux dans les siens tout en l'écoutant.

-En fait, je peux t’apprendre l’italien ou l’anglais si tu veux, Nina … Tu veux boire quelque chose ? On peut pas prendre de l’alcool … C’est même pas marrant …

M'apprendre une langue ? Si c'était Onee-Sama qui me l'apprenait, ce serait surement une expérience géniale. Mais pourquoi voudrait-elle gaspiller son temps à ce genre de chose ? Elle devait surement suivre ses propres cours aussi, donc peut être serait-il mieux que je refuse, pour ne pas l'importuner. M'attirant à elle de sorte que je sois la seule à entendre sa voix, elle avait l'air bien suspect en parlant ainsi.

- On boit un coup ce soir ? J’en ai dans ma chambre …

Faisant une petite moue, je la regardais assez confuse. Ce n'est pas qu'il m'était interdit de boire pendant au moins 5 ans encore, et que je n'avais pas l'occasion de toucher à cette boisson de moins saines, mais c'était justement cela le problème. À voir qu'elle avait 20 ans, elle non plus n'était pas encore autorisée à consommer ce liquide, mais vu sa personne, je pense qu'elle contournait ce genre de désagrément assez souvent. Hésitant à lui répondre positivement ou négativement, je ne dis rien pendant un moment. Mais si c'était avec Onee-Sama, c'était sans danger non ? Lui répondant par un sourire, je déclarai d'une voix basse :

-Si...Si tu veux, alors oui pour ce soir.

Oui, pour le moment, même si ce soir j'allais me dégonfler de toute façon, à mon avis. Après tout, je ne supportai pas braver les interdits. Pourquoi risquer de se faire prendre si on pouvait tout simplement éviter de faire des bêtises ? Me redressant pour être assise bien droite, je relançais un regard sur ma carte, relevant les yeux, je demandais de l'aide à Onee-Chan d'une voix timide.

-Heu... Nee-Chan, tu voudrais bien choisir pour moi, s'il te plait ?

Embarrassée, je reportai toute mon attention sur le décor de la salle.

Quand la serveuse arriva, Onee-Chan commanda rapidement, faisant partir cette dernière de suite. Le fait qu'elle lâche subitement ma main, me fit tourner la tête vers elle. Retirant cette dernière de la table, je la fixais avec étonnement.

-Dis … Si ca te dérange d’être ici … Ou que ma présence te … dérange, on peut ou je peux m’en aller tu sais …

Depuis que je l'ai rencontrée, je crois ne jamais l'avoir vu aussi hésitante que sur le moment. D'ailleurs ces mots n'avaient aucun sens pour moi. C'est pour ca que je m'agitais vivement sur ma chaise tout en voulant déclarer que ca n'avait rien à voir, mais par malheur ayant oublié de bloquer les roues de ma chaise, cette dernière se recula quand je voulus m'approcher de la table. Non mais ils ne savaient pas faire un sol droit ? Non, en fait c'était plus ma stupidité et mes mouvements incontrôlables qui me faisaient perdre toute maitrise sur cet engin. Me rattrapant d'une main à la table tandis que l'autre freinait une de roues, je m'exclamais un peu trop fort à mon gout.

-Non Onee-Chan ! Ca ne me dérange pas du tout d'être ici avec toi !

Évidement, par pur malheur, j'ai attiré l'attention des rares personnes se trouvant dans ce lieu. Baissant la tête par gêne et amertume, je replaçais ma chaise bien en position près de la table. Serrant les mains sur mes genoux, je continuais mais beaucoup plus calmement.

-Au contraire... C'est vraiment trop d'honneur que tu m'aies invitée ici.

Et j'allais tout gâcher parce que je ne savais pas réagir comme il se doit à sa gentillesse. À croire qu'il ne fallait pas que j’aie des amis pour ne pas les blesser.