Elle ria quand je lui dis qu'Ys avait tout bonnement disparu lors de notre rencontre. Je me souviens l'avoir haïs pour cela. Et puis je l'avais revus. e l'avais fait chier à mort pour qu'il ne fume pas. Et même si je lui avais souhaité de foirer le casting, j'espérais bien qu'on le réussisse tous deux. Je me demandais bien dans quels ennuis il s'était encore fourré.

-Et beh, il abuse ! Même moi j'ai jamais disparu comme ça en plein milieu d'une conversation !

Elle prit un air sévère.

-Je le punirais pour ça, promis !

Je ris avec elle, simplement heureuse du moment que l'on passé toutes les deux. Elle reprit son calme et moi de même, bien que mon sourire restait sur mes lèvres.

-C'est vrai que même s'il est parfois un peu... Un peu Ys, en fait, ce qui correspond bien à l'adjectif bête. Bref, même si des fois il fait des choses qu'on comprend pas toujours bah... Il reste un chouette type.

Elle avait raison. Ys était quelqu'un de bien, même s'il ne le voulait peut-être pas. Je repensai à cette fois-là au casting. A sa manière de me proposer de faire partie du groupe. J'avais cru à une blague. Je m'en rappelais avec netteté. J'avais accepté et dans une promesse de retrouvaille bien vache, j'étais partie. J'avais joué de la guitare toute la journée après ça. Le besoin d'évacuer ma joie, mon stress, ma bonne humeur et mon passé.
Mitsuki, tout aussi perdue dans ses pensées, finit par me sourire.

-Dis-moi, je suis un peu curieuse... Joyce, ce prénom me semble... Anglais ? Américain ? Désolée si je ne suis pas du tout dedans... Je suis pas très très douée en géographie, mais alors je le suis encore moi en géographie des prénoms !

Mon sourire est doucement retombée. Amérique. Je venais des Amériques. J'avais tous perdue là-bas.

- C'est irlandais mais je viens d'Amérique. Mes... Parents l'ont choisit parce que ça vient du mot champion en celte. Ils voulaient que je parte toujours gagnante. Et Mitsuki ça vient d'où? Japon?

Maman m'avait raconté l'origine de mon prénom. C'est elle qui l'avait découvert en parlant à une de ses clientes qui avait une nièce du même prénom que moi. trois ans plus tard, quand maman m'a eut, ça leur a parut évidant que je porte ce prénom. Tout comme mon frère Vincent, qui tire son nom du latin "triompher, vaincre". On partait tous deux vainqueurs, mais ça ne nous a pas empêché de tout perdre.

Mes parents... Mort. Mon frère... Mort. Moi...Morte. Mais pas de la même manière. D'une certaine manière, celel que j'étais aujourd'hui n'était plus l'enfant chéri de ma tendre famille. C'est fou comme en l'espace d'une heure, tu peux te retrouver orpheline de père. Comme en cinq seconde, tu peux te retrouver orpheline et seule et unique survivante de ta fratrie. C'est con la mort. La Mort est souvent désignée comme La Faucheuse. J'ai ma théorie là dessus: Elle nous emporte les gens que l'on aime. Elle les fauche à la racine de leur vie, après les avoir regarder tous profiter de leurs derniers moment sans savoir qu'ils étaient condamnée dans peu de temps. La Mort est ce qu'il y a de plus destructeur pour les proches d'une personne. La Mort m'a tout pris, jusqu'à mon âme et mon paradis. De petite fille heureuse et épanouie, par sa faute je suis devenue jeune fille maussade et démunie.
Lors de l'enterrement, ils m'ont tous dis de rester forte, de ne pas flancher, qu'ils seraient là. Ça n'a pas empêché mon admission à l'orphelinat. Rien n'est plus traumatisant que cet endroit. On dort avec nos affaires en guise d'oreiller, nos maigres économies rassemblées dans nos sous-vêtements... Tu en ressors marqués à vie. Surtout aux Amériques.

-Japon, c'est ça ! Ca signifie "Jolie lune". J'avoue que j'aime bien mon prénom... Papa et Maman l'ont choisi car la nuit a toujours représenté beaucoup pour eux... Et surtout la Lune.

Elle avait perdu ses parents. Ça m'a parût si clair et net que j'en fus certaine. Dans sa façon de parler d'eux, il y avait une sorte de nostalgie. Comme s'ils avaient... Disparus de sa vie. Comment, je ne le savais pas. Mais j'étais sur de moi.
Elle me sourit et finit par me pointer une attraction faîte de looping du doigts.

-Tiens, regarde là-bas ! Il y a une attraction qui a l'air super ! Tu veux venir avec moi ?

J'avais jamais fais de looping. Cette sensation m'était inconnue. J'avais bien envie d'essayer. Mitsu' se leva et me tendit la main.

-Allez, tu viens avec moi ?

Elle était tout sourire et je finis par prendre sa main dans un sourire.

- OK mais je te préviens, j'ai jamais fait ça moi!

Sans lui demander son avis, je payai nos deux places et nous voilà à attendre que l'attraction termine son tour.

-Heu... j'ai un peu peur en fait, je t'avoue...

Je ris en voyant qu'elle vérifiait encore une fois qu'elle était bien attachée. Mitsuki me semblait bien pâle tout à coups et cela m'amusait. Je n'avais pas peur contrairement à elle. J'avais seulement... Hâte. La hauteur, la vitesse, l'adrénaline, ce sentiment de liberté. Je ne voulais que ça. Je voulais sentir mon cœur s'affolait et ma voix prête à se briser de ce que je criais et riais. Je voulais me sentir vivante.

L'attraction se mit en marche et au moment où la descente se fit, mon cri rejoignit celui de Mitsu. Et puis j'eus un fou-rire. C'était la première fois pour moi que je faisais ce genre d'attraction. Quand papa et maman étaient encore de ce monde, j'étais alors trop jeune.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et l'attraction se termina. J'en étais déçue. Mais mon sourire béat ne parti pas car Mitsuki avait l'air aussi joyeuse que moi.

-C'était géniaaaal ! J'ai adoré ! Bon, j'ai eu un peu peur au début mais... Franchement ! Franchement, ça déchire !

Je ris de bon cœur et me rendit compte que j'appréciais vraiment la jeune femme. Ça ne fît que me rendre plus heureuse encore. Oublié ma nostalgie passé, j'étais heureuse du moment passé avec Mitsuki. Et bien que le soir commençait à tomber, je savais que même si la jeune femme devait repartir, je n'aurais pas l'envie de rentrer pour le moment.
J'étais tout autant excitée qu'elle et cela me fît rire. A nous deux, on aurait pu faire croire que l'on venait de boire des litres entiers de café.

-Franchement, c'était trop cool ! Ca me donne envie d'aller dans tous ces grands parcs qu'il y a partout dans le monde ! Je n'en ai jamais trop fait avec mes parents, alors je n'ai pas l'habitude de ce genre d'attraction, mais... C'est grisant !

Ses parents... Un petit sourire se forma sur mes lèvres. Oui. Moi non plus je n'avais jamais fais ça et moi aussi je voulais le refaire.

- C'était excellent tu veux dire! Arrête si tu y vas un jour tu m'emmèneras avec toi? S'il te plaîîîît Mitsukiiiiiii!!!!

Je devais avoir l'air d'une gamine mais je m'en fichais pas mal. Et puis j'ai réfléchis. Je n'avais pas passé d'aussi bon moment depuis un bail. Et ça faisait un bien fou. Je me tournais vers la jeune femme.

- En tout cas... Merci de m'avoir permis de passer un si bon moment. C'est juste génial. Je suis heureuse d'avoir fait ta connaissance.

Ce n'était pas un au revoir, juste des remerciements. Mais peut-être avait-elle des choses de prévues?

Mitsu me prit alors par les épaules, me fixant. Euh..?

-C'est pas un adieu ça quand même ? Parce que ça fait adieu ! Tu vas pas faire de bêtises hein ?!

Elle me lâchait, un doigt levé, comme une mère punissant son enfant. J'étais tellement sonnée que j'ai pas réagît.

-Fais gaffe. Je risque de plus te lâcher d'une semelle, dans le doute !

Elle a sourit et moi j'ai ris. J'étais presque tentée de lui répondre oui pour que justement elle me lâche plus. Je l'aimais bien faut pas croire.  Elle me faisait beaucoup rire.

-Moi aussi j'ai passé un super moment, et franchement, ça fait un bien fou ! Parce que depuis cette histoire avec les scientifiques là, c'est super déprimant Terrae ! Tu trouves pas ? Bon, j'admets que moi aussi, j'suis un peu déprimante en ce moment, mais merde, faut qu'il y ait un peu de joie quand même ! On est en décembre, les gens pourraient sourire un peu pour se préparer pour Noël...

C'est vrai que depuis les missions, Terrae semblait parfois figé dans le temps et la tristesse. Moi aussi j'étais un peu déprimé ces temps ci. Peut-être parce que je fêtais en cette période les un an de la mort de mon frère et de ma mère. Et les six ans de la mort de mon père. Douloureux rappel d'un souvenir bien trop dur à porter.
Je souris à Mitsuki.

- C'est vrai que Noël doit être une fête de rire et de joie. Mais avec tout ce qu'il s'est passé, je peux comprendre que l'institut et ses habitants est besoin de temps avant de revivre.

Je regardais autour de moi. Ça sentait... Les pommes d'amour et les barbes à papa. J'en ai souris de plus belle.

- Bon. Et maintenant?

-On pourrait préparer un plan machiavélique ensemble pour préparer le retour d'Ys, si tu veux. Sinon, on peut aussi faire une autre attraction horrible... Genre, ce truc, là-bas !

J'ai ris. J'ai ris parce que j'avais l'impression d'avoir trouver une personne ayant les mêmes délires que moi. Je ne la connaissais pas depuis une heure et pourtant, je croyais la connaître depuis bien plus. Je commençais à comprendre le choix que j'avais fait de venir à Terrae. J'avais eu espoir.
L'idée du manège à sensation forte me plaisait assez mais bon, autant faire quelque chose de plus sympa comme...

-Sinon, j'ai aussi repéré un palais des glaces ! J'y ai été une fois lorsque j'étais petite, je m'en souviens plus trop. Mais je me rappelle quand même que c'est assez hard core, parce que je me cognais PARTOUT. C'est pour ça que j'ai été dans un truc comme ça qu'une fois dans ma vie. Je ressortais toujours pleine de bosses.

Je souris. L'idée était excellente, c'était un coup à se prendre de gros fou-rire.  Elle me sourit et je lui rendis son sourire.

-Alors, tu choisis quoi ? La mort instantanée, ou simplement les blessures de guerre -autrement appelée bosses- partout ? Ou alors si tu as une autre idée, n'hésite pas !

Je réfléchis une demie seconde et la voilà tournant sur elle même, me faisant remarquer qu'il y avait beaucoup de chose à faire.

- L'idée du palais des glaces me tentent bien, même si pour être honnête, je ne suis jamais aller dans des fêtes foraines... Je ne sais pas vraiment les meilleurs attractions tous ça.

Je lui pris alors la main et l'entraînais derrière moi. On paya nos entrées. Des miroirs. Des miroirs partout... Wow... C'était impressionna...

- AÏE!

Outch. Je venais de me prendre mon propre reflet dans la tronche. Ca fait mal de se regarder de trop prés.

On s'est rapidement perdu de vue. Je me retrouvé seule entourée d'une dizaine de reflet de moi même. Bordel, je m'étais perdue!
Oops... Ah ben zut alors! C'était où la sortie? C'est le genre d'attraction où faut pas m'emmener, je suis capable de briser les miroirs si ça me monte à la tête!
J'entendis distinctement les plaintes de Mitsuki et cela ma fît doucement rire. Jusqu'à ce que moi même je me pris un miroir dans la tronche. Aïe...

- Mitsuki t'es où?! Mitsu!

J'appelais mais j'entendais seulement qu'elle aussi. Un autre miroir et enfin, je la voyais. J'ai courut, les bras en avant pour éviter de me prendre le miroir. Râté c'était que son reflet

-Joyyyyce, tu me vois ?

- Mitsu je suis là! Mitsuki je suis perduuuuuuuuuuuue!

Enfin je la voyais, entourée de quelques reflets. Elle se cognait partout. C'est pas une illusion d'optique, c'était bien mon amie. J'ai foncé. Je l'ai attrapé et contre ma volonté, je l'ai prise dans mes bras. Comme une enfant. Quelle idiote. Je l'ai vite lâché. Euh...

- Faut qu'on trouve une sortie. Ça fait mal par ici.

Je préférais largement ma guitare et le manège toute à l'heure! Le palais des glaces très peu pour moi! Mais un regard à la japonaise me suffit à me convaincre que je passais un très bon moment. Comme avant. Comme avant que tout se finisse dans les larmes.

Elle n'a pas eu l'air gênée par mon geste. Elle n'a pas reculé et j'ai remarqué sons amusement. J'étais bête sérieux, pourquoi j'avais fait ça?! Elle a prit ma main. J'avais l'impression d'être avec... Une nounou? Non. Une amie plutôt. En faîte, en y repensant, mis à part Ys qui me tapait sur le système mais que j'appréciais, Plume qui... Enfin Plume, Liam qui avait faillit mourir sous mes mains et Kyle que je n'avais plus vraiment revu, ici, je ne connaissais personne de très proche. J'étais une solitaire, vouée à finir seule entouré de chiens (parce que les chats, un ça va, après, c'est lourd), sans amis et sans famille. Triste perspective de l'avenir encore plus désespérante de l'avoir imaginé alors que j'ai 16 ans. 16 ans. Déjà? Je l'ai avais eu en novembre, le 10. J'avais passé cette journée à la maison et personne n'était venu m'emmerder. Journée de deuil. J'avais perdu ma famille ce jour-là. J'avais perdu plus que mon être, ma raison de vivre. Mon père. Ma mère. Vincent. Et aujourd'hui, voilà un an que j'étais sortie de l'hôpital. D'ici quelques mois, cela ferait un an que j'étais à Terrae. Pour le pire et le meilleur. Comme le mariage, tout pareil!
16 ans. Cette perspective me tuait. Moi je grandissais alors que Vince serait à jamais un gamin insouciant et innocent. Il n'avait rien demandé. Il n'aurait pas dû mourir.
Mitsuki me ramena à la réalité.

-On se lâche plus maintenant ! Sinon on va encore se perdre ! Et maintenant, c'est fini !

Elle avança, les bras en avant et les sourcils froncés, si je n'avais pas été perdu dans mes pensées, peut-être aurais-je ris? Mais je n'ai que souris.
On sortit enfin et quand j'aperçus mon visage, je me fis un peu peur. On aurait dit une dépressive. J'ai souris pour me redonner contenance et je vis Mitsuki sourire elle-aussi, ayant lâchée ma main.

-On l'a faiiiit ! C'est génial ! Bon, par contre, plus jamais ça, hein !!

- Je suis bien d'accord! C'est glauque quand même!

Elle se frotta le front et l'on devinai déjà la bosse qu'elle aurait le lendemain. Je regardai l'heure. Il se faisait tard, il faudrait peut-être que je pense à rentrer, même si au fond, personne ne m'attendait pour me dire qu'à 16 ans, on sort pas aussi longtemps avec des inconnus. Je m'en plaignais avant de ces remarques. Aujourd'hui, elles me manquaient. On se rend compte de ce que l'on a quand on le perd. Je trouve ça dommage. Alors je tâche de ne plus rien avoir. Pas d'amis. Pas d'attaches. Pas de souffrances. Seul le temps eut raison de moi et de ma sottise, mais à cette époque, je n'avais pas encore comprit combien j'avais été bête de penser ainsi.

-Alors, on fait quoi maintenant ? Cela dit, tu as peut-être des trucs de prévu...

Je fis une petite moue.

- Malheureusement, je vais devoir te laisser, ma guitare m'attend et je crois avoir retrouvé l'inspiration. Merci pour ce petit moment, c'était vraiment sympa.

J'attrapais le téléphone de la demoiselle et entrai mon numéro. Sait-on jamais? Peut-être voudrait-elle me revoir qui sait? Personne veut de toi de toutes manières...
Le manque. L'absence. L'abandon. Ça vous tue un homme moi je vous le dis! Je lui fis la bise et filai dans le vent frais. A quelques mètres d'elle pourtant, je me retournai et criai, un sourire colgate aux lèvres:

- A la prochaine Mitsuki!

Puis je rentrais dans ma chambre. Je pris ma guitare. Je m'entraînais. J'arrivais à passer deux accords avant de m'effondrer en larmes. Deux pas un. Quel progrès! J'ai posé mon instrument, me suis allongée sur le lit et j'ai repensé à ma soirée. Je me suis endormie sans manger.