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Entre les ombres. [Nath]
##   Dim 25 Jan 2015 - 1:20
Ipiu Raspberry

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Ipiu Raspberry
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J’ai accepté. Comme une conne. J’ai accepté car je n’ai pas envie de le quitter. Pas envie qu’il parte. Je suis tellement stupide. Maintenant que j’ai accepté sa présence, j’ai peur de me séparer de lui. Peur de m’éloigner. Peur d’oublier à quel point sa présence est essentielle. Peur de le blesser aussi. Peur.

Je suis guidée par la peur tout le temps. En chaque instant la peur me ronge. Comme si c’était le seul sentiment qui soit encore réellement le mien. Et ça l’est en quelque sorte. Je n’ai jamais rien possédé, même pas ma vie. Seule la peur ne m’a jamais quitté, la souffrance aussi sans doute. Comment forge-t-on une arme ? Dans un feu de douleur et en la plongeant dans une source de solitude. Voilà celle que je suis affutée et solitaire.

Mon tranchant ne peut que blesser ceux qui m’entourent, et ma solitude me blesse. Quelle distance dois-je prendre avec tout ça ? Quelle est la juste mesure ? Je dois être victime du complexe du hérisson. Un hérisson l’hiver à froid, alors il essaye de se rapprocher de ses congénères pour se réchauffer mais il se blesse, alors il s’éloigne. La fin de l’histoire est celle à laquelle on s’y attend. Le hérisson meurt gelé.

Vais-je aussi mourir un jour de cette solitude ? Sans doute, mon cœur est froid. Glacé. Vide d’avoir versé trop de larmes. Vide d’avoir fait verser trop de sang.

Pourtant. Pourtant je suis là. Et il est là. Ensemble. On est tous les deux un peu sonné à notre manière de cette découverte. Comme si on s’attendait à ce que l’autre nous fuie. Comme si ce temps que nous partagions n’était qu’un interlude. Ephémère passade amène à disparaitre. Elle finira par fuir pense-t-il. Je finirais par le faire fuir, je pense. La peur. Ce sentiment est présent sur notre nouvelle relation. L’appréhension aussi.

Il m’apprend qu’il commencera plus tard aujourd’hui. Cela me rassure. Je vais pouvoir concrétiser un petit peu plus longtemps ce répit. Rester un peu plus longtemps avec lui. Je me sens plus légère. Un peu. Pourtant je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils quand il parle de frauder. De sécher. Je ne veux pas l’entrainer sur cette pente.

« Tu iras en cours. »


Je souris. C’est celle qui n’y est plus allée depuis des mois qui ose dire ça. Sérieusement… mais contrairement à lui moi ces cours j’y ai déjà assisté, ou du moins je les maitrise depuis des années. Contrairement à lui, je suis une adulte qui n’aurait nul droit de siéger entre les élèves d’une classe. Bien que cela eut été le rêve d’Ipiu.

« Ne serait-ce que pour décharger tes camarades d’une quinzaine de minute de cours avec monsieur Sarutobi… Ses cours ont toujours été… conséquents. »


Long j’ai failli dire, mais si je sais quelque chose sur l’éducation, c’est qu’il ne faut pas parler négativement d’un prof à son élève. Sans quoi l’élève en question ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il a raison de ne pas apprécier l’enseignant. Un enseignant a toujours quelque chose à lui apporter.

Je lui souris. Comme trop souvent, parfois je me dis que je suis une hypocrite à toujours offrir un sourire alors qu’au fond je suis tellement vide. Tellement vidée.

Mon regard se pose sur le livre qu’il a planqué dans assez rapidement dans son tiroir. Faisant par ailleurs exploser. Je me mors la joue pour ne pas rire. Voilà dans quel état il se met pour si peu. Non je ne suis pas vexée de trouver le livre qui m’a faite ici. C’est en mon sens de la très bonne littérature. Accessible à tout âge et avec de nombreux niveaux de lecture. Alors non. Je ne suis pas en colère, peut-être même un peu heureuse qu’il lise ces pages qui ont donné un nom à celle qui n’en avait plus. Je ne commente pas. Touchée simplement.

Je lui tends ma main. Je comprends ce qu’il ressent. Enfin un peu. Je n’ai pas peur de sa force. Je n’ai pas peur d’avoir mal par sa faute car je sais bien… Je sais bien qu’il ne veut pas me blesser. Alors dans un certain sens, il ne me blessera jamais. Parce que je place la volonté avant les actes. Quand bien même il briserait ma main, elle l’est déjà. Je la lui tends pour qu’il mette ses paroles à exécution et m’aide à la bander. Il tient les bâtonnets de bois, utile ces petites choses… mais pas nécessaires, mais utiles. Je serre la bande. Fort. Je grimace et les larmes me montent aux yeux. Pourtant je continue à serrer. Aucune larme ne coule sur mon visage et à aucun moment je ne me sens défaillir pourtant.

« Amène moi à l’hôpital… s’il te plait. »


Je le dis d’une voix moins ternie par la souffrance que ce à quoi je ne m’attendais. Je ne me sens pas assez en forme pour lui sourire. Pour le rassurer. Pourtant. Pourtant je dois l’être forte. Je dois me ressaisir. Ce n’est pas si douloureux que ça merde.

***
Je me souviens du trajet jusqu’à l’hôpital comme entouré de brouillard. J’étais là, j’en ai conscience, mais je ne participais pas. Je ne répondais pas que ça allait bien au jeune homme qui s’inquiétait. Juste que j’avais connu pire. Sans préciser quel était se pire. La douleur j’ai connu pire… Mais je dois admettre que c’était il y a longtemps, trois petites années sans torture et on oublie à quel point la souffrance peut faire mal.

L’hôpital enfin. Je n’ai jamais aimé les hôpitaux, surtout ceux qui ressemblent à des halls d’aéroport. Tant de gens sont sur le départ ici. Je frissonne quand je sens cette odeur atypique de désinfectant. Décidément ça me rappelle quelque chose de confus. Vague. Je me rapproche de mon ami, par instinct. Je n’ai pas envie d’être ici.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Dim 25 Jan 2015 - 18:05
Nathanaël Lancer

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Nathanaël Lancer
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Nathanaël ne put s'empêcher de froncer les sourcils lorsque la Tonnerre lui rétorqua qu'il irait tout de même en cours. C'était sans doute une première, mais il n'avait absolument pas envie d'y aller. Faire cette présentation l'ennuyait profondément. Cependant, il céda devant l'argument et puis, cela aurait été vraiment très arrogant et imbu de sa personne de snober ses camarades de la sorte. Il soupira. Très bien, il irait faire le paon devant la classe. La Sensitive lui sourit alors et il ne put s'empêcher de le lui rendre.

La tension du jeune homme s'envola complètement lorsque l'Étoile accepta sa proposition de l'emmener à l'hôpital, de passer encore un peu de temps avec lui. Malgré le livre qu'elle avait vu, il en était sûr, malgré sa maladresse, elle lui tendit sa main, confiante. Le Titan en fut profondément touché. Il tint les bâtonnets, pendant que la Tonnerre se chargeait de serrer la bande. Il la vit grimacer, mais ne pouvait rien faire. Il aurait aimé pouvoir la soulager de sa douleur, mais il était impuissant.

Nathanaël tressaillit en entendant le son de sa voix. L'Étoile n'avait pas l'air bien du tout. Son état sembla s'être soudainement dégradé, ou alors, il était tellement absorbé par ses pensées qu'il n'avait rien remarqué. Il posa délicatement sa main sur le front de la jeune femme. Il était brûlant. Sans attendre une seconde de plus et sans vraiment réfléchir, il la débarrassa de la couverture en la jetant un peu plus loin. Puis il passa son bras dans son dos, se plia légèrement pour attraper ses jambes au niveau de ses genoux avec son autre main et, sans plus de cérémonie, la souleva. La Tonnerre cala instinctivement sa tête contre son épaule. Finalement, être un Titan, ce n'était peut-être pas si mal que cela. En d'autres circonstances, cette réflexion lui aurait certainement tiré un sourire, mais là, le Terre n'avait vraiment pas envie de rire. Il sortit péniblement de sa chambre. Quelle idée avait-il eue de fermer la porte à clef ?

En chemin, le jeune homme lui parlait, essayait de la rassurer. Il s'inquiétait. L'Étoile semblait si loin, dans un autre monde. Elle ne réagissait pas beaucoup. Tout au plus lui répondait-elle qu'elle avait connu pire. Il frissonna. Il détestait l'idée qu'elle ait pu souffrir intensément. Il aurait pu courir, mais les secousses n'auraient fait qu'empirer l'état de sa protégée et c'était pour lui totalement inconcevable. Donc, il marchait... mais d'un bon pas et il essayait d'amortir les chocs. Il en profita aussi pour réfléchir à ce qu'il dirait aux personnels soignants en arrivant. De toute façon, il parlerait de sa main cassée, c'était évident, mais il se demandait si la fièvre n'était pas plutôt la conséquence d'une utilisation excessive de pouvoir. Il leur en toucherait aussi un mot.

Le bâtiment apparut enfin dans le champ de vison du Titan. Heureusement qu'il faisait plutôt froid. Cela aiderait certainement la jeune femme dans sa fièvre. Une fois le seuil de l'entrée franchi, il marqua une courte pause pour se repérer. Il sentit la Sensitive se serrer un peu plus contre lui

Ça va aller. Je veille sur toi.

Nathanaël n'était pas certain que c'était des mots judicieux à prononcer, mais il faut avouer qu'il n'était plus vraiment en mode « réflexion ». Une fois devant l'accueil, il remarqua, inquiet, qu'il n'y avait personne. C'était un comble tout de même !

Bonjour ? J'ai besoin d'aide.

Une femme apparut miraculeusement et le regarda. Le Terre ne lui laissa pas le temps de parler.

Elle s'est cassée les deuxièmes et troisièmes métacarpes. La fracture était déplacée, mais elle s'est remis les os en place et je l'ai aidée à immobiliser sa main en attendant d'arriver ici. Elle a aussi beaucoup utilisé son pouvoir et je crois qu'elle est exténuée. Elle fait de la fièvre, mais elle a encore plus ou moins conscience de ce qui l'entoure.

L'infirmière le regarda un instant, surprise par tant de détails, mais elle sortit bien vite de sa léthargie.

- Ok, viens avec moi.

Elle le fit entrer dans une petite pièce et l'invita à déposer la jeune femme sur la table d'auscultation.

- C'est ta petite amie ?

Nathanaël ne put retenir une rougeur.

Non, on est juste ami.

L'infirmière hocha la tête.

- Je vais te demander de sortir à présent. Je m'occupe d'elle.

Le Terre ouvrit la bouche pour protester, mais le regard de la femme l'en dissuada. Il s'exécuta donc à contrecœur. Une fois la porte refermée derrière lui, il se mit à faire les cent pas dans le couloir. Il n'y avait pas d'autre accès, il avait vérifié, alors il était sûr de ne être laissé de côté trop longtemps. Et si l'infirmière ou un médecin osait l'envoyer balader... non, il ne valait mieux pas.


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##   Dim 25 Jan 2015 - 23:15
Ipiu Raspberry

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Ipiu Raspberry
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Quelque chose ne va pas. Vraiment. Tout ça n’est pas normal. Je ne devrais pas me sentir si faible. Pas comme ça. Pas pour si peu.

Parce que oui, pour moi c’est peu. Une main cassée ? Ce n’est absolument rien. J’ai des souvenirs de mission où j’ai terminé avec chacun de mes membres fracturés, et parfois même en plusieurs endroits. Une autre fois je suis rentrée avec la main quasiment sectionnée. Chacune de ses fois, j’avais souffert mais j’avais réussi à luter et j’étais rentré dans un endroit sûr pour me soigner par mes propres moyens.

Quelque chose ne va vraiment pas. Je me sens défaillir. Serait-ce les dix minutes passées dehors sans mes pouvoirs ? Certes il fait froid, mais il m’est arrivé de passé des semaines à camper sous la neige et sans feu de bois (histoire de pas avertir de ma présence quoi, la base) sans chopper ne serait-ce qu’un rhume. Bon okay, je pousse je m’étais choppée une pneumonie… Mais ce n’est pas un rhume. Non quelque chose ne va pas.

Je me sens chanceler, chose qui n’était pas arrivée depuis trop longtemps. Je sens que mon ami me retient et me porte. J’essaie de résister, et je découvre avec stupeur que je n’en ai pas la force. C’est juste juste juste IMPOSSIBLE. Même si j’ai pour la première fois depuis que je les ai dépassé refranchi la barre des cinquante kilos, même si je ne dois pas être loin de l’anorexie, je suis certaine de ne pas entrer dans cette case-là. Ni dans aucune autre d’ailleurs.

Je me demande un instant si je suis en train de sur jouer. J’entends par là en rajouter une couche et faire semblant d’aller mal rien que pour le plaisir de me nicher contre lui sans qu’il n’y ait de quiproquo à ce geste. Parce que oui c’est agréable de poser mon front brulant contre son cou tiède. C’est agréable d’être prise ainsi dans les bras de quelqu’un, ça me donne l’impression d’être encore une toute petite fille.

Comme si j’étais encore ce petit corps brun don je semble me souvenir. Je pose mon oreille dans le creux de son épaule et j’écoute son cœur battre. Un peu trop vite. Il a peur. Peut pour moi.

Moi je n’ai pas peur. J’ai froid. Très froid. La fièvre doit être en train de monter. Je sens mes pensées se découdre un peu. Je suis là, consciente de moi-même, de la présence de mon ami tout contre moi, je m’y accroche d’ailleurs un peu désespérément. Pitoyable. Je suis là et en même temps j’ai l’impression de voir un autre paysage se superposer. Des dunes de sable blond se mettent à onduler devant mes yeux émerveillés, étrange et mouvante mer.

Bien trop tôt nous voici à l’hôpital. L’odeur. L’odeur me terrifie. Je suis déjà venue à l’hôpital. Souvent. Mais cette odeur. Cette odeur elle me fait dériver vers cette pièce noire où je suis restée prostrée petite boule de souffrance, pendant des semaines. Cette pièce dans laquelle je me suis perdue. Cette pièce dont je ne sortais que pour être charcutée. Brisée. Extraite de mon propre corps. Je me serre un peu plus contre Nathanaël.

Qu’est-ce qui me prend ?

J’inspire et expire doucement. Je me sens fébrile. Un peu désorienté aussi quand il me pose sur la table d’osculation. Je ne veux pas qu’il me quitte. Je veux rester contre lui… Mais je ne fais pas caprice, parce que je sais que c’est un caprice, et de toute manière ma peur est infondée. J’en ai conscience… pourtant je ne suis pas loin de paniquer. Inspire… Expire.

Je l’écoute raconter ce qu’il m’est arrivée. Overdose de pouvoir, je n’y avais pas pensé. Sans doute parce que je n’ai pas encore bien conscience de combien je suis liée à mes pouvoirs, et de combien ils me définissent. Combien ils sont intriqués avec mon corps. Je frissonne.

Je dois admettre que je suis relativement heureuse de ne plus avoir une once de pouvoir dans les veines. Je n’aurais pas aimé sentir ce qu’a pensé Nathanël quand l’infirmière lui a demandé si on était en couple. J’ai failli répondre oui pour qu’il reste. Parce que je sais qu’à Terrae, sans famille un petit copain est peut-être la seule personne qu’on autorisera à rester. Puis je réalise.

Je ne veux pas qu’il reste.

S’il reste il sera au courant de tout. De tout ce que je ne veux pas faire peser sur ses épaules. Je suis une égoïste, je ne veux pas partager avec lui ma douleur mais je veux profiter de sa présence. Je suis d’une complexité qui frôle la sottise. Il me jette un dernier regard avant de partir. Je me force à lui faire un sourire rassurant.

« Tout ira bien. »


La porte se ferme. Mes paupières s’abaissent. Mon visage se crispe. Non ça va pas. Pas bien de tout. L’infirmière me pose un sac de glaçon sur la main pour faire désenfler. Le médecin arrive, demandant une radio. Avant qu’il ne sorte je me force à articuler.

« Nathanaël... mon ami… Il ne doit pas voir les radios. Il ne doit pas savoir pour mes autres blessures. »

Parce que je connais bien l’état de mes radios. On y voit de trop nombreuses marques de remodelage osseux. Même une enfant battue toute son enfance ne saurait en expliquer tant. Je n’ai jamais été battue. J’ai été disséquée. Je ne veux pas qu’il le sache. Il est trop jeune, et même s’il a assez de force pour me supporter physiquement, il ne pourrait sans doute pas accepter mon histoire.

La suite de la journée je dois avouer que j’y assiste comme si je n’y étais pas là. J’ai vaguement conscience qu’on me bouge, qu’on me fait une radio du poignet. Qu’on me perfuse. Une intraveineuse. Je love tellement pas. J’entends une infirmière sortir dans le couloir et dire à mon ami que je pars en salle d’intervention, et que je ne sortirais pas avant deux bonnes heures. Le reste je dois avouer qu’entre la douleur et les opioïdes… Je ne m’en souviens pas tellement.

Je me réveille complètement à côté de la plaque dans une chambre que je ne connais pas. Je suis glacée. Je referme les paupières, elles sont tellement lourdes. Je me force à les rouvrir pour fixer les dalles blanches du plafond. Le bruit de la perfusion je le reconnais. D’un coup je me redresse terrifiée. Où suis-je ? Mon regard affolé parcourt les murs de la chambre tandis que ma main, celle qui n’est pas immobilisée cherche à retirer la perfusion à son dos.

NON ! NON ! NON !


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##   Lun 26 Jan 2015 - 0:17
Nathanaël Lancer

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Nathanaël Lancer
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- Écoute, n'insiste pas, on ne peut rien te dire. Tu ne fais pas parti de la famille, ce sont les règles. Tu comprends ?

Non, il ne comprenait pas, il ne pouvait absolument pas comprendre ça et ils allaient bien vite le remarquer. Il avait attendu toute la journée et personne n'était venu lui dire quoi que ce soit. Personne n'était venu le rassurer, on l'avait complètement ignoré ! Et maintenant qu'il craquait et qu'il venait poser des questions, savoir où elle était pour aller la voir, ils osaient le rejeter ? Franchement, ils s'attendaient à quoi ?

Bon sang ! La moitié des élèves de Terrae ne possède plus de famille. Alors ne venez pas m'emmerder avec vos conneries de règles ! Je veux savoir comment elle va et je veux savoir où elle est, maintenant !

Oui, Nathanaël pouvait devenir très vulgaire lorsqu'il était en colère. Il le regretterait par la suite, mais pas maintenant. Il avait un objectif bien précis et rien ne le détournerait de sa route. Il fallait qu'il la revoit. Il le lui avait promis. Il allait veiller sur elle.

- Cela ne sert à rien de t'énerver, cela ne chang...

Le médecin n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Le Terre venait de lui tourner le dos et se dirigeait d'un bon pas vers l'accueil. Il bouscula l'infirmière que se trouvait devant un ordinateur et il rechercha rapidement son amie dans la base de données : chambre 307. Sans attendre plus longtemps, il s'élança à travers le couloir. Déjà, il entendait des cris. On appelait la sécurité. Il s'en fichait. Il était en colère, il était déterminé. Il bouscula le médecin qui tentait de lui barrer la route. Mauvaise idée, on n'arrête pas un Titan en furie. Pour éviter les mauvaises surprises. Le jeune homme décida de prendre les escaliers. Il avait suffisamment d'endurance pour ne pas caler en route. Il monta les marches quatre à quatre et se retrouva bientôt au troisième étage. Lorsqu'il déboucha dans le couloir, trois agents de sécurité se trouvaient déjà sur place. Il jura.

- Ne fais pas l'imbécile. On ne te fera pas de cadeaux.

Moi non plus...

Nathanaël bondit sur le premier homme qui, trop surpris par la rapidité de l'attaque, ne réagit pas et s'effondra inconscient sur le sol. Les deux autres se ressaisirent tout de suite, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'ils n'avaient aucune chance. Le Terre était ceinture noire de karaté, il était Titan et il était en colère. Il esquiva le coup de poing lancé par l'un de ses adversaires et l'envoya s'écraser contre le mur cinq mètres plus loin. Il entendit un craquement et vit l'homme se tenir l'épaule. Ça lui apprendra. Le dernier agent de sécurité encore en état de se battre comprit qu'il n'avait pas affaire à n'importe qui. Nathanaël entendit les mains de l'homme crépiter, un Tonnerre. Il devait agir vite. Une décharge et il était foutu. Il se baissa rapidement et faucha les jambes de l'homme avec son pied, puis il s'élança, lui tournant le dos. Il espérait que ce répit serait suffisant. Heureusement, il voyait l'écriteau de la chambre 307. Plus que quelques pas... Soudain, il ressentit une vive douleur à l'épaule et s'effondra. Il grogna et se releva tant bien que mal, tandis que l'agent arrivait près de lui. Ce dernier, persuadé de l'avoir suffisamment sonné pour prendre le contrôle ne se méfia pas. Il n'évita pas le coup de poing qui le fit reculer de quelques pas, nez cassé. Le Terre se retourna et atteint enfin la chambre. Il ferma la porte à clef. Cela ne les retiendrait pas longtemps, mais au moins aurait-il le temps de la voir, peut-être de lui parler même.

Elle était là, totalement paniquée. Toujours sans réfléchir, il s'approcha d'elle. Il crut deviner ce qu'elle ressentait. La Sensitive était totalement perdue, ne savait plus où elle était. Il fallait qu'il la ramène à la réalité. Peut-être avait-elle fait un cauchemars ? Elle ne semblait pas apprécier les hôpitaux.

Calme-toi, tout va bien. C'est Nathanaël, tu te souviens ? Tu t'es cassé la main. Tu as subi une opération. Tu es à l'hôpital.

Il s'approcha encore et s'assit au bout de son lit. Il ne souhaitait pas l'effrayer. Il aurait aimé pouvoir l’interpeller plus personnellement, par son prénom, mais il savait qu'elle n'était plus seulement Ipiu, alors il se retint. Quelqu'un essaya d'ouvrir la porte, puis tambourina violemment. Nathanaël se mordit les lèvres. Si elle était en état de panique, cela allait l'effrayer davantage.

Écoute, j'ai fait l'imbécile. C'est après moi qu'ils en ont. Toi, tu es en sécurité, d'acc ?

La voix du Titan était douce, paisible. Toute colère l'avait quitté. Il n'avait plus qu'un but : la rassurer. Il ne supportait pas de la voir comme ça. Il leva sa main dans le but de lui caresser doucement le genou, mais il se ravisa. Elle n'apprécierait pas le geste et puis sa main saignait au niveau des articulations métacarpo-phalengiennes. Il y avait mieux comme moyen de la rassurer que de la couvrir de sang. Il cacha donc ses mains sous sa jaquette.

Je... je ferais mieux de partir, avant qu'ils ne défoncent la porte. Je n'ai pas le droit d'être là... mais je reviendrai te voir. Je ne t'abandonne pas, promis.

Nathanaël lui offrit un sourire. Il se leva quand de nouveaux coups retentirent contre la porte. Il allait passer un sale quart d'heure.


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##   Lun 26 Jan 2015 - 19:26
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J’ai peur. Cette odeur. Cette odeur de javel qui sert à masque celle du sang. Cette odeur me rappelle trop de choses… Que je qualifierais sobrement de pas cool. Enfin tout dépend de ce que vous définissez par cool. J’imagine que ça peut être cool pour les vampires, peut-être. Les zombis, sans doute… et éventuellement la lie de l’humanité. Celle que j’ai fréquenté toute ma vie.

Je dois me calmer et analyser ce qui se passe. J’en ai conscience. Enfin je crois. Pourtant mon cœur se balance dans ma cage thoracique comme s’il voulait s’en échapper. Ma gorge se serre et je sens une boule d’appréhension dans mon ventre. Clairement je suis morte de trouille. Je me force à l’immobilité même si mon instinct me pousserait à arracher cette perfusion sans plus de réflexion. De toute manière, quoi qu’on me foute dans les veines ça ne peut qu’être mauvais.

Les drogues même si elles servent à guérir restent à mes yeux des drogues. La porte s’ouvre et je dois offrir un regard apeuré à mon ami. Oui malgré ma frayeur je reconnais Nathanaël. Malgré ma frayeur et sa tête qui décidément n’est pas comme d’habitude. Si la panique m’a envahie, elle l’a submergé. Il s’approche de moi, retrouvant son calme instantanément, comme si pour moi il devait être fort. Il me conseille de me calmer. Les mots mettent un moment à atteindre mon cerveau. Je le regarde sans trop comprendre. Que fait-il là ? Je remarque que la jointure de ses mains est abimée. Il les cache dans son dos, même sans mes pouvoirs je le sens honteux.

J’entends des bruits de cavalcade dans le couloir. QUE SE PASSE-T-IL PUTAIN ? Il m’explique que je suis à l’hôpital. Ma main était cassée. Ah oui. Je me souviens maintenant. Quand il ajoute qu’il a fait une connerie. Je comprends, par instinct, ce qu’il vient de se passer.

Ca fait mal. Trop mal. Parce que c’est moi qui l’ai forcé à agir ainsi. Tout ça. Tout ça c’est ma faute. Pleinement. Je l’ai blessé encore. CA FAIT MAL BORDEL. J’ai. Je n’ai pas attendu. Il a été impliqué dans quelque chose de mal par mon unique faute.

« Reste. »


Ma voix a d’abord du mal à sortir de ma bouche. Les restes de l’anesthésie je suppose. Ma voix ne sonne pas comme une demande mais plutôt comme un conseil. Je me racle la gorge. Jetant un regard noir à la perfusion que j’ai vachement envie d’arracher. Ce que je me force à ne pas faire. Je regarde les noms inscrits sur les pochettes contenant le liquide qui coule dans mes veines. Un antipyrétique, une solution glucosée, un antiinflammatoire… Et surtout un antidouleur. Je ferme le robinet de ce dernier. Ca ira mieux bientôt, je n’aurais plus cette impression que le monde tangue.

« C’est ma faute, je leur ai demandé de ne pas te parler de mes antécédents, ils ont dû traduire ne pas te parler du tout. »


Je grimace quand mon pied touche le sol. C’est froid. J’attire le pied de ma perf à moi. C’est bien ma chance qu’il ait des roulettes. S’il n’en avait pas eu… Je l’aurais tout simplement arraché. Après tout. Fuck quoi. Ca me démange déjà assez de la retirer si on m’donne des raisons en plus pourquoi je la conserverais ? Je me sers de la perche comme d’une canne. Le malaise passe rapidement et je suis stable sur mes jambes. Presque.

« Désolée… Je vais régler ça tu veux bien ? »


Pas que je te laisse le choix hein ? Je me sens déjà assez coupable de t’avoir embarqué avec moi. Je t’avais prévenu que je te blesserais. Je pensais juste que ça prendrait plus de temps. Voilà. Ca fait mal. Je me force au calme, malgré la douleur de la culpabilité, malgré mon envie de partir en courant de cet hôpital. Me voilà stable. Définitivement. Je m’approche de la porte où se tient Nath. Ses yeux roulent dans ses orbites. Je lui souris. Sans nul doute pitoyable. Je lâche ma perche et le pouce doucement mais fermement loin de la porte.

Je suppose que si ce que je venais de dire ne l’avait pas choqué, je n’aurais pas pu le pousser. Les coups ont cessés contre la porte. Je l’ouvre en conséquence. Je me glisse dans l’entrebaillement.

« Vous avez besoin de quelque chose ? »


Je souris toujours. Un sourire dur. Je vois qu’ils ne s’attendaient pas à me voir émerger si tôt. Désolée mon chou, mais j’ai développé une certaine résistance envers ce genre de drogues. La force de l’habitude on dira. La stupeur passée il me demande :

« Le blond il est où ?
- Dans ma chambre. »


Ils sont trois. Un vigile, un aide-soignant et je dirais un interne au pif. Trois baraqués. Je souris, presque amusée. Ils font mine de vouloir me contourner. Je reste plantée dans l’embrasure de la porte.

« Vous ne passerez pas tant que vous aurez dans la tête de cogner sur mon ami.

- Et tu comptes nous en empêcher ?
- A moins que l’un de vous ne soit marionnettiste de haut vol, vous ne passerez pas en effet. »


Ce n’est pas un ordre. Juste un constat. Même dans cet état pitoyable je sais que je peux leur régler leur compte à tous les trois… Sans rien leur casser je n’en suis pas sûre. Mais j’essaierais. J’imagine que la vision d’une fille somme toute pas très grande, somme toute pas très impressionnante, ne leur fait pas peur. Surtout quand la fille en question traine sa perfusion et porte un pyjama d’hôpital, ces espèces de blouses immondes qui tiennent liées dans le dos. Lié ou pas en fait je sens un courant d’air le long de ma colonne vertébrale, j’imagine que mon dragon est de sortie.

« Ne vous fiez pas aux apparences. Vous pensez pouvoir me bousculer, je suis sûre de pouvoir vous passer par la fenêtre. »


Je souris. Dangereuse. Soudain ils doutent. Je sais ce que je dégage actuellement, une froide et sombre détermination. Je ne ressens aucune crainte, et cela suffit à les faire douter. Je souris. Je ne veux pas la bagarre s’ils viennent ils me trouveront. Une main essaye de m’écarter, je m’efface et attrapant le poignet de l’homme donne un petit peu plus d’élan au mouvement tout en le basculant. Mouvement qui s’achève en douceur sur le sol. C’est plus un pas de danse qu’une prise d’art martial. Je retiens le plus gros de sa chute pour qu’il ne se blesse pas.

« Il a blessé nos collègues. »


L’interne, ou peut être un médecin malgré son apparente jeunesse, tente une autre voie. C’est un argument raisonnable. Ca je peux l’accepter. J’acquiesce. Je suis calme.

« Et il s’en excusera.
- Ca ne suffira pas.
- Pourtant ça devra.
- En quel honneur je devrais vous écouter ?
- En l’honneur que vous avez laissé un gamin paniqué errer dans les couloirs de l’hôpital pendant… Je dirais huit heures ? Alors que votre rôle est d’aider. A Terrae plus que nulle part ailleurs.
- Vous nous aviez interdit de lui parler de votre hospitalisation.
- Je vous avais demandé de ne pas lui montrer mes radios et de ne pas aborder mes antécédents. Pas de ne rien lui dire de mon état. Il m’a portée depuis l’école jusque ici, vous vous attendiez à quoi comme réaction ?
- Il n’avait pas à faire ce qu’il a fait.
- Je suis d’accord mais quel choix lui avez-vous laissé ?

- On attendait votre réveil. Le devoir de confidentialité.
- « Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. » Aux dernières nouvelles ce n’est pas rompre le serment d’Hippocrate que de dire à un gamin que son amie va bien ou de lui laisser constater. Surtout qu’étant majeure et sans famille la personne m’ayant accompagnée peut être considérée comme un proche… Enfin moi je dis ça, j’imagine qu’un peu de bon sens…
- Il n’a pas su nous dire votre nom. Il a dit qu’on vous appelait Ipiu.
- C’est le nom que je porte à Terrae en même temps… »


L’interne me regarde vraiment d’un air chelou. Oui je connais le serment d’Hippocrate, et si je lui en ai offerte une version en japonais je pourrais tout aussi bien le lui citer en latin. Tout comme je pourrais lui citer le code d’Hammurabi dans sa langue originelle. Je ferme les yeux. Je vais moyennement bien. Assez pour tenir debout, assez peu pour avoir l’impression qu’un tambour frappe dans ma tête.

« Maintenant, sachez qu’il ne quittera pas cette chambre, si vous voulez nous passer un savon, faites donc. On vous écoute, on a des excuses à présenter, mais certainement pas à vous. A vos collègues sans nul doute. »


La pression dans l’ai est retombée. J’aide l’homme à terre à se relever. Je l’avais maintenu au sol par habitude. Dans une position un peu douloureuse mais pas trop.

« Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser. »


Je souris avec douceur. Parce que je l’ai compris aujourd’hui, offrir de la douceur marche mieux que la violence. Je n’ai nulle animosité envers eux. Je sens qu’ils vont lâcher l’affaire avant qu’ils ne le fassent. D’autres accourent.

« Je vous laisse ramener le calme, quand vos collègues seront soignés, nous irons nous excuser auprès d’eux. Ne vous inquiétez pas, nous ne ferons pas d’autres remous de tout mon séjour ici. »


Il incline la tête peu convaincu, pourtant il opine. Je retourne dans la chambre dont je ferme la porte. On a besoin d’une conversation avec Nathanaël, j’en ai conscience. Il a besoin de réponses. Autant que j’ai besoin de les lui cacher. La porte fermée je me laisse glisser le dos contre cette dernière. Ca va pas top. Je suis sonnée. Mais j’ai connu pire.

« Désolée de t’avoir mêlé à ça. Je t’avais prévenu, je ne suis pas une bonne fréquentation.»

Je me redresse péniblement. Le carrelage est trop froid. Je ne peux pas me permettre d’y rester prostrée. Me tenant à la perche de mes perfusions je m’avance péniblement vers le lit où je m’assis.

« Tu veux qu’on en parle ? »


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##   Mar 27 Jan 2015 - 21:51
Nathanaël Lancer

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Nathanaël s'éloigna de quelques pas, se retourna et constata, avec soulagement, que l'Étoile semblait moins effrayée. Il lui offrit un dernier sourire gêné avant de reprendre sa route vers la porte. Il regrettait ce qui s'était passé, pas le résultat, non, il était content d'avoir pu la voir, lui parler, mais le moyen utilisé. Il avait blessé des gens. Il aurait pu faire les choses avec beaucoup plus de subtilité, d'intelligence, au lieu d'entrer dans ce mode berserk et de tout détruire sur son passage. Il aurait pu, par exemple, se renseigner auprès du panneau d'affichage indiquant la spécialisation par étage. Cela lui aurait déjà donné une piste. Il aurait aussi pu laisser traîner ses oreilles dans les couloirs. Oui, mais cela lui aurait pris du temps et du temps, il en avait déjà assez perdu. Le Terre avait alors cédé à l’impulsivité, à sa colère et cela le décevait. Lui, d'habitude si calme, si posé, il s'était laissé emporter par ses émotions. Il avait dévoilé un nouvel aspect de sa personnalité. Il venait de démontrer qu'il était prêt à tout pour les gens qui comptaient pour lui, comme lorsqu'il s'était battu contre les hommes qui en voulaient à son frère. Oui, mais voilà... la violence engendrait la violence et il était bien placé pour le savoir. La dernière fois, tout s'était terminé en bain de sang. Le Titan frissonna. Il savait qu'il allait payer cher son comportement et il l'assumerait sans broncher. Il espérait seulement qu'il serait le seul mis en cause.

« Reste. »

Nathanaël se figea. Il n'était qu'à deux pas de la porte. Ce simple mot fit s'accélérer les battements de son cœur. Avait-il bien entendu ? Il se retourna lentement et vit que la Tonnerre trafiquait ses perfusions. Il ne dit rien. Elle savait sûrement ce qu'elle faisait. Puis, elle s'excusa. Le jeune homme ne comprit pas. Qu'y avait-t-il donc bien pu avoir dans son passé ? Avait-elle été battue ? Cela expliquerait pourquoi elle n'avait pas souhaité l'avoir près de lui. Elle aurait eu peur de sa réaction à la vue des radios. Pourtant, cela ne collait pas. Quelque chose manquait, n'était pas logique. Le Terre observa la Sensitive se lever sans bouger. Elle ne devrait pas faire cela. Elle avait besoin de repos. Elle était encore trop faible et pourtant, elle lui prouvait le contraire. Il avait tort, toujours. Elle était forte ! L'Étoile attendit de trouver sa stabilité avant de s'avancer vers lui. Sa question n'en était pas vraiment une, plutôt une manière douce de lui annoncer qu'il n'avait pas le choix. Une fois à sa hauteur, elle lui sourit et le poussa doucement sur le côté. Nathanaël se laissa faire, encore un peu sous le choc de la voir se lever ainsi et de ne toujours pas comprendre ce qu'elle venait d'à moitié lui révéler. Il vint se placer dos au mur, décidant de la laisser faire, et fixa le paysage devant lui, à travers la fenêtre. Allait-elle se battre pour lui ?

Le Titan ne perdit pas un seul mot de la conversation qui suivit. Il était partagé entre un sentiment de culpabilité d'avoir agi comme il l'avait fait, mais aussi parce qu'il n'assumait pas ses actes. C'était elle qui les assumait à sa place. Il hésita un instant à la rejoindre, mais elle lui avait fait comprendre que ce n'était pas envisageable. De plus, vu la colère des hommes dans le couloir, il n'était pas sûr d'avoir le temps de parler. Il se contenta d'attendre, appréciant l'habileté rhétorique de la Sensitive. Elle était vraiment douée et ne se laissait pas démonter par les arguments de ses interlocuteurs. Elle maîtrisait la discussion et, de ce fait, la situation.

Lorsque la Tonnerre referma la porte, le calme était revenu dans l'hôpital, grâce à elle. Nathanaël s'approcha d'elle lorsqu'elle se laissa glisser au sol. Elle devait être épuisée. Elle s'excusa à nouveau et se releva péniblement. Il n'eut pas le temps de réagir, ou de dire quoi que ce soit, que, déjà, elle se trouvait debout et se dirigeait vers son lit. Le Titan détourna le regard lorsqu'il se trouva dans son dos. Il jugeait que c'était une question de respect de sa personne. Les pyjamas d'hôpital ne sont pas très... pudiques. Il avait cependant eu le temps de voir le tatouage en forme de dragon qui parcourrait son dos avant de se rendre compte de ce qu'il regardait. Il fit donc semblant de s'intéresser particulièrement au paysage visible à travers la fenêtre. Lorsqu'il l'entendit s'asseoir, le Terre se retourna enfin. Il hésita un instant à venir se poser à côté de l'Étoile, mais finit par privilégier le mur en face d'elle.

Ne t'excuse pas. C'est moi qui ai fait l'imbécile. Merci de m'avoir défendu et de m'avoir sorti de cette situation pour le moins compliquée.

Nathanaël eut, à nouveau, un petit sourire gêné, mais retrouva rapidement son sérieux, car elle avait un ton bien trop grave.

Oui, j'aimerais bien, je l'avoue... mais je ne souhaite pas te forcer. J'aimerais comprendre ce qui se passe, tu t'en doutes, mais je ne veux pas que ce soit à ton détriment. Je pense pouvoir vivre avec ça...

... pour le moment, mais cela, il ne l'exprima pas, car il ne voulait pas qu'elle se sente mal à l'aise si elle décidait de ne rien lui dire. Il l'observait à présent avec gravité, car si elle prenait cette décision, celle de continuer à lui cacher ce qu'elle n'osait pas lui révéler, alors il saurait, avec certitude, qu'il s'agissait de quelque chose de très grave et de très pénible. Il ne pourrait alors s'empêcher de craindre le pire et de s'imaginer toutes sortes de choses horribles. Parfois la vérité, même la plus dur et la plus terrible, vallait mieux que l'imagination.


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##   Mar 27 Jan 2015 - 23:51
Ipiu Raspberry

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Je m’attends à beaucoup de choses en m’affaissant sur le lit. Je me sens fatiguée. Pas seulement physiquement. Je suis éreintée. J’en ai ma claque. La discussion à venir va être éprouvante et je suis fatiguée avant même de l’entamer. C’est le genre de discussion qu’on voudrait ne jamais avoir. Un peu comme lorsque après une relation amoureuse qui dure depuis très longtemps avec quelqu’un. Quand on partage la vie de l’être aimé et que l’habitude et l’affection ont remplacé la passion on craint de se poser la question : est-ce encore de l’amour ? et on fuit cette confrontation à l’autre où l’on se demande « est-ce que ça vaut encore la peine d’être vécu à deux ? »

Bon j’imagine ce genre de moment. Je ne l’ai jamais vécu. C’est dommage je pense. Et en même temps. En même temps, je peux comprendre cette lassitude. Cette crainte qui doit entourer un nœud de l’existence par lequel on ne peut que passer. Je sais que je serais obligée de passer par une confrontation avec le jeune homme.

Je m’attends à ce qu’il soit blessé. Qu’il m’en veuille. En même temps c’est un peu légèrement moi qui ai indiqué aux médecins de fermer leur grande gueule. Même si je pensais qu’ils auraient le bon sens de lui dire que j’allais bien et de lui dire que c’était une intervention bégnine. La pose de proche à ce niveau est chiante mais rapide, les nombreux nerfs et ligaments passent en antérieur de la main, on a une bonne voie d’accès en postérieur. Enfin, c’est pas très méchant même si on doit consolider et tout et tout. C’est pas comme si je m’étais pété un os compliqué.

Je pense qu’il a toutes les raisons de m’en vouloir. Je lui ai prouvé que je ne lui faisais pas confiance. Pas assez pour partager mon passé avec lui… enfin du moins c’est ce qu’il devrait penser. Aussi je suis plutôt surprise de la tournure que prennent les choses. Je me réfugie plus ou moins sous mes couvertures. Je grelotte. Fait chier.

En même temps, ça fait quasi quatre mois que je régule ma thermogénèse avec mon pouvoir. J’m’attendais à quoi ? Là je ne sens plus qu’un léger frémissement. Ce n’est pas comme tout à l’heure, où je n’avais plus rien. Là c’est présent, mais tellement infime que je ne peux m’en saisir. Je tire la couverture. Brrrrr.

Je m’attendais à me faire engueuler et en fait… son calme est peut-être plus violent que son énervement. Son calme est tellement… Insensé. Pour la première fois je ne le comprends plus vraiment. Enfin un peu. Il s’en veut. Je m’en veux égalité la balle au centre. Je ne compte pas jouer à qui est le plus coupable.

« Je suppose qu’on aura encore des problèmes. ON. Nous deux. Autant responsable l’un que l’autre de ces évènements. Tu comprends ? Tu n'es pas l'unique responsable de ce qui s'est passé, ne porte pas la culpabilité seul. »


Oui on est deux dans ce merdier. Si j’ai calmé le jeu, et si personne ne se battra plus, je ne m’attends pas à ce que tout soit pardonné et oublié. L’éponge ne sera pas passée si facilement. La violence a cela de particulier qu’elle se propage. Je suis un catalyseur. J’ai l’impression que peu importe l’endroit où je me trouve j’attire la violence. Je ne suis pourtant pas assez bête pour penser que je provoque cette violence. Le monde est violent.

Il est calme est plein d’appréhension quand il répond à ma question. Je lui ai ouvert une porte qu’il n’aurait pas poussée seul. Ses mots le confirment. J’hésite. Cherchant le juste milieu entre ce que je peux dire et ce que je dois dire. C’est pas nécessairement évident. Je dois lui dire la vérité sans l’inquiéter de trop.

« J’ai été trop régulièrement battue pendant mes jeunes années… »


J’ai pris un méga supra raccourcit. Mais c’est la vérité après tout. Je lui fais confiance. Je sais qu’il va s’inquiéter. Je sais que mon silence est en lui-même un mensonge. Je resserre ma couverture sur mes épaules. Je me sens vieille et sale. Salie par la vie que j’ai menée.

« On va simplifier une longue histoire en disant qu'on ne m’a ni laissé le temps de grandir, ni  le temps de devenir une personne. »


Je ferme le yeux me callant contre mes coussins. Je ne suis pas capable de dire plus. Je pourrais lui parler de la torture, des viols, de tant de choses. Terribles. Injustes. Abominables. Mais les mots ne sortiront pas. Parce que derrière eux se cachent une seule vérité. Je n’ai jamais étais une personne.


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##   Mer 28 Jan 2015 - 10:42
Nathanaël Lancer

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Partager cette culpabilité ? Cela lui parut inconcevable. Non, Nathanaël ne comprenait pas. Ok, elle avait exigé des médecins qu'ils ne le tienne pas informé de son passé, mais elle ne leur avait pas demandé de ne rien lui dire. C'était aux personnels hospitaliers de se sentir coupable avec lui, pas elle. Le Terre décida cependant de ne rien ajouter pour le moment. Il n'aimait pas savoir qu'elle culpabilisait pour rien, mais il avait l'intuition qu'il ne parviendrait pas à la raisonner. Alors, plutôt que d'entrer dans une conversation de sourd, il préféra se taire. L'Étoile semblait hésiter sur ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire, ou lui cacher. Le Titan comprit qu'il ne saurait pas tout, pas encore. Il retint un soupir. Sa patience était mise à rude épreuve, mais il tiendrait bon. Il aurait pu se sentir vexé qu'elle ne veuille toujours pas partager cela avec lui, mais il ne la jugeait pas. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu et les souffrances que cela représentait pour elle. Alors, il n'avait pas le droit d'exiger quoi que ce soit. Nathanaël se demanda s'il pouvait parler de son vide à la jeune femme. Il n'avait toujours pas fait le deuil, mais il supportait bien mieux ces souvenirs qu'à son arrivée à Terrae. Oui, il pourrait certainement lui en faire part, mais pas sans douleur. Il n'était pas sûr d'arriver au bout de son histoire sans pleurer. Après tout, il s'en voulait encore d'avoir survécu, alors que tout le reste de sa famille avait été tuée. Le Terre chassa ces pensées qui le mettaient mal à l'aise et il se concentra sur la situation présente, car la Sensitive se remettait à parler.

Ainsi, elle avait effectivement été battue. Il serra les poings. Elle lui en disait trop et pas assez en même temps. Son « raccourcis », comme elle l'appelait, l'embêtait profondément, car il y avait encore bien trop de zones d'ombre. Pourquoi était-elle dangereuse, dans ce cas ? Être battue ne faisait pas d'elle une criminelle. Avait-elle peur que la ou les personnes lui ayant causé ces souffrances ne viennent la chercher à Terrae ? Ou alors, peut-être avait-elle réglé le problème elle-même et elle regrettait son geste ? Et puis tout son savoir, toutes ses compétences, d'où venaient-ils ? Il se rappela brièvement la manière dont elle avait rejoint sa chambre ce matin-là. Un enfant battu apprenait de nombreuses choses, comme détecter sur le visage des gens ce qu'ils ressentent ou ce qu'ils envisagent de faire. Il y avait aussi le développement de nombreux mécanismes d'autodéfense. Mais cela n'aurait jamais contribué à une telle maîtrise de soi-même. Et puis, il y avait eu Ipiu et, ensuite, sa « disparition ». Pourquoi ? Non, décidément, il ne comprendrait pas sans aide. Nathanaël serra les lèvres. Il lui avait dit pouvoir vivre avec l'ignorance, lui qui était si curieux et si désireux de savoir, alors il respecterait ses paroles. Cependant, à présent que la porte s'était légèrement ouverte, cela n'en serait que plus dur.

Le jeune homme hésita un instant à se rapprocher d'elle, mais il y renonça. Il ne savait plus vraiment comment réagir, plus quoi faire. Il avait peur de la blesser ou, simplement, de faire quelque chose de désagréable. Si elle avait été battue, sans doute certains gestes lui devenaient pénibles. Et comme elle ne lui dévoilait pas tout, il craignait que la réalité ne soit bien pire. De ce fait, il décida de se contenter de son bout de mur à environ un mètre et demi du lit de la Tonnerre. Suffisamment loin pour ne pas la gêner, pas assez pour qu'elle se sente seule.

Je suis vraiment navrée d'apprendre ce qui t'est arrivé. J'espère que tu trouveras à Terrae ce temps qui t'a été volé.

Sa voix était douce et triste. Oui, le Terre était profondément triste pour elle et il espérait sincèrement qu'elle parviendrait à se reconstruire ici, car c'était, après tout, le but de ce lieu : un sanctuaire pour tous ceux qui ont souffert et vécu le vide, un sanctuaire pour réapprendre à vivre.

Sache que, si je peux t'être utile pour quoi que ce soit, je suis là. N'hésite pas.

Le Titan lui offrit un doux sourire. L'Étoile le savait certainement déjà, mais il avait ressenti le besoin de l'exprimer à nouveau, pour être sûr que le message était bien passé et qu'elle n'hésiterait pas à lui demander son aide. Elle grelotta à nouveau. Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Quittant son mur, il s'approcha de l'armoire murale présente dans la chambre et l'ouvrit. Il y découvrit les affaires de la jeune femme roulées dans un sac en plastique et, à l'étage inférieur, un duvet bien chaud. Il s'en saisit, enleva l'emballage plastique qui le protégeait de la poussière et revint vers le lit. Le Terre le plaça ensuite délicatement par-dessus la couverture qui couvrait déjà la Tonnerre.

Voilà, je peux au moins faire ça.

Nathanaël lui sourit à nouveau et s'installa, après une dernière hésitation, au pied de son lit après avoir arrangé le duvet pour que le froid ne puisse pas circuler. Une chose dont il était certain, c'était, qu'après avoir vécu un enfer, elle devait avoir besoin de douceur et d'une présence amicale et fiable sur laquelle se reposer. L'Étoile avait choisi de ne plus le fuir, alors il ferait tout pour être digne de sa confiance.


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##   Mer 28 Jan 2015 - 22:27
Ipiu Raspberry

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Le froid. Le froid au final vient de moi. Le froid vient de l’intérieur. Le cœur qui jadis aurait pu battre n’est qu’une pierre battue par le vent froid de désespoir. Malgré l’attention que je porte à Nathanaël. Malgré mes efforts pour paraitre. Je ne suis pas.

Je veux sincèrement m’intéresser à lui, j’aimerais lui offrir ce dont il a besoin. Je sais que ce que je dis n’est pas ce qu’il attend. Au final je ne lui ai rien dit. Je ne lui ai pas vraiment parlé de ce que j’ai vécu, et je ne lui ai pas dit qui je suis.

Tout simplement car c’est une question sans réponse. Je n’existe pas. Je suis vide. J’ai vécu plus d’expériences qu’à mon tour et pourtant je n’ai rien vécu. C’est un peu contradictoire, mais lorsque l’on subit, lorsque l’on est passif devant sa propre existence on ne vit pas. Je n’existe pas. Et c’est froid.

Tout est glacé. Même mes sentiments pour lui n’existent pas réellement. Je pose un regard terne sur lui me demandant sincèrement ce que je ressens pour lui. Sauf. Sauf que je ne ressens rien de particulier en fait. J’ai besoin de le protéger, et il sait me bouleverser. Seulement j’ai un peu l’impression que ça s’arrête là maintenant que je ne ressens plus ses sentiments, je me rends compte que les miens n’existent pas.

En fait. C’est peut-être ça le problème. Mes pouvoirs. Quand ils ne sont pas là… Je ne ressens pas tout ça. Je ne ressens rien. Je souffre peut-être un peu moins maintenant que je ne suis plus influencée par ce qui m’entoure. Par ceux qui m’entourent. Je me demande à quel point les sentiments d’autrui influencent les miens. Sans doute assez pour que je me sente inhumaine maintenant.

Non. En fait cela fait longtemps que j’ai ce sentiment de froid. La couette qu’il rajoute ne change pas vraiment ma condition. Je ne suis même pas frissonnante, non le froid est plus profondément enfoui en moi. Je suppose que j’ai tellement pris l’habitude de réchauffer artificiellement mon corps avec mes pouvoirs pour qu’il ne se défende plus par lui-même du froid. Il n’essaie plus d’augmenter par lui-même sa température. Bien fait pour ta gueule je pense. Mon âme et mon corps ne sont plus au final qu’entretenus par mon pouvoir.

Nath a dit qu’il était navré, et ça me ferait presque rire. Au final on a la vie que l’on mérite. Je suppose que j’aurais été quelqu’un de bien, quelqu’un avec des sentiments, peut-être que ma vie aurait été merveilleuse. Ou peut-être pas.

« Ne soit pas navré, ça n’est ni drôle, ni désolant. C’est ce qui est arrivé. Point. Le temps que j’ai perdu, est perdu. J’ai mérité ce qui m’est arrivé, mais comme beaucoup de choses c’est du passé.»


Ma voix est peut-être un peu dure, ce n’est pas voulu. Mais merde. J’ai mérité la souffrance, j’ai mérité le froid qui me transit. J’ai mérité tout ça dès l’instant où j’ai désiré continuer. Concrètement on ne m’a pas empêchée de tenter de me suicider. Je n’ai plus fais de tentative je dirais après… La première année ? J’imagine qu’à cette époque je pensais que demain serait moins pire. Sauf que ça ne l’a jamais été. Alors oui, j'aurais pu tout arrêter, la souffrance, donnée et reçue... Mais je ne l'ai pas fait, dès lors les vies que j'ai prises pèseront toujours sur mes épaules sans moindre chance de pardon. J'ai toujours eu le choix;

J’ai froid. J’aimerais grelotter. Comme ça je le réchaufferais un peu. Je soupire intérieurement, me mettant à remuer mes muscles les uns après les autres pour créer un peu de chaleur que mon corps ne se résout à produire par lui-même. On se débrouille comme on peut, mais clairement la couverture ne sert à rien si je ne dégage pas ma propre chaleur. Enfin je suppose.

J’ai froid, et regardant le dos du jeune homme je me rappelle que le sol était glacé. Alors je continue la mascarade où je me suis empêtrée, je ne pense pas être quelqu’un de prévenant. Je ne pense pas être quelqu’un de doux. Alors je me demande bien pourquoi je me préoccupe du fait que ce môme ait froid.

« Allez je te passe une partie du lit, ou prend une chaise…. Ou je sais pas mais, s’il te plait n’attrape pas la crève dans un hôpital ! Ca serait un comble ! »


Je me décale, rabattant mes jambes contre mon torse. Le lit semble bien trop grand pour moi tout à coup. C’pas ma faute si je suis menue. Bon certes, je pourrais manger un peu plus… Mais je trouve que je me force déjà assez pour garder le peu de nourriture que j’engloutis. Tout me dégoute…


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##   Mer 28 Jan 2015 - 23:32
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Nathanaël était profondément choqué par ce que l'Étoile venait de dire. Pas sa proposition de se rapprocher d'elle pour qu'il n'ait pas froid, non. Cette idée aurait pu l'étonner un petit peu, si elle n'avait pas été totalement occultée par ses précédents propos. Ce qu'elle avait dit, avait eu l'effet d'un coup de poing. Il en avait eu le souffle coupé. La Tonnerre avait mérité ce qui lui était arrivé ? Pourquoi penser cela ? Comment pouvait-elle penser cela ?!? Nathanaël se demanda soudain, si lui aussi, du coup, avait mérité tout ça, si tous les élèves de Terrae avaient mérité leurs souffrances ? Qu'avaient-ils bien pu faire, tous, pour mériter ça ? Et elle, qu'avait-elle bien pu faire pour croire cela ? Que regrettait-elle autant ? Pourquoi s'en voulait-elle à ce point ? Il sentait qu'il était comme une bombe prête à exploser. Le Terre ne supportait pas de la voir ainsi, de savoir que la Sensitive avait ce genre de pensées. Il ne pouvait le tolérer, car il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas, car elle ne voulait pas lui expliquer, mais elle lui donnait les informations au compte-goutte et lui, il devait deviner. Ses poings se serrèrent, chiffonnant les draps, sans qu'il ne s'en rende compte.

Le Titan finit par se lever et faire les cent pas dans la chambre. Il avait besoin de mouvements, d'évacuer toute cette énergie qui s'accumulait dangereusement pour éviter une nouvelle bêtise. Il avait déjà atteint le quota autorisé pour la journée. Il était en colère et il avait besoin de se maîtriser. Personne ne méritait de vivre ce vide, cette douleur, peu importe ce qu'on avait fait ou pas fait. La souffrance faisait partie de la vie, c'était une évidence, mais ressentir une telle douleur, cela ne devrait pas être permis. Il repensa à sa vie, ses joies et ses peines. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter son vide ? Était-il trop intelligent ? Trop beau ? Trop arrogant ? Trop orgueilleux ? Est-ce que ses défauts justifiaient une telle horreur ? Est-ce que les souffrances qu'il avait causées à toutes ces filles qui lui courraient après étaient la cause de son propre malheur ? Est-ce qu'on payait, un jour, le mal qu'on faisait aux autres, que cela soit intentionnel ou non ? Ou alors, c'était parce qu'il avait eu une enfance heureuse et que de nombreux enfants sur Terre n'en avaient pas ? Alors, il fallait un équilibre ? C'était ça ? Personne n'avait le droit d'être heureux par soucis de parité ? Parce que beaucoup de gens étaient malheureux ?

Le Terre arrêta enfin d'user le sol de la chambre d'hôpital et fixa la jeune femme. Il était toujours en colère, mais il savait qu'il parviendrait à la maîtriser, à se maîtriser. Il prit une profonde inspiration, puis vint s'asseoir près d'elle, là où la Tonnerre lui avait fait de la place, mais il resta au bord du lit, face à elle. Il planta son regard dans le sien.

Je t'interdis de dire ça. Je ne sais pas ce que tu as fait, ou pas fait. Tu ne souhaites pas m'en parler. Pas grave, j'accepte. Mais sache qu'aucun enfant ne mérite d'être battu et si quelqu'un t'a mis cette idée dans le crâne, c'est un imbécile et un manipulateur.

Les mots n'étaient peut-être pas les mieux choisis et le ton était sans doute un peu dur. Pourtant, Nathanaël ne put s'empêcher de prendre délicatement le menton de la jeune femme dans sa main. Une douce caresse.

Tu n'as pas mérité ce qui t'es arrivée. Tu l'as subi...

Son ton s'était adouci. L'Étoile lui avait avoué manquer de confiance en elle, mais ce n'était pas la seule chose qui lui faisait défaut. Il fallait aussi qu'elle retrouve un peu d'estime de soi.


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##   Jeu 29 Jan 2015 - 0:26
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Imbécile ? Manipulateur ? Autant le premier mot correspondrait mal autant le second correspondrait bien. Je suis lasse de devoir expliquer mes actes. Lasse de devoir lui expliquer mes paroles. Pourquoi je passe ma vie à expliquer aux gens ? Pourquoi je passe ma vie à demander pardon ?

J’ai froid. Encore et toujours. Je continue à faire bouger mes muscles un par un pour réguler un peu. Même si cela m’apporte un peu de réconfort, cela me fatigue. Je déteste les antidouleurs. Ils me chouttent. Je suis lucide, mais épuisée alors que j’ai dormi pendant plusieurs heures.

Je me sens fatiguée de ce petit jeu. Il veut encore et toujours ce qui ne lui appartient pas. Il veut le droit de juger mes actes et mes paroles. Sauf que mes paroles il n’a pas le droit de les interpréter. Je ne parle pas à tort et à travers. Je suis convaincue, intimement de ce que je dis. Je fronce les sourcils…

« Tu n’as rien à m’interdire. Que ce soit clair. »


Tu ne connais pas mon histoire et tu ne la connaitras jamais. Si tu n’acceptes pas mon jugement, tant pis. Moi je SAIS ce que j’ai fait. MERDE. Ce que j’ai vécu je l’ai vécu par ma faute. Je détourne les yeux. Je comprends ce qu’il dit tout en sachant que ses mots ne s’appliquent pas à mon cas. Oui j’ai subi, mais j’ai aussi beaucoup agit.

Sa main est chaude sur ma joue. Elle est bien plus chaude que moi. Sans trop réaliser et malgré toute les paroles blessantes que je viens de lui dire je me tends vers cette main. Instinct de survie peut être. J’ai besoin de cette chaleur.

Je n’ai pas à me justifier. Ca m’énerve d’autant plus de devoir le faire. J’ai raconté mon histoire à Hideko. A Aaron aussi. Alors pourquoi je ne veux pas la lui raconter à lui ? Je sais. Il me prendrait pour la victime. Sauf que je ne suis pas une victime. Je suis un bourreau. Alors oui je suis en colère parce qu’il se permet de me sortir ce que tout le monde sait. Un enfant n’est pas responsable ce qui lui arrive.

Sauf que j’étais consciente quand j’ai tué ce type, même gamine. L’âge ne signifie rien. Quand on sait se défendre, quand on a tué, l’âge n’a plus la moindre importance. Mais ça. Peut-être qu’il le sait. Et peut-être pas. Je regarde ma main immobilisée et l’autre gênée par la perfusion dans son dos.

Je pense que sans ces deux gênes je serais allée au bout de ma démonstration. J’aurais peut-être… Oui je l’aurais embrassé et basculé en arrière, prenant le dessus sur lui, se faisant je lui aurais demandé si subir nous privait toujours de notre liberté d’action ? Parce que oui. J’ai beaucoup subi dans ma vie, mais j’aurais pu lutter. Je ne l’ai jamais fait.

« J’ai choisi de ne pas résister. J’ai accepté. C’est sans doute la pire des choses que puisse faire un être humain, accepter la violence. Moi je l’ai accepté comme part entière de ma vie. J’ai tout accepté, la violence l’ignominie. Tout. Alors ne dis pas que ce n’était pas ma faute. J’aurais pu changer ma vie. Je ne l’ai pas fait. J'ai fait ce que l'on attendait de moi. »


Je ne le regarde cette fois-ci dans les yeux. Je le défie de me contre dire. Allez vas-y !


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##   Lun 2 Fév 2015 - 19:53
Nathanaël Lancer

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L'Étoile planta son regard dans celui du jeune homme qui laissa sa main retomber mollement sur le drap blanc. Il était un peu abasourdi par ce qu'elle venait de lui dire. Comme toujours, il ne comprenait pas. Qu'avait-elle accepté ? D'être battue ? Comment pouvait-elle se reprocher d'avoir accepté cette violence. Elle avait dit l'avoir été pendant ses jeunes années, donc elle devait être enfant, cela il l'avait déjà déduit. Alors, pourquoi se reprocher de ne rien avoir fait ? Souvent, les enfants battus étaient persuadés qu'ils le méritaient, qu'ils avaient fait quelque chose de mal, mais elle n'était plus une fillette ! La Sensitive était une adulte à présent. Le Titan n'arrivait pas à croire qu'elle n'avait pas encore dépassé ce stade. Qu'elle se sentait toujours coupable pour cela. Et quand bien même elle aurait eu conscience qu'elle n'y était pour rien, qu'est-ce qu'un bambin pouvait faire ? Se plaindre auprès des adultes, certes, mais encore fallait-il qu'on le croie. Il en fallait du courage pour dénoncer quelqu'un, face à la menace des coups. Un enfant n'avait pas le discernement et le raisonnement pour faire ça, il en était persuadé. Aujourd'hui, elle aurait sans doute la force pour dire stop, pour faire que tout cela s'arrête, mais pas à l'époque. La Tonnerre devait se remettre dans le contexte et ne pas se reprocher un comportement, somme toute, normal pour un bambin. Elle était une victime !

Bon sang, tu ne peux pas te reprocher de ne pas avoir réagi quand tu n'étais qu'une gamine ! Ce n'est...

Nathanaël s'arrêta net et secoua la tête. Il n'avait pas le droit de faire cela, pas après ce qu'il lui avait dit. Bien sûr, il était persuadé que ce n'était pas un crime d'être la victime de violence et que ce n'était pas faire preuve de lâcheté que de ne rien dire. Elle était jeune et avait certainement eu peur. Il ne fallait pas qu'elle réfléchisse avec sa conscience et sa maturité actuelle pour juger de ce qu'elle avait fait, ou pas, à ce moment-là. Le problème, c'était qu'en réagissant comme il le faisait, le Terre la forçait indirectement et sournoisement à parler, à lui expliquer ce qu'elle avait vécu, parce qu'il ne comprenait pas. Or, il lui avait dit qu'il ne souhaitait pas la forcer à parler, justement. Qu'elle ne devait lui parler de son passé que si cela ne la blessait pas, que si elle était prête à le faire. Le jeune homme reniait ses propres paroles, exprimées quelques minutes plus tôt. Ce n'était pas le moment, voilà tout. Il devait être patient et il devait réfléchir à tout cela, au calme et à tête reposée. Il lâcha un soupir.

Je te demande pardon, je ne respecte pas ma promesse. Nous ne devrions pas parler de cela maintenant. Tu as besoin de repos.

Bien sûr, le Titan n'acceptait pas la situation et l'état d'esprit de l'Étoile, mais il savait qu'aucun de ses mots ne changeraient rien aujourd'hui. Il avait besoin de plus d'informations pour toucher juste, or il était dans le flou total. Il n'arriverait à rien de cette manière et il risquait de faire plus de mal que de bien. Si la jeune femme était persuadée d'être coupable, c'était qu'il y avait une raison à cela et il devait découvrir laquelle sans son aide, pour pouvoir l'épauler par la suite. Le Terre savait qu'il jouait à un jeu dangereux, car la Sensitive pouvait lui reprocher de ne pas se mêler de ses affaires, mais il ne pouvait pas rester là sans rien faire.

Nathanaël décida de bouger et vint s'asseoir à côté d'elle. Elle avait l'air si fatigué et elle grelottait toujours, malgré le duvet. Puis, il lui passa un bras autour de l'épaule et l'attira vers lui.

Viens, tu es glacée.

De sa main libre, il lui frotta doucement l'épaule pour la réchauffer. Tout cela, il le fit en prenant garde à ne pas lui faire mal et à ne pas toucher les perfusions. Son geste était tendre, mais se voulait amical, en apparence du moins, car il sentait son cœur bouillonner. Le Titan était content de savoir que la jeune femme ne contrôlait plus ses pouvoirs pour le moment, sinon elle n'aurait pas eu aussi froid et elle aurait certainement réagi différemment en sentant ses émotions. Il avait espéré que la différence d'âge et que la situation l'aiderait à contrôler ses sentiments, mais, malheureusement pour lui, sans doute, il ne pouvait raisonner son cœur. Peut-être n'était-ce pas si bien que cela qu'elle ne se rende compte de rien. Après tout, elle risquait un grand choc quand elle recouvrerait ses pouvoirs et qu'elle remarquerait que cette attirance naissante c'était doucement transformé en quelque chose de plus profond, de plus tendre. Il préférait ne pas y penser. Nathanaël savait qu'il pouvait lui donner ce dont elle avait besoin : un ami. Et il s'en tiendrait à cela.


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##   Lun 2 Fév 2015 - 23:36
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Comment dois-je lui expliquer. Comment ai-je le droit de le faire. Je ferme les yeux. Il doit savoir. Et pourtant. Pourtant je sais. Qu’il ne peut comprendre. Je sais qu’un jour je devrais lui dire. Seulement. Seulement non. Je n’ose pas. Ce qui me fait mal. Cela même qui hante mes nuits, je ne veux pas que cela hante les siennes.

Ce môme il est tellement. Je sais pas. Extraordinaire ? Doux. Droit. Il est. Je ne sais pas. Fort. Peut-être ? Je n’ose le regarder. Je me sens médiocre à son côté. Médiocre et faible.

« Nath. Tu n’as pas à t’excuser. Je te parle par énigmes. Tu ne peux pas comprendre. »

Il me propose son étreinte, et je ne peux que l’accepter. Même si je sais que c’est mal. Même si je sais que je lui demande trop. Au final je lui demande toujours trop. Accepte-moi mais ne cherche pas à savoir qui je suis. Sois près de moi, mais pas trop près. Donne-moi ton amitié mais je ne veux pas de ton amour. Je fixe toujours les limites. Sauf qu’elles sont toutes plus cruelles les unes que les autres.

Parce que je sais bien. Je sais que la seule que j’essaie de protéger c’est moi. Moi qui voudrais qu’il reste auprès de moi. Qui ai besoin de lui, même si je sais que je le blesse. Sans doute que je n’avais qu’une envie tout ce temps, le retrouver. Je profite piteusement de lui. Encore maintenant je me serre contre lui profitant de sa chaleur, niant ses sentiments. Comme si j’avais besoin de mes pouvoirs pour entendre le rythme de son cœur accélérer contre mon oreille. Comme si j’avais besoin de mes pouvoirs pour comprendre son regard. Merde.

Je me dégoute. Encore et toujours plus. Jusqu’à quand creuserais-je dans la médiocrité ? Jusqu’où vais-je me permettre de profiter de lui ? Ca sera quoi la prochaine étape ? Il me laisse tout passer. Comme si j’étais réellement une victime. Je souris tristement. Non. Victime je ne le serais pas.
Je prends une inspiration. Ca fait mal. Je ne veux pas le lui dire. Je le dois. Je romps son étreinte. Je lui dois la vérité.

« Tu vois en moi une victime. Je ne le suis pas. »


Je pose mon regard dans le sien. Je l’accroche. Je ne veux pas qu’il regarde ailleurs. Parce qu’il veut savoir. Regarde moi, celle que je suis.

« On forme une lame en frappant le fer, j’ai été formée ainsi. Les coups que j’ai pris ne sont rien en comparaisons de ceux que j’ai donnés. J’ai tué des gens. Beaucoup. Assez pour ne pas me souvenir de tous leurs noms. De tous leurs visages. J’exécutais mes ordres. Si je suis arrivée à Terrae en temps qu’Ipiu, ce n’était qu’un ordre de plus. J’ai accepté que l’on tue la personne que j’aimais pour arriver ici. Je n’ai jamais été une victime passive, j’ai décidé de ce qui m’arrivait. J’aurais pu me suicider, je ne l’ai jamais fait. Je porte la responsabilité de chacun de mes crimes. »

Je le regarde. Calme malgré mes paroles. Son regard choqué. Je souris. Parce que je ne vais pas pleurer. Ma vie est ce qu’elle est. Je n’attends pas vraiment de lui qu’il comprenne. Je resserre le duvet sur mes épaules. Je ne lui demande pas de m’accepter. S’il veut partir je ne lui en voudrais pas. Je ne le retiendrais pas. Il me détestera sans doute. Au final je veux juste arrêter de profiter de lui. Je veux qu’il arrête de croire que je suis une victime.


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##   Sam 7 Fév 2015 - 0:04
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Lorsque l'Étoile refusa ses excuses, Nathanaël se contenta de hocher légèrement la tête. Oui, elle lui parlait par énigme, oui il ne comprenait pas, mais il n'avait pas le droit d'insister. Il lui avait dit qu'il serait patient et il ne respectait pas son engagement. C'était pour cette raison qu'il lui demandait pardon, pas pour ces tentatives maladroites de lui faire changer d'avis, mais parce qu'il insistait alors qu'il avait promis de ne pas la brusquer. La Sensitive se serra contre lui, accélérant les battements de son cœur sans qu'il ne puisse les contrôler. Quelques secondes passèrent ainsi, en silence, la paix, le calme, mais elle finit par s'éloigner en lui assénant qu'elle n'était pas une victime. Il lâcha un soupir, contrarié. Leur regard s'accrochèrent et le Titan comprit tout de suite qu'elle avait pris sa décision, qu'elle allait enfin lui expliquer. Il culpabilisa pendant une fraction de seconde, le temps qu'elle prenne son inspiration et se mette à parler. Puis, ce fut le choc. Le Terre ne comprit pas tout de suite l'image de la forge et leva un sourcil, interrogateur, mais bientôt, son visage se figea dans une expression de stupeur. La Tonnerre paraissait si calme. Elle lui sourit.

Nathanaël se leva un peu trop brusquement et fit quelques pas pour s'éloigner du lit, pour s'éloigner d'elle. Il s'arrêta au milieu de la chambre, dos à la jeune femme. Il avait besoin d'encaisser le choc, de réfléchir, de comprendre tout ce que cela signifiait pour lui, pour elle, pour les autres. Son regard était perdu dans le vide. L'Étoile avait tué, beaucoup. Cette idée lui revenait sans cesse en tête. Si elle n'avait pas été si sérieuse, peut-être ne l'aurait-il pas crue, peut-être aurait-il cru que la Tonnerre cherchait un nouveau moyen de l'éloigner, qu'elle avait changé d'avis. Non, au final, cela expliquait beaucoup de choses : ses aptitudes, sa culpabilité, son envie de le fuir au premier abord et surtout cela expliquait Ipiu... Le jeune homme se prit la tête entre ses mains, appuyant avec force contre ses tempes, et ferma les yeux. Elle avait sans doute détruit des familles, briser la vie de nombreuses personnes. Il revit les corps sans vie des membres de sa famille. Il frissonna. Avait-elle fait des choses semblables ? Bien sûr, elle venait de le lui avouer. Il sentit des larmes de colère et de tristesse lui monter aux yeux. Comment pouvait-on accepter de commettre de tels actes ?!? Comment pouvait-on accepter ce genre de « travail » ? Ses mains se serrèrent, saisissant ses cheveux avec force, mais sans les arracher. Tout ceci était juste horrible et cela lui faisait mal, tellement mal. Comment pouvait-il ressentir de l'amour pour une meurtrière ? Pour une arme de destruction massive, car elle avait été formée pour ça, pour détruire. Il se dégoûtait ! Le Titan se mit à trembler légèrement. À nouveau, il sentait cette confusion d'émotions qui s'emparaient de lui sans qu'il ne puisse la contrôler. Il serait parvenu à se calmer avant son vide... oui, mais cela paraissait si vague, un lointain souvenir, six mois seulement. Non, il ne pouvait pas, la colère était trop forte. L'Étoile lui avait menti en lui cachant la vérité. Elle l'avait laissé s'attacher à elle !

Nathanaël ouvrit les yeux, le regard embué. Il avait tort ! Une fois de plus, il se trompait et se laissait emporter par la colère qui se dissipa presque instantanément. La Tonnerre avait essayé de le tenir éloigné ! Elle lui avait dit qu'Ipiu n'était plus là, qu'elle était dangereuse, qu'elle le blesserait, voir même qu'elle le tuerait. Ces mots prenaient soudainement une tout autre importance. Elle l'avait prévenu et il n'avait pas écouté. Le Terre fronça les sourcils. Pourquoi n'était-il pas parti ? Qu'est-ce qui l'avait retenu auprès d'une personne qu'il ne connaissait qu'à peine ? Il était resté, car il appréciait Ipiu et qu'il était persuadé qu'elle était toujours là, quelque part. Il était resté, car le comportement de la Sensitive l'avait retenu. Cette manie de le repousser... pour le protéger. Pourquoi ? Pourquoi une meurtrière, qui avait accepté que quelqu'un tue la personne qu'elle aimait pour une mission, se souciait de lui ? Pourquoi se revirement ? Le Titan secoua la tête et vint se placer devant la fenêtre, à moitié penché, les mains posées contre le rebord intérieur. Le soleil était en train de se coucher. Le ciel était rouge comme le sang. Il ferma les yeux. La jeune femme avait changé, voilà pourquoi. Ipiu l'avait changée, sans doute, Terrae aussi. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, car il avait compris un élément essentiel du puzzle. Tout ce qu'elle avait fait et dit ce dernier mois, depuis qu'il avait recommencé à la côtoyer, tout n'avait eu pour seul but que de l'éloigner d'elle pour le protéger et parce qu'elle ne se sentait pas digne de lui. Elle fuyait les gens qu'elle avait connus parce qu'elle culpabilisait et parce qu'elle ne voulait pas les blesser. Tout ceci n'était que des suppositions, mais il était persuadé d'être tombé juste. Cela expliquait beaucoup de choses. Un pan de voile se levait sur ce mystère.

Nathanaël, sans bouger de position, ouvrit les yeux et tourna la tête vers la Tonnerre. Elle ne semblait pas avoir bougé et elle n'avait rien dit, ou alors il ne l'avait pas entendu, trop perdu dans ses pensées. Peut-être attendait-elle que l'orage passe... ou qu'il parte. Non, il ne partirait pas. Elle avait à la fois tort et à la fois raison. Elle était une victime, parce que depuis toute petite on l'avait frappé pour qu'elle devienne cette arme qu'on avait voulu créer, mais elle était aussi coupable des crimes qu'elle avait commis. Même si c'était dur, elle avait eu le choix. Elle avait accepté de survivre, mais pouvait-on le lui reprocher ? Pouvait-on lui en vouloir d'avoir cédé à son instinct de survie ? Le jeune homme se remémora un texte qu'il avait lu concernant des procès ayant eu lieu après la deuxième guerre mondiale. Au-delà de l'aspect historique, c'était surtout le fond philosophique qui était abordé et surtout le concept de responsabilité. En cédant à la menace, l'Étoile avait consenti à soutenir les gens qui l'employaient. Elle avait refusé d'agir librement. Elle aurait pu décider de désobéir, mais elle avait choisi de ne pas le faire. Il y avait bien l'excuse de dire qu'elle n'était pas irremplaçable que si elle n'avait pas fait ce qu'on lui demandait, quelqu'un d'autre aurait pu le faire et l'aurait fait à sa place, mais ce n'était pas acceptable. Il était facile de banaliser un acte mauvais et de tenter de le noyer dans une responsabilité collective. La Sensitive n'était finalement qu'un rouage de la machinerie qui l'avait employé, certes, mais elle était avant tout un être humain et c'est en tant que telle qu'on avait le droit de la juger, car elle avait une conscience et elle avait fait un choix.

Cependant, il ne fallait pas oublier que le système dans lequel elle vivait restait présent comme une circonstance atténuante, car aucun débat portant sur la responsabilité personnelle ne pouvait avoir de sens si on ne connaissait pas précisément le contexte factuel. Et dans ce cas précis, la jeune femme avait évolué dans un univers de violence où la peur était un moteur terrible, transformant la plupart des gens en lâches. La Tonnerre avait grandi dans un monde où la moralité n'avait pas les mêmes règles quand dans le monde « normal ». On l'avait formée à tuer, ses repères avaient donc été floutés, inversés. Ce qui était normalement moral, ne l'était soudainement plus. Il semblait au Titan qu'elle se trouvait dans la position classiquement difficile du soldat susceptible d'être fusillé par une cour martiale s'il désobéissait à un ordre et pendu par un juge et un jury s'il y obéissait. Il se souvint soudain d'un passage particulier du texte qui faisait la distinction entre l'obéissance ou le consentement à suivre une loi ou la politique d'un gouvernement : Un adulte consent, un enfant obéit. Il resta un instant bloqué sur ces mots, fixant toujours la Sensitive. Elle avait conscience des crimes qu'elle avait commis et ne cherchait pas à fuir ses responsabilités. Elle était prête à les accepter et elle se punissait déjà suffisamment toute seule. De plus, l'Étoile avait réagi. À présent, qu'elle n'était plus une enfant, qu'elle n'avait plus à obéir, elle s'était libérée. Ce n'était plus la même personne. Elle avait décidé de prendre sa vie en main et de changer. Terrae lui avait donné cette opportunité et elle l'avait saisie ! Nathanaël soupira et se redressa. Le soleil avait disparu à l'horizon. Il quitta la fenêtre et revint s'asseoir sur le lit, face à la jeune femme. Son regard doux accrocha le sien. Cette douceur qui lui avait tant manqué jusqu'à présent. Il avait fait de l'ordre dans ses idées. Il avait pris sa décision.

Peu importe quels sont tes actes passés, ce qui compte c'est ce que tu fais de ton présent et comment tu envisages de construire ton avenir.

La Sensitive avait décidé de changer, alors le Titan l'aiderait à devenir une personne meilleure qu'elle n'avait été jusqu'à présent, ou plutôt jusqu'à avant son étoilisation, car il en était persuadé. Quelque chose s'était produit ce jour-là, la Tonnerre avait sans doute eu une révélation.

Nathanaël posa délicatement sa main sur l'épaule de la jeune femme.

Aujourd'hui, tu n'es pas plus Ipiu, que cette femme qu'ils ont forgée. Tu es, sans doute, la somme de ces deux individus et de celle que tu serais devenue si tu n'avais pas connu toute cette violence.

Il ponctua sa phrase d'un sourire réconfortant.

[hrp : avis aux éventuels lecteurs, le texte dont je fais référence dans ce rp est celui d'Hannah Arend "Personal Responsibility Under Dictatorship" (1964) dont j'ai lu la traduction par Jean-Luc Fidel "Responsabilité et Jugement", paru aux éditions Payot, Paris, 2005. Voilà pour les droits d'auteur ;-)]


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##   Dim 8 Fév 2015 - 16:58
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Ton regard me juge. J’y vois le reflet de mon propre jugement. La sentence je n’ai jamais eu besoin de toi pour la trouver. Coupable. Je ne nie pas. Je ne fuie pas. J’ai fait ce que j’ai fait et si je ne peux l’accepter je ne te demanderais jamais de le faire. Mon regard se perd dans ta colère. Je frisson de froid mais pas seulement.

Je me retrouve nue devant ton jugement, devant tes préjugés. Ton histoire a construit ta réaction comme la mienne a construit mon absence de réaction. Je te regarde vide comme jamais. Ta douleur et ta colère m’atteignent pâle reflet des miennes. Je te regarde avec tristesse, parce que je sais que je t’ai porté un coup fatal. J’ai envoyé bouler toute tes certitudes. Ton monde n’était pas parfait, loin de là. Le mien est bancal et dénué de sens. Il n’y a pas de pourquoi dans mon monde, mais juste des comments.

Mes yeux se ferment arides de larmes. La peur et la douleur sont mon lot quotidien. Je les accepte, au final peut-être ai-je simplement baissé les bras. Peut-être que je devrais combattre ce sentiment . peut-être que cet abattement n’est qu’une preuve de faiblesse. Peut-être que je devrais garder de l’espoir. Me battre pour que mes lendemains chantent. De tout ça je n’ai pas le courage. Au fond nous sommes d’accord Nath. Je suis un monstre. Ma vie n’a pas à être belle.

Je regarde ton dos tressauter, tes larmes coulent-elles ? Je ne sens pas leur odeur salée. Mes yeux suivent la courbe de ta nuque. Tu n’es encore qu’un gamin. Pourtant ton corps change, mais qu’en est-il de ton esprit ? J’espère sincèrement ne pas t’avoir brisé. Je veux que tu deviennes ce que tu promets d’être. Une personne formidable. Mon regard se perd et bientôt ce n’est plus toi que je regarde mais un homme.

Homme dont le large dos me rassurait. Longtemps avant que tout ça commence. Mes yeux glissent sur la chemise salie du travailleur qu’est mon père. Le soleil a su buriner sa peau. Son regard violacé se pose sur moi, son sourire s’étire. Sa main pleine cal dérange mes cheveux bouclés. J’aime son odeur de poussière et de sueur. Il a l’air fatigué mais il me prend sur ses genoux.

« Le pharaon s’éprend de l’odeur de cette tresse volée à la femme de Bata, elle l’enveloppe comme une taule, il la vénère comme si elle était elle-même une femme.  Déesse parmi les déesses. Le cœur plein d’amour, il envoie son armée chercher la femme qui attise son désir.

Bata tue nombre de ses soldats mais enfin la belle se retrouve prisonnière. Fou d’amour, le monarque exécute la moindre de ses volonté, l’homme le plus fort du pays, ce dieu vivant se retrouve esclave de la femme façonnée par Khnoum. Il faut dire qu’elle tenait de tous les dieux mais avait la velléité d’une femme.

Alors la fille de Ré raconte au pharaon l’histoire de son époux. Bata, lui dit-elle, a posé son cœur dans la fleur de l’arbre Ash. Si cette fleur tombe, il succombera et je pourrais enfin être tienne. Alors le roi des deux Egypte envoie ses hommes couper l’arbre. Quand la fleur touche le sol Bata s’effondre mort.

A des lieux de là, dans la vallée des Cèdres son frère reçu comme il lui avait été annoncé une jarre de bière moussante. Attristé de ce présage signifiant la mort de son jumeau il se met en route pour la vallée de l’arbre Ash. Il retrouve le cœur froid de son frère et selon les dernières volontés de ce dernier le place dans une source d’eau pure. De l’eau sort un bœuf magnifique.

Le bœuf est bientôt amené au seigneur des deux Egyptes. La nouvelle reine reconnait de suite la réincarnation de son précédent époux. Elle demande alors au pharaon de faire abattre la somptueuse bête pour en manger le foie.  De la fatale blessure coulent des larmes de sang, lorsque ces larmes touchent le sol poussent deux grands persea. La reine y voyant la réincarnation de Bata en arbre prétexte de vouloir des nouveaux meubles pour que l’on abatte ces deux arbres. Quelques temps plus tard elle se plante une écharde en passant sa main sur un beau coffret.

Bientôt la reine donne naissance à un fils et le pharaon meurt. C’est ainsi que la réincarnation de Bata devint monarque. Il régna avec paix et discernement pendant de longues années. »

Ta tête brinqueballe contre l’épaule de cet homme que tu nommes papa. Tu te sens en sécurité petit bout de lui entre ses bras. Bras qui t’enlacent et te portent dans ton lit, tes yeux fermés rêvent d’étoiles et de liberté. Tu veux grandir mais pas trop vite, tu rester encore longtemps à leurs côtés.  

Sauf que tout ça n’est qu’un songe. La réalité est toute autre. Celui que tu regardes est en proie à de trop violentes émotions. Par ta faute. Tu regrettes de l’avoir laissé t’approcher. Tu as tellement peur de l’avoir brisé. Tu aimerais en cet instant ne jamais avoir existé, n’avoir jamais été conçue. De tous tes crimes briser cet homme en devenir te semble le plus pernicieux. Parce qu’il promet d’être quelqu’un… Quelqu’un qui pourrait changer le monde dans lequel tu vies. Quelqu’un de doux.

La douceur tu l’as oubliée. La douceur tu ne la comprends plus. Tu t’es perdue et la seule chose qu’il te reste c’est ta peur, ta douleur… Tu n’as même pas de colère pour te défendre de ces émotions. Tu n’as pas de colère car c’est par la colère que ton histoire a commencé. Tu te refuses à ce sentiment. Ce sentiment à lui seul te fait plus peur que tout le reste. Tu ne veux plus que ta vision soit voilée. Plus que jamais tu veux être responsable de tes actes.

Ton regard s’agrandit étonné qu’il revienne à tes côtés. Tu ne comprends pas ? Tu es perdue. Quel cheminement peut-il avoir fait pour arriver à cette conclusion. Ce qu’il ne sait pas c’est que tu ne peux accepter son pardon. Sa main se pose sur mon épaule en un geste de réconfort alors qu’il me livre la conclusion de son raisonnement. Elle est belle. Elle est fausse.

« Tu vois toujours le meilleur chez tout le monde ou tu te réserves pour moi ? »


Je soupire. Mon ton est un peu sec. J’essaie d’y faire quelque chose.

« Quand on vit dans mon monde on ne te demande pas d’accepter les règles, il n’y a pas de règles. Un jour je tuerais à nouveau. Je n’hésiterais pas, parce que des fois pour que le monde des autres soit plus beau il faut que certains aient les mains rouges... »


Non. Prendre une vie ne m’enchante pas. Au contraire cela me pétrifie. Me rend malade… Mais au moins si c’est moi… Moi je l’ai déjà fait. Je ne dors déjà plus la nuit. Je ne vis déjà plus. Je ne supporte déjà plus ma culpabilité… Alors au point où j’en suis… Et même sans cela. Malgré mon apparente liberté je ne le serais jamais. Libre je veux dire. Parce que je leur serais toujours liée, parce qu’ils voudront que je rentre un jour ou l’autre. Parce que ce jour-là je mourrais en emportant avec moi le plus grand nombre des leurs. Voilà peut-être un autre de mes problèmes. Je connais la fin de l’histoire sans en connaitre le début. Je sais ce qu’il sera pas ce qu’il a été.

Je change de position, jusqu’alors assise sur mon illustre fessier je bascule et passe sur mes genoux me rapprochant dangereusement du jeune homme. Je pose mes lèvres sur sa joue, à lui je ne veux pas offrir simplement la dureté de ma vie, parce que pour grandir les enfants ont aussi besoin de douceur.

« Grandi Nathanaël. Deviens qui tu dois être. Des gens comme toi j’en connais pas d’autres. Des gens comme toi… S’il en existait plus peut-être que... »


Je ne finis pas ma phrase. Trop de sentiments. Pas assez de place. Pas assez de courage. Je lui en ai déjà dit bien assez.

=============> POSTE LUNDI SOIR (parce que je sais que tu le verras pas)


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
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Entre les ombres. [Nath]

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