« Non c’est parce que tu es un mec… Mais si tu vas par là c’est sûr que les feux sont vachement calmes. Jamais un regard déplacé. »

Bin voyons et les feux sont tous des petits angelots qui battent le clairon devant les portes du paradis. Mon cul oui. Genre les feux ont leurs yeux dans leur poche tout comme leur langue. Hmm. P’t’être on va finalement pas aller plus loin sur le sujet de la langue des feux je risquerais de m’embrouiller. Enfin, on va parler de leur grande gueule, une fois sur deux quand tu te fais siffler dans la rue à Terrae c’est un feu… Et le reste du temps c’est un tonnerre… parfois il arrive qu’un air ne se sente plus, mais c’est rare. Cherchez pas c’est comme ça.
Quelque part je dirais que c’est crégnos de donner les pouvoirs qui font facilement des morts et de grosses explosions à des gens aussi peu sûrs que nous.
Tant pis pour nous tous en fait. J’pense qu’on est dans la merde depuis le moment où j’ai compris le concept. On donne des pouvoirs à des mômes qui ont perdu quelque chose d’important. Des gamins psychiquement instables avec des pouvoirs… ce n’était pas l’idée du siècle. Enfin, je ne critique pas, juste je constate. Avec le recul minime dont je suis capable je peux avouer que je ne suis pas certaine d’avoir le droit de critiquer au vu de mes idées personnelles. Oui accrocher deux cents lampions devrait remonter le moral des troupes… En quoi ?
Bravo Ipiu. Toumai… Ou quelque soit ton nom.

Je lui fais maintenant face et il me dépasse. Comme quatre-vingt pour cent des gens ici. Fuck, ma crédibilité en prend un coup… Mais la sienne c’est bien pire. Comment monsieur ne veut pas enlever son slip là maintenant en plein milieu de la cours ? Non franchement je ne comprends pas. Il s’attend sans doute que j’en rajoute une couche, que j’le traite de petite bite. T’assumes pas mec. T’assumes pas. J’hausse les épaules ça se passe de commentaire. Mon sourire n’en dit pas moins. T’as sans doute peur qu’elle réduise de taille c’est ça ?

Fort pour trouver des potins ? Haha. Et il me dit ça à moi qui suis sensitive ? Je souris amusée. Non la remarque est qu’il dit ça à une ancienne espionne. Peut-être qu’on ira pas jusqu’à ce que je te déballe ma vie… Mais écrire c’est dans mes capacités.

« J’ai été pigiste pour un journal au Mexique quelques temps. Si on a de quoi à dire je peux l’écrire sans soucis. »

C'était le temps d'une mission, histoire de trouver la balance qui foutait en l'air des infos secrètes dans une entreprise. Bref rien d'important... Mais j'avais été acceptée dans le journal en temps que pigiste le temps que la taupe prenne contact avec moi... Je tends la main pour serrer la sienne tout en évitant de cracher dedans.

« Il ne serait pas deux heures du mat je te proposerais de sceller ça avec un verre pour sceller notre accord et trouver un nom, une ligne éditoriale et tout l’baratin… Mais surtout boire un coup.. »

« Bah ouai, évidemment que je t’ai maté. Comme si j’allais me priver. T’es ouf ou quoi ? »

Bien maintenant je passe pour une putain de perverse. Vous savez quoi ? J’m’en branle à deux mains. J’vais pas avoir l’hypocrisie non plus de dire que j’ai été discrète, je sais que je ne l’ai pas été, un regard m’a suffi à le jauger. Seulement je me suis permise de rester plus longtemps sur lui pour qu’il comprenne que je le matais. Pas de mensonge ce soir, je l’ai déjà dit. Ne pas mentir implicitement est aussi important, je pense bien sûr que j’aurais pu faire en sorte qu’il ne me calcule pas… Ce qui ne l’aurait sans doute pas empêché de sortir cette pique d’ailleurs… Mais ça n’aurait pas été respectueux. OUI C’EST RESPECTUEUX DE MONTRER QUE TU MATES LA MARCHANDISE, plus que de le faire en cachette.

Henri, je t’interdis de lui péter le bras. Ta gueule Toumaï il m’a pichenetté. Ça n’existe pas ce mot ma chère. Ipiu je t’emmerde, je fais des néonasmes quand je veux si je veux. Je sais que je pourrais lui faire ramasser ses dents, mais étrangement je contrôle mieux mes réactions depuis quelques temps. Cela veut peut-être dire que les réflexes s’étiolent tout simplement, mais j’aime à penser que j’arrive mieux à me contrôler. J’aimerais un jour ne plus être cette bête sauvage qui agit par réflexe. La réflexion, c’est pour les faibles, quand il faut agir j’agis, je ne prends pas le temps de regretter mes décisions une fois qu’elles sont amorcées je les suis. C’est ainsi que je pensais avant. Enfin, penser c’est sans doute un grand mot, subsister me semble plus adéquat.

« La gosse est sans doute plus âgée que toi. Prend pas l’habitude de me filer des pichenettes, j’pourrais prendre l’habitude de répliquer. Je ne sais pas qui se lasserait en premier. »

Et puis je ne sais pas si je serais capable de ne pas te marquer de jolis bleus sur le front de mister rouge. Non mais imaginez l’affaire BLEU-BLANC-ROUGE ! J’aurais plus qu’à l’appeler « François le Français. » Putain mec ne nous lance pas là-dedans s’il te plait, on serait deux à perdre toute crédibilité là. Enfin, pour la crédibilité que j’ai en réserve, je pense pas que ce soit une grosse perte pour moi.
Pour toi va savoir, je ne te connais pas outre mesure, J’ai pas enquêté sur tous les étudiants non plus, pourtant quelque chose me dit que je devrais le faire. J’ai ce sentiment qu’il est quelqu’un d’intéressant. Si je savais à quel point nous nous ressemblons, sans doute ne l’en trouverais-je que plus intéressant. Ce n’est pas le cas pour l’instant, un jour je saurais. Pourtant je ne chercherais pas, pas de mensonge vous n’avez toujours pas compris ? Si je cherche qui il est, je ne lui laisse pas la liberté de me le montrer, c’est à double tranchant non ? Et je trahis une confiance qui me semble nécessaire entre deux partenaires.

« Moment idéal sans doute, mais l’temps qu’on rejoigne Terrae-city, l’dernier bar fréquentable aura fermé. Les autres seront remplis de gens relous. »

Et je sais ce dont je parle en général j’y suis. Je connais la faune locale… sous tous ses aspects. Son bras ce glisse sur mes épaules. Si j’le retire ça veut dire que je donne un certain sens à ce geste. Si je fais une remarque sur le fait que je ne suis pas certaine que sa copine soit vachement contente qu’il prenne une inconnue par les épaules comme ça, j’admets à nouveau ce sens. Même en rigolant, j’admets une possibilité et crée la brèche. Si je le laisse garder son bras sur mes épaules, il pourrait croire autre chose. Non ? Putain, les conventions sociales me coufflent.

« T’as quoi comme alcool ? Quoi que ne répond pas, tant qu’y a d’l’OH y a d’la joie. »

Non Ipiu se faire inviter dans la chambre d’un mec que tu viens de rencontrer pour boire un verre n’est pas malsain. Toumaï tu es remarquablement naïve où tu le fais exprès ? Henri je t’encule à sec, désolée mais il ne se passera rien, même si ça te déplait. Ah ouai ? La confiance tu connais ma vieille ? En qui, en toi ou en lui ?

« Prépare toi à déguerpir vite. Si on se fait chopper pas sûr que ce soit apprécié. » Je m’approche du boitier contenant les cristaux. « A trois… »

Je me concentre sur les dits cristaux et les actives. Les lumières s’allument soudainement. Brisant l’obscurité. C’est beau, mais on a rien à faire ici. Les lampions multicolores donnent une air féérique à la cour.

« Trois ! »