Si tu veux te battre gamine déjà arrête de baver sur l’épaule du mec qui te porte. Concrètement j’aurais pas du tout la folie de me battre contre une master, merci mais non merci. Le suicide on a dit que c’était mal. C’est un peu ça l’problème aussi, le jour où je défierais un master personne ne pourra nier mes intentions. Suicide, quelques lettres qui blessent, entaillent, nouent. Détruisent toujours.
Je ne suis pas encore prête à me lancer sur cette route de destruction, mais je suis certaine que le jour où je le ferais, je le ferais seule. Je ne fais pas partie de ces gens qui désirent que leur mort ait un sens, je suis très loin d’appartenir à ces croyants. La mort n’a jamais de sens elle est froide et cruelle. Nulle gloire à être mort, ce sont les vivants qui donnent un sens à ce qui n’en a guère, cherchant à se rassurer. La soirée est trop claire pour ces sombres pensées, les étoiles éclairent notre route et même les sombres branchages ne semblent pas pouvoir nous masquer leur clarté.
L’air est frais, doux, pur. Je crois que je sens des arômes d’humus, je me demande si les cèpes poussent en ces lieux. Ça serait intéressant, une part de moi, celle que la gourmandise rendra obèse se promet de faire des recherches sitôt qu’elle en aura l’occasion. Une autre part plus rebelle se contente de profiter de l’instant. Je me sens presque seule, presque libre. J’aime cette sensation qui me dit « si tu l’voulais tu pourrais t’envoler. » la bise fraiche a toujours cet effet revigorant sur moi. Non ma chère tu ne vas pas partir en courant et en te déshabillant dans les bois, ça ce sera pour une autre fois.
J’me contente d’hausser les épaules, non j’vais pas en vouloir à une fille beurrée pour ses élucubrations. Si elle recommence à m’appeler miss magique et à sauter partout j’préviens je la laisse se calter la gueule et j’ramasse pas les morceaux par contre, j’m’appelle Ipiu, pas Marie, et moi je suis pas une sainte… Et encore une moins une vierge diront les mauvaises langues, celles qui font des cuni de merde. Je ne parle pas de ceux qui se trompent complètement de trou, soyons clairs, ceux-là mieux vaut même pas les évoquer ça laisse un goût étrange sur la langue.

« Je veux vérifier…  Désolée chéri mais tant qu’t’auras une tringle comme ça j’te changerais les idées. »

Ouai mec tu pues la frustration à des kilomètres, j’chuis pas certaine que te laisser seule avec elle alors que t’es dans cet état soit te rendre un grand service. Bon après j’peux m’débrouiller pour t’apporter une poule demain histoire que tu passes ta frustration. Je parle bien d’un animal et non d’une prostituée que ce soit clair… Non sérieux vaut mieux que j’lui change les idées ce soir ça sera plus cool… J’aurai même la courtoisie de faire semblant de ne pas savoir pourquoi il s’est absenté si longuement aux toilettes. Hum.
Du coup j’m’incruste chez la master et moi je la change, désolée mais je suis pas certaine que terre fraîche et draps blancs fassent bon ménage. Non, j’laisse pas mes doigts se balader merci d’la confiance ambiante, mais si j’dois tripoter quelqu’un j’préfère que ça aille dans les deux sens, d'ailleurs j'lui laisse ses sou-vêtements. Bref, dodo la môme et parlons d’autre chose avec l’autre pour qu’il pense à autre chose. Genre de si ses photos ont avancées, s’il a de nouvelles idées d’articles et tout le bordel. Quand j’estime qu’il est assez calmé et qu’elle ne risque rien je disparais. J’rentre pas chez moi vu que je n’en ai pas, mais j’leur laisse leur intimité. Je suis cool pour une grand-mère non ?