Quand on se retrouve confronté à un phénomène inconnu, on a souvent tendance à le rapprocher d'un phénomène connu. C'est pas Houston qui l'a dit, c'est Hume, un philosophe empiriste, bac de philo de techno en France cette année- ouais puis bref, Houston fait de la philo de temps en temps, il a pas envie de vous donner les détails. Ok d'accord, il s'arrange pour connaître les sujets de philo avant leur sortie, ça vous va ? C'est que la France hein, c'est pas comme si c'était une catastrophe !
Nous disions : un phénomène inconnu. Il faut dire que quand on passe les trois quarts de sa vie enfermée dans une pièce unique, nourri et fourni en équipement informatique, il y a un certain nombre d'évidences de la vie qui nous échappent. Excusez le si c'est un pas doué, en gros. Enfin là, quelque chose dépasse son entendement. Il ouvre une porte qu'il a trouvé comme étant l'endroit où apparemment il allait résider (pas besoin de demander de l'aide, quelques clics, un peu d'observation, et c'était plus facile de trouver le dortoir qu'un marshmallow au milieu d'Haribo. Houston aime pas le sucre, ça doit aider.)
Et alors qu'il ouvre la porte, un dilemme se présente à lui. Houston sait ce qu'est un lit, du moins il sait qu'un matelas même au sol plus un drap, ça donne un lit. Mais plusieurs lits dans la même pièce, ça il connaît pas. Il s'arrête sur le palier. Attends. Oui parce qu'on sait jamais, c'est peut-être une blague. Ouais mais nan Houston, tu vois ça ? C'est un dortoir, avec des lits pour plusieurs personnes. En gros, tu vas devoir partager ton espace privé. Coup dur.
Non mais vous vous rendez compte tout ce qu'il peut se passer ?! Pour un engin informatique, une bouteille d'eau est une arme, une lampe de chevet est une arme, UN CHAT est une bombe nucléaire merde ! Et les toilettes, les toilettes sont l'arme fatale. Alors pas question de partager l'espace de détente. Surtout que bon, Houston c'est pas le genre bien bâti, c'est un cure-dents, et quand il dort il est vulnérable. Si on lui piquait son portable ?! Non, le cauchemars.
Dortoir égale donc chose dangereuse. Il s'apprête à faire demi tour, l'ordi sous le bras, lorsqu'un habitant de la chambre l’interpelle et vient le voir. Le touche. ALERTE, CONTACT HUMAIN, PARANO ON. Houston se dégage avec le même regard que la moule dans Nemo. Y'a pas de moule ? Ben voilà, exactement.

_ Hey mec, t'es nouveau ? Viens, on va te trouver un lit !
_ Nan, je reste pas, ça pue et c'est le bordel.

Le garçon lève un sourcil, comprenant un peu le type en face. Ok, c'est un chieur. Il lui reprend le bras. ALERTE CONTA- putain mais ce mec l'a touché deux fois ça craint ! Faut un flingue, un truc quelque part, qu'est ce qu'il veut, qui l'envoie ?! Le garçon le traîne plus ou moins vers un lit et l'assoie. Ouais il avait de la force. Ou alors le geek est juste vraiment nul, les deux marchent. Il le force à s'asseoir sur un lit et prend place en face.
Un interrogatoire, il en était sûr.

_ Je dirais rien.
_ Hein ?
_ Hein quoi, t'es bouché ? Je dirais rien.
_ Ok si tu veux. Ce lit il te va ? Non parce que t'as pas le choix, tu dois rester ici jusqu'à ce qu'ils t'appellent et que... Ouais bref, c'est pas le moment je pense.

Peut-être est ce parce que l'américain avait repris sa gueule de poisson qu'il s'était arrêté. Oui parce qu'il cherchait à comprendre, vous voyez.

_ Pas moyen laisse tomber j'me casse.

Houston aurait pu s'appeler Idefix, si ça avait pas déjà été le nom d'un chien. Et encore, il est assez proche du chien.

"Je suis tout à fait saine d'esprit," s'assura Ariana à sa propre intention, alors qu'elle se retenait très fort d'éternuer à cause de la poussière et toute sortes de peluches non identifiées. Est-ce que c'était bien une chaussette sale ? Ah. Oui. Il semblait bien. Elle retint une grimace de dégoût et se reconcentra plutôt sur la situation dans laquelle elle s'était fourrée, et surtout son objectif à atteindre. Son dos la faisait un peu souffrir, dû à sa position quelque peu recroquevillée sous le lit où elle se cachait.

Comment ça, vous avez l'impression d'avoir loupé un épisode ? Promis, vous n'avez vraiment pas raté grand-chose. Disons juste l'une de ses lubies du moment. Depuis que sa partenaire de papote Dylan avait reçu une nouvelle chambre, elle se sentait un peu seule dans les dortoirs et avait quelques difficultés à la croiser. Autant le dire, elle s'ennuyait pas mal, et s'amusait à trouver des jeux pour occuper son quotidien un peu trop morne.

Problème n°1 : les seules choses qui amusaient Ariana étaient des choses stupides.
Problème n°2 : elle avait tendance à se mettre dans des situations inextricables. Comme effectuer des missions commandos, et ne pas réussir à s'en sortir par la suite.
Problème n°3 : maintenant qu'elle était sous un lit, dans les dortoirs des mecs, avec ceux-ci à l'intérieur, elle se demandait vraiment comment elle allait faire pour pouvoir sortir de là sans qu'on n'enregistre son visage et qu'elle ne soit fichée comme folle furieuse fétichiste des abdos. Et, éventuellement, sans qu'elle ne soit condamnée au collant de la honte durant tout l'été pour avoir pris des clichés compromettants de mecs merveilleusement bien moulés dans leurs boxers après qu'ils soient revenus de la douche.

Ouep. Pour de vrai. (Avec un peu de chance, elle sortirait de l'antre du dragon vivante et parviendrait à poster ses photos sur son tumblr… Mais il lui faudrait vraiment beaucoup de chance, là.)

Elle avait fini de prendre ses photos lorsqu'elle se rendit compte qu'en effet, il serait un peu compliqué de sortir de là sans se faire prendre. Et avec son endurance digne d'une tortue asthmatique, elle risquait fort de ne pas réussir à faire plus de quelques mètres sans que l'un d'eux ne la rattrape.

Lorsqu'ils se furent changé, néanmoins, et qu'elle tentait de sortir discrètement en rampant sur le sol, elle entendit la porte s'ouvrir. Les habitants de ce cloaque s'approchèrent du nouveau venu alors qu'elle retournait illico presto sous le lit, le cœur battant. Mais zut à la fin ! Elle n'allait jamais pouvoir sortir ou quoi ? Pourquoi il avait fallu que-- OH MAIS DIEU MAIS POURQUOI C'ÉTAIT SUR CE LIT QU'IL VENAIT DE S'INSTALLER ? Elle retint sa respiration, et espéra de toutes ses forces que les draps tombant de chaque côté du matelas la cacheraient suffisamment. Elle ne souhaitait vraiment pas subir les moqueries des garçons, et espérait surtout qu'elle n'aurait pas besoin de justifier sa présence parmi eux. (Puis, si elle pouvait quitter rapidement les lieux avant que ses fringues n'empestent la sueur, ça lui sauverait carrément la vie.)

Elle écouta d'une oreille distraite les paroles qu'ils s'échangeaient, et se retint de pouffer de rire. Ah bah visiblement, le nouveau venu n'avait pas l'air réellement ravi. Et un peu à côté de ses pompes, mais voilà… tout le monde est à côté de ses pompes, quand il arrive !

Bon, allez, assez tergiversé. Elle se concentre sur le lit d'à-côté, où personne n'est encore installé, et gonfle la joue. Ça pourrait être une idée… Disons… plus ou moins… M'ouais, mais faudrait qu'elle ait le temps de le faire, sans qu'on ne la capte. Elle reporte à nouveau son attention sur les deux individus, et soudainement, attrape la chaussette sale qu'elle roule en boule avec une grimace de dégoût. Pendant que les deux garçons discutent, elle lance ladite chaussette à la tête de celui qui lui fait face - le brun canon sur lequel elle a hélas flashé, mais ça, elle préfère ne pas y penser.

Le brun tourne la tête vers ses potes et plisse le nez.

- Rahh... Qui a fait ça au juste ?

Elle profite du fait que les regards soient concentrés sur lui pour ramper jusqu'au lit libre et tirer le drap, avant de se jeter dessous, se lever en défaisant complètement le lit et lever les bras dessous pour ne pas avoir le tissus dans les yeux. Déjà qu'elle voit rien…

Euh. Et maintenant ?

- BWAHHHHHHHHD wawahazahwhawahaaaa !* cria-t-elle tout en agitant les bras dans tous les sens. (*Cri non identifié visant à effrayer - je crois ? - les occupants de la chambre, et lui permettre de sortir le temps qu'ils se remettent de leur surprise.)

MAINTENANT ON COURT. Elle essaya de se diriger vers la direction de la sortie, mais se prit violemment la porte et chuta sur le sol. Bon. On se remet du choc, et maintenant on rampe. On sort la main du drap, et on essaie d'ouvrir cette foutue porte. Où était cette fichue poignée ? C'est pas que c'est assez compliqué comme ça sans la voir, mais si en plus elle arrive pas à se redresser ça le fait moyen niveau larve.

Extérieurement, la scène devait paraître assez… étrange. Un humain à demi emmêlé dans un drap blanc, des cheveux auburn ébouriffés qui en sortent, et une main qui tâtonne à la recherche de la poignée, pour finir par sortir par l'entrebâillement de la porte une fois trouvée. En rampant par terre, parce qu'il n'arrive pas à se relever. Y a pas à dire, Ariana avait la classe. Elle avait mal au crâne, aussi.

Et elle était tout à fait saine d'esprit.

Quand la chaussette arriva dans la figure de l'interlocuteur de Houston, il leva un sourcil. Déjà qu'il ne s'attendait pas à être sauvé par quelque chose ou quelqu'un, mais alors par une chaussette sortie de nulle part, ça il était sûr de ne pas s'y attendre. Et pourtant... Avant de se demander qui pouvait donc être ce nouveau super héros à la chaussette, il se demanda d'où venait le projectile, et lorsqu'il réalisa que c'était de sous son lit il pâlit (si c'était encore possible). Déjà qu'il avait un côté parano, alors imaginer une seconde que quelqu'un soit caché sous son lit...
Il ne bougea pas d'un poil, regardant avec effarement le gars devant lui se demander d'où venait donc la chaussette. Ça le détendit de voir la débilité du gars. Tu veux que ça sorte d'où, de dernière toi ?! 'Fin tu viens de te la prendre dans la gueule, t'es con ou quoi, t'es pas capable de suivre la trajectoire d'une chaussette ?! Il est sous son lit, du con, IL EST SOUS SON LIT ! Tu vois pas son air flippé ?!
Puis...

- BWAHHHHHHHHD wawahazahwhawahaaaa !
_ PUTAIN D'SA MÈRE !

Houston avait sursauté lorsque l'autre... Folle -oui parce que c'était bien une voix de fille- sortit de sous son lit pour... La scène était tellement ridicule. Même dans une vie d'informateur, il avait jamais vu ça. Comme quoi ! Il avait vu des gangster mourir étouffés en mangeant une cerise, d'autres trahis par leur petite fille de 8 ans... Mais alors une tentative d'espionnage aussi pourrie, jamais.
La fille, protégée sous un drap pour on ne sait quelle raison, tenta de s'enfuir en gueulant et... Si il y avait bien une chose que Houston savait faire c'était courir, ou prendre la fuite plus exactement. Et il pouvait donc dire qu'elle s'y prenait putain de mal. Et qu'à la vitesse où elle fuyait, elle avait de la chance de ne pas se faire juste choper. Heureusement qu'il y avait l'effet de surprise.
Le pire ce fut sûrement quand elle se ramassa comme une débile contre la porte et chercha la poignée avec autant de grâce qu'une baleine échouée. Houston la regarda essayer de se dépatouiller et ça lui tira un rire.

_ Bordel mais elle est débile ou quoi ?

Oui, elle était débile. Si bien qu'en trouvant la poignée, elle ne fit qu'ouvrir un peu plus la porte pour se traîner dehors. Mais c'était un peu tard, les deux garçons de la pièce avaient déjà repris leurs esprits et courraient vers elle en rigolant. Y'avait de quoi rire, en vrai.
Elle se retrouva emmaillotée dans son propre drap et traînée sur le sol jusqu'à l'intérieur du dortoir dont elle avait voulu s'échapper. Ils découvrirent son visage et le geek eu l'occasion de voir une jeune femme d'à peu près son âge, cheveux apparemment souvent teintés mais préparés avec soin... Le genre de filles qui faisait visiblement très attention à elle. Tout le contraire de Houston en fait, qui avait débarqué avec un ordi, un portable, un T-shirt trop grand et un jean. Et pas coiffé.
Avant qu'elle ait le temps de parler l'un lui posa des questions et l'autre se moqua copieusement d'elle par des imitations stupides. Houston se leva tranquillement avec l'idée de profiter de la distraction pour s'enfuir. Il avait pas beaucoup de présence, le jeune homme, dès que l'attention n'était plus portée sur lui, il disparaissait.
Bon sauf que... Houston c'est Houston. Et puis une fille en détresse avec deux mecs dont un venait de... lui piquer son portable. Il s'arrêta. Ok, laissez tombez, le portable c'est sacré, on y touche pas. Il posa son ordinateur en sécurité et s'interposa entre la fille et les deux mecs, avec l'idée de diversion la plus... Honnêtement oui, c'était probablement la plus pourrie qu'il ait jamais eu.

_ Hey les gars ! Au lieu de l'embêtez vous auriez pas envie de vous détendre ? Genre mater un porno ?

Ils lèvent les yeux au ciel. Je vous avais dit que c'était pourri.
Visiblement ils ne marchèrent pas, si bien qu'il fut obligé de changer de plan illico. Il sortit son portable et appuya sur l'écran. Une fois, deux fois, trois fois...
"Protocole détournement enclenché monsieur" Merci Meta.
Et les portables se mirent à sonner, tous.

_ Si tu veux fuir, j'ai pas mieux ok ?

Et il était même pas sûr que ça marche. Et attendez, Houston c'était un espion informatique, pas un homme de terrain. Ca se voit d'ailleurs non ?

- Nooooon.... Laissez-moiiiii...

Elle s'accrocha au bord de la porte en chouinant alors qu'on la tirait vers l'arrière. Elle s'agita, se débattit, tenta de leur mettre des coups de pied pour se dégager. Pourquoi, mais pourquoi avait-elle toujours des idées aussi stupides ?! Il lui aurait suffi d'attendre un peu, éventuellement, mais rester sous ce lit ne serait-ce que quelques minutes de plus lui paraissait aussi insensé que... impossible, en fait. Plutôt se planter des choux de Bruxelles dans les narines ou sniffer le pelage d'un rat mort. Cela revenait plus ou moins au même, au final. Mais peut-être aurait-elle dû préférer le rat en décomposition à la honte suprême. Peut-être. Le ridicule n'avait jamais tué, non ? (Ou alors elle allait l'expérimenter, très vite. Premier décès par honte diagnostiqué. Pour le moment, c'est encore incurable !)

Et puis comment ça, elle était débile ?! Elle l'avait entendu, l'autre type, là - qui, une fois qu'on lui eut retiré le drap de devant le visage, dévoilant ses cheveux auburn en bataille et sa bouille de boulet bouffée par ses immenses lunettes fushia, de traviole sur son nez, se révéla être une véritable serpillère. Bah ouais. Le mec était clairement aussi épais qu'un balais, et ses cheveux décolorés pendant sur ses épaules lui donnaient vraiment l'air d'avoir... ben une serpillère sur la tête, quoi. Il fallait vraiment vous faire un dessin ? Voilà la première image qu'eut Ariana du nouveau venu.

Et en plus, cet empaffé se marrait ! Bon, elle pouvait pas trop se concentrer sur lui, sachant que les mecs du dortoir s'étaient déjà fait une joie de la remettre sur pieds et de lui chiper son portable. Elle cria alors, ignorant les remarques hilares des garçons, qui tenaient l'appareil hors de sa portée. Trop petite pour le récupérer même sur la point des pieds, elle sauta plusieurs fois en gémissant de désespoir. Bon, elle avait un code de déverrouillage, donc ses photos étaient safe. Mais s'ils la torturaient pour obtenir le code ?!

- Je faisais rien du touuut, rendez-le moi ! Bande de, bande de... bande de vous !

Ariana ne manquait pas réellement de répartie, mais un peu, quand même, parfois. Elle aurait pu les traiter de fieffés coquins, mais ils auraient fait une gueule chelou. Encore. C'est pas qu'elle s'était déjà assez ridiculisée pour aujourd'hui, mais  tout de même.

Elle surprit une remarque dans laquelle le mot "perverse" lui sauta au visage, et elle tourna le nez en direction de l'auteur de ces paroles. Son index sous le nez, elle se mit à vociférer - enfin, elle tenta, mais ça tenait plus de l'explication de gamine bancale si vous voulez mon avis :

- Ouais ben... je m'étais perdue ! Et j'ai pris peur quand vous êtes entrés alors j'me suis cachée ! Puis... puis vous êtes chiants, c'est vous les pervers, arrêtez de me mater et rendez moi mon portable !

Ouais, parce que bon, mois de juillet = chaleur = mini short + débardeur.

Elle eut à peine le temps de finir sa phrase que la serpillère se glissa entre la bande de mecs et elle. Il remonta presque immédiatement dans son estime, passant du rang de balais à celui de moustique sauveur de portable. La rouquine étira un large sourire, s'attendant à n'importe quoi, genre une baston, un discours de la mort qui tue ! Mais comme il y a toujours un "mais" dans ce genre de situations, elle se contenta de cligner plusieurs fois des yeux. Les mecs en face ont probablement dû tirer la même gueule qu'elle. Un porno. Bien sûr. Normal, quoi.

Non, finalement, il resterait simplement au rang de blonde peroxydée. Ça lui allait pas si mal.

Elle se retint donc de faire un joli facepalm - elle avait suffisamment mal au nez pour ne pas tenter l'expérience, merci bien. Pourtant, tous les portables dans la pièce se mirent à sonner et elle reconnut même son portable dans le lot. Elle leva un regard éberlué vers le blond et entrouvrit les lèvres comme un poisson. Avant de prendre le drap, le jeter sur la bande de garçons et profiter de leur surprise pour récupérer son bien. Ariana se mit alors à courir vers la sortie, et chopa le poignet du nouveau au passage en le traînant derrière elle. Euh, par contre, c'est pas qu'il était un peu mou le mec, mais... elle avait l'impression de traîner un cadavre derrière elle, là.

- Hey, j'te remercierai plus tard, mais tu voudrais pas faire semblant de courir au moins ?! Parce que j'ai pas envie qu'ils nous suivent là !

Ou alors elle pouvait lui arracher le bras. Ça fonctionnait aussi.

HRP : Désolée du retard, en plus c'est tout court T^T Mais y'a un peu d'action ! Enfin si on peut appeler ça de l'action --'


Non mais d'où elle lui attrape le poignet et le traîne dans le couloir ? Sérieusement ? Elle n'était pas si mauvaise sa distraction, ça a eu autant d'effet qu'un arrêt dans le temps vu leurs têtes. Mais se faire trimbaler comme un vulgaire sac de courses par une fille cachée sous un lit qui venait de se prendre la tôlée de sa vie en essayant de sortir, il trouvait pas ça génial.
Surtout qu'elle n'avait pas manqué de lui faire remarquer qu'il y mettait pas du tout du sien... Faire semblant de courir ? Houston sait courir. Mais il a jamais couru pour quelque chose d'aussi ridicule... Il pensa à s'arrêter pour bouder, mais se ravisa. Il préférait avoir affaire à une fille qu'à deux êtres humains de son genre. Les filles n'écoutent jamais rien, au moins il aurait pas à se justifier. Puis il la connaissait pas après tout...

_ Pas envie, bordel...

Il y mit quand même du sien en la doublant, descendant les escaliers en sautant 4 marches par 4 marches. Il avait l'habitude vous savez, la fuite tout ça, ça apprend à plus trop avoir peur de se casser la gueule dans les escaliers. D'ailleurs il avait déjà envisagé que sa mort ressemble à un truc comme ça, un truc bien stupide, une chute dans les escaliers... Mais il était devenu trop agile pour rater une marche.
En bas en moins de deux, il se réceptionna en grinçant des dents. Putain les genoux, c'était hard, il avait perdu en pratique. Il se retourna pour regarder la fille, vérifiant qu'il avait pas oublié de choper son portable avant de sortir. Son portable oui mais son ordi... Arg. Il serra les dents. Bon, c'est pas comme si ils risquaient d'y toucher ou de le craquer, mais... Ouais nan, impossible de se calmer à ce propos, il allait falloir faire quelque chose.
Il attendit qu'elle le rejoigne et commença à parler, un peu essoufflé quand même. Pas un sportif, Houston.

_ Tu foutais quoi au juste dans les dortoirs des mecs ?! (parce que oui il ne croyait pas une seconde qu'elle y soit arrivée par hasard vu qu'elle avait son portable sorti...) Bon, dans trois minutes on va faire un repérage, j'ai oublié mon ordi.

On ? Oui, on, il l'avait employé sans faire gaffe. Bah, il se disait que si ils se faisaient prendre il pourrait faire croire qu'il l'avait ramené. Elle râlera et le traitera de traître, mais il aura son ordi. Il stoppa ses réflexions deux secondes. Il était capable de faire un truc aussi sale ? Probablement que non. Parfois, il se détestait.

_ Au fait, c'est quoi ton nom ?

Là c'était fichu, il pourrait jamais l'oublier. Parfois, il en avait des bonnes idées de merde...

"Mes poumons sont en feu." Oui ma chérie, je m'en doute, tu sais. "Je vais mourir." Mais non ma chérie, allez, continue à courir. "C'est à cause de cet imbécile, s'il n'y met pas du sien, aussi !" Allons, allons, c'est mal de traiter quelqu'un qui vient de t'aider d'imbécile. "Raahhdjksf. Pourquoi ?!"

Bon, vous voyez, pour le moment, la demoiselle était très occupée à converser avec sa conscience, tout en râlant copieusement sur mister serpillère. Ce qui ne l'empêchait ni de courir, ni d'éviter de se prendre un mur en tournant au coin – dieu merci, elle avait suffisamment mal au front pour ne pas réitérer une douloureuse expérience de ce type. Le blondinet grommela dans sa barbe avant de-- hé mais il venait de la doubler, là ?! Oh le con ! Il n'aurait pas pu y mettre du sien directement ?! Elle se retint de râler pour préserver son souffle et arriva face à la pire torture de tous les temps : à savoir des escaliers au beau milieu d'une tentative de fuite. Elle les descendit en courant, mais marche par marche, tout simplement pour la bonne raison qu'elle avait tendance à s'emmêler les pattes. À partir de là, inutile d'imaginer ce qu'il se produirait si elle se prenait les pieds dans ses pieds. Boum badaboum, et peut-être quelque chose de cassé. Ce serait con, tout de même.

Elle dérapa quelque peu en tournant à un nouveau coin, et s'arrêta comme le blondinet faisait de même. Elle manqua de s'écrouler sur le sol et finit simplement par s'accroupir pour laisser le sang circuler dans ses jambes, soufflant bruyamment pour reprendre sa respiration. Elle pouvait se laisser mourir maintenant, plus de danger. Cela dit, elle relève les yeux vers la serpillère et les plisse légèrement.

- Je me suis perdue ! C'est tout !

Excuse bidon de la meuf qui ne sait pas quoi répondre. Mais que voulez-vous qu'elle lui réponde ? Cela dit, elle fit une tête un peu bizarre lorsqu'il lui annonça qu'il avait oublié son ordinateur. Une moue s'esquissa sur son visage et elle réfléchit. Lui dire son nom, lui en donner un faux ?

- Moi c'est Aria. Et toi, Fregona-man* ? (*Traduisible par "homme-serpillère", en gros. C'est un surnom mignon ! Presque ! C'est gentil quoi. Promis.)

Elle se releva souplement et s'étira, fit craquer son dos et se massa le front avec une grimace. Son arcade sourcilière, un peu malmenée durant son accident, la faisait un peu souffrir, mais elle ignora. La rouquine prit alors soin de ranger son petit bébé (son portable) dans sa poche, pour être certaine que personne ne viendrait le lui prendre. Elle songea un instant qu'il devrait exister des brassières avec poche interne pour ranger son portable et le garder à l'abri des importuns.

- Et comment ça "on va faire un repérage" ? On est pas dans un James Bond ou Mission Impossible… Tu peux aller le récupérer plus tard, non ?

Puis "on", comment ça, on ? Ariana marqua une pause en le fixant. Attendit un peu, puis se passa la main sur la nuque et étira ce qu'il sembla être un sourire embarrassé.

- Bon, j'imagine que je te dois bien ça. Merci au passage. Même si ta diversion était vraiment nulle…

Dit-elle.

(Le fantôme c'était super bien comme idée, d'abord.)


HRP : Mais noon, t'inquiète pas ! Puis ça me va si je fais pas 1000 mots pour un post une fois

Mais c'est qu'elle en met du temps à descendre, qu'il pense. Tu m'étonnes, vu l'état dans lequel elle arrive elle doit avoir un problème de santé. Bon c'est pas comme si lui avait l'air en pleine forme, suffit de voir comme il souffle. Il sait courir vite et longtemps, ça veut pas dire qu'il souffre pas en le faisant. Et elle sort une excuse un peu minable, mais bon, il se dit que c'est une fille, c'est normal. Il est pas très doué avec les filles. Enfin disons surtout qu'il en a jamais vraiment fréquenté, de filles. Il sait pas trop comment ça fonctionne, il suppose, c'est déjà pas mal. Les filles pour lui, c'est plus compliqué que ses IA, et ses IA elles sont déjà pas faciles à comprendre (même si c'est lui qui les a programmé, ne cherchez pas l'erreur).
Elle donna son nom, lui donnant par la même occasion un surnom dont il se serait bien passé.(Chrome écrivit la signification en gros sur l'écran de veille de son portable, You grogna, merci il avait compris, connard.) Homme-serpillière ? Sérieusement ? Bah, ça doit pas être si loin de la vérité, qu'il se dit. Il faut vraiment qu'il fasse quelque chose de ses cheveux, maintenant qu'il est obligé de sortir et de fréquenter des gens, c'est trop voyant. Il les attachera, la prochaine fois.

_ Moi c'est Houston. Enchanté, Madame la Stalkeuse, lança t-il avec un sourire.

Bah quoi ? C'est elle qui avait commencé.
Il la regarda ranger son portable en se massant le front. Il se demanda si ça faisait aussi ma que ça... Il devrait peut-être l'emmener à l'infirmerie non ? Je vous l'avais dit, un vrai gentleman.
Elle commença à râler, et même si ça énervait un peu l'américain, elle avait raison, elle avait aucune raison de le suivre. D'ailleurs il savait même pas pourquoi il avait dit « on », il disait jamais « on ». Malgré tout, sa comparaison avec deux célèbres personnages d'actions lui tira un soupire amusé (si ça existe). Lui il serait plutôt Q dans James Bond en fait, le vieux qu'on voit dans une scène, histoire de donner les gadgets cheatés et le beau rôle à un autre. Quoique dans le dernier ils l'avaient remplacé par un jeune non ? Pas trop mal l'acteur d'ailleurs, au moins il pouvait se reconnaître en lui, et ça c'était rare.
Il haussa les épaules.

_ James Bond ? Pff, un amateur à côté de moi. Lui il a pas compris que pour infiltrer un bâtiment y'a pas besoin d'entrer dedans. Donc non, je peux pas trop attendre...

Il se la pète ? Non, il est persuadé d'avoir raison, c'en est tellement devenu une certitude qu'il la prend pour naturelle. En même temps si il était pas persuadé d'être le meilleur dans son domaine il aura pété un câble depuis un moment.
Elle le regarda quelques secondes, fixement. Il lui renvoie son visage neutre, normal, vieille loque. Ha, merde, elle a du tilter pour le « on ». Bah, tant pis hein. Elle lui propose quand même de l'aider. Hm, il suppose qu'il l'a jugé un peu vite, après vérification rapide de son portable, elle ne semblait pas présenter de danger (d'après Wiki, celui en qui il peut encore avoir le plus confiance. Après Chrome. Quelle ironie, le dernier est aussi le plus chiant.) Par contre, elle a du culot de dire que sa diversion était nulle. Oui elle l'était, mais quand même...

_ Et ben je sais pas ce qu'il faut pour plaire à Miss Ghost. Aria c'est ça ? Ok le porno c'était naze, mais le coup des portables ? Du grand art non ? (après une sorte de petite pause dramatique, il secoue la tête) Non, pas du tout, j'ai fait ça à 9 ans. Mais au moins, ça nous a sauvé.

De quoi ? Là est la question. Ils auraient fait quoi exactement ? Rien sûrement.
Une fois l'excitation partie il se rend compte à quel point il y a un fosser. Un trou immense entre sa vie d'avant et celle de maintenant. Peut-être que jouer à James Bond, ça lui donnera une raison d'être motivé à quelque chose...

Ah. Euh. Ben. Visiblement, il ne semblait trop réagir au surnom qu'elle lui avait dégoté. Il était pourtant sympathique ! Enfin presque. Elle n'avait pas pour habitude de se moquer de l'apparence des gens, mais vu sa sympathie naturelle, surtout envers elle, elle ne se sentait pas du tout coupable pour le coup. Certainement parce qu'il avait l'air de royalement s'en foutre, en fait. Bon, c'est un bon point, ça voulait dire qu'il avait de l'humour, mine de rien ! C'est pas donné à tout le monde ! De nos jours, les mecs sont encore plus susceptibles que les nanas, et c'est pas peu dire. Ah ! Il a grogné en fait ! Bon, donc il n'a pas d'humour. C'est dommage. Ils se seraient bien entendus pourtant !

- Mad... Madame la Stalkeuse ?! s'exclama-t-elle avant de s'empourprer sévèrement. Mais pas du tout ! Arrête avec ça, je ne matais personne ! Enfin si mais c'était pour la bonne cause !

Ouais, et là c'est carrément se vendre en fait, mais elle préférait autant ne pas y penser. Il l'avait appelée la Stalkeuse ! C'était à la fois dégradant, et... et méchant ! Bon, c'était aussi plutôt bien renvoyé quand on prenait en compte le fait qu'elle-même l'avait gratifié d'un surnom stupide, mais voilà, Ariana a toujours raison et les autres ont donc forcément tort. CQFD.

Où en était-elle ? Ah, oui. Stalkeuse. On ne pouvait pas réellement dire que monsieur la serpillère avait tort, sur ce coup-là ; mais disons que le terme de stalkeuse ne convenait même pas tout à fait. Certainement parce qu'il n'est pas assez proche du voyeurisme auquel s'adonnait sans honte (ou presque) la jeune femme. Elle replaça mécaniquement une mèche de cheveux presque rousse à nouveau, les joues écarlates. Elle se doutait que ses tâches de rousseur allaient ressortir et elle se maudit intérieurement d'être si faible. Gnagnagna. C'est pas un crime de mater, de toute manière ! Les mecs se gênaient pas d'abord !

Il reprit avec son idée stupide d'espionnage à la James Bond et, lorsqu'il lui eut répondu, elle fit une tête somme toute assez étrange. Pour infiltrer un bâtiment y a pas besoin de rentrer ded--... Mais. Mais de quoi il parlait ? Elle lui jeta un regard oblique, un peu perturbée, et étira un demi sourire désolé pour lui.

- ... T'es un peu zinzin toi, non ?

Ben quoi. C'était vrai, après tout et-- ET IL FALLAIT QU'IL ARRÊTE AVEC LES SURNOMS BIZARRES ! Miss Ghost... Miss Ghost ! On avait tout vu ! Elle croisa les bras dans un signe de mécontentement et se détourna à demi, boudeuse. Ouais, elle avait dit que les mecs étaient plus susceptibles que les nanas, mais ça ne voulait pas dire qu'elle-même ne l'était pas. Les exceptions à la règle, vous connaissez pas ? Elle roula finalement des yeux.

- Bon, bon, c'était pas trop mal-- (Et il lui en coûtait de prononcer ces mots, croyez-moi.) Mais tu es vraiment imbu de toi-même en fait ?!

Ce type était carrément trop chelou.

- Je t'accompagne, à une condition ! (Et elle tendit l'index, juste sous son nez, pour que la condition attire bien son attention. Son sourire s'étira. Large. Trèèès large. Oh oui. Oh oui l'idée de génie, du pur génie, que dis-je, une déesse !) J'comptais installer quelques petites caméras, mais je suis une vraie quiche... Faut que tu m'apprennes à le faire !

Ouais, elle l'avait sauvée des mecs, il lui avait permis de s'enfuir. Ils allaient récupérer son ordi ? Alors elle voulait qu'il lui apprenne à poser des caméras dans les douches des mecs. Donnant-donnant. C'était son dernier prix.

... Et elle en avait rien à foutre qu'il la traite de voyeuse, elle en était parfaitement consciente.

Il la trouvait plutôt drôle, la fille. Enfin pas que ça se voit sur son visage de râleur, mais le sien était un livre ouvert avec des pages en gros caractères comme pour les personnes âgées. Elle semblait être vexée qu'il n'ait pas réagit au surnom, en même temps « serpillère » ça le changeait pas trop du « clodo » auquel il avait tant l'habitude. Et puis la façon dont elle rougit, aussi. Il avait rarement vu une tomate pareille, il se demandait même comment c'était possible d'avoir un épiderme qui marque autant que ça. Sans oublier le fait qu'elle savait visiblement pas mentir. Elle matait personne, bien évidemment. Ha si, elle matait en fait, mais pour...
La bonne cause ?! Il leva un sourcil. Vous savez, la futilité fait parti des choses que Houston est absolument incapable de comprendre, du moins pas à petite échelle. Et puis servir une plus grande cause, ça la pardonnait d'être une stalkeuse, mais pas de s'y prendre aussi mal.

_ La bonne cause... Tu tiens un site de gigolo ? Ou tu arnaques des gens avec des fausses pubs ? Parce que dans les deux cas tu aurais eu de meilleurs clichés depuis l'armoire vers le mur du fond.

Bizarrement, son regard paraissait vraiment intéressé. Non pas qu'il ait un intérêt quelconque pour les gros seins ou les torses -il en a marre de répéter qu'il est pas gay, merde !- mais de là où il vient, tout est toujours intéressé, alors simplement mater sur un blog ça lui échappe. Mais vous pensez, dis avec autant de tact, elle serait capable de mal le prendre. En fait, désolé Houston mais je vois mal comment elle pourrait bien le prendre. Il faudrait faire un « manuel des choses de la vie pour les nuls » rien que pour lui.
Elle le gratifia d'un « t'es un peu zinzin » tellement sincère que ça aurait sûrement blessé n'importe qui. Qu'est ce que vous voulez qu'il dise, le pauvre geek ? Oui ? Non parce que pour lui, c'est la normalité qui est bizarre, c'est comme dire à un marginal contre la société qu'il en fait parti. Même si vous avez pas tort, il pourra jamais le voir.
Il hausse les épaules, visiblement elle connaissait pas le principe du hacking, parce que c'est quand même plus pratique pour rentrer dans un bâtiment, non ? Mais James Bond c'est les muscles et rien dans le crâne, Houston devinait toujours la fin avant même la sortie du film.
Elle le félicita avant de l'insulter, ce qui lui tira un petit rire bizarre. Entre un rire d'amusement et de lassitude. Vous vous rendez compte, autre chose qu'un rire cynique ?! Mais c'est un exploit dites donc, décernez lui une médaille ! Il laisse apparaître un sourire en coin.

_ Imbu ? Ben voyons, pourquoi pas orgueilleux pendant que tu y es...

Houston, imbu de lui même ? Peut-être un peu oui. Un peu beaucoup, si on l'écoute parler. Un peu moins si on l'entend penser, mais ça c'est mon privilège. Orgueilleux, sûrement pas. D'ailleurs il l'aurait considéré comme inférieur si c'était le cas, mais non, il arrivait toujours pas à cerner Aria, penchant pour la désigner entre une daronne de la pornographie et une arnaqueuse surpuissante du net. L'option « personne normale due à une rencontre hasardeuse » n'existe pas dans le vocabulaire de Houston, bizarrement.
Elle sembla chercher une condition, et dès qu'elle la trouva, il se peignit sur son visage un tel sourire de génie et de perversité que Houston leva l'autre sourcil, pas très rassuré. Merde, si elle avait compris ses capacités, elle allait forcément lui demander un truc énor-
Ha bah non. Il poussa un soupire de soulagement et rigola nerveusement. Il penchait plus pour l'administratrice d'un site gigolo au final, ou une photographe démente. Houston sortit son portable, commença à taper sur l'écran. Recherche lancée pour les caméras bas prix, celles qui sont imperméables et les autres.

_ Tu as déjà des caméras ou pas ? Sinon y'en a pour pas cher via un filon. Si tu les as là on se fait ça tout de suite (il releva la tête deux secondes et fronça les sourcils) mais une stalkeuse qui sait pas poser de caméras c'est pas méga sérieux, faut que je t'écrives un cours là dessus aussi ou bien ?

Même pas une protestation, ben non c'est Houston. Qu'on chercher à incruster la vie privée des gens, il s'en fout complètement, il fait ça tous les jours. Et puis avec un peu de chances, il pourra placer son logiciel transmetteur dedans, ça lui permettra d'avoir les infos aussi. Les gens parlent toujours plus dans les endroits privés, où ils se croient en sécurité. Au final, il ne perdait pas au change.
Il devrait par contre trouver une nouvelle chambre et un nouvelle douche, il avait pas très envie d'être observé et/ou de devoir emporter un brouilleur avec lui pour se laver. De toutes façons, il avait pas plus envie de dormir dans les dortoirs. Ho, trouvé ! Il irait chez Gaetano, en plus ça lui fera un peu de compagnie pour s'amuser.
Il jeta un dernier coup d'oeil à son portable. Visiblement ils avaient pas encore repéré l'ordi ou n'avaient pas tenté de l'allumer, c'était bon signe. Bon en même temps, c'est pas comme si ils réussiraient à craquer le code. Enfin, les codes. Et les pièges. Et les autres trucs, aussi. Bref.
Sans regarder Ariana, il se dirigea vers les douches des garçons.

_ Bon, on commence par là je suppose, on est au milieu de l'aprem et les cours de sport sont pas encore finis, il devrait y avoir personne.

Tout est normal dans la vie de Houston, on ne le dit jamais assez...

Un site de gigolo ? Et puis quoi encore ? Il s'imaginait quoi, qu'elle alimentait un site porno ? Quoiqu'elle aurait pu, et l'idée lui parut soudainement rafraîchissante. Puis bon, pour la fausse pub, c'est pas comme si elle en était réellement capable, hein. La pauvre petite se sentit soudainement toute empotée. Lui avait l'air d'être un mec suffisamment doué pour faire sonner les portables de toutes les personnes présentes dans la pièce. Cela dit, cela ne l'empêchait pas d'être un poil zinzin de son point de vue. Il parlait un langage qu'elle peinait à comprendre et, très franchement, elle ne voyait pas pourquoi elle s'amuserait à créer des arnaques. Pour elle, partager la beauté de ces mecs avec le monde entier n'était pas fait pour la gloire, mais bien pour le plaisir qu'elle ressentait à voir les autres apprécier les photos à leur juste valeur. En y repensant, par contre, c'est vrai que l'armoire aurait été un peu plus logique... Mais que voulez vous ; elle avait peur de se faire prendre, et dans sa tête, il semblait moins probable qu'un de ces types regarde sous un lit que dans un des placards. Puis bon, elle comptait pas non plus se plier en quatre pour se ranger dedans hein, fallait pas croire. Elle était un peu concon, mais fallait pas pousser la stupidité trop loin non plus. Aucune envie de se péter le dos en se recroquevillant dans une case trop petite pour elle. Elle préférait autant le lit, c'était pas spécialement mieux, mais au moins, elle avait eu la place de s'allonger, quoi.

- Mais non ! C'est pour mon blog ! Je suis pas une arnaqueuse !

Oui, parce que son blog, déjà, ce n'était pas n'importe quel blog. C'était LE blog. Elle aurait certainement du le renommer "Stalker&co" mais elle n'avait pas assez d'auto-dérision pour ce faire... Alors pour le moment, il garderait son nom actuel (qu'elle ne citerait pas, pour éviter les oeillades indiscrètes dessus ; vu son contenu, il valait mieux que personne de son entourage ne soit au courant... Juste pour préserver la santé mentale des autres - et surtout son image auprès d'eux, mais chut.) et tant pis ! Si les gens n'étaient pas contents, ils n'auraient qu'à aller se faire empapaouter chez les grecs, et puis zut.

- Ouais, orgueilleux aussi, probablement, finit-elle par rire, tout compte fait.

Le garçon - enfin l'homme, ils avaient sûrement le même âge, mais vu la mentalité des deux, pas sûre qu'ils soient réellement à considérer comme deux adultes sains d'esprits - l'amusait un peu, tout de même. Il avait des réactions un peu bizarre, une curiosité étrange pour ses projets. Lorsqu'elle lui demanda de l'aide, il sembla tout d'abord soucieux, puis rit nerveusement. Elle ne comprit pas pourquoi, au passage ; elle n'avait pas voulu le faire stresser, malgré son petit air théâtral. Peut-être s'attendait-il à autre chose ? Elle ne chercha pas à le savoir longtemps, et tenta de rester accrochée à ce qu'il venait de lui dire. Via un filon ? Quewa ? Kekessé ? La rouquine fit la moue, perdue.

- Hein ? Quoi ? Quel filon ? Non j'ai pas encore les caméras et... Hé mais attends, pars pas comme ça !

Elle lui courut après pour le rattraper. Puis, c'était quoi cette question naze ? Evidemment qu'elle ne savait pas poser de caméra ! Et puis quoi encore ! Ce n'était pas pour rien qu'elle le lui demandait, hein ! C'était pas simplement pour faire joli ou pour trouver un truc pour compenser ! (Bon, aussi, mais ça, il n'était pas obligé de le savoir...)

- Comment on les poserait ces caméras ? Là, je les ai pas, même si j'dois avoir une petite GoPro dans ma valise... Je vois pas qui se baladerait avec une caméra dans la poche, de toute manière... C'est pas comme si c'était le but premier de mon excursion !

Puis elle lui lança un petit sourire embarrassé, et enfin enjoué. Ouais ben ouais, fallait pas trop lui en demander hein.

- On peut aller récupérer ton ordi avant, sauf si t'as besoin d'un peu de temps pour explorer les lieux, moi ça me va très bien comme ça~

Ah ouais mais nan, cherchez pas : elle a trouvé un gentil pigeon, doué en plus de ça, elle allait pas le laisser s'envoler avant de l'avoir un peu plumé. Puis si elle pouvait se défiler et ne pas avoir à aller récupérer cet ordi, ce serait encore plus bénef'...

- T'as une idée de comment on va faire, fregona-man ? Je sais pas du tout comment ça se passe, soupira-t-elle avec dépit, consciente de sa nullité extrême.

Un blog ?! Un simple blog ? Non, ça n'est forcément pas qu'un de ces blogs d'adolescentes en chaleur, il n'a jamais vu quelqu'un aller aussi loin pour un blog. Et puis de manière générale, il ne tombe jamais sur des personnes anodines et futiles comme ça, alors il reste sur ses gardes... En l'aidant. Oui, du Houston tout craché. D'ailleurs, il se pose en ce moment très la question de la signification beaucoup trop bénigne du mont "arnaqueuse". C'est un peu léger non ? Elle doit forcément être pire, qu'il se dit. Enfin, il s'en fout au fond. Pas du tout en fait mais on va faire comme, comme toujours.
Elle semblait outrée qu'il ait insulté à demi-mot ses activités (ou du moins devait-elle le prendre comme ça parce qu'elle s'offusqua, pour une simple remarque de passage... Weird) et ne se priva pas de le traiter d'orgueilleux, ce qu'il ignora avec un soupir. Non mais. Orgueilleux, bien sûr. Et antipathique aussi, on ne le dit jamais assez. La preuve, il n'aide jamais personne... N'est ce pas ?
Et elle n'avait pas de caméras, ni le jargon du métier, il allait tout de même pas se résoudre à penser qu'elle était amateur ! Elle se jouait forcément de lui, non ? Elle lui courait après tandis qu'il se rendait compte que son filon passerait pas les portes de cette Terrae. Evidemment, trop dangereux, et puis le garde était clairement flippant, même si il avait l'air d'affectionner les plantations. Avec sa carrure d'huître pas fraîche, Houston voulait même pas entendre d'un affrontement même du regard entre lui et ce type.
Il grogna tout bas avant de se renseigner sur l'achat de caméras sur le campus. Hm, trop cher. Enfin, c'est pas comme si il avait l'intention d'acheter... Même si il a largement les moyens. Il s'arrêta net aux paroles suivantes. Ho.

_ On va chercher la Gopro, ça sera déjà un début. Faudra qu'on passe au magasin prendre des plus discrètes et du plâtre. Ensuite seulement on ira les placer. Et...

Il fouilla dans une poche, en sortit un petit objet rectangulaire qu'il lui mit sous les yeux avec son habituel air blasé. Oui, il avait une caméra dans la poche. Et 3 micros. Mais le reste de ses stocks étaient dans sa pochette d'ordi. Ils dataient un peu parce qu'il avait oublié qu'il les avait (enfin, oublier est un grand mot, puisqu'il en foutait partout), mais ils n'avaient pas encore servi. Il espérait juste que les systèmes d'exploitation seraient encore compatibles, mais comme il y avait normalement le sien, ça devrait aller.

_ J'accepte la proposition, on passe chercher la go pro, on passe prendre l'ordi, on passe au magasin et on installe.

Si le délai était court ? Mais non, on fait toujours mieux les choses quand sa vie est en jeu. Mais il ne s'agissait pas de sa vie n'est ce pas ? ... Pour éviter de se poser la question, il dévia vers les dortoirs des filles. Pratique d'avoir le plan dans la tête.
Avant même qu'ils ne puissent atteindre ceux ci elle le prit à nouveau au dépourvu. Il ouvrit la porte avec un air râleur en se demandant bien ce que son esprit pouvait capter du peu de paroles qu'il sortait.
Il s'arrêta à l'entrée, la laissant récupérer ses affaires. Trop poli pour entrer dans la chambre des filles vous vous dites ? Haha non, la pudeur et lui ça fait deux. Disons plutôt qu'il ne faut pas entrer dans une pièce sans couvrir la seule issue. Élémentaire.

_ C'est tout con, Miss Ghost. On va creuser un trou à un endroit pas trop visible, en hauteur et pas dans un angle -ça se voit trop dans les angles-, y glisser les caméras et refermer à l'aide de plâtre avant de masquer avec ce qui sera nécessaire pour qu'on ne voit pas l'opération.

Et s'ils se font choper ils auront qu'à dire qu'ils font des travaux d'intérêt général pour rembourser une connerie. Personne les enviera pour ça au point de les déranger dans leurs affaires. Ce monde était si prévisible...

Pourquoi quand elle lui parlait elle avait l’impression qu’il comprenait tout de travers ? Il la regardait comme si elle était une espèce de fille étrange, qui comptait amasser des informations pour les revendre ensuite. Arnaqueuse, et puis quoi encore, pff… Elle ne s’en remettait décidément pas. Elle attendit néanmoins sagement que Houston décide de la marche à suivre, pour pouvoir le suivre comme un bon petit toutou. Oui, parce qu’Ariana agissait assez régulièrement comme un chien ; on lui disait quoi faire, elle remuait la queue, et elle agissait. Évidemment, il y avait une petite marge de manœuvre entre ce qu’on lui demandait et le résultat final, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle ne manquait pas de volonté. À vrai dire, elle manquait de tout sauf de volonté…

Le blondinet commença à lui expliquer les prochains événements, et elle inclina la tête, avant d’acquiescer. Ok. Gopro dans les dortoirs, puis magasin pour prendre du plâtre. Puis il sortit quelque chose de sa poche, et elle se rapprocha avec de gros yeux pour constater que c’étaient… des micros ! Une caméra ! Elle leva des yeux brillants d’une lueur aussi malsaine qu’euphorique, et étira un grand sourire.

— Vendu ! Top-là ! fit-elle en lui présentant sa main pour qu’il tape dedans. On va faire un super duo tous les deux ! Toi tu seras MacGyver et moi je serai Penny Parker ! Bon, elle sert pas à grand-chose, mais ne nous voilons pas la face, je sais pertinemment que je suis un boulet, argumenta-t-elle d’un air parfaitement sérieux, agitant la main pour appuyer ses propos.

Elle le suivit alors jusqu’au dortoir des filles, et lui intima gentiment de rester à la porte. Elle l’ouvrit, rougit en constatant qu’un de ses soutien-gorge traînait bien en vue sur son lit – le soutif était rose, ROSE !! genre le truc pas du tout visible – et elle fonça dessus comme une tornade pour le planquer dans sa valise, sous son lit. Elle farfouilla dans ladite valise pendant que la serpillère lui expliquait comment ils allaient s’y prendre, et acquiesça.

— Ah… Oui, c’est pas bête.

Une manière comme une autre de dire qu’elle n’y avait absolument pas pensé, et qu’elle n’aurait jamais été capable de mener son projet à bien toute seule. Genre jamais… jamais quoi. Elle aurait tout fait capoter, en plus. Le pire, c’est qu’elle était pleine de bonne volonté, de détermination, elle avait toujours plein d’idées pour amuser la galerie – et s’amuser elle-même, par la même occasion. Mais elle n’avait que des moyens très très limités pour les mettre à exécution, et ça la dépitait pas mal.

— Bon je te fais confiance pour l’exécutif, hein ! Moi je… surveillerai que personne n’entre.

Ça entrait plus ou moins dans ses capacités, ça. Faut pas lui demander trop compliqué à la petite grenouille, sinon ça va plus.

— AHAH JE T’AI TROUVEE ! cria-t-elle en se redressant, avant de refermer sa valise et se précipiter vers Houston.

Elle était roulée en boule avec ses vêtements sales et pas encore lavés, mais ça il n’était pas obligé de le savoir. Elle lui offrit un grand sourire.

— Tu crois qu’on fait comment pour récupérer ton ordi ? On les attire dehors et on le prend en scred, ou alors on fait la méthode gros bourrin : on entre et on ressort en courant ?

Elle ne savait pas ce qui était le mieux, mais pendant qu’elle parlait, elle entraînait Houston en direction du dortoir des mecs. Elle se planqua derrière un mur et glissa un regard dans le couloir.

— Il n’y a personne dehors, chuchota-t-elle bruyamment. J'attends ton feu vert, MacGyver !

Hé, passer du statut de serpillère à MacGyver en l'espace de cinq minutes, c'est quand même pas mal hein.

Pourquoi quand il lui parlait il avait l'impression qu'elle comprenait tout de travers ?
Il suffisait de regarder la tête qu'elle faisait pour se demander au juste quand elle était arrivée dans la conversation. Elle devait avoir des absences, il ne voyait pas d'autre moyen pour qu'elle soit si lente. Pourtant il ne disait pas des choses très compliquées... Vous trouvez ça un peu dur ? Allons allons, il n'avait même pas encore parlé des termes techniques, soyons sérieux c'est du petit level, pour le moment...
Par contre la vision des caméras et des micros vieux comme le monde sembla la mettre en liesse. Ou la rendre folle. Vendu ? Non, volées. Top là ? Il ecarquilla les yeux devant la main tendue de sa partenaire temporaire. Top-là, vraiment ? Ne demandez pas à Houston ce que ça veut dire, les contacts, les gens, tout ça, il connait pas. Un poil confus, quand même, il lui ficha avec une élégance Houstonienne le plus gros vent du monde.
Il haussa les épaules.

_ Merci mais non pour McGyver, j'ai toujours eu sa coupe en horreur.

Même la sienne, qui ne ressemblait à rien, ressemblait toujours plus à quelque chose que celle de ce type. Il ne réagit pas quand elle dit qu'elle était un boulet. Ou plutôt, il lâcha un "pff" ironique, entre le "je le savais" et "touriste". Et il lui sembla qu'il faisait bien de ne dire aucun des deux.
Et si elle pensait qu'il n'avait pas vu le soutien-gorge rose pétant, elle se plantait, évidemment. Mais Houston et ces choses là, je vous l'ai dit, c'est particulier. Dire qu'il n'en a rien à foutre paraît tout à fait approprié. Il tilta par contre à ses paroles.

_ Bien sûr, faire le guet, pour être aussi discrète qu'un gorille et te barrer à la première emmerde ? N'y pense même pas. Tu seras dans la salle de bain, en sous vêtements et serviette et tu prétexteras t'être trompée de salle de bain si jamais un mec se pointe, il te laissera le temps de t'habiller avant de rentrer, ça me donnera un délai supplémentaire.

Fallait même pas essayer de le rouler, il savait ce qu'il faisait. Et proposer à une fille de se foutre en soutif devant lui, ça le gênait pas plus que ça. C'est pas comme si c'est lui qui voulait mater, à la base hein.
Il la suivit jusqu'aux dortoirs des mecs, levant un sourcil devant son cinéma. Elle était du genre hyperactive non ? Il était d'accord avec lui. Normal, j'ai envie de dire. Il soupira après sa dernière phrase, poussa la porte sans se presser, pris son ordi sur le meuble juste à côté, et ressorti avec autant de flegme. A peine si les gars avaient levé la tête. Hey, on est pas dans un film, les gens vont pas vous courir après dans les couloirs parce que vous avez agit comme un taré.
Houston éleva son ordi à la hauteur des yeux d'Aria.

_ Tadam. Mission accomplie. Et recors battu, je crois. Maintenant, magasin.

Il ne leur fallu pas longtemps pour atteindre la boutique de bricolage. Encore moins pour acheter un peu de plâtre et un couteau. Il n'avait même pas eu à prétexter la réparation d'un mur, c'était tellement évident. Il prit aussi des pigments et de la résine imperméable et transparente, pour le maquillage. Le tout aux frais d'argent détourné, bien sûr.
Il se tourna à nouveau vers sa commanditaire, en jettant un coup d'oeil à l'heure.

_ Bon, ça nous fait une bonne heure devant nous. Tu vas me chercher de l'eau, mettre des dessous plus sexys et on se retrouve là bas.

Les dessous c'était pas pour lui, mais plutôt pour le gars éventuel qui aurait à tomber dessus. Ho, et il faudrait aussi décrocher l'indication "douche des hommes", sinon elle aurait l'air encore plus débile qu'elle ne l'était vraiment. Et même si You s'en foutait un peu, il préférai prévenir un maximum de risques...

D'où "merci mais non" ? D'oùùù ?! Elle lui demandait carrément pas son avis, là ! Et gna et gna et gna. De suite il abusait ! En plus, il lui avait foutu un sale vent bien merdique qu'elle n'appréciait pas beaucoup. MacGyver avait vachement la classe en plus. Pas comme lui. Ok, sa coupe craignait un peu, MAIS il avait la classe. Et il ne ressemblait pas à une serpillère.

— Eh, MacGyver (elle n'en démordrait définitivement vraiment pas) quand on te tend la main, faut taper dedans. Comme ça, fit-elle en mimant le geste. Ça se voit que tu communiques pas beaucoup avec tes semblables, hein.

On aurait dit qu'elle parlait à un autiste - enfin, une personne handicapée mentalement, quoi. Au fond, c'était un peu comme ça, dans sa tête ; elle comprenait pas trop le problème, mais on lui avait toujours dit d'être gentille avec les handicapés, parce que ce n'était pas de leur faute. Donc il n'était pas fautif. Même s'il était désespérant, quelque part. Bon, après, ça lui convenait bien comme ça, au final.

Elle tenta alors de trouver un moyen de se rendre utile et lui proposa, pleine de bonne volonté, de monter la garde. D'ailleurs la réponse ne plut pas trop à Aria. Pas du tout, en fait. Elle s'empourpra, le fixa avec des yeux furibonds et les joues gonflées. Pour qui la prenait-elle ? Une couarde ? Certes. Elle en était une. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. MAIS. Elle avait un minimum le sens de l'honneur. Un minimum. Elle ne se serait certainement pas enfuie en le laissant seul et désemparé - enfin, désemparé… Même si elle aurait pu y songer, sur le coup, il valait mieux être honnête. Bon. Il fallait dire qu'Aria et la moralité, ça faisait parfois beaucoup. (Beaucoup trop.)

Enfin, elle le fixa d'un air…perturbé. En sous-vêtements et serviette ?

— Tu veux juste mater en fait, hein ?

Suspicieuse, elle laissa planer un silence. Puis répondit :

— Bon, ok, ça marche !

… Pourquoi acceptait-elle, au juste ? Non mais. ELLE AVAIT VRAIMENT DIT- Non mais... Ariana, bordel.

Arrivés près des dortoirs, Houston se dirigea vers la salle pour en ressortir avec son ordi. Tranquillement, comme ça. Ouais, bon, ça marchait aussi… Elle acquiesça, toute excitée, lorsqu'il lui proposa de faire un aller-retour rapide jusqu'aux magasins. Elle le regarda faire, sans rien dire, amusée par son sérieux.

— D'où, mes sous-vêtements sont très sex- bon ok j'y vais.

Avant de partir, elle s'arrêta, et reprit.

— Dis voir, t'es toujours aussi sérieux, dans ta vie ?

Puis elle sourit en coin, lui souffla un baiser et se dirigea vers les dortoirs des filles pour se changer. Elle ne tenait pas en place, elle se sentait comme une espionne sexy sur le point d'aller en mission spéciale. Et Houston, c'était un peu le mec avec un ordi, qui s'occupait toujours de tout dans l'ombre. Osef, c'est elle qui avait la classe dans cette histoire, nyark nyark.

Elle attrapa sa serviette, sa trousse à maquillage, sa pince à cheveux et ses barrettes et se dirigea tranquillement jusqu'aux douches des mecs. Elle lui tendit une bouteille d'eau, intriguée.

— Pourquoi de l'eau, Youyou ?

Oui, "Youyou", parce que c'est ridicule et que ça lui va bien. Elle entra dans les douches et plissa le nez.

— Wah, ça schlingue là-dedans.

Puis, tranquillement, elle se mit en sous-vêtements et s'enroula dans sa serviette, avant de s'attacher les cheveux comme quand elle allait à la douche. Un sourire.

— Allezzz, on fait quoi maintenant ?!

Encore un peu et elle sautillait. J'vous jure, cette môme...

Il venait de lui foutre un vent ?
Ho, elle parlait d'un highfive ? Il n'en avait en effet fait avec personne, communiquer avec ses semblables, pourquoi faire ? Encore faudrait-il qu'il en ait, des semblables. Vous connaissez quelqu'un comme lui ? Pour votre bien, j'espère que la réponse est "non". Il grommela juste dans sa barbe inexistante, histoire de signifier qu'il était pas totalement d'accord (mais qu'il ne trouvait rien à répliquer malgré sa grande gueule, ou qu'il risquait de sortir un truc trop méchant pour qu'il soit abordé  ce moment là de la conversation).
Par contre il avait du mal avec la logique de la jeune fille. Elle semblait être furieuse qu'il veule mater (mater ? De telles futilités, sérieusement ? Houston avait tout d'un voyeur mais il n'était pas pervers, pour lui le cul d'une fille n'était une information intéressante que lorsqu'elle s'en servait pour compromettre un haut gradé) mais accepta néanmoins avec une facilité déconcertante. Elle aimait se faire mater, peut-être ? Peut-être que c'était elle qu'elle voulait mettre en scène au final... Il la toisa une seconde. Leva un sourcil. Retint un petit rire cynique. Et la snoba complètement.
Ils prirent les sous-vêtements, elle lui demanda si il était toujours aussi- attendez quoi, sérieux ? Hm, bonne question, est ce qu'il était sérieux ou est ce qu'il avait l'habitude de s'occuper d'affaires sérieuses ? Sûrement la seconde supposition, parce que vu les choses dont il s'occupait normalement, il allait sans dire qu'on avait pas vraiment l'impression qu'il était sérieux. Il haussa les épaules.

_ Toujours sérieux, d'habitude je porte même une costard hors de prix et une cravate, j'ai un flingue à la ceinture et je prends jamais le bus.

C'était à peu près l'image que Houston se faisait d'un homme "sérieux". Image qui bizarrement ne convenait pas du tout à sa personne. A la première occasion il se serait pendu avec la cravate...
Elle lui apporta ce dont il avait besoin et lui demanda, pour l'eau. C'était vraiment une nouille, cette fille... Enfin bon, elle lui avait demandé, et même si ça le faisait chier il se DEVAIT de lui expliquer calmement et gentiment...

_ Ben dis donc, heureusement que c'est moi qui m'occupe du plâtre, sinon on serait pas sorti de cet endroit...

Réponse donc : l'eau c'est pour le plâtre. Il ne l'écouta pas râler sur l'odeur, qu'il trouva lui aussi intenable. Il haussa les épaules, malgré tout pas convaincu.

_ T'as été chez les filles pour voir ? Chez vous c'est pas l'odeur, c'est les cheveux, c'est pas forcément mieux...

Le tact et la gentillesse, toujours ! Enfin, il sentait qu'il pouvait désormais se permettre ce genre d'écarts avec Ariana. Le contact était "bien passé", mais ce n'est pas lui qui vous le dira, vu qu'il ne comprend décidément rien à la logique humaine. Elle s'enroula dans sa serviette en sous-vêtements et alors qu'il commença à percer un trou dans un des carreaux de la douche. A bonne hauteur, tout ça tout ça, il n'était pas un très bon bricoleur mais un cacheur de matériel de surveillance ? Là c'était un pro. Quand je vous disais que c'était un voyeur...
Et puis... Pire que ça, elle commençait à s'agiter. Elle n'arrêtait pas de sauter de partout comme une débile en serviette. Il avait à peine commencé qu'elle lui demandait déjà quoi faire... Il plaça la première caméra et commença à battre le plâtre avant d'avoir une idée... Pas très sympa. Mais il avait vu dans des films que des fois ça faisait rire les gens (pourquoi, telle est la question). Il se leva, s'approcha d'Aria et... la poussa contre le mur en appuyant sur le bouton de la douche.
Il sourit, faussement satisfait.

_ Maintenant, à la flotte ! Tu veux des petits bateaux flottants aussi ?

Ça lui irait bien, tiens.
Aurait-il du lui proposer une canard en plastique, aussi ?