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Il n'y a pas de mot. || Ipiu ♥
##   Dim 1 Nov 2015 - 0:31
Aaron Williams

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Aaron Williams
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Mon souffle se bloque dans ma poitrine, je reste un moment hébété. Mes yeux fixent le mur et je me sens projeté des années en arrière. Presque des mois, en réalité. Les mauvaises nouvelles sont toujours annoncées par téléphone, ou par lettre. Ipiu est rentrée de son voyage en France. Ipiu est rentrée de son voyage en France, mais elle est dans le coma.

Vous savez quoi ? J'ai pleuré. J'ai pleuré parce que je ne savais pas si elle allait survivre, parce que je me sentais à la fois coupable de l'avoir laissée partir et coupable de n'avoir pas su la retenir. Coupable de la voir allongée pendant des jours sans rien faire, le cœur en lambeaux, l'esprit ailleurs, tellement ailleurs. Le temps a passé tellement lentement, quand on est assis comme ça, à attendre. Je cherche du réconfort où je le peux. Je cherche du réconfort où j'arrive à en trouver. C'est dur de sourire, de faire comme si tout allait bien. Mais une fois de plus, tout ne va pas bien. Une fois de plus, tout va trop mal. J'aimerais qu'elle soit assise dans mon salon à me dire de fermer ma gueule parce que je fais trop de bruit pour les oreilles sensibles de Blobby.

Cette fois, ce n'est pas une mauvaise nouvelle, je crois. C'est à la fois un espoir qui naît et qui se brise lorsque j'ai Norah au téléphone.

Elle est réveillée. Elle est en état de choc. Elle devrait tenir le coup. Attends Aaron. Attends. Il faut que je te dise... Tu es sûr de vouloir savoir ? Aaron. Aaron, elle va plus pouvoir marcher. Elle va plus jamais remarcher. Aaron ? Tu tiens le coup ? Aaron ? Aaron ?

Et moi j'suis con, et je continue à pleurer. Parce que c'est pas comme ça que je l'ai connue et que je refuse carrément de la voir comme ça. Mais rien à foutre. J'essaie de me calmer et je me fous des claques, je prends ma veste et je cours à l'hôpital. Mal. Mal. Mal au cœur. Ipiu. Ipiu. Toumaï. Ou peu importe comment tu veux qu'on t'appelle. Je m'en fous. Toi. Salope.

— Espèce de sale conne, je fais en poussant la porte de sa chambre plus violemment que je ne l'aurais voulu, les yeux brillants d'une lueur indéfinissable.

Tristesse, amertume, colère, haine, joie, douleur. Et on recommence. Encore et encore.

— Espèce de sale pute...

Et je pleure. Je me remets à pleurer. Parce que je sais pas quoi faire d'autre, que je suis démuni, que je sais plus quoi faire. Tu m'as rendu plus fort. Tu me rends plus faible. Qu'est-ce que tu fais de moi ? J'ai eu peur. Je croyais que tu allais mourir. J'ai envie de te serrer dans mes bras, j'ai envie de te frapper. Je n'avance pas. Je reste bloqué à l'entrée de la chambre.

— Pourquoi est-ce que t'as fait ça ?!

Aaron, les hommes ne pleurent pas.



Aaron vit en #E5882A.
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##   Dim 1 Nov 2015 - 1:39
Ipiu Raspberry

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Feat Aaron.


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Il n’y a pas grand monde que tu t’attends à voir franchir cette porte. Pourtant, cela ne semble pas t’importer, tu te sens bien. Tes jambes immobiles et ton sourire en coin. Tu souris heureuse de ton sort, qui aurait cru qu’une telle mutilation t’apporterait le bonheur ? Les médecins tournent autour de toi, ils te pensent choquée, ils pensent que tu ne réalises pas. Ils se trompent, tu réalises mieux qu’eux : tu es libre.

Libre d’être qui tu veux, libre de devenir. Tu l’as sans doute payé plus cher que le commun des mortels, tu y as beaucoup sacrifié, mais… Ce n’était pas inutile. Pas pour toi.

Tu souris devant cette page blanche, ces choix que tu feras. Ces choix que tu assumeras. Tu ne te sens plus coupable. Tu te sens victime après tout le temps que tu as passé à luter, à te débattre contre cette vérité, maintenant tu l’acceptes. Ton sourire est un petit soleil, celui qui irradie depuis un passé bien lointain. Celui qui réchauffait ton corps d’enfant. Un sourire fou.

Tu tousses, ta gorge irritée par le tube qui te maintenait en vie est douloureuse. Tu tends ton bras vers un verre d'eau que ta servi une infirmière. Tu as eu le temps de faire l’état des lieux, et tu te trouves en bonne forme. Alors oui bien entendu tes muscles ont un peu fondu, t’as quelques côtes brisées, et tu ne remarcheras sans doute jamais… Mais en un moins les plaies ont bien cicatrisé. Tu n’imagines que trop bien le chantier que ça a été quand on t’a extraite de la voiture. Ils ont du y laisser quelques morceaux, comme toi soit dit en passant.
Tu t’en sors bien, tu estimes n’avoir rien perdu mais tout gagné. Tu es folle, de cette folie optimiste. Ne réalises-tu donc pas que ton ancienne vie s’est terminée ? Ne réalises-tu donc pas que tout te sera plus compliqué ? Peut-être pas encore complètement il est vrai, mais ne l’oublie pas le handicap n’existe que dans l’oeil de celui qui te regarde.

Tu ne t’attendais pas à voir quelqu’un franchir cette porte, mais si tu avais du parier tu l’aurais fait sur Nathanaël. Pourquoi ? comme cela, un pressentiment. Il était le seul à Terrae qui tenait à toi, pourtant au vu de vos dernières frasques à l’hôpital tu doutais qu’il ait été mis au courant. Dès que tu sortirais de ton état de béatitude tu l’appellerais pour qu’il arrête de se faire du soucis. Tu lui dirais que tout allait bien, et sans doute attendrais-tu qu’il vienne te voir pour lui parler du léger détail que constituaient tes jambes à tes yeux.
Nikkou était aussi un choix envisageable, il était en droit de venir te réclamer des comptes. Il avait été responsable de ta garde, tu avais abusé de sa confiance et t’étais enfuie. Bien sûr tu ne l’avais pas fait avec cette intention, mais les faits étaient les faits. Même Hideko aurait semblé un choix plus vraisemblable. Tu avais trompé la vigilance d’un master, elle était totalement en droit de te demander des explications. Peut-être t’attendais-tu à être privée de tes pouvoirs et de tes souvenirs… Cela ne te gênait plus car tu savais que plus jamais tu ne pourrais être une arme.

Bien des gens auraient à la réflexion pu franchir cette porte, pourtant ce fut Aaron le premier qui la passa. Un Aaron aux yeux rougis et à la mine renfrognée.

Espèce de sale conne,

Tu aurais sans doute commencé par un bonjour, mais tu imagines que ce n’est pas le cas de tout le monde. En tout les cas pas celui du master. Il n’a jamais fait dans la dentelle, tu te penches vers ton aisselle pour confirmer les dires de l’homme. En effet, tu n’es pas de première fraîcheur. Tu te demandes soudain depuis combien de temps tu as été, disons, “absente.” Rien ici ne te renseigne sur la date à part peut-être tes plaies, mais encore une fois au vu des éléments thérapeutiques présents à Terrae cela ne signifie pas grand chose.

Espèce de sale pute…

Ah, maintenant tu te fais payer… Tu me diras le fait que le bas de ton corps soit insensible te rend en théorie plus souple, et en tous les cas tu gardes une paire de lèvres si l’envie te prenait d’arrondir tes fins de mois. Tu te demandes où commence exactement ta paralysie. Que répondre d’autre que :

Salut Ronron.


Tes cordes vocales se barrent un peu en sucette, mais on ne t’en voudra pas aujourd’hui. Tu ne les as pas utilisé depuis longtemps et il se peut qu’elles aient été lésées lorsque l’on t’a entubée ou détubée. Là tu ne comprends pas pourquoi il se met à pleurer, ni à quoi son “ça” fait référence. Tu as fait beaucoup de “ça” dans ta vie et il t’est un peu compliquée de deviner lequel il te reproche. Tu réfléchis, la lettre que tu as envoyée à Bloby de Disney peut-être ? Hm. Non il ne pleurerait pas.

T’as une sale tronche, tu t’es fait plaqué ou Bloby fait sa crise d’adolescence ?

Tact. Délicatesse. On ne te présente plus.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Lun 2 Nov 2015 - 18:45
Aaron Williams

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Pourquoi est-ce que tu pleures, Aaron ?

Mon cœur se serre encore, si fort, tellement fort. Ma poitrine me fait mal, ma respiration est difficile. J'essaie de me calmer, mais le calme ne revient pas. Les premiers mots qui m'échappent sont des insultes, et les suivants en seraient d'autres si je ne m'étais pas contenu un minimum. J'essuie mon visage de ma manche, me retiens de hoqueter comme un enfant. Je darde sur elle un regard douloureux, haineux, trouble. Comment est-ce que t'as pu faire une connerie pareille ? Comment est-ce que tu peux me parler comme ça, comme toujours, comme une grosse conne ? Pourquoi tu souris, pourquoi t'es si sereine ? Tu n'as pas le droit d'être sereine, tu n'as pas le droit de ne pas être triste. Est-ce que t'as pris un coup au cerveau, ou alors t'es juste complètement stupide ?

Difficilement, j'essaie de reprendre une inspiration, de ne pas me laisser envahir par tous ces sentiments qui tourbillonnent. Certainement les sent-elle, et j'espère qu'elle les sent passer. J'espère que ma colère et ma tristesse l'assommeront. En même temps, je suis tellement heureux. Heureux qu'elle soit en vie. J'ai eu tellement peur. Pourquoi elle veut pas le comprendre ? J'ai pas envie de plaisanter maintenant.

Pourtant, j'en ai tellement besoin. J'ai envie de sourire, de rire. Pourquoi est-ce qu'elle aussi a failli mourir ? Je ne voulais pas. Elle pense jamais aux autres ou quoi ? C'que j'aimerais surtout savoir, c'est ce qu'il s'est passé. Et c'est pas d'Hideko ou Nikkou que je veux entendre ça. ... De toute manière Nikkou a un peu de mal avec moi depuis que je l'ai collé à un mur, quand on m'a appris qu'Ipiu était à l'hôpital. J'étais tellement en colère... Il a suffi que je croise son regard, qu'il me dise "Arrête Aaron, ça sert à rien, je suis désolé ok" pour que je le prenne au col. Il n'a rien dit et m'a laissé lui vociférer dessus qu'il était qu'un con, qu'il aurait dû être là, qu'il aurait dû l'empêcher de faire des conneries. Mais je dis ça... au final, je sais que j'aurais jamais été capable de la sauver, moi aussi. Et ça me fout encore plus le cafard. Parce que quoi qu'on aurait fait, ce serait arrivé.

— Une grognasse a décidé que ce serait cool de bouffer un arbre et a joué à la belle au bois dormant pendant deux putains de longs mois.

Je chope une chaise et la ramène à son chevet, m'installe en terminant de sécher mon visage. Mon cœur bat trop vite. Sa voix. Ses yeux.

— Arrête de te foutre de ma gueule. Ces deux mois étaient abominables. Blobby s'est senti délaissé.

Moi aussi.

— C'est toi qui est moche, de toute manière. Ça devrait être interdit de montrer une telle tête en public. Faudra mettre une cagoule pour sortir de ton trou, je lâche, acerbe.

Un silence s'étire, je me passe la main sur le visage. Je ne veux pas penser à toutes ces nuits où j'ai fini par laisser tomber l'idée de la revoir. Maintenant, ça devrait aller... ça devrait aller, pas vrai...

— Je suis content que tu sois réveillée. Même si t'es en kit.

Elle est vivante. Elle est vivante, putain. Elle respire.



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##   Lun 2 Nov 2015 - 20:54
Ipiu Raspberry

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Tu le regarde la mine défaite, tu ne sens rien de ses sentiments. Tu es encore trop sonnée, peut-être que l’accident t’as aussi amputé de cette partie là de toi. Tu sens le regret à cette pensée et te rassure en te souvenant de cette étincelle qui a a failli éteindre le feu de ta vie. Cela aussi te le regrettes maintenant, si tu avais su plus tôt… Alors tu n’aurais peut-être pas ressenti ce désespoir si profond…
Ce désespoir d’avoir été trahie par toi même, par ton idéal. Par l’homme, le garçon que tu aimais. Ca fait encore un peu mal, non c’est faux. C’est insoutenable, ça te donne envie de crier et de pleurer en même temps, mais… Mais ce n’est pas important, tu es vengée et tu es libre. Tu as gagné et cette souffrance se tarira car il y a tellement de belles choses qui te sont accessibles maintenant. Alors ça devra passer, tu as la vie devant toi.

Même sans tes pouvoirs t’as capté qu’il t’en voulait, mais tu te demande bien pourquoi. T’as pas rompu les thermes de votre contrat de partenariat domestique. Tu n’as rien fait pour lui faire de la peine ou le mettre en colère… Peut-être que ? Oh! C’est évident il est celui qui s’y connaît le plus en informatique, il a du être chargé de s’occuper de ton ordinateur, pas qu’il soit plein de sécurités, mais tout de même t’as certains dossiers avec un code… Bref il a du tomber sur les photos que tu as de lui et que tu as envoyé à son ordinateur pour qu’il te foute la paix.
Tu ne pensais pas qu’avoir été stalké l’aurait mis dans un tel état cependant. Tu as du manquer quelque chose, genre une rumeur qui serait sortie de nulle part pendant ton comas… De longtemps sans doute, tu dois avouer que tu ne connais pas la date du jour et que tu as bien oublié de le demander, perdue que tu étais dans ton euphorie.

Une grognasse a décidé que ce serait cool de bouffer un arbre et a joué à la belle au bois dormant pendant deux putains de longs mois.”


Tu devrais sans doute te sentir viser ma grande. Je crois que c’est de toi qu’il parle, pourtant toi t’es en train d’imaginer une sorcière en train de manger des échardes et se transformant en princesse endormie. Je pense que ton cerveau aussi en a pris un coup, et un gros. Peut-être simplement n’es-tu pas prête à accepter que tu t’es trompée et qu’au fond Aaron tient à toi ? Non pas vraiment, la dernière fois que tu l’as vu, comme toute les précédentes tu as senti qu’il se méfiait… Alors tu ne peux pas comprendre aujourd’hui que c’est pour toi qu’il est dans cet état.

Elle s’est réveillée avec la gueule de bois ?


Tu sais tu es sacrément conne lorsque tu t’y mets. Combien de temps comptes-tu encore le faire souffrir ? Tu ne veux pas être intelligente et comprendre que c’est de toi qu’il veut parler ? Tu déplaces lentement ton bras pour te saisir de mouchoirs, tu ne sais pas qui les a laissé ici, mais c’était sans nul doute une bonne idée quand on voit le visage de l’homme qui te fait face. Tes muscles répondent avec une infinie lenteur, tu n’as pas encore conscience que ce sera désormais ta cadence, toi qui vivait à toute vitesse le supporteras tu ?
Tu te saisis d’un mouchoir et tends ta main vers le visage du master et essuie ce qu’il reste de ses larmes. Tu ferais une bonne maman si tu étais moins conne..

Arrête de te foutre de ma gueule. Ces deux mois étaient abominables. Blobby s'est senti délaissé.


Qui a fait du mal à Bloby tu fronces les sourcils. De quoi il parle, il te manque des informations et ça commence à t’énerver un peu. Tu ne saisis pas ce dont il parle. D’accord t’as été absente un moment, il pourrait t’expliquer de quoi il en retourne, non t’étais pas consciente la plupart du temps, donc t’as pas suivi les actualités.

C'est toi qui est moche, de toute manière. Ça devrait être interdit de montrer une telle tête en public. Faudra mettre une cagoule pour sortir de ton trou.
T’inquiètes c'est halloween, ça devrait limiter la casse.”


Ce sens de l’humour, t’as mangé un clown au petit déjeuner ? Non pas spécialement en fait tu n’as pas mangé depuis deux mois mais tu ne le sais pas. Tu as perdu du poids, du muscl principalement, mais ne t’attends pas à ce que cela s’améliore réellement. Même nutrie tu as plus de chances de faire de la graisse que tu muscle.
Tu retrouves presque des mouvements normaux, tu poses le mouchoir souillé sur tes cuisses. tu ne sens pas ta main sur tes jambes ni même le drap, il faudra que tu les regardes pourtant. Que tu les bouges pour éviter les escarres, tu sais comment tu vas devoir te gérer… Plus ou moins, tu dois encore attendre qu’on t’explique pour saisir toutes les nuances de ta nouvelle condition… Mais pour l’instant tu ne voies que le positif.

Je suis content que tu sois réveillée. Même si t'es en kit.
Dis j’ai dormis longtemps ?


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##   Mar 3 Nov 2015 - 18:32
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Calme-toi, Aaron. Tout va bien se passer. Il faut juste que tu te calmes. Ça sert plus à rien de paniquer maintenant. Ça ne pourra qu'aller mieux, pas vrai ? Pas vrai ?...

Ipiu est là, elle est allongée dans son lit, avec sa gueule de zombie bienheureux, et elle me regarde. Elle a pas l'air de tout capter, ou alors elle fait exprès de pas tout capter, je comprends pas bien ; elle a toujours été comme ça. À rejeter l'éventualité qu'on puisse l'apprécier. Mais Ipiu, un jour tu seras bien forcée de l'admettre : si tu mourrais, ça ne changerait pas "rien". Ce serait un trou béant, une absence déchirante. Je me masse la tempe doucement, alors qu'une migraine repointe le bout de son nez. C'est pas dit que j'arrive à lui faire comprendre c'que je ressens de toute manière. C'est pas qu'elle s'en fout, mais elle est bornée, et elle écoute jamais rien quand on lui explique un truc. Si c'était pas un génie, on aurait pu croire qu'elle était débile.

Un soupir m'échappe. Le pire, c'est que son jeu de mot est drôle. Mais elle me fait pas rire. J'renchéris quand même, en espérant réussir à me distraire :

— Ta blague me scie en deux, je soupire.

Puis je relève les yeux vers elle. Essaie de ne pas trop la détailler - parce que j'ai suffisamment eu l'occasion de l'observer pendant qu'elle dormait. Pas besoin de songer au fait qu'elle a perdu quelques kilos. Vous me direz, elle a dû perdre une taille de bonnet, elle doit être contente ! Ce sera plus pratique pour dormir sur le ventre. Ahah. Lol.

Elle attrape un mouchoir et m'essuie la joue, normal. Je bug un peu quand elle le fait, mais ne l'en empêche pas. J'ai pas la force de me battre, aujourd'hui, et je suis trop content de retrouver ma p'tite blonde. Quel que soit son nom.

— Tu ferais faire une crise cardiaque aux gosses, je lâche en attrapant le mouchoir pour me lever, le rouler en boule et le jeter dans la poubelle, perdue dans un coin de la pièce.

Ça me permet de ne pas répondre tout de suite. Un sourire las, alors que je retourne mon regard vers elle. Puis retourne m'assoir.

— Ouais. Deux mois. C'est Halloween, et t'as eu ton... accident (le mot m'est arraché de force) en août. Fin août. J'sais pas si tu t'en rappelles.

Est-ce que ça changerait quelque chose, si elle se rappelait ? Si elle ne se rappelait pas ? J'sais pas vraiment. J'hésite, sais pas comment m'y prendre. J'ai envie de lui poser des questions, de lui demander à elle pourquoi elle a été aussi imprudente. Ce qu'il s'est passé. Pourquoi elle ne t'a pas demandé de l'accompagner.

Mes yeux se baissent sur les draps et se perd dans le vague. Quelles questions lui poser ? Est-ce que je dois lui en poser ? Est-ce que ce serait pas plus simple pour tout le monde d'ignorer, d'être simplement là, de-

— Ipiu, te remets plus en danger comme ça... je souffle à mi-voix, la gorge serrée.

J'me penche, m'affale sur son lit comme on s'affalerait sur sa table, en cours, la tête posée sur les bras.

— J'sais pas si pour toi ça signifie vraiment quelque chose, mais je suis sérieux, je soupire en fermant les yeux. Comment est-ce que tu te sens ?



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##   Mar 3 Nov 2015 - 20:03
Ipiu Raspberry

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Surenchérir sur une blague c’est toujours foireux. Cela ne devrait pas être étonnant pourtant venant d’Aaron, il te tire même un sourire. T’as aucune idée de la gueule que tu as présentement, tout ce que tu sais c’est que tu ne sens pas particulièrement la rose et que tu ne te sens certainement pas propre. Tu ne dirais pas non à un bon bain, mais il serait étonnant qu’ils te l’accordent avant un moment, tu attendras la toilette de demain matin pour faire semblant d’être propre. Pour l’instant contentes-toi de froncer le nez.

C’est fou parfois tu sors des choses qui se révèlent être vraies sans que tu ne l’ais fait exprès. Tu as parlé d’Halloween, parce que cela te semblait pertinent vu ta gueule, pas parce que tu avais une quelconque idée de la date. Bien entendu les feuilles qui volent dans la cours t’informent de la période, mais pas de manière assez précise pour que tu tombes si juste. T’as une chance de cocue. Heureusement que tu n’as pas de mec toi, parce que ce serait vachement mal partie entre vous si tu continues à avoir toujours raison.
Deux mois, tu ne réalises pas encore que tu as sans doute manqué beaucoup de choses, deux mois c’est court pour une personne bien portante. Cela l’est encore plus pour une personne dormante et pour dormir t’as écrasé ma vieille. C’est ce qu’on appelle du sommeil réparateur, même si cela n’a pas tout réparé. Pour ton plu grand bonheur, tu es folle tu le sais ?

Deux mois ? Attends. Il a bien dit deux mois ? C’est pas de ces deux mois qu’il parlait précédemment ? T’es pas sûre de ton coup, mais quelque part tu aimerais bien. Tu aimerais bien qu’il se soit soucié de toi, que tu n’aies pas seulement été une obligation. Pourtant tu ne veux pas espérer, parce que l’espoir tu le sens ça fait mal. L’espoir ça détruit, il vaut mieux une vérité triste qu’un mensonge heureux. Du moins tu t’en convaincs.

« Ipiu, te remets plus en danger comme ça... »


Le doute ne subsiste plus. Ca réchauffe un petit coin de ton cœur et ça te filerait presque envie de pleurer. Sauf que… Sauf que. Putain Ipiu pourquoi tu chiales ? Tu chiales parce que t’en as mare de faire la forte, mare de jouer un rôle qui te pèse. Tu pleures parce que ça fait du bien, parce que… Merde faut-il expliquer pourquoi la joie ? T’es heureuse et tu pleures. Ta chemise d’hôpital a les manches trop courtes pour que tu les transformes en mouchoir et ton bras transfusé ne se plie pas assez pour que tu puisses le plier jusqu’à tes yeux. Alors t’as qu’une mais pour t=retenir tout ça, pour essayer d’empêcher tes larmes de tout dégueulasser, mais t’y arrives pas vraiment et la morve est même au rendez-vous. T’es juste contente qu’il se soit soucié de toi, qu’il ne t’air pas donné la même importance qu’à une plante verte par exemple. Qu’il tienne un peu à toi, parce que s’il s’inquiète de toi c’est qu’il tient à toi… Non ?

« Je vais bien. »


Tu articules entre deux sanglots. C’est tout à fait convainquant la façon dont tu le dis. Tu sais tu devrais te calmer, mais t’as recommencé à pleurer. C’est bon de pleurer parce que tu es heureuse et pas parce que tu as mal.


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##   Jeu 5 Nov 2015 - 20:49
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Toujours, elle ne comprend pas. Elle me fixe, un peu à côté de ses pompes, sans vraiment réaliser. Sans réaliser que ça fait effectivement deux mois qu'elle dort. Deux mois qu'on attend de savoir si elle va se réveiller. Elle doit penser que je m'en fous ; que c'est pas possible. Parce qu'elle me répond pas, qu'elle reste profondément silencieuse, profondément enfermée dans son mutisme. Son cœur balance. Le mien fait de même.

Finalement, je m'affale sur son lit. Lui demande de ne plus faire ça. De ne plus me faire ça.

S'il te plaît.

Mes yeux se ferment un instant, et je soupire. Puis, quelque chose se produit. C'est quelque chose de doux et de terrible à la fois ; un cœur qui se réchauffe, qui s'illumine, et ce pincement qui l'accompagne, ce pincement à la fois douloureux et rassurant. Ce pincement qui finit par s'accompagner d'un reniflement, et d'une respiration plus rapide. Je lève les yeux, la fixe sans comprendre, le cœur battant. Ipiu... Ipiu, mais qu'est-ce qui t'arrive ?

Elle se met à pleurer. C'est la première fois, je crois, que je la vois dans cet état. Un instant, je panique. Attrape la boîte de mouchoirs pour en tirer un, l'aider à essuyer son nez qui coule. Mon autre main caresse ses cheveux doucement, et je lui souris, légèrement. C’est bancal, comme toujours, j’ai l’impression ; mais sa réaction est… je sais pas. Elle réchauffe mon cœur aussi, quelque part. Peut-être parce que maintenant, elle a enfin compris.

— Hé, Piu, pleure pas comme ça…

La situation est étrange. Parce que je ne l’ai jamais vue si fragile, si profondément humaine. J’ai envie de la serrer dans mes bras, de lui dire qu’elle a pas de raison de pleurer et que de toute manière, c’est pas une nouveauté, que j’aurais été là peu importe le moment. J’aurais préféré qu’on ait pas à se montrer tout ça, pourtant, qu’on soit pas là, dans cette chambre d’hôpital, et même si ça me fait plaisir, ça me fait aussi tellement de mal. À quel point a-t-elle été ébranlée par ce voyage, pour finir dans cet état-là ? Habituellement, c’est elle qui me ramasse à la cuillère. Peut-être qu’il est temps de lui montrer qu’on peut échanger les rôles sans trop de souci ?

Moi aussi, je sais que tu tiens à moi. C’est suffisant, tu ne crois pas ?

Je roule le mouchoir en boule et le pose sur la table de chevet, en reprend un autre pour continuer à lui essuyer le visage, en essayant de ne pas l’empêcher de respirer. Enfin… vu comme elle sanglote, j’me doute que ça doit déjà pas être génial.

— Dans ce cas, tant mieux, si ça va, je lâche d’une voix plus douce. Tu vois, moi aussi je suis là pour torcher tes merdes.

Trait d’humour. J’ai toujours pas digéré cette fois où elle m’a ramassé, mais je sais surtout que je lui en suis reconnaissant. Parce que j’aurais pas pu me relever de la même manière si elle ne l’avait pas fait.

— Moi aussi je suis content de te revoir, abrutie.



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##   Sam 7 Nov 2015 - 13:01
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C'est pas vraiment la définition même du glamour que tu nous fais là. Tu dégoulines de partout et ta main n'est pas le rempart adéquat pour retenir ton flot de larmes. Toi qui avais l'habitude de tout endurer l'œil sec, quel changement ! C'est un peu radical, mais tes digues internes ont été rompues. L'eau déferlante mouille et ravage ton visage. Pourtant tu n'es pas triste, c'est drôle non ? On ne t'a pas vu verser une larme alors que ton âme se déchirait, que ton corps se disloquait, tout ça tu as réussi à le cacher. Y arriverais-tu encore ?
Ce n'est pas certain, une fois que tu ne te sais plus infaillible, comment réussirais-tu à en convaincre autrui ? Tu te croyais versée dans l'art de l'illusion et tu n'as pas vu celle que l'on te créait. C'est rageant d'avoir ainsi perdu la partie. Tu es en colère au fond, mais tu te sens trop bien pour te focaliser dessus. Puis on ne va pas se mentir on te dope aux antidouleurs, t’as pas encore les idées parfaitement claire. Personne ne saurait encore dire ce que tu feras par la suite, pas même toi. T'as découvert un nouveau moyen d'être stone en tous les cas et pour le moment on dirait que ça te réussis pas.

Tu te déshydrate à vue d’œil très chère, et fait gaffe t’as pas des kilotonnes d’eau en réserve. T’as d’jà asséché deux ou trois Niagaras et environ cinq océans. Il serait peut-être temps de te calmer, surtout qu’on va pas se mentir tu sanglotes mal. Tu t’étouffes et tousse, t’as l’nez qui s’est bouché entre le deuxième et troisième océan et maintenant tu galère à pleurer et respirer en même temps. Faudrait que tu fasses un choix, respirer ou pleurer. Les deux à la fois ça ne te réussis pas.
T’as une tronche épouvantable et même le mouchoir que t’a filé Aaron est pas qualifié pour réparer les dégâts que tu fais. Putain meuf stop les larmes sérieux, tu vas finir par noyer tout l’hôpital. T’es certaine que t’es tonnerre et pas eau ? Non mais j’veux dire, là c’est vraiment trop pour être naturel… Ou c’est peut-être juste que je ne suis plus habituée à te voir pleurer. Tu sais c’est un peu de ta faute, t’as toujours joué la forte, et maintenant que tu ne peux plus l’être… Te voir pleurer est choquant.
Elle est douce et chaude ta mélancolie, elle respire ton envie de ne plus vivre seule et ta tristesse d’avoir du traverser tout ça pour en arriver là. Aaron, il a compris qu’il fallait essayer de te calmer avant que tu ne transformes Terrae en Atlantis, elle te caresse la tête… Qui ne doit pas être si propre que ça, il risque de devoir se laver les mains après parce que le dernier shampoing dont tu te souviennes remonte à plus de deux mois. On te les a peut-être lavé à sec remarque… Tu demanderas.

« Hé, Piu, pleure pas comme ça… »


Comment t’es sensée pleurer si c'est pas comme ça ? T’as pas vraiment pris de cours en la matière. Enfin si tu as su simuler beaucoup de choses. La joie, la tristesse, la peur, le dégoût, l’amour parfois même… Et maintenant que tu ne simules plus tu ne ressembles plus à grand-chose à pleurer à chaudes larmes.

« Je vais bien.
Dans ce cas, tant mieux, si ça va. Tu vois, moi aussi je suis là pour torcher tes merdes. »


C’est surprenant pour tout le monde de te voir comme ça… Tellement surprenant semble-t-il que sa voix s’est encore adoucie. C’est pas vraiment votre relation habituelle. D’habitude vous vous dites bonjour en vous crachant à la gueule et vous passez votre temps à vous balancer des saloperies au visage. Cela doit d’ailleurs vous sembler à tout deux plus naturel que ÇA. Vous n’avez jamais vraiment eu de douceur dans votre relation, bien au contraire. Vous passez votre temps à vous faire chier, et vous aimez vous faire chier. Masochistes ? Si peu. Tu devrais te sentir embarrassée. Tu n’l’es pas, comme il l’a si judicieusement sous-entendu. Toi aussi tu l’as déjà torché, et pas qu’à des jeux à boire. Puis après qu’il se soit un jour réveillé en portant tes sous-vêtements, tu crois vraiment qu’il peut encore y avoir de l’embarras entre vous ? Personnellement je n’en suis pas certaine.

« Moi aussi je suis content de te revoir, abrutie. »


Mais il ne veut pas se taire lui ? Il ne voit pas qu’à chaque fois qu’il parle tu pleures de plus belle ? Sérieusement, qu’un irresponsable ! Il sera tout aussi responsable que toi des dégâts des eaux. Le plus étonnant, c’est ta réaction. Sérieux, un peu de retenue ma fille, tu nous fais quoi là ? Tu le tire vers toi, ou tu te jettes sur lui ? Je sais pas trop, toujours que tu te retrouves à dégueulasser sa chemise de tes larmes. Voilà que miss madeleine est repartie pour un tour.

« Pardon Ronron. »


J’espère que tu t’excuses de lui salir sa chemise ! Mais même pas, ça ça te passe trop au-dessus. Une si jolie chemise blanche, si c’est pas triste. En même temps c’est lui qui a commencé à te toucher les cheveux, s’il avait voulu rester propre il se serait abstenu.
Non tu t’excuses pour le souci que tu lui a donné. Il a eu peur pour toi. Il s’est inquiété. Cela te fait plaisir, au-delà des mots. Tu avais toujours cru qu’il ne t’appréciait pas vraiment et qu'il ne te considérait que comme une étrangère, et l’amitié que tu avais développée à son encontre te rendait aigre et triste. Alors oui ça te fait du bien de pleurer comme ça.
Et puis tu t’excuses aussi car tu as failli lui faire bien plus mal. Tu t’excuses car si tu n’avais pas envie de mourir lors de l’accident, tu as essayé de le faire plus tard en te réveillant. Dis Ronron, j’ai failli faire une connerie tu ne crois pas ?


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##   Lun 9 Nov 2015 - 23:01
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Tout a changé, d’un coup. Ipiu se met à pleurer, et j’essaie de la consoler sans trop savoir quoi répondre, sans trop savoir quels mots employer. Plus je parle, plus elle pleure ; c’est horrible, on dirait que ça va jamais s’arrêter. Je prends plusieurs mouchoirs, m’occupe de lui essuyer consciencieusement le visage et le nez, gentiment. J’essaie d’être présent pour elle, lui montrer que moi aussi je peux être là, qu’elle est pas toute seule, qu’elle sera plus jamais toute seule. Mais je sais pas quoi faire, je panique, j’ai l’impression de pas bien m’y prendre, je sais pas si je la rassure ou lui fais encore plus de peine, je sais pas si j’ai pas l’air d’un gros débile ou pas, je suis tellement dépassé par les événements que je me retrouve à faire de mon mieux sans que rien ne s’arrange. C’est un peu l’histoire de ma vie, là. Ne panique pas, Aaron, ça va, tu vois que ça va, putain, Ipiu est juste en train de te chialer dessus, c’est normal, tout est putain de normal.

Elle se met à pleurer de plus belle et, sans que je comprenne comment, je me retrouve penché sur elle, elle accrochée à ma chemise. Mes bras se referment autour de son corps trop maigre et je ferme les yeux en la berçant. J’essaie de ne pas lui faire mal, j’ai trop peur de la brusquer, de la briser, elle a l’air tellement fragile et ce n’est définitivement pas normal. On reste comme ça un moment, jusqu’à ce qu’elle se calme d’elle-même, et j’ajoute rien au début. Je me contente d’essayer de la rassurer maladroitement, comme le bon gros boulet que je suis. Je l’entends presque me dire « Regarde comme on est pitoyables tous deux, à pleurer comme des loques. » Parce qu’elle pleure, mais j’crois que je pleure aussi. Pas avec la morve et tout, c’est juste que mes yeux piquent, que ça me fait du bien de la retrouver, que je suis heureux de ne plus avoir à me demander tous les soirs si elle va survivre au jour qui suivrait. Je ne voulais pas avoir à me dire, pour la deuxième fois cette année, que j’allais devoir porter le deuil d’une de mes amies proches, alors qu’on avait partagé autant de trucs. Je voulais pas…

Je reprends une inspiration tremblante et douloureuse, la gorge serrée.

— Arrête de t’excuser. Je te ferai payer tout ça, alors arrête de t’excuser.

Mes yeux se ferment, je la garde contre moi.

— J’me démerde comme une quiche quand t’es pas là pour m’aider à traduire mes énoncés d’exam, je lâche d’une voix qui se voudrait enjouée mais n’est qu’enrouée.

Doucement, je m’éloigne, fait mine de la recoiffer un peu. J’ai un sourire doux, tordu, étrange. Mais il exprime mon affection, ma douleur, ma joie, mon inquiétude. Si elle savait à quel point ces deux mois ont été longs. Si elle savait à quel point j’ai pété les plombs. Gaetano m’a ramassé à la petite cuillère, et j’ai tenté de sourire, d’écouter les élèves, de dire des conneries, de tout faire, toujours, pour que tout ait l’air de bien aller dans ce monde de merde. Mais ce monde était trop silencieux, bien trop terne ; j’avais besoin d’une petite couleur violine et de cheveux blonds, d’une voix de casse-couilles qui me reprenne dès que je faisais un pas, qui me traitait de gonzesse quand j’avançais pas.

Ça ne changera pas, hein ?

Déjà avant son départ, elle s’était éloignée, un peu. Elle disait qu’elle voulait surtout pas déranger ou risquer de me retrouver encastré avec mon mec (l’image est plaisante n’est-il pas) mais j’sais pas si elle avait déjà prévu de faire de la merde, ou si c’était effectivement un accident. J’essaie de laisser ça de côté, on en parlera plus tard, c’pas le moment. Mais quand je l’ai dans mes bras, là, je pense à tellement de choses à la fois, tellement de choses que j’aimerais lui demander et lui dire, que je sais pas bien comment j’arrive encore à distinguer la moindre pensée claire dans tout ce fatras.

Je reprends un mouchoir pour reprendre mon ouvrage.

— Tu as faim ? Ou soif ? On se fait un dîner aux chandelles ce soir s’tu veux. Ça fait longtemps.

L’électrocardiogramme comme musique, les ampoules au plafond comme chandelles et tes perfs comme vin. Nos soirées à nous, elles ont toujours été mémorables, pas vrai Ipiu ?



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##   Mer 11 Nov 2015 - 1:21
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S’il a l’air du gros débile ou pas ? Il en doute encore ? Ronron, il devrait savoir que sa plus grande caractéristique n’est pas d’avoir l’air intelligent. Il n’a pas besoin de ça pour qu’on l’aime. Il n’a pas besoin de cela pour que tu l’aimes. Ça fait du bien n’est-ce pas ? Cela fait du bien de sentir ton cœur battre encore plus fort qu’avant. Cela fait du bien de le sentir là, alors les flots s’apaisent, la source n’est pas tarie et il s’en faudrait de peu pour qu’encore une fois tu ne te retrouves submergée.

Un sourire nait même sur tes lèvres. Te le faire payer ? Comment ? Tu es curieuse. Le fréquenter ne te réussis décidément pas. Tu devrais fuir avant de devenir réellement comme lui : MA-SO-CHI-STE. Pourtant tu ne peux plus à présent prendre tes jambes à ton cou, quoi que vu que tu se sens plus de… Rien en fait, vu que tu ne sens plus tes jambes peut-être que tu pourrais les pendre à ton cou. Arrêtes toi de suite ne pose pas cette question, et ne vient pas me dire que je ne t’avais pas prévenue :

« Que comptes-tu me faire ? »


Le connaissant il ne serait pas impossible qu’il te réponde qu’il va sauter d’un pont, passer sou un camion ou tout autre truc complétement con, dangereux et inutile qui lui passerait par la tronche. N’oublions pas que le Aaron sauvage est un animal complètement déjanté, et rappelons le masochiste. La preuve regarde, tu lui as manqué. S’il n’aimait pas s’en prendre plein les dents il aurait hurlé : bon débarra ! Peut-être qu’il l’a pensé au début, tu n’en sais rien, n’en saura rien. Tu te contentes de ce qu’il te montre, de ce qu’il te donne maintenant.
Tu apprends la confiance, tu devrais être prudente. La confiance ça fait mal quand ça se brise, et si tu ne saurais douter du master… Le temps est un ennemi redoutable. Peut-être un jour il te fera mal… Tu ne pourrais le savoir et ne voudrait le croire. C’est ainsi que marche la confiance, une obstination à ne pas envisager ce qui serait douloureux.

« Roh. Si ce n’est que ça, t’as qu’à taper les mots dans un programme de lecture adapté à la langue… »


Une fois que les mots sont prononcés ils sont traduits non ? Tu ne t’es jamais posée la question car tu comprends trop de langues pour avoir déjà été mise en difficulté à Terrae. S’il faut la puce ne traduit pas les paroles mais les pensées exprimées ? Ainsi une machine ne serait pas traduite ? Hm. Tu auras sans doute ta réponse rapidement.
N’empêche que si tu ne lui as manqué que pour ça ce serait bien triste, mais tu as bien compris toi comme lui cherchez des raisons… Des raisons pour pas vous sentir con d’être comme ça : les yeux bouffis et l’cœur dans les chouclaques. Vous êtes vraiment une bande de con, un bande con à vous deux. Vous avez besoin de vous rassurer de retrouver cette tranquille norme qu’il existe dans vos jouxtes verbales.

Il te demande si tu as faim ou soif… Et curieusement tu ne t’es pas posé la question, ton ventre est vide depuis longtemps et reprendre une alimentation per-os quand tu n’es plus habituée qu’à la voie parentérale sera un défis, tu ne reprendras pas du jour au lendemain avec un steak frite bien que l’idée te fasse saliver. Tu corps ne l’accepterait pas, tout simplement, ton estomac est resté vide trop longtemps. Tu le sais. Tu ne veux cependant pas le décevoir, pas en remettre une couche.

« Purée-jambon blanc aux chandelles, mon menu préféré… J'espère qu'il y aura de la perfusion de morphine en dessert !»


Tu n’as pas répondu si tu avais faim ou soif, tu n’en es pas très sûre tu as la bouche sèche… Mais ton corps est un tel bordel actuellement que tu ne ressens pas la soif. Par contre tu es fatiguée, faut croire que dormir des mois ne t’a pas assez reposé… Pleurer t’as particulièrement exténuée. T’es loin d’être en pleine forme. Tu viens à peine de te réveiller, tu t’attendais à quoi. Ton regard est fatigué et tu fixes un point lointain essayant de rester concentrer sur Aaron.

Une infirmière rentre pour relever tes constantes. Elles semblent bonne, elle ne fait aucun commentaire sur l’état de vos globes oculaires… Tu te dis qu’être master a ses avantages… Et si cela avait été Nathanaêl elle lui aurait demandé de sortir pour ne pas te fatiguer. Tu souris à l’idée, essayer de mettre Ronron dehors… Cela se ferait avec pertes et fracas. Elle doit pensé qu’il est en train de t’interroger. Comme tous, il est un master et toi une… Conne qui t’es planté dans un arbre. Elle sort et tu te forces à restée éveillée. A crever l’abcès.

« Pose tes questions. »


Tu ne saurais par où commencer ton histoire et tu vois les question tournoyer dans son regard. Autant lui dire, ne pas laisser ça trainer. Tu n’as pas envie de parler, mais il le faudra bien. Tu ne pourras pas rester muette quand ces questions viendront de Nikkou, d’Hideko… Alors tu préfères répondre à celles d’un ami en premier. De quelqu’un à qui tu donnes le droit de te juger, et non pas quelqu’un dont tu accepteras le jugement.



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##   Dim 15 Nov 2015 - 21:02
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On se calme, on se calme Aaron. Comme ça. Lui essuyer consciencieusement le visage, lui sourire comme je peux, tenter de parler, de pas faire attention à mes yeux qui doivent ressembler à ceux qu'un vampire typé film d'horreur. Rouges d'avoir pleuré, les paupières gonflées peut-être, au moins un peu. Alors je ris, parce que j'ai pas grand-chose à faire de plus. Je ris, de mon rire faible et étranglé, parce que c'est comme ça que ça devrait se passer.

— Eh, si je te le disais, ce ne serait pas drôle. J'trouverai bien une manière de te le faire regretter.

Ma main passe dans son dos pour le frotter gentiment, avant de l'aider à se rallonger, parce que je sais pas si rester dans cette position lui fait mal ou quoi. Mieux vaut prévenir. Je hausse les épaules, ignore sa phrase sur les programmes de lecture. J'le faisais déjà, mais ça m'empêche pas de trouver ça plus plaisant quand c'est en sa compagnie. J'aime bien les machines, mais elles ne remplaceront jamais l'homme. (C'est exactement pour ça que je ne me suis pas marié avec mon ordi ; honnêtement, le porno, ça va cinq minutes, mais j'ai des besoins, tout d'même.)

Allez, concentrons-nous. C'est l'heure de bouffer, mais j'ai pas vraiment faim. Elle si, peut-être ? J'interroge, avec elle c'est bien le seul moyen d'avoir une réponse claire. Et encore, même en posant des questions, elle trouve le moyen de les contourner. Elle est comme ça, Ipiu. Ce n'est pas un mal, mais ce n'est pas toujours un bien non plus. Je souris. Faiblement, encore, parce qu'elle a l'air tellement fatiguée en te parlant. J'me demande si je devrais pas la laisser un peu seule, pour qu'elle se repose, et j'me dis que si elle avait envie de dormir elle me jarterait probablement.

Ou peut-être qu'elle aurait peur ?

Cette pensée se fraye un petit chemin dans ma tête, et je la balaie d'un battement de cil, alors qu'une infirmière entre. Je me lève, me pousse dans un coin de la salle pour ne pas déranger, avec l'impression de ne pas avoir le droit d'être là. Mais la femme ne me dit pas de partir, se contente de vérifier si tout va bien. Puis elle ressort, avec un petit regard qu'elle me lance et que je ne lui renvoie pas, me contentant de hocher la tête avec lenteur pour la remercier.

J'allais revenir m'assoir, relancer une vanne, ou bien me diriger vers la porte pour aller lui chercher de la bouffe, je sais même plus, quand elle dit ce qu'il ne fallait pas dire. Quelque chose se bloque dans ma gorge et je détourne douloureusement les yeux, comme pris au piège. Puis je retourne m'assoir près d'elle, après hésitation, dans le silence le plus complet. Cette fois, je ne souris pas.

— Si tu es trop fatiguée, je peux te laisser dormir. Je repasserai, de toute manière.

Est-ce que j'ai vraiment envie d'entendre ses réponses, au final ? Mais quelque part, j'ai besoin de comprendre ce qu'il s'est passé. Je joue avec sa main, ses doigts, sans vraiment m'en rendre compte, et plus parce que j'ai besoin de m'occuper que parce que j'aimerais la rassurer. Ça aussi j'le sais ; c'qui est fait est fait, maintenant ça sert plus à rien de pleurer. Mais elle sait ce qu'il s'est passé, je crois, et pas moi. De toute manière, pas la peine de me justifier à ce niveau-là, elle sait me comprendre. Je crois. Même si jusqu'ici, elle a été complètement à côté de ses pompes…

— Je sais pas trop quoi te poser comme question. Je crois que j'ai juste besoin de comprendre ce qu'il s'est passé. Tu as envie de m'en parler ? La raison pour laquelle tu es partie en pleine nuit ?

J'ai hésité, et ça se sentait. Mais c'est vrai, qu'est-ce que je peux lui demander ? Si c'était délibéré, quand elle s'est foutue dans ce platane, ce qu'elle comptait faire, si elle avait tout planifié depuis le début, sa fuite, tout ça ? Toutes ces questions sont déjà comprises dans celle que je lui ai posée. Et encore, ce n'est pas une interrogation. Juste une invitation. J'aimerais qu'elle puisse me faire suffisamment confiance pour tout déballer, maintenant. Elle en est pas obligée ; de toute façon j'ai jamais réellement pu la forcer à faire quoi que ce soit. C'est triste, hein ?



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##   Dim 15 Nov 2015 - 23:10
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Connard comme d’habitude il se fout de ta gueule. Purée Aaron tu ne pourrais pas monter un peu d’apitoiement pour une fois ? Genre être sympa parce qu’elle a pleuré et que quand une fille pleur on ne lui refuse rien ? Oui, moi non plus je n’y crois pas. Mais il pourrait quand même éviter de se foutre aussi ouvertement de ta gueule pauvre petite, te dire que il ne te ferait pas payer que tu allais garder tous se doigts de pieds… Quoi qu’à la réflexion ils ne te serviront pas à grand-chose, il peut bien les récolter pour s’en faire un collier, et même s’il le demande assez gentiment à un guérisseur peut-être qu’il pourra les faire repousser et se lancer dans le commerce international de doigts de pieds.

Tu es fatiguée, il ne faut pas croire que rester immobile soit de tout repos, t’as même plutôt l’air fatigué. Ce n’est pas parce que tu dors que ton corps ne travaille pas, tu sais te réparer n’est pas une promenade de santé. Tu t’es plutôt pas loupé, mais t’as jamais vraiment fait les choses à moitié. Quoique. Pour une fois on peut dire que c’est ce que tu as fait, il n’y a que la partie basse de ton corps qui ne bouge plus si tu avais bien fait les choses tu ne serais plus mobile du tout…

Il aurait préféré que tu taises, que tu apprennes enfin quand fermer ta grande gueule. Il a des questions mais a peur de les poser. C’es étrange comme situation, il arrive parfois des moments dans la vie où l’on a peur de ce qui va arriver. Et si l’équilibre était brisé ? Et s’il ne pouvait plus jamais te faire confiance par la suite ? Il a peur de ses questions car il craint tes réponses. Tu pourrais après tout lui répondre que tu allais rejoindre le Centre pour faire un rapport détaillé sur Terrae et préparer l’assaut.
Tous les scénarios sont possibles du plus réaliste au plus farfelu, elle aurait pu rejoindre son amant en secret pour se payer une partie de jambe en l’air du tonnerre après tout.  Tout est possible, mais il a sans doute imaginé le pire. C’est bien humain, et tu ne lui en veux guère. Il essaie de fuir, tu fixes ton regard violet dans le sien. Tu ne le laisseras pas faire.
S’il part maintenant tout recommencera, trouveras-tu le courage un jour de lui reparler de ça ? Quand vous serez à nouveau rentré dans une routine, pourras-tu te forcer à remuer ces souvenirs amers et douloureux ? Tu n’en sais rien. Ce que tu sais c’est que de ton silence naitra le doute. Il a des questions, tu as des réponses. Tu sais que du silence naitrait la distance, du silence naitrait la méfiance. Tu le sais, et tu viens de te prendre à espérer que l’amitié ne soit pas qu’un concept désuet. Tu viens d’espérer que le mensonge ne viendrait pas tout gâcher. Ne pars pas Aaron.

Il ne t’aide pas, ne te pose pas de questions précises. Il aurait pu t’aider, te faciliter la tâche au lieu de te demander ton histoire. Il te faudra du courage pour la lui livrer. Du courage pour ne pas te remettre à pleurer, mais tu as décidé d’affronter la réalité.

« Je n’ai pas envie d’en parler, j’aimerais que ce ne soit jamais arrivé, mais si je fais cela alors rien n’aura changé. Je continuerais de me mentir, de te mentir.  Je continuerais à faire semblant d’être cette fille que je ne suis pas, celle qui est forte comme un roc, celle qu’on a tous cru incassable. »


Tu reprends ton souffle, t’as parlé vite. Trop. Calmes toi.  Tes doigts sont parcourus de spasmes alors que tu cherches tes mots et le courage pour les prononcer.

« Celle qui n’existe pas. Je suis partie car je voulais retrouver quelqu’un qui n’existe pas non plus. Julien… C’est sa mort qui m’a amenée à Terrae… Sauf qu’il n’est pas mort et qu’il ne s’appelle pas Julien, il se nomme Maxine, du moins au sein du Centre. C’est un espion de rang B… J’ai été leurrée par un espion de rang B, tu le crois ça ? C’est de l’ironie. J’me croyais au sommet et je n’étais qu’un pantin.
Je ne savais pas qu’il était vivant… Je… Quand je l’ai appris je suis partie pour avoir l’occasion de lui foutre mon poing dans la gueule. Parce que je l’ai aimé tu voies ? Je l’ai aimé et je l’ai pleuré. Même maintenant Julien me manque, mais… il a jamais existé. Je suis vraiment trop conne.
»

Tu fixes un point au loin et dans tes souvenirs se dessine les traits d’un personnage fictif. Un personnage que tu as aimé. Des fois la vie est vraiment une chienne.


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##   Jeu 3 Déc 2015 - 22:20
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Mes doigts jouent toujours avec sa main. C'est un geste doux, que j'espère ne pas être trop intrusif. Si ça la dérangeait, elle me le dirait de toute manière, du moins je pense. Comme pour tout. Ca me déstresse un peu, me permet de pas me concentrer sur ce qu'elle s'apprête à me dire. Là, ça ne veut pas dire que je ne l'écouterai pas ; j'y serai attentif, mais il faut que je me contrôle. J'ai le coeur comme une patate et la tête comme une citrouille, il manque juste un coup de moulinet et ça donne de la purée. Moi, je dis non à la purée. Et non à la soupe, aussi.

Ipiu a l'air épuisée, elle. J'ai vraiment envie de la laisser dormir, pour qu'elle soit un peu au calme, mais elle n'a pas l'air déterminée à me laisser partir. Dans ce cas, je préfère la laisser parler, sans la presser. Elle ne tarde pas à te raconter, parce parce qu'elle en a envie, mais parce que c'est mieux comme ça. Plus vite ce sera dit, plus vite ce sera derrière nous, c'est ça hein ? Je ne partage qu'à moitié le point de vue, mais soit. C'est son choix, alors j'écoute.

Doucement, j'acquiesce. Je sais qu'elle n'est pas incassable, tout comme je sais qu'elle a des failles, elle aussi. Elle se donne l'air d'être inébranlable, mais chaque être humain cache une faiblesse, quelque part. Parfois, même l'absence de faiblesses est une faiblesse en soi. Qu'est-ce qu'on est après tout ? Des êtres humains, mais c'est quoi un être humain, au juste ? Quand on voit tout ce qu'on est capables de faire, la manière dont on peut réagir, la manière dont tout peut s'arrêter, si rapidement. Qu'on le décide ou qu'on ne le décide pas, d'ailleurs. Je préfère me dire qu'on a pas le choix. Ca évite d'avoir à songer à faire une connerie, parfois, quand on est au fond du gouffre... On aurait pas pu connaître les bonheurs que l'on vit dans notre vie de tous les jours si tout s'était stoppé avant, certainement.

Son récit me serre le coeur, parce que, quelque part, je comprends cette impression de fausseté, cette trahison profonde. Je ne l'ai pas vécue, du moins je crois, mais il me suffit de fermer les yeux et de l'imaginer. Je me mordille la lèvre. Compréhensif. Sans doute aurais-je réagi de la même manière.

Tonnerre : actif, malin, changeant et impulsif.

Doucement, j'entrelace nos doigts, dans un geste qui se veut innocent et à l'image de ce que je ressens pour elle - de l'affection, simplement, et une volonté de l'aider à traverser ça. Pas toute seule, en tout cas. Ma tête va du haut vers le bas en acquiesçant. Je ne suis pas heureux qu'elle s'ouvre mais je suis rassuré. Je n'aurais pas aimé qu'elle m'invente une histoire à dormir debout. Elle n'en aurait pas été capable dans son état de toute manière, je crois...

— T'es pas conne, je souffle. Sinon, on est tous cons. T'es… humaine ?

Un sourire embarrassé s'agite sur mes lèvres en disant ça.

— T'étais une espionne, la plus douée, ou l'une des plus douées, je m'en tape. Mais t'es aussi Ipiu, ou Toumaï, ou je sais pas. T'es toi, t'es celle qui dit "je" dans ta tête. Et ce petit "je" est humain, et il existe, tu te trompes. C'est horrible ce qu'il t'a fait, mais...

Mais quoi ? Mais ne te remets plus en danger pour quelqu'un qui ne le mérite pas ?

— Maintenant, je ne sais pas si ça sert encore à quelque chose de te tourmenter avec ça. Tu vas te faire du mal.

Là, elle va me regarder et me dire de ses yeux vides "Merci pour le conseil débile, Ronron." C'est dire à quel point c'que je viens de prononcer est maladroit. Mais malgré tout, ça part d'une bonne intention. Et je suis pas psy, moi.

— Ca passera, je souffle, un peu piteux. Comme beaucoup de choses...

Pas tout, malheureusement, je songe en pensant à ses jambes.

Un petit silence s'étire. Je soupire, désespéré par ma connerie.

— Désolé, je sais même pas comment te consoler...

Qu'elle ne me dise pas le contraire. Je sais qu'elle est triste.



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##   Lun 7 Déc 2015 - 23:10
Ipiu Raspberry

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Feat Aaron.


_________________________________________________

Il joue avec tes doigts et tu les lui abandonne. Il faut avouer que c’est agréable un peu de chaleur, t’as beau être couverte t’es frigorifiée. Puis tu sais, ça l’aide à garder une contenance. Ca l’aide à rester entier, à se vider l’esprit et à aller bien. T’as beau pas avoir récupéré tes pouvoirs, tu en as conscience. Ce contact le rassure quand à ta présence, quand à ta réalité. Aussi froide que tu ne sois, tu n’est pas glacée. Il y a toujours ce pouls qui bas bien tapé dans ton petit cœur et retentie jusqu’à tes extrémités. Il est toujours là, et ça le rassure comme ça te rassure.

Humaine tu l’as compris ce n’est pas une insulte. T’as eu la chance de pouvoir faire une erreur. La chance d’être humaine à nouveau après toutes ces années. T’as arrêté d’être une poupée de chiffon… Pour en devenir une d’une autre sorte. Tu sais tu vas devoir lutter pour garder ce statu, les gens parfois vont te considérer comme un objet maintenant que ta motricité va être réduite… Mais au fond tout à changé, maintenant tu es une humaine… Et rien de plus.

Mais surtout rien de moins.

T’es plus une espionne. La plus douée, la moins douée. T’en sais rien, t’étais sans doute juste la plus dévouée. Celle qui ne demandait jamais pourquoi et qui exécutait, celle qui pour survivre avait appris à s’oublier. Maintenant va falloir recommencer à t’envisager. Toi, Ipiu, Toumaï où quel que fut le prénom que tu veuilles porter à présent.

Tu es bien fatiguée jeune femme, mais malgré la torpeur qui s’abat sur tes épaules, tu te débats pour parler. Tu te débats pour trouver des mots qui te font souffrir autant qu’ils pourraient te libérer. Aaron en trouve d’autres non loin de te réalité, ils complètent ce que tu as envie de dire, ce que tu aurais envie d’être. Ce « Je » qu’il te promet tu l’espères sans le posséder pleinement. Tu es un être en devenir. Tu n’es pas encore toi, mais tu es une personne. Tu apprendras à te connaitre et à te découvrir comme n’importe quelle personne normale. En t’enlevant le fait d’être une espionne on t’a permis de devenir autre chose, et tu as décidé que ne serais plus une chose mais une personne. T’es pleine d’espoir, et vu ce que tu as dégusté jusqu’à présent dans ta vie, nul doute que ce qui arrive ne pourra qu’être meilleur.
Tu souris encore, peut-être que t’as juste oublié comment faire la gueule ? Ce n’est pas forcément un tort quand on sait combien tu pouvais tirer la tronche par le passé. Ce sourire te donne un air… presque fragile ? Il laisse douter de ta santé mentale, t’as toujours eu un grain… Maintenant c’est juste un peu plus visible non ?

Il a raison tu te feras mal à penser à tout ça… Mais oublier pour l’instant c’est un peu au dessus de tes moyens. Peut-être que tu ne peux pas encore pardonner… Parce qu’au fond tu continues à l’aimer, au fond tu espères encore le retrouver un jour et l’embrasser à nouveau. Qui qu’il soit, c’est de ses bras que tu as envie, et ce depuis longtemps. Comme n’importe quelle humaine tu te crées des histoires, tu espères qu’un jour vous vous retrouverez… Car malgré la douleur de la trahison, tu l’as aimé de tout ton cœur… Et cela tu n’es pas prête à l’oublier. Peut-être que ce premier amour perdurera encore longtemps dans ton cœur… Peut-être que pour l’oublier, il te faudra le haïr autant que tu l’as aimé… Mais cela seul le temps te le dira…
S’il n’a jamais été doué pour les longs discours, pour remonter le moral, pour… tout cela. S’il n’est pas un grand orateur, ni celui qui guidera le peuple d’obscures contrée… Son discours était plein de douceur, et il t’as apaisée. Enfin calmée, tu t’es endormie.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Dim 20 Déc 2015 - 19:30
Aaron Williams

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Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ?

Elle sourit. Pourquoi est-ce qu'elle continue à me sourire comme ça ? Parce que ça l'apaise ? Que je l'apaise ? J'aimerais bien. Juste pouvoir la laisser respirer un peu, parce qu'elle aussi le mérite ; un peu de calme, de douceur, un peu d'amour, d'amitié, un peu de tout, juste le bonheur, pourquoi pas. Mais le bonheur, c'est quoi ? Est-ce que ça s'atteint comme ça ? Est-ce que c'est pas simplement vain ? Quand je la vois sourire comme ça, brisée comme jamais, j'aimerais me dire que oui. Et je repense à moi, à ceux que j'aime, à celui que j'aime, je repense à tout à tout ça, tout ce qui fait que je suis moi, et je souris aussi. Parce que sourire est une arme dans la bataille de la vie, que si on est pas armé, on réussira jamais à vaincre, de toute manière. On peut pas attendre sans prendre les armes, on peut pas vivre sans sourire ; on peut pas gagner si on abandonne.

Abandonner c'est pas notre genre, et c'est surtout pas le sien. Je sais qu'elle abandonne jamais une bataille si elle sait qu'elle a une chance de la gagner, et c'est en ça qu'elle est une battante. C'est pour ça aussi qu'elle m'a ramassé, plusieurs fois, qu'on s'est soutenus, un peu, dans cette maladive tristesse et ce vide qui ronge. Ronger quoi ? Le corps ou l'esprit, la raison ou les sentiments ? Les deux peut-être, est-ce que c'est pas lié aussi ? Est-ce qu'on peut pas penser avec le coeur et ressentir avec son cerveau ? Parce que c'est aussi comme ça que ça marche, c'est pas totalement dénué de sens, non ?

Elle ne dit rien, pourtant, et elle garde ce sourire. Elle reste armée, même quand elle glisse dans le sommeil. J'reste un moment, avant de devoir partir, jarté de la chambre par l'infirmière qui me dit que je devrais aller manger, moi aussi. Alors je souris. Je m'arme aussi, de mon courage et de ma foi. J'sais que les temps seront durs mais ils seront jamais plus sombres que ceux qu'on a vécus. Alors je sais qu'on y arrivera. Je sais qu'on y arrivera tous ensemble.



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