Bon, visiblement, il avait vraiment été très stressé quand elle s’est approchée de lui de cette manière. La chose la marqua quelque peu mais elle décida de faire fi de ses premières impressions, casa plutôt Nicolas dans la catégorie des adolescents qui n’ont pas encore eu de contact rapproché avec un membre du sexe opposé. Bahh, ça allait bien finir par venir, les hormones, ça travaillait vite, en général. Oh, sauf s’il était gay ?! Ce serait triste, une bouille mignonne comme ça, il ferait un mec à croquer dans quelques années. (Dommage qu’il n’ait pas quelques années de plus et qu’elle ne soit pas une pédophile, sinon elle l’aurait bien mangé.)

Parenthèse à part, elle se leva vite en constatant qu’il ne répondait absolument pas, comme perdu dans son bug. Elle lui sourit finalement, attendit qu’il se lève pour reprendre son paquet et se rediriger vers le village. La rouquine ne retint pas un rire en entendant le ventre du garçon gargouiller, et constata qu’elle aussi mourrait littéralement de faim.

— Allons-yyyy ! J’ai super faim aussi, c’est fou, soupira-t-elle. Pourtant, j’ai englouti deux énormes tartines tout à l’heure. Mon estomac doit être sans fond. Ou alors c’est contagieux, et dans ce cas, c’est toi qui es coupable !

Elle lui fit un clin d’œil, s’étira un peu en serrant son paquet contre elle, et retint un bâillement. Finalement, elle laissa son regard parcourir tout autour d’elle, à la recherche des bons mots pour lui expliquer des choses un peu trop complexes. Mais Ariana n’avait ni l’habitude de faire des explications savantes, ni celle d’apprendre des choses aux autres ; c’était toujours elle qui apprenait ou à qui l’on devait tout expliquer, tout d’abord parce qu’elle était curieuse, mais qu’elle était incapable de traiter ce qu’on lui disait. Au fond, elle n’était pas si stupide, la petite rousse ; disons juste qu’elle ne faisait d’effort pour rien et abandonnait vite, ou se contentait de rester sur une explication vague qui au final lui convenait bien. Elle tenta alors de se remémorer ce qu’on lui avait expliqué, désireuse de ne pas induire en erreur ou dire des bêtises au plus jeune. En tant qu’aînée, elle se sentait soudainement le devoir de se montrer plus forte qu’elle ne l’était réellement.

Elle ne savait même pas si ce qu’elle pensait en cet instant était compréhensible, mais tant pis.

— C’est pas vraiment des cours, enfin. Les Masters sont là pour nous apprendre à nous en servir, même si habituellement c’est plus « débrouillez-vous et si vous en avez besoin, vous avez qu’à venir »…

Elle sourit, reporta son attention sur le plus jeune.

— De ce que j’ai compris, tout le monde contrôle au moins un élément, et après y a un pouvoir qui s’additionne à ça. Par exemple je suis morphe, mais d’autres contrôleurs de l’eau sont… (elle hésita) voyants je crois. Je suis plus certaine. Mais bref, y a des pouvoirs comme ça partout ! C’est super cool ! J’imagine qu’il faut juste éviter de trop titiller ceux qui sont plus forts que toi…

Un sourire embarrassé s’étira sur ses lèvres. Elle n’avait pas expérimenté, mais elle sentait qu’elle ne passerait pas un bon quart d’heure si elle se décidait à aller embêter qui que ce soit.

— Du coup, il vaut mieux se méfier. Il y a des bouquins là-dessus à la bibliothèque apparemment, mais j’ai eu la flemme d’aller voir… Je t'avoue que je peux pas t'en dire grand-chose de plus, désolée, déplora-t-elle.

Il retrouva le sourire assez rapidement, même si le rapprochement physique avait radicalement refroidi sa joie et sa curiosité enfantine face à toute cette magie qu'elle lui présentait. En même temps, il le devait... Son humour revint à la charge aussi, il leva les mains, innocemment, à l'accusation terrible dont lui faisait part Aria la juge. :

-Coupable mais présumé innocent... Moi, j'dis que c'est les tartines qui ont fait l'coup !

Il suivit autant ses pas que ses explications... floues. Au moins, il apprit qu'il pourrait trouver des réponses à la bibliothèque. Et ça mange pas de pain... ou de tartines. Ca y est. On a perdu Nico. Bibliothèque et Master au cas où... C'était noté. Dans sa petite tête, bien loin certes mais noté... On sait jamais, des fois qu'une fulgurance lui parvienne et qu'il se souvienne qu'il peut compter sur un adulte une fois dans sa vie.

Parce qu'il doutait, malgré tout, que cette Terrae soit bien plus différente que son village ou n'importe quel lieu dans ce monde... Pas qu'on le tabasse à la sauce barbecue tous les jours, mais qu'on le juge trop rapidement, qu'on en vienne à l'isoler, qu'il se laisse aller à la solitude... Mais d'un côté, il avait une petite certitude : Aria était sympa au moins, et s'il en venait à s'en rendre dingue de son retranchement, elle se ferait un plaisir de le mettre au courant de tous les petits potins.

Il sourit à son air embarrassé... Il écarta de ses pensées l'instant grenouille, cette histoire de magie, de pouvoirs et toute cette folie qu'était entré dans sa vie avec la fureur d'une tornade ravageant tout sur son passage pour faire face à un tout autre typhon de gaieté et de lumières, Aria. :

-Merci, dit-il d'une sincérité profonde, je crois que je te le dirais jamais assez.

Et puis à la vue du restaurant, des étoiles emplirent ses yeux... Adieu remerciements, adieu gentillesse... Nicolas avait les crocs et il aurait bouffé les chaises et les tables posées de manière à ce qu'elles soient parfaitement alignées s'il n'avait pas appris les bonnes manières. Ils y étaient enfin. :

-Oh pinaise vite ! J'ai trop la dalle !

Les tartines ! C’étaient donc elles, ces fichues traitresses ! Ariana rit aux paroles de Nicolas et reprit donc sa route vers le village. Pendant ce temps, quelques explications un peu bancales fusèrent, alors qu’elle tentait de ne pas s’emmêler les pinceaux parmi tout ce qu’on lui avait déjà dit. Elle avait déjà parlé des caractères, du moins, elle croyait, et elle pensait qu’il n’était pas très utile à Nicolas de savoir le reste maintenant ; il avait le temps, comme on dit. Elle ne s’attarda donc pas, et fut plutôt surprise de voir la réaction du plus jeune. Attendrie et stupéfaite, la rouquine rougit jusqu’à la racine des cheveux avant de rire de bon cœur. Elle ébouriffa tendrement les cheveux du plus jeune, et lui offrit un grand sourire.

— J’ai rien fait tu sais, tu as pas besoin de me remercier. C’est normal, tout le monde aurait réagi de la même manière hein !

Par réagi de la même manière, elle parlait surtout du ramassage à l’entrée et de l’explication express et incomplète sur les pouvoirs. Elle se sentait un peu inutile, alors ça lui faisait du bien d’entendre quelque chose comme tel. Elle serra un peu plus fort son paquet contre sa poitrine, son sourire ne la quittant pas, enjouée par la tournure des événements.

— Ahah, allez, viens !

Elle l’entraîna jusqu’au restaurant, déposa enfin son paquet à son employeur et le supplia de lui offrir une pause. Dix minutes, pas plus. Elle grimaça, mais en profita pour grignoter en vitesse un petit quelque chose ; et, lorsque les dix minutes furent passées, elle embrassa Nicolas sur la joue, lui fit un clin d’œil et lui lança :

— Je dois retourner au boulot, donc prends ton temps pour finir. Et n’oublies pas, hein : repasse quand tu veux ! À bientôt, Nirolas !

Finalement, c’était tout de même une bonne journée.



HRP : Et voilàààà ! Je pense qu'on peut clore là-dessus, c'était un chouette RP <3 J'espère que ma petite Aria n'a pas trop traumatisé Nico :p