Ma conversation avec Joyce m'avait retourné. Pendant plusieurs jours, je m'étais dit que je devais en prendre la responsabilité, et aller, dans un premier temps, m'excuser auprès d'Ys pour n'avoir pas été capable de tenir ma langue, et dans une deuxième temps, m'excuser auprès de Joyce pour avoir dépassé les bornes.
Finalement, je n'ai rien fait de tout cela. J'ai passé la journée à fixer mon téléphone. A méditer sur la personne que je devais appeler en premier, sur celle que je devais aller voir en premier. J'ai attendu longtemps. Mokona et Modoki ont essayé de me changer les idées, en vain. Ils sentent que je ne vais pas bien, et ça les rend mal, très probablement parce qu'ils sont alimentés par ma propre énergie.
Après être restée à fixer mon téléphone quinze longues minutes, je m'étais levée sans avoir pris de décision. J'ai enfilé mon manteau, mes bottes, et je suis sortie de chez moi. J'ai marché de bonnes minutes avant d'arriver à l'entrée de Terrae. Chris a compris que je devais sortir. Il m'a ouvert le portail. J'ai appelé un taxi. Il m'a emmené là où se trouvait Allen. Je suis entrée. J'ai parlé aux infirmières. Elles m'ont interdit tout contact. Je n'avais pas le droit d'aller lui parler, de lui montrer que j'étais là, d'entrer en contact d'une quelconque manière avec lui. Je ne pus réprimer un frisson de colère. C'était quoi, cet endroit ? Comme si ne voir personne aidait les gens !
Toutefois, je ne dis rien. Car j'eus au moins la chance de pouvoir l'observer, lui, derrière une vitre dissimulée qui donnait accès à ce qu'ils appelaient la "salle commune". Je l'ai vu. J'ai passé une heure, deux heures même, à le regarder jouer aux échecs, observer les gens qui l'entouraient, lire...
Il avait repris du poids. Il avait repris des couleurs. Il semblait aller tellement mieux ! Mais les infirmières me stoppèrent immédiatement : il faut attendre d'être sûr que son addiction à l'alcool est bien stoppée avant de le laisser partir. J'ai hoché la tête, en désaccord, mais le gardant pour moi. Mon Allen allait revenir... Il allait revenir...
J'avais les larmes aux yeux lorsque je suis rentrée à Terrae. Le taxi me déposa à l'endroit même où j'étais monté dedans en début d'après-midi. Je le réglais, et il s'éloigna dans les rues de Tokyo. Chris me laissa entrer. Ce qui m'étonna fut de l'entendre m'adresser quelques mots. Je tournai la tête vers lui, surprise. Finalement, un sourire triste étira mes lèvres. Ca se voyait que j'allais mal, hein ?
Je hochai la tête à son attention. "Oui, ça va." Que pouvait-il faire pour moi de toute façon ?
J'avais envie d'aller voir Aoi. Mais elle était en cours. Et d'après Huo, elle était overbookée. Je n'avais pas envie de la déranger...
Alors j'ai appelé Ys. Il fallait bien que je l'affronte un jour.
Je l'ai appelé. Je lui ai envoyé des messages. Il ne m'a jamais répondu. Alors j'ai insisté. Parce que j'avais besoin de parler. J'avais besoin d'être avec quelqu'un. On m'avait refusé ce droit en me refusant d'aller voir mon meilleur ami. Ys ne pouvait pas me le refuser aussi. J'avais besoin de lui...
Alors je me suis téléportée dans sa chambre. Je me suis laissée tomber sur le lit, et j'ai lâché :

-Ecoute, que t'aies la gueule de bois, que tu dormes ou que tu sois malade... Je t'en supplie, ne m'ignore pas, pas aujourd'hui !

Après mon apparition et mes paroles, le silence s'installa quelques secondes à peine avant qu'un son de guitare ne s'élève dans les airs. Un sourire délicat étira mes lèvres. C'était ça qui l'occupait, hein...
Je me laissais bercer par le son des cordes qu'il grattait, ne répondant pas tout de suite à sa question. Je m'assis en tailleur, croisai mes mains et tendis mes bras devant moi pour m'étirer, fixant le plafond. Après quelques secondes de flottement, j'eus enfin le courage de répondre.

-Je...

Un léger rire nerveux m'échappa. Je fermai les yeux, respirai doucement.

-J'ai été voir Allen aujourd'hui. Les infirmières n'ont pas voulu que je lui parle mais... J'ai pu le voir. Et il va mieux. Tu sais, il me manque beaucoup et... J'ai tellement hâte qu'il rentre. J'étais heureuse de le voir, mais en même temps, ça m'a fait si mal de le voir là-bas, privé de tout...

Je me sens responsable, et coupable de sa situation actuelle. C'est... moi. C'est moi qui l'ai fait tomber dans cet état. Il a commencé à boire à cause de moi... Je rouvris les yeux, fixant le mur en face de moi.

-Et aussi... Je voulais m'excuser pour...

Je me passai une main dans les cheveux, mal à l'aise. Je me recroquevillai sur le lit, restant dos à Ys. Finalement, même si ce n'était pas volontaire, c'était beaucoup plus facile de lui parler ainsi. Sans le voir, sans risquer de croiser un regard plein de reproches... Je ne voulais pas qu'il se sente trahi, même si malheureusement, il allait forcément se sentir ainsi... J'avais été tellement bête. Mais se le répéter inlassablement ne ferait rien avancer, hein ?

-J'ai pas réussi à tenir ma langue... J'ai parlé à Joyce et... Ca m'a échappé.

Ridicule. Vraiment, c'était ridicule. Et vous savez quoi ? Vous auriez raconté ça à mon ancienne moi, celle qui est arrivé il y a 4 ans... Elle vous aurait ri au visage. "Ca m'a échappé, j'ai été trop faible, je n'ai pas réussi à tout garder pour moi". C'était minable. Qu'est-ce que j'aurais aimé, là, maintenant, être mon... "moi d'avant", si je peux m'appeler ainsi. J'étais bien plus forte que je ne le suis aujourd'hui. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que je ne tenais à personne et que la vie de tout un chacun m'importait peu ? Allez savoir.

-Elle est en colère... Je suis vraiment désolée Ys, j'aurais du réussir à me taire, mais... Je suis désolée.

Pas d'explication. Ce serait le même genre de truc niais que "C'était beaucoup trop dur, avec ce que j'endure en ce moment tu sais, et...". Voilà le topos. Je suis devenue une minable. C'est sympa, non ?
Tss. J'me fais honte. Mais que voulez vous. Faisons avec. Avançons avec la mauviette que je suis !

Finalement il n'existait que le son de la guitare qui flottait dans les airs, permettant ainsi de ne jamais laisser le silence s'installait. Au moins, la musique avait pour effet de calmer les esprits et d'adoucir cette ambiance. Mitsuki mit un temps à répondre comme si elle craignait quelque chose. En entendant des voix s'élevaient, n'étant plus bercer par la musique, Balto se leva, heureux de voir la présence de la jeune femme. Ce dernier ne tarda pas à réclamer une caresse. Et une fois sa récompense eut, il retourna sagement dans ce panier terminé ce qu'il avait commencé.


Mais finalement, après un rire nerveux, sa voix s’éleva. Ys n'avait pas cesser de jouer mais gardait une oreille attentive à son amie. Ainsi elle savait où se trouvait Allen. Dans un sens, le garçon fut soulagé d'apprendre cette nouvelle. Il n'aurait pas besoin de chercher après Allen et de plus ce dernier semblait aller mieux. Ce qui étira un sourire fin chez le garçon, c'était aussi d'apprendre que Mitsu allait enfin retrouver son ami d'enfance et qu'elle ne serait plus jamais seule, n'est ce pas?

"C'est une bonne nouvelle. Et ne t'en fais pas, il reviendra plus...fort." 

Un mal pour un bien dit on. Peut être qu'un jour il devrait à son tour lui rendre visite, que se soit dans ce centre ou à son retour. Pour l'heure, son amie devrait encore patienter, et lui, gardait sa posture, en retrait. Pensant que le mal être de son amie provenait de cette visite, voilà que Mitsu fit un aveux quelque peu surprenant. Cessant soudainement de jouer, ne serait ce qu'un instant, Ys ferma les yeux un instant. Là c'est sûr, Joyce a du péter les plombs. Elle devait surement lui en vouloir à mort, et voilà que tout ce qu'il aurait aimé éviter aller lui retomber dessus. Connaissant le caractère impitoyable de sa soeur, il allait surement en baver avant de lui faire prendre raison. Manquer plus que ça! Laissant échapper un soupir, Ys reprit à gratter sa guitare et sa voix s'éleva de nouveau. 

"T'as pas à t'excuser, je t'en demandais beaucoup..." 

Oui Mitsu n'est pas une mauvaise personne qui sait mentir à tout bout de champ. Il aurait du s'en douter. Mais au moins, elle avait essayer, alors à lui de réparer ses erreurs. Au moins il n'était plus étonné de ne pas voir Joyce à leurs répétitions, il y a une explication à tout. Mais voilà que seul le son de la guitare résonne dans cette pièce et que les deux jeunes gens ont cessé toute communication. Ys était dans un état où il n'avait plus aucun contrôle.
Que lui dire? Comment lui dire? Ils n'allaient pas resté ainsi, assis dans cette chambre, plongés dans le silence. C'est alors qu'Ys se décida enfin à émettre des sous entendus pour qu'elle comprenne enfin. 

"C'est bien qu'il soit de retour, Allen. Tu ne seras plus seule, tu vas enfin retrouver ton ami." 

Car oui après tout, lui le cabot, où se trouvait sa place désormais? Le seul lien qu'il avait avec elle, c'était d'être son élève. Une place qu'il avait préféré donner à Joyce pour son bien. Alors désormais, il avait coupé le seul lien qui le retenait, du moins, il fallait bien s'en convaincre...

"C'est bien qu'il soit de retour, Allen. Tu ne seras plus seule, tu vas enfin retrouver ton ami."
Ces paroles résonnèrent un instant dans ma tête. Je fixais le sol avec incertitude. Après quelques secondes de silence, je fermai durement les yeux. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un rêve... Peut-être que j'allais me réveiller...
Tss. C'était amusant de voir à quel point il était facile de croire en l'impossible juste pour fuir une situation.
Je rouvris les yeux. "Tu ne seras plus seule". Ce que venait de me dire Ys était horrible. Je n'arrivais qu'à peine à le supporter. Le son de la guitare résonnait désormais à mes oreilles comme un poison.
J'eus un sourire cynique. C'est marrant comme parfois, on a vraiment l'impression d'être à côté de la plaque.
Je pensais être proche de lui. Je pensais qu'on était amis... Pendant un instant, j'avais même cru qu'on pourrait être plus, c'était pour dire ! Et à côté de ça... Il insinuait que j'étais seule. Niait sa présence à mes côtés. Comme s'il n'avait jamais été là...
Je ne comprenais pas le but de sa démarche. Peut-être parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Ce n'est pas comme s'il avait abusé de moi ou quelque chose dans ce genre. Alors pourquoi se retirer là, maintenant ?
Je me pinçais les lèvres, contrariée. Ils avaient tous décidé de m'en mettre plein la gueule, hein ? D'accord. Très bien. Mais là, ça commençait à devenir trop dur à supporter. Je n'étais pas là pour me faire repousser sans cesse.

-Si t'es en colère contre moi, vas-y, énerve-toi. Mais m'ignore pas comme ça.

Je jetai un coup d'oeil au chien. Je ne comprenais pas la réaction d'Ys. Tout ce que nous avions partagé... Le fait même qu'il soit parti à la recherche de mes parents avec Allen ! Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il décidait finalement de me rejeter de sa vie ?

-Et je n'ai pas dit qu'Allen était de retour. J'ai dit qu'il allait mieux... Mais vu l'institut dans lequel il se trouve, ils ne le laisseront pas partir encore maintenant.

Tss. J'étais en train de m'énerver, et à l'inverse de ce que j'aurais cru, ça me faisait beaucoup plus de mal que ce que je pensais.

-Est-ce que je dois en déduire que je suis donc belle et bien seule...?

Je t'en prie, ne me répond pas. Ne dit pas que je le suis. Mens-moi... Ne m'abandonne pas encore maintenant.

C'est vrai, ça serait plus facile s'il s'énervait contre elle, au moins, il n'aurait aucun mal à laisser sortir tout le mal qui le rongeait. Seulement il avait bien trop de respect pour elle pour être aussi minable. 
Et parce que ces nouveaux sentiments le dépassaient, qu'apprendre à marcher devait surement être beaucoup moins compliquer. Et pourquoi elle insistait comme ça aussi? Ça n'aidait pas! Et elle avait beau dire qu'Allen ne sortait pas encore, il finirait par revenir. D’ailleurs, il avait intérêt à reprendre sa place auprès de Mitsu. Parce que justement, elle ne devait jamais être seule. Et pourquoi cherchait elle à obtenir cette réponse? 
Bien sûr qu'elle ne serait jamais seule. Mais elle n'avait pas non plus besoin de lui. Cessant de jouer, comme si fermer les yeux lui permettait de parler à coeur ouvert, Ys prit un instant avant de pouvoir réagir. 

"Tu ne seras jamais seule, ne dis pas de bêtise... Pourquoi t'insiste autant?!" 

Sentant comme un rouge lui monter aux oreilles, du aussi bien à la colère, à la peine qu'à la gêne, il reprit aussitôt:

"Allen va revenir, tu le sais. T'auras plus besoin de moi. Après tout, j'étais qu'un élève... "

C'est tellement plus simple de s'en convaincre. Et si elle te détestait, tu gagnerais du temps. Et si c'était toi qui la haïssait, peut être que tu souffrirais moins. Même au travers de ses propres paroles, il sentait une horrible douleur dans le ventre. Il aurait tant aimé à ne jamais affronter ce moment. S'appuyant sur sa guitare, il reprit d'un ton lasse: 

"J'ai besoin... d'être seul... je... Je dois faire le point."

Si seulement son défaut qui la rendait si attachante, si ce n'est que d'être naïve et maladroite pouvait un instant en être la cause. Mais le garçon se doutait bien qu'il existait autre chose. Elle ne pouvait pas toujours être aussi maladroite dans les relations?! Et puis de son côté, il ne voulait pas être ce gars qui attend comme un désespéré ce qu'il n'arrivera jamais. Il n'est pas Allen. Hors de question!
C'était suffisamment douloureux. Mais comment y réussir si Mitsu était toujours dans les parages. Ne plus être son élève était déjà un gagne temps, un éloignement. 
Vagabond ou non, je saurais toujours le retrouver pour le ramener par la peau des fesses !
Ces souvenirs résonnent. Rien n'a vraiment changé, n'est ce pas? Elle est toujours là. Mais il en demande beaucoup trop. Il n'obtiendra jamais rien. Alors juste assez de temps pour oublier, pour effacer ces sentiments. Saisit par cette douleur qui lui serrer le coeur, le jeune homme osa prononcer quelque chose qu'il regretterait surement un jour. 

"C'est à se demander si t'as déjà été amoureuse un jour..."

Certes, il ne sera plus jamais là pour rire aux éclats, chahutait avec elle. Mais que se soit physiquement pour par la pensée, il serait toujours là pour elle, comme il lui avait toujours promis.

Une fois n'est pas coutume, ses dernières paroles résonnèrent dans mon esprit avec amertume. Si j'avais les mots sur le bout de la langue pour répondre à ses répliques précédentes, tout s'était envolé alors qu'il me posait cette question que je n'étais, je suppose, pas prête à entendre.
Cette question, je l'avais entendu de nombreuses fois auparavant. Ce n'est pas parce que j'avais l'air si naïve que je n'avais jamais eu la moindre relation. Bien au contraire ; il y avait même eu une période où j'avais enchaîné les relations. Allen s'était éloigné de moi, et je me sentais seule. J'avais besoin de réconfort, j'imagine ?
C'était stupide d'ailleurs. Je ne me sentais bien avec aucun des garçons avec lesquels j'étais sortie. Tous étaient venus me voir pour m'inviter à sortir, j'avais accepté, et quelques temps plus tard, c'était finalement eux qui venaient me dire qu'ils ne voulaient pas poursuivre notre relation. C'était cette même phrase qui sortait inlassablement de leur bouche. "C'est à se demander si tu as déjà été amoureuse un jour."
A cette époque, je m'en fichais. Je n'étais même pas blessée par leurs mots lorsqu'ils me quittaient. Je n'étais pas attachée à eux. Pour être franche, je ne les connaissais même pas. Ce n'était que la solitude qui me poussait à accepter leur demande. Il est même arrivé une fois où je ne connaissais pas le nom d'un des garçons qui était venu me voir.
Lorsque j'y repense maintenant, lorsque j'y repense en vivant ce que je suis en train de vivre, je réalise que je n'aurais jamais dû faire ça. J'avais été stupide et je les avais blessé sans même m'en rendre compte.
Pour une fois, je me retrouvais dans leur situation. Et c'était douloureux. Bien plus douloureux que ce que j'avais imaginé. Je sais que j'ai toujours été distante. Je suis incapable de montrer ce que je ressens. Ça peut être une qualité, certes, mais parfois, c'est un véritable défaut. Et dans cette situation, je réalise que c'en est un. Un incroyable défaut que je ne suis pas capable de surmonter.
Je ne sais pas m'ouvrir aux autres. Je suis tout ce qu'on peut qualifier de zéro en relations humaines. Et pourtant je me suis attachée. Bien plus que ce que j'aurais pu croire. Oh, j'ai essayé de m'ouvrir. J'ai même été jusqu'à pleurer en face d'Ys. Ce qui est, en soi, un véritable exploit de ma part. Mais visiblement, ce n'est pas suffisant. Hé ben je suis désolée. Je n'ai pas trouvé de manuel pour apprendre à montrer ce que je ressens.
Penaude, je me levai du lit. J'avais beau serrer les poings, ce n'était pas suffisant pour reprendre contenance. Je fermais les yeux, probablement pour tenter de me donner du courage. Je sentis mon coeur se serrer, et je compris comment tout cela allait se terminer.

-Non. Ca ne m'était jamais arrivé.

Je me tournai pour lui faire face, ou tout du moins faire face à son dos. C'était mieux ainsi. Je n'aurais pas réussi à affronter son regard.

-Pour moi, tu n'étais pas qu'un simple élève.

Mes dernières paroles se bloquèrent dans le fond de ma gorge. Une larme roula sur ma joue tandis que j'apercevais ce qu'Ys avait tenté de me cacher plusieurs mois plus tôt. Je disparus et réapparus dans mon lit. La fuite. C'était tout ce que j'étais capable de faire, hein ?
J'étouffai mes sanglots dans mon oreiller que je serrai fort contre moi. Cette photo... Il l'avait gardée. Et moi, je l'avais perdu lui.

HRP : Ouaiiiiis. Ok, c'est mega court. Mitsu est une fuyaaarde je suis désolée :( Ca fait deux fois de suite quand même. Mais promiiiis comment elle va venir s'excuser de fou ! Enfin, après, Ys peut toujours la suivre haha. Mais j'pense pas qu'il soit d'humeur à vrai dire ! Désolée désolée désolée. :(

HRP> Euh je doute qu'Ys la suive, ça irait aux contraires de ce qu'il voulait faire... Mais les retrouvailles ne seront que plus belles! 


Ce qu'il avait toujours éviter c'était incontestablement passé. Mitsuki était blessée et ce fut sans surprise qu'elle réagit. 
Evidemment, le garçon préféra lui tourner le dos plutôt que d'affronter son regard. La seule chose qui lui permit de garder sa langue dans sa poche, se concentrer, ce fut de pouvoir serrer les cordes de la guitare dans sa main au point de se couper. Jamais il ne se serait douter qu'il puisse un jour rencontrer une telle personne. Une personne qui puisse autant le rendre rêveur que lui faire peur. 


"Non attends, laisses juste un peu de temps, laisses moi comprendre ce qui ne vas pas. S'il te plait ne me hais pas, ne t'en vas pas, pas trop loin. Je ne veux pas que tu me brises..." Ca lui brûlait les lèvres, il aurait tant aimé lui dire combien il avait déjà regretter cette décision. Il tenait tant à elle mais n'avait jamais réussi à trouver les mots. Il n'avait jamais été doué pour ça. Toujours entouré, Ys ne connaissait pas la solitude, qu'il s'agisse d'amis, de connaissances, d'ennemis, il n'avait jamais été seul. Mais tout ça, ce n'était qu'en apparence. Depuis que sa mère avait disparue, il n'existait plus personne à qui il pouvait poser un regard doux, heureux. Tout s'était envolé avec elle. Depuis il n'avait su s'entourer que de personnes plus ou moins plaisants, juste pour ne pas être seul. Ce n'était que des présences "physiques". Rien de tout cela n'avait d'importances, dans le fond, ils n'existaient pas. C'es tellement plus simple de rire, de jouer aux idiots, ne rien prendre au sérieux. Alors, quand on est creux de l’intérieur, on oublie les mots, on oublie qu'on a put vivre un jour. Et lorsqu'un jour, on accepte d'être entier, vrai, de s'ouvrir aux autres, on oublie qu'un jour on pourrait de nouveau ressentir ces choses disparues. Mais comment s'en débattre, savoir le vrai du faux quand on est aussi fragile qu'un nourrisson.


Tout ce qu'il désirait c'était de pouvoir gagner du temps, de la distance, afin de pouvoir comprendre, mettre un terme à ce chamboulement. Bien que dans le fond, il connaissait la réponse, juste la peur aussi d'être le seul à jouer. Être l'idiot du village? Non merci, sans façon. Ce qui est tout nouveau mais de plus, il ne pourrait jamais s'y tailler un costard, ce n'est pas fait pour lui, ces "choses". Et quoi de mieux pour y mettre un point que de blesser la cause de ses tourments?!


Les paroles de la jeune femme le percutèrent encore une fois. Oui peut être qu'un simple élève mais où aller tes limites? Surement parce que la réponse était bien plus effrayante que les doutes, qu'il est plus facile de fuir. Et ce fut ainsi que la distance s'installa. Sans attendre, Mitsuki avait disparue de sa chambre, tout comme elle venait de disparaître de sa vie. Une fois seul, enfin, le garçon put extérioriser ce qu'il tentait vainement de retenir. Il avait fait un choix sans que le coeur y soit. Et ce sera la guitare qui en fit les frais lorsqu'elle se brisa contre le mur.
Et petit à petit, il faudra apprendre à vivre, sans elle, sans ses joies, ses pleurs, ses folies... Tout ce qu'il avait découvert en arrivant ici, la première, il décida d'y tracer un trait.



Et il ne restera plus que ces doux souvenirs d'une jeune fille à la chevelure argentée, étonnée, se tenant devant un garçon affalé sous sa porte l'air égaré.

-Ah, au fait ! Moi, c'est Mitsuki ! Mais tu as du le deviner, vu que j'ouvre la porte de chambre portant l'écriteau Mitsuki Hojitake...