Il y a bien une chose sur laquelle mes goûts et ceux d'Aaron divergent totalement -je veux dire en dehors des rideaux, de blobby et de l'électronique- ce sont les chats. Il déteste, exècre, abhorre les félins. Alors qu'ils comptent parmi mes animaux préférés. Je ne manque d'ailleurs jamais une occasion de me transformer en l'un d'eux.

J'aime les chats donc. Ils sont de nature solitaire, ne demandent pas beaucoup d'entretien et sont d'excellents prédateurs. A côté de ça, ils offrent une bonne compagnie et font de bonnes peluches en période de déprime. Voilà pourquoi j'en ai toujours voulu un. Un compagnon pour me tenir compagnie durant mes réveils mouvementés la nuit. Non pas qu'Aaron ne soit pas un bon oreiller en cas de cauchemars, mais il n'est pas toujours là, et je ne dors pas toujours chez lui.
En plus, avec toute la ménagerie que mon chéri a ramené, c’est-à-dire un blobfish totalement immonde qui ne sert à rien, un hérisson et un chat robot totalement débile, je ne vois pas pourquoi moi je n'aurais pas le droit d'avoir mon propre animal de compagnie. Remettons les pendules à l'heure.

Cela fait donc un certain temps que je veux un chat mais je n'ai jamais pris le temps ni l'occasion de m'en occuper. Et il semblerait que la chance m'ait souri.
Je pensais que ce genre de choses n'arrivait que dans les mauvais romans à l'eau de rose mais apparemment ce n'est pas le cas. Ou alors je suis victime d'un auteur stupide sans le savoir… Hier matin donc, j'ai shooté par inadvertance dans un carton posé sur le trottoir, chose sans conséquence aucune me diriez-vous si la boîte en question n'avait pas miaulé de détresse. Je me suis arrêté, ai soulevé les rebords du carton pour y trouver un petit chaton noir me fixant de ses grands yeux verts. Alors j'ai craqué. Je l'ai gardé et je me moque bien qu'Aaron n'aime pas les chats. Celui-là est tellement mignon qu'il ne peut pas dire non.

La chose reste tout de même étrange. Moi, Gaetano Bianchi, ex-tueur à gage et master de Terrae vient d'adopter un chaton et suis totalement en train de gagatiser… les choses ne sont définitivement plus ce qu'elles étaient.

Au départ ce n'est pas par rapport au chat que j'avais prévu de venir aujourd'hui mais l'occasion s'étant présentée, je vais faire d'une pierre deux coups.
Je donne donc trois coups sec contre la porte d'Aaron, mon carton contenant le chat sous le bras.

- Toc toc toc, monsieur Williams, il parait que vous avez appelé pour une escort girl ! je hurle à moitié à travers le battant pour qu'il vienne m'ouvrir.

En même temps, s'il est en train de bosser dans son bureau, il faudra au moins ça pour le faire sortir de sa tanière

Mon appartement est rangé. Non mais, vous y croyez, vous ? Moi non plus, vraiment pas. Le pire, c'est que j'ai même pas appelé de femme de ménage, j'ai pas esclavagisé Ipiu, Tomoe ou Ludmila, j'ai pas non plus demandé à Mitsu de m'aider, ni à Termicator de broyer les copies de mes élèves chéris : rien. J'ai juste rangé et fait le ménage, comme ça, sans raison aucune.

Bon, on va clairement pas se plaindre, hein, c'est pas comme si c'était un peu primordial que je m'occupe du ménage une fois de temps en temps…

Du coup, ça veut aussi dire qu'il va bientôt falloir changer les rideaux. Vous croyez que si j'achète des rideaux blancs à demi opaque avec des cerises dessus je vais m'attirer la colère de mon homme ? Non, juste une question, comme ça... Bon, ça aurait pu être pire, j'aurais pu commander un rideau sur lequel j'aurais fait un imprimé blobfish et-... Ouais, nan, ça c'est déjà le cadeau de non-anniversaire que j'ai prévu d'offrir à Piu - me demandez pas pourquoi, j'ai décrété que son non-anniversaire serait un truc comme le 1er juin, vous êtes prévenus - et de toute manière je me serais fait défoncer la gueule méchamment.

Hmmmm. Que faire, du coup ? Je regarde mon mur d'un oeil dépité, en imaginant remplacer le bleu par du violet. Ou du orange. C'est bien le orange. Omg, je devrais faire une déco sur le thème de l'orange, je suis sûr que Termicator et HP adoreraient ça !

Je me lève d'un coup, très décidé à passer mon aprem sur le net à commander des trucs de merde à entasser dans mon appart. Je grimpe sur ma chaise de bureau, tout émoustillé - on dirait que je vais aller sur Youporn là vazy - et commande à George d'aller sur des sites de vente en ligne. Miam. Miaaaam. Ahahah. Ohwi.

À présent, je m'apprête à acheter une horloge en forme d'orange quand on frappe à ma porte. Arrêt sur image. Je me redresse (la queue remuante /pan) en reconnaissant l'aura puis la voix de Gae. OMG IL M'A PAS OUBLIE IL M'AIME ENCORE BLBLBLBLBL

Sans attendre, je saute sur mes jambes et cours vers la porte. Avant de remettre mes fringues et mes cheveux en place. Arrêt. Je le fais attendre deux minutes. CA FAIT DEUX JOURS QU'IL EST PAS VENU ME VOIR. Bref noraj Aaron, noraj. J'ouvre la porte, un grand sourire aux lèvres, et m'appuie contre l'encadrement de la porte.

— Oh en effet, une escort-girl tout à fait à mon goût de plus~, je fais en le reluquant de haut en bas - et en lorgnant deux secondes sur le carton. Tu viens te faire pardonner parce que t'as été un mauvais garçon, ou t'as juste prévu de déménager définitivement ici ?

Jolie entrée en matière pour sa part, je l'admets. Moi ? J'ai fait mieux...

Grand sourire avant que je vienne lui sauter au cou pour lui faire un câlin et un bisou. Rrrrrrrrrrrrrr je ronronnerais presque <3

— C'est quoi, c'est quoiiii ? je fais en désignant la boîte, tout content, avant de sautiller jusqu'à l'intérieur de l'appart. Café ? Jus d'orange ? Oh mon dieu, il faut pas que tu vois ce que j'ai acheté...

Putain Aaron ta gueule.

Je sens l'aura agitée d'Aaron qui s'agite derrière la porte avant que le bruit de ses pas ne me parvienne derrière la porte. Puis plus rien. Et je me demande ce qu'il attend. Sûrement en train de faire sa coquette et de se recoiffer. Faut dire que s'il était en train de bosser, il doit être un peu chiffon… Enfin je suis mauvaise langue me direz-vous, je ne sais pas ce qu'il était ne train de faire. J'aime pas qu'on me fasse poireauter… Sûrement que c'est sa manière de me dire qu'il me boude parce que je ne suis pas venu depuis deux jours. Oui, je sais, je suis un très mauvais copain.

La porte s'ouvre finalement sur Aaron, tout sourire, qui s'appuie contre l'encadrement de la dite porte.
Un sourire étire mes lèvres au son de ses paroles tandis qu'il me reluque ouvertement. J'aime quand il fait ça, je ne m'en cache pas.

Je l'accueil dans mes bras et profite de l'étreinte quelques instants, savourant ses lèvres. Bon, je dois bien l'admettre, il m'a trop manqué pendant ces deux jours.

Son excitation me fait bien rire et sa curiosité encore plus car je sais pertinemment la tête qu'il va tirer lorsqu'il va voir l'intérieur du carton. Je dois bien avouer, c'est une surprise de mauvais goût mais j'ai vraiment hâte de voir sa tête.
J'entre à mon tour dans l'appartement, fermant la porte derrière moi. Je lui souris amusé.

- C'est pas exactement ce que tu penses, mais disons que c'est une manière de me faire pardonner oui… Mais avant…

Je pose le carton contre le mur pour me rapprocher d'Aaron. Je passe mes bras autour de sa taille et l'embrasse.

- Tu m'a manqué, je fini par dire ensuite, un peu essoufflé.

J'allais lui demander s'il ne m'en voulait pas trop lorsque le carton s'agita et qu'un minuscule miaulement s'en échappa.
…
Héhé. Bon bah autant avouer maintenant je crois.
Je me détache de mon homme qui me lance un regard soupçonneux et lui tourne le dos, ouvrant le carton et en sortant une petite boule de poils noirs absolument trop mignonne. Puis je me retourne, un sourire aux lèvres.

- Aaron, je te présente mon nouvel animal de compagnie !

Je vous parie ce que vous voulez que dans une seconde il hurle.

Voilà, je savais que ça finirait par l'agacer. J'ai un sourire victorieux quand il m'enserre dans ses bras et m'occupe de titiller son cou de mon nez après l'avoir embrassé. Ahhh, c'que ça fait du bien de le revoir un peu... Je suis content. Content, si content que je pourrais remuer la queue et ronronner ! Enfin, vous voulez pas trop savoir quels bruits je suis capable de faire, donc j'vais m'arrêter de parler là. En vrai j'm'en fiche de son carton, même si vu sa tête ça risque d'être une mauvaise surprise. Un coup d'oeil suspicieux avant qu'il ne dépose le carton au sol et qu'il ne se rapproche pour me saluer comme il se doit. Je devrais même dire : comme je le mérite. Non mais sans blague, heureusement que je lui ai manqué, manquerait plus qu'il me dise "Ces deux jours sans toi ont été une vraie bénédiction, mon chéri. Café et on baise ?"...

Amusé et heureux, je glisse mes propres bras autour de son cou pour lui rendre son baiser dans un rire. Front contre le sien, je lâche :

— J'espère bien, chouchou, je le prendrais mal sinon.

Un bisou au coin des lèvres et il miaule.
Non.
Attendez.
C'est pas lui qui miaule.

Un long frisson remonte le long de ma colonne et je me fige dans ses bras. Yeux écarquillés.

Oh non.
Oh non non non non non.
NON.
NON.
NON.

Disque rayé, j'arrive pas à penser autre chose que "oh mon dieu sale batard de merde je vais te maraver la gueule tellement fort que ma main se cassera après ton nez et la tête de cette chose si elle a le malheur de m'approcher, sortir de cettte boîte ou simplement me regarder".

Il me lâche. Freeze. Je suis quasiment dans la même position, les bras un peu en l'air. Tourner lentement la tête. Il s'approche du carton.

PUTAIN T'APPROCHES PAS DU CARTON JE T'AIME MOI JE VEUX PAS QUE TU TE FASSES BOUFFEEEER ettttttt sdnjkqsb AAAAAAH.

Un cri aussi peu viril que les sous-vêtements que m'a offerts Ipiu à Noël s'échappe de mes lèvres alors que je recule d'un bond jusqu'à la porte.

— AHHHH NON ELOIGNE CA JE REFUSE, ARRIERE, ARRIEEEEERE

J'ouvre la porte d'entrée et la claque dans ma fuite.
...
… putain j'ai pas mes clés
échec

Bug. J'ai un long rire nerveux - un peu hystérique, j'admets - et finit par me taper la tête contre la sonnette pour qu'il me rouvre la porte. C'était pas prévu, putain.

— Chéri, ouvre la porte... Sois cool… et remets ton monstre dans le carton, tu veux bien ? j'articule suffisamment fort pour qu'il m'entende.

Bon, d'abord, je vais essayer de calmer les battements de mon coeur et ma fréquence respiratoire, ok ? Je sens que je vais faire de l'hyperventilation.

Il va me tuer un jour. Bâtard.

— C'est une cause de rupture, ça !! je beugle ensuite.

Ouais, j'm'emballe. Mais. JE REFUSE D'AVOIR UN CHAT DANS MON SALON.

Un rire amusé s'échappe malencontreusement de mes lèvres. Les cri ayant franchi celles d'Aaron tait, il faut bien l'avouer, très peu viril. Une véritable fille, je l'ai toujours dit, sa réaction  étant exactement celle que j'attendais. Sa tête effrayée vaut vraiment de l'or et je me sens soudain stupide de ne pas l'avoir filmé. N'y tenant plus, j'éclate tout simplement de rire alors que la porte se ferme en claquant.

Non, je ne comprend pas vraiment. Ce chat est pourtant tellement mignon et adorable. Qui pourrait détester une telle boule de poils ? Et puis tout le monde aime les chats non ? Oui... Tout le monde sauf Aaron.

Un son aigu et hystérique provient alors de l'autre côté du battant bientôt suivi par celui de la sonnette et de la voix étouffée de mon homme (qui manque cruellement de virilité depuis quelques instants).
Je parviens peu à peu à ma calmer... avant de repartir pour un tour, en l'entendant beugler que tout ceci est une cause de rupture. Le tressautement de mes épaules se répercutant jusque dans mes mains, le chaton fini par pousser un miaulement plaintif, ne semblant pas trop apprécier les secousses.

Avec un soupir je remet finalement le monstre dans sa boîte et me redressant je me plante devant la porte que j'ouvre. Un sourire mi-espiègle, mi-sadique est placardé sur mon visage tandis que je dévisage Aaron. Au moins, je suis maintenant sûr et certain qu'il est bien réveillé.

- Navré chéri, vraiment ! Mais tu comprends, je pouvais pas laisser cette pauvre chose toute seule dans la rue. Il juste tellement mignon !

J'éclate de rire face à son air à la fois dépité et meurtrier.

- Oh allez, fait pas la tête !

Et j'ouvre grand les bras faisant mine de m'approcher pour lui faire un énorme câlin. Je suis presque sûr, non. Je suis certain qu'il va tenter de m'électrocuter pour ça mais bon, que serait notre relation si on n'y mettait pas un peu de piment.

Le voyant qui tire la tête je me refrène et mes bras retombent le long de mon corps. Un petit sourire restant malgré tout plaqué sur mes lèvres. Je me décale sur le côté et Aaron rentre à l'intérieur de l'appartement, le battant se refermant derrière lui.

Ma main droite fini par trouver le chemin de ma poche, mes doigts se refermant autour de l'objet qui s'y trouve.

- Bon d'accord. C'était une surprise de mauvais goût... Mais j'en ai une autre qui devrait te plaire je pense, je dis le sourire en coin.

Je me rapproche un peu et attrape sa main pour y poser une petite boîte noire.

- Vas-y ouvre.

Cette fois-ci je pense qu'il va apprécier et sauter de joie plutôt de terreur. Ça ou alors il va vraiment prendre peur trouvant que je suis trop sérieux, ou que je vais trop vite.

Un jour, ce mec va me tuer. Non, vraiment, il va me tuer. Et s'il ne me tue pas, c'est moi qui me tuerai, soyez-en assurés. Tout en me tuant le front contre la sonnette, et ce plusieurs fois, je l'entends qui se marre comme une baleine derrière la porte. Mon visage chauffe de colère et je m'éloigne de la porte en croisant les bras, furibond. La porte s'ouvre, et Gae me regarde en ouvrant grand les bras, l'air de dire "Allez mon chéri, fais-moi un câlin et oublions tout ça <3". Je sais à quoi il pense : c'est pour le blobfish, le chat-robot ET le hérisson. Mais bon, qu'est-ce vous voulez, Blobby, Termicator et HP n'y sont pour strictement rien s'ils ont été abandonnés et que personne ne les aime à part moi eeeeet- j'admets qu'on peut dire la même chose pour ce chat. Le problème, c'est que c'est un chat, tout bébé et tout mignon qu'il est. Je grommelle en lorgnant sur la boîte, où le chaton me regarde de ses yeux tout plissés.

— Même pas en rêve, chéri. T'as cru que j'allais pas faire la gueule en ramenant ça ? Tu savais que je ferai la gueule, râlé-je.

Le problème, c'est même pas que j'aime pas les chats, c'est que je suis très allerg—kofkofkof—phobique. Je déglutis et m'avance malgré tout pour rentrer dans mon appart', en faisant un détour à côté du carton pour l'éviter. Mal à l'aise, je relève les yeux vers Gae en m'apprêtant à dire un truc - mais honnêtement, j'ai ouvert la bouche et je l'ai cash refermée parce qu'il s'est remis à parler entre temps. Haussement de sourcils quand il farfouille dans sa poche. Haussement du deuxième sourcil quand il me dit qu'il a une autre surprise - et je suis tenté de retirer ma main parce que j'ai peur d'y retrouver une araignée vivante, il en serait cap. Puis, comme il m'attrape la main et que j'ai plus de sourcils à lever, je reste bloqué sur l'objet, avec la même expression à la fois circonspecte et figée.

— Euh, c'est quoi...?

C'est une boîte, ouais, je sais, je suis pas aveugle, merci.
Ahah.
Je lève les yeux vers Gae. Essaie de lire à travers son sourire en coin. Baisse les yeux vers la boîte.
No way.
Relève les yeux vers Gae, fronce les sourcils. Non mais attendez, il a mis un pétard dedans ? Il a mis un pétard dedans, hein ?

Précautionneusement, j'ouvre la boîte. Arrêt. Je la referme. Regarde Gae, troublé, genre vraiment, avec l'expression faciale qui part en vrille entre le "ah euh what" et le "non attends j'ai dû mal voir, on la refait ?". Puis la rouvre et la referme immédiatement en sentant mon visage partir dans les nuances de rouge. De rouge foncé en fait. D'écarlate. De très très chaud.

J'ai besoin qu'on ouvre une fenêtre pour moi, là, je vais faire un malaise. Inspiration. Je serre l'écrin entre mes doigts et pose le dos de mon autre main contre mes lèvres en reculant, les yeux détournés.

— C'est… une jolie bague... j'arrive à articuler - tout en songeant que j'aimerais bien pouvoir me fondre dans le sol.

Histoire qu'il évite de confondre mon visage avec le gyrophare d'une ambulance.

Bon, par contre, il peut pas me la donner et genre ne rien me dire avec, là, c'est, euh, euh, c'est trop bizarre ? Genre c'est pas mon anniversaire, la St Valentin c'est passé, on fête pas nos un an, ni Noël, il fête Pâques peut-être ?? On offre des bagues à Pâques ? Ou alors c'est un truc de rital, genre- ok.

— C'est pour te faire pardonner pour le chat, t'avais prévu le coup en avance, c'est ça ? je lâche dans une vaine tentative de plaisanterie, avant de relever les yeux vers lui.

Et de me liquéfier sur place.

Mon attention est reportée sur la boîte, autour de laquelle mes doigts sont crispés. Je la rouvre et en retire la bague pour l'observer, légèrement translucide à la lumière. Elle est fine, c'est juste un anneau tout con.

— C'est un cristal de Morphe ? soufflé-je, touché. Pourquoi tu me donnes ça maintenant ?

Il me semble que c'est le moment où je dois dire "merci", mais je me contente de m'approcher pour poser mon front contre son épaule. Punaise mais cachez-moi. J'crois que j'vais crever de bonheur. Enfin. Même si techniquement je sais pas pourquoi je dois m'réjouir, là, j'ai l'impression de plus toucher terre. Bon sang...

— Dis-moi que c'est pas une demande en mariage, je ris en tournant la tête pour le regarder.

Mes oreilles sont foutûment écarlates. De toute manière, j'crois qu'il sait que j'suis obligé de blablater inutilement quand j'suis mort de gêne...

La réaction d'Aaron vaut tout l'or du monde. Sa légère surprise et le scepticisme que je capte sur son visage au moment où la boite attéri entre ses mains. Son doute alors qu'il ne l'a même pas encore ouverte, se demandant quelle est encore cette mauvaise blague. Je peux comprendre après le coup que je viens de lui faire.
Puis il ouvre la boîte... Pour la refermer aussitôt. Ouais... Son expression vaut juste de l'or. Il a l'air un peu concon sur le coup, genre "je ne comprend pas du tout ce qu'est cette chose". Et puis il l'a rouvre et son visage vire tout simplement au rouge pivoine. Sisi. D'un beau rouge bien cramoisi. Et c'est absolument trop mignon de le voir perdre ses moyens de la sorte.

Il est... choqué ? Surpris ? C'est dur à dire en vérité. En tout cas, ce n'est très certainement pas ce à quoi il s'attendait. Et j'aime constater que je peux le surprendre ainsi.

Je suis content mais je suis aussi un peu mal à l'aise tout à coup. Il ne m'a pas dit s'il aimait. Ça lui plait pas alors ? il va me jeter ? Il me déteste maintenant ? Non, bon ok, je panique pour rien là. Il ne s'y attendait pas, voilà tout.

Ma main vient frotter l'arrière de mon crâne et un petit rire m'échappe.

- Vraiment, je vois pas du tout de quoi tu veux parler par rapport au chat.

Mon sourire s'adoucit lorsqu'il remarque enfin que la bague est en vérité un cristal de morphe. C'est un simple anneau d'un bleu un peu translucide. Je la sens pulser entre ses mains et à cet instant je ne souhaiterais pas être ailleurs.
Je m'apprête à lui répondre lorsque sa tête vient rencontrer mon épaule aussi je me contente juste de refermer mes bras sur lui. Il n'a pas dit merci mais n'en a pas besoin, ce geste est tout aussi évident.

J'ai un petit rire lorsqu'il me demande si ce n'est pas une demande en mariage. et j'hésite un instant avant de lui répondre.

- Ce... n'en est pas une.

Bien... Maintenant je suis un peu mal à l'aise.

- Je pense que c'est encore un peu tôt pour parler mariage. Je voulais juste... Je sais pas... je me suis dit que ça pourrait t'être utile en mission. Et puis comme ça quand c'est moi qui serait en mission bah...

Naannnnn. je veux pas finir ma phrase. Je refuse de tomber à ce point dans la niaisitude. C'est dans ce genre de moment que je me demande où est passé le mec impitoyable que j'étais à Naples. Et c'est aussi dans ce genre d'instants que je me rend compte qu'il a disparu. Enfin... Je doit l'avoir enterré avec mon frère sans doute.

Je souffle amusé et pose mon menton sur le sommet du crâne d'Aaron, profitant de notre étreinte.

- Je me fait l'effet d'un gosse qui demande à une fille de sortir avec lui pour la première fois.

Je laisse le silence s'installer à nouveau, sentant sa respiration venir me chatouiller le coup. Et c'est agréable. Tout simplement.

- Ça te dirait... d'emménager ensemble ? je fini par lâcher.

Parce qu'au point où on en est... je passe plus de temps chez lui que chez moi donc autant faire les choses correctement.

- Mais je te prévient, je garde le chat, je fait avec un grand sourire.

Est-ce que c'est réellement utile de faire cette tête, Gae ? Tu peux pas comprendre que ouais, ça me fait foutûment plaisir et que je suis damn it littéralement en train de mourir de gêne, et de bonheur, et de... Plein de trucs à la fois ? Il a l'air de paniquer un peu avant qu'je parle et j'essaie de le rassurer comme je peux - tout en essayant de me rassurer moi-même, au final. Enfin, surtout. Pour me redonner contenance, probablement parce que je n'ai strictement plus aucune contenance, en fait.

Pas en rapport avec le chat ? C'est ça ouais, j'en crois pas un mot. J'me retiens de lui pincer le nez et enchaine en riant, mais aussi un peu paniqué. Mes yeux se relèvent vers lui, et je croise son sourire doux, léger ; la bague se loge sur mon index, bloqué à la première phalange, lorsque je la serre. J'ferme les yeux et glisse ma main gauche dans son dos pour profiter de notre étreinte, un sourire léger flottant sur mes lèvres. Si je ronronne, il va encore se foutre de moi, mais là, juste comme ça, c'est une jolie surprise.

Sans rien ajouter, je le laisse parler et relève un regard rieur et surpris vers lui - il a hésité, pourquoi il a hésité ? Son menton se pose sur le sommet de mon crâne et je me mords la lèvre pour me retenir de me marrer moi aussi. Il me taperait si je disais ça à voix haute, mais damn, Gae est juste beaucoup trop mignon pour son propre bien. Je suis persuadé qu'il ne s'en rend même pas compte. Enfin, vu sa réaction, il doit bien avoir quelques idées, tout de même...

Il a pas vraiment fini sa phrase à l'instant, mais j'comprends bien ce qu'il a voulu dire. Je sens son énergie qui pulse doucement dans l'anneau que je tiens, et quelque part, elle est chaleureuse et rassurante. J'me redresse pour glisser ma main sur sa joue et lui voler un baiser. Mon sourire veut plus fuir, c'est terrible.

— Merci Gae, c'est… (ne pas prononcer les mots "trop mignon", ne pas prononcer-) Merci, je souffle juste avant de retourner enfouir mon nez dans son cou. Puis ça va, c'est bon, on est déjà ensemble, on a fait des trucs bien pires...

Euh, je ne parle pas de cul, hein ?...

Derrière, le chaton miaule et j'me tends un peu, resserrant ma prise sur l'anneau que je tourne machinalement autour de mon doigt. Putain, qu'est-ce que j'suis bien… Par contre, j'ai une question, il croit vraiment que j'vais utiliser un truc pareil en mission, un jour ?? Aberrant. Je fais partie des mecs qui utilisent pas les cadeaux qu'on leur offre autrement que de manière décorative, me jugez pas.

Le silence est agréable, mais Gae le rompt une nouvelle fois. Arrêt sur image alors que je souris. Mes zygomatiques sont bloquées. J'me recule un peu pour pouvoir ouvrir la bouche, avant de lâcher sans réfléchir :

— Non !

Euh.

— Enfin oui, mais nan, mais-- On pourrait ne pas parler du chat, s'il te plaît ?

D'accord, je suis en train de m'agiter. Son stress est contagieux - non je me cherche pas des excuses parce que je ne m'y attendais pas.

— C'est- euh-

J'me mords la lèvre et resserre à la fois ma prise sur la bague et sur la boîte de celle-ci.

Quelque chose me bloque. Pas le chat, c'est sûrement pas le chat qui influencerait ma décision, clairement. C'est pas non plus parce que je pense que c'est trop tôt - je veux dire, si on ne s'était pas cherchés pendant plus d'un an, ça ferait un moment qu'on serait ensemble, et pas juste trois saisons. Cela étant…

— J'aimerais beaucoup, ajouté-je à la fois prudemment et sincèrement.

Honnêtement, je sais pas trop d'où me sort cette réserve, ni ce noeud dans mon ventre. C'est vrai qu'en soi, j'ai la moitié de mon armoire chez moi et la moitié chez lui, ça changerait pas grand-chose à part officialiser le truc, en soi. C'est juste dire "Hé, j'aimerais qu'on ait un chez-nous, à tous les deux."... Putain, ce serait génial, puis au moins y aurait plus ces nuits reloues qu'on passe chacun dans notre appart encore de temps en temps.

Avec un soupir, je l'enlace et pose mon front contre le sien, yeux fermés. J'peux pas lui dire ça, hein ? Il va encore me traiter de drama queen et- en soi ce serait pas faux...

— Je t'aime, je souffle. J'ai vraiment envie d'habiter avec toi. Mais tu veux bien me laisser un peu de temps ? Juste pour que je me fasse à l'idée.

Et je ris, un peu. Je sais pas trop si j'en ai le coeur. Les dernières personnes avec qui j'ai vécu sont toutes enterrées. Ça fait un an que Destan est mort. J'en ai envie, mais je sais pas si je suis prêt à me dire qu'on n'aura pas la poisse, cette fois. Parce que j'ai la poisse, nan ? Suffit de voir les emmerdes que je rapporte. Son frère est mort quand il était en mission avec moi. J'ai la poisse - et des palpitations rien que d'y penser.

Je glisse la main qui ne tient pas la boîte dans ses cheveux doucement et lui souris en me reculant légèrement. C'est maladroit mais c'est heureux, heureux parce qu'il me l'a proposé et que ça veut dire que tout va bien. Qu'on veut continuer, tous les deux. Mais c'est flippant de pas savoir ce qu'il va arriver plus tard. J'peux pas lui dire ça.

— On ira regarder les appartements ! Ou les maisons ? j'hésite en coulant un regard vers lui.

Parce que c'est réel, là, hein ...? S'il veut qu'on emménage ensemble, c'est parce qu'il croit que ça va marcher, qu'on peut continuer ensemble ; et j'y crois aussi, j'crois en nous, même si ça implique plein de choses auxquelles je veux pas penser, parce qu'on sera jamais d'accord là-dessus.

— Tu veux l'appeler comment, ton monstre ? je fais en désignant le chaton qui nous observe de ses yeux tout ronds. Le chat-teigne, ou le chat-loupe ?

Même si ça m'empêche pas d'avoir la poisse.

L'entendre dire qu'on a fait des choses bien pires me tire un ricanement. Effectivement... Vu sous cet angle... Et pire dans tous les sens du terme. Et non, je n'ai absolument pas l'esprit mal placé. Ou si peu.

- Pire ? Je me demande bien à quoi tu peux penser, je fais d'un ton taquin.

Je le sens se crisper un peu lorsque le chaton se rappelle à nous et retiens un soupir face son refus catégorique. Il n'aime vraiment pas les chats. Non. rectification il a peur des chats. Et c'est bien malheureux parce que c'est de loin mon animal préféré. Ne vous a-t-on pas déjà dit que les chats allaient envahir le monde ? Ils contrôlent déjà internet après tout !
Enfin... S'il ne veux pas parler du petit montre pour le moment, je vais laisser ce sujet de côté. Pour l'instant.

Je me recule un peu alors que je le sens quelque peu hésitant par rapport à ma proposition. Je sais qu'il est sincère lorsqu'il me dit qu'il aimerait bien mais je sais aussi qu'il hésite un peu. Et même si je ne lui dirais pas, je suis un peu déçu qu'il me demande un peu de temps. Mais hé, que demander de mieux ? Il n'a pas dis non. C'est d'Aaron dont il est question après tout et ce mec a toujours été un peu frileux en matière de relation sérieuses. Je ne peux pas le blâmer car j'ai bien compris depuis le temps qu'il a vécu des expériences douloureuses.

Il m'enlace à nouveau et son front rencontre doucement le mien. Un petit soupire franchis tout de même mes lèvres avant d'un remplacé par sourire doux.

- Je comprends. Après tout c'est un peu soudain. Prend le temps qu'il te faut.

Je songe avec amusement que si nous en venons à habiter ensemble, nous allons tous les deux devoirs faire quelques concessions et devoir prendre un peu sur nous. Parce que connaissant nos caractère respectif, je sais que ça peux parfois être un peu explosif...

- Mais je compte bien t'emmener visiter quelques maisons !

Quitte à habiter ensemble, autant vivre dans un endroit un peu spacieux histoire de ne pas trop se marcher dessus.

Puis mon attention se reporte sur le chat à la remarque d'Aaron et je ne peux m'empêcher de ressentir un élan de fluffitude (je ne crois avoir d'autre mot pour ça) en voyant ses grand yeux nous observer. Ces créatures sont juste trop mignonnes pou leur propre bien. Et je reste entièrement persuadé qu'elles le savent et en joue ! Ce sont des boules de poils démoniaques !
Je ris à l'entente de ses propositions, me rendant compte que nous sommes vraiment sur la même longueur d'onde.

- En fait je pensais à Malo. Tu sais... Parce que le chat-malo ! je répond espièglement.

Je m'éloigne un peu de lui et jette un œil à mon portable pour voir l'heure, constatant qu'il est encore tôt.

- Ça te dirait pas qu'on aille se voir un café dans un bar ? Histoire de sortir un peu de là...

Je désigne le chat du menton.

- Comme ça j'essayerais de te convaincre de le garder.

Il joue à l'innocent, mais on sait - lui comme moi - que ça ne fonctionne pas comme ça. Ahhh. Vilain garçon, tu m'donnes envie de te faire des choses pas saines du tout là maintenant tout de suite. Mais en même temps, j'crois qu'au vu de la discussion qu'on est en train d'avoir, vaut mieux remballer l'idée directement et qu'on parle tranquillement… Déjà que c'est quelque chose qui n'arrive pas régulièrement ; si on pouvait éviter de simplement rendre les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, ce serait génial ! Malgré tout, j'ai beau dire ça, je sais pertinemment que ce n'est actuellement pas Gaetano qui rend la situation compliquée. Permettez-moi d'avoir envie de me pendre, voulez-vous ?

Gae est un peu vexé je crois… Enfin, plus déçu que vexé ? Blessé peut-être… C'est cette lueur dans son regard, plus que le vague sentiment qui s'échappe de lui, qui m'en avertit. Ma main se glisse dans la sienne et je reste front contre le sien, sans rien dire, simplement heureux qu'il ne me fasse pas une scène maintenant. Qu'il accepte, simplement, que j'aie besoin d'y réfléchir un peu plus. Même pas tellement pour peser le pour et le contre, mais surtout pour me rassurer quant au fait qu'il n'arrivera rien.

Je resserre un peu ma prise sur sa main à cette pensée, peu convaincu. Nous verrons bien de toute manière, hein... Je ne vais pas m'arrêter de vivre.

— Des maisons ?

Merde, ça sonnait trop surpris, c'est ça ? C'est juste que... que... UNE MAISON. UNE MAISON LES MECS. Ne te fais pas de films Aaron. (IL M'A PROPOSE D'EMMENAGER DANS UNE MAISON OH MON DIEU C'EST SJFBJSdfjksd j'arrive pas à me calmer, zen, zen, zen...)

La remarque à propos du chat sert surtout à m'autoriser à me décoller de Gae pour me concentrer sur autre chose que mon visage aussi écarlate qu'une belle grosse tomate mûre. Kof kof kof. Non mais écoutez, c'est trop d'annonces d'un seul coup, là, je m'en remets pas encore. La bague, en mode trop mignon, emménager ensemble, et maintenant une maison… Une maison pour nous, à nous deux ? Une maison à remplir ? À remplir de souvenirs, de rires, de nous, de nos bestioles, de… d'autre chose ? Respire...

— Malo ? T'es sérieux ? je rigole, avant de sourire à sa proposition de boire un café. Ça me va...

Un sourire en coin, alors que je tire doucement sur le col de sa chemise pour l'attirer vers moi et lui voler un baiser furtif.

— … mais il faudra me convaincre pour la maison aussi, je continue avec un grand sourire amusé.

Bon, je me moque. Mais voilà. Je m'approche du carton, à bien un ou deux mètres de distance, et m'accroupis pour observer l'animal.

— On le met où en attendant de rentrer, lui ? Tu vas pas le laisser dans mon appart', hein ?

Ok, la cohabitation commence mal.

— Je veux pas qu'il engloutisse Blobby. Ou HP. Et Termicator risque de le prendre pour un intrus, il va me déglinguer le papier-peint ! Cela dit, je voulais le changer de toute manière…

Ouais, bon, si on emménage ensemble ça n'aura servi à rien mais-... AH.

— Attends, Gae, tu te rends compte que tu devras supporter mes goûts douteux en matière de déco ? je reprends au sujet de l'emménagement, toujours en fixant le chat. Et me supporter tous les jours ? J'veux dire là, quand t'avais envie de fuir, t'allais te planquer dans ton appart - je le sais, c'est bon, j'faisais par- enfin non, hein ? - mais là tu pourras pas parce que notre maison, ben, j'y serai aussi eeeet…

Et c'est vraiment ce qu'il veut ? J'me mord légèrement l'intérieur de la lèvre en relevant les yeux vers lui, incapable de poser la question.

— Tu sais, j'suis vraiment heureux que tu m'aies posé la question. J'ai l'impression de plus être le seul à essayer de se projeter un peu, même pour un truc aussi con que-... je fais en me planquant les yeux derrière les paumes, un rire secouant mes épaules et les oreilles brûlantes.

C'est bon, j'me sens con, c'est fait.

Aaron à l'air surpris quand je lui évoque une maison. Pourquoi pas après tout ? Tant qu'à vivre à deux, autant avoir de la place pour ne pas se marcher dessus. Je nous connais. On a tous les deux nos sales habitudes, des affaires qu'on laisse traîner partout, des maniaqueries. Donc, si on a pas chacun notre petit espace à nous, on va très vite se taper dessus. Et on a déjà vu le résultat : non merci, l'hosto on donne déjà bien assez six mois par an.
Et puis quelques part ce serait un peu un rêve devenant réalité. Nous deux, dans notre nid rien qu'à nous. Je sais que ça fait cliché et horriblement romantique. Mais je suis fatigué. Je veux avoir un endroit qui nous appartient, une place à l'abris des conflits, un pieds à terre. Je veux une maison pour pouvoir construire une famille.

Je souris, ses lèvres contre les miennes. Je sais que je peux facilement le convaincre. Il hésite un peu, je le sais, mais avec les bons arguments il va craquer. Pour lui aussi l'idée est plus que tentante. je sais que lui aussi en rêve.

Je l'observe évaluer le chat et commencer à déblatérer un flot incessant de paroles. Comme il sait si bien le faire. C'est marrant de voir que quand Aaron se sent gêné, il se met à parler. Beaucoup. Il ne sait pas trop comment réagir, alors il comble le vide.

Je souris doucement puis je m'approche et viens enfouir mon visage dans le creux de son cou. Je le trouve trop mignon quand il réagit de la sorte...

- T'inquiètes pas va ! On va bien trouver un terrain d'entente avec le reste de ton animalerie ! Et puis... Si on a une belle maison, on se marchera pas trop dessus...

Je me détache un peu.

- J'ai évalué les risques de la cohabitation, je fais à moitié en rigolant. Et de toute manière, on vit déjà l'un chez l'autre. Je sais qu'on y pense tous les deux depuis un moment. Je me dis que maintenant c'est le bon moment non ?

J'observe un instant Malo, essayant de déterminer si il va détruire l'appartement d'Aaron si je le laisse ici. C'est vrai que j'ai pas trop envie de la voir se battre avec Termicator... Bon.

- Tu sais quoi ? Je vais ramener Malo à mon appart et on à qu'à se retrouver au café. Ça te va comme ça ?

Parler, parler pour combler le vide, le blanc, le silence, parler pour combler la gêne, pour l'éloigner, pour m'aider à me concentrer ; parler pour évacuer, pour lui faire comprendre, parler pour le dire, ou rien dire, juste parler. Parfois je me sens pas mieux à agir comme ça, mais quelque part, l'angoisse reflue, l'idée se fait plus belle, plus douce, plus tentante. J'ai envie de ça, de cette maison, de cette tranquillité, j'ai envie de cette famille et de cette vie. Un sourire se faufile jusqu'à mes lèvres, sincère, doux, heureux. J'crois qu'il l'est aussi, et ça me suffit.

Sa tête va se poser contre mon épaule, dans le creux de mon cou, et je passe doucement ma main dans ses cheveux pour jouer avec eux.

— Oh, oui, ce sera génial, on pourra agrandir la famille Bianchi-Williams, je fais avec un sourire amusé.

Quand il se recule et m'annonce en riant qu'il a déjà "évalué les risques de cohabitation", je ne peux pas m'empêcher de rire à mon tour. Non mais qu'il est con. Fondamentalement, c'est pas faux cela dit ; j'ai parfois un peu peur de ce que ça pourrait donner... Mais c'est vrai qu'on a déjà plus ou moins foutus nos marques l'un chez l'autre. Cela dit, on a encore nos petits moments où on ne se voit pas, juste parce qu'on a besoin de paix ou de calme...

— Hmm… Nan c'est bon, je vais venir avec, je survivrai, puis c'est pas loin. Si on doit vivre ensemble, il faut que je commence à m'habituer à sa présence déjà, nan ?

Genre juste savoir qu'il est là me rend pas serein. Je crois que de ne pas savoir où il est serait presque pire, en fin de compte.

— Puis pour la maison... M'ouais, allez, ok ! Mais je veux un bureau ! Et une buanderie, une vraie, avec un sèche-linge et une machine à laver ! Il faudra qu'on aille faire du repérage dans des magasins de meubles, aussi… Oh !! D'ailleurs ! J'étais en train de faire des recherches tout à l'heure ! Je me disais qu'un rideau avec des oranges dessus, ça pourrait être super chouette ! Ou avec des soleils, c'est mignon les soleils. Oh, tu préfères la douche ou la baignoire ? Ou les deux ? Ou un mix des deux ? Une baignoire c'est chouette...

Bon, la douche aussi, c'est presque plus confortable pour les galipett-- hum. Je lui offre un grand sourire en attrapant mes clés, ma veste et en enfilant mes chaussures. Puis je me passe une main sur la mâchoire en réfléchissant pendant que nous sortons — tiens, je pique, faudrait que j'me rase un peu, là.

— Il nous faut une graaande cuisine aussi. J'ai déjà tout le matos à mettre dedans, mais faudra voir pour l'électro-ménager… Et un bar ? Et plusieurs chambres ! Comme ça, on arrêtera de s'entasser à quatre sur un canap dans le salon quand on se verra ! je continue, finalement très excité par l'idée.

Doucement, j'attrape sa main pendant que je babille. Il sait pas ce qu'il a créé, là, en fait.

Aaron me fait penser un petit garçon le jour de noël. Vous savez quand il déballe ses cadeaux et se met à babiller de contentement ? Bah voilà. C'est exactement l'impression que j'ai de lui en ce moment. C'est d'ailleurs dans ce genre de cas que je me rend compte à quel point il n'est pas tonnerre pour rien. Une véritable pile électrique. Il ferait presque peur. Si si. je commence à m'inquiéter un peu mais bon, c'est son petit côté "parfaite femme d'intérieur" qui ressort. D'ailleurs la décoration c'est une obsession chez lui. Toujours à vouloir changer les rideaux. Et le papier peint. Et tu ne trouve pas que ce serait mieux avec une table en bois plutôt qu'en métal ? Ah, et je devrais changer les étagères dans la salle de bain, celles-là prennent trop de place.
Je suis en train de me demander dans quoi je me suis encore embarqué... remarquez, je suppose que je commence à avoir l'habitude maintenant. C'est aussi pour son petit côté excentrique que je l'aime je suppose. En fait, Aaron fait déjà sa crise de la quarantaine. C'est qu'il est précoce ce gars !

Je fini par attraper le carton contenant Malo, puisque c'est son nom maintenant. Et nous sortons.

- Ce que tu veux mais je veux une salle d'entrainement, je répond avec un grand sourire. Et je veux une douche et une baignoire. Les deux c'est toujours mieux !

Bah quoi ? Moi aussi je peux avoir des exigences concernant notre future maison. D'ailleurs, je sais pas pourquoi mais je sens que notre maison va devenir un gros squatte pour tous les tarés de Terrae... Mais bon, c'est pas notre faute si dans le coin on est tous un peu des grands malades, on a des circonstances atténuantes.

Après quelques minutes de marche nous arrivons à mon appartement. Qui est un peu en bazar je dois l'avouer... Je sens que je vais m'amuser quand je vais devoir faire du rangement.

Je fait sortir Malo du carton et il se met aussitôt à explorer le salon, reniflant tout ce qui tombe sous ses pattes. Cette bestiole est vraiment trop mignonne... Je suis sûr que c'est pas de conneries quand les gens disent que les chats vont dominer le monde. On est tellement gaga de ces créatures qu'on les verra même pas venir quand elle vont faire leur coup d'état. Vous verrez !