Un professeur stagiaire. Je ne l’aurais jamais pensé s’il avait rien dit. Mais en même temps, je n’avais aucun moyen de le savoir. En réponse à ses remerciements, j’ai eu l’envie de hausser les épaules pendant une seconde, mais je ne l’ai pas fait au final.

« Vous n’avez pas besoin de me remercier pour avoir dit la vérité. »

Je lui dis finalement. Je pense que ses mots étaient une façon gentille de me dire de me barrer. Bon, ok. Je m’apprête à partir quand monsieur Onizuka reprit la parole et je relève les yeux pour le regarder. Il veut… m’apprendre à m’exprimer ? Eh ben, bonne chance. Il peut tenter, mais je pense que la seule chose qu’il pourrait m’apprendre dans ce cas, c’est comment prétendre encore mieux si j’en ai jamais besoin. Après tout, ce n’est pas comme si je ne sais pas comment sourire ou faire d’autres expressions. Juste, quand je le fais, ce n’est jamais conforme à ce que je pense ou ressens. Ce n’est jamais ‘vrai’. Après, il m’est encore jamais arrivé que quelqu’un le remarque, mais en même temps, ça ne m’est encore jamais arrivé que quelqu’un remarque que je ne suis pas apathique comme monsieur Onizuka l’a fait non plus. Si je commence à prétendre, il remarquera le jeu d’acteur que je ferais ?

Voilà une question qui est intéressante. Normalement, je n’ai pas besoin de me la poser pour savoir si quelqu’un arriverait à me lire ou non. D’habitude, la réponse est non, de toute façon. Mais avec monsieur Onizuka, ce n’est pas si sûr.

D’un autre côté, je me demande s’il se rend compte de la stupidité de son idée. Je veux dire, on ne peut pas apprendre quelqu’un à s’ouvrir aux autres, non ? On peut l’apprendre à prétendre, mais rien d’autre. Aucun cours du monde ne pourrait apprendre à quelqu’un de montrer au monde ce qu’il ressent. Du moins, c’est ce que je pense. Mais monsieur Onizuka semble penser autre chose. Bon. Alors voyons comment il pense s’y prendre.

« Les présentations ? Je connais votre nom et vous connaissez le mien, pourtant… ? »

Je ne vois pas comment je peux répondre autrement. C’est la seule réplique, appart le silence, qui a vraiment du sens.

HRP: Si jamais j'ai mal compris le mot 'présentations' dans ce contexte, desolée et dis-le-moi pour que je change ^^' Après, je ne vois pas trop comment le comprendre autrement, mais bon... je préfère être sûre :)

Ouais, il est froid tout de même. Cette impression restera la même. Après tout on dit bien que la première est toujours la bonne. Mais froid ne signifie pas méchant. Ce pourquoi Ys, malgré son caractère, le rangea pour être patient. Pour une fois, et pourtant, la patience chez un Tonnerre, c'est rare... trèèèès rare! Malgré tout, ce garçon est intéressant. Jusqu'à aujourd'hui, il n'avait jamais croisé son chemin et il commençait à comprendre pourquoi.
Il n'est pas très facile à dompter. Bah c'est pas plus mal, entre lions, ils se comprennent.

"Bah disons que si.... Mais on s’en fout!"

Si Kurei se doutait du pourquoi et du comment, il comprendrait que ses compliments avaient plus d'impacts qu'il ne l'aurait crus. Mais ça, Ys s'abstenait de le dire. Il voudrait pas se retrouver crucifié au tableau. Et n'ayant aucune envie de se battre, d'une quelconque manière, il allait utiliser une autre techniquement que rarement utilisée: il allait être pacifiste. Les miracles existent il faut croire!

Jouant avec un cure dent trouvé dans un tiroir, Ys s'appuya sur la paume de sa main, dépité par la réponse du jeune brun. Non mais il le fait exprès ou c'est de nature? Ce type est vraiment défaitiste. Ou alors il fuit la conversation. Et devant tant de mauvaise foie, l'imposteur Onizuka reste sans voix une courte durée. Félicitations, il a trouvé pire que Joyce! Ne lui dites pas, elle pourrait mal le prendre! Héhé!!

"Bon bah au moins t'es pas Alzheimer. Mais c'était pas trop où je voulais en venir. Mais bon.... Allez, je reprend!"

Faisant craqué ses doigts comem s'il avait du pain sur la planche, ce qui est un peu près ça, il afficha un large sourire. Non il ne prend pas Kurei pour un débile, mais il tente d'y mettre de la bonne volonté. Cette ambiance est glaciale autant que le seul élève qui s'y trouve. Quel gâchis.

"Dis moi, t'as combien d'amis ici? Enfin, sauf si t'es arrivé il y a deux jours."

HRP> Non c'est très bien et puis les réponses de Kurei me font rire :D

Encore une fois, le comportement de monsieur Onizuka change complétement. Il n’est plus aussi sérieux qu’avant, mais en même temps, il ne se comporte pas tout à fait comme au début. A le regarder, j’ai presque envie de penser qu’il a plusieurs personnalités différentes, mais logiquement, je sais que c’est assez peu probable que je le remarque si tôt même si c’est vrai. C’est tout simplement que ses émotions changent d’un moment à l’autre et il agit de manière adéquate, l’extroverti qu’il est. De nouveau joyeux comme un enfant, au moins il ne semble pas vouloir me traiter comme un gamin cette fois-ci.

Par contre, la question d’est-ce qu’il essaye à nouveau de m’insulter est toute une autre. Je lève légèrement un sourcil en réponse à son commentaire que je n’ai pas l’Alzheimer, me demandant s’il essaye d’être insultant ou si c’est juste sa manière d’être. Je ne dis toujours rien en réponse et attend patiemment qu’il continue. Bon, alors, où veux-t-il en venir ?

"Dis moi, t'as combien d'amis ici? Enfin, sauf si t'es arrivé il y a deux jours."

Silence.

Encore une fois, c’est le silence qui règne. Parce que non, je ne réponds pas à sa question de suite et le regarde juste sans réagir. J’attends. Mais quand il ne dit rien de plus, je réalise qu’il est sérieux. Je ne vois pas du tout pourquoi il me poserait une telle question, mais il l’a fait et il est complètement sérieux au niveau d’espérance qu’il recevrait une réponse. Je vais devoir le décevoir, alors. Je n’ai pas la moindre envie de lui répondre. Pas parce que je ne veux pas qu’il sache (de toute façon je m’en moque complétement de la réponse étant le solitaire que je suis) mais parce que tout simplement cela ne le regarde pas.

«  Et cela vous concerne parce que… ? »

Je lui pose la question calmement, comme si j’étais vraiment intéressé par la réponse, mais il ne faut pas être un génie pour comprendre ce que j’entends par là : mêlez-vous de vos oignions, pas les miens.

HRP : Crois-moi, il est de même pour moi et les réponses de Ys :3 Surtout quand Kurei l’a manipulé pour qu'il fasse un cours, c’était épique :D Oh, et joli avatar :D

Il y a comme quelque chose de nouveau chez le Tonnerre : il est patient. Contrairement à ses habitudes, il aurait sans doute jeter quelque chose au visage du garçon ou bien il se serait frapper la tête contre un mur, mais contre toute attente, il reste de marbre. Enfin, ce n’est qu’une expression faciale oui parce que intérieurement, c’est l’explosion.

Kurei lui répond de cette manière qui en dit long. Il se moque librement mais poliment. Il le teste, il le pousse à bout. Il ne cherche en rien à communiquer. Pourtant, il reste là, assit à sa place, sans ciller d’un cil. S’il ne veut pas répondre, qu’attend-il ? Des cours ? Le dénommé Onizuka avait déjà annoncé la fin de ces derniers. Incapable de répondre à ses questions, alors qu’attendait-il de plus ? Ou alors, il s’amuse. Oh si , ça doit être ça. Il s’éclate.

Ouais ok, la patience n’a pas fait long feu. Finalement, ys usera d’une autre technique. Ce n’est pas découvrir qui était Kurei était primordiale, mais il avait là quelque chose d’interessant, d’amusant. Un jeu surement comme bien d’autre dans lesquels Ys trouve toujours quelque chose d’attirant. Et puis il avait du temps à tuer et trop tard pour tout avouer. Il fallait jouer jusqu’au bout maintenant.
Prenant une profonde respiration, Ys s’enfonça dans son siège, posa ses pieds croisés sur le bureau. Un crayon sous le nez, il leva les yeux au ciel reprenant d’un ton calme mais suspect.

« Donc tu ne dois pas en avoir. Ou peut être un qui sait. Surement parce que t’es pas très loquace. Mais je me demande… »

Reposant son regard de braise sur ce visage inerte et posé, il lui adressa un large sourire malicieux :

« Avec les filles, ça se passe comment ? Ou alors t’es toujours puceau ?! Non je suis sûr que tu te la joues grave !! »

Se redressant soudainement, Ys pointa le jeune brun de son crayon comme un commissaire qui questionnait son prisonnier. Mais contrairement au prison, il y avait là de quoi rire quand on lit ces contrastes.

« Je suis sûr que tu fais le gars mystérieux et réservé. Bah t’as raison, c’est pas mal comme technique. T’en as ramassé combien ? Ah non, je sais, tu ne vas rien dire. T’es gentleman hein ?! »

Si la politesse ne fonctionne pas, autant jouer sur la fierté et l’égo. Au moins, qui ne tente rien n’a rien.

HRP> Il y a comme une osmose entre eux xD Et merci ma gueule! :D

La conclusion de monsieur Onizuka n’est pas fausse, mais je ne réagis quand même pas quand il la dit à voix haute. Ce n’est pas comme si j’y accorderais beaucoup d’importance de toute façon. Contrairement à la plupart d’autres gens, j’en suis conscient. Et apparemment, monsieur Onizuka en fait partie, vu sa réaction à l’information qu’il a indirectement obtenu.

Normalement, ce qui arrive ensuite est une offerte d’amitié ou qu’on ‘m’aide à se faire des amis’. Une offre à laquelle j’accorde autant d’importance qu’au fait que je suis un gros solitaire. Ceci dit, j’imagine qu’étant un prof, monsieur Onizuka ne devrait pas le faire, mais en même temps, il semble avoir à peu près le même âge que moi, alors…

Mes pensées sont interrompues quand monsieur Onizuka continue à parler. Mais ce dont il parle n’est pas du tout ce à quoi je m‘attendais. Je ne crois pas mes oreilles. Est-ce qu’il vient vraiment de me demander ce que je pense qu’il vient de me demander ? Et avec un gros sourire aux lèvres en plus ? Je n’y crois pas. Je sais qu’il l’a fait, mais je n’y crois pas. Comment il ose ? Ignorant déjà le fait que cela ne le concerne pas du tout, comment il peut oser demander des informations de telle sorte ?

En espace d’une seconde, mon regard se fait tout glacial – c’est le seul changement de mon expression, mais pour une fois, il est bien visible même s’il est minuscule. En espace d’une seconde, le prof devant moi a réussi à perdre tout le respect que j’avais pour lui. Non seulement parce qu’il a osé demander une chose pareille, mais parce que la façon dont il m’a regardé en parlant dit beaucoup sur lui concernant ce sujet. Ou du moins de la seule impression qu’il peut donner.

« Encore une fois, cette information ne vous concerne pas du tout. Mais contre votre attente, je vais quand même y répondre. La réponse est zéro, monsieur Onizuka. Pour la simple et bonne raison que pas tous les hommes réfléchissent avec cette partie de leur anatomie. »

Bon, je ne vais pas dire que je n’ai jamais trouvé une fille jolie. Je ne vais pas non plus dire que je n’étais jamais attiré par une ou deux. Cela serait un mensonge. La différence, c’est que je n’ai pas agi comme beaucoup d’autres l’auraient possiblement fait. Pour diverses raisons. Une d’eux était tout simplement que j’en ai pas eu la possibilité, certes. Mais outre que ça, c’est tout simplement contre mes règles personnelles. Parce que je trouve qu’une femme mérite mieux que cela. Et que moi aussi je mérite mieux.

J’imagine que le roux devant moi est tout le contraire de moi à ce sujet. Pour lui, les femmes sont comme des conquêtes. Des trophées. La pensé me dégoute. Et me rend quelque part aussi triste. Combien des jeunes filles naïves a-t-il blessé ? Et rit du fait avec des amis en étant tout fier ? Je ne veux même pas savoir. Des joueurs comme ça, c’est une des pires sortes d’hommes au monde. Je me lève doucement.

« Sur ce, je vais y aller. Je n’ai rien d’autre à vous dire. »

Je me dirige vers la porte. Je ne pense pas que monsieur Onizuka m’arrêtera. Il n’a pas une raison pour le faire. Enfin, je ne pense pas qu’il en a une, au moins. A part la peur que je commence à faire circuler des rumeurs horribles sur lui, mais bon. Pas comme si j’allais le faire. Mais bon, lui, il ne le sait pas…

J’ignore complétement l’appel de monsieur Onizuka. Je n’ai pas l’intention de m’arrêter ni retourner. Je lui ai dit tout ce que j’avais à lui dire.

L’instant d’après, il apparait juste devant moi, me forçant à m’arrêter.  Qu’est-ce que… Mais comment il a fait ?! Bon, maintenant, ce n’est plus questionnable, je deviens fou. Est-ce que je viens vraiment de voir un mec apparaitre de nulle part malgré le fait qu’il était derrière il y a une seconde ? Mais il s’est téléporté ou quoi ?

La voix du prof perce mes pensées, me forçant à me focaliser encore un peu sur l’ici et maintenant. Un moment, je le regarde sans rien dire, mais quand il remarque que ‘je suis humain’, je ne peux pas m’empêcher de sortir une réplique bien satirique.

« Cela vous surprends que je sois humain ? Je vous ai pourtant dit que je suis Terrien. À quoi est-ce que vous vous attendiez ? »

Il a beau dire que, le citant, ‘il s’en fout du nombre des nanas que j’ai pu avoir’, la façon dont il a demandé me prouve tout le contraire. Et puis même s’il dit vrai, alors il voudrait vérifier quoi ? Si je suis un flirteur dégeulasse ?

Quoi qu’il en soit, il me libère le chemin de nouveau et je pars sans un mot de plus. Monsieur Onizuka semble certain qu’on se rencontrera encore une fois, tôt ou tard. Personnellement, je ne suis pas sûr ce que je ressens quand je pense à une telle possibilité. D’un côté, je ne veux plus le revoir si possible. L’impression qu’il m’a donné concernant soi-même au sujet des femmes, qu’elle soit vraie ou fausse, a fini par me dégouter et le simple doute qu’il n’était pas sérieux ne suffit pas pour détruire ce dégout. Mais d’autre côté, ce n’est pas comme s’il ne donnait pas une fausse mauvaise première impression en général. Je veux dire, j’ai dû carrément le manipuler à me faire un cours, à me faire prendre au sérieux. Avant ça, il jouait plus ou moins l’idiot. Peut-être qu’il a tout simplement fait la même chose en me posant cette question.

Et puis, bien évidemment, il y a le truc de la téléportation. Est-ce qu’il a vraiment fait ça ? Ou c’est moi qui commence à avoir des hallucinations ? Pas comme si c’était la première fois, j’en ai eu dans la forêt aussi, quand j’ai rencontré le jeune homme dont je n’ai même pas demandé le nom…

Ainsi perdu dans mes pensées, je continue à marcher. Terrae est grand. Est-ce que je rencontrerai vraiment monsieur Onizuka encore une fois quelque part par hasard ? Qui sait. Seulement le temps le dira.