Un sourire en coin s'étire sur mes lèvres. C'est vrai que ce sera beau... J'ai surtout hâte de pouvoir retourner dans les rues commerçantes ! Même si fondamentalement il n'y a pas tant de chose que ça à faire, tourner un peu comme ça fait du bien. D'ailleurs, il commence à faire nuit petit à petit. Les lanternes ne vont pas tarder à être allumées, j'ai hâte de voir ça. C'est comme des dizaines d'étoiles qui brillent dans la rue...

Je veux répondre mais suis interrompue par Huo qui retire mon pic à chignon, et mes cheveux retombent mollement dans mon dos, encore à demi entremêlés.

— Hé, rends-moi ça ! je ris en essayant de le récupérer. Tu ne sais pas combien de temps j'ai mis à essayer de faire tenir ce chignon !

Un sourire s'étire finalement sur mes lèvres et je m'appuie doucement sur son épaule, ma joue contre son bras. Mes doigts viennent à la rencontre de l'intérieur de son poignet pour le taquiner. Je suis complètement décoiffée maintenant, c'est malin. Ça ne va pas du tout avec les yukata...

— C'était ton premier cadeau, j'y tiens, je ris sans parvenir à retenir mon rougissement. Même si je n'ai pas beaucoup d'occasions pour le mettre réellement. J'essaie de le porter de temps en temps...

Mes yeux suivent les siens et j'observe le cristal à mon tour. À quoi pense-t-il ?

— Tu es nostalgique ? je l'interroge doucement.

Je rigole en la voyant essayer de récupérer le petit pic en bois et lève le bras pour le mettre hors de sa portée. C'est drôle de la voir sautiller pour essayer de le reprendre. Finalement elle se recolle à moi et je souris doucement. Elle est mignonne comme ça, un peu décoiffée. Je pouffe un peu quand elle me chatouille le poignet.

— Il te va bien je trouve.

En toute modestie bien sûr. Ce n'est pas moi qui ait fait ce pic après tout j'y ait juste rajouté le cristal. Mais c'est vrai que c'était mon premier cadeau, il a une symbolique particulière.

— Pas vraiment, je réponds. Je pensais juste à tout ce qui s'est passé depuis.

Je remet doucement une mèche de cheveux derrière son oreille. Je m'arrête de marcher et esquisse un sourire amusé devant son air interrogateur. Je me met derrière elle avec un sourire amusé et lui refait son chignon rapidement avant d'y glisser la baguette pour le faire tenir. J'ai toujours été plus doué pour les tresses mais quand j'avais les cheveux longs et que je voulais me dégager la nuque ça m'est arrivé de me faire ça avec le premier crayon qui passait.

— Ca me fait simplement plaisir de te voir le porter. Même s'il n'est pas très utile vu la raison pour laquelle je te l'ai offert à la base.

Je ris doucement et embrasse sa nuque avant de me remettre contre elle. A ce moment là je voulais la protéger, puis me faire pardonner. C'est vrai qu'on a tellement évolué depuis… Enfin autant elle que moi et puis notre relation a changé. On a appris à se faire confiance. J'ai envie de continuer là dessus, de construire quelque chose. C'est un peu comme avoir une famille de nouveau et ça me rend heureux.

C'est le pic qui est beau, il irait à n'importe quoi. Mais je sens que si je réponds ça il va vraiment m'embêter avec pendant un moment, et je vais encore être incapable de lui répondre quelque chose de correct. Alors je me contente de sourire en coin et de répondre un simple merci. On pourrait se bagarrer un moment comme ça, mais il ne faut pas pousser non plus !

Tout ce qu'il s'est passé depuis... Je songe alors qu'il me refait doucement un chignon un peu lâche, qui pend légèrement. J'ai peur qu'il se défasse au moindre mouvement brusque, mais je me contente de l'effleurer sans y toucher. Si besoin, je le referais tout à l'heure.

Il embrasse ma nuque avant de me reprendre contre lui et je profite de la position pour m'y blottir, glissant doucement ma main dans son dos. Les passants nous regardent un peu ; les japonais sont pudiques, et j'ai un peu perdu de cette habitude-là, à Terrae, surtout avec lui. Pour autant, c'est vrai que nous avons changé. Il s'est passé tellement de chose ; nous avons ri, pleuré ; on s'est engueulés, aimés, détestés, choyés. Mes yeux se ferment un instant alors que je profite lâchement de notre étreinte.

— Je n'ai pas vraiment besoin qu'on me protège, je ris doucement en jouant avec la tresse que je lui ai faite. L'avoir, c'est un peu comme avoir un bout de toi partout où je vais. Puis, je serais capable de tuer quelqu'un si je l'utilisais même comme ça, vu ma maladresse, alors…

On sait tous que, moi et le feu, ce n'est pas une très belle histoire d'amour. Et pourtant, je suis quand même là. Malgré ce qu'il s'est passé l'année dernière...

— Merci d'être venu ici avec moi, je souris. Je crois que je te l'ai déjà dit, mais merci... J'avais vraiment envie de te montrer tout ça. De voir un peu ce que ça donnerait hors de Terrae.

J'avais oublié que les japonais étaient aussi prudes en public. Je ne l'ai même pas embrassé et déjà les passants nous regardent comme si c'était très choquant. Vraiment, parfois c'est perturbant quand on a l'habitude de vivre dans un endroit à l'occidentale. Enfin je me rend compte que de ce point de vue là Aoi a beaucoup changé. Elle qui n'aime pas trop les démonstrations d'affection en public fait beaucoup d'efforts avec moi, je m'en rend compte. J'essaye de ne pas être trop tactile de mon côté, je sais que ça la gêne. Après c'est aussi un jeu de la faire un peu rougir avec ce genre de chose quand elle ne s'y attend pas.

Je souris en coin alors qu'elle joue avec la petite tresse qu'elle m'a faite hier soir. Tuer quelqu'un avec, puis quoi encore. Je suis sûr qu'elle serait à peine capable de créer une flamme avec ce cristal. Enfin, après je sais qu'elle n'a pas un bon passif avec le feu, ma faute en grande partie. Mais ça me touche quand même qu'elle dise ça.

— J'en avais aussi envie. Ca fait du bien de s'éloigner de l'Institut de temps en temps. De souffler un peu.

On a été pas mal pris ces derniers temps tous les deux alors c'est agréable de prendre du temps pour nous sans rien pour nous distraire. Je l'entraîne un peu vers les coins plus peuplés en la prenant par la main.

— Un jour je t’emmènerai à Hong Kong peut-être.

Visiter Kowloon, se promener sur le port en mangeant des litchis des petites échoppes. J'aimerais vraiment pouvoir faire ça. Dommage que ce soit trop compliqué pour le moment. Je suis toujours recherché là bas, je ne voudrais pas faire tourner nos vacances au vinaigre. Et puis il me faudrait une bonne raison j'imagine. Même si j'ai bien envie de revoir ma mère il faudrait déjà que je reprenne contact avec elle. Pas compliqué en soit, un coup de fil ou une lettre est suffisant. Si je ne suis pas sûr je peux demander à Aaron ou même chercher dans l'annuaire. Non c'est plus le courage qui me manque.

Souffler un peu, hein ? Les derniers mois n'ont pas été si compliqués encore ; c'étaient les mois précédents qui étaient les plus difficiles. Pour autant, je suis contente qu'on n'ait plus le problème de ma première année à gérer. La seconde a bien commencé, je progresse doucement, même si c'est difficile ; il y a des matières qui me font plus galérer que d'autres. Mais voilà, nous sommes là, et vraiment, ça me fait du bien. Kyoto, l'air du festival, les lampions, sa main dans la mienne et son sourire. Et puis, ça faisait des années que je n'avais pas mangé de dangos, je n'ai pas pour habitude d'en manger lorsque nous sommes à Terrae.

— Hong Kong... Ça pourrait être bien, je souffle avec sourire, en glissant ma main dans la sienne.

Même si d'un côté j'ai toujours un peu peur qu'il ne soit pas à l'aise à l'idée d'y retourner, après ce qu'il s'est passé. Je ne sais pas si c'est une bonne chose... Mais l'idée est tentante. Et puis, c'est lui qui avait dit qu'il aurait bien aimé me présenter sa mère aussi, non ? Je me demande comment nous nous entendrions... Sûrement mal ! Je suis le cauchemar de toutes les belles-mères orientales, ahaha. Incapable de faire la cuisine, non mais vous avez vu ce gâchis...

J'entrelace nos doigts et me laisse entraîner à travers les rues commerçantes. Nous repérons quelques petites échoppes pour manger en extérieur et nous installons pour manger tranquillement. Ca fait du bien de ne pas avoir à se demander quelles obligations nous attendent le lendemain.

Nous dégustons notre plat - nous avons un joli assortiment de brochettes au poulet et au boeuf, quelques nouilles et des boulettes de viande - tout en discutant.

— On ira voir les feux d'artifice tout à l'heure ? je souris. Puis on rentre ?

Elle a l'air partante. C'est marrant, après ce qu'il s'est passé la dernière fois que j'y suis allé je m'attendais plus à ce qu'elle soit très réticente. J'entrelace nos doigts doucement avec un air pensif. Je ne sais pas trop quel est mon sentiment vis à vis de ça en fait. J'aime Hong Kong, c'est ma ville natale et j'y ai vécu la majorité de ma vie. Pourtant elle est aussi le lieu de mon vide, là où j'ai perdu beaucoup. Et puis il y avait Tao… Aujourd'hui j'ai perdu le contact avec ce qu'il se passe là bas et je ne sais pas comment la Triade a évolué après ce que j'ai fait. Je ne voudrais pas la mettre en danger en allant là bas sans prendre de précaution.

— J'essaierai d'y repenser pour qu'on puisse organiser quelque chose une fois.

D'un côté mes parents seraient contents d'apprendre que je me suis rangés mais bon… Je n'ai aucune idée de la façon dont ils le prendraient. Je la laisse me guider entre les échoppes avec un sourire amusé vers une échoppe qui propose de la nourriture. On s'asseoit à l'extérieur avant de commander quelques brochettes et des nouilles. Je mange tranquillement en regardant les gens passer. La nuit commence à tomber et les lanternes s'allument. C'est vraiment magnifique.

— Ca me va, j'acquiesce. On aura qu'à prendre notre temps pour rentrer et profiter des illuminations.

Il fait bon maintenant que le soleil est couché. La nuit est claire donc on verra bien les feux. Je crois que c'est bientôt la nuit des étoiles aussi, début Août si je me rappelle bien. J'adorais ça, aller sur le port pour regarder les étoiles filantes avec Jun. On les comptait et celui qui en voyait le plus devait payer un repas à l'autre. Avec Aoi c'est amusant mais j'aime bien lui payer le repas quand on sort. Déjà parce que je suis le seul à avoir quelque chose qui ressemble à un salaire, ensuite parce que galanterie ? Je sais pas ça m'amuse de la voir essayer de refuser.

Nous finissons notre repas rapidement et je l'entraîne vers le terrain dégagé pour voir d'où ils tirent les feux d'artifice. les japonais ont vraiment toute une tradition des festivals je trouve ça impressionnant.

Ahhh, les brochettes de viande... Je crois que mon estomac est très heureux, pour le coup. Le temps est toujours très doux, et l'air du soir, qui est enfin tombé, emporte quelques mèches de cheveux. J'essaie de me retenir de refaire mon chignon, pour ne pas le vexer sûrement. J'esquisse un sourire en mettant une mèche derrière mon oreille et bois doucement. Nous avons pris un peu de vin pour accompagner nos brochettes, juste un petit verre chacun - ce qui n'est pas assez pour me faire tituber, bien heureusement !

Nous terminons de manger sans nous presser, avant de nous mêler à la foule pour voir le feu d'artifice. Ma main glisse dans la sienne doucement et je souris, les yeux fixés sur le ciel. Nous ne faisons jamais de feux d'artifice à Terrae, enfin, nous observons ceux de Tokyo à Nouvel An. Nous pourrions faire les nôtres, si déjà... Avec les Masters Feu comme pyrotechniciens ? L'idée me fait doucement rire alors que j'imagine Huo en train d'essayer de faire des feux d'artifice sans brûler la moitié du parc. Improbable.

Je me penche vers Huo pour glisser à son oreille avec un rire, histoire que ma voix ne soit pas couverte par les explosions :

— Je ne suis pas sûre de vouloir rentrer, en fait.

C'est tellement bien… D'être là, tous les deux. J'ai envie qu'on soit seuls tous les deux ce soir... Il y a des onsen vraiment sympathiques dans le coin… Hum. J'oserais jamais lui proposer, il me traiterait de perverse le méchant.

— Tu crois que ce serait considéré comme faire le mur ? je ris encore.

Je reste appuyé contre elle alors que les premières fusées éclatent. J'ai toujours adoré les feux d'artifice. Au nouvel an j'allais les voir à Kowloon, c'était magnifique. Il faudra quand même que j'essaye de faire de la pyrotechie une fois. Genre un dragon de flamme ce serait super classe ! Ca peut pas être aussi complexe qu'une nuée de papillons.

Je ris doucement quand Aoi avoue ne pas avoir envie de rentrer. Moi non plus à vrai dire, pas tout de suite en tout cas. je l'enlace doucement avec un sourire espiègle. Et c'est moi le bad guy hein… C'est elle qui incite, je ne suis pas responsable si on rentre à une heure du matin. On fera les ado irresponsables qui essayent de ne pas réveiller sa mère ce sera drôle.

— J'en suis certain Princesse, je souffle à son oreille. Ta mère te pardonnera, j'en suis certain. Moi c'est moins sûr.

Je rigole. Sauf si Aoi décide de se porter coupable ? Ca pourrait marcher en fait. Je ris encore et embrasse son cou.

— Tu avais quelque chose de précis en tête ? Sinon on peut juste rester profiter du festival.

Aller boire un verre peut-être. Enfin moi plus qu'elle. Pas que je n'aime pas la voir boire, ça me fait rire en général, mais après c'est à moi de la ramener si elle tient plus debout. Enfin je suis pas totalement contre, quand elle est un peu joyeuse elle est bien plus tactile et j'aime ça. Enfin j'ai aussi un projet pour un peu plus tard, ce serait mentir que de dire le contraire. C'est sa faute aussi, elle me tend la perche avec son yukata.

— Enfin je peux aussi profiter de toi tout court, je murmure à son oreille en riant.

J'ai découvert quelque chose, c'est que ma voix de Master a un effet sur elle que je trouve très intéressant. J'avoue que j'en abuse un peu parfois mais rien que pour voir sa réaction ça vaut le coup de temps en temps.

Un rire m'échappe. C'est vrai que maman risque de ne pas vraiment apprécier, pour autant, j'ai bien envie de faire mon adolescente. Je n'ai fugué qu'une fois ; le problème, c'est que je ne suis jamais rentrée chez moi après. Enfin, pas pour y habiter. J'imagine que ça doit lui faire étrange de me voir avec quelqu'un, d'autant que je suis maintenant majeure... j'avais à peine seize ans quand je suis partie ! Et maintenant, j'envisage une fugue en amoureux ? Hmm. Et on me dit que je suis mature, après ? Où donc, dites-le moi !

Son baiser, dans mon cou, me tire un frisson de satisfaction et je glisse ma main dans son dos pour m'appuyer contre lui. Quel pervers~

— Hmm, je t'avouerai que je ne suis pas contre, je ris, glissant une main sur chacune de ses joues pour lui tirer un baiser chaste. Et toi ?

Un sourire s'étire sur mes lèvres et je le serre doucement contre moi. J'observe les feux d'artifice par-dessus ses épaules.

— Je me disais qu'un onsen pourrait être sympa... Il y en a des chouettes en bordure de ville… C'est des sortes de thermes, c'est vraiment chouette. Sauf que c'est en plein air.

Tendrement, je caresse sa nuque et garde ma joue appuyée sur son épaule, sans quitter des yeux les explosions lumineuses. Puis, c'est de sa faute, ces habits lui vont trop bien et scrogneugneuh. (Non je n'assume pas beaucoup, mais on va dire que si, d'accord ?)

Les feux d'artifice cessent après le bouquet final, et je me sépare doucement de lui. Mes mains glissent le long de ses bras jusqu'aux siennes, et que j'attrape doucement avec un sourire mutin.

— Alors ? Tu veux faire le mur avec moi ? je ris.

J'aime la voir comme ça, épanouie. C'est tellement bon de pouvoir partager ça avec elle, même si elle rougit un peu je la sens quand même à l'aise et ça me fait plaisir. Et puis bon, qui n'aime pas sentir qu'il fait de l'effet à sa copine, hein ? J'ai toujours adoré faire le mur, là c'est encore plus intéressant.

— On a qu'à continuer à se promener, je propose en soufflant contre ses lèvres.

Je lui rend son baiser doucement avant de m'éloigner un peu en enlaçant sa taille. Moment tendre alors que les feux éclatent encore au dessus de nos têtes. C'est assez cliché mais bon, on ne peut pas tout avoir non plus. Moi ça me va comme ça, tant qu'elle est là c'est bien.

— Oh, oui ça a l'air sympa. Je suis toujours partant pour faire le mur, tu devrais le savoir, Princesse.

Je rigole doucement et entrelace nos mains avant de lui voler encore un baiser et de frotter doucement son nez contre le mien avec un rire. Je lâche sa main avant de l'entraîner avec moi plus loin, à un endroit plus tranquille. Les gens sont en train de partir de l'endroit où ils étaient tous assis pour regarder les fusées. Finalement je l'emmène vers une petite échoppe dans un coin pour prendre un verre. Nous restons là un petit moment en regardant défiler les passants. La rue est bien plus calme maintenant que les familles sont presque toutes parties.

Finalement on se retrouve à flaner dans les rues encore un peu pour admirer les lanternes. Le fleuve n'est pas très loin et je retourne vers l'eau tranquillement. J'ai essayé de ne pas me mettre la pression mais je stresse. Je ne suis pas certain d'avoir de meilleur moment avant longtemps alors autant essayer.

Je prend la petite boîte dans un pli de mon yukata et la tripote avant de prendre la main d'Aoi pour refermer les miennes dessus. La boîte est entre nos mains, encore cachée par les miennes. Je la vois qui commence déjà à paniquer. Non je ne vais pas- Bon ok. Je mets un genoux à terre devant elle.

— Il faudra m'excuser si c'est maladroit, Princesse. Je ne suis pas très bon pour ces choses là, tu le sais.

J'ai un petit rire nerveux.

— Je ne fais pas ça pour te forcer ou quoi que ce soit. C'est ma façon de te dire que je t'aime. Aoi Amazaki, veux-tu m'épouser ?

C'est tendre et doux. Le moment est calme, c'est bien comme ça, après le bruit insupportable des feux d'artifice. Un sourire en coin s'étire sur mes lèvres alors qu'il a l'air d'apprécier l'idée. Nous sommes donc parti pour l'onsen ? Je lui rend son bisou esquimau après l'avoir embrassé et nous marchons encore un peu ; nous allons prendre un verre, discutons, flânons à nouveau. Il commence à être un peu tard et j'envisage de lui demander s'il veut que nous y allions, mais il a l'air un peu perdu dans ses pensées.

Quand nous retournons vers l'eau, j'observe le fleuve calmement et me tourne vers lui pour… dire quelque chose, en fait, je ne sais même plus quoi. Parce qu'il me prend la main. Et il y a. Une boîte. Dans. Sa main. Euh. Euh. Euh. Euh. Non. Pourquoi. Je. Non. Hum. HUMMM. Y a-t-il un endroit où fuir ? Le ciel ? L'eau ? Je suis certaine de pouvoir respirer sous l'eau. Non ? Bon. Ok. Je. C'est peut-être pas- Oh mon dieu il a mis un genou à terre.

D'accord, alors là je suis complètement flippée. Il garde ma main dans la sienne et je le regarde avec de grands yeux, le visage écarlate et le souffle à moitié coupé. Il faut que je respire. Mais honnêtement, je- je- je m'attendais pas du tout à ça en venant ici, là. Je voulais juste profiter du festival, et...

Il rit nerveusement. Je ris nerveusement en retour et hésite à retirer ma main, parce que ce n'est pas ça ma réponse, mais qu'il n'y a pas de réponse, et peut-être que c'est une mauvaise blague, et je sais pas quoi répondre, et je- je. Oh my.

Il l'a dit. Quel- non mais il l'a dit. Il veut ma mort. Il veut ma mort sur la conscience, c'est pas croyable !! Je mets ma main devant mes lèvres, en hésitant à me cacher le visage derrière.

— C'est- Euh- je-

D'accord. D'accord,  mon cerveau est vaguement parti en courant, a sauté dans l'eau, et là il est en train de le couler. Je garde les yeux plantés dans les siens ; malgré tout, je n'arrive pas à réfléchir. Et encore moins à parler. Mes yeux se baissent sur la bague. Ah. Ahahah. Ce n'est pas un cauchemar. Enfin un rêve. Enfin, vous avez compris.

Ma main se resserre légèrement sur la sienne. J'ai l'impression que je suis en train de me liquéfier sur place. Pour autant, je suis, je ne sais pas, heureuse ? Gênée, mortifiée, mais foutument heureuse. Il y a notre dernière dispute qui me revient en tête, notre combat, et j'hésite. J'hésite et je vois dans ses yeux qu'il le sait, qu'il le capte, le comprend, qu'il lit en moi ; pour autant, je ne veux pas me refuser un avenir avec lui parce que je pense que "c'est trop tôt".

— Tu sais je-je suis pas encore prête pour ça, je balbutie.

Mes yeux sont un peu humides d'émotion, et j'essaie de me retenir de ne pas me jeter à son cou pour le serrer dans mes bras.

— Mais je t'aime et j'ai envie de- Bon sang mais tu es obligé de me le faire dire ? je m'empourpre en reculant d'un pas. J'ai envie d'être avec toi, bien sûr que j'ai envie d'être avec toi.

Silence gêné.

— T-tu veux pas te redresser, c'est super embarrassant, et si je te tombe dessus je ne suis plus certaine de pouvoir me relever après, j'essaie de rire. Difficilement.

<3:

Hmm, j'aurais peut-être dû faire ça moins… Brutalement ? Enfin je savais qu'elle allait faire un bug système de toute façon hein. Je commence à la connaître mine de rien. Mais bon je sens venir un gros fail et ça me fait un peu peur. Oh elle me dira surement pas non mais enfin… Je sens qu'elle est réticente.

Je lui souris doucement pour essayer de la rassurer un peu. Je sais qu'elle n'est pas prête. Seulement je ne lui demande pas ça pour le faire dans la semaine qui vient. Pour moi c'est surtout une façon de rendre notre relation concrète je crois, de la rassurer aussi ? J'ai parfois peur qu'elle doute de moi. Je ris doucement et me relève pour la prendre dans mes bras doucement en lui laissant la bague entre les mains.

— Ce sera pas tout de suite, t'en fais pas pour ça. C'est pour quand tu seras prête. Dans quelques années peut-être ?

Je relâche mon étreinte avec un sourire et lui prends la bague dans la boîte toujours ouverte. Moment un peu gênant. Je la lui mets. J'en ai choisi une toute simple, un anneau avec une petite pierre. Elle pourra la retourner sans que ça la gêne si elle en a besoin. Je sens vaguement mes oreilles chauffer un peu.

— Ta mère va me tuer, je fais avec un rire pour essayer de détendre un peu l'atmosphère.

Enfin peut-être pas autant que si j'avais eu la très mauvaise idée de lui demander sa bénédiction avant. Ahah… Là elle m'aurait castré avant de m'enfermer dans sa cave pour m'en empêcher. Oui c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de me passer de sa permission. Mais maintenant je crois que c'est pas une bonne idée de retourner chez elle.

— On fait quand même le mur ? Pas que j'ai pas envie de retourner chez toi mais… Enfin je tiens à ma vie et à mon intégrité physique.

Je rigole un peu. Et puis j'ai bien envie de tester ces thermes quand même.

Ce qu'il y a de bien, avec Huo, c'est qu'il me connaît probablement aussi bien que moi-même. C'est un avantage certain, surtout lorsqu'il s'agit de faire face à des situations pareilles ensemble. Son sourire se veut rassurant, son regard aussi. Mais je sais aussi qu'il est tout angoissé que je le rejette, et je ne peux que le comprendre... Maintenant j'imagine beaucoup mieux le calvaire de notre petit week-end à deux. Et j'ai de plus en plus envie de ne pas rentrer, ce soir. Partir tous les deux, profiter de ce moment, même si... J'ai encore du mal à m'y faire, à réaliser.

Alors je lui renvoie un sourire, maladroit, embarrassé, mais sincèrement heureux alors qu'il m'enlace. Notre étreinte dure quelques instants pendant lesquels je ne bouge pas, trop heureuse. Je vois flou à cause des larmes qui me remplissent les yeux. Alors quand il se recule un peu, je le laisse me mettre la bague en me figeant, sans trop savoir quoi faire dans un moment pareil. Cette bague est beaucoup trop jolie pour quelqu'un comme moi. J'ai un moment d'arrêt dessus, comme si je réalisais enfin, avant de me pendre à nouveau à son cou en riant à ses mots. Mes mains glissent ensuite sur ses joues et je jette ma pudeur au placard pour l'embrasser.

— Faire le mur avec toi, c'est quand tu veux, je souffle, taquine, mais encore sous le coup de l'émotion. Puis, tu n'es pas obligé de parler de ma mère maintenant ! Je veux dire, c'est bon, elle est pas obligée de le savoir... C'est un meilleur plan, non ?  

Mon front se pose contre le sien.

— Je t'aime. Je la laisserai pas attenter à ton intégrité physique, y a que moi qui en ai le droit, je me moque doucement.

L'une de mes mains reste sur sa joue et l'autre va jouer avec les mèches sur sa nuque. Je reste comme ça sans bouger pendant un moment. Mes yeux se ferment.

— J'aurais dû me douter que cette mission te donnerait de mauvaises idées, je continue en riant légèrement. Au moins, je suis habituée à porter une bague maintenant.

Par-dessus son épaule, je vois les étoiles et les lanternes briller dans la nuit. Ma joue se pose finalement sur son épaule.

— Tu as vraiment envie de me supporter pour le reste de ta vie ?

J'ai eu un peu peur qu'elle me rejette, qu'elle prenne peur justement. Mais son regard quand je lui mets la bague, ses lèvres sur les miennes. Dieu que je l'aime. Je laisse mes mains sur sa taille avec un sourire, son front contre le mien. Je rigole un peu quand elle parle de ne rien dire à sa mère. J'espère oui, enfin disons que pour ma survie c'est mieux.

Je pouffe de rire. Attenter à mon intégrité physique, hein ? J'avoue que quand j'y repense elle s'est jamais gênée pour me frapper en fait… Je suis un homme battu ? Bon ok j'abuse mais c'est vrai quoi j'suis trop gentil même quand je me fait victimiser. Piu doit avoir raison quand elle me traite de soumis en fait… Je sais pas si ça craint quand on en arrive à ce stade. Je ferme les yeux brièvement en sentant qu'elle joue avec les cheveux sur ma nuque.

— Il fallait pas dire oui pour jouer aux mariés alors. Disons que c'était un test ?

Je souris en coin et l'enlace doucement. Je sens ses cheveux contre ma joue quand elle tourne la tête pour regarder par dessus mon épaule. J'ai envie de rester comme ça encore un peu.

— J'aimerais bien ? Tu sais j'y pensais depuis un moment quand même. Même si c'est- Enfin c'est rien d'officiel ? C'est pas un papier ni un engagement. Je veux juste être avec toi ?

Je fais la moue, soupire doucement. C'est compliqué de mettre des mots là dessus. Et un peu honteux aussi ? J'ai conscience que pour moi c'est plus facile de penser à ce genre de choses, pour plusieurs raisons dont le fait que j'ai quelques années de plus. Mais ça n'empêche pas d'être gêné. Je me recule légèrement, laissant mes mains sur sa taille.

— Tu ne vas pas t'effondrer ? Même si j'aime que tu me tombes dans les bras, je la taquine.

Je l'embrasse encore doucement. Bon je sais même plus si on a pas laissé nos affaires chez sa mère mais à la limite on les laisse là en lui demandant de nous les renvoyer ou bien on fait une opération commando par la fenêtre de sa chambre faut voir… C'est pas comme si c'était bizarre de penser ça non non.

Un sourire en coin se glisse sur mes lèvres. Un test, hein ? Parce qu'il va me dire que c'était prévu, maintenant ? Oh le gros menteur~ Il est mignon... J'aime bien ce côté chez lui, par moment. Même si d'autres fois, c'est vraiment dérangeant, surtout en public. Enfin... Je suis heureuse. Peut-être que j'aimerais rester un peu plus comme ça, avec lui ? Je me surprends à penser que nous ne nous disputerons peut-être plus comme nous l'avons fait - et quelque part, c'est aussi un espoir. Mon sourire se fait plus doux alors que je lui rends son étreinte.

— J'ai aussi envie d'être avec toi.

Mes mains viennent se poser contre ses joues pour lui déposer un baiser. Peu importe tout le reste. J'ai envie de penser que c'est possible, que ça fonctionnera.

— Mais non, je ne m'effondrerai pas, je fais en riant. Je tiens le coup, tu vois ?

Ma main caresse sa pommette doucement.

— Et toi, tu ne vas pas t'effondrer ? je reprends sur un ton doux avant de le laisser m'embrasser.

Mes mains glissent le long de ses bras et je me détache de lui pour attraper l'une des siennes. Je continue à sourire en regardant autour de nous, sans trop oser le regarder.

— On y va tout doucement ?

Je relève les yeux pour le tirer à ma suite, un sourire doux aux lèvres. Nos doigts s'entrelacent alors que nous marchons pour nous éloigner et prendre éventuellement le chemin d'un onsen, un peu au hasard. Nous nous perdons, je crois bien… En riant, nous accostons des gens du coin pour leur demander des précisions. On se sent un peu comme des adolescents en fuite, un peu perdus dans cette ville illuminée par les lanternes. Mais tant pis, hein, on finira bien par trouver un endroit pour dormir non ?