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De la rue à l'hôpital [Tahia ♥]
##   Ven 30 Sep 2016 - 23:37
Asbjorn Andreassen

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Tu ouvres les yeux. Tu t’étais endormi durant le trajet de la Norvège à Terrae, dans l’avion. Tu as dû être transporté de ta place à ce lit d’hôpital, si assommé par ta dernière prise que tu ne t’en es pas même rendu compte. Tu restes quelques secondes allongé puis sens des fourmis parcourir tes jambes. Tu as besoin de bouger, tu le sais.

Une infirmière passe, et tu lui demandes si tu es autorisé à sortir. Elle t’apprend que tu peux rester aux alentours de l’hôpital mais que tu n’as pas le droit de rejoindre l’institut tout de suite. Elle ne dit rien, mais tu comprends que tu n’iras que sevré. Tu vas être suivi un moment, tu le sais. Tu sens tes mains trembler légèrement. L’idée de manquer de drogue fait paniquer ton corps. Tu tournes la tête pour ne pas plonger ton regard dévasté dans celui de la demoiselle, et vois le paquet de cigarette sur la table à côté de toi. Elle t’explique que tu as le droit, qu’ils ont conscience que tu as besoin d’une autre addiction, moins dangereuse pour tout le monde, et qu’ils t’ont du coup laissé ton paquet. Tu hoches doucement la tête. Tu comprends. Tu lui offres ton sourire de travers, et elle s’en va.

Avec lenteur, tu te lèves. Tu aimerais que tout aille plus vite, mais tu n’y arrives pas. Pourtant ta nature d’hyper actif t’inciterait plutôt à courir, à t’activer, mais tu ne le peux. Tu es frustré.

En face de toi se trouve une armoire. Tu l’ouvres et y découvres quelques vêtements. Ainsi, les masters ont eu conscience que tu voudrais probablement te balader, autrement qu’en chemise d’hôpital. Tu enfiles ce jean large qui se trouve sur l’étagère et cherches des yeux ton habituelle veste trop large. Tu la trouves sur le dossier d’une chaise et rabats la capuche sur ton visage trop pâle aujourd’hui, car en manque.

Tu sors de ta chambre le paquet de cigarettes à la main et rejoins l’espace extérieur. Tu sens que tes jambes sont faibles et tu voudrais t’assoir, mais il n’y a pratiquement plus de places libres sur les bancs. Tu allumes une clope et en trouves finalement une à côté d’une jeune fille que tu ne prends pas le temps de regarder. Une seule idée t’habite : t’assoir.

Tu affiches ton sourire maladroit mais sincère, et, la clope au bec, les mains tremblantes enfoncées dans tes poches, lui demandes :

« Je peux m’assoir là ? Y a pas vraiment d’autres places de libre. »


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##   Lun 3 Oct 2016 - 18:35
Tahia Makoto

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Confusion. Tristesse. Vide. Tels étaient les trois états dans lesquels elle se trouvait et dont elle n'arrivait pas à se départir. On aurait dit que tous sentiments positifs l'avaient désertée, ne laissant derrière que les pires maux que l'humain puisse connaître et qui ne pouvaient pas disparaître avant longtemps. Tout avait commencé il y a seulement quelques jours et pourtant, elle avait l'impression que cela faisait une éternité déjà, depuis cette nuit dans le cimetière. Cette nuit où elle était devenue Etoile. Cette nuit où elle avait eu l'impression d'être revenue deux ans en arrière et qu'au lieu d'aller mieux, son état empirait. Telles étaient les impressions que se faisait Tahia alors qu'elle était assise sur un banc à l'extérieur de l'hôpital, son regard rivé sur le sol et ne prêtant pas attention à tout ce qui pouvait l'entourer. De toute façon, elle avait cessé de regarder autour d'elle et de prêter attention aux gens depuis le jour où elle était revenue à Terrae, après que la Master Aoi soit venue la chercher dans le cimetière. Cette dernière lui avait pourtant dit que tout cela ne serait que passager, l'éclatement de ses pouvoirs comme son état actuel, mais après trois jours passés à l'Institut, la brune avait cessé d'y croire. Et cela ne s'arrangeait guère mieux.

Elle avait cessé d'aller en cours, depuis son retour. L'adolescente n'avait pas bougé de sa chambre les trois jours qui suivirent et ses nuits se ponctuaient de nouveau de rêves et de cauchemars qu'elle avait cru longtemps oubliés, la réveillant à des heures tardives et la faisant veiller jusqu'à l'aube, l'épuisant plus qu'elle ne l'était déjà. Fatiguée de tout cela, Tahia avait finalement décidé de sortir de sa chambre et s'était rendue à l'infirmerie pour demander des somnifères, quelque chose qui pourrait au moins l'aider à dormir sans qu'elle n'ait à revivre des événements de son passé. Bien entendu, l'infirmière n'accéda pas à sa requête, quand bien même la femme remarquait parfaitement que l'état de la jeune Guérisseuse nécessitait qu'on s'occupe d'elle. Ce fut ainsi que la brune partit en direction de l'hôpital pour se faire examiner et voir ce que l'on pourrait faire pour elle. C'était, de toute façon, le mieux qu'on pouvait faire et la jeune fille n'avait même pas protesté ou contredit cette demande en dépit de la légère frustration qu'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir. Qu'on lui donne ces foutus somnifères et qu'on la laisse tranquille... Elle demandait actuellement qu'une chose, c'était dormir et oublier, ce que l'on ne voulait pas lui offrir, apparemment.

A l'hôpital, une infirmière la prit rapidement en charge ainsi qu'un médecin, lui faisant passer une petite batterie de tests, en lui posant quelques questions sur ce qui lui était arrivé et bien d'autres sujets dont l'adolescente ne faisait pas du tout attention. Le médecin avait finalement prescrit quelques médicaments pour l'aider à mieux dormir, en lui rappelant d'être prudente et de ne prendre que les doses journalières. Il rajouta d'ailleurs qu'elle devrait se rendre dans l'espace extérieur de l'hôpital et se poser un instant avant de retourner à l'Institut. Soupirant légèrement, Tahia n'avait fait qu'hocher la tête avant de sortir de la pièce, demandant sans grande conviction le chemin pour se rendre dans le jardin extérieur. Les quelques infirmières interrogées lui indiquèrent le trajet à suivre, ce à quoi la jeune fille répondait d'un faible merci avant de poursuivre sa route. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'enfin, l'air extérieur la frappe. Il faisait beau aujourd'hui, en dépit du souffle frais du vent, annonciateur de l'automne, et l'espace était occupé par bon nombre de patients assis sur les bancs et profitant de la journée. La Guérisseuse passa à côté d'eux sans les voir, repérant un banc libre un peu en retrait avant de s'y installer et d'attendre. Attendre quoi, au juste? Bonne question...

C'est alors qu'une voix la fit légèrement sursauter, bien que le tressautement de son corps ait été imperceptible, l'adolescente redressa lentement la tête pour regarder la personne qui venait la déranger. C'était un garçon, qui devait sûrement avoir son âge, largement plus grand qu'elle. En temps normal, Tahia aurait sans doute fait plus attention aux autres détails, entre autre les yeux ambrés du garçon, ses cheveux châtains cachés sous la capuche d'une veste largement trop grande pour lui, les légers tremblements qui le parcouraient. Mais elle était trop fatiguée et ailleurs pour vraiment faire attention à tout cela, bien que seules deux petites choses avaient plus ou moins capté son attention. La première étant simplement qu'il lui avait adressé la parole, lui demandant s'il pouvait s'asseoir à côté d'elle. Et enfin, la seconde chose était le sourire de ce garçon. Elle pourrait presque qualifier ce sourire de spécial et en même temps, à la fois empli de douceur et de sincérité mais aussi de quelque chose d'autre, dont la brune ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle finit alors à répondre d'une voix faible mais qu'elle espérait assez forte pour qu'il entende.

" Comme tu le souhaites, ça m'est égal. Je ne reste pas longtemps, de toute façon. "


De la rue à l'hôpital [Tahia ♥] Tahia_10

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##   Mar 4 Oct 2016 - 21:24
Asbjorn Andreassen

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La jeune fille redresse la tête. Lentement. Lorsqu’elle té répond, c’est à peine si tu l’entends. Tes yeux encore vifs malgré ton apathie, rencontrent les siens, cernés et éteints. Immédiatement, ta trop grande empathie te donne envie de la serrer dans tes bras. Heureusement que le peu de retenue que tu as t’en empêche.

« Merci. »


Tes jambes fatiguent et tu tombes plus que tu ne t’assois à côté de la brune, grimaçant légèrement. Tu fermes les yeux, et portes ta cigarette à tes lèvres. Mais trop concentré à ne pas trop trembler, tu en oublies de tenir convenablement le petit bâton de tabac et il t’échappe, tombe au sol, loin de tes doigts.



Tant pis. Tu ne parviendras pas à le récupérer, tu ne peux te plier, tu le sais. Ton estomac est trop fragile. Tu te tournes vers la jeune fille, ton éternel sourire aux lèvres, un peu gêné.

« Faut croire que… »

Mais ton esprit t’échappe sans que tu puisses finir ta phrase. Tu es entré dans cet état de paranoïa envieuse qui te rend malade. Tu es soudain, sans bien savoir pourquoi, convaincu au plus profond de toi-même que la jeune fille est en possession de médicament. Après tout, dans un hôpital, il aurait été logique qu’elle ait quelque chose avec elle, mais quand même, Asbjorn... Tu pourrais réfléchir, non ? Trop tard, le garçon drogué est libéré. Tu ne contrôles plus ce qu’il fait, ses chaînes étaient mal serrées. Pas faute que les médecins aient essayé de le contenir, pourtant. Tu te penches d’un coup sur elle, le regard alerte. Il t’en faut. Il t’en faut sinon tu ne tiendras plus. Tu en veux plus, toujours plus. Tu serais prêt à tout. N’importe quoi, juste pour ne plus avoir la nausée, ne plus sentir tes tripes se contracter, ne plus avoir la gorge sèche, les lèvres gercées, les muscles tendus jusqu’aux tremblements et les mains moites. Tu en deviendrais animal.

Un animal…


Tu te dégoûtes soudain bien plus que la drogue, et te stoppes net dans ton élan, ta tête à quelques centimètres du visage de la demoiselle, vos torses trop rapprochés pour deux inconnus. Quel imbécile tu es, Asbjorn. Tu es dans un hôpital, tout le monde est sous médicament, ou pratiquement. Si tu sautes sur le moindre malade, tu risques d’avoir des soucis. Encore plus si tu te jettes ainsi sur les gens sans même être certain de si oui, ou non, ils possèdent les précieux. Ta main qui avait commencé à s’approcher d’elle vient rejoindre son front, et tu affiches un visage soucieux remplaçant celui de camé.

« T’es sûre que tu ne restes pas longtemps ? T’as pas l’air bien tu sais ! Va pas te mettre en danger parce que tu veux pas rester. J’y suis depuis… Euh… Hier ! Mais t’inquiète j’ai repéré que c’était cool. Puis on dirait pas comme ça mais une nuit c’est HYPER significatif ! En plus, comme ça tu serais pas toute seule on pourrait tenter de s’approprier ce banc, j’en suis sûr ! »

Tu es un idiot, Asbjorn. T’as failli l’attaquer, la pauvre jeune fille, et maintenant tu es un véritable moulin à parole. Plus rien ne t’arrête, tu es lancé.

« Au fait j’m’appelle Asbjorn ! Si je dois nous réserver ce banc vaut mieux que tu saches qui je suis. Par contre, je te préviens, je sais pas du tout me battre ! J’espère que t’oses montrer crocs et griffes, parce que perso’, si on nous embête, je cours ! Oui je suis lâche, j’assume totalement »


T’espères peut-être vaguement tirer quelque chose de vivant d’elle. Tu fais toujours ça, quand t’es trop éteint toi-même, un peu trop vide. Tu vis à travers les autres. Du coup, tu les secoues, utilises les dernières miettes qu’il reste de toi pour les remonter, et t’attends de les voir s’animer. Pourtant, là, t’es peut-être aussi trop bavard parce que tu masques ta peur derrière les mots, tu caches les tremblements qui parcourent la main posée sur le front de la brune derrière tes paroles, tu te fais un mur de conversation solitaire et n’attends probablement pas grand-chose en retour. Tu veux disparaître, alors tu t’enfonces inconsciemment un peu plus dans ta capuche.


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##   Lun 14 Nov 2016 - 1:19
Tahia Makoto

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C'est à peine si elle entendit le remerciement du jeune homme, tout comme elle ne prêta pas attention au fait qu'il s'était assis à côté d'elle. Non, tout cela n'existait plus pour elle. Tahia était retournée dans son monde dès l'instant où elle avait répondu, ce court instant qui l'avait ramenée pendant quelques secondes à la réalité avant que son esprit ne retourne dans un autre lieu qu'elle seule connaissait. En temps normal, l'adolescente aurait dû avoir bien d'autres réactions, qui aurait pu surprendre, amuser ou faire s'interroger le nouveau venu. Elle aurait dû hésiter sur le coup, observer avec attention le jeune homme avant de se décider, puis malgré tout prendre quelques distances, ce qui aurait été assez difficile compte tenu du peu d'espace que contenait le banc sur lequel ils étaient assis. Bien des réactions qui, de l'avis des autres, pouvaient paraître incongrues mais qui était une sorte d'habitude chez la Guérisseuse, en particulier lorsqu'elle se retrouvait à faire face à un garçon. C'était du moins ce qu'elle aurait fait si elle avait été dans son état normal. Mais l'être empli de chagrin et vide de toutes émotions joyeuses que l'on pouvait voir désormais, n'était plus grand chose, ou du moins plus rien de comparable à ce qu'il avait été durant les deux dernières années. Mais il n'y avait rien à faire, rien qui ne puisse pour l'instant faire changer les choses, à moins de pouvoir rendre ce qui avait été perdu et d'alléger ce Vide qui avait repris place au fond de la poitrine de cette enfant…

Et pourtant, un simple geste, ou plutôt un simple mouvement, fit de nouveau sortir la jeune Air de sa torpeur. Un visage proche du sien, une main tendue vers elle. Les yeux hétérochromes où toute vie semblait avoir déserté firent face à une pair d'ambres animée par un sentiment étranger à Tahia. Pourquoi étaient-ils proches d'un coup? Pourquoi la fixait-il? Pourquoi sa main était tendue vers elle? Des questions qui ne trouvaient pas de réponses et dont elle se moquait un peu au fond. Alors pourquoi ressentait-elle un étrange tiraillement au creux de son ventre? Tiraillement qui s'accentuait à mesure que l'adolescent restait trop proche d'elle et qui donnait presqu'envie à la brune de s'écarter, peut être en pensant que cette gêne dans son ventre disparaitrait. Mais elle ne bougea pas malgré cela, continuant à regarder son interlocuteur sans vraiment le voir, du moins jusqu'à ce qu'elle sente un contact sur son visage qui la fit tressaillir. L'adolescente mit un moment avant de comprendre qu'il s'agissait de la main du jeune homme, ce dernier l'ayant posée sur son front, tandis qu'il affichait à présent une expression soucieuse, faisant disparaître ce sentiment inconnu que la jeune fille n'avait pas su identifier. Et puis il se mit à parler, lui demandant dans un premier temps si elle était sûre qu'elle ne restait pas longtemps, étant donné qu'elle n'avait pas l'air d'aller bien. Et puis, il continua encore, parlant de son arrivée dans cet hôpital et de la nuit qu'il y avait passé avant de se présenter sous le nom de Asbjorn.

Il parlait beaucoup, trop peut être, et sans doute que n'importe qui aurait pu le trouver lassant à ne pas se taire. Mais Tahia s'en moquait un peu. Pas par ennui mais pour d'autres raisons et la première était toujours le contact de la main du jeune homme sur son front alors qu'il lui parlait. Cette dernière semblait froide sur son front, lui faisant ressentir par la même occasion une sensation de chaleur, à moins que cela soit l'inverse, elle ne saurait le dire. Ce n'était pas désagréable, peut être un peu gênant mais l'adolescente ne voyait pas de véritables raisons d'enlever cette main. La deuxième raison fut que ce contact la maintenait dans la réalité et de ce fait, la jeune fille faisait alors un peu plus attention à ce qu'elle voyait, en dépit de sa fatigue évidente, et tout ce qu'elle pouvait voir était le jeune Asbjorn. Alors qu'elle essayait de suivre le fil de ses paroles, la brune remarqua plusieurs points étranges: la main de l'adolescent tremblait, faiblement certes mais elle pouvait le sentir et l'impression que le jeune homme cherchait à se cacher dans la veste qu'il portait. Avait-il...peur? Mais pourquoi? Il n'avait rien fait de mal, pourtant, rien qui ne pouvait justifier qu'il puisse avoir peur, en tout cas. C'est pourquoi, très lentement, la Guérisseuse prit la main du jeune homme dans les siennes, ressentant cette fois-ci les tremblements de manière plus perceptible. Elle observa un instant leurs mains tenues avant de poser son regard vers l'adolescent.

" Je suppose que je devrais normalement être celle qui a peur. Alors pourquoi c'est toi qui trembles? "

En même temps qu'elle posait cette question, Tahia ne put s'empêcher de penser à ce qu'elle venait de dire et sans qu'elle ne s'en aperçoive vraiment, un fin sourire se dessina sur ses lèvres.

" Peut être que c'est moi qui suis bizarre, après tout. N'importe qui serait sûrement surpris mais ça ne me fait rien, étrangement... "

Puis elle remarqua qu'elle ne s'était pas présentée alors que le jeune homme avait donné son prénom.

" Tahia... Je m'appelle Tahia... Asbjorn est un joli nom. Cela vient d'où? "


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##   Sam 19 Nov 2016 - 0:32
Asbjorn Andreassen

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Le regard de la jeune fille te fait soudain taire. Ce regard éteint, vide, et pourtant… Si doux. Si doux qu’il t’attaque, toi qui te trouve si rugueux. Tes sourcils se froncent alors que ton esprit fonctionne à plein régime, tentant de saisir, de comprendre qui se tient en face de toi. T’as l’impression de l’avoir descendue du ciel en la touchant, comme si la brune avait été loin, bien plus loin que le monde des humains, et que soudain tu lui avais fait toucher Terre, ou presque.

Et soudain, sa main attrape la tienne si glacée qui quitte alors son front brûlant pour se retrouver entre ses deux paumes, avec une lenteur qui t’étonne. Tu suis des yeux le mouvement, la bouche légèrement entre-ouverte, surpris de ce contact qui te paraît trop intime. A tes yeux, deux mains qui se touchent, ce n’est pas rien. C’est laisser la personne entrer dans sa sphère privée. Enfin, de toutes façons, n’avais-tu pas déjà été intrus dans la petite bulle de la demoiselle ?

La brune te pose alors une question, un fin sourire aux lèvres. Pourquoi as-tu peur ? « Bonne question. » Tu as peur de toi-même, Asbjorn. Tu crains de détruire et de te détruire. Tu crains de ne jamais t’en sortir. Tu crains ta faiblesse, et tu crains de ne pas avancer, mais de revenir en arrière. Tu ne dis néanmoins pour le moment rien. Au tour de la demoiselle, de parler. Moins que toi, mais un peu plus qu’avant. Sa voix te donne l’impression de planer, d’être loin dans le ciel, sur un nuage. Tahia. Tahia. Tu te le répètes plusieurs fois, parce que tu trouves que ça lui va bien. C’est original. Puis tu réalises qu’elle attend peut-être des réponses, la brunette.

« Ça vient de Norvège. Et j’aime beaucoup ton prénom aussi, Tahia. »

T’es tout calme, d’un coup. Est-ce la jeune fille qui te fait cet effet ? T’en as bien l’impression en tout cas. Tu lui souris, toujours de ce grand sourire hasardeux, même si dans ton regard la flamme vacille dangereusement, menaçant de s’éteindre à tout instant.

« Je tremble parce que je suis malade, Tahia. »

Tu veux l’entendre parler, encore, alors tes réponses se font courtes, synthétiques. Et puis, tu veux pas lui dire, que tu as pris des drogues. « C’est Lui qui en a pris, pas Moi. ». Tu as peut-être peur qu’elle ne s’enfuisse, alors tu retournes à ces deux personnages. Le camé, et celui qui en subit les conséquences. Mais maintenant, tu veux réentendre sa voix, t’en gaver, t’en shooter.

« T’es pas bizarre, t’es juste un peu abimée, Tahia. Mais t’en fais pas, on est deux. On peut encore nous réparer, Tahia, j’en suis certain. »


Un rire t’échappe, venant de ton estomac, du fin fond de tes intestins. Ta main est toujours entre celles de Tahia, encore agitée de légers tremblements, et encore glacée. Tu sens que ça va pas s’arranger, alors, tu demandes, ton sourire devenant de plus en plus crispé sur ton visage.

« Tiens, Tahia, tu pourrais me rendre un service ? Dans la poche de ma veste, il y a un paquet de cigarettes. Tu peux voir que je suis pas en état d’en attraper. Tu pourrais m’en passer une ? »

Ta deuxième main tente de le faire pour elle, mais tu n’y parviens pas. Tu te sens gêné de lui demander ça, et en même temps, t’as conscience qu’au moins, après, tu trembleras moins.


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##   Dim 27 Nov 2016 - 2:06
Tahia Makoto

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C'était assez étrange. D'un instant à l'autre, son interlocuteur était passé d'un moulin à paroles à une personne calme et silencieuse, sans qu'elle ne sache vraiment ce qui pouvait être à l'origine d'un tel changement d'attitude. Ou plutôt, elle n'avait pas tout de suite pris conscience que c'était au moment où elle l'avait fixé avant de saisir la main de l'adolescent que ce dernier s'était tu. Dommage. Écouter Asbjorn parler ne l'avait pourtant pas dérangé, cela lui avait même permis de garder les pieds sur terre un moment, chose qui n'était plus vraiment arrivée ces derniers jours. Tahia ne put retenir une expression un peu déçue sur son visage fatigué, espérant pouvoir entendre de nouveau la voix du jeune homme rapidement. Du moins, elle espérait qu'il répondrait aux quelques paroles qui avaient pu franchir la barrière des lèvres de la brune, les mots semblant faibles et lointains pour cette dernière. Pourtant, en dépit de la fatigue qu'elle ressentait, la curiosité était bien là, quelque part, et semblait ressurgir petit à petit de ce petit bout de femme, faisant scintiller une faible lueur à travers les yeux vairons. Un sentiment qu'elle avait l'impression d'avoir oublié il y a très longtemps et qui semblait lui avoir manqué plus qu'elle ne l'aurait cru. L'adolescente espérait donc vraiment qu'elle pourrait avoir des réponses, ne serait-ce que pour conserver encore un peu ce sentiment qui s'animait au fond d'elle.

Enfin, après ce qui parut une éternité, la voix d'Asbjorn se fit de nouveau entendre, tirant la Guérisseuse de ses pensées. Elle apprit ainsi que le nom du jeune homme venait de Norvège, un jeune Nordique donc, et qu'il aimait beaucoup le prénom de l'adolescente. Tahia pencha doucement la tête sur le côté alors qu'elle continuait de le fixer. On lui avait souvent dit que son prénom était très joli, bien qu'elle n'ait jamais vraiment demandé pourquoi. Certes, elle l'aimait aussi mais cela lui faisait bizarre quand quelqu'un lui disait qu'elle portait un beau prénom. Lorsqu'il déclara qu'il tremblait car il était malade, la brune eut l'impression de voir quelque vaciller dans le regard de l'adolescent et sans s'en rendre vraiment compte, ses mains serrèrent un peu plus celle de son interlocuteur, comme si elle espérait faire disparaître les tremblements qu'elle ressentait à travers ce simple contact. Mais cela ne s'arrangea pas lorsqu'elle entendit qu'elle n'était pas bizarre, juste abîmée. Cette fois-ci, la jeune Air détourna le regard et sembla se concentrer sur un point invisible à l'horizon. Abîmée, hein? Si elle n'était que cela, jamais elle n'aurait été à l'hôpital et elle aurait récupéré depuis longtemps déjà. Non, maintenant elle était cassée et il faudrait un long moment avant qu'elle ne se répare à nouveau. Étrangement, à la manière dont Asbjorn avait utilisé le terme 'réparer', la brune se fit la réflexion qu'ils avaient sans doute une vision assez différente sur comment 'se réparer'.

Ce fut le petit rire et la nouvelle prise de parole du jeune homme qui capta de nouveau l'attention de Tahia et dont l'attention se posa de nouveau sur son voisin, qui lui demanda si elle pouvait lui rendre un service en attrapant un paquet de cigarettes dans la poche de ce dernier. Pour la première fois, l'adolescente eut une légère hésitation puis, voyant la difficulté d'Asbjorn à accomplir cette tâche lui même, elle finit par accepter. Elle détacha une de ses mains de celle du jeune homme avant de la tendre lentement vers la veste et de fouiller dans la poche indiquée. Elle ne tarda pas à trouver l'objet recherché et le sortit bien rapidement. Cependant, elle ne put s'empêcher de parler à ce moment là.

" Tu n'es pas seulement malade, n'est ce pas? La peur, je la connais, pour l'avoir côtoyée pendant de longues années. Elle peut varier en fonction des gens, de leur passé mais au fond, elle reste la même. Quelle est ta peur? "

C'était venu naturellement, comme si en cet instant, les choses avaient été une évidence pour Tahia. Et pourtant, rien n'avait vraiment changé, si on l'observait bien. C'était toujours cette jeune fille vide et triste que l'on voyait. Et pourtant, il semblait que quelque chose d'un peu plus vivant avait décidé de se manifester l'espace de quelques instants.

" Toi, tu es abîmé. Moi, je suis cassée. Je suis une poupée cassée que l'on a pu plus ou moins réparer mais dont les ressorts sont toujours tordus et prêts à sauter à tout instant. Il y a quelques jours de cela, ces ressorts ont fini par céder et la poupée doit maintenant essayer de les réparer petit à petit si elle ne veut pas finir de nouveau désarticulée. Mais toi, tu n'es abîmé qu'à un seul endroit et c'est pourtant le plus douloureux. "

Elle avait ponctué ces mots en posant sa main sur la poitrine de l'adolescent, là où elle pouvait sentir le cœur de ce dernier battre sous la paume de sa main. Cela ne dura qu'un instant avant qu'elle ne l'enlève et qu'elle ouvre la petite boite avant de sortir une cigarette et de la tendre vers Asbjorn.

" Essaye de ne pas trop trembler. "


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##   Jeu 1 Déc 2016 - 23:04
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Un éclair déçu traverse les yeux vairons. Pourquoi ? Tu t’inquiètes. Qu’as-tu fais ? Qu’as-tu dit de mal ?

Mais lorsque tu reprends la parole, ce regard change. Il te fixe toujours avec une intensité déconcertante – du moins elle le serait si tu n’avais pas toi-même l’habitude d’observer les gens de cette manière. Tu sens sur ta main celles de la demoiselle se resserrer, et tu t’apaises. Tu apprécies le contact humain plus que quiconque. Tu en as besoin. Néanmoins, une vague d’anxiété t’habites à nouveau lorsque Tahia détourne le regard. Encore une fois, tu t’interroges, certain d’avoir dit une bêtise. Tu te fiches toujours des mots que tu prononces, sauf si tu as le sentiment d’avoir blessé quelqu’un.

Mais ses yeux te retrouvent lorsque tu lui demandes de l’aide. T’as les joues légèrement empourprées, de plus en plus embarrassé. Néanmoins, Tahia accepte. L’une de ses mains quitte la tienne, laissant du froid s’y glisser – « J’aimais pourtant la chaleur qu’elle dégageait. » - et elle fouille dans la poche pour trouver le paquet.

Cependant, avant de te donner l’objet si désiré, sa voix s’élève une nouvelle fois et tu écoutes, comme toujours attentif aux moindres détails.

Elle sait. Elle sait que tu n’es pas « malade ». Tu ne veux pas. « C’est Lui, je vous dis. ». Oui, tu as peur. Tu ne veux pas retomber dedans – et en même temps tu en as tellement envie. Ton sourire est toujours présent, de plus en plus étrange. Tu continues d’écouter et d’observer. Si la jeune fille dans ses paroles a paru plus forte, tu ne t’y tromperas pas. Son regard, son visage, ses expressions… Elle est vide. Fatiguée de tout.

Je suis une poupée de cire, une poupée de son… L’air entêtant vient s’insinuer dans ton esprit. Poupée brisée, n’est-ce pas ? Tu voudrais la prendre dans tes bras. Lui dire que tu la serreras contre toi tant qu’il le faudra pour que les ressorts ne soient plus tendus mais repliés sur eux-mêmes. Qu’avec toi, ils ne sauteront pas. Trop d’empathie, Asbjorn. Apprend à te détacher, de temps en temps.

Mais tu ne le peux. Elle accompagne ses paroles de sa main posée sur ta poitrine – ton cœur plus précisément. Une fraction de seconde où ton sourire n’est qu’un mirage, qu’une image, qu’un masque que tu ne sais plus enlever.

Et l’instant est brisé lorsque tu vois la cigarette tendue devant tes yeux. Ne pas trop trembler. Oui, tu vas essayer.

Ta main libre vient lentement attraper la clope et tes doigts tremblants parviennent à se resserrer dessus, et seul un « Merci » étouffé ne parvient à quitter ta gorge. Tu la cales entre tes lèvres et attrapes dans le paquet sorti le briquet que tu y avais rangé. Tu fais tout ça d’une seule main, en galérant pas mal. Tu refuses de quitter la protection de la main de Tahia. Tu y es trop bien pour cela.

Tu parviens à allumer ta cigarette, et ce n’est qu’après en avoir fumé la moitié - le regard loin de la jeune fille car ton visage tourné pour ne pas l’enfumer - que tu parviens à reprendre la parole.

« Je me suis droguée. Et j’ai fini ici après avoir voulu mourir. »


Ta phrase est un résumé grossier. Certes ta voix était toujours aussi douce et gentille, mais tu aurais pu développer. Pourtant, c’est la jeune fille qui t’intéresse, tu te contrefiches de ton cas. Tu finis ta cigarette et laisses tomber le mégot au sol, tes tremblements en partie calmé. Un sourire étire tes lèvres lorsque tu te retournes vers Tahia.

« T’as vu ? Je tremble presque plus ! »

Un petit rire t’échappe et s’évanouit dans les airs. Tu penches la tête sur le côté en observant la jeune fille. Ta main libre vient doucement chercher sa seconde main que tu attrapes délicatement. Vous êtes reliés, tu en es heureux.

« Ma peur ? C’est de ne pas être assez fort. C’est une peur humaine je dirais. Mais si je retombe là-dedans, que je me dégoûte à nouveau comme j’ai pu me dégoûter, je me détesterai, et j’aurai encore envie de disparaître. C’est un cercle vicieux, Tahia. »

Tu marques un silence. Ton sourire est toujours présent. Affaibli, plus que mince, mais il ne s’efface pas.

« Et toi, petite poupée, tu es aussi fragile. Et en même temps forte. Tu es paradoxale, je crois, Tahia. Tu me perds un peu. Et pourtant… Pourtant oui, je suis certain que tu sauras tenir. Mais tu sais… »


Ta sincérité te tuera un jour, Asbjorn, sache-le. Les mots t’échappent sans que tu ne réfléchisses, sans que tu ne te dises qu’elle reste une inconnue.

« J’aimerais pouvoir te serrer dans mes bras et tout réparer, Tahia, ou au moins pouvoir empêcher les ressorts de sauter. Je n’aime pas la tristesse. Personne ne l’aime, je me doute bien. Mais des fois, je voudrais mourir pour ne plus la voir. »


Tu souris. Tu souris comme un fou, de ce sourire rêveur que tu as lorsque tu imagines pouvoir fuir le mal, la déception, le malheur. Lorsque tu te vois aider les autres, les faire rire, leur tendre cette main qu’ils attendaient pour se relever.

Tes doigts se resserrent un peu plus sur ceux de Tahia, comme si cette simple pression pouvait suffire à lui donner un peu de ton envie de vivre.


De la rue à l'hôpital [Tahia ♥] SignaB

##   Mar 6 Déc 2016 - 0:37
Tahia Makoto

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Comment en étaient-ils arrivés là déjà? Elle ne s'en souvenait même plus. Et pour être honnête, elle s'en fichait complètement. Actuellement, elle se sentait calme, en dépit de la fatigue qui alourdissait un peu tous ses membres, et la lassitude semblait s'être un peu apaisée, la rendant un peu plus attentive au monde qui l'entourait. Et dans le cas présent, son attention était posée sur un jeune homme portant une veste trop grande pour lui, aux mains tremblantes, et dont elle tenait l'une d'elle tandis que de son autre main, l'adolescente lui tendait une cigarette. Maintenant que son esprit commençait à devenir un peu plus lucide, Tahia prenait peu à peu conscience de la situation particulière dans laquelle se trouvait avec son camarade. Car, au cas où certains ne l'auraient pas compris, les deux jeunes gens étaient extrêmement proches, une proximité que deux inconnus ne devraient pas avoir en temps normal, et l'un comme l'autre se tenait la main comme s'il s'agissait de la chose la plus normale qu'il soit. Sauf que c'était tout sauf normal et même si la jeune Guérisseuse n'était pas gênée par le contact, elle ne pouvait pas ignorer l'étrange sentiment qu'elle avait éprouvé à l'instant où Asbjorn s'était trop approché d'elle et qu'elle avait ressenti l'espace d'une seconde l'envie de s'écarter. Comme si, en dépit de ce qu'elle pouvait penser, son corps avait voulu agir autrement et faire en sorte qu'il n'y ait plus le moindre contact. Ce qui était prévisible maintenant qu'elle avait l'esprit plus clair.

Cependant, Tahia n'y pensa plus lorsqu'elle vit le jeune homme se saisir de la cigarette tout en la remerciant avant de prendre le briquet calé dans la boite. Il finit, au bout de quelques minutes, par allumer sa cigarette et s'en suivit de quelques instants supplémentaires où ils ne parlèrent pas, l'adolescente profitant du silence pour continuer à fixer son voisin. Elle espérait qu'il répondrait à ses questions, qu'il lui dise exactement ce qui n'allait pas et pourquoi il se retrouvait dans cet état alors que l'adolescent ne donnait aucunement l'impression d'être effrayé par quoi que ce soit. La réponse vint cependant plus vite que la jeune Air ne l'aurait cru car au bout d'un moment, la voix d'Asbjorn se fit entendre, douce et belle à entendre, alors que les mots qui suivirent en étaient l'exact opposé. Il se droguait? Il avait voulu mourir?! La brune n'aurait su dire quelle partie de la réponse la faisait réagir le plus, sans doute les deux, mais même pour ça, elle avait un doute. C'était donc pour ça qu'il était à l'hôpital? Les médecins devaient sûrement le garder en observation pour éviter qu'il se mette de nouveau en danger avec cette histoire de drogue. Pourtant, la jeune fille avait du mal à le croire mais en repensant aux tremblements du jeune homme, tremblements qui avaient d'ailleurs commencé à se calmer, elle sut au fond d'elle que c'était pourtant vrai. Et inconsciemment, le regard de la Guérisseuse se fit plus attentif, comme s'il voulait vérifier qu'il n'y avait pas de signes indiquant que quelque chose n'allait pas chez son camarade.

Et visiblement, elle n'était pas la seule car ses yeux croisèrent de nouveau ceux du jeune homme, avant que celui-ci ne lui saisisse en douceur sa main libre. Puis il parla, lui révélant sa peur de ne pas être assez fort. Qu'il craignait de retomber à nouveau, de se dégoûter de lui même au point qu'il aurait envie de disparaître. Et cela ne s'arrangea pas lorsqu'il appela la jeune fille 'petite poupée' tout en lui disant qu'elle était aussi fragile que forte et qu'elle saurait tenir. Un vrai paradoxe, en effet. Cette sincérité toucha vraiment Tahia, qui ne put s'empêcher de se sentir un peu gênée par les propos d'Asbjorn, se demandant comment il pouvait parler aussi facilement de ses problèmes ou de son avis sur les gens sans craindre le regard que l'on pouvait poser sur lui. La suite ne fut pas mieux lorsqu'il rajouta qu'il aimerait la serrer dans ses bras et pouvoir la réparer, qu'il n'aimait pas la tristesse et que parfois , il aimerait mourir pour ne plus la voir. Les paroles de l'adolescent faisaient étonnamment penser à celles qu'avait eu un certain soldat de plomb que la brune connaissait bien. Et pourtant, il y avait aussi une grande différence entre les deux garçons et se fut avec cette différence en tête que la jeune Air ne put retenir une moue légèrement contrariée avant de libérer une de ses mains et, sans le moindre état d'âme, fit une pichenette assez forte sur le front de l'adolescent.

" Idiot! On ne dit pas ce genre de chose avec le sourire! Là, tu me fais penser à un imbécile heureux! "

Soupirant d'exaspération, bien que l'on pouvait distinguer aussi une pointe d'amusement, le regard de Tahia s'adoucit un peu avant qu'elle ne reprenne la parole.

" La peur et la tristesse sont deux des grands maux qui peuplent ce monde. Qu'importe qu'on le veuille ou non, ils trouveront un moyen pour nous hanter et faire en sorte qu'on les ressente un jour ou l'autre. Cependant, et tu l'as toi même dit: Craindre de ne pas être assez fort est une peur humaine. Ces sentiments, autant que la joie ou le rire, sont ce qui nous rend le plus humain, qui prouvent que nous ne sommes pas invulnérables et plus que tout, qui prouvent que nous sommes vivants. Alors si je t'entends dire encore une fois que tu veux mourir...je te frappe! "


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##   Lun 19 Déc 2016 - 12:00
Asbjorn Andreassen

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Tahia t’écoute jusqu’au bout, ses yeux vairons posés sur toi, animés d’une attention étrange. Trop grande. A laquelle tu n’es plus habitué. Mais tu continues, et ton sourire aux lèvres, tu vas jusqu’au bout de tes pensées. Tu vois qu’elle est gênée à un moment par tes propos. Cependant elle ne te lâche pas, et c’est un soulagement pour toi. Et soudain, cette mine embarrassée se transforme en un air contrarié. Elle lâche une de tes mains, et tes sourcils se haussent en une mine à la fois surprise et attristée… qui n’est plus qu’étonnement lorsque tu te prends la pichenette en plein front.

Tu portes à l’endroit de l’impact ta main désormais libre et frotte doucement. « Cette fille est dingue en fait ? ». Et puis elle s’emporte. Elle te traite d’idiot, d’imbécile heureux. Elle montre de l’exaspération, de l’amusement. « Elle est vivante. ». Oui, à faire le crétin, tu as réussi à la faire vivre un peu plus que lorsque tu es arrivé. Du coup, tes doigts toujours posés sur ton front, tu continues d’étirer tes lèvres, comme si de la voir s’énerver te donnait des ailes.

Le regard de la jeune fille se fait plus doux et elle reprend la parole. Elle te parle de la peur et de la tristesse, de ces deux sentiments qui luttent chaque jour contre toi, qui ne te lâchent jamais. Tu abaisses ta main pour la poser sur ton genou, écoutant attentivement Tahia. Tu acceptes d’être plus sérieux que d’habitude lorsqu’elle te dit que tu n’en es que plus humain et que, surtout, cela te prouve que tu es vivant. « Je suis vivant… Tu l’es aussi, Tahia. ». Néanmoins, tu ne peux retenir un rire amusé lorsqu’elle te dit que si tu dis encore une fois que tu souhaites mourir, elle te frappe. Tu lèves les yeux au ciel, un sourire taquin illuminant à nouveau ton visage.

- T’as de la chance que je sois si faible, Tahia… La prochaine fois qu’on s’croisera, crois-moi, j’me vengerai de ton attaque surprise !

Comme pour appuyer tes propos, tu tends ta main libre et la poses sur ses cheveux que tu ébouriffes un peu, avec une douceur décalée. D’ailleurs, cette fausse agression se transforme rapidement en une caresse rassurante.

- Je suis un imbécile heureux, je n’en ai pas juste l’air. Désolé de te l’apprendre. J’aime bien me dire qu’avec le sourire, tout passe mieux. C’est une réalité. Sans ce sourire, j’aurais jamais tenu le coup. Bon, j’en aurais peut-être pris moins aussi vu qu’j’aurais pas eu l’air d’être tout le temps insolent ou provocant alors que j’essaie juste d’être heureux… m’enfin bon ! Sourire reste quelque chose de bien. Peu importe c’qu’on dit, c’est toujours mieux les lèvres étirées vers le haut que les joues humides !

Tes doigts s’emmêlent dans les mèches de la brune. Tu attrapes entre ton pouce et ton index l’une de celles qui encadrent son visage et tu joues distraitement avec, les yeux un peu perdus dans le vide.

- J’le dirai plus… mais ça m’empêchera jamais de le penser. C’qui veut pas dire que j’passerai à l’acte. J’sais bien que la peur et la tristesse, il est normal de les ressentir. Mais j’peux pas rester devant les bras ballants. J’suis obligé d’agir. Et quand j’y arrive pas…


Tu pousses un soupir et hausses les épaules. Ton sourire manque de se briser, fais attention Asbjorn. Tu t’en rends compte et tes yeux retrouvent ceux de la jeune fille. Ton air confiant est de retour, t’as de nouveau l’air heureux.

- Regarde-toi, par exemple, Tahia… Je m’suis assis sur ce banc, tu bronchais pas. C’est à peine si tu réagissais quand j’te parlais. Mais j’sais pas trop comment, t’as réussi à retrouver d’la colère, de l’amusement, de l’exaspération… T’as retrouvé des sentiments. La poupée que tu es est redevenu un peu plus vivante, et c’est beau. T’es belle, comme ça, Tahia, même quand t’es énervée. Alors j’veux bien faire des efforts pour plus autant m’laisser atteindre par le malheur des autres si t’acceptes que j’t’aide à moins souffrir. J’suis pas magicien, Tahia, mais j’aime redonner le sourire aux autres. J’aimerais que tu puisses te souvenir que t’as une main tendue ici et que t’hésites pas à la saisir, d’accord ?

Ton regard ne la lâche pas. Tu la fixes avec un air protecteur. Tu l’enveloppes, comme si tu voulais lui faire une étreinte juste avec les yeux. Tes doigts n’ont pas lâché ses cheveux, ton autre main serre doucement la sienne. Si petite. Si fragile. Tu voudrais lui donner de la force, même si tu n’en as pas assez non plus. Tu te dis, qu’à deux, vous pouvez être puissants. Vous pouvez ensemble assembler les barreaux pour l’échelle qui vous sortira de ce vide, et qu’un jour peut-être, main dans la main, vous emplirez vos poumons ratatinés d’un air si pur qu’il les gonflera comme des ballons de baudruche. « Accepte mon aide, Tahia, s’il te plaît. A deux, on est capables de beaucoup de choses. ».


Hrp: Je t'assure, quand j'ai commencé le post, ça partait pas du tout comme ça... Je sais pas ce qu'il s'est passé, Asb est devenu chou d'un coup ._.


De la rue à l'hôpital [Tahia ♥] SignaB

##   Mer 28 Déc 2016 - 20:16
Tahia Makoto

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C'était vraiment étrange et ironique à la fois. D'aussi loin qu'elle se souvienne, Tahia n'avait jamais cru au hasard ou au destin. Ces deux termes sonnaient faux pour elle et n'avaient pas la moindre signification pour elle. Si certains diraient que c'est le destin qui avait mis sur le chemin de l'adolescente la rencontre avec sa Grand-Mère et le centre, la brune parlerait pour sa part d'un concours de circonstances survenues quasiment en même temps et dont le résultat l'aurait amené à ces fameuses rencontres. Oui, elle ne croyait qu'en très peu de choses et préférait prendre les choses de manière rationnelle avant de songer à considérer cela autrement. Quoique pouvait-on encore rester dans le rationnel lorsque l'on se retrouvait dans un institut où toutes les personnes présentes possédaient des pouvoirs magiques ou ne tarderaient pas à en posséder? Certainement pas mais là encore, la jeune Air ne souhaitait pas pour autant voir les choses de manière plus surnaturelle et aimait mieux se dire que les choses n'étaient pas dues au hasard et que seules les circonstances actuelles permettaient de déterminer ce qui se passerait dans le cas présent et à l'avenir. Il n'y a pas à dire, on pouvait vraiment considérer à quel point ça pouvait être ironique. Cependant, d'aussi loin qu'elle se souvienne, Tahia ne se souvenait pas de beaucoup de personnes étant parvenues en l'espace de peu de temps à la faire réagir d'une manière ou d'une autre.

La première personne lui venant à l'esprit étant sans aucun doute sa Grand-Mère lorsque cette dernière l'avait récupérée après son agression et prise en charge. Elle se souvenait avoir gardé le silence pendant toute une semaine, la vieille dame restant pourtant à ses côtés en lui parlant à chaque fois qu'elle venait lui rendre visite. C'étaient cette patience et cette douceur qui caractérisaient tant Laurine qui avaient eu raison du silence de la petite fille de neuf ans et qui avaient percé sa carapace. Et dans la situation actuelle, alors qu'elle se trouvait assise sur ce banc du petit parc de l'hôpital, la Guérisseuse se fit la réflexion qu'elle avait sans doute trouvé une autre personne ayant réussi à la faire réagir suffisamment pour qu'elle manifeste de nouveaux des émotions. Elle s'en était rendue compte pendant qu'elle était en train de disputer Asbjorn, ce dernier la laissant parler sans rien dire et continuant de la fixer, riant à certaines de ses remarques. Elle aurait dû être mal à l'aise face au regard du jeune homme mais l'étudiante ne parvenait pas à ressentir une réelle gêne, en dépit des paroles embarrassantes qu'il lui disait par moment. Et ce fut toujours avec le sourire qu'il lui répondit qu'elle avait de la chance qu'il soit faible car il se vengerait d'elle la prochaine fois qu'ils se croiseraient. Il ponctua cela en lui ébouriffant doucement les cheveux, la brune ne pouvant retenir un petit rire alors qu'elle tenta de s'extraire de la légère emprise de son camarade.

L'adolescent avait repris la parole peu après, lui disant qu'il n'avait pas l'air d'un imbécile heureux mais qu'il en était bien un. Il lui parla par la suite de pourquoi il souriait, expliquant que cela lui permettait de tenir. La brune eut un sourire contrit quand il rajouta que ça lui a aussi créé des ennuis étant donné que son sourire pouvait lui donner un air insolent ou provocant alors qu'il ne cherchait qu'à être heureux. Elle savait qu'il avait raison lorsqu'il disait qu'il valait mieux sourire que pleurer mais d'un autre côté, n'était-ce pas aussi similaire à se cacher du monde? Concentrée sur les paroles d'Asbjorn, la Guérisseuse n'avait même pas remarqué que le jeune homme jouait maintenant avec ses cheveux, ce qui aurait sans aucun doute bien gêné l'adolescente. Il revint alors sur les paroles de Tahia lorsqu'elle lui avait dit qu'elle ne voulait plus l'entendre dire qu'il voulait mourir, l'assurant qu'il ne le dirait plus, bien que cela ne l'empêcherait pas d'y penser sans pour autant vouloir passer à l'acte. Il avait conscience qu'il était normal d'éprouver de la peur ou de la tristesse mais il ne pouvait pas rester indifférent devant cela et devait agir. L'espace d'un instant, la jeune Air vit le sourire de l'adolescent se briser en partie avant que son air confiant et heureux revienne de nouveau éclairer son visage.

Lorsqu'il fit référence à elle, Tahia le fixa d'un air étonné, ne comprenant pas tout de suite où il voulait en venir, jusqu'à ce qu'elle entende les paroles suivantes. Le fait que jusqu'à présent, elle n'avait pas eu la moindre réaction, le moindre sentiment jusqu'à ce que le jeune homme lui parle et que peu à peu, elle recommence à réagir, sans qu'il ne sache vraiment comment tout ça a pu arriver. Mais une chose était sûre: elle était redevenue 'vivante' et ça avait suffi à rendre Asbjorn heureux. Quand il lui déclara qu'elle était belle même en colère, la Guérisseuse sentit le rouge lui monter aux joues alors qu'elle détourna les yeux, tentant de cacher son embarras, bien que c'était déjà peine perdue. Elle l'écouta néanmoins lorsqu'il lui dit qu'il accepterait de faire des efforts si la jeune fille acceptait son aide à lui. Avec hésitation, elle le regarda de nouveau, ses joues n'ayant toujours pas décoloré, et autant dire qu'elle le regretta presque. Pas dans le mauvais sens du terme mais en cet instant, le regard de son camarade était sans doute un des plus purs qu'elle n'aie jamais vu depuis qu'elle se trouvait à Terrae. Elle appréciait vraiment ce qu'il lui disait, là n'était pas le problème. Cependant...sa manière de lui avoir dit ça...on aurait dit...une déclaration?!

Devenant encore plus rouge qu'elle ne l'était déjà, Tahia se redressa d'un coup, lâchant Asbjorn au passage avant de lui tourner le dos, ses mains se plaquant contre son visage alors qu'elle pouvait sentir son visage chauffer à une vitesse incroyable. Non mais vraiment...c'était quoi son problème?! Se retournant d'un coup, et se moquant de l'attention qu'elle pouvait attirer, la brune n'y tint plus et cria littéralement sur le jeune homme:

" Imbécile! Tu n'est qu'un imbécile! On fait pas ce genre de déclaration au premier ou à la première venue! Et on ne dit pas non plus des choses aussi embarrassantes à une fille, comme ça! Abruti d'imbécile heureux! "

Le pire étant qu'au lieu de calmer sa gêne, cela ne faisait que s'accentuer encore plus, empêchant la jeune fille de continuer dans son sermon tant son visage était brûlant maintenant. Se rasseyant par la suite, cette fois à bonne distance d'Asbjorn, la jeune Air regardait maintenant le sol, ne voulant pas croiser le regard de son camarade. Elle laissa donc passer quelques minutes avant de reprendre la parole d'un ton qui se voulait plus calme.

" Ne plus souffrir... C'est ce qu'on recherche tous ici. Chaque personne se trouvant à Terrae aimerait ne plus ressentir ce Vide dans la poitrine. Il est aussi bien ce qui nous lie que ce qui nous différencie les uns des autres. Il y a ceux qui arrivent à le combler en cours de route, à le sentir moins présent et plus supportable. Et puis, il y a ceux qui aimeraient ne plus le ressentir... "

Tahia avait dit cela tout en posant sa main contre sa poitrine, là elle Le sentait. Ce Vide qui, pour la troisième fois depuis qu'elle le connaissait, se manifestait avec force et lui rappelait à chaque instant pourquoi elle était là. Redressant la tête, l'adolescente tourna lentement son regard vers son voisin.

" Je ne suis pas magicienne pour ma part, je suis une Guérisseuse. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de soigner les blessures de l'âme ou d'autres blessures pouvant s'en rapprocher mais aider ou veiller sur quelqu'un, ça je peux le faire. Toi aussi, garde à l'esprit que quelqu'un t'écoutera si nécessaire et que tu peux toujours venir voir cette personne si tu en as l'envie. "


De la rue à l'hôpital [Tahia ♥] Tahia_10

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##   Dim 29 Jan 2017 - 12:00
Asbjorn Andreassen

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La poupée rougit intensément. La poupée est gênée par tes propos, et c’est bien compréhensible, mon pauvre Asbjorn. Depuis toujours, tu parles, tu parles sans réfléchir. Et depuis toujours, les gens en sont mal à l’aise, en colère ou apeurés par ce que tu leur racontes. Ils te prennent pour un fou, un illuminé. Illuminé, tu l’es en effet, mais pas comme ils le croient. Toi, tu veux juste apporter ta part de lumière, ta part de bonheur dans un monde si terne. Alors quand Tahia se lève tout à coup, délaisse ta main, te tourne le dos… tu sens quelque chose se briser en toi. Elle qui commence à peine à entrer dans ta petite bulle, tu ne veux pas déjà la perdre. Tu as besoin de son contact, parce que tu as besoin de contact humain. Tu ne veux pas être seul. Tu ne le supporterais pas.

Alors pourquoi tu souris quand elle s’énerve sur toi, la poupée exaspérée ? La brune te traite d’imbécile, d’abruti… et toi, tu gardes tes lèvres tordues, distordues en cette grimace souriante. Ah oui, j’y suis… Elle vit, Tahia, quand elle crie. Elle rougit, son regard est expressif. Elle est tout en couleur et en sons. Elle est humaine, Tahia, alors elle peut hurler tant qu’elle le veut, ça prouve qu’il est encore possible de raviver la flamme éteinte en elle et d’éclairer son Vide pour enfin pouvoir le combler.

Et puis elle se rassoit, dégageant une chaleur surprenante, les joues encore empourprées, si rouges en comparaison à la pâleur des tiennes. Cependant, elle s’est installée plus loin de toi qu’auparavant, et si ton sourire reste, ton regard s’en fait peiné. Mais tu respectes cette distance ainsi que son silence. Tu attends qu’elle reprenne, convaincu qu’elle n’a pas fini ce qu’elle avait à dire. Tu la laisses se calmer, maintenant qu’elle t’a prouvé être encore capable de s’énerver. Et en effet, quelques minutes après, sa voix, calmée, s’élève une nouvelle fois.

Ah… Ne plus souffrir. Physiquement ? Mentalement ? Les deux ? Vous êtes tous tellement cassés, fissurés, brisés à Terrae, que ta poitrine en est oppressée. Tu vois soudain l’institut comme une usine de jouets abandonnés parce que déficients. Des poupées à qui il manquerait un bras ou une jambe, des peluches qui auraient perdu un œil. Le soldat rose abandonné à cause de sa couleur, c’est vous, délaissés par l’humanité dite « normale », qui vous a rejeté, mis à la marge de la société.

Tu sens que t’as commencé à partir, alors tu te raccroches vite à la voix de la brune qui continue de se faire entendre. Ses paroles t’ancrent à nouveau dans le monde des vivants et tu dresses l’oreille, attentif. Tu fermes les yeux quelques secondes avant de te retourner à nouveau vers Tahia, caressant son visage de ton regard, un sourire doux éclairant ta mine pourtant fatiguée.

- Excuse-moi de t’avoir embarrassée, Tahia. Je ne voulais pas faire une déclaration, simplement te dire ce que je pensais. Je dis toujours spontanément les choses, j’y peux rien. Désolé. J’essaierai de faire plus attention.

Tu es sincère, quand tu dis ça. Tu n’as pas envie de la gêner, ta nouvelle amie. Ou en tout cas, celle dont tu aimerais être l’ami afin de pouvoir veiller sur elle. Tu ne te sens pas de l’abandonner à sa tristesse, à son Vide. Tu veux qu’elle soit heureuse, qu’elle parvienne à dépasser tous les obstacles qui se mettront sur sa route, dût-elle puiser dans ta propre énergie. Tu sais que tu ferais ça avec n’importe qui, et c’est peut-être pour ça que tu te dis que Terrae risque d’être dangereux pour toi. Vouloir aider toutes les personnes en souffrance que tu croiseras t’entrainera dans une lutte sans fin. Mais tu n’as pas pu le faire lorsque tu travaillais en prison, alors tu le feras ici, quitte à en délaisser ta propre bataille.

Puis vos regards se croisent une nouvelle fois, et Tahia te fait comprendre qu’elle aussi pourra veiller sur toi, t’aider. Tu souris, mais n’acquiesce ni refuses cette aide. Tu sais que tu ne le feras pas, te confier ou te plaindre, parce que tu aurais trop peur de la faire couler avec toi, de l’étouffer sous ta douleur. Alors tu te contentes de doucement reprendre dans la tienne sa main qu’elle avait placée sur son cœur, sur son Vide, et de serrer ses petits doigts dans ta paume froide.

- Merci, Tahia.

Un large sourire est offert à cette personne que tu connais depuis si peu de temps, et qui pourtant compte déjà beaucoup pour toi. Tu te promets de tout faire pour l’aider, d’être son filet lorsqu’elle chutera, et de l’empêcher de se briser un peu plus.

- Dis-moi, Tahia, qu’est-ce que tu aimes faire dans la vie ? Quand on sera tous les deux sortis de l’hôpital, on pourra peut-être faire quelque chose ? s’organiser une après-midi ? Si tu en as envie, bien sûr !

Tu espères qu’elle dira oui, ton regard en brille. Tu sais qu’il faut qu’elle soit occupée autant que possible pour que les souvenirs heureux emplissent peu à peu son Vide sans même qu’elle ne s’en rende compte, son attention en étant détournée. Alors tu décides de jouer l’enfant et ta seconde main rejoint les vôtres déjà liées.

- Steuplééé dis oui ! J’ai envie qu’on se revoit après ! Steuplééé !


Petit regard suppliant, lèvre inférieure avancée en une anticipation boudeuse en cas de refus. Asbjorn, quatre ans, et fier de lui.

Hrp: Désolée du retard ><


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##   Dim 2 Avr 2017 - 0:51
Asbjorn Andreassen

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Tu aimerais entendre la réponse de la jeune fille. Tu en aurais eu besoin. Ta première rencontre ici, tu aurais voulu savoir que tu allais la revoir, que tu n’étais pas juste lâché dans un océan inconnu. Tu aurais eu besoin de ce point d’attache. Une valeur sûre qui t’aurait rassuré. Parce que tu peux avoir l’air heureux, Asbjorn. Tu peux avoir l’air fort. Mais tu ne l’es que si tu n’es pas seul.

C’était sans compter sur le médecin qui arrive et interrompt Tahia. Celle-ci entrouvrait à peine les lèvres pour te répondre. Tu poses tes yeux ambrés sur l’homme et lorsqu’il dit à l’Air qu’elle peut rentrer chez elle, tu adresses un gigantesque sourire à cette dernière :

- Allez, file Tahia ! Profite du reste de ta journée. Et oublie pas, les poupées brisées peuvent être réparées !

Tu poses une dernière fois tes yeux au regard doux sur son visage fatigué puis elle s’en va. Tu sors une nouvelle cigarette et la fumes avec lenteur, savourant chacun de ces taffes comme si elles étaient les dernières de ta vie.

Tu fermes les yeux, et restes là jusqu’à ce qu’un médecin te dise finalement qu’il est temps que tu regagnes ta chambre. Tu rejoins celle-ci, une boule au creux de ton estomac. Et si tu restais seul, une fois dans l’institut ? Et si la solitude connue à l’hôpital continuait après ?

« Qu’est-ce que je donnerais pour une dernière fois… Juste une dernière. Y regoûter, replonger juste le temps de me rassurer. Me rappeler que non, c’est pas si cool. Et oublier que pour le moment, je suis seul. Qu’est-ce que je donnerais… »


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