Alice sent qu'elle souffre, elle sent qu'elle se remet à vivre, et qu'elle s'accroche de toute ses forces à elle, elle qui la supporte tout en s'accrochant à elle. Ses larmes commencent à couler, Alice est envahie par sa douleur, et elle la soigne, la combat pour la rendre douce. Elle bouge, son corps tremble, elle va exploser, Alice le sent. Sa poitrine contre la sienne, elle sent qu'elle craque, se fissure, se déchire. Et puis tout sort d'elle, et en envahi le corps d'Alice. Elle laisse échapper un petit gémissement. C'est dur d'accueillir tant de douleur.
Alice glisse avec elle, la serrant contre elle, pour ne pas qu'elle soit seule. Elle l'accompagne dans sans chute, plongeant encore plus son corps dans l'eau. La douleur se transforme petit à petit en cri, et Alice écoute, accueille encore ce cri, cette douleur. Pourtant, son corps et si petit, si frêle, elle accueille tout cela avec une certaine facilité, bien que les larmes coulent, coulent de ses yeux abondamment, sa tête contre son épaule. Elle se concentre pour écouter ce qu'elle lui dit. Pour toute réponse, elle la serre contre elle, accrochant ses mains dans son dos, approchant son corps au sien.

« Je ne te ferai pas de mal. Je suis là. Tu es avec moi. »

Alice accroche ses mains, et pleure, un peu plus fort, elle sent son coeur qui se serre en sentant déferler tout ce mal en elle. Puis doucement, elle se calme, et Alice, lorsqu'elle la sent se détendre contre elle, relâche. Tout le mal part d'elle, s'en va loin de leur étreinte, loin de la chaleur de l'eau. Le flot de larmes ralentit. Lentement, elle remonte ses mains dans le dos de la jeune fille pour mieux la porter contre elle. Elle respire calmement, lentement.

Très lentement, très doucement, elle se balance légèrement, offrant son réconfort, la douceur de son être, ce qui la calme à elle-même, ce qui apaise, permet de dormir tranquille, comme ce qu'elle avait offert à Ipiu. Elle s'offre en entier cette fois. Alice reste ouverte, et commence doucement à lui donner sa force, ce qui maintenant Alice éveillée, droite et vivante. Tout en respirant contre la peau de la jeune femme, elle fait passer cette force calme, qui ne paraît pourtant pas avoir sa place dans son corps. Ceci, Alice en a moins l'habitude. Les gens qu'elles soignent sont forts, mais celle-ci a perdu sa force, elle doit la retrouver. Alors Alice pour l'aider lui donne la sienne.

Elle ne partira pas. Elle restera. Nos corps sont si serrés que nous ne pourrions les rapprocher plus. Elle pleure encore, avec moi. Sans s’arrêter elle non plus. Et lorsque je me calme, elle aussi. Nous sommes en harmonie parfaite. Nos cœurs se répondent, nos émotions de même.

Je me sens vide, épuisée. Je me sens moins cadenassée, mais c’est à peine si je reste éveillée. Pourtant je ne veux pas quitter la douce qui m’apaise. Alors je romps un temps l’étreinte, glissant ma main dans la sienne, et l’invite à se lever. Je murmure, comme si un bruit trop fort pouvait me briser à nouveau.

« Viens. Allons-nous habiller. »

Nous remettons les serviettes sur notre corps et allons enfiler nos vêtements. Je l’attends dehors, une cigarette à la main. Lorsqu’elle arrive, de la libre j’attrape la sienne, la serre un peu trop fort je crois, mais pas assez pour lui faire mal.

Nous marchons sans un mot. Je nous ramène vers l’institut, et elle doit l’avoir compris car elle ne dit rien. Je tire quelques taffes, restant silencieuse, laissant le goût acre achever de me calmer.

Enfin, nous passons l’entrée, sans s’être détachées complètement l’une de l’autre, nos doigts toujours entremêlés. Je nous mène jusqu’à la partie Feu, gravissant les escaliers, et ouvre ma chambre. Je lâche ici la demoiselle pour fermer les stores puis la rattrape et me glisse dans mon lit, posant ma tête contre elle, me blottissant dans ses bras comme un enfant qui aurait peur de faire un cauchemar. Je chuchote.

« J’ai besoin de dormir. Mais je ne veux pas être seule. Reste, s’il-te-plaît. »

Je n’attends pas sa réponse. Ou plutôt, je ne peux l’entendre. Bercée par sa douceur, je suis déjà dans les bras de Morphée. Je ne saisis pas très bien pourquoi son contact m’est si agréable, moi qui déteste cela, mais pour le moment, je me contente d’en profiter.

Alice la laisse s'écarter, et se sent un peu vide lorsqu'elle s'écarte. Elle la suit, s'enroule dans la serviette. Dans le vestiaire, elle se sèche fort, elle se lave de tout ce qu'elle a ressentit, pour redevenir elle, forte, douce. Lorsqu'elle ressort, elle voit que la jeune femme est toujours là. Cigarette à la main, elle la regarde. Elle lui attrape la main, et Alice la serre elle aussi.
Elle vient avec elle sans bruit, sans rien dire. Comme toujours, son expression est calme, et douce. Elle fait la même taille que la jeune fille, elle marche au même rythme.

Elles montent ensemble les escaliers. Alice n'a pas peur, elle a confiance. Elle arrive finalement dans sa chambre. Elle reste devant la porte, la regardant faire. Ce genre de situations peut avoir l'air terriblement étrange, tendancieux, tout ce qu'on veut. Pourtant Alice en a bien trop vécu pour trouver cela étrange. Elle rejoint le geste de la Feu pour lui attraper la main, et se glisse avec elle, l'entourant à nouveau de ses bras.

Le lit a l'odeur de la jeune Feu, tout autour d'elle lui est étranger. Pourtant, Alice se sent bien, et elle l'a garde contre elle, tout doux. Elle ne répond pas. Déjà, la fille s'est endormie. Alice reste un long moment à veiller sur elle, avec patience. Elle finit par fermer les yeux, poser sa tête contre l'autre pour la protéger. Elle s'endort doucement, elle passera la nuit comme cela. Elle ne fit aucun rêve, passant sa nuit à garder la jeune femme tranquille. Lorsque le soleil envoya sa lumière contre les stores, Alice était déjà éveillée, bien que ses yeux soient fermés.
Elle sent qu'elle bouge entre ses bras. Elle a bien comprit qu'elle n'aimait pas le contact, mais apparemment, elle la rassure. Doucement, au bout d'un moment, elle se détache d'elle. Avant de sortir du lit, elle embrasse son front, puis se lève et attrape sa veste. Elle se tourne vers la rousse, qui a maintenant les yeux ouverts.

« Je m'en vais. Ne t'en fais pas, tout ira bien. Repose-toi. »

Elle va pour ouvrir la porte, quand elle se retourne, avec encore ce sourire sincère.

« J'ai envie de te dire que tu es magnifique. Tu es très forte aussi. Tu me diras comment je dois t'appeler une autre fois. N'aie pas peur de venir me voir. Repose-toi, jolie créature. »

Un sourire d'enfant, elle ouvre la porte, la referme, et d'un pas léger, descend les escaliers pour rejoindre son dortoir.