Depuis qu'il y avait eu une Étoilisation assez violente dans la salle d'astronomie, le règlement qui voulait que la salle reste fermée la nuit était suivi à la lettre. Il fallait à présent passer dans le bureau de Mme Lindley pendant la journée pour lui demander la clef. Cela ne posait généralement pas de problème, mais c'était une sorte de sécurité supplémentaire, un moyen de contrer ce genre d'événements imprévisibles. Nathanaël comprenait tout à fait la démarche, car il y avait tout de même du matériel de grande valeur dans l'observatoire et comme la seule manière d'y accéder était de passer par la salle de cours...

Le Terre se trouvait donc devant la fameuse salle, clefs en main. Il y entra après avoir déverrouillée la porte qu'il ferma simplement derrière lui. Il n'était pas très tard, mais l'atmosphère qui régnait était empreinte de sérénité et de paix. Il se souvint avoir été assis au premier range, à l'une des places soigneusement évitées par ses camarades. Il avait adoré suivre l'enseignement de Mme Lindley et regrettait de ne plus pouvoir y participer. Il pouvait, bien entendu, continuer à apprendre de son côté, ce qu'il faisait encore un peu, mais ayant beaucoup moins de temps libre qu'avant, il n'arrivait pas à approfondir les choses comme il le souhaiterait. Peut-être qu'il recommencerait plus tard, une fois qu'il se serait décidé sur une voie à suivre.

Il lâcha un soupir en quittant la salle de classe pour se rendre dans l'observatoire, dont il dût à nouveau déverrouiller la porte. Ce regain de sécurité, bien qu'il en comprenne les raisons, le gênait un peu. Il trouvait cela dommage d'en arriver là. Chassant ces idées de son esprit, le Titan se refamiliarisa avec cet environnement qu'il n'avait pas approché depuis bien trop longtemps à son goût. Il fallait dire que si son prof d'astrophysique ne lui avait pas confié un projet dans ce domaine, il ne serait sans doute pas revenu à l'observatoire de sitôt. Sans perdre plus de temps, il sortit son cahier de cours avec les calculs qu'il avait déjà effectués au préalable et entreprit de faire fonctionner le télescope dont il avait besoin. Il travailla ainsi deux bonnes heures, notant les observations nécessaires. Son projet n'était pas particulièrement difficile et il n'allait rien découvrir de nouveaux, mais il devait mettre en application ce qu'il avait appris en cours et c'était par ce travail qu'il allait être noté. Nathanaël finit par refermer son cahier, satisfait de l'avancement de son étude. Il aurait de quoi commencer son rapport. Il devrait sans doute revenir une ou deux fois pour vérifier ses calculs et contrôler ses observations, mais il préférait s'en tenir là pour le moment.

Il décida cependant de rester encore un instant pour observer le ciel, simplement pour lui. Il s'amusait parfois à le regarder à l’œil nu, cherchant les constellations qu'il avait mémorisées. Malgré la porte de l'observatoire restée entre-ouverte, il n'entendit pas celle de la salle de cours s'ouvrir, trop concentré, sans doute, sur ce qu'il faisait.

“And as the darkness falls it fills up both my eyes
My life before me like a flash in the night
With my arms open wide”

J’arrive enfin à la salle d’astronomie alors que, doucement, la chanson s’éteint, s’achève sur un dernier refrain.

“Well it's cold, cold, cold, cold inside
Cold, cold, cold, cold inside
Cold, cold, cold, cold inside
Doctor can you help me cause something don't feel right
Something don't feel right, something just ain't right”

La porte est entrouverte. Pourquoi? Je la pousse silencieusement et y découvre un garçon inconnu.

La nuit m’avait enveloppée depuis un moment déjà. Cela devait bien faire quelques heures que ses bras s’étaient refermés sur l’institut et que je ne parvenais pas à dormir. Alors j’avais attrapé le vieux MP4 acheté d’occasion à un élève et m’’étais élancée dans les couloirs, l’envie d’avoir la tête dans les étoiles plus forte que jamais.

J’avais attaqué la montée des escaliers menant à la salle d’astronomie – les nuits étant trop froides pour aller sur le toit – mais arrivée à l’étage des Tonnerres et Terres, mon cœur s’était serré. A cet étage se trouvaient Alice et Nicolas. L’une m’était inaccessible et un mystère, l’autre ne donnait plus signe de vie depuis un bon moment. Le désir d’aller toquer à leur porte respective avait pointé le bout de son nez mais après un petit soupir j’étais parvenue à reprendre mon ascension, les écouteurs toujours enfoncés dans les oreilles. S’en était suivie la partie Air et Kurei. J’étais sans nouvelles de lui depuis un moment aussi. Depuis que j’avais débarqué dans sa chambre pour l’enguirlander, en fait. Mais cette fois-ci, j’étais passée plus vite et avais continué à grimper les escaliers.

Enfin, le 5e étage. Je m’attendais à avoir du silence, de la solitude, juste les étoiles et moi. Et me voici face à un inconnu. Lentement, alors que ma chanson est finie, j’éteins mon MP4 et retire mes écouteurs. Je plisse les yeux et découvre un cahier posé sur l’une des tables. Serait-il venu étudier ?

J’hésite à faire demi-tour. Après tout, ce n’est pas mon genre d’aborder les gens ainsi. Il était ici en premier, tant pis pour moi. Je m’apprête à partir quand mon MP4 m’échappe des mains et tombe sans discrétion aucune. Je me penche pour le ramasser et toussote un peu, gênée.

- Hmm… Bonsoir ?

Mon regard est toujours aussi blasé. Mon visage toujours aussi indifférent. Je ne m’excuse toujours pas non plus. Pendant que je me redresse, mes yeux se plantent dans ceux du garçon qui s’est retourné en entendant le bruit. Rien ne trahit plus mon embarras. A me voir, j’ai l’air confiante, beaucoup trop sûre de moi.

Perdu dans sa contemplation, Nathanaël ne sentit pas la présence de l'inconnue. Il sursauta donc lorsqu'un bruit inattendu vint briser le silence. Une jeune femme se tenait là, devant lui. Elle ramassa l'objet qui était manifestement tombé et toussa, probablement gêné de l'avoir dérangé ou de s'être faite remarquer, pourtant rien de tel ne put se lire sur son visage, une fois redressée. À cause de la faible luminosité, il avait malgré tout de la peine à distinguer ses traits, il était donc difficile d'être sûr de ce qu'il avançait, mais il ne la connaissait pas, c'était certain. Le Terre se leva, quittant le rebord de la fenêtre sur lequel il était assis, pour lui faire face, mais ne s'approcha pas de l'inconnue. Qui était-elle ? Et que venait-elle faire ici ? Il ne pensait pas croiser quelqu'un ce soir-là et cela le troublait un peu.

Bonsoir.

Contrairement à l'accoutumé, son ton n'était pas très chaleureux et doux, plutôt neutre. Du peu qu'il voyait, elle semblait sûr d'elle. Cependant, quelque chose le chiffonnait.

Mme Lindley ne m'a pas averti qu'un autre étudiant souhaitait utiliser l’observatoire...

Il laissa un nouveau silence s'installer. La jeune femme ne semblait pas avoir d'affaires avec elle, elle ne venait donc manifestement pas pour travailler, mais plutôt pour le simple plaisir d'observer les étoiles. La surprise de cette apparition soudaine s'envola cependant très vite et il reprit complètement ses esprits. Un doux sourire vint se former sur ses lèvres.

Est-ce que tu as des recherches à faire ou es-tu simplement venue par plaisir ?

Nathanaël avait besoin de savoir. Il n'avait pas prévu de rester trop tard, mais si la jeune femme était venue « par hasard » dans cette salle et qu'elle comptait y rester, il ne pourrait pas se permettre de la laisser seul. Mme Lindley lui avait confié la clef et il ne la transmettrait pas à n'importe qui comme cela. C'était sa responsabilité. Et puis, si l'inconnue aimait regarder les étoiles, peut-être auraient-ils un intérêt commun à partager.

Hrp:

Mme Lindley ? Cela devait être la professeure d’astronomie, mais il ne m’avait jamais été donnée l’occasion de la croiser. Je secoue légèrement la tête tout en détaillant le jeune homme blond qui me fait face :

- Non. En effet ce n’étais pas prévu. Je ne savais pas qu’il fallait avertir qui que ce soit si l’envie me prenait de venir.

Mes paroles sont présentées sur un ton neutre et non pas sur un ton d’excuse comme il aurait été d’usage de faire. Après tout, je viens de déranger le garçon dans ses activités. A en juger par le cahier que j’avais croisé, lui devait être en train de travailler tandis que je venais par simple plaisir. Il aurait été plus juste de m’en aller en lui cédant la place. Pourtant, il me demande pourquoi je suis venue, alors je reste un peu plus et lui réponds, sans toutefois répondre au sourire qu’il m’offre :

- Je ne suis venue que par plaisir.

Je réalise alors que le jeune homme n’a pas ses affaires avec lui, qu’elles sont dans l’autre pièce. Observait-il dans le but de noter ensuite quelques informations ? ou bien faisait-il une pause dans ses recherches ? Son œil est probablement plus expert que le mien qui ne fait qu’admirer, que se perdre dans l’immensité de la voie lactée, que parfois me permettre le doux rêve de m’y envoler pour y rester. Si le jeune homme s’y connait, ma curiosité naturelle me pousserait à l’interroger, lui demander de m’apprendre. Mais si l’apprentissage me plait, la demande moins. Je cherche alors un autre angle d’attaque. Je, comme les gens disent, tâte le terrain :

- Si tu travaillais, je ne te dérangerai pas plus.

« Pardon de t’avoir importuné » pourrait venir avec aisance si je savais m’excuser. Je me contente ainsi d’un léger hochement de tête, prête à tourner les talons si je sens une quelconque résistance face à moi. C’est d’ailleurs ce que mon instinct me dirait de faire. Après tout, je peux bien affronter le froid et aller voir les étoiles du toit. Etant donné que je ne m’y connais pas outre mesure, je n’ai pas besoin du matériel mis à disposition dans l’observatoire. Je n’y étais venue que par souci de confort. Qui plus est, si mon envie d’en apprendre plus sur cet univers dans lequel nous nous trouvons et qui, à mes yeux, nous surplombe, je peux tout à fait le faire avec les livres. L’être humain n’est pas indispensable, il n’est qu’un hasard.

Hrp: Nooon c'était niquel! Pardon du temps d'attente. Et désolée aussi de l'humeur d'Adé. C'est une sale asociale, tu peux la taper dans ta tête si tu veux.

La jeune femme lui répondit qu'elle n'avait averti personne, ne sachant pas cela nécessaire. Son ton était neutre. Elle ne s'excusait pas, énonçant simplement un fait. Ce comportement aurait pu agacé le Titan, mais il ne fut pas touché par la distance et la froideur qu'elle dégageait. Il y avait toutes sortes de personne à Terrae et il n'avait aucun droit de juger qui que ce soit.

Comme il y a du matériel plutôt fragile, la porte est généralement fermée et il est possible d'obtenir la clef auprès de Mme Lindley. C'est une sorte de moyen de contrôle, je suppose.

Nathanaël aussi utilisait un ton neutre pour informer l'inconnue. Il avait pensé bon de lui donner des précisions, pour le cas où elle souhaiterait revenir, à un autre moment. Il avait choisi de qualifier le matériel de délicat et non pas de précieux, parce qu'il ne savait pas à qui il avait à faire. Il n'aimait pas trop prendre ce genre de précaution, mais ne souhaitait pas se sentir responsable en cas d'incident. La jeune femme lui répondit ensuite qu'elle n'était venue que par plaisir et il se contenta de hocher la tête. Il ne s'était donc pas trompé. Un court silence s'installa avant que son interlocutrice ne reprenne la parole.

J'ai fini mes recherches pour ce soir. Je restais par plaisir.

Le Terre observa la jeune femme sans rien ajouter pendant un instant. Sa remarque avait clairement le but de déterminer si elle pouvait rester ou non et sa réponse était plutôt vague et implicite. Elle semblait très prudente, le jaugeant, cherchant subtilement à en savoir plus sur lui sans doute. Il sourit doucement avant de reprendre.

J'aime me rappeler les noms des constellations et des étoiles que j'ai appris.

Il marqua une nouvelle courte pause. Puisqu'il continuait à lui parler, elle comprendrait sans doute qu'elle ne le dérangeait pas... pas pour le moment en tout cas.

C'est dommage, tu as raté Mars et Venus.

Il avait tourné la tête vers le ciel et salua silencieusement la constellation du Taureau et Aldébaran, l'une des étoiles la constituant. Il aurait pu rajouter que s'ils restaient jusqu'au matin, il pourrait voir Jupiter, mais s'abstint, n'ayant aucune envie de veiller toute la nuit. Nathanaël reporta son attention sur l'inconnue, se demandant quel était son niveau de connaissance.

Hrp:

Madame Lindley… Je note dans un coin de mon esprit le nom de la dame aux clefs, au cas où un jour l’envie de revenir ici me prenne. Après tout, il est normal de surveiller un minimum. Le matériel doit être cher et précieux. Nous ne pouvons pas faire confiance aux humains pour en prendre soin, n’est-ce pas ?

Dans notre échange d’une neutralité trop parfaite, j’apprends que le garçon faisait des recherches mais, les ayant finies pour le moment, restait par plaisir. Il ajoute ensuite quelques détails. Ainsi, il s’y connait assez, par exemple les noms des constellations et des étoiles. Personnellement, je ne peux pas en dire autant. La Petite et la Grande Ourse. Comme tout le monde me semble-t-il. Je peux aussi reconnaitre Cassiopée, et parfois, dans mes bons jours, le Scorpion. Au-delà… Nada. Le garçon attise ainsi ma curiosité de par les connaissances qu’il pourrait vraisemblablement m’apporter. Je fais un petit pas vers lui pendant qu’il me dit que j’ai raté Mars et Venus. Un autre petit pas, puis un second, et je suis presque à sa hauteur, assez près pour admirer le ciel. Un moment, je contemple ce dernier en un silence respectueux, admiratif.

- Etudies-tu l’astronomie pour des études ? ou est-ce simplement une passion ? finis-je par demander en posant mon regard sur le jeune homme.

Mais avant même qu’il ne me réponde, mon regard retrouve la gigantesque voûte céleste, les milliards d’étoiles qui nous dominent et nous protègent en même temps, la Lune qui veille sur nous, la Voie Lactée qui s’étend, s’étend si loin que nous ne pouvons en voir la fin.

Un mince, très mince sourire étire mes lèvres :

- Ce doit être génial, d’étudier les étoiles, murmuré-je.

Sans que je ne le veuille vraiment, ma voix s’est muée en un chuchotement plus doux, plus calme. Je suis si agitée intérieurement en ce moment, et seule la vision du splendide ciel de la nuit parvient à m’apaiser un peu, et alors j’ai perdu un instant le contrôle de mon masque. Rapidement, celui-ci retrouve sa place, et je me forme à bloquer mon amour des étoiles. Ne pas montrer de faiblesse. Jamais.

Nathanäel ne constata que la jeune femme s'était approchée qu'au moment où il reporta son attention sur elle. Il  observa son regard admiratif et ne put s'empêcher un doux sourire. Ainsi, l'inconnue avait laissé tomber son masque pour contempler les étoiles.

Un peu des deux, je pense. J'étudie actuellement à l'université de Tokyo et j'ai un projet d'astrophysique à réaliser. C'est ce qui m'a donné l'occasion de revenir ici, mais j'aime beaucoup observer le ciel. Cela me rappelle à quel point nous sommes insignifiants et c'est une des choses qui m'a permis de rester humble.

L'Anglais se tut un peu trop brusquement sans doute. Il avait la sensation d'en avoir trop dit, comme si l'ambiance régnant dans la pièce l'avait poussé à se dévoiler. Il constata alors que son interlocutrice aussi s'était momentanément laissé emporter par ce je ne sais quoi qui les entourait. Un doux chuchotement s'était échappé de ses lèvres fendues d'un sourire. Le Titan fut touché par cette vision, sentant qu'il était privilégié, en quelque sorte. Cet instant très spécial ne dura cependant pas et la jeune femme recomposa son masque. Pour ne pas la rendre mal à l'aise, Nathanaël détourna le regard, faisant comme s'il n'avait rien vu. Il ne fixa rien de particuliers, contemplant simplement l'étendue noire tachetée de points blancs vacillants.

Oui, c'est passionnant... mais les gens ont souvent une fausse idée de ce qu'est l'étude des étoiles. Il ne s'agit pas seulement de regarder le ciel et connaître des noms. Il y a beaucoup de physique, de la chimie. Il y a aussi beaucoup de calculs et d'analyses de données à faire et cela peut devenir très complexe.

Le Terre reporta son attention sur sa camarade.

Évidemment, tout le monde n'a pas à devenir astronome ou astrophysicien.

Il laissa un doux sourire se dessiner sur ses lèvres.

Si tu le souhaites, tu peux me poser des questions et j'essaierai d'y répondre en fonction des connaissances que j'ai. Cela me ferait plaisir de pouvoir partager ce que j'ai appris avec quelqu'un qui semble aussi apprécier les étoiles.

Il n'était pas certain que l'inconnue accepterait sa proposition, étant donné la distance qu'elle souhaitait imposer entre eux, mais il savait aussi que le sujet mentionné les avait déjà rapprochés.

L’inconnu parle des étoiles. Je constate avec une certaine satisfaction qu’il se laisse facilement emporter par le sujet, sans toutefois laisser échapper mon contentement. Avoir la chance d’étudier les astres et en parler sans aucune passion serait si triste. Je n’aurais pu être autrement que déçue. Il faut ajouter que je comprends ce sentiment d’être insignifiant face au gigantisme de notre univers, à sa magnificence et sa brillance. Alors je me tais en un silence respectueux, approbation muette des dires du garçon, qui lui-même cesse soudainement de parler.

Il ne reprend que lorsque ma fascination pour les étoiles m’échappe. Il a raison, bien entendu. Nous sommes nombreux à avoir une vision idéalisée de ces études, en oubliant la dimension scientifique pour ne privilégier que celle esthétique. Je hoche discrètement de la tête pour signifier à l’inconnu que je comprends ce qu’il veut dire.

Le garçon me propose ensuite de lui poser des questions si je le souhaite. Mon regard en amande se détache du ciel pour venir trouver celui noisette de l’inconnu. Cela lui ferait… plaisir ? En un sens, je peux saisir ce qu’il veut dire. Je ne sais pas réellement partager des passions – en ai-je seulement ? – mais les étoiles sont une des rares choses qui délient un peu ma langue, qui viennent chatouiller le masque imperturbable.

- Nous pourrions peut-être commencer par échanger nos prénoms.

Prénoms, hein. Aha.

- Je suis Hamilton. Enchantée.

Un bref signe de tête accompagne mes paroles avant que mon attention ne se reporte une nouvelle fois sur la nuit noire qui nous enveloppe, illuminée seulement par les danseuses brillantes.

- L’étoile, là, qui semble plus lumineuse que les autres, commencé-je en pointant d’un de mes doigts fins le ciel, c’est une planète en réalité, n’est-ce pas ?

Autant commencer simple pour une fois que je questionne.

Nathanaël lâcha un petit rire à la réflexion de l'inconnue.

Oui, ce serait un bon début.

Il la laissa se présenter, avant de l'imiter.

Enchanté Hamilton, je m'appelle Nathanaël.

Le Terre n'imagina pas même un instant qu'il s'agissait du nom de famille de la jeune femme et non de son prénom, ne mettant pas sa parole en doute. Il avait rencontré beaucoup de personnes à Terrae et il s'était habitué au prénom peu usité en Angleterre, mais celui de son interlocutrice n'intégrait pas cette catégorie. Il avait connu quelques Hamilton, puisque ce prénom était un dérivé d'Hamlet, célèbre héros de la pièce de Shakespeare du même nom, selon certaines sources, ou alors dérivé du nom d'un lieu écossais. Cependant, il s'agissait là plutôt d'un prénom masculin dont la cote de popularité avait baissé depuis la fin du XIXe siècle. Il trouvait donc cela plutôt étrange, tout de même, qu'une femme porte ce nom, mais ne releva pas.

Une fois les présentations faites, Hamilton attira l'attention du Titan en lui posant une question. Il n'eut pas besoin de réfléchir à la réponse, tant elle était évidente.

Non, ce n'en est pas une. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, tu as raté Mars de peu. La prochaine planète visible en ce moment, Jupiter, n'apparaîtra pas à l'horizon avant quelques heures. En d'autres circonstances, je me ferais un plaisir de l'attendre avec toi, mais je dois me lever tôt demain, car j'ai des cours. Alors cela ne me dérange pas de rester encore un moment, au contraire, cela me fait même plaisir, mais je ne veillerai pas toute la nuit.

L'Anglais avait hésité une fraction de seconde, mais avait fini par décider de lui dire la vérité.

L'Étoile que tu m'indiquais s'appelle Sirius. Elle fait partie de la constellation du Grand Chien et elle se situe à huit ou neuf années-lumières de la Terre. Je n'ai pas retenu le nombre exact... C'est une étoile plutôt célèbre. Je ne sais pas si tu en avais déjà entendu parler. Elle est très étudiée. Il s'agit en fait d'une étoile qu'on appelle binaire. C'est vraiment intéressant. La plus visible est vieille de 250 millions d'années, si je me souviens bien, et elle est beaucoup plus grande que la deuxième qui fait un peu près la taille de la Terre. Dans l'antiquité, les Grecs et les Égyptiens, notamment, ont utilisé Sirius pour ajuster leur calendrier.

Nathanaël quitta la fenêtre un bref instant pour se saisir de son cahier posé un peu plus loin et revint vers sa camarade, crayon en main. Il commença à griffonner un schéma.

Tu vois, la constellation du Grand Chien ressemble à cela. Je me suis dit qu'il serait plus aisé pour toi de la reconnaître si je te la dessinais. Sirius est là. Orion, qui est facilement reconnaissable, se trouve juste ici, orientée comme cela.

Sur le papier vierge, le Terre avait placé les étoiles avec une précision assez remarquable et les avait reliées pour former une constellation lorsque c'était nécessaire.

Hrp:

L’inconnu se présente sous le nom de Nathanaël avant de répondre à ma question. Apparemment, je me suis trompée, c’est en fait une étoile. Il m’explique que j’ai raté Mars, et que la prochaine planète visible sera Jupiter. Néanmoins, cette dernière ne nous fera l’honneur de se montrer que d’ici quelques heures, et Nathanaël me dit que si cela ne le gêne pas de rester un peu, il devra tout de même aller dormir avant moi puisqu’il a cours tôt. Moi aussi d’ailleurs mais… Tant pis, j’irai cernée, pour changer.

Le jeune homme se lance ensuite sur des explications plus approfondies, une sorte de micro-cours nocturne finalement. L’étoile que j’avais repéré est donc Sirius, et rien que son nom me fait l’aimer un peu plus. Sirius… Je répète le nom dans ma tête, en appréciant chaque sonorité tout en essayant de retenir les informations qui me sont données. Je me penche ensuite sur le carnet que Nathanaël me montre pour y découvrir le dessin d’une constellation. Un dessin d’une précision épatante, je dois le reconnaitre.

- D’accord, murmuré-je pour montrer que j’avais compris.

Je me tourne ensuite vers le ciel étoilé, tout comme le garçon. Nous restons encore ainsi un moment, à échanger des bribes de paroles, quelques mots seulement, de temps à autre une explication plus longue qu’une autre. Puis Nathanaël m'apprend qu’il doit aller se coucher et nous nous disons au revoir, non sans qu'il ne m'ait expliqué que je devais aussi sortir, la professeure en charge lui ayant confié la clef. Néanmoins, l'envie de dormir n'étant pas encore présente, je prends mon courage à deux mains pour monter sur le toit, et tant pis si j'ai froid. Je profite de cette tranquillité jusqu’à ce que Jupiter apparaisse, que le ciel s’éclaircisse et que le Soleil éclipse tous les autres astres. Finalement, j’inspire profondément et à mon tour me dirige vers ma chambre, ressentant enfin la fatigue. Une matinée de séchée, ce n’est pas si grave après tout.

Hrp : Aucun soucis, comme tu le vois je suis bieeen à la bourre aussi. Désolée >< J’ai fait un poste qui clôt le rp parce que je t’avoue que le reprendre après tout ce temps était méga galère et que je ne savais plus quoi faire d’Adé aha xD Tu me dis par mp si ça te pose problème et dans tous les cas on en relance un quand tu veux ! Luv u ♥