Logique pour parler de l’avis d’une tonnerre, voilà quelque-chose de bien novateur. Faut avouer que c’est souvent la galère dans la tête de mes congénères. J’le dirais à Aaron quand on arrêtera de s’envoyer des choses à la figure. J’lui dirais « hey quelqu’un m’a dit que j’étais logique, j’ai trouvé l’avis plutôt excentrique ! » Bon parce que pour ceux qui me situent mal je suis la fille capable de se péter les deux rotules sur le mur du quai neuf trois-quarts sur un coup de tête. Et NON LES COUPS DE TETE CA FAIT PAS MAL. Enfin pas celui-ci vu que je n’ai plus AUCUNE sensation dans les jambes. Bon par contre j’ai encore des putains de cicatrices… Mais OSEF.

Et là vous savez quoi ? Avec sa réponse. Et bien je pense à Nathou. Encore. Est-ce que j’aurais le même discours avec lui ? Bien sûr que non ! Je voudrais le garder à mes côtés sans que rien ne change. Je voudrais que l’on soit amis pour toujours… Alors même que je sens que cette situation ne peut plus durer, alors même que je sens qu’il a besoin de ce changement. Et lui quel serait sa réponse à mes questions ? Je ne veux pas la connaitre. Je suis décidément quelqu’un de méchant.

Je soupire soudain découragée. NON PIU PIU. Faut que tu te reprennes. Sérieux, en plus d’habitude j’arrive bien à ne pas y penser. Je n’aime pas les situations qui se tendent comme un string. J’préfère je ne sais pas, quand tout est normal. Confortable… Et ce qui est certain c’est que même si c’est le moment j’hésite à parler avec sincérité à Alice… Elle l’a fait. Je devrais en faire autant.

« Je suis hypocrite de te donner de tels conseils. Pardon. J’ai un ami que j’aime beaucoup qui est amoureux de moi, et personnellement j’aimerais qu’il ne se déclare pas parce que je ne veux pas voir notre relation changer. Je ne veux pas qu’on s’éloigne, et en même temps je me sens tellement coupable de faire comme si je voyais rien, comme si ses sentiments n’étaient pas importants. »

Même si je sais que ses sentiments sont importants car ce sont les siens et que lui est important. C’est pas tout à fait logique. J’aurais peut-être dû me taire aujourd’hui, mais je ne voulais pas lui mentir alors qu’elle a été si sincère avec moi. On peut pas tout demander et rien donner.

Les idées qu'a exprimées Ipiu semblent claires et logique à la Terre. Et puis elle remarque que la Tonnerre semble contrariée... Non pensive... Quelque chose ne va plus, elle part dans ses pensées un instant. Elle semble... En désaccord?  Elle la regarde. Elle hésite. Alice attend, freinant sa curiosité, elle évite de poser des questions, la laisse décider seule de ce qu'elle acceptera de lui dire ou pas.

Elle écoute la Tonnerre, qui parle beaucoup beaucoup d'un coup. Elle se confie à Alice après qu'elle l'ait fait aussi. Elle ne semble pas satisfaite des conseils qu'elle peut lui donner. Pourtant, Alice ne lui en veut pas, elle peut conseiller des choses qu'elle a du mal à appliquer elle-même. De plus, la situation évoquée par la Feu est tout à fait compréhensible. Et ne met pas le doute à Alice, qui de toute façon à prit sa décision. Elle assumera les conséquences qu'il y aura par la suite s'il y en a.

La Terre hésite un instant elle aussi. A-t-elle le droit de se prononcer sur une confession de cette importance ? Elle décide d'adopter une position douce envers la Tonnerre qu'elle apprécie. C'est une drôle de personne, un drôle de bout de femme, mais pourtant, Alice l'apprécie, elle apprécie le fait qu'elle ne sache jamais trop à quoi s'attendre avec elle. Et même si cela ne lui plaît pas, elle lui fait confiance pour le lui dire, et Alice ne posera pas plus de question.

Ce qui pousse également Alice à la curiosité, c'est le fait qu'elle sait. Elle a compris qu'il s'agit de Nathanaël, qu'elle considère comme l'un de ses amis les plus chers.

« Je ne te trouve pas hypocrite, ma situation n'est pas forcément la même que la tienne. Tu n'es pas elle, et je ne suis pas lui. Tu ne veux pas que votre relation change et c'est quelque chose qui se comprend tout à fait. Mais, tu considères que ses sentiments sont importants, non ? Dans ce cas, est-ce que si votre relation change, juste un peu, parce qu'au fond quoiqu'il se passe, vous décidez ensemble, mais que ne vous éloignez pas ? »

Alice se recale dans sa chaise, et sourit à la Tonnerre, se voulant rassurante .

« Après, je ne connais pas votre relation, je demande simplement. »

Bien sûr que les situations sont différentes, mais même sachant cela je lui conseille de tenter le tout pour le tout alors que moi-même je préfère le confort que m’apporte une situation immobile. Je n’ai pas d’autre mot qu’hypocrisie, mais qu’importe au final. Je lui dis ce que je pense pleinement, j’essaie de ne rien lui masquer. Les personnes sont différentes, les situations aussi… Mais au fond ça se ressemble un peu non ? Et c’est ce un peu qui fait que si je ne lui avais rien dit cela aurait été un mensonge. J’essaie de ne plus mentir, et c’est pas toujours simple.
Souvent je choisis le mensonge par facilité, parce que ne pas assumer les choses c’est plus facile. Parfois c’est par jeu, mentir, faire croire des choses saugrenues à des inconnus c’est plutôt drôle. Ça me permet d’échapper à ma réalité, elle n’était pas tous les jours multicolore, elle était bien souvent terne, alors raconter des âneries, faire des âneries me permet de me sentir vivante. J’en ai conscience, quand je fais rire quelqu’un, quand je ris aux éclats j’ai l’impression d’avoir accompli quelque-chose de bien. Rire pour rire, pour le plaisir, pour me sentir vivante.
Et pourtant j’ai décidé de ne plus mentir. J’ai trop longtemps vécu dans le mensonge, alors je me suis perdue. Qu’aimais-je ? Je ne le savais pas vraiment, je faisais ce qu’on me demandait, ce qu’on attendait de moi. C’était nul, je m’en rendais compte à postériori, mais j’avais toujours vécu comme ça. Exécutant les ordres sans chercher à les comprendre, sans me demander si ce que je faisais était bien ou mal. J’avais eu vingt ans et je ne savais pas qui j’étais. C’était plutôt drôle en fait, cocasse. Surréaliste.

Sa question n’est pas la plus simple… Et si notre relation changeait un peu ? Alors qu’adviendrait-il ? Je me demande bien, j’ai peur du changement. Je soupire.

« Je pense que je foutrais tout en l’air, je ne suis pas faite pour être en couple, pas assez mature non plus pour que ça se passe bien. Si notre relation changeait il finirait par être déçu, ou pire blessé. »

J’ai plus à apporter en tant qu’amie que petite amie. Suffit de me regarder pour comprendre. Je soupire à nouveau. J’aime pas penser à des choses si déprimantes. Pourtant je ne vais pas me mentir, je ne suis pas faite pour lui. Je n’aurais rien à lui apporter. Je ne serais pas sotte au point de dire ce qui lui conviendrait le mieux, bien sûr que je ne peux pas en décider à sa place. C’est lui et lui seul qui décide de ce genre de choses.
Je reste persuadée que notre amitié pourrait durer toujours alors que si nous nous mettions en couple nous finirions par nous séparer. C’est un pressentiment qui ne me quitte pas, et s’il y a bien une chose que je ne peux imaginer c’est un futur où nous ne nous parlerions plus. Il fait partie de mon équilibre, c’est sans doute la personne qui me connait le mieux. Je ne sais même pas s’il a conscience de combien il est important pour moi.
Alors je ne veux pas prendre le risque de le perdre. Cette situation est pourrie. Vraiment. D’autant plus que je ne peux rien faire pour la… Ok si. Je sais ce que je peux faire. Si je me mets en couple avec quelqu’un d’autre il passera à autre-chose non ? BON. Officiellement je viens d’avoir l’idée la plus merdique de ma vie. Déjà d’une parce que ça le blesserait, de deux parce que ce serait dégueulasse pour la personne avec qui je sortirais qui finirait sans doute blessée aussi. De trois… Bon il n’y a pas de trois en fait, mais c’est une idée de merde. C’est tout à fait débile qu’elle me paraisse attirante alors que je SAIS qu’elle est pourrie.
Je crois que j’ai un problème avec l’amour sitôt qu’il me concerne. J’aurais aucun mal à sortir avec un étranger mais avec quelqu’un que j’aime vraiment… C’est différent. Je sais que la personne qu’on aime est celle qui peut nous blesser le plus violement, le plus profondément. Je le sais, je sens encore cette cicatrice tout au fond. Je n’en veux plus à Julien, ou quelque fut le nom qu’il porte aujourd’hui… Mais je ne crois plus vraiment en l’amour sitôt qu’il me concerne.

« Enfin, on n’y est pas encore. Le changement fait partie de la vie… Cette fois-ci je ne suis pas assez courageuse pour en être l’instigatrice. Peut-être qu’il oubliera et passera à autre-chose, peut-être qu’on s’engueulera un jour et qu’on ne voudra plus jamais se parler. Pour l’instant je profite du temps qu’on peut passer ensemble. C’est égoïste, mais c’est la seule réponse en ma possession. »

La seule qui me semble viable à plus ou moins long terme.

« Héhé. Je suis lâche parfois, et cette discution est beaucoup trop sérieuse pour être continuée sans alcool. Ça te dit ? »

Si compliqué... Les sentiments, c'est si... Complexe. Pour Alice, mais parfois, encore plus pour les autres. Oser, se lancer, tomber... La vie, c'est comme une pièce de théâtre que l'on travaille. On voudrait être ce super rôle trop cool qu'on imagine. Mais pour y arriver, il faut déjà oser, oser se mettre à nu devant les autres et surtout devant soi-même, il faut oser avancer et dire "Je vais être comme ça.". Et puis il faut y aller, pour de vrai, il faut travailler, répéter, répéter, répéter et encore répéter. Au début tout sera faux, parce que ce personnage, en général, on l'a mal cerné, et parce que ce personnage n'existera pas sans un bout de nous. Alors il faut le modifier, et s'en approcher, et puis travailler les nuances, et puis montrer le premier jet, se prendre un mauvais retour, ou une critique constructives. Et répéter. Jusqu'à trouver l'équilibre entre le personnage, et nous.

Parfois, on se trompe de rôle. Ipiu s'était peut être perdue, comme tant de personnes de Terrae. Parfois, c'était juste trop dur. Trop compliqué. Il faut commencer par un rôle plus simple. Mais oser prendre des risques.

Alice comprend les doutes qu'Ipiu ressent vis à vis d'elle même. Ils sont légitimes. Mais...

« Peut être que tu foutrais tout en l'air, peut être que tu ne devrais jamais te mettre "en couple", peut être que tu devrais inventer une nouvelle forme de relation qui t'es propre, mais tu n'as pas le droit de ne pas faire confiance aux sentiments que te porte cette personne. S'il a décidé que tu en valais la peine, s'il a décidé que tu lui apportais quelque chose, c'est le cas, tu n'as pas ton mot à dire là-dessus. Tu peux te dire que tu lui feras du mal, tu peux te dire que tu le blesseras, ce sera probablement le cas, je n'ai jamais vécu une relation où j'en sortais indemne, et l'autre non plus... Mais ça ne veut pas dire que tu n'apportes rien, Ipiu. »

Yang lui avait apporté la peur de l'alcool, la peur de l'ivresse, de la violence, comme il lui avait montré pour la première fois la douceur des mains mêlées, la confiance en elle, il l'avait rendue heureuse, et n'avait pas été blessant à son départ. Lag l'avait mise en face du problème du handicap, de l'envie d'être indépendant sans pouvoir l'être. Et il lui avait donné tant de douceur, lui avait apprit à donner complètement sa confiance. Elle avait connu Lag, qui était dans la même situation que la Tonnerre. Elle avait connu sa crainte de ne rien lui offrir, et elle l'avait affronté pour lui faire accepter le fait qu'elle voulait donner, pas nécessairement recevoir la même chose.

« Tu décides de ce que tu fais. Mais si tu te sais en capacité de donner aux autres, il est aussi en capacité de recevoir de toi. Et il a beaucoup à donner. »

. . . OOPS. Bon. Bon elle va le remarquer, mais c'était pas son pouvoir de télépathe ok. Peut être qu'elle ne captera pas qu'elle sait de qui elles parlent depuis un petit moment.
Elle finit par sourire à la Tonnerre, sa joie retrouvée.

« Je ne vois pas d'alcool, mais si tu veux aller boire un verre, je te suis volontiers. »

Elle peut tout à fait boire autre chose sans souci. Tant qu'elle ne finit pas ivre devant Alice, tout se passera bien.

Je soupire, je sais déjà tout ça… Mais dans un couple l’histoire se monte à deux, et si je ne fais pas confiance en notre avenir commun devrais-je quand même accepter de sacrifier celui auquel je crois ? Le problème ne vient pas de lui, mais de moi. J’en ai conscience depuis longtemps. Je ne suis pas faite pour être en couple, pas encore. Peut-être un jour ? Mais sans doute pas avec lui, car je ne veux pas qu’il m’attende, je ne peux pas lui promettre que dans le futur mon choix se portera sur lui.

Le truc c’est que moi j’y croit pas, j’pense pas que j’lui apporterais assez. J’pense pas qu’être en couple serait aller dans la bonne direction. Il est important, et je refuse d’accepter quoi que ce soit qui pourrait faire qu’un jour il ne fasse plus partie de ma vie. C’est un caprice, mais il est habitué avec moi. Je prends toujours plus que je ne lui donne. Notre relation est trop souvent déséquilibrée et malgré tout j’aimerais qu’elle reste comme ça.

Je ne lui dirais pas qu’il mérite mieux que moi, même si je le pense, car ce n’est pas à moi d’en décider. La seule chose que je pourrais lui dire est que je ne suis pas faite pour être en couple. C’est ma réponse, aussi lâche et égoïste soit-elle. Dans un couple je serais trop instable, je ferais du mal à l’autre en me blessant.

ATTEND WAIT. STOP ON REMBOBINE. J’la regarde estomaquée.

« D’où tu parles comme si tu le connaissais ? »

Fais pas ton innocente, j’ai capté. MERDE. Putain j’ai trop parlé, et c’est bien la première fois que je parle de notre relation particulière avec Nathou à quelqu’un… J’ALLAIS PAS EN PARLER A AARON VOUS AVEZ FUME QUOI ? Non mais sérieux j’lui fournirais JAMAIS une telle arme ! JAMAIS. A Tjay ? Non plus, c’est pas tout à fait évident de parler j’amour avec lui, il a perdu la femme qu’il aimait avant d’arriver à Terrae. Bref. Autant dire que ce genre de conversations j’les fuies comme la peste, j’aime pas mettre en avant mes cas de conscience. Je soupire à nouveau.

« Je te fais confiance pour ne pas lui parler de notre conversation, ça n’a pas l’air d’être ton genre… Ne tiens pas compte de ce que j’ai dit. Sois juste son amie… »

Celle que je ne serais sans doute plus un jour. Haha. Putain. J’vais pas être jalouse. J’échangerais cent fois nos places si je le pouvais. La sienne est bien plus confortable. Je n’ai pas envie de continuer cette conversation avec quelqu’un qui est parti-pris. Donc boire est une super-bonne idée !

« C’est normal que tu n’en voies pas, si on le laissait trainer on se ferait tout confisquer par les masters… Bien que leur réserve soit plus fournie que la nôtre ! »

Logique vu qu’ils se fournissent chez nous et stockent. Bref. Moi j’ai carrément besoin d’un remontant. C’était pourtant une bonne journée, mais maintenant je suis over stressée.

« Suis moi j’vais te montrer la planque ! »

Hrp:

Ipiu a l'air de savoir, d'être résignée. Elle peut tout à fait manquer de confiance en elle, ce n'est pas pour elle, être en couple. Pour l'instant peut être, elle verra bien plus tard. Alice ne connaissant pas le passé de la Tonnerre, elle ne peut rien lui dire de plus, et puis de toute façon, ce n'est effectivement pas une bonne idée de se mettre en couple si elle n'est pas prête. Fondamentalement, elle n'était pas du coté de Nathanaël, elle veut simplement qu'Ipiu soit bien consciente que cela vient d'elle, et que tout ne tient qu'à elle.

Elle semble le savoir, c'est pour cela qu'Alice n'insiste pas. Et puis, bien qu'Ipiu soit peut être instable, elle lui faisait confiance pour se débrouiller toute seule. Elle était grande, hein.
Et puis elle le lance son regard comme ça. OOPS. Elle l'a grillée. Alice a un léger sourire, un peu contrit, et parle plus doucement.

« Je connais Nathanaël, et même s'il ne t'as pas citée clairement... Enfin j'ai compris quoi. »

Alice secoue un peu la tête, et parle avec sincérité, comme depuis le début, mais veut vraiment marquer le fait qu'elle ne ment pas. Elle n'ira jamais parler de cette discussion à Nathanaël, il n'a pas besoin de cela. Et puis, elle ne fera rien non plus pour arranger la situation ou quoi que ce soit, c'est à eux de le faire, elle n'a rien à arranger ou quoique ce soit, ce n'est pas du tout le genre d'Alice.

« Bien sûr que non. Je continuerai normalement. Avec toi aussi. De toute façon, ce n'est pas à moi de faire quelque chose. Tu fais bien comme tu peux, et lui aussi. »

Elle lui adresse un sourire, ok, on passe à autre chose maintenant.

« Je te suis ! »

Alice se lève en souriant, fourrant carnet et crayon en poche.

Ouai et moi j’avais pas cité Nathanaël pour être certaine qu’on parlait de la même personne sans me griller. Bon trop tard. Putain Ipiu, ferme ta gueule parfois. Regrettes allez tu peux le faire. Tu ne parles jamais de cela d’habitude pourquoi il a fallu que tu ouvres ta grande gueule ? Sans doute pour rien comme d’habitude. Enfin, c’est fait c’est fait, j’vais pas lui griller la cervelle pour si peu (même si c’est tentant hein ?) je suis pas comme ça. J’assumes ABSOLUMENT (pas) cette situation. C’est l’un des grands échecs de ma vie j’dirais, pas avoir su gérer cette situation avant qu’elle me pète à la gueule…

Que voulez-vous ? je suis une pétasse, j’fais partie de ces filles qui croient en l’amitié et qui pense qu’on a pas besoin de baiser pour être proches. J’dirais même que baiser éloigne les gens parce que ça met une histoire de bite dans une histoire de sentiments. Autant dire que ça détraque tout. Quoi ? Comment ça ? Un couple ne se résume pas à des coucheries ? Non mais sérieux les gars, ouvrez les yeux, si vous couchez pas avec votre chum il n’y a pas de différence entre ami et amant.

Exemple numéro un Aaron et Gaetano : quand ils ont arrêté de baisé ils ont plus été amis et ils ont plus été amants. Exemple numéro deux : Herrmione dans HP, elle est plus proche de Harry mais elle couche avec Ron donc elle sort avec Ron… Exemple numéro trois, trouvez-le vous-même j’vais pas vous prémâcher tout le travail quand même. Et puis j’ai épuisé mon stock de mauvaise foi pour la soirée, repassez demain.

« Par ici ! » je dis en l’entrainant vers ce qu’il semble être un placard comme les autres dans le couloir.

Je regarde à droite, à gauche.

« Fait le guet ! »

J’entre dans le placard, je déplace le faux fond d’une armoire et je sors deux bouteilles de bière. Il y a plus fort et elles mériteraient d’être fraiches, mais j’connais pas les limites hydro-alcoolique d’Alice donc, on va commencer en douceur… ok je repose les bières et je sors la vodka. J’vais pas lui griller les neurones pour qu’elle oublie notre conversation mais il y a d’autres moyens d’y arriver sans trop de problème… Si vous voyez ce que je veux dire… ok ouai mais elle oubliera aussi mes conseils. Tant pis ce sera les bières, les bières c’est bon…
Non mais en vrai je suis pas gentille vous fiez pas aux apparences.

Je ressors du placard après avoir tout remis en place, j’sais plus qui a initié cette planque mais elle est bien pratique. Je tends la moitié du butin à la brune :

« A la tienne ! »

Alice sent le malaise d'Ipiu, plus qu'elle ne le voit. Des petits éléments de tension entre elle, sans nécessairement avoir de lien avec elle directement. La situation doit échapper à la  Tonnerre, comme celle d'Alice lui échappe. Ce genre de relation, de toute façon, ne se dirige pas, et dans leur deux cas, ne sont pas stable, malgré les apparences souvent très trompeuses. Ipiu se mentait beaucoup, avait trop peu de confiance, surtout en elle, mais Alice ne se permettrait pas de juger sa décision. Personne mieux qu'elle ne pouvait décider de ce qu'elle devait faire, et Alice avait suffisamment à réfléchir seule. La Terre n'ajoute rien.

Elle suit Ipiu jusqu'au placard, puis attend patiemment, faisant attention aux bruits qui l'entourent. Heureusement, aucun bruit particulier ne se présente. Elle se demandait, même si Terrae se trouve au Japon, si la majorité était à 18 ou à 21 ans ? L'Institut respectait-il toutes les règles du pays, malgré l'enfermement sur lui-même qu'il représentait ?
Elle attend, entend le tintement des bouteilles. Ipiu met un peu de temps avant de se décider puis ressort du placard. Elle tourne la tête vers elle, et lui sourit, amusée. Elle attrape la bière, et lui sourit.

« A la tienne ! »

Elle lève un peu sa bouteille, et boit une gorgée. La Terre continue de regarder autour d'elle. Elle ne sait pas qui a eu l'idée de cette planque. Un Tonnerre sans doute, c'est bien leur genre, mais elle ne saurait dire lequel. De toute façon, elle ne sera d'aucune utilité à Alice. Si elle boit un peu ce soir, ce ne sera que très peu pour commencer, et c'est très clairement pour faire plaisir à son amie, rien de plus.

Elle n'aime pas spécialement le gout qui reste dans la bouche, mais le début est bon, et puis les bulles c'est chouette comme sensation. Elle s'adresse à Ipiu sans la regarder, concentrée sur autre chose, puis finit par la regarder pour attendre sa réponse.

« Cela fait longtemps qu'elle existe, cette planque ? »

Les chopes constituées de bouteilles teintent alors qu’on s’éloigne guillerettes de la planque. J’aime cette planque, j’la ravitaille bien plus souvent que je ne la vide ces derniers temps, mais elle m’a été d’un grand secours il y a quelques années quand l’envie de m’échapper était devenue plus forte que celle de rester moi-même. J’lui dois beaucoup à cette planque, celle de m’avoir permis de m’évader sans partir. J’étais plus drôle à cette période… J’ai vaguement le souvenir d’avoir couru à poil dans la forêt en gueulant que j’étais une licorne. C’était particulièrement con, mais étrangement je me sens nostalgique de cette période.

Avant, je pense que j’aurais pu aimer… Mais que je m’en serais grave voulu, parce que Julien était mort par ma faute. Alors aimer quelqu’un d’autre c’était le trahir… Hahaha. Combien de fois j’ai eu cette conversation avec Lucky ? C’était le grand n’importe quoi en fait. Si j’avais su à cette époque que Julien n’avait existé que pour moi…

Je bois une gorgée de l’amère boisson. Elle roule sur ma lippe et j’en savoure l’arôme. Ce n’est pas une bière sophistiquée, pas une bière compliquée, mais elle fait le job. Elle désaltère et elle pourrait enivrer si j’en buvais deux pacs ou trois. Le 6,5% c’est du pipi de chat… Mais j’suis pas certaine que la terre réussisse à survivre à plus. Je peux l’imaginer boire, mais je ne la sens pas… Je sais pas, poussée sur la boisson ? Un truc comme ça.

« Je sais pas vraiment, depuis que je suis ici j’dirais ? A coup sûr deux ans et demi, plus je saurais pas dire… »

Oui je fais partie de toute les combines foireuses, j’vous laisse juger. Après tout j’vous emmerde, j’essaie de profiter de la vie avec les cartes qu’on m’a donnée et j’ai pas eu le meilleur jeu du monde. Alors laissez-moi profiter de ces instants de frivolité. Boire, rire trop fort et vivre à en mourir.

Nous ne restons par la suite pas longtemps ensemble, nous avons toutes deux des obligations qui portent le sombre nom de « sommeil réparateur avant journée de labeur. » La nuit a progressé au fil de notre conversation. Cette dernière me laisse un étrange sentiment, celui de quelque-chose de manqué, comme si je n’avais pas su voir quelque-chose sous mes yeux. J’essaie de ne pas trop y penser, de ne pas m’appesantir sur la question. On verra plus tard.

HRP: