## Ven 24 Fév 2017 - 21:00 | ||
Aidan Martin Messages : 44 Date d'inscription : 30/10/2016 | J'ai toujours eu horreur des psychologues. Leurs questions pièges, leur motivation retorde, leur volonté de savoir qui l'on est dans le seul espoir de nous aider. Laissez-moi dans mon trou de silence, je n'ai pas besoin de héros en cape blanche. Plutôt suffoquer dans le noir que brûler face au soleil. « Commençons donc Mr. Martin. Comment allez-vous ? » Le cuir du fauteuil grinça légèrement alors que mon esprit revenait dans la pièce. La question est simple, mais sa forme décorée. Il appuie sur ‘Mr' et le ‘vous', il feint le respect pour m'amener à lui. Belle ouverture pour la danse. « Plutôt bien, il faut dire que le temps s'y prête. » Un demi-pas en avant suivi d'un pas en arrière. Un léger sourire en coin s'imprima sur son visage révélant une canine étincelante. Le bal commence. « C'est bien vrai. Cela doit vous rappeler l'Angleterre n'est-ce pas ? » Il suit mon pas, seulement pour me faire glisser vers lui. Qu'il tente de mener, on débute à peine après tout. « Mes souvenirs sont plus marqués par sa grisaille que son soleil malheureusement. » Je glisse sur la droite et colle mon épaule à la sienne. Il va relier le mauvais temps à ma vie et me parler de ma relation avec l'extérieur. L'école sûrement. « J'imagine que c'est pour cela que vous passiez vos recréations dans la bibliothèque ? » Il m'enserre de son bras gauche et recule sa jambe tentant de me faire suivre le pas. Il se trouve exactement où je voulais qu'il soit. Je vois qu'il a bien pris le temps de lire les rapports fait par ses prédécesseurs. C'est bon à savoir. « J'ai toujours aimé la compagnie des livres, ils apportent un peu de calme dans ma vie » Je l'enserre à mon tour et fais un demi-tour l'emmenant avec moi. Puis j'avance une jambe le forçant à reculer la sienne. Je mène désormais. Là il devrait glisser sur l'instabilité de ma famille ou se cramponner sur l'école. « Un calme nécessaire après le départ de votre père je me doute ? » Sa jambe glisse en arrière alors qu'il s'arque sur mon bras, prêt à basculer. Il tient tant à me faire parler qu'il se laisse prendre au jeu. Au moins il sera simple à achever. « Sûrement, j'imagine que les gens posés évitent de prendre leur vie. » Je m'approche et laisse mon bras glisser le long de son dos alors que son corps s'abaisse de plus en plus. Maintenant il va sauter sur le sujet que je lui présente avant qu'il ne s'enfuit. Il va même peut être prendre cette révélation pour un rapprochement. « Je suis heureux que vous abordiez ce point, Mr. Martin. J'aurais aimé que l'on parle de ce qui vous a poussé à cela. » Il se détend et se laisse tomber dans mes bras, ne dépendant plus que de ceci pour se maintenir. « Eh bien, il semblerait que vous connaissiez déjà beaucoup de choses sur ma vie. J'imagine que vous saurez tirer des conclusions par vous-même. » J'écarte les bras et le laisse s'effondrer au sol. Une prochaine fois peut être. Alors qu'un lourd silence commence à s'installer, je me relève dans un crissement de cuir. « À une prochaine fois docteur. Bonne journée ! » Je disparus de la pièce dans une dernière révérence. |
## Jeu 2 Mar 2017 - 18:46 | ||
Adélaïde Hamilton E. Messages : 628 Date d'inscription : 07/05/2016 Age : 25 Emploi/loisirs : En apprentissage de la vie, je crois. Humeur : Erm... On fait ce qu'on peut? | - Adélaïde Hamilton ? Je jette un regard froid au médecin qui vient de m’appeler. - Juste Hamilton, répliqué-je sèchement. Il hausse un sourcil, puis des épaules. - Vous pouvez me suivre ? Je me lève et suis l’homme d’un pas posé. Nous entrons et je sens mon ventre se nouer. Je n’ai pas vu de médecin depuis le foyer, depuis que je ne peux plus être touchée sans être emplie de dégoût. Il commence par me mesurer, me peser. J’ai repris un bon poids depuis mon arrivée, m’affirme-t-il. Je le sais, je ne fais plus peur à voir. Les tests suivants se passent bien. Il me conseille d’arrêter de fumer, évidemment, ou d’au moins diminuer. Je hausse les épaules. Sinon mon corps va bien, je le sais. La seule maladie qu’il puisse avoir est le dégoût des autres corps, et cela, le médecin n’y pourra rien. S’en suit la visite psychologique. Je n’ai jamais vu un psychologue. Je le réalise soudain. Comment cela se passe-t-il ? Que vais-je devoir dire ? Chacun de mes muscles est tendu à bloc. Je me sens attaquée. J’ai l’impression que chacun de mes masques est agressé en une tentative de les faire tomber. Alors je dresse un nouveau mur bien plus épais que le précédent fragilisé par mes diverses rencontres et passe enfin la porte de la psychologue au visage empli d’une chaleur accueillante… Si elle croit m’avoir. - Vous pouvez vous asseoir, mademoiselle Hamilton. Je m’exécute en replaçant une boucle qui tombait sur mon visage. Je croise mes jambes et pose mes mains sur mes genoux, l’une sur l’autre, le regard braqué dans celui de la femme qui me fait face. Des questions se disputent dans mon esprit. Ma position dit-elle quelque chose sur moi ? La psychologue tente-t-elle, actuellement, de m’analyser simplement par mon comportement ? Que va-t-elle me demander ? Je parviens à contenir ces questions derrière mes lèvres closes. Je ne veux pas qu’elle voit ma nervosité, alors je détends mon visage, lui adresse un mince sourire auquel elle répond. - Comment allez-vous, mademoiselle Hamilton ? - Bien. La femme hausse un sourcil. Peut-être attendait-elle une réponse plus développée. Cela ne l’empêche néanmoins pas de relancer la conversation. - Depuis combien de temps êtes-vous à Terrae ? - Depuis mai 2016. - Dans quelques mois cela fera un an alors. - Vous êtes bonne en calcul, lâché-je abruptement. - Et vous en répartie. Je n’ajoute rien. Nous ne sommes pas ici pour jouer au ping-pong verbal, si ? Pour cela, merci mais j’ai Ys. La psychologue laisse quelques secondes de silence avant de reprendre : - Avez-vous l’impression que vous avez évolué durant les derniers mois ? - Bien sûr que j’ai évolué. Qui n’évolue pas quand le temps passe ? - Les gens qui vont mal. - Ils évoluent aussi, ils s’en sortent ou s’enfoncent. Croyez-moi, je suis bien placée pour le savoir. La femme joue la patience, cherche un autre angle d’attaque. - Pouvons-nous discuter ce qui vous a amené à Terrae ? - Aies-je vraiment le choix ? - Vous avez toujours le choix. Vous pouvez vous lever et vous en aller. J’écrirai sur votre dossier que vous n’êtes pas ouverte à la discussion, que vous êtes trop méfiante, tant que cela en devient préoccupant. Que vous aurez probablement besoin d’autres séances jusqu’à ce que l’on soit certain que vous n’êtes pas instable. Ou bien vous me montrez que vous ne vous êtes pas enfoncée et qu’au contraire vous vous en sortez. - Vous avez l’art de la rhétorique. - Est-ce qu’on est là pour parler de moi ou de vous ? - Vous savez déjà quelle serait ma préférence. - Vos mots sont froids mais votre visage est neutre, pourquoi ? - Parce que j’ai naturellement l’air blasé ? - Je n’en serais pas si certaine. - Vous ne me connaissez pas. - Certes. Donc les raisons de votre arrivée à Terrae. - Mon père s’est suicidé. J’ai été rejetée de ma famille. Ma mère est une prostituée, cela ne passe pas très bien dans une famille noble. J’ai fini en foyer. Un de ceux pour enfants pauvres, vous savez ? Les bâtiments qui partent en lambeau parce qu’il n’y a pas les moyens de les entretenir, des employés sous-payés qui du coup ne font pas bien leur travail, des gamins rejetés par la société et qui se vengent les uns sur les autres, qui apprennent alors qu’ils ne sont qu’adolescents que rien n’est gratuit, que tout s’échange, s’achète, et pas forcément avec de l’argent. Satisfaite ? La psychologue gratte quelques mots avant d’hocher de la tête. Une fraction de seconde, mon regard perd de sa neutralité et laisse se peindre le dégoût des souvenirs. Mais à peine la femme a-t-elle relevé la tête que mes yeux retournent à leur état d’un naturel blasé. Je ne veux pas qu’elle voit que mon passé continue de me hanter. - Êtes-vous en contact avec votre mère ou une partie de votre famille aujourd’hui ? Grimace intérieure. Je n’ai pas envie d’y répondre. Mais de toutes façons, elle le saura assez vite. - Je n’ai jamais communiqué avec ma mère. J’ai une demi-sœur. Si ce n’est pas déjà le cas, vous la rencontrerez bientôt je pense. Une leur surprise traverse les yeux de la psychologue. - Comment ça ? - Elwynn Evrard. Elle est à Terrae. - Pourquoi ? - Qu’en saurais-je ? Mon ton est plus agressif soudain et la femme passe une main nerveuse dans sa nuque. Nous sommes deux à nous être laissées emporter. Elle par la curiosité due à l’étonnement, moi par l’agacement que me donne le fait de savoir cette demi-sœur ici. - Je ne lui ai parlé qu’une fois. Depuis, nous ne nous sommes pas revues. Ce n’est pas un sujet où je pourrai vous donner beaucoup d’informations. - D’accord. La psychologue prend une nouvelle fois quelques notes, puis reprends la parole : - Avez-vous réussi à vous lier un peu aux autres, depuis votre arrivée ? - Oui. Oui, cela, je l’ai réussi. J’ai Nicolas. J’ai Ys. J’ai Ariana. Et surtout, Alice. - Pouvez-vous développer ? J’acquiesce. Cela, oui, je peux en parler. - J’ai quelques amis. J’ai fait un voyage en Russie avec l’un d’eux. - Un voyage en Russie ? - Oui. Gagné à la tombola. - D’accord. Qu’en est-il des autres ? - Eh bien… Il y a cette fille. J’ai dû mal à croire que nous puissions être amies. - Pourquoi ? - Nous sommes des opposées. Elle est toujours en pleine forme, à parler fort, sans s’arrêter, à sauter sur tout le monde pour leur faire des câlins… - Et pourtant vous ressentez de l’affection pour elle. Je hausse des épaules. - Je la supporte sans trop de mal en tout cas. Elle est d’une gentillesse vraie, je crois. Et c’est rare, les gens d’une gentillesse vraie. - En effet. Elle semble attendre que je continue. Je ne sais pas quoi ajouter, alors je me tais. - Et cet ami avec qui vous êtes allée en voyage ? - Oui ? - Qu’est-il pour vous ? - Un ami… ? J’ai du mal à saisir où elle veut en venir. - Il a été mon premier ami ici, alors il est important pour moi. C’est tout. Je ne lui dirai pas que je suis inquiète pour lui, que j’ai peur qu’il sombre, qu’il plonge trop profondément. S’en sortir ou s’enfoncer, hein ? Je n’ai pas envie de lui en dire plus. Ainsi, une nouvelle fois, je ne dis plus rien. - Quelque chose à ajouter ? Elle commence à m’énerver, à vouloir creuser plus là. Oui, j’ai du mal avec les relations. Et alors ? Je croise les bras et réponds négativement de la tête. Je pourrais ajouter Ys dans cette liste d’amis, mais que veut-elle que j’en dise ? Nous nous amusons, nous rions. Voilà. Quant à Alice, elle peut toujours rêver pour que j’en dise un mot. Mes relations ne regardent que moi, en quoi ces informations lui seraient-elles d’une quelconque utilité ? - Bien. Réussissez-vous à suivre les cours ? J’ai lu dans votre dossier que vous n’aviez jamais été dans un établissement scolaire ordinaire. - Ah. Vous appelez donc Terrae un « établissement scolaire ordinaire ». - Voulez-vous bien arrêter de jouer sur les mots ? Elle m’agace. - Non, en effet, je n’ai jamais été dans un « établissement scolaire ordinaire » comme vous dites. Mais oui, je me fais au cours. - C’est votre dernière année ? - Oui. - Savez-vous ce que vous souhaitez faire l’année prochaine ? Un blanc. Je n’y avais jamais pensé. Quelques minutes de silence suivent sa question. - Mademoiselle Hamilton ? - Je ne comprends pas pourquoi vous me posez cette question. Ni les autres d’ailleurs. Ce n’est qu’en partie une tentative de perdre du temps. Où veut-elle en venir, avec toutes ses questions ? La femme m’adresse un sourire doux et répond calmement. - J’avais besoin que vous me parliez de votre passé pour savoir si celui-ci était accepté ou non. Les questions sur vos amis avaient pour but de vérifier que le cadre que vous vous êtes construit ici est stable, que vous n’êtes pas seule ou mal accompagnée. Quant à votre scolarité et votre futur, j’ai besoin de savoir si vous vivez bien votre adaptation à un nouvel environnement et si vous avez des projets, savoir où vous en êtes pour savoir si vous êtes stable. J’acquiesce. Ok, j’ai compris. Elle est logique, en fait, cette femme. - Je ne sais pas ce que je veux faire l’année prochaine, réponds-je sincèrement. Je travaille depuis peu dans un café en tant que serveuse mais… Je laisse ma phrase en suspens, ne sachant comment formuler la suite. - Mais… ? m’encourage-t-elle. - Mais je ne veux pas faire cela toute ma vie. - Avez-vous déjà pensé à faire des études ? - Non. Gamine, ce n’étaient pas mes préoccupations. Nous avions de l’argent sans que mon père ne travaille, je ne pensais même pas à ce que je ferais une fois adulte. Puis il y a eu le foyer, et j’ai perdu tout espoir en l’avenir. Mon masque tremble. Mon masque se fragilise. Je réalise que je manque de confiance en moi à ce niveau-là aussi. Je ne me crois pas capable de suivre des cours à la faculté. Ce n’est qu’au prix de grandes difficultés que je parviens à maîtriser mon visage. - D’accord. Elle prend quelques dernières notes avant de se lever. - Merci mademoiselle Hamilton, vous pouvez disposer. - Au revoir. Je sors et referme la porte derrière moi, vidée. |
## Sam 4 Mar 2017 - 13:34 | ||
Asbjorn Andreassen Messages : 340 Date d'inscription : 25/09/2016 Age : 25 Emploi/loisirs : Faire des trous dans tes tshirts ♥ Humeur : Mon sourire ne disparait jamais. | Tu rentres dans la pièce par habitude. T’en as toutes les semaines, des rendez-vous psychologiques et les examens médicaux réguliers que tu as eus lorsque tu étais à l’hôpital font que tu n’es pas nerveux pour un sou. Comme toujours, on t’affirme que ta tension est un peu élevée. Comme toujours, tu réponds par un petit sourire. A la question « Êtes-vous d’un tempérament naturellement anxieux ? », tu ris doucement. - Moi ? Jamais ! Le médecin te regarde d’un air peu convaincu puis secoue sa petite tête fatiguée des mensonges de ses patients. Le pire, c’est que tu y crois toi, à ton caractère détendu de base. Pourtant, ce ne sont pas les sourires qui font que l’on n’est pas nerveux, Asbjorn. Un jour, il te faudra bien arrêter de vivre dans le déni. Enfin, l’examen se passe bien. Tu es toujours un poil trop maigre, mais ce n’est plus inquiétant. L’homme pose un œil critique sur tes cernes, mais au fond, un sommeil agité n’est pas le plus grave que l’on puisse voir à Terrae alors cela ne le préoccupe pas outre mesure. Tu passes ensuite des mains du médecin à celles de la psychologue. Une jolie rousse t’accueille et t’invite à t’asseoir sur une chaise disposée face à un bureau. La pièce est propre, trop propre à ton goût. Une ou deux affiches sur des conseils de santé constituent la seule décoration et l’unique odeur présente est celle diffusée par un petit appareil posé sur l’une des étagères où se trouvent quelques livres médicaux. - Vous devez déjà avoir pas mal de choses sur moi, non ? Je viens toutes les semaines consulter l’une des psychologues de l’hôpital. - En effet. Mais j’ai tout de même quelques questions, certains points à approfondir. - Comme vous voulez ! Par quoi j’attaque ? Tu lui offres ton sourire un peu tordu. Le visage de la femme, bien qu’agréable à l’œil, est fermé. T’aimerais bien la dérider un peu. Mais le regard de la psychologue vient trouver des notes qu’elle tient déjà dans ses mains sans laisser les coins de ses lèvres bouger ne serait-ce que d’un millimètre. Quelques secondes de silence passent et tu reprends vite la parole, combles ce blanc qui te parait insupportable. - Vous voulez que je parle du pourquoi je me suis drogué ? Après tout, c’est la raison pour laquelle je suis à Terrae. Ce n’est pas bien compliqué. J’ai vu des gens aller mal, ne pas pouvoir se relever après avoir dérapé, et je l’ai pas supporté. J’ai du mal à saisir comment on peut le supporter. C’est pas facile de voir chaque jour des groupes entiers de personnes se taper dessus, s’enfoncer les uns les autres. Mais je vais mieux, hein ! Mon corps répond pas toujours présent parce qu’il est fragile, mais ça va. C’est- - Monsieur Andreassen, te coupe soudain la femme en posant des yeux étonnés sur ton visage. Pouvez-vous vous concentrer sur une chose à la fois ? - Oui. Désolé. J’aime pas les silences. Ta psychologue habituelle n’en laisse pas. Vous discutez de ta vie, de tes ressentis sans que des blancs ne s’installent. Les propos fusent, elle suit ton rythme, a compris comment tu fonctionnes. Tu n’es même pas sûr d’avoir un jour eu à lui dire que tu ne supportais pas ces silences interminables. - Pourquoi ne les aimez-vous pas ? Tu hausses des épaules avec un petit sourire. - Ils sont oppressants. - Ça ne répond pas vraiment à ma question. Pourquoi les trouvez-vous si oppressants ? - En prison, un silence est pas forcément bon signe. C’est que quelque chose se passe, pas toujours cool. Quand tout va bien, faut toujours réclamer de baisser le volume parce que trop de détenus entassés dans des locaux trop petits, c’est bruyant. Et puis, dans la rue, il y a toujours du bruit. Des voitures qui passent, des gens qui parlent, quelqu’un qui met de la musique un peu fort chez lui… On s’y habitue vite. Le silence me réveillait quand j’arrivais à m’endormir. Il me rendait nerveux. - Pourtant, le silence aurait pu vous être utile, non ? - Comment ça ? - Si j’ai bien lu, vous vous êtes pris des coups. Le silence vous aurait permis d’entendre les personnes venir. Tu laisses un rire t’échapper. Elle te regarde comme si tu étais détraqué. - Je m’en foutais de me faire tabasser, m’dame. C’était devenu une habitude. Les coups de couteau valaient le coup si j’avais ma drogue. J’étais une loque, je sentais rien. J’étais toujours perché de toutes manières. La douleur, elle disparaissait quand j’enfonçais ma seringue dans le même bras qui était tailladé. Et puis on me prenait pas en traitre. J’arrivais, je récupérais ma came, si j’avais pas la thune on me cognait. Chaque jour le même rendez-vous jusqu’à ce que je ramène l’argent. J’étais un de leur meilleur client, alors ils prenaient pas le risque de me laisser aller voir ailleurs en commençant à attaquer dans le dos. Puis j’me laissais faire, ça les arrangeait de pas avoir à me courir après. T’as dit tout ça avec le sourire, avec un ton doux, trop doux par rapport à tes propos. C’est comme si tu te regardais d’en haut, que t’avais jamais vécu tout ça. Comme si celui qui se faisait frapper n’était qu’une enveloppe vide, et que son contenu s’était échappé pour ne pas être touché. Tu devrais être brisé comme ton corps l’a été, mais tu as tellement fui la réalité qu’elle ne parvient plus à te rattraper. - Pourquoi souriez-vous tout le temps ? - Parce que ça fait du bien, de sourire. Ce que je voudrais vous demander, c’est pourquoi vous, vous ne souriez pas. Ça fait du bien à soi, et ça fait du bien aux autres. J’ai pas un joli sourire, j’ai jamais su sourire correctement, comme il faut. Mais au fond, je SAIS sourire. Je SAIS faire ce sourire qui rend heureux, qui donne du bonheur. Alors j’en profite. C’est utopique, pas besoin de me le dire. Mais j’aime que les gens se sentent bien avec moi, se détendent, s’apaisent. Et je sais que mon sourire y est pour beaucoup. C’est simple de me faire confiance, parce qu’on me prend pour un benêt avec mon sourire à la con. Le mec pas forcément malin à qui on peut raconter sa vie et ses douleurs sans qu’il ne juge parce qu’après tout, il est un peu bête non ? Je m’en fous que les gens fassent ça pour cette raison, tant qu’ils vont mieux et qu’ils se libèrent, je suis satisfait. Elle t’observe un moment puis passe une main sur son visage. - Vous allez- - Oui, je vais me faire du mal, la coupes-tu en riant doucement. On me le dit tout le temps et je me suis déjà fait du mal quand j’ai échoué. Mais ça aussi, c’est pas grave. Je me ferais encore plus de mal si je n’essayais pas. La rousse pousse un léger soupir, griffonne quelques mots puis reprend en plongeant ses yeux dans les tiens. - Vous n’avez pas parlé de votre sourire ou votre haine des silences dans vos autres séances. - C’est pas venu sur le sujet. Ma psy a dû se dire qu’il valait mieux connaitre ma vie passée et celle à Terrae sans aller trop loin pour le moment pour que je sois en confiance. C’est pas venu sur le sujet en tout cas. Mais maintenant, elle m’en parlera je suppose puisqu’elle va avoir ce rapport entre les mains. C’est pas un souci, je m’ouvre facilement. - Ou du moins, vous avez l’air. - Comment ça ? - Les personnes s’ouvrant aussi rapidement cachent parfois bien des choses, à elles-mêmes souvent. - Oooh, ainsi je serais un tel mystère et non pas le benêt de Terrae ? Fugacement, ses lèvres s’étirent en un éclair amusé, puis elle reprend son air professionnel. - Mais non, monsieur Andreassen, vous n’êtes pas un benêt. - Tant de gentillesse. D’autres questions ? - En soit, non. De toutes façons, vous allez avoir d’autres séances avec votre psy habituelle. Vous n’êtes pas totalement stable, n’est-ce pas ? - C’est certain. Mais comprenez que ma stabilité dépend de celle des autres. Et à Terrae, la stabilité des personnes n’est pas ce qui les caractérise, n’est-ce pas ? Il te faudra pourtant bien faire avec, Asb. Tu ne pourras pas vivre constamment de cette manière bancale à laquelle tu t’es habitué. La femme pose une dernière fois ses yeux sur toi avant de te dire que c’est bon, tu peux partir. - Prenez-soin de vous, monsieur Andreassen. - C’est une évidence. La porte se referme sous le regard soucieux de la rousse. |
## Sam 4 Mar 2017 - 13:38 | ||
Oksa Skily Messages : 324 Date d'inscription : 19/09/2012 Age : 25 Emploi/loisirs : Etre ermite. Humeur : Mieux quand tu m'auras lâchée. | Oksa en a marre. Oksa est fatiguée. Oksa, elle voudrait qu’on lui fiche la paix, qu’on la laisse se mettre en boule dans son lit et disparaitre sous sa couette. Mais elle doit se lever. Elle doit aller manger. Elle doit se laver. Et même pour ça, elle n’a plus la force. Et encore, s’il n’y avait que ça, mais Oksa, elle doit aussi aller voir un psychologue, une fois par semaine, pour voir si elle est stable depuis son Etoilisation, depuis que son œil est abimé, depuis qu’elle s’est brisée elle-même. Mais l’Air n’a plus l’envie de parler, alors durant les séances elle se tait, ne répond que par oui ou non, de la tête. De toutes manières, trop peu utilisée, sa voix est rauque et faible. Alors une fois par semaine, le psychologue se confronte à la jeune fille aux cheveux bleus et au regard vide. Il tente, pose des questions, mais n’obtient rien en réponse. Et aujourd’hui, Oksa doit voir une nouvelle personne, ainsi qu’un médecin. Elle n’a plus la hargne de se battre, alors elle est docile, Oksa. Elle passe à la douche et enfile des vêtements propres. Elle irait presque jusqu’à manger un morceau avant de se rendre à son rendez-vous. Presque. Parce que quand elle voit le monde qui s’y trouve, elle fait demi-tour et change d’avis. Elle se rend directement à l’hôpital. Elle patientera sur les bancs en attendant que la bonne heure arrive, tant pis. Elle marche lentement, Oksa, parce qu’elle se sent déstabilisée. Elle s’y serait depuis habituée, à cette vision maladroite, si elle avait fait l’effort, si elle était sortie. Mais à trop rester enfermée, à toujours faire les mêmes trajets, elle ne les a pas faits, les efforts. Elle connait par cœur les rares chemins qu’elle emprunte et pourrait les faire les yeux fermés. Mais enfin, la fille aux cheveux bleus arrive à l’hôpital et s’assoit sur l’un des bancs libres. Elle est comme hermétique au monde qui l’entoure. Elle ne regarde pas ceux parmi qui elle s’est installée, n’entend pas leurs bavardages, leurs rires ou leurs plaintes. Elle attend, tout simplement, que les secondes s’écoulent et deviennent les minutes qui la mèneront jusqu’à l’heure de son rendez-vous, la rapprochant un peu plus de la fin du calvaire et du retour au nid. Et finalement, elle peut se lever et rejoindre le lieu des visites médicales. Elle laisse le médecin l’examiner, lui poser des questions. Elle répond à peine, de la tête lorsqu’elle le peut. Elle doit prendre la parole trois fois, peut-être quatre. Elle est vide de mots, Oksa. La psychologue l’accueille. Elle a bien lu qu’Oksa n’est pas ouverte à la conversation, qu’elle accepte aujourd’hui d’écouter, contrairement au début où elle fuyait ses rendez-vous hebdomadaires, mais qu’elle ne veut pas partager. Elle appréhende un peu. Les patients avares de paroles sont épuisants, il faut sans cesse les stimuler. Et en voyant entrer la jeune fille, une pierre tombe dans son estomac. Même de visage, Oksa est fermée, comme ses lèvres qui resteront closes. La femme pose quelques questions, tente de réveiller cet esprit éteint. Mais la flamme ne se rallume pas, et la bouche est scellée. « Comment vivez-vous votre Etoilisation ? ». Haussement d’épaules. « Qu’en est-il de votre léger handicap à l’œil ? ». Nouvel haussement d’épaules. Une dizaine de questions y passent sans rien obtenir d’autre qu’une réponse corporelle. Enfin, la psychologue, lassée, en laisse échapper une dernière. « Pouvez-vous au moins prononcer un mot ? ». Oksa plonge ses yeux violets dans les siens, ceux-là même qui se perdaient avant dans le mur derrière la femme. Un sourire triste étire ses lèvres alors qu’elle répond non de la tête. Elle n’a pas le courage d’essayer de parler. Elle a fait un mince effort avec le médecin, qui lui a paru le plus dur qu’elle ait eu à faire depuis longtemps. Elle ne recommencera pas, elle n’en a pas le courage, pas l’envie. Elle pense à son lit, à son repos bien mérité. La psychologue gratte quelques mots puis se lève en invitant Oksa à sortir. Elle n’en aura pas tiré un mot, pas une nouvelle information. Elle soupire, et invite le prochain Terraen à entrer. |
## Dim 5 Mar 2017 - 23:33 | ||
Alice Borges Messages : 1054 Date d'inscription : 01/08/2016 Age : 26 Emploi/loisirs : Créer des activités artistiques pour les Terraens ♥ Humeur : Y'a un village là-bas, on dirait la mer. | De nouveau assise sur une chaise, le regard dans le vague, sourire éteint, coude posé sur le fenêtre. Elle rêve. On doit répéter deux fois son prénom pour la faire sortir de ses pensées. Elle se tourne, se lève, et sourit. « Alice Borges, c'est moi. Pardon. » Elle s'approche et serre la main de la psychologue, puis elle la suit. Alice est calme, elle obéit à ses obligations sans que cela la gêne. Elle n'a jamais rencontré de réelle psychologue, en dehors de sa rencontre avec Aoi, par erreur. Arrivée dans la salle, on la pèse, la mesure, prend sa tension. Tout a l'air d'aller bien. Alice a toujours été bien, physiquement au moins. Dans les normes de santé. Pas plus pas moins. Finalement, elle s'assoit en face de la dame, qui prend un carnet, et commence à regarder le dossier d'Alice. « Bien Alice, comment vous snetez-vous en ce moment ? » « Je me sens bien. » « Vous vous sentez bien. Vous êtes arrivées à Terrae il n'y a pas si longtemps, non ? » Hochement de tête. « Août 2016. Mon arrivée est plutôt récente en effet. » « Et qu'est-ce qui vous a fait venir à Terrae ? » Question maladroitement posée. « L'Appel d'un Master. Mais je sais que vous voulez parler de mon Vide. Je suis ici parce que j'ai perdu mon père en perdant ma mère. Mon père a sombré dans la tristesse et le mutisme lorsqu'elle est morte. Et cela m'a rendue très triste. Le reste comme ma rencontre avec un jeune garçon alcoolique n'a pas aidée, ni la mort lente mais brutale d'un autre garçon. » Et Alice sourit. Parce qu'Alice a accepté, bien qu'elle ait vécu le Vide, la perdition dans les profondeur du désespoir, Alice s'en est sortie presque seule, étant pleine d'espoir et de positif. Le visage pensif de la psychologue ne la lâche pas. « Mais vous allez bien, alors que tout ceci est récent. » « Oui... Est-ce qu'il y a un problème ? » La dame ne sait pas trop quoi répondre. Alice sourit toujours, pour la rassurer. « Comment vous en êtes vous sortie alors ? Vous vous êtes fait des amis un peu, à Terrae ? » « Parce que c'est comme cela. Parce que les gens ont des faiblesses, parce que les gens meurent, que c'est inévitable. Une fois que l'on nait, on va forcément grandir, rencontrer des gens, et mourir. Ce n'est pas triste, c'est seulement la réalité du monde, il ne nous reste plus qu'à en retirer le meilleur, à offrir toute notre positivité aux autres. Au reste. Mais oui, je me suis fait des amis. Enfin, de bonnes connaissances... Et des amis. » Alice donnait rapidement sa confiance. Mais il y avait Ipiu, cette drôle de rencontre qu'elle affectionnait, Aidan, le garçon calme, Angie, désespoir dans l'offrande des autres, Houston, qui avait tant à lui apprendre, et vice versa, Oksa, lectrice timide. Et puis il y avait Nathanaël, le Terre qui ressemblait de plus en plus à un ami très proche, et évidemment, il y avait Hamilton, la plus étrange et intense de toute ses rencontres. « Vous vous sentez proche d'eux ? Vous vous sentez bien avec eux ? » De nouveau, hochement de tête. Cette fois-ci, Alice semble plus heureuse encore. « Plus ou moins en fonction, mais oui. Et je me sens très bien avec certains d'entre eux. » Elle regarde la dame noter, écrire, un peu perdue dans les dires si francs d'Alice. Elle relève la tête, et se mordille les lèvres. Elle s'apprête à poser une question délicate, elle le sent. « Votre mère vous manque-t-elle ? Et votre père ? Vous songez parfois à de mauvaises choses, vous avez des idées noires ? » Alice répond sans même réfléchir, elle sait déjà ce qu'elle en pense, elle n'a que trop retourné cette question dans son esprit. « Oui, elle me manque, mais ce n'est pas grave. Mon père aussi, nous nous écrivons souvent, et je sais que cela le rend heureux. J'aimerai pouvoir aller le voir, cet été par exemple. Et non. Parce que j'ai décidé d'être heureuse, de ne pas être triste, ou le moins possible. Je décide de ne pas souffrir. Je vais bien. Je viendrai vous voir de moi-même si ça n'allait vraiment pas, mais il n'y a aucune raison pour que ce soit le cas. » La psychologue semble convaincue par tant de sincérité. Elle finit de tout noter. Remercie la Terre. Et la laisse partir. Elle s'en va d'un pas léger, chantonnant légèrement. Elle peut retourner à ses activités, tranquille. Dehors, il fait bon, et Alice marche les bras grands ouverts. |
## Sam 11 Mar 2017 - 23:49 | ||
Akira Buichi Messages : 522 Date d'inscription : 14/09/2012 Age : 34 Emploi/loisirs : Flâner Humeur : Le calme avant la tempête | - Lâche moi la grappe tu veux... - On en serait pas là si tu y étais allé par toi même. Voilà ce qu’il se passe lorsque vous refusez d’assister à votre rendez-vous chez le psychologue. Tout d’abord un master vient toquer à votre porte et vous demande gentiment de vous bouger le cul. Puis, une fois que vous l’aurez envoyé balader et que vous lui aurez claqué la porte au nez, il vous y emmènera de force. - Je n’ai besoin de ce psy à la con. - Tout le monde y passe Akira, même les Masters. Alors tais-toi et fais comme tout le monde. - Pfff... C’est donc comme ça que le blond se retrouva dans ce bureau, accoudé sur un fauteuil, la joue appuyée sur sa main. Il avait un air las affiché sur le visage, il était sûr que l'ennui l'attendait. Il n’attendait qu'une chose, que tout cela se termine au plus vite pour qu'il puisse retourner faire ce qu’il savait faire de mieux: Glander. Cependant, il fût tout de suite plus motivé lorsqu’il vit celle qui allait s’occuper de son cas. C’était belle femme au teint hâlé, elle était grande, brune, fine mais pulpeuse. Elle était élégante sans être provocante. Un cocktail de charme parfait pour capter toute l’attention de ce cher Akira. - T’aurais pu me dire que la séance se passait avec un avion de chasse. Ca m’aurait tout de suite motivé. Fit-il au master qui le surveillait encore. - Un peu de respect ! - Bonjour Akira. Fit la psychologue tout sourire. Je suis Madame Satya. Enchantée. - Tout le plaisir est pour moi. Répondit Akira en lui retournant un sourire. - Tu disais “psy à la con” tout à l’heure, non ? - Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Répondit Akira, le sourire en coin. - Et vous, vous êtes ? Demanda-t-elle au Master - Moi euh... juste un “accompagnateur”. - Oh, je vois. La psychologue lâcha un petit rire mignon qui fit fondre les deux hommes. Elle se tourna ensuite pour rejoindre à son bureau. A ce moment et... naturellement bien sûr, les deux garçons ne purent s’empêcher de reluquer ce joli postérieur en hochant la tête. Bref, la psychologue rejoint son fauteuil et sortit le dossier d’Akira. - J’ai lu votre dossier Akira et je dois dire qu’il est intéressant. Selon certains rapports, vous êtes jugé comme “instable”. - Ah oui ? Fit-il faussement impressionné. Je ne comprends pas pourquoi… - Mettre le feu à l’institut, ça ne vous dit rien ? - Oh ça, un simple accident. - Et agresser un professeur ? - Là par contre, c’était voulu. Étonnamment, ils en rirent tous les deux, pas le master. Puis la charmante psychologue sortit d’un tiroir quelques fiches qu’elle présenta à Akira. - Nous allons faire un petit jeu Akira. Vous connaissez le test de Rorschach ? - Le truc des tâches d’encre ? - Oui c’est ça, je vous montre une planche et vous me dites ce que vous voyez ou ressentez. D’accord ? Akira hocha la tête et le test commença. Miss Satya lui montra les planches une par une, en laissant bien sûr le temps au jeune homme de s’exprimer. Ses réponses étaient rapide, mais elles n’étaient que mensonge. - Des feuilles d’automnes portées par le vent. - Et là ? - Un joli papillon dans une forêt ! - Et maintenant..? - Un petit lapin. - T’as fini de mentir ! S’exclama le master les coupant brutalement. Ce n’est pas du tout ce que tu penses ! - Ah ouais. Alors en plus de me coller un chien dans les pattes, s’en est un qui lit dans les pensées. Bon bah, plus la peine que je me fasse chier à répondre, vu qu’il y en a un qui peut le faire à ma place... Tandis que les garçons se jetaient un regard noir, la psy se leva et souffla désespérément. Elle se dirigea vers le master, l’attrapa sous le bras et l’accompagna jusqu’à la sortie. - Mais..! Que faites-vous ? - Laissez moi faire. Et puis il est inoffensif, non? - Vous ne devriez pas..! *CLANK* Le master se fit claquer la porte au nez. Désormais, il ne restait plus que la psychologue et Akira dans cette pièce. Les choses sérieuses pouvaient maintenant commencer. - Akira, je ne suis pas là pour vous fliquer vous savez. Je cherche juste à comprendre votre façon de penser et à vous aider. On va recommencer si vous voulez bien, tout ce que vous direz ne sortira pas de cette pièce, je vous le promets. Akira réfléchit un moment et finit par accepter. La psy lui montra donc de nouveau les trois planches qu’il avait vu précédemment et cette fois-ci, il y mit du sien. Il décrit exactement ce qu’il avait en tête. Planche 1: - Des insectes qui servent leur reine. Un peu comme Hideko et ses Masters tiens ! - Je ne comprends pas. Si vous les détestez tant, pourquoi restez-vous dans cette institut ? Il y a quelqu'un à qui vous tenez ici ? - Pas vraiment... - Pas vraiment ? - C’est une longue histoire. - Humm… Planche 2: - Le visage d’une bête sauvage. Un loup solitaire. - Un peu comme vous. Fit-elle avec un sourire amusé aux lèvres. - On peut dire ça, ouais. Planche 3: - Un ange, qui vous tend les bras… Akira se leva, renversant derrière lui le fauteuil sur lequel il était assis. Il semblait beaucoup moins tranquille tout à coup. - Oksa ! - Qui est-ce ? - Il faut que je lui demande pardon. Sinon ça ne sert à rien… - Attendez ! Akira se dirigea vers la sortie sans donner de réponses. Et c’est ainsi que sa séance chez le psychologue se termina. |
## Dim 12 Mar 2017 - 19:32 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | Le bureau de la psychologue est calme. Pas de bruit, pas de cris, pas chouinements, pas d'agitation. Pas besoin de courir à droite et à gauche, de s'inquiéter, de concentrer toute son attention et son énergie sur ce petit bébé de quelques mois à peine. Mon dos s'appuie contre le dossier de mon fauteuil, et je savoure ce moment de calme auquel je n'ai plus réellement eu droit depuis quelques temps. Un moment où je pourrais avoir le droit de m'inquiéter pour moi, mais où je suis trop épuisé pour le faire. Depuis que je suis arrivé en saluant ma thérapeute, j'ai gardé le silence, yeux à demi fermés. Ce bilan psy arrive à point nommé - je crois. Pourtant, j'en suis agacé. Sans doute parce que j'ai trop pris l'habitude de reporter les rendez-vous, depuis que Charlotte est à la maison. Se concentrer sur elle, pour ne pas se concentrer sur le reste... Ca pourrait paraître égoïste, mais au moins, je fais quelque chose d'utile. Je me sens vivant, au moins. Douloureusement vivant. —Tu as l'air fatigué, Aaron, sourit ma psychologue d'un air soucieux, tout en jouant avec son stylo. Mes yeux se rouvrent sur elle et j'attends un instant, le temps de remettre les idées en ordre dans ma tête. Finalement, je souris, doucement, et croise mes doigts les uns aux autres. —Un peu. C'est pas vraiment facile, mais c'est chouette et enrichissant, je suppose… —J'ai un peu entendu parler de tout ça. Tu veux bien m'expliquer ? Sans le vouloir, une moue se dessine sur mon visage. Ouais, à point nommé, hein... Je m'humecte les lèvres. —Hum. C'est compliqué. On est allés en France avec Nicolas, pour sa mère. —Oui, tu l'avais évoqué avant d'y aller. —Elle a eu une fille, elle s'appelle Charlotte. Sauf que son village est pourri. Les gens sont des connards, le père bat son fils et sa femme... On pouvait pas la laisser là-bas, je fais en me pinçant l'arête du nez. On a parlé avec la mère. Elle voulait mettre Lottie en sécurité, je lui ai dit que je l'aiderai. Tu devrais la voir, elle est adorable. C'est... Un rayon de soleil. Pure et innocente… C'est juste un bébé, un tout petit bébé. Il y a un silence pendant lequel aucun de nous ne parle. Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire. —Qu'est-ce qui te rend triste comme ça ? J'ai un rire. —Nan, nan, je suis pas vraiment triste... Déçu, sûrement ? j'ajoute avec un soupir, avant de me passer une main sur le visage. J'en sais rien. C'est… Cette fois, je relève les yeux vers elle. Il y a un moment pendant lequel on échange uniquement par le regard. —En allant là-bas, j'ai promis à Nicolas de prendre soin de lui, l'accompagner, le protéger. Et tu vois, cette petite, c'est un ange ! C'est un ange. Quand elle me regarde, j'ai l'impression d'être l'homme le plus heureux du monde… Je vis que pour elle en ce moment, et, je sais pas, j'ai toujours voulu avoir une famille. C'est tout ce que j'ai toujours voulu. Je suis heureux, je te le jure. Ma gorge se serre. Tout tourne. —Mais je ne suis plus avec Gaetano, j'articule. Alors c'est difficile. D'être tout seul dans cette grande maison avec Lottie. Silence. Je la regarde pas, j'ai pas envie de voir quelle tête elle va tirer en m'entendant dire ça. —Mais elle a besoin de moi, tu sais ? Elle a besoin de moi… Je pouvais pas l'abandonner. Elle a plus que nous, plus que Terrae. C'est nous, sa famille. Mes épaules tressautent et je pose mes paumes contre mes yeux. Faire des compromis, ça ne fonctionne plus, au bout d'un moment. Attendre. Espérer. Ça n'aurait pas fonctionné, hein ? C'est ce que je me dis. Pourtant, je suis déçu. J'aurais voulu plus. J'aurais voulu... —Je suis fatigué, je souffle. Dernière édition par Aaron Williams le Dim 16 Avr 2017 - 17:50, édité 1 fois |
## Sam 25 Mar 2017 - 5:26 | ||
Nathanaël Lancer Messages : 428 Date d'inscription : 05/08/2014 Age : 25 Emploi/loisirs : Jardinier/étudiant Humeur : ça va plutôt bien, merci | Nathanaël était assis dans un fauteuil, face au psychologue qui devait l'évaluer. Il avait repoussé le plus longtemps possible ce rendez-vous, prétextant un agenda plus que chargé avec ces cours à l'université et son travail de jardinier, ce qui, en soit, n'était pas vraiment un mensonge, mais... disons qu'il n'avait pas fait d'effort pour trouver du temps. Au bout de la quatrième fois, cependant, la secrétaire lui avait gentiment et délicatement fait remarquer que la visite était obligatoire et qu'il pourrait la repousser autant de fois qu'il voulait, il devrait bien finir un jour par passer l'entretien. Il avait alors déposé les armes et s'était enfin décidé à venir à l'hôpital. Il n'avait pas envie d'être là. La dernière fois qu'il avait eu à faire à ce genre de spécialiste était lorsque sa famille avait été assassinée et qu'il avait été placé en foyer. Ce n'était donc pas un excellent souvenir. Pourtant, comme cela était obligatoire, il avait mis de côté ses états d'âme. Il s'était promis de se contrôler quoi qu'il arrive. Le pire serait de devoir revenir. Non, il n'en avait pas besoin. Sans doute en aurait-il eu besoin avant, lorsqu'il allait mal, ce fameux été. Il était alors incapable de faire son deuil, avait séché les cours et était resté enfermé dans sa chambre la plupart du temps, mais il s'était repris en main tout seul, ou presque, et il s'était promis de ne plus jamais sombrer de la sorte. Il y avait aussi eu les derniers événements qui avaient mis à mal son moral, mais maintenant, tout allait bien. Il eut une brève pensée pour Ipiu et Alice, mais son attention fut attirée par un mouvement de l'homme en face de lui. Ce dernier venait de lever son regard de ses feuilles. Nathanaël n'aimait pas l'idée d'avoir un dossier le concernant. Il n'aimait pas non plus savoir que le psychologue le jugeait déjà, rien qu'en se basant sur ce que ce document contenant sur lui, sa vie, son passé et son présent. Vous semblez être quelqu'un de très occupé. Je suis content que vous ayez finalement pu vous libérer. L'homme l'observait, guettant probablement sa réaction. Le Terre se contenta de sourire avec douceur. Puisqu'aucune question n'avait été posée, il ne jugea pas nécessaire de fournir une réponse. Comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous vous plaisez ici, à Terrae ? Nathanaël ne s'était pas attendu à ce genre de questions, mais finalement, il trouva cela assez logique de commencer par quelque chose de basique avant d'essayer d'aborder des sujets plus complexes et lourds. Je vais très bien, merci. Oui, je me plais à Terrae. Ses réponses étaient concises, trop sans doute. S'il voulait rassurer le psychologue sur son état, il devait faire un effort. Cela fait un peu plus de deux ans que vous êtes ici. Selon les dires de vos anciens professeurs, vous avez un fort potentiel intellectuel et vous êtes plutôt ouverts aux interactions sociales. J'en conclue que vous vous êtes fait de nombreux amis ? Le Titan haussa un sourcil, ne comprenant pas vraiment où voulait en venir le psychologue. Il comprenait qu'on lui pose cette question, pour savoir s'il était quelqu'un de plutôt isolé et seul, mais pourquoi le lier au fait qu'il était surdoué ? Je ne suis ni timide, ni renfermé. Je n'ai aucun problème à discuter avec les gens, si c'est ce que vous souhaitez savoir. Il n'avait pas vraiment répondu à la question, car la réponse aurait sans doute déplu au professionnel. Non, il n'avait pas de nombreux amis, mais il avait de nombreuses connaissances cependant. En fait, il avait deux amies et cela lui suffisait. Oui, deux amies... depuis quelques mois, en plus d'Ipiu, il s'était rapproché d'Alice. Cela avait d'ailleurs été un choc, une nouveauté à laquelle il ne s'était pas attendue. Très rapidement, il avait senti que la Terre était spéciale et, au fur et à mesure de leur rencontre, il avait développé une affection particulière pour elle, sentiment qu'il n'avait pas tout de suite compris et dont il ne s'était pas rendu compte à la base. Cette révélation lui avait d'ailleurs causé un trouble assez profond, le jour où, en la regardant, une expression s'était imposée à son esprit, « petite sœur ». Il n'avait pu l'accepter, avait tout rejeté en bloc et avait commencé à fuir la jeune femme, rongé par la culpabilité. Comment pouvait-il ainsi remplacer sa famille ? Accepter Alice comme sa petite sœur, lui offrir cette place dans son cœur, c'était comme un affront envers son père, sa mère et son frère disparus, comme s'il avait cherché à les effacer. Comment pouvait-il envisager cette substitution ? Il s'en était voulu pendant des jours, ressassant sa honte à cette idée. Il n'en avait pas parlé à Ipiu, pas tout de suite. Il souhaitait y réfléchir seul, mettre ses idées en place, mais il s'était promis de partager cela avec elle, plus tard, lorsqu'il serait prêt. Il avait simplement eu trop honte sur le moment. Il n'avait cependant pas fui la Sensitive, au contraire, mais elle semblait un peu moins présente pour lui, comme si autre chose occupait son temps. Il s'était demandé si cela avait quelque chose à voir avec ce dont ils n'avaient pas parlé lors de leur voyage à Singapour, mais n'avait pas demandé, pas tout de suite. Et puis, un jour, il avait reçu un message de sa part. Elle souhaitait qu'ils se voient. Il s'était dit que ce serait l'occasion de lui parler d'Alice, il voulait lui parler de ce qu'il ressentait et souhaitait connaître son avis. Il espérait que la Tonnerre parviendrait à l'apaiser. Il s'était gentiment fait à l'idée qu'accepter la Terre comme sa petite sœur de cœur n'était en rien une substitution, mais plutôt une addition, qu'il y avait assez de place dans son cœur pour tout le monde et que, de ce fait, il n'allait pas oublier sa famille. Il n'avait donc, semble-t-il, pas à culpabiliser. Il avait donc répondu favorablement et les deux amis s'étaient rencontrés, mais Nathanaël n'avait pas eu l'occasion de lui parler d'Alice ce jour-là, parce que la Sensitive lui avait annoncé la grande nouvelle. Ipiu avait un frère. Mmmh. Le psychologue n'ajouta rien sur le sujet, mais griffonna quelques mots dans son calepin. Vous avez brutalement perdu vos parents et votre frère à l'âge de quinze ans. Voulez-vous en parler ? Non. La réponse avait été sèche et catégorique. Nathanaël se mordit les lèvres. Il ne voulait pas lui en parler, pas à lui, un inconnu et ce, même si c'était un professionnel. J'ai déjà abordé le sujet avec mes amis et j'ai fait mon deuil. Il n'y a plus rien à dire. Il avait abordé le sujet avec Ipiu lorsqu'ils s'étaient retrouvés à l'hôpital, après l'accident de la jeune femme. Il n'avait pas encore expliqué la raison de sa venue à Terrae à Alice, mais il lui avait parlé de sa famille, ils avaient partagé des souvenirs et cela comptait aussi. Est-ce que vous culpabilisez ? Le cœur de Nathanaël rata un battement. Pourquoi lui posait-il cette question alors qu'il venait d'exprimer clairement son souhait de ne pas aborder le sujet ? Et pourquoi une question aussi vague ? Son visage se ferma. Il ne put s'empêcher d'y réfléchir. Avait-il culpabilisé ? Oui, la réponse était évidente. Culpabilisait-il encore ? Cela demandait réflexion. Il s'en était voulu d'avoir survécu à sa famille, évidemment, et puis, il avait amèrement regretté de s'être laissé sombrer, mais il avait surmonté cela. Enfin, à bien y réfléchir, les raisons qui l'avaient poussé à se reprendre en main n'étaient finalement pas si étrangère à sa culpabilité, puisqu'il vivait à présent en mémoire de sa famille. Il vivait pour eux, pour ne pas gâcher cette chance qu'il avait d'avoir survécu. Donc oui, sans doute s'en voulait-il encore, mais ce n'était pas tout, non... Le Titan s'était aussi reproché le fait de considérer Alice comme sa sœur et il y avait Charlie-Ange... il n'avait pas vu la profondeur de son désespoir, malheureusement. Puis, il y avait eu sa culpabilité vis-à-vis d'Ipiu. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas avoir baissé son regard. Lorsque les deux amis s'étaient revus et qu'elle lui avait annoncé avoir un frère, il n'avait pas ressenti cette joie immense qu'il aurait dû, ou du moins, pas comme il le convenait. Il lui aurait fallu être profondément heureux pour elle, retrouver un membre de sa famille, ce qui lui avait toujours manqué, un lien avec ses origines... mais non, à la place, il s'était senti triste et effrayé. Elle n'était plus seule, alors elle n'avait plus besoin de lui. Voilà ce qui l'avait hanté. Elle avait trouvé mieux, elle avait retrouvé son frère. Qu'était-il en comparaison ? Et même si elle lui avait annoncé se sentir un peu bizarre, son frère étant encore un inconnu pour elle, Nathanaël restait bloqué, sans doute aveuglé par ses sentiments et ses craintes. Il avait cependant donné le change, se forçant à mettre en avant le peu de joie qu'il ressentait, car il en ressentait quand même, évidemment ! Après tout, il l'aimait et il savait que c'était bien pour elle, que c'était merveilleux. Il ne pouvait cependant s'empêcher, dans un accès d'égoïsme, de penser à lui, à ce qu'il allait devenir sans elle. Alors oui, il s'était reproché de ne pas pouvoir être aussi heureux qu'il le fallait pour elle. Elle l'avait sans doute ressenti, mais n'avait pas relevé, mettant peut-être sa réaction sous l'effet de la surprise et du choc. Peut-être lui en avait-elle voulu un peu, de ne pas ressentir pleinement de la joie ou peut-être ne s'était-elle pas attendu à ce qu'il en ressente. Alors, après avoir fui Alice pendant plusieurs jours, plus d'une semaine, pour réfléchir à ce qu'il venait de découvrir la concernant, il avait mis un peu de distance entre lui et Ipiu, pour réfléchir à ce que sa révélation allait changer pour lui. Cela n'avait pas été bien long, pas assez pour qu'elle s'inquiète heureusement, pensant certainement qu'il avait simplement beaucoup de travail à cause de ses cours, mais il avait quand même culpabilisé de la fuir un peu, alors qu'il avait promis de ne plus jamais l'abandonner. Le Titan était finalement retourné vers sa petite sœur de cœur pour lui parler, lui expliquer et chercher du réconfort auprès d'elle, puis vers Ipiu, une fois le choc retombé, la nouvelle acceptée et la joie profonde enfin ressentie, malgré une certaine jalousie pour ce frère fraîchement découvert. Il lui avait alors tout expliqué, ses craintes, ses doutes et son espoir que, finalement, les choses ne changeraient pas tant que cela et elle, elle l'avait rassuré, lui disant que les amis étaient la famille que l'on se choisissait et qu'elle comprenait ce qu'il ressentait. Et maintenant ? Maintenant tout allait bien. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres. Oui, cela m'arrive, comme à tout le monde, je pense. Le psychologue nota encore quelques mots dans son carnet. Nathanaël ne put s'empêcher de constater qu'il ne culpabilisait pas autant avant... avant de venir à Terrae. Il y avait évidemment eu des choses qu'il avait regretté, mais cela était généralement resté de courte durée et il avait oublié ou plutôt s'était pardonné, ce qui n'était pas la même chose, tout le monde en conviendra. Il ne donnait pas tant d'importance à des choses qui ne l'étaient finalement pas. Il ne comprenait pas ce qui avait changé et pourquoi il réfléchissait autant à présent. Pourquoi était-il devenu si orgueilleux depuis la mort de ses parents ? Était-ce une manifestation d'une sorte de perte de confiance en soi ? Non, Nathanaël ne pensait pas souffrir de cela. Je vois que vous réfléchissez beaucoup, mais ne communiquez pas énormément. Avez-vous souvent de la peine à exprimer ce que vous ressentez ? Nathanaël reporta son attention complète sur l'homme, fixant son regard au sien. Je trouve parfois difficile de trouver les bons mots pour expliquer ce que je ressens tant les émotions et sentiments sont complexes et je suis rarement satisfait de ceux que j'emploie, les trouvant trop imprécis et jugeant la formulation maladroite, mais cela ne m'empêche pas de m'exprimer et de dire ce qu'il faut et ce que j'ai envie à mes amies. Mmmh, je vois. Le médecin se remit à écrire, sans rien ajouter. Nathanaël sentit la frustration croître. Il perdait son temps ici, avec cette personne qui ne le connaissait pas et qui n'avait aucune idée de qui il était, de ce qu'il pouvait ressentir. Il n'avait pas besoin de lui. J'ai conscience que je ne dois pas vous faire une très bonne impression, mais je n'ai aucune envie de vous parler de ma vie. J'ai des amies pour cela et cela me suffit. Je me sens bien. Tout n'a pas toujours été facile, bien entendu, mais j'ai surmonté toutes les difficultés qui se sont présentées et je ne pense pas avoir de problème qui requiert un suivi psychologique. J'ai bien conscience que ces visites sont obligatoires et c'est pourquoi je suis là, mais je pense qu'il s'agit d'une perte de temps, aussi bien pour vous que pour moi. Vous avez... L'homme leva la main pour l'interrompre. Je ne suis pas psychiatre, je suis psychologue. Mon travail est de vous juger pour savoir si vous êtes malade, si vous avez des problèmes qui demandent un suivi particulier, si vous êtes un danger pour les autres ou pour vous-même... mais pas seulement, je suis aussi là simplement pour vous écouter. Il y a souvent des choses qu'il est difficile de dire aux gens qu'on connaît bien, aux gens qu'on aime, à ses proches, par peur du jugement . Se retrouver face à quelqu'un de complètement neutre peut aider. Je vois bien que vous n'avez pas de problème majeur, mais je pense qu'il y a de nombreuses choses que vous cachez, enfuies profondément, que vous cachez peut-être même à vous-même et je pense qu'il serait bon de les laisser sortir. Il marqua une courte pause. Ne vous voilez pas la face, M. Lancer. Vous semblez avoir de la peine à accepter votre passé et ce que vous ressentez. Vous faites preuve d'une maîtrise énorme de vous-même, mais prenez garde à ne pas vous laisser submerger par ces émotions que vous essayez de contrôler. Une nouvelle pause. Je suppose que vous l'avez déjà entendu, mais vous n'êtes pas responsable de la mort de vos parents et vous n'avez aucune raison de vous en vouloir d'avoir survécu. Vous ne m'avez rien dit, mais votre long silence me fait penser que vous n'avez pas encore passé le pas. Le Titan n'aimait pas la manière trop brusque avec laquelle l'homme en face de lui, lui parlait. Il ne se souvenait pas que les psychologues avaient pour habitude d'être aussi franc et directe. Il s'était imaginé quelqu'un de plus... diplomate, mais ce n'était manifestement pas le cas de celui-ci. Le jardinier répondit sans avoir besoin de réfléchir, tant il l'avait déjà fait et le ton de sa voix était dur, froid. Ce sont de belles paroles, mais cela ne change rien. Jamais je n'oublierai ce qui s'est passé et jamais je ne cesserai de penser à mon père, ma mère et mon frère. J'ai décidé de ne pas gâcher ma vie, parce que j'ai la chance d'être encore là aujourd'hui. Je leur dois bien ça... Non, vous ne leur devez rien. Ne vivez pas pour eux, vivez pour vous ! Ne gâchez pas votre vie à faire ce que vous pensez devoir faire. Faites ce que vous avez envie de faire, ce qui vous plaît, ce qui vous rendra fier et satisfait. Vous êtes intelligent et vous avez les capacités de réaliser de grandes choses, mais vous ne devez rien à personne. Vous êtes libre... ce qui ne veut pas dire que vous devez oublier, au contraire. Il y a une grande différence entre oublier et accepter. Nathanaël ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son ne sortit, alors il la referma. Il était un peu sonné et il repensa à sa conversation avec Alice, lorsqu'elle lui avait raconté une histoire, sculptant la poussière, pour la première fois. Elle lui avait demandé quels étaient ses rêves. Il lui avait parlé du passé, mais n'avait su répondre pour le présent. Dites-moi à quoi vous pensez, ce que vous ressentez. Trouvez-les mots, même si ce ne sont pas les meilleurs. Le Terre lâcha un petit rire gêné, sans doute pour relâcher la tension, puis afficha un doux sourire. Penser à Alice l'avait quelque peu apaisé. Non, ce n'est... je repensais à une conversation que j'ai eue avec une amie. Elle m'a demandé quels étaient mes rêves aujourd'hui... et je n'ai pas su répondre. Nathanaël n'avait même pas songé à envoyer promener le psychologue. Ce dernier eut un sourire à son tour, content d'enfin avoir une vraie réponse à l'une de ses questions, une réponse qui venait du cœur. Il sentait qu'il y avait du progrès. Eh bien, je vous propose d'y réfléchir sérieusement. Vous n'êtes pas obligé de trouver la réponse maintenant, mais prenez le temps d'y réfléchir. Nathanaël hocha la tête, incertain cependant. Il n'avait pas vu les choses de cette manière depuis longtemps et il ne savait plus trop quoi en penser. Très bien... merci. Cette amie, voulez-vous m'en parler ? Alice ? Le changement de sujet le déconcerta un peu. Il avait pensé que la séance était terminée et qu'il pourrait partir, mais ce n'était manifestement pas encore le cas. Je ne sais pas trop quoi vous dire. On a presque le même âge. Elle est douce, adorable et elle dégage une certaine candeur. On passe un peu de temps ensemble. Vous semblez l'aimer beaucoup. Le regard de l'homme et le ton de sa voix firent légèrement rougir le Terre qui s'en voulait, pour le coup, de réagir comme cela. Il se méprenait et Nathanaël se devait de clarifier les choses. Il s'exprima d'un ton neutre. Oui, je la considère comme ma petite sœur de cœur. Oh, très bien. C'est une bonne chose d'avoir formé de tels liens. Parlez-moi de vos autres amis. Le Titan se pinça les lèvres. Il n'y avait pas grand monde qui se bousculait au portillon. Devait-il s'exprimer sur ce sujet ou botter en touche ? Il n'aimait pas la tournure que prenait la conversation, car il pressentait ce qui allait suivre, mais, contrairement au début, il décida de répondre sincèrement. Quelque chose avait changé. Je n'ai pas beaucoup d'amis, mais je ne m'en plains pas. J'ai les amis dont j'ai besoin. Le silence du psychologue lui indiqua qu'il attendait plus. Lâchant un soupir, le Terre continua donc. Il y a une autre personne,... une amie qui m'est chère. Un nouveau silence. On est très proche aussi. On a surmonté ensemble de nombreuses difficultés. Nathanaël n'arrivait pas à parler d'Ipiu. Il ne savait pas quoi dire. Il ne voulait pas se trahir, pas qu'il ait honte de ce qu'il ressentait, mais il ne voulait pas aborder ce sujet avec son interlocuteur. Il n'avait toujours pas vraiment envie de parler de sa vie personnelle avec un inconnu. Malheureusement, ce dernier ne lui laissa pas trop le choix. Mais ce que vous ressentez pour elle n'est pas similaire à ce que vous ressentez pour Alice, n'est-ce pas. Non, en effet. Il y eut un nouveau silence. Le Terre détourna le regard, ce qui expliqua de nombreuses choses au psychologue. Est-elle au courant ? Oui. Encore un silence. Est-ce que cette situation vous convient ? Est-ce que vous en souffrez ? Nathanaël, surpris par cette question, ouvrit la bouche pour répondre, mais seul un petit son étouffé en sortit. Le problème n'était pas tant la question, que le fait qu'il y ait déjà réfléchi. Il s'était demandé si cette situation était saine, s'il était heureux ainsi. Évidemment, il débordait de joie à chaque fois qu'il voyait Ipiu, qu'il passait du temps avec elle, mais cela suffisait-il ? Accepterait-il de vivre toute sa vie ainsi ? Il lui avait promis de ne plus jamais l'abandonner, de toujours être présent pour elle et il n'avait aucune envie de se parjurer, mais peut-être avaient-ils tous deux besoin d'un changement pour avancer ? Elle n'était plus seule à présent, elle avait son frère. Or la réponse s'était imposé comme une évidence. Il ne savait pas s'il était heureux actuellement, mais il ne pensait pas pouvoir être heureux sans elle. La question ne se posait donc plus. Oui, elle me convient. Mmmh, très bien. Et que pensez-vous faire si, un jour, la situation ne vous convenait plus ? Je ne sais pas, j'y réfléchirai à ce moment-là, si cela devait arriver. Il est parfois difficile de faire ce qui est bien pour soi, surtout quand on aime. J'espère que si vous venez à souffrir de cette situation, vous saurez prendre vos distances pour vous protéger, même si c'est difficile. Nathanaël ne répondit rien. Il le savait, sa raison le savait, mais il n'était pas certain que son cœur serait un jour capable de l'accepter. Bon, M. Lancer, notre séance est terminée. Vous n'avez évidemment pas besoin de revenir. Vous êtes un jeune homme équilibré et posé. Toutefois, si vous ressentiez le besoin de venir parler à un parti neutre, n'hésitez pas à prendre rendez-vous. Et vous devriez peut-être essayer de vous ouvrir plus aux autres, de vous faire plus d'amis. Le Terre se leva, le remercia et prit congé. Il n'avait pas l'intention de revenir de sitôt, même si l'entretien avait finalement pris une tournure qu'il n'avait pas pensé possible. Il en était venu à exprimer certaines choses qu'il ne pensait pas vouloir partager avec un inconnu, mais ce dernier était parvenu à l'apprivoiser, en quelque sorte, et il lui avait laissé matière à réflexion. Merci Aa-chan <3 |
## Sam 1 Avr 2017 - 21:29 | ||
Roxanne Tessier Messages : 307 Date d'inscription : 20/10/2012 Age : 28 Emploi/loisirs : Bavarder ♥ Humeur : Explosive ~ | Ce matin, un peu comme tous les matins depuis quelques mois, le réveil était difficile. Roxanne avait pris l’habitude de veiller de plus en plus tard, et ses repas n’étaient plus aussi sains qu’avant. C’était comme si la paresse avait pris possession de son corps. Alors se lever, pour ensuite aller chez un psychologue… C’était un peu le combo. Mais elle se leva rapidement néanmoins, debout, ses vêtements en main, en direction de la douche. Il lui fallait bien ça pour avoir l’air réveillée, enfin, ça et un peu d’anti-cernes. Une fois assise dans la salle, en attendant le médecin, elle sentit l’angoisse et l’anxiété affluer. Elle avait toujours eu une certaine appréhension vis-à-vis des médecins, et encore plus des psychologues. Relation qui ne s’était pas améliorée avec le temps et les rencontre qu’elle avait fait. De toute façon, c’était juste un petit rendez-vous, de quoi papoter une petite demie-heure, et ce serait terminé. Et il n’y aura pas grand chose à raconter de toutes façons. L’entrée du médecin avait servi de déclic. Roxanne ne lâchait plus les accoudoirs de son fauteuil, et si elle le faisait, c’était pour les serrer ou frotter l’une contre l’autre. L’anxiété, la peur du jugement, ça revenait, et elle savait que ça mettrait un petit temps à repartir, que ça ferai toujours parti d’elle. Le rendez-vous s’était déroulé plutôt simplement au début. Le médecin, qui avait remarqué son malaise, avait commencé par de simples questions sur certains aspects de son dossier, de son passé donc, des questions sans difficultés. Puis ça s’était corsé, il lui avait posé des questions sur les semaines qui avaient suivi son arrivée, les mois. Il lui avait demandé de parler de ce qu’elle jugeait elle-même comme élément, ou événement important ou traumatique. Bien sûr, elle savait où il voulait en venir, la fameuse mission. Mais elle prit une direction différente, bien qu’au final, elle aurait peut-être dû parler de l’incident. Elle commença donc par parler des rencontres qu’elle avait fait au cours des mois suivant son arrivée. De l’évolution de ces relations au début cordiales. Elle avait évoqué brièvement son étoilisation, sa mission désastreuse, pour simplement se concentrer sur le côté humain. Elle se sentait écoutée pour une fois, une fois en de nombreux mois, et elle avait lâché les vannes, parce que de toute façon il n’était là que pour aider et il ne divulguerai rien. Et puis, tout ça, c’était les seules choses qu’il ne savait pas, parce que ça se passait dans sa tête. Elle avait alors parlé de Misao, ne se rappelant même plus des raisons qui les ont conduits à s’éloigner autant l’un de l’autre, ce qui fait que par moment, elle le regrette, elle ressent le besoin de lui parler, de le voir, même juste de loin. Mais elle a peut-être un peu trop peur du mal que ça pourrait faire, se confronter à tout ça. Oui elle fuit, elle a pris l’habitude de fuir maintenant. Elle avait fini par parler de son isolement des derniers mois, isolement recherché, infligé. Les questions du médecin l’avait alors aiguillée sur ce qu’elle s’infligeait injustement, sans aucunes raisons apparentes. Elle commençait à se rendre compte de la dépression dans laquelle elle s’enfonçait toute seule. Et le pire dans tout ça c’est qu’elle ne savait même pas pourquoi… Après d’autres questions sur son emploi, sur ses hobbies, ses repas, le médecin avait fini par la laisser repartir. Elle était de moins en moins réactive et bavarde de toute façon. Il n’en aurait rien tiré de plus. Peut-être reviendrait-elle d’elle-même à un moment donné. Il ne pouvait que l’espérer, ce n’était pas sa décision, ni sa guérison. Elle aurait un gros travail à faire sur elle-même, et cela commencerait par sortir davantage, se forcer à voir du monde, à parler avec eux, à prendre l’air à des heures où elle ne sera pas forcément seule… Vit en #3399cc |
## Sam 8 Avr 2017 - 17:10 | ||
Selvi Sayanel Messages : 466 Date d'inscription : 05/02/2013 Age : 27 | Mon regard se fixe sur l'horloge. J'avais cinq minutes d'avance et lui, il a maintenant cinq minutes de retard. Je retiens un soupir et tente de me calmer, mais je n'y arrive pas. Pourtant, il n'y a aucune raison que ça se passe mal. Cette visite est obligatoire pour tout le monde, ce n'est pas comme si j'avais besoin de voir un psychologue. La porte de la salle d'attente s'ouvre et on m'appelle enfin. Je me lève sans précipitation, tachant de masquer mon anxiété. Je ne vois rien jusqu'à me retrouver assise dans un fauteuil en face d'un homme d'une quarantaine d'années, je pense. Il a un dossier ouvert sur ses genoux et m'accueille avec un sourire rassurant. - Bonjour Selvi. Comment ça va ? Ça ne te dérange pas que je t'appelle par ton prénom? - Bonjour. Non, non... aucun problème. Euuh, je vais bien, merci. Avec mes mains, je joue machinalement avec le bas de mon pull. - Comment te sens-tu à Terrae ? Est-ce que tu t'es bien intégrée ? D'après ce que j'ai pu lire dans ton dossier, tu as fini ta scolarité et tu travailles actuellement à la bibliothèque. Tu es quelqu'un de plutôt réservée, n'est-ce pas ? « Participe rarement en cours, parle peu, se fait souvent oublier, à de la peine à s'exprimer devant la classe » et j'en passe... Je me contente d'abord d’acquiescer, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. Est-ce qu'il me fait des reproches ? Puis je me rend compte qu'il attend que je parle. Je pourrais être taciturne, mais j'ai envie de lui faire bonne impression. Je vais être sincère, simplement, et je n'ai rien envie de lui cacher. C'est un professionnel après tout. Je n'ai rien à craindre. - Euuh oui... oui, c'est vrai, mais je me sens bien ici. Terrae, c'est ma nouvelle maison, ma nouvelle famille. Si je ne prends pas en compte les dix premières années de ma vie, je ne me suis jamais sentie aussi bien qu'ici. J'ai des amis, un travail, une chambre rien qu'à moi... Je suis toujours peu sûre de moi et très timide, mais personne ne s'est jamais moqué de moi ici. Ça change. Je ne pense pas avoir de problème particulier. Je suis juste une introvertie timide, c'est plutôt commun. Je ne suis pas la seule élève à ne pas aimer participer en cours. Ça ne m'a jamais empêchée de faire mes devoirs comme il le fallait et de travailler pour apprendre... Je le regarde, un peu inquiète, ne comprenant pas trop où le psychologue veut en venir avec ses questions et ses remarques. - Je ne te fais aucun reproche, j'essaie juste de te cerner, comprendre qui tu es. Alors, aide-moi. Qui es-tu et que fais-tu ici? J'ouvre la bouche de stupeur. Non, mais c'est quoi pour une question. Vous avez pas idée de poser ce genre d'interrogation ! Pourtant, je prends le temps d'y réfléchir. C'est très profond comme réflexion et de longues minutes s'écoulent avant que je ne reprenne la parole. - Je vais commencer par le plus simple. Je suis ici parce que j'ai ressenti le vide, parce que j'étais perdue, mal dans ma peau... et maintenant ça va mieux. J'ai trouvé des gens près à m'accepter pour ce que je suis, avec toutes mes qualités et mes défauts. Quant à qui je suis, je ne sais pas trop. Comme je l'ai déjà dit, je suis une introvertie timide. Je suis une rêveuse. Je pense être quelqu'un de gentil, mais ce n'est pas péjoratif à mon sens. J'aime aider les gens, leur apporter un peu de douceur, de bonté, dans ce monde souvent violent et impitoyable. Il ne faut pas grand-chose, il suffit d'un sourire parfois pour illuminer une journée, alors si je peux l'offrir à quelqu'un, je trouve ça bien. Je suis un être humain avec tous les avantages et inconvénients que ça implique. Je marque une brève pause. - Je n'aime pas trop votre question. C'est trop vague et c'est impossible d'y répondre. On peut s'approcher de la réponse, mais sans jamais l'atteindre. On ne peut pas se décrire avec des mots, il y a des choses qu'on doit expérimenter, ressentir et c'est beaucoup trop réducteur d'essayer de canaliser tout ça par des mots. J'observe mon interlocuteur écrire quelques mots dans mon dossier. - Parle-moi de ton vide. Je lui ai tout raconté, calmement, parfois avec un peu d'émotion, comme à chaque fois que j'en parle : le déménagement, les brimades, Jenny, mes parents, mon arrivée à Terrae, tout, sans simagrée. - Et ton Étoilisation ? Je souris. - Je n'aurais pas pu rêver mieux. J'étais tellement heureuse, c'était magique. Je sais que j'ai eu beaucoup de chance, parce que généralement, ça ne se passe pas bien. - Tu n'es plus aussi heureuse qu'à cette époque, n'est-ce pas ? - Non, c'est vrai. J'ai eu une dispute avec une amie qui m'a beaucoup bouleversée et on ne s'est toujours pas réconciliée. Je sais qu'elle a souffert... enfin qu'elle souffre encore, mais elle m'a rejetée, complètement, alors j'attends. Enfin je ne sais pas trop... je lui envoie des messages de temps en temps, puis lui montrer que je ne l'abandonne pas, que je pense à elle, mais elle m'a fait tellement mal que... hmmm, si elle venait frapper à ma porte, demain, je ne suis pas certaine que je serais prête à lui parler. - Tu es rancunière ? J'ai juste acquiescé. Je sais que ce n'est pas bien, mais j'y arrive pas, c'est tout. J'aurais beau dire tout ce que je veux, dire ce que je pense devoir dire, agir comme il le faudrait, au fond de moi, je ne pourrais pas m'empêcher de lui en vouloir. Je sais qu'elle a mal, je ne sais toujours pas pourquoi d'ailleurs, mais peu importe. Ce qu'elle m'a fait, c'est juste horrible et il va me falloir du temps pour réapprendre à lui faire confiance, si je peux y arriver un jour. Mais je ne l'abandonne pas, j'ai envie d'essayer, parce que je pense qu'elle en vaut la peine et parce qu'on reconnaît les vrais amis dans les moments difficiles, parce que se sont ceux qui restent. Le psychologue m'a juste donné deux ou trois conseils et m'a donné matière à réflexion sur le sujet. Puis, il m'a annoncé que la séance était terminée et que je n'avais pas besoin de revenir. Enfin, il m'a proposé de suivre quelques entretiens plus tard, lorsqu'il aurait plus de temps. Je n'ai pas de problème majeur, donc je ne suis pas une priorité, mais ça serait bien que je travaille cette timidité, ce manque de confiance en moi et cette rancune, notamment. Je suis partie en le remerciant et en lui promettant d'y réfléchir, ce que je vais faire. Ça fait un moment que je dis que je veux changer et que j'ai probablement besoin d'aide... mais, peut-être que je devrais tout simplement m'accepter telle que je suis... merci Haley |
## Jeu 11 Mai 2017 - 22:11 | ||
Rin Hakari Messages : 816 Date d'inscription : 01/06/2014 Age : 27 Emploi/loisirs : - / la caligraphie et la sculture d'eau Humeur : Zen... c'est se qu'on dit | On ne peut échapper à la réalité des choses. Il y a des souffrances que l’on garde au plus profond de nous et qu’on oublie à force de les enterré on soit. On joue le rôle de celui pour qui tout va bien mais en réalité, nous ne sommes jamais réellement guéries. Les cicatrices restent pour toujours, et certains souvenirs douloureux s’incrustent au plus profond de nous et nous rongent de l’intérieur sans que l’en s’en rendent compte. On le cache à l’entourage, on fait semblant que tout va bien. On en arrive à un point ou la vérité ne fait plus surface. C’est vrai pour mon cas. J’ai trouvé quelqu’un qui a était capable de recoudre ma plait ouverte, nous somme tomber amoureux, nous nous sommes soutenu mutuellement en passant par l’intermédiaire de l’amour. En réalité, je ne savais plus où j’en étais. Sa me rongeait, me tuait. Quand est-il de la raison, des pensées et des… -Messieurs Hakari ? Vous êtes pâle. Prenez une gorgée de thé pour vous détendre. Partit dans mes pensées, le psy me ramena donc à l’ordre. Sourcille froncer je sentis comme des sueurs froides. J’approchai le liquide chaud près de ma bouche, et bu le thé lentement en essayant de me détendre. -Pourquoi êtes-vous si tendu ? Vous n’avez rien à vous reprochez, n’est-ce pas ? Je ne suis pas votre ennemi. -Non… en effet. -Qu’est-ce qui vous préoccupe à ce point ? Des souvenirs du passé vous reviennent-ils en mémoire ? A cette question, mes doigts serrent fermement la tasse que je tiens. Je me fige, baisse le regard. Comment des simples paroles peuvent-elle toucher autant ? Je baise lentement mon bras et pose la tasse sur la table. Le thé s’était changé en glace. Mes pouvoirs avaient agi sur mes émotions… Et ça, le psy l’avait bien remarqué. Je savais que mes pouvoirs pouvaient être dangereux, tout comme ils pouvaient sauver des vies. Je repris, d’une voix passe et presque inaudible. -Une partie de moi est morte en même temps que ma famille… Ces scientifiques… Il mon… aspiré, tué de l’intérieur. Je veux oublier ce passé. Que puis-je faire ? Je me sens vide… Inutile. J’ai besoin d’exister pour quelque chose… -Le passé fait partie de nous messieurs Hakari, qu’on le veuille ou non. Il y a des bonnes choses tout comme des mauvaises. Mais ces choses, c’est ce qui fait que nous sommes nous et pas une autre personne. -Je fais toujours et encore des cauchemars de la perte de ma famille, de ma promise ainsi que de ma petite amie actuelle… Je les vois mourir sous mes yeux, de mes propres mains. Suis-je un monstre ? Qui suis-je bon sang ?! Je ne me comprends plus, je ne sais plus qui je suis ! Le psy se penche en avant pour capté mon intention. Nous nous observons sans un mot pendants plusieurs minutes dans le silence que seul la montre du psy comblait. Et finalement -On dit que les yeux révèlent la vraie personne qui est en nous. Moi je vois en vous quelqu’un de passionné et doux. Seulement, vous êtes suspendu sur un fil au-dessus du précipice. Vous avez peur, vous stagner. Vous essayez de montrer aux autres que vous avançait par des ruses mais rien en est. Vous espérez tout simplement disparaître de se fil, de gagner les ailes des oiseaux pour vous enfuir et retrouver votre famille. Vous n’avez d’autre choix que d’avancer. Vous ne pouvez reculer. Faites face aux vents et avançait. Œuvrez pour ce qui vous semble juste, pour amener un monde meilleur à votre façon. Marquez votre passage par vos actions, faites ce qu’il vous semble juste. J’ai vu le vous intérieur, et je sais que quelque part, au fond de vous, vous trouverez les réponses à vos questions qui vous permettrons d’être enfin celui que vous auriez toujours dû être. Renaissez, devenait l’homme qui est en vous. Je sais que vous en êtes capable. Accepter seulement qui vous êtes. C’est votre seul blocage. Et je vous promets, quand cherchant tous les jours le vrais vous, vous serait enfin serein et vous pourrez enfin avancer dans le bon sens du vent. Lentement, le thé retrouva son stade de liquide. Le psy se redressa sur sa chaise et plus un mot ne fut prononcé. Cela annonçait la fin de la séance. Sans un mot, dans un silence religieux, je me levai, salua le psy en m’inclinant respectueusement, et sortit de la salle, chamboulé et retourner par ce qui venait de se passer. Cela marquait un nouveau commencement. |
## Lun 21 Aoû 2017 - 17:21 | ||
Kurei Yataro Messages : 193 Date d'inscription : 12/08/2014 Age : 31 Emploi/loisirs : Apprendre des choses, celles que je dois pour la fac et celles que je veux arce qu'elle m'interessent. C'est cool les etudes en Allemagne :p Humeur : Interchangeante et difficile à deviner quand elle diffère à la norme | « Monsieur Kurei Yataro. » « C’est moi. Bonjour madame. » « Bonjour. Installez-vous. » Je suis le conseil de la personne en face de moi. Il s’agit d’une femme qui a l’air d’être entre trente et quarante ans. Une psychologue. Je n’aurais jamais pensé que je vais devoir voir une, mais c’est devenu obligatoire pour au moins une session. A moins qu’elle décide de me revoir, mais j’espère sincèrement que non. Non seulement parce que je n’ai pas envie que qui que ce soit demande trop sur mon passé, et elle, c’est son boulot de faire exactement ça, mais aussi parce que j’en n’aurai tout simplement pas le temps. Une journée n’a que vingt-quatre heures, après tout. Et le pire, c’est que si je ne veux pas répondre, elle peut et va probablement penser que j’ai des problèmes. Quelle blague. Comme si je ne me suis pas débrouillé tout seul déjà. Quelque part c’est ironique. Je peux avouer qu’il y avait une période dans ma vie où ça m’aurait probablement fait du bien de voir un psy, mais je n’ai pas pu à cette époque-là. Et maintenant que j’ai une obligation, je me suis déjà sorti du pire. Maintenant, je veux juste tourner la page. « J’avais regardé votre dossier, et je dois avouer qu’il y avait certaines informations qui m’ont un peu intriguée. Si vous voulez bien, pouvez-vous m’éclairer un peu sur vos circonstances ? Cela fait déjà un moment que vous êtes à Terrae, n’est-ce pas ? » « Effectivement. Je suis arrivé à cet établissement en Août 2014. » « C’est ça. Malgré cela, vous n’étiez initié qu’en 2016, donc l’an dernier, soit deux ans après votre arrivée. Pourriez-vous me dire comment cela est arrivé ? Vous êtes le seul à avoir eu besoin d’autant de temps. » Eh bien, elle va droit au but. Elle ne prétend même pas qu’elle est ici pour autre chose que m’évaluer. Soit elle avait rencontré quelqu’un de difficile avant et veut finir aussi vite que possible, soit elle m’a déjà étiqueté patient difficile. Dites donc, ça commence bien. « Cela est dû au fait que les deux premiers années, j’ai dû m’acclimater à mes nouvelles circonstances, et donc j’avais évité le contact avec d’autres gens. Je passais la plupart de mon temps dans la forêt. J’imagine que soit les Masters et la directrice ont oublié que j’existe à cette époque, ce qui serait compréhensible et entièrement ma responsabilité, soit ils ont compris que j’ai besoin du temps avant qu’ils puissent me demander le choix de partir ou de rester, et donc de m’initier. » Ça ne servirait à rien d’inventer une autre histoire maintenant juste pour qu’elle n’ait pas de raison pour me redemander de venir. Après tout, ce n’est pas comme si elle ne peut pas demander presque n’importe qui sur Terrae pour vérifier que les deux premières années de ma présence, j’aurais aussi bien pu ne pas être là. Et de toute façon, je suis sûr que mentir n’aurait qu’empiré les choses. Pas qu’elles soient bonnes en ce moment, mais bon. Je m’en sortirais. Je me suis sortis des pires embrouilles avant de venir sur Terrae, je me sortirais de celle-ci aussi. Je n’ai pas d’autre choix. Je la vois froncer ses sourcils. Il est assez évident qu’elle n’aime pas trop cette réponse. Cette réponse qui indique un comportement ‘anormal’ ou ‘instable’. Ou les deux. Je me demande si c’est vraiment ce qu’elle pense de moi ? Non, probablement pas. En tout cas, pas encore. Et c’est dans mon intérêt que cela reste ainsi. « Et qu’en est-il maintenant ? » Maintenant ? Je ne pense pas que cela pourrait aller mieux. J’ai repris mes études. J’ai un job d’étudiant en attendant. Même deux, une à l’animalerie, et une en tant qu’enseignant de Kyudo. Bon, après, je n’ai que deux élèves depuis que mademoiselle Skily a arrêté de venir sans m’en prévenir, mais ça me permets d’avoir quelques sous en plus. Et donc, entre les études et les deux jobs, je n’ai vraiment pas le temps de voir un psy régulièrement. Ni l’envie. Ni le besoin. Enfin, plus maintenant. « Je suis étudiant et j’ai deux travaux étudiants me permettant de gagner ma vie le temps d’avoir mon diplôme et un travail à état plein. » « Pourriez-vous m’en dire plus sur le job que vous faites ? » « Il s’agit d’un travail à l’animalerie pour l’un, et d’un cours du tir à l’arc japonais pour l’autre. » « Vous enseignez, donc ? » « En effet. » La psychologue semble se détendre, se calmer. Normal. Maintenant, elle peut être sûre que je n’ai pas de phobie sociale. Et c’est déjà un début. Elle continue à me poser des questions sur mon quotidien, ma vie sur Terrae. Mes réponses sont courtes, directes. Je ne fais pas des grands discours. Ce n’est pas mon style. Cela dit, ceci pourrait presque ressembler à une conversation normale. Presque. C’est juste que le rôle du questionneur et du questionné est bien fixé. Et puis, finalement, elle arrive au thème auquel je n’ai pas la moindre envie de toucher. « Et vôtre Vide ? Comment l’avez-vous vécu ? » « Avec tout le respect que je vous dois, cela ne vous concerne pas. » Elle fronce ses sourcils encore une fois et note quelque chose sur son papier. Jusque-là, j’étais assez ouvert à la conversation. Mais pas à ce sujet-là. Aucune chance. C’est encore trop récent. J’ai besoin de plus de temps, je le sens. Ou alors, de quelqu’un qui écoutera parce que ça lui importe, et non pas quelqu’un qui veut savoir ‘parce que c’est son boulot’. « Alors peut-être vous pourriez me parler de votre enfance ? » « Mes excuses, mais cela est une affaire personnelle. » Elle tente encore quelques fois avant d’abandonner et me donner un regard dur. Calculateur. Elle veut passer un jugement, mais au moins, elle tente de me comprendre mes raisons pour ne pas vouloir parler. Cela prend un moment, car il m’est difficile de trouver des réponses à ses questions qui soient vraies, mais qui en même temps n’enfoncera pas plusieurs clous dans le cercueil. Finalement, au bout d’encore une vingtaine de minutes de discussion, elle semble abandonner complétement. « Puis-je au moins savoir pourquoi vous refusez avec autant d’insistance de dire quoi que ce soit au sujet de votre vie avant de venir sur Terrae ? » Ah, finalement, une question facile à répondre. Il était temps. « Je ne veux pas en parler parce que je n’y vois aucun intérêt. Vous demandez uniquement parce que c’est votre travail, mais connaître mon passé ne vous aidera pas forcément à me comprendre. Et en parler à vous ne m’aidera pas non plus. Vous ne pouvez pas changer le passé, madame. Alors pourquoi dois-je vous dire quoi que ce soit ? Si je dois raconter ma vie à quelqu’un, je préfère que ce soit une personne de mon choix à qui je fais confiance, à un moment de mon choix, quand je me sens prêt. Une personne qui peut-être veut savoir, mais qui a le tact de ne pas demander. » « Tel un ami ? » « Par exemple. » « Vous avez quelqu’un de particulier en tête ? » « Peut-être. » Elle soupire encore une fois. « Et quand est-ce que vous serez prêt ? » « Qui sait ? » « Et jusqu’à ce moment, vous voulez faire quoi, exactement ? Enfouiller ses souvenirs au fond de vous pour qu’ils vus rongent de l’intérieur ? Ou peut-être tenter de les oublier ? » Si elle avait posé cette question quelques jours après que j’ai rencontré mon oncle par hasard dans la rue et appris que c’était lui la raison pour laquelle les choses se sont passés de la manière dont ils se sont passés, j’aurais probablement dit ‘oui’ à une de ces deux possibilités. Mais ça, c’était avant, c’était quand j’étais en plein dans mon Vide. Ce n’est plus le cas. Je vais mieux maintenant. Ai-je guérit ? Non, et je ne guérissais probablement jamais vraiment. Une telle plaie ne guérit pas sans laisser de cicatrice à vie. Mais je suis en voie de guérison, de ça, je suis certain. Et je peux y arriver tout seul. Même, je dois y arriver tout seul. Sinon, ce sera lui le gagnant. Et ça, je ne peux pas le permettre. « Même si je voudrais l’oublier, cela n’est pas possible. Mais je ne veux pas. Aussi douloureux que cela a pu être à l’époque, ça m’a permis d’arriver où je suis maintenant. C’est comme les gens disent : ce qui ne vous tue pas vous rends plus fort. Mon passé fait de moi qui je suis, mais il ne parasite pas ma vie d’aujourd’hui. » Plus maintenant, en tout cas. Mais ça, elle n’est pas obligée de le savoir. C’est l’ici et maintenant qui compte, après tout. Pendant des longues minutes, elle ne dit rien et me regarde droit dans les yeux comme si elle cherchait quelque chose. Je ne fuis pas son regard. Puis, elle soupire, mais elle a un petit sourire aux lèvres alors qu’elle sorte une petite carte de visite et me la tends. « Je vois. Dans ce cas, il n’y a plus rien à dire. Mais si jamais vous changez d’avis, si jamais vous pensez que vous avez besoin d’aide professionnelle pour une raison quel qu’once, vous pouvez me joindre sur ce numéro. » « Je vais être franc avec vous. Je ne pense pas que je vais utiliser cette carte dans n’importe quel moment de ma vie. Mais je vous remercie. » « De rien. Comme vous l’avez dit, c’est mon travail. Passez une bonne journée, monsieur Yataro. » « Vous aussi, madame. » Finalement, je suis libre de partir. Ça a duré assez longtemps. |
## Mar 3 Oct 2017 - 18:46 | ||
PNJ Messages : 550 Date d'inscription : 22/07/2014 | Le psychologue referma soigneusement son dossier après avoir répertorié toutes les nouvelles informations qu'il venait de recueillir sur les élèves. Il posa ses yeux sur la porte, restée fermée, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il se leva, glissa tous ses documents dans sa sacoche, et retira sa blouse pour la déposer sur le dossier de sa chaise de bureau. Il partit récupérer son manteau, et le garda à son bras, portant son sac de sa main libre. Sa montre sonna à son poignet et il sortit de son cabinet, laissant la porte se refermer derrière lui. Ses collègues ne tardèrent pas à le retrouver, et il leur adressa un signe de la main avant de commencer à marcher en leur compagnie en direction de la machine à café, petit rituel de la fin de journée. -Il y a quand même du boulot, dans cet Institut, souffla l'un d'entre eux en sortant son gobelet de la machine. Ses yeux se tournèrent vers les visages de ses compères qui avaient décidé, au prix de maints efforts, de commencer l'expérience Terrae il y a quelques mois de cela. Ce n'était clairement pas de tout repos ; certains jeunes étaient tellement agressifs qu'il devait prendre sur lui pour rester professionnel. Mais le jeu en valait la chandelle, car malgré la difficulté du métier, ce monde était plein de surprises, et il ne pouvait attendre, chaque matin, de quitter sa maison pour venir ici aux heures où il avait été autorisé à se trouver dans l'enceinte du bâtiment. Il arpentait ces mêmes-couloirs chaque jour, et pourtant, rien ne se ressemblait. Ces pouvoirs, ces caractères... Il avait déjà remarqué que certains de ses patients étaient plus calmes que d'autres, plus faciles à canaliser ; il croyait comprendre que ces "affinités" avaient un lien avec le caractère de ces jeunes. -Pour ma part, j'ai presque terminé de récolter toutes les données dont j'avais besoin pour clôturer mon bilan de ce mois-ci. Je vais bientôt pouvoir le renvoyer... Le psychologue offrit un sourire entendu à son collègue. Et puis, quelques mots plus tard, un au revoir amical, et chacun fut sur le chemin du retour. Tous avaient du travail, ce soir... Lorsqu'on n'a pas encore bien pris ses marques, le travail en réseau, ce n'est pas de tout repos. //FIN DE L'EVENT// |
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