Oh bon sang ! Je vais être en retard, c'est sûr ! Quelle idée de tester un nouveau chemin aujourd'hui, hein ?! Je me suis perdue... en forêt, je n'en reviens toujours pas. Depuis le temps que je vais courir là-bas, je pensais que c'était bon... manifestement non. Je rejoins enfin l'institut et monte les marches jusqu'à mon étage quatre à quatre. Il faut que je me douche et me change avant de redescendre. J'aimerais bien être un minimum présentable pour accueillir la nouvelle. Oui, vous avez bien lu... moi, je dois accueillir une nouvelle arrivante. Je ne sais pas si c'est devenu une obligation depuis qu'il y a eu quelques personnes difficiles et qu'on a été obligé d'aller chez un psy pour faire un bilan ou si je suis tombée sur un Master plus consciencieux que les autres. En même temps, j'ai toujours trouvé ça bizarre qu'on laisse les novices livrés à eux-mêmes, surtout quand on pense aux épreuves qu'ils viennent de traverser. Moi, j'ai eu de la chance, parce que lorsque je suis arrivée, Celia avait été désignée pour m'accueillir. À l'époque, j'ai d'ailleurs cru que c'était monnaie courante, mais j'ai vite compris, en voyant plein de nouveaux errer dans les couloirs avec leur valise, que ce n'était pas le cas et que j'avais été une privilégiée. Finalement, je suis heureuse de pouvoir aider à mon tour. Je suis morte de trouille, évidemment. Je m'imagine trente-six mille scénarios possibles. Je ne sais rien d'elle, si ce n'est que c'est une fille. Le Master ne m'a même pas donné son nom, c'est tout dire. Je crois qu'ils ont trop de travail...

Une fois prête et présentable, enfin, j'ai toujours les cheveux mouillés, mais ils sont propres, alors ce n'est pas gênant, hein ! Donc, je descends rapidement jusqu'au hall d'entrée. Wouaou ! Mais c'est qu'il y a du monde par ici ! Je pensais qu'un dimanche, les couloirs seraient moins bondés. Bon, d'accord, c'est midi, donc les gens se retrouvent pour aller manger et, en plus, il fait moche dehors, alors tout le monde reste à l'intérieur, fuyant la pluie comme la peste. Oui, je suis bien allée courir sous la pluie, un problème ? J'adore ça ! C'est tellement vivifiant ! Bon, passons. J'ai un problème... avec tout ce monde, comment je vais repérer ma protégée ? Ok, faut que je cherche une valise ou un gros sac, quelqu'un qui cherche son chemin. Bon, je suis petite et il y a vraiment BEAUCOUP de monde. C'est fichu ! Par contre, c'est un miracle, je suis pile à l'heure. Finalement, je fais honneur à ma nationalité. Petit rire mental.

Je croise quelques visages connus, j'échange un ou deux signes de main et dois même refuser l'invitation à rejoindre un groupe de connaissances pour le déjeuner, responsabilités oblige, mais je suis profondément reconnaissante et offre de chaleureux remerciements. Les gens sont quand même chouettes. Si on m'avait dit, avant que je n'atterrisse à Terrae, que ce genre de choses finirait par m'arriver, je ne l'aurais pas cru. Soudain, je me rends compte que la nouvelle m'attend peut-être dehors, sous la pluie. Je panique et sors en quatrième vitesse. Je cours jusqu'au portail où je vois effectivement quelqu'un attendre. J'espère qu'elle n'est pas là depuis longtemps ! Je m'arrête à une distance raisonnable, à peine essoufflée. Oui, instinct de survie... premièrement, je n'aime pas trop la proximité, surtout avec les gens que je ne connais pas, et puis, je ne sais pas ce que cette personne a vécu, quel est son caractère, alors on va essayer de ne pas l'effrayer ou la brusquer dès le départ...

- Salut ! Est-ce que tu es la nouvelle dont je dois m'occuper ? J'espère que tu n'attends pas comme ça, sous la pluie, depuis trop longtemps. Je t'attendais dedans... désolée. Je m'appelle Selvi. Est-ce que je peux t'aider avec tes bagages ?

Je suis un peu gênée et je la regarde avec inquiétude. Maintenant, c'est le test. J'appréhende sa réaction. Soit elle va être toute gentille et ça va très bien se passer, ou alors elle ne va peut-être rien me répondre et me lancer un regard blasé, ce ne serait pas le top, mais j'ai connu pire, ou alors elle va me rentrer dans le cadre, m'insulter ou, je ne sais pas, essayer de me frapper ? On ne sait jamais la réaction que ça peut avoir, un nouveau. Bon, je sais que mon imagination par dans tous les sens.

J'espère qu'elle va me répondre rapidement, par contre et qu'on va rentrer, parce que je n'ai pas pensé à mettre de veste de pluie. Ma jaquette en coton est en train de prendre l'eau et je vais être complètement trempée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, si ça continue comme ça.

Le ploc-ploc de la pluie sur ma capuche me plait. On dirait de la musique ! Et elle rythme très bien la musique joyeuse que j'ai dans les oreilles. Je regarde autours de moi, la cour grise pleine de flaques, les arbres vert foncés qui sentent la pluie et l'herbe, et le grand bâtiment en face, tout beau et tout propre. Tout me semble si nouveau et un sentiment de liberté retrouvée m'emplit. Joyeuse, j'esquisse un pas de danse, mais me fige pour voir si quelqu'un m'aurait vue. Mais non, il n'y a pas un chat, littéralement, dans la cour. On m'a dit que quelqu'un viendrait m'accueillir, et on m'a dit de l'attendre près de l'entrée. Mais de quelle entrée ? L'entrée-entrée, genre les grilles ? Ou l'entrée-du-bâtiment..? Enfin, attendre ici ne me déplaît pas, j'aime le pluie, j'aime le vent qui bouscule ma capuche. Et même s'il pleut à grosses gouttes, la température est bonne, juste tiède comme j'aime qu'elle soit quand il pleut.

Je jette un œil à mes bagages, à l'abri sous un arbre. Le petit sac de sport noir contenait des cahiers, des fournitures, et même quelques uns de mes livres favoris. Au fin fond d'une des poches sur les côtés, il devait certainement rester une barre de Snickers esseulée... Miam, des Snickers. Et à côté du sac se tient une valise blanche avec des tâches de toutes les couleurs. Je dois avouer : oui, c'est moi qui l'ai "peinte", j'ai jeté sur elle des gouttes de peintures jusqu'à avoir une valise colorée et originale.  J'aime ça, la couleur. C'est ce qui rend le monde beau. Ça, et les gens aussi ! Et, parlant de gens, je vois quelqu'un se rapprocher en courant. Mais, avant de se rapprocher de moi, la jeune fille - car c'est une jeune fille - s'arrête. Et, de la distance nous séparant encore, elle me lance :

- Salut ! Est-ce que tu es la nouvelle dont je dois m'occuper ? J'espère que tu n'attends pas comme ça, sous la pluie, depuis trop longtemps. Je t'attendais dedans... désolée. Je m'appelle Selvi. Est-ce que je peux t'aider avec tes bagages ?

Je m'empresse de prendre mes affaires et lui réponds joyeusement :

- Boujour ! Moi, c'est Chii ! Comme j'aime bien la pluie, ça m'a parut super rapide, alors t'en fais pas ! Pour mes bagages ne t'en fais pas, elles ne sont pas lourdes je peux les porter. Je suis forte, regarde !

Et sur ce, je soulève la manche de mon anorak blanc et orange pour montrer mes muscles. Bon, oui, j'en ai, mais comme je suis fine ben ça ne se voit pas très bien... Mais je tentais simplement de faire ami-ami. Je prends ensuite la poignée de ma valise d'une main, pose mon sac sur mon épaule et serre la lanière du petit sac-grenouille qui ne me quitte presque pas. Je souris joyeusement à Selvi :

- Parée au décollage ~

J'espérais ne pas faire une trop drôle d'impression à Selvi. J'avais peur d'être trop joyeuse, parce que parfois je fatiguais les gens quand je m'enthousiasmais trop. Ce serait dommage, elle m'a l'air gentille. Et j'ai envie de connaître les gens d'ici !!

Je retiens de justesse un soupir de soulagement. Non, ça ne l'aurait pas trop fait. Je me demande ce que Chii aurait pensé de moi si je l'avais fait. Bref, n'y pensons pas. Elle a récupéré ses affaires, je lui ai lancé un grand sourire (je la trouve adorable !) et on s'est mise en route. Je ne sais pas si elle a dit aimer la pluie pour me rassurer ou si c'est sincère, mais je décide de suivre son conseil et de ne pas m'en faire. Oh oh, on dirait que je m'améliore, hein !

On se met donc rapidement au sec. Le hall d'entrée est un peu moins bondé, la plupart des groupes d'élèves s'étant probablement dirigée vers la cafétéria. Je suis donc plus à l'aise que tout à l'heure. J'ai moins l'impression d'étouffer. Il faut aussi dire que ma taille ne m'aide pas. Je suis plutôt dans les petites, donc dans une foule, il y a plein de gens plus grands que moi... enfin bref.

- Voilà, on est déjà mieux ici. Bon, il y a pas mal de monde, mais ce n'est rien comparé à la foule qu'il y avait avant. Les gens n'ont pas trop envie de sortir par ce temps...

Et voilà que je commence à dire n'importe quoi, parler météo... franchement.

- Erhm, ouai. Est-ce que tu aimerais poser tes bagages ? Je suis désolée si ça te dérange, mais les nouveaux arrivants dorment dans des dortoirs. Il y a des avantages et des inconvénients, bien entendu. Plus tard, tu auras ta propre chambre si tu décides de rester. Et si tu n'as pas envie d'être seule et que tu rencontres quelqu'un avec qui tu t'entends bien, je crois même qu'il y a la possibilité d'en partager une, mais je ne suis pas certaine. Il faudrait vérifier...

Je lui souris, sincère et bienveillante. Je ne pense pas qu'elle soit mal à l'aise, en tout cas elle n'en donne pas l'air, mais je veux être sûre qu'elle se sente bien.

- Est-ce que tu aimerais que je te fasse une visite de l'institut ? Est-ce que le Master qui t'a accompagné t'a donné une carte ? Ou peut-être que tu as faim et que tu aimerais aller manger ? Il y a la cafétéria, qui malheureusement doit être bondée, sinon il y a le village de Terrae, mais il faudrait marcher sous la pluie... Désolée de te poser toutes ces questions...

Je rougis légèrement, gênée. Il y a tellement d'informations que je dois lui donner et je ne sais pas ce qu'elle sait déjà ou pas. J'ai envie de bien faire, évidemment, mais je crois que je me précipite un peu.

[hrp : désolée pour l'attente T.T]

Selvi me guide rapidement à l'intérieur d'un grand hall. Çà et là, des gens sont rassemblés en petit groupes, ils discutent ou marchent dans une direction en chahutant. Je regarde autours de moi. Les murs sont hauts, le plafond orné d'un joli lustre. La vaste salle semble faite pour accueillir un grand nombre de personnes. Des étudiants, et des professeurs, je pense. Je pose une main sur la poignée de ma valise, mes yeux allant d'une personne à l'autre. Je me demande ce qu'ils font ici, pourquoi et comment ils sont arrivés. Quel est le critère pour entrer ici ? Car je me doute qu'il doit y en avoir un, sinon pourquoi viendraient-ils nous chercher, nous les nouveaux, nous qui n'avons jamais entendu parler de ce Terrae. Mais tous sont en forme, et rient. Ca ne peut pas être si mal, ici. Je souris et me tourne vers la jeune femme brune qui m'accompagne, et qui s'adressait à moi.

- Voilà, on est déjà mieux ici. Bon, il y a pas mal de monde, mais ce n'est rien comparé à la foule qu'il y avait avant. Les gens n'ont pas trop envie de sortir par ce temps...

Je fis un sourire désolé. C'est triste pour la pluie. Elle doit se sentir seule, toute seule, à tomber pour rien. Si personne ne l'aime, elle resterait toute seule. Et je trouve qu'à moins qu'elle soit un crachin glacé qui fige jusqu'aux os, la pluie est une entité agréable. Oui, entité, car je pense que toute chose vit. Même les meules et les peluches ! Alors pauvre pluie, toute seule dehors...

- Erhm, ouai. Est-ce que tu aimerais poser tes bagages ? Je suis désolée si ça te dérange, mais les nouveaux arrivants dorment dans des dortoirs. Il y a des avantages et des inconvénients, bien entendu. Plus tard, tu auras ta propre chambre si tu décides de rester. Et si tu n'as pas envie d'être seule et que tu rencontres quelqu'un avec qui tu t'entends bien, je crois même qu'il y a la possibilité d'en partager une, mais je ne suis pas certaine. Il faudrait vérifier...

Je regarde mon sac et ma valise. Seront-ils en sécurité dans le dortoir ? Je suppose que oui. Qui plus est je n'ai rien de valeur dedans. La seule chose que je dois garder, c'est... Je touchais discrètement la pochette grenouille sous mon anorak. Puis je levais le visage vers Selvi en souriant.

- Je veux bien, ce n'est pas très lourd et c'est encombrant ! Et ne t'en fais pas pour les dortoirs, j'ai dormi toute ma vie avec mes frères, ce n'est pas une petite cohabitation qui va me déranger ! Je vais pouvoir rencontrer plein de gens !

C'était la vérité, j'aimais tellement parler aux autres personnes. Mais celles qui ne m'inspiraient pas confiance, je les évitais, bien sûr. Selvi reprit soudain.

- Est-ce que tu aimerais que je te fasse une visite de l'institut ? Est-ce que le Master qui t'a accompagné t'a donné une carte ? Ou peut-être que tu as faim et que tu aimerais aller manger ? Il y a la cafétéria, qui malheureusement doit être bondée, sinon il y a le village de Terrae, mais il faudrait marcher sous la pluie... Désolée de te poser toutes ces questions...

J'aimais bien le sourire de la jeune femme aux cheveux brun chaud. Et sa façon de rougir aussi, et puis elle était gentille avec moi. Elle semblait accueillir quelqu'un pour la première fois, et ça me fit plaisir qu'elle soit si préoccupée pour moi. Je m'empressais de répondre à nouveau, réfléchissant en même temps.

- Hmm, on peut faire un parcours... Commencer par le dortoir, pour que j'y pose les valises. Puis les bâtiments, et si la pluie s'est arrêtée, le village ? Comme je n'ai pas faim pour le moment, je me disais qu'on pourrait marcher pour s'ouvrir l'appétit et revenir s'il le faut à la cafétéria plus tard, quand il y aura moins de monde ?

Ca me paraissait une bonne idée, et je mourais d'envie d'explorer mon nouveau chez-moi !

[Hrp : pas de problème ! :D]

J'adore son sourire. Il est rayonnant et elle est pleine de vie. Ça me ferait presque oublier que Chii est à Terrae... et que, donc, elle a ressenti le vide. Il ne faut pas que je l'oublie... Je suis cependant contente d'apprendre que dormir dans un dortoir ne la dérange pas, au contraire. Tant mieux, au final, puisque de toute manière, elle n'a pas le choix.

- Oui, tu pourras rencontrer plein de monde, mais fais attention. Certaine personne ici, particulièrement parmi les nouveaux, n'ont pas vraiment envie de faire de nouvelles connaissances ou même de passer du temps avec les autres. Je pense qu'avec un peu d'observation, tu pourras repérer les gens qui souhaitent avoir de la compagnie et tu pourras te faire de nouveaux amis !

Je lui souris, même si ce que je viens de lui dire n'est pas très réjouissant. Je n'ai pas voulu l'effrayer, mais j'ai entendu des histoires assez terribles concernant certains nouveaux qui auraient manifestement de la peine à s'intégrer et qui s'attaqueraient même à leur camarade... cause des visites obligatoires chez un psy, donc j'espère qu'elle sera prudente et que mon avertissement, même déguisé, l'aidera à trouver les bonnes personnes.

Mon interlocutrice répondit rapidement à mon avalanche de questions, proposant un parcours. Oui, je pense que c'est une bonne idée. Je me contente de hocher la tête avec un sourire et la guide jusqu'au dortoir des filles qui est vide pour le moment, ce qui n'est pas étonnant vu l'heure.

- Mmmmh, on ne m'a pas donné d'information, donc je pense que tu peux choisir le lit que tu veux... enfin un lit qui est libre, hein.

Je souris un peu gênée de cette réflexion stupide.

- Erhm, oui. Bon, quand tu sors, sur ta droite, la première porte, c'est la salle de bain et sur la gauche, c'est l'infirmerie. J'espère que tu n'en auras pas besoin, mais on ne sait jamais. Au fond du couloir, il y a le gymnase. Je te montrerai les portes quand on sera dans le couloir. Tu veux que je te laisse un moment pour t'installer ? Je peux attendre dehors.

Il va falloir que je lui trouve une carte si le Master qui l'a accompagnée ne lui a rien donné. En plus, on ne va pas pouvoir faire les démarches administratives pour son inscription aujourd'hui, le secrétariat est fermé. Bah, je lui proposerai qu'on se retrouve demain. Je ne travaille que le matin, donc ça devrait être ok pour elle. En attendant sa réponse, je réfléchis au chemin qu'on va emprunter pour la visite. Je lui fais faire du sport ou pas ? Parce qu'on peut monter progressivement par les escaliers, tout en visitant et on redescend en prenant l'ascenseur ou on fait l'inverse. On monte en ascenseur jusqu'au cinquième étage et ensuite on redescend par les escaliers et je lui fais visiter les étages un à un... mouai, je ne sais pas trop. Je verrai bien sur le moment... surtout que cette décision ne va pas changer notre vie, enfin c'est peu probable...

J'avais l'impression d'entrer dans un monde parallèle. Tout ici respirait le luxe et la joie pour moi. J'avais vécu dans des conditions semblables au tout début de ma vie mais elles s'étaient vite dégradées, tant et si bien que j'avais fini par oublier. Alors lorsque Selvi me guida vers le dortoir, je m'attendais à un endroit sombre aux murs sales et aux lits de fer avec des matelas durs comme de la pierre. Avant d'entrer, Aria me mit en garde :

- Oui, tu pourras rencontrer plein de monde, mais fais attention. Certaine personne ici, particulièrement parmi les nouveaux, n'ont pas vraiment envie de faire de nouvelles connaissances ou même de passer du temps avec les autres. Je pense qu'avec un peu d'observation, tu pourras repérer les gens qui souhaitent avoir de la compagnie et tu pourras te faire de nouveaux amis !

Loin de m'intimider, ça me mit plus en appétit qu'autre chose. J'aimais bien essayer de sympathiser avec les personnes un peu grognons, ou associables, car je pensais qu'elles étaient les plus intéressantes après que le dialogue ait été engagé. Et avec le temps, je savais commencer à apprécier ces gens qui, sous leur apparence bourrue, sont en vérité des gens adorables, qui méritent plus que ce qu'ils ont ! Enfin, la porte du dortoir fut devant moi, prête à s'ouvrir.

- Mmmmh, on ne m'a pas donné d'information, donc je pense que tu peux choisir le lit que tu veux... enfin un lit qui est libre, hein.

Selvi fit un sourire gêné. Sûrement trouvait-elle sa réflexion stupide..?

- Erhm, oui. Bon, quand tu sors, sur ta droite, la première porte, c'est la salle de bain et sur la gauche, c'est l'infirmerie. J'espère que tu n'en auras pas besoin, mais on ne sait jamais. Au fond du couloir, il y a le gymnase. Je te montrerai les portes quand on sera dans le couloir. Tu veux que je te laisse un moment pour t'installer ? Je peux attendre dehors.

Je fis un énorme sourire, surexcitée à l'idée d'entrer

- Oui merci ! Je reviens vite !

Oh là là, je peux même choisir mon lit ! J'ouvris la porte, et tombais dans une pièce large et longues, avec des lits et un casier en métal par lit pour ranger les affaires ! Les murs étaient de couleur chaudes, pastel. Et les lits avaient bien des montants de fer, mais luisants de propreté, avec des draps à l'aspect moelleux à souhait et des matelas épais. Je longe les lits, en cherchant un à mon goût. Puis, tout près de la porte, je tombe sur un lit en métal dont le précédent propriétaire (je suppose) a peint les montants en orange chaud ! Après vérification qu'il n'est à personne, je pose mon sac et me jette dessus avec un cri de ravissement. J'ai trouvé mon lit ! Le matelas en dessous de moi est ferme, mais prends rapidement la forme de mon corps et j'ai eu l'impression de m'enfoncer dans un matelas de plumes. L’édredon était comme je le supposais, moelleux et léger et doux. Ah, c'était le paradis ! Mais je pourrais en profiter plus tard, je devrais plutôt ranger mes affaires. Je sautais du lit, et ouvrais mes affaires. J'ai placé tous mes vêtements en haut de l'armoire, mes livres au milieu et le reste en bas. Cela fait, j'ai vite fourré mes sacs sous le lit et je suis ressortie pour aller voir Selvi.

- Voilà j'ai fini ! Je suis prête !

Je fis un sourire joyeux à Selvi. J'étais prête pour la suite.

Alors que Chii découvre le dortoir où elle va dormir ces prochains temps, je décide de sortir pour lui laisser un peu d'intimité. Une fois dans le couloir, je m'appuie contre un mur pour l'attendre. Mes pensées s'échappent et, plutôt que de réfléchir à ce qu'on va faire après, je rejoins un autre monde, un qui n'appartient qu'à moi. Je m'imagine volant juste au-dessous des nuages, côtoyant les oiseaux, observant les hommes, tout petits, presque imperceptibles à cette hauteur. J'invente des dragons virevoltant à mes côtés, majestueux. L'un d'eux attire particulièrement mon attention. Il est plus chétif que les autres et semble, de ce fait, plus fragile. C'est d'ailleurs ce qui a capté mon regard. Le reptile cuivré se démarque aussi de ces congénères azurins par sa vivacité et son élégance. Nos regards se croisent et je crois percevoir un sourire. Intriguée,...

Soudain, une voix me tire de ma rêverie. Je me redresse en sursaut et observe Chii d'un air ahuri, mais me reprends rapidement. C'est que je n'ai pas vu le temps passer, moi... et puis, je ne l'ai pas entendue sortir du dortoir. Je rougis, comme un enfant qu'on surprend en train de faire une bêtise, mais tâche de me reprendre rapidement.

- Erhm, oui... est-ce que... ça te plaît ?

Je souris timidement, puis décide de me mettre en mouvement. D'un simple geste, je l'incite à me suivre. Je réfléchis à toute vitesse, parce que je ne sais toujours pas par quoi je veux commencer. J'aurais mieux fait d'y penser, plutôt que de laisser libre court à mon imagination. Je suis incorrigible... Le stress a cependant ça de bon qu'il faut prendre une décision et arrêter de tergiverser. Lorsqu'on passe devant l'ascenseur, j'appuie sur le bouton. Ah bah... on va commencer par le haut alors.

- Je vais te faire visiter le bâtiment de haut en bas. C'est plus agréable et comme tout le monde doit être en train de manger, il n'y aura personne.

Je souris, ne me rendant pas compte que je me dévoile un peu, rien qu'en disant ces mots. En même temps, Chii a bien dû comprendre que je n'étais pas à l'aise dans les foules. Je ne sais pas, j'ai parfois de la peine à savoir comment les gens me perçoivent. Après le « ding » de l'ascenseur, nous entrons et nous voilà en route pour le cinquième étage. Je montre brièvement le toit à la nouvelle, puis la guide devant le bureau de la directrice, la salle de repos et finis par la salle des Masters.

- Retiens bien où se trouve cette pièce. Généralement, les élèves n'aiment pas trop y venir, pensant qu'ils ont sans doute fait quelque chose de mal, mais tout le monde y passe au moins une fois. Tu seras appelée ici dans quelques jours, probablement, et il ne faudra pas avoir peur. C'est tout à fait normal. Par contre, je ne suis encore jamais allée dans les deux autres salles. Viens, on continue.

Je lui indique encore la salle d'astronomie, où elle aura peut-être des cours, et le fait que l'observatoire se trouve de l'autre côté de la pièce, puis nous descendons d'un étage. Je réalise soudain que je ne lui ai même pas demandée si elle était d'accord de procéder ainsi. Je rougis, mais décide de ne rien dire. Il est trop tard de toute manière. Les trois étages suivants sont très vite visités.

- Les élèves de l'école sont divisés en cinq sections et chaque section a une partie de l'institut. Enfin, je veux dire que toutes les chambres d'une même section se trouve au même endroit. Ici, tu as les Airs par exemple. Oh, et au bout du couloir, là-bas, tu as la salle d'entraînement, mais les nouveaux ne peuvent pas y aller. Tu y auras accès lorsque les Masters t'auront appelée.

Je ne sais pas si c'est un peu lui mentir que de lui cacher la vérité. En soi, je ne suis pas certaine que la salle d'entraînement soit interdite pour ceux qui viennent d'arriver, mais si Chii pouvait éviter de se ramasser une tornade ou une boule de feu dans la figure... Je tâche d'accélérer un peu le rythme, histoire que ça ne nous prenne pas toute la journée, mais aussi pour éviter qu'elle me pose des questions toute suite. Je lui montre le reste, avant d'arriver au premier étage, où il y a l'atelier, les salles de classe et je décide de m'arrêter un instant dans la salle commune. Étonnamment, cette dernière est vide. Parfait !

- Viens, on va faire une petite pause ici.

Je m'assieds sur un canapé et attends que mon interlocutrice me rejoigne. Je serre mes mains sur mes genoux et fixe le sol, fuyant le regard de ma camarade. Il faut que je lui dise pour les pouvoirs, le plus tôt sera le mieux, non ? Mais comment je vais faire ça ?

- Dis-moi Chii, est-ce que... euuuh... est-ce que... erhm, est-ce que tu as des questions ?

Tentative numéro une... ratée...

[hrp : désolée pour l'attente ^^']

Je regarde Selvi qui me rend un regard ahuri. Je crois que je l'ai surprise en pleine rêverie ! Je me demande ce à quoi elle rêvait ? En tout cas...

- Ca me plait beaucoup ! Le lit est confortable et j'ai pu ranger toutes mes affaires, je me sens plus légère !

La seule chose que je gardais avec moi était ma petite sacoche en forme de grenouille. Elle ne me quittait jamais, et si je venais à la perdre, je serais dévastée. Mais j'y faisais bien attention, la gardant tout le jour et la mettant sous mon oreiller la nuit. Comme ça, je ne la perdais jamais ! Selvi sourit timidement puis se met en marche me faisant signe de la suivre. Je me la suivis donc tandis qu'elle reprenait la parole d'un air plus assuré.

- Je vais te faire visiter le bâtiment de haut en bas. C'est plus agréable et comme tout le monde doit être en train de manger, il n'y aura personne.

Oh ? Elle n'aimait donc pas les foules ? C'est vrai que c'est fatiguant d'être parmi beaucoup de monde. Et le calme m'allait bien, après tout je venais d'arriver, et sans la foule, je repérerais mieux les lieux.

Je regardais Selvi et inclinais la tête d'un air interrogateur.

- Dis, tu rêvais à quoi juste là ?

J'espérais qu'elle me répondrait ! L'ascenseur nous déposa au cinquième étage et je m'empressais de sortir découvrir les couloirs. La jeune femme à mes côtés me guide sur le toit, puis vers le bureau de la directrice, avant d'arriver devant une porte plus lourde et plus haute que les autres. Selvi prend alors la parole :

- Retiens bien où se trouve cette pièce. Généralement, les élèves n'aiment pas trop y venir, pensant qu'ils ont sans doute fait quelque chose de mal, mais tout le monde y passe au moins une fois. Tu seras appelée ici dans quelques jours, probablement, et il ne faudra pas avoir peur. C'est tout à fait normal. Par contre, je ne suis encore jamais allée dans les deux autres salles. Viens, on continue.

Je suis curieuse et traine un peu devant la grande porte avant de rattraper Selvi en courant. Ma guide me montre alors la salle d'astronomie, et l'observatoire. Tous ces instruments me fascinèrent tout de suite, mais nous partîmes avant que je n'ai pu m'en approcher. C'est peut-être mieux comme ça, j'aurais pu les salir ou les dérégler. Nous visitons rapidement les trois étages en dessous.

- Les élèves de l'école sont divisés en cinq sections et chaque section a une partie de l'institut. Enfin, je veux dire que toutes les chambres d'une même section se trouve au même endroit. Ici, tu as les Airs par exemple. Oh, et au bout du couloir, là-bas, tu as la salle d'entraînement, mais les nouveaux ne peuvent pas y aller. Tu y auras accès lorsque les Masters t'auront appelée.

Ses explications sont plutôt compréhensible, sauf un point...

- Les Masters ?

C'est bizarre ce nom. Qui sont ces gens ?
Le rythme s'accélère, nous descendons encore, elle me montre les salles de classe, et l'atelier. Puis elle s'arrête dans la salle commune, étonnamment vide.

- Viens, on va faire une petite pause ici.

Elle s'assied et je la rejoins rapidement sur le canapé. Celui-ci est moelleux à souhait ! Je la sens qui gigote un peu à côté de moi.

- Dis-moi Chii, est-ce que... euuuh... est-ce que... erhm, est-ce que tu as des questions ?

Je souris joyeusement.

- Oh oui, oui j'en ai ! D'abord, c'est quoi les Masters ? Et la salle en haut elle sert à quoi ? Et c'est quoi les Airs ? Oh, et pourquoi je ne peux pas entrer dans la salle d'entrainement ?

Je suis une tornade... Désolée Selvi !

Chii est adorable et je suis contente d'apprendre que sa place dans le dortoir lui plaît. On se met en route et je tâche de cacher ma gêne, mais c'était sans compter sur sa question une fois qu'on est dans l'ascenseur. Même si ça n'en a pas l'air comme ça, je trouve ça assez personnel comme question, venant de la part de quelqu'un que je viens de rencontrer et que je connais à peine. J'hésite un instant avant de lui répondre, cherchant ce que je devrais lui dire.

- À rien de spécial... j'aime inventer des histoires. J'ai beaucoup d'imagination... cette fois, il y avait des dragons.

Je m'arrête là. La nouvelle n'en saura pas plus... et j'en ai déjà beaucoup dit. Je lui fais alors la visite des étages et on finit par s'installer au calme dans la salle commune. Je lui demande finalement si elle a des questions et holalala, elle en a plein ! Mais en un sens, je préfère comme ça. Ça me donne un fil conducteur, tandis que si j'avais du tout lui expliquer comme ça, je n'aurais pas trop su par où commencer. Bon, va falloir que je lui parle des pouvoirs et je vais essayer de faire ça avec tact. Je souris à mon interlocutrice avant de commencer à parler d'une voix calme et posé, d'un rythme presque un peu lent, comme pour lui laisser le temps de bien intégrer tout ce que je vais lui dire.

- Alors, je vais essayer de t'expliquer tout ça, mais... disons que... ça va être un peu surprenant pour toi, j'imagine.

Je m'arrête un instant, le temps de souffler et mettre mes idées en place.

- Les Masters, ce sont ceux qui veillent sur l'institut. Beaucoup donne les cours et sont donc professeurs, mais il y en a d'autres qui ont d'autres fonctions. Je ne sais pas si tu as vu l'homme qui garde l'entrée par exemple. Il s'appelle Chris, c'est aussi un Master, mais il ne donne pas de cours. Enfin, je ne vais pas te faire toute la liste, parce que je ne pense pas tous les connaître.

Je lâche un petit rire gêné, puis un soupire. Pour l'instant, je n'ai  fait que contourner le problème...

- La salle en haut.., la salle des Masters, je suppose ? C'est dans cette salle que les Masters se réunissent pour parler des choses importantes qui se passent à Terrae. C'est leur salle de réunion, si j'ai bien compris. Ce qui est particulier, par contre, c'est que chaque personne vivant ici y passe au moins une fois, peu après leur arrivée. J'y suis passée et tu y passeras.

À nouveau, je laisse un temps, non pas pour laisser le suspens opérer, mais parce que je vais aborder la partie la plus difficile et je ne sais pas trop comment faire pour lui expliquer la chose sans l'effrayer ou passer pour une menteuse... ou la faire rire... enfin bref, faut que je me lance.

- Bon, c'est à partir de maintenant que ça va probablement devenir un peu surréaliste pour toi, mais, aussi étrange que ça puisse paraître, tout ce que je vais te dire est vrai et je peux te le prouver après, si tu le souhaites. Je pense que tu as réalisé que les sections de l'école ont chacune le nom d'un élément : l'air, l'eau, le feu, etc. Eh bien ce n'est pas un hasard. Je ne sais pas ce qu'on t'a dit sur Terrae, mais c'est une école spéciale. Toutes les personnes qui sont ici ont vécu ce qu'on appelle le Vide, tu sais de quoi je parle. Je ne sais pas si tu t'es demandée comment le Master qui est venu te chercher t'a trouvée. En fait, il a ressenti un appel, ton Appel, quand tu as vécu ton Vide. Même si tu ne t'en es pas rendu compte, il a ressenti ta détresse et c'est pour ça qu'il est venu te chercher.

Je marque une brève pause pour lui laisser le temps d'intégrer ce que je venais de lui dire, mais décide d'enchaîner avant qu'elle ne me pose de nouvelles questions. J'ai encore beaucoup de choses à lui expliquer.

- Ton Vide, en plus d'avoir créé cet Appel, est le déclencheur de quelques choses de bien plus grand. Je ne sais pas pourquoi et comment, mais quelque chose se modifie en nous... et si on le souhaite, on peut libérer un pouvoir enfui en nous. C'est pour ça que chaque nouveau doit passer en salle des Masters, pour passer ce qu'on appelle l'Initiation. Mais attention, tout le monde à le choix : rester et recevoir ses pouvoirs, ou partir et continuer sa vie comme si Terrae n'avait jamais existé. Tu es libre, Chii, libre de choisir ce que tu penses être le mieux pour toi. Donc, les Airs c'est quoi ? Eh bien... je suis Air... je peux le contrôler, jouer avec, c'est mon pouvoir, ça fait parti de moi. On ne sait pas non plus trop comment ça fonctionne, mais il semblerait que le pouvoir que tu reçois est lié à ton caractère, ta personnalité, ce que tu es. Les Masters sont les personnes qui ont une parfaite maîtrise de leur pouvoir. Ça leur a pris longtemps, de nombreuses années pour parvenir à un tel contrôle. Au début, quand tu recevras tes pouvoirs, si tu les acceptes, ils seront bridés pour ta sécurité et celle des autres et c'est avec de l'entraînement que tu apprendras à les maîtriser de mieux en mieux.

Je décide de m'arrêter là pour le moment. J'aurais sans doute pu lui cacher une partie de la vérité, cacher les pouvoirs et laisser à la prochaine personne le soin de lui expliquer, mais ça n'aurait pas été correcte. Maintenant, je ne sais pas comment elle va réagir à tout ça. J'espère qu'elle ne va pas se moquer de moi ou partir en courant... Au pire, si vraiment elle ne me croit pas, je lui fais la démonstration que je lui ai proposé...

- Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est la vérité. Si tu as des questions, n'hésite pas. Il y a encore deux ou trois trucs que je ne t'ai pas dits, mais tu sais le principal pour le moment, je pense.

Je lui souris gentiment. Ne fuis pas, s'il te plaît.

Je la regarde, des yeux pleins d'étoiles. Je suis une petite curieuse, alors j'attendais les réponses avec impatience ! Je la vis hésiter, et je me demandais un instant si ma curiosité n'était pas trop invasive parfois ? Mais Selvi répondit quand même.

- À rien de spécial... j'aime inventer des histoires. J'ai beaucoup d'imagination... cette fois, il y avait des dragons.

Je sentis mon sourire s'élargir.

- Ouuh, des dragons !! Ils étaient comment ? J'adore les dragons !!

Je sautillais presque sur place, ce qui me permit de me rendre compte à quel point j'allais trop loin. Aussi, je me reposais sur mes talons, croisant mes doigts derrière mon dos et me raclais la gorge, gênée. J'étais définitivement trop curieuse. Au final, Selvi n'ajouta rien. Je comprenais parfaitement et respectais totalement son silence, aussi la suivis-je sagement pour le reste de la visite. Finalement dans la salle commune, j'ai l'opportunité de poser mes questions lorsque nous nous assîmes dans un canapé. Et Selvi commença à expliquer calmement.

- Alors, je vais essayer de t'expliquer tout ça, mais... disons que... ça va être un peu surprenant pour toi, j'imagine.

Elle respira un coup, et se lança dans ses explications.

- Les Masters, ce sont ceux qui veillent sur l'institut. Beaucoup donne les cours et sont donc professeurs, mais il y en a d'autres qui ont d'autres fonctions. Je ne sais pas si tu as vu l'homme qui garde l'entrée par exemple. Il s'appelle Chris, c'est aussi un Master, mais il ne donne pas de cours. Enfin, je ne vais pas te faire toute la liste, parce que je ne pense pas tous les connaître.

Tout de suite quelque chose poppa dans ma tête.

- Ouh, ouh, alors c'est eux qui viennent nous chercher aussi ? C'est un Master qui m'a amenée à Terrae ?

Elle lâcha un rire. Ma question venait un peu comme un cheveux sur la soupe, mais disons qu'elle est rhétorique... Comme ça elle n'a pas besoin d'y répondre. Promis je ne l'interromps plus ! Donc, elle continua.

- La salle en haut.., la salle des Masters, je suppose ? C'est dans cette salle que les Masters se réunissent pour parler des choses importantes qui se passent à Terrae. C'est leur salle de réunion, si j'ai bien compris. Ce qui est particulier, par contre, c'est que chaque personne vivant ici y passe au moins une fois, peu après leur arrivée. J'y suis passée et tu y passeras.

Je fronce les sourcils, un peu dubitative. C'est un peu comme une salle des profs mais pour les Masters, alors. Mais si on est appelé, est-ce qu'on a fait quelque chose de mal ? Je vois mal Selvi faire quoique ce soit de mauvais ! Enfin, je reste silencieuse et attends la suite.

- Bon, c'est à partir de maintenant que ça va probablement devenir un peu surréaliste pour toi, mais, aussi étrange que ça puisse paraître, tout ce que je vais te dire est vrai et je peux te le prouver après, si tu le souhaites. Je pense que tu as réalisé que les sections de l'école ont chacune le nom d'un élément : l'air, l'eau, le feu, etc. Eh bien ce n'est pas un hasard. Je ne sais pas ce qu'on t'a dit sur Terrae, mais c'est une école spéciale. Toutes les personnes qui sont ici ont vécu ce qu'on appelle le Vide, tu sais de quoi je parle. Je ne sais pas si tu t'es demandée comment le Master qui est venu te chercher t'a trouvée. En fait, il a ressenti un appel, ton Appel, quand tu as vécu ton Vide. Même si tu ne t'en es pas rendu compte, il a ressenti ta détresse et c'est pour ça qu'il est venu te chercher.

Je ne peux empêcher mes sourcils de monter un peu plus haut... Cette histoire me parait vraiment bizarre !

- Ton Vide, en plus d'avoir créé cet Appel, est le déclencheur de quelques choses de bien plus grand. Je ne sais pas pourquoi et comment, mais quelque chose se modifie en nous... et si on le souhaite, on peut libérer un pouvoir enfui en nous. C'est pour ça que chaque nouveau doit passer en salle des Masters, pour passer ce qu'on appelle l'Initiation. Mais attention, tout le monde à le choix : rester et recevoir ses pouvoirs, ou partir et continuer sa vie comme si Terrae n'avait jamais existé. Tu es libre, Chii, libre de choisir ce que tu penses être le mieux pour toi. Donc, les Airs c'est quoi ? Eh bien... je suis Air... je peux le contrôler, jouer avec, c'est mon pouvoir, ça fait parti de moi. On ne sait pas non plus trop comment ça fonctionne, mais il semblerait que le pouvoir que tu reçois est lié à ton caractère, ta personnalité, ce que tu es. Les Masters sont les personnes qui ont une parfaite maîtrise de leur pouvoir. Ça leur a pris longtemps, de nombreuses années pour parvenir à un tel contrôle. Au début, quand tu recevras tes pouvoirs, si tu les acceptes, ils seront bridés pour ta sécurité et celle des autres et c'est avec de l'entraînement que tu apprendras à les maîtriser de mieux en mieux.

Je ne sais pas trop comment réagir. Mon côté enfantin saute et fait des cabrioles, tellement il est heureux. Mais mon côté pragmatique, né avec ma débrouillardise, me dit que quelque chose sent le souffre dans cette histoire. Alors... Comment la croire ? Je reste stoïque et silencieuse, mais mon cerveau, lui, tourne à plein régime. Il s'en passe des choses sous ma caboche. Beauuuuucoup de choses pour une gamine de 17 ans. Heureusement que par le passé, je suis devenue plus adulte. Selvi reprend la parole.

- Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est la vérité. Si tu as des questions, n'hésite pas. Il y a encore deux ou trois trucs que je ne t'ai pas dits, mais tu sais le principal pour le moment, je pense.

Je pense que c'est le sourire de Selvi qui m'a convaincue. Je sais pas pourquoi mais d'un coup je me suis sentie moi... en ébullition. J'ai souri, et mon sourire est devenu de plus en plus grand au fur et à mesure que mon excitation montait. J'ai fini par exploser.

- On se croirait dans un livre de science-fiction !! C'est trop cool ! Oh, mais c'est dur à avaler, aussi. Non pas que je te crois pas hein, mais bon. Mais c'est vraiment trop bien ! Je me suis demandé où est-ce que j'avais atterrit en arrivant ici, puis maintenant cette histoire de pouvoir ! C'est pas croyable !

Je repris ma respiration et repris de plus belle.

- Dis, je peux avoir une démo de tes pouvoirs ? J'ai trop envie de voir ça ! C'est tellement bizarre ! Mais cool ! Mais bizarre. J'ai quand même hâte d'avoir les miens !

Je pris quelques respirations et me calmais.

- Tu sais Selvi, dehors y'a rien qui m'attend, à part une vie pauvre et toute grise. Ici, tout est coloré et plein de vie. Je peux apprendre, et grandir comme une enfant de mon âge. Alors si il y a un choix à faire, moi je l'ai déjà fait.

Je souris doucement à Selvi. Je lui étais reconnaissante de m'avoir parler aussi simplement de quelque chose qui aurait pu faire fuir n'importe qui.

Je suis un peu tendue tout au long de mon discours. J'ai peur que Chii éclate de rire ou parte en courant et je ne suis pas sûre de savoir ce que je préférerais... J'essaie de me rappeler comment moi, j'ai réagi, lorsque Celia m'a parlé de tout ça. Je ne suis pas partie en courant, c'est sûr... mais je crois que j'ai ri ? En tout cas, je ne l'ai pas cru tout de suite, si je me souviens bien. Qu'est-ce que ça paraît loin tout ça.

La nouvelle me regarde, tantôt surprise, tantôt dubitative, tantôt neutre. Son manque de réaction sur la fin de mon monologue me met mal à l'aise. Je me demande si ce n'est pas pire que rire ou partir en courant, finalement. Je réagis comment à la non-réaction, moi ? J'essaie de la rassurer et lui permets de me poser toutes les questions qui lui passent par la tête. La jeune femme finit par sourire et je me détends un peu. C'est bon signe ça, non ? Un sourire, ça ne peut pas être un mauvais signe ! Bon, je ne m'attendais pas à cette explosion, mais j'encaisse sans trop de mal, surtout qu'elle a juste l'air toute fofolle.

Je hoche la tête à sa demande de démonstration et j'écoute la suite de ses propos tout en cherchant ce que je pourrais faire pour la convaincre définitivement... à moins que ça ne soit que de la curiosité. Je souris tristement à Chii lorsqu'elle me dit que rien ne l'attend dehors. Ça me fait de la peine pour elle. J'ai la chance d'avoir encore ma mère, qui me manque d'ailleurs, et mon père, mais on va éviter de parler de lui, là, maintenant... bref, j'ai encore un peu de famille en dehors de Terrae, même si, je dois bien l'avouer, je me sens vraiment chez moi ici et nulle part ailleurs. Ma main vient finalement se poser sur son épaule et la serrer légèrement avant de revenir se placer sur mes genoux. J'ai rarement ce genre de geste, surtout avec les gens que je ne connais pas, mais, je ne sais pas, j'ai eu envie de le faire. Ça a été instinctif.

Bon, revenons à nos moutons, une démonstration ! Bon, je ne vais pas m'entailler devant elle, c'est clair, donc il faut clairement que j'utilise l'Air... à moins qu'elle soit blessée... non, je ne vais pas demander. Donc, l'Air... mon regard parcourt rapidement la salle commune pour y trouver un objet à faire léviter. Je finis par me lever et me dirige vers une pile de magasine. Je maîtrise assez mon affinité pour faire voler un objet de cette taille. Je saisis l'un des journaux et, depuis ma position, me concentre pour le faire tenir en équilibre dans l'air, sans que je ne le touche, je précise ! Puis, en continuant à me concentrer, je le fais doucement avancer vers la nouvelle. Le magasine finit délicatement sa course dans ses mains.

- Voilà ta démonstration. L'Air, ça peut être pratique quand tu es à ton bureau et que tu as laissé l'un de tes livres sur ton lit et que tu as la flemme de te lever pour aller le chercher.

Je ris doucement. Je dois avouer que ça ne m'est encore jamais arrivé, mais ça me donne une idée pour la prochaine fois. Je retourne m'asseoir près de Chii.

- Je ne t'ai pas encore tout dit... en plus de l'élément, on a un pouvoir secondaire. Moi, par exemple, je suis Air Guérisseuse. À chaque élément est associé deux pouvoirs complémentaires, mais on n'en reçoit qu'un. Donc les Airs, par exemple, sont soit des Guérisseurs, soit des Sonores. Pour les autres affinités... il y a des Morphes et des Voyants chez les Eaux, des Invisibles et des Marionnettistes chez les Feux, des Titans et des Télépathes chez les Terres et des Téléporteurs et Sensitifs chez les Tonnerres. Voilà, tu as toute la liste comme ça.

Je marque à nouveau une pause, réfléchissant à ce que j'ai oublié de lui dire.

- Comme je te l'ai expliqué, il y a plusieurs sortes de... de niveaux... ou d'étapes. Enfin bref, quand tu reçois tes pouvoirs, tu es initié et tes pouvoirs sont bridés, ça je te l'ai déjà dit. Ensuite, tu vas passer une étape qui s'appelle l'Étoilisation. Ça se passe quand tu maîtrises suffisamment tes pouvoirs en tant qu'initié, mais tu ne sais pas quand ça va arriver, personne ne sait. Et finalement, il y a le passage au rang de Master. Ça par contre, ce sont tous les Masters qui décident qui peut être candidat, enfin je crois... et il y a un combat à faire dans l'arène. Je ne sais pas s'il y a autre chose à faire ou comment ça se passe, mais les combats sont assez violents... le candidat doit montrer ce dont il est capable. Enfin, je ne veux pas te faire peur avec toutes ces histoires, on en est pas encore là.

Je ris une nouvelle fois, un peu gênée. Chii découvrira tout ça bien assez tôt...