Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI EST-CE QU’ARIANA ME HARCELE AINSI ?

Avec un soupir, j’attrape mon portable qui vibre pour la vingtième fois en cinq minutes j’ai l’impression. « Hamiltonouillette v1 jve sortir mé pas toute seule plz mlaisse pas on sor ds 1 bar ca va etre cool ! ». Réponse simple, concise et claire de ma part : « Non. ». J’en serais presque à lancer le téléphone à l’autre bout de la pièce mais Ariana est une vraie furie des textos. Elle répond beaucoup trop rapidement, ce n’est humain j’en suis sûre. « Mais vas yyy pk tu veux pas ? ». Un grognement m’échappe. « Malade. Pas envie. C’est tout. ». Regret immédiat. « T malade ?? OK ATT J’ARRIVE ! ». Non. Non. NOOOOOOOON.

J’enfouis ma tête sous la couette en laissant pour le coup tomber le portable au sol. Pour le peu que je l’ai vue, je comprends bien que ce n’est pas un « Reste dans ta chambre. » qui empêchera la rouquine de débarquer. Sauf que ma propre chambre est un massacre. Etre malade en avril, sérieusement ! Les mouchoirs jonchent le sol, la poubelle étant pleine. Des boîtes de dolipranes et ibuprofènes vides ou presque trônent sur mon bureau ainsi que ma table de nuit. Comme pour parfaire le tableau, des sachets de thé usés se baladent en divers endroits. Faire le ménage avec 39° de fièvre et en toussant comme une vieille cancéreuse n’est pas chose aisée, croyez-moi. Je n’aborderai même pas le sujet de mon propre état physique. Cheveux non coiffés depuis quelques jours, teint probablement plus pale encore que d’habitude mais nez et joues rougis… Appelez-moi « L’Epave », ce sera parfait.

Avec lenteur, je me dégage de la couette et frissonne alors qu’un filet de sueur froide coule dans mon dos. Avec un nouveau grognement j’attrape le premier médicament pouvant faire baisser la fièvre qui passe et l’avale avec un peu d’eau. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. De toutes façons, même si Ariana arrive pendant que je suis sous la douche, je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle rentre. En passant, j’attrape des vêtements propres et jette quelques-uns des mouchoirs dans la poubelle déjà trop pleine mais tant pis avant d’entrer dans la petite pièce. Je ne jette pas même un regard au miroir, me contente de me déshabiller et passer sous l’eau brûlante. Au bout d’une dizaine de minutes, j’en sors et me change. A peine ai-je abaissé la poignée de la porte et mis un pied dans ma chambre que des coups sont frappés à ma porte.

- Entre, marmonné-je d’une voix rocailleuse en m’approchant de mon bureau pour me rouler une cigarette.

Je ne sais pas pourquoi, je sens que je vais me faire engueuler. Mes cheveux sont encore humides, j’ai la bonne idée de vouloir m’en fumer une – je ne l’ai pas fait depuis deux jours, comprenez-moi – et j’ai l’air de ne pas avoir dormi depuis une semaine alors que je ne fais que cela. Allez, préparation psychologique en cours. Ce ne pourra pas être si pire que cela, si ?

MAIS POURQUOI ELLE REPOND PAAAAS. Ariana est frustrée. Elle grommelle un peu et attend, assise sur son lit, que sa super rouxpine lui réponde. Elle tord sa bouche et joue avec ses doigts, fait semblant de s'occuper en faisant un câlin à son écharpe-panda-roux-doudou, roule sur son lit, puis se rassied devant le portable. Mais allez, vazy, réponds. T'écris trop lentement. TROP. LENTEMENT. GRRR.

Finalement, le portable clignote enfin et elle saute dessus pour le récupérer. QUOI ??? JUSTE NON ?? MAIS VAZYYYY. Elle lui renvoie imméditament une réponse. Puis re-roule cinq fois sur son lit en attendant qu'elle daigne répondre. Ariana retourne sur ses autres conversations et se retient de renvoyer un message à l'alien. GNIIII MAIS REPPPO—Oh une réponse.

Malade ??? Hamiltoudoux est malade ?? OK. TRES BIEN. C'est une mission pour SUPER ARIA.

Elle saute de son lit et enfile ses chaussures, fais immédiatement chauffer de l'eau et va fouiller dans son placard pour trouver son thermos qu'elle va relaver - la poussière - et un sachet de soupe en poudre. Elle verse le contenu du sachet dans le récipient, retourne fouiller pour récupérer son sac de sport qu'elle remplit avec quelques bricoles. Elle sautille devant la bouilloire en lui ordonnant de se dépêcher, puis elle se souvient qu'elle est eau et accélère encore le réchauffement du liquide. Ouiii. Allez, petite soupe, on touille, on prend une cuillère propre, et gogogoo !

Elle finit par arriver, enfin, devant la chambre de sa Hamiltonouillette, et frappe doucement à la porte. Elle entre lorsqu'elle le lui autorise, en essayant vraiment de ne pas sauter dans tous les sens pour ne pas l'épuiser davantage.

—Coucouuu... Ca va ...? Je t'ai ramené des petits trucs ! fait-elle en posant son sac dans un coin, et son thermos sur son bureau encombré. Oula, c'est un peu une catastrophe, ta chambre... Tu devrais pas laisser tes mouchoirs partout comme ça !

Elle s'approche et plisse le nez en voyant ses cheveux trempés.

—Viens, je vais te sécher les cheveux ! Ta crève va attraper la crève ! rajoute-t-elle en se retenant de la pousser dans la salle-de-bain.

C'est dur de contenir toute son énergie omg. Elle va fouiller dans la salle-de-bain et tire son sèche-cheveux et une brosse, puis lui pousse sa chaise de bureau près de la première prise libre qu'elle trouve.

—Tu ne t'approches pas de ta fenêtre pour fumer avant que tes cheveux soient secs, je te préviens ! la menace-t-elle avec sa brosse.

Elle est morphe, ça vous étonne qu'elle soit grande-soeur poule ?

Honnêtement ? Je m’attendais à ce qu’Ariana me saute dessus, crie et blablate sans que je ne puisse l’arrêter. En fait, je m’attendais à ce qu’elle soit « Ariana ». Mais au lieu de la pile électrique que j’ai l’habitude de voir, la jeune fille semble prendre un soin particulier à ne pas me brusquer outre mesure.

- Je n’ai pas eu le temps de ranger, expliqué-je en réponse à sa remarque sur les mouchoirs.

Ni l’énergie à vrai dire.

Lorsqu’elle aperçoit mes cheveux goutter dans mon cou, Ariana n’apprécie que peu. Rapidement, je me retrouve assise sur une chaise sans tout à fait comprendre comment. Néanmoins, si je veux fumer le sèche-cheveux parait être l’étape obligatoire. Je me laisse faire sans trop rechigner, me contentant d’un haussement d’épaules.

En revanche, je grimace alors que la jeune fille passe la brosse dans mes boucles emmêlées tout en les séchant. Je ne lui jette pas la pierre, il est impossible de me coiffer sans que cela tire. Néanmoins, disons que ce n’est pas la grande éclate. Quand enfin la torture se termine, je me lève et retourne vers mon bureau pour rouler ma cigarette – tout en manquant de m’étouffer dans une quinte de toux. J’attrape une écharpe dans laquelle je m’emmitoufle et m’approche de la fenêtre. Celle-ci ouverte, je m’appuie contre le rebord et allume ma cigarette avant de me tourner vers la rouquine.

- Qu’as-tu ramené du coup ? demandé-je en désignant du menton le sac qu’elle avait avec elle.

Je tente de lui adresser un petit sourire, faute de remerciements. J’aimerais pouvoir lui faire comprendre que finalement, je suis un peu touchée qu’elle soit venue m’aider. Un peu. Je tire une taffe de ma cigarette et soudain-

- Ah ! Ariana ! Tu es là ! m’exclamé-je.

Eurg. Une nouvelle quinte de toux me prend et je note de ne plus tenter les exclamations. Délaissant ma cigarette avec une grimace je secoue la tête. Un petit soupir m’échappe lorsque je reprends :

- Enfin. Je sais que tu es là. Mais ce que je veux dire c’est que je n’ai pas eu l’occasion de te voir longtemps depuis Noël et. Euh. Attend.

Je m’écarte de la fenêtre pour la fermer. Je m’approche ensuite du tiroir sous mon bureau et y farfouille un moment avant d’en sortir un paquet emballé. Me tournant vers l’Eau, je le lui tends, les joues un peu rosies – par la fièvre, n’est-ce pas ?

- J’ai… Je suis tombée là-dessus dans un magasin et j’ai pensé à toi. Enfin. C’était supposé être un cadeau de Noël mais tu peux le considérer comme un cadeau pour être venue me tenir compagnie aujourd’hui.

Je ne suis pas gênée du tout. Du tout. A peine. Ne ferait-il pas un peu chaud ? Ce doit être la fièvre. Probablement.

Effectivement, Aria ne s'attendait pas à trouver la chambre d'Hamilton rangée, mais au moins, elle aurait pu mettre ses mouchoirs dans la poubelle ! Ca prolifère en termes de microbes ici, c'est terrible ! Elle la pousse néanmoins à accepter de la laisser lui sécher les cheveux, tranquillement. Ariana lui brosse les cheveux dans des gestes lents, mais les boucles sont difficiles à démêler et elle doit repasser plusieurs fois aux mêmes endroits - elle-même, avec ses cheveux lisses, n'a pas vraiment de problème à les lisser.

Rapidement, elle peut relâcher le sèche-cheveux et le ranger dans la salle-de-bain, la gratifiant d'un petit "et voilààà". Elle l'observe s'approcher de la fenêtre et finit par ramasser du bout des doigts les mouchoirs pour les jeter dans un sachet, puis se lever les mains.

—Un peu de soupe, des films, de quoi te refaire une manucure. Ca te dit ? sourit-elle.

Puis elle est prise de court par l'exclamation de son amie. Euh. Moui. Moui ben oui, elle est là, hein, forcément. Elle hausse donc un sourcil pendant qu'elle s'étouffe et la laisse se calmer tranquillement, avant de hausser deux sourcils. Elle ouvre graaand la bouche et se retient de sautiller en prenant le cadeau, mais l'attrape précautionneusement et l'ouvre...

—Haannndnfhjsdfjn;dsf c'est trop mignooonnn, baragouine-t-elle en tentant de parler à voix plus basse qu'à l'ordinaire, pour éviter de la bousculer trop fort. C'est trop gentil merci !! Je. Je peux te faire un câlin ?

Oui. Ariana a demandé. ELLE A DEMANDE OK NOTEZ MOI CET EFFORT FORMIDABLE POUR NE PAS BRUSQUER HAMILTOUDOUX (mais quand elle ira mieux elle se posera plus la question, laisse tomber). Elle observe la tasse et la serre contre elle un instant, les yeux brillants, avant de relever le regard vers elle.

—J'ai aussi un truc pour toi, mais faudra que tu me laisses le temps d'aller te le chercher, sourit-elle largement. Tu aimes la soupe aux champignons ?

Elle a envie de sauter dans tous les sens, c'est tellement difficile de se contenir, là.

J’acquiesce lorsqu’Ariana me parle de soupe, de films et de… manucure ? Grimace intérieure. Je prends soin de mes ongles… au minimum dirons-nous. Je les coupe lorsqu’ils sont trop longs, les nettoie correctement et les lime. Mais le vernis, ce n’est pas dans mes habitudes.

- Nous verrons pour la manucure, hein… marmonné-je.

Mais ensuite son cadeau me revient en tête et je le lui offre avec embarras. L’Eau, elle, semble plus joyeuse que jamais. Cela me donne un peu de baume au cœur et je ne peux retenir un léger sourire, heureuse que la tasse lui plaise. Jusqu’à ce qu’elle me demande un câlin. Instinctivement, je me tends. Néanmoins, Ariana depuis qu’elle est arrivée fait des efforts. Elle ne crie pas, ne sautille pas partout et pourtant je vois dans son regard cette lueur qui me montre qu’elle en meurt d’envie. Mais surtout, elle ne m’a pas prise dans ses bras sans que je ne le vois venir. Aujourd’hui, elle m’a demandée. Alors calmement, j’écarte un peu mes bras et hoche de la tête :

- Fais-toi plaisir.

Parce que bon hein quand même, même Ys s’est moins retenu que la demoiselle. Lui m’a littéralement sauté dessus de bonheur. Je peux donc bien laisser la rouquine me faire un câlin. Cela lui fait plaisir après tout. Et puis ce n’est pas si horrible que cela. Finalement, cela peut être sympa de faire des cadeaux. Regardez-moi ces yeux tout brillants, là. Je me demande qui peut y résister. Roh puis cela m’agace. Qu’elle me fasse un câlin et qu’on oublie, hein.

Je la laisse m’étreindre et souris légèrement en la serrant maladroitement contre moi. Je ne suis toujours pas habituée à la chaleur humaine que l’on ressent lorsque l’on est si proche. Et je ne suis toujours pas habituée à pouvoir trouver cela agréable, de temps à autre. D’ailleurs là je ne trouve pas cela agréable. N’allez pas croire cela. Je suis juste malade et fatiguée. Si, il y a un rapport. Je ne sais pas lequel, mais il y en a un. C’est tout.

Quand enfin le moment est passé, je replace machinalement une mèche de cheveux et me souviens de la question d’Ariana, ainsi que du fait qu’elle m’ait dit avoir quelque chose pour moi. Un cadeau… J’en ai reçu un de Nicolas, mais cela aussi j’ai du mal à m’y habituer. Je n’en montre rien, perturbée par les émotions décuplées aujourd’hui par la fièvre :

- Oui, j’aime la soupe aux champignons. En revanche, tu n’as pas à m’offrir quelque chose, Ariana, je finis enfin par lui répondre d’un ton calme.

Je ne veux pas qu’elle se sente obligée. Je ne veux pas qu’elle croit me devoir quelque chose. Je veux simplement ressentir cette émotion. Celle qui nous envahit lorsque l’on offre juste par envie. Juste pour voir la joie illuminer le visage de la personne. Les yeux brillants, l’impatience de découvrir ce qu’il se cache sous le paquet. Donner, et non pas échanger.

Nan mais n'importe quoi, l'autre, "nous verrons patati patata et bloubloublou" hein ! Non, non, non, une manucure impeccable c'est TREEES important. Surtout quand on sort avec une fille. Non mais oui, je suis désolée, il faut faire vachement attention à ses ongles, ok, et- comment ça personne n'a envie d'avoir cette discussion avec elle ? Mais BIEN SÛR QUE SI il le faut ohlala mais faut tout vous expliquer franchement, vous réfléchissez pas en fait !

Mais bon, heureusement pour Adélaïde, Aria oublie très rapidement l'idée puisqu'elle change de sujet de manière incroyablement efficace - ce qui n'est pas toujours le cas avec la petite morphe, vous vous en doutez. La marionnettiste semble même accepter... non, je me corrige : elle ACCEPTE un câlin de sa part. C'est bon, on a perdu Ariana ; elle est en train de hurler dans sa tête et de rouler partout sur le parquet de sa conscience. Ce qui est assez effrayant, je dirais.

Ariana lui saute donc à moitié dessus pour l'enlacer, mais la rouquine se retient de ne pas trop la brusquer. Son sourire s'étire jusqu'à ses oreilles parsemées de tâches de son, et elle se prendrait presque à ronronner à la sentir lui rendre son étreinte en retour. Puis, elle la relâche, et relève ses yeux pétillants vers elle.

—Ah, mais c'est pas parce que je m'y sens obligée ! Je l'ai terminé y a quelques temps mais j'avais oublié de te le donner, donc tu m'y fais penser !

Parce qu'Aria est une vraie tête de linotte, mais elle pense tout de même aux choses. Même s'il lui arrive d'avoir trois mois de retard, ahem.

—Bon et tant mieux pour la soupe ! chantonne-t-elle en sautillant vers son sac, duquel elle tire son thermos.

Elle l'oblige ensuite à s'assoir sur son lit et le lui tend.

—C'est du préfabriqué, mais elle est bonne quand même. Il faut manger des trucs chauds ! Je suis sûre que tu as pas eu un vrai repas depuis un moment...

Puis, lorsqu'elle se rend compte qu'elle a un peu trop haussé le ton, elle s'éloigne du bord du lit en tâchant de faire moins de bruit.

—Dis-moi si ça te va ! Je fais l'aller-retour rapidement dans ma chambre, d'acc d'acc ? Tu veux que je fasse du thé aussi, ou tout à l'heure ?

C'est pour savoir si elle laisse sa magnifique tasse ici. Elle lui lance d'ailleurs un regard attendri, toute heureuse de pouvoir la compter dans sa collection d'objets utiles mais farfelus.

Un si grand sourire pour un si simple cadeau. Elle est si naturelle, l’Eau. Si spontanée. Comme souvent lorsque je la vois ainsi, à se livrer comme elle est, sans masque, sans gants… mon cœur se pince un peu. Juste assez pour tenter de me faire comprendre que j’envie l’amour et la joie qu’elle offre sans retenue, mais pas assez pour que je le comprenne réellement.

Appuyée contre le bureau, j’observe Ariana sautiller vers son sac tout en blablatant. Mon regard neutre caresse l’être si vivant et je me laisse tirer vers le lit, pour une fois sans rechigner. Je hausse les épaules lorsqu’elle me dit que c’est du préfabriqué :

- Tu sais, la nourriture du foyer ne relevait pas de la grande gastronomie, lâché-je d’un ton plat. Je devrais pouvoir survivre à de la soupe industrielle.

Comme pour ponctuer ma phrase, je porte le thermos à mes lèvres. Elle a raison, je n’ai pas réellement mangé depuis un petit temps. Le liquide chaud me fait immédiatement du bien et j’abaisse les paupières en en avalant quelques gorgées réconfortantes. Les rouvrant, je pose mes yeux verts sur Ariana :

- C’est très bon.

Merci.

La rouquine recule un peu. Elle parlait un peu plus fort et soudain la revoici toute discrète. Intérieurement, je souris. Elle tente, maladroitement, mais elle tente bien de ne pas me froisser. Si je la savais déjà attentive, je ne l’aurais pour autant pas cru capable de tant d’efforts.

Elle me dit ensuite qu’elle va rapidement aller jusqu’à sa chambre. Une petite anxiété nait dans mon estomac à l’idée de recevoir un cadeau de sa part… mais dans le même temps, une pointe d’impatience apparait. Pour dire vrai, je n’aime pas devoir ouvrir le paquet devant elle. Cela est si… gênant. Enfin, je vois son regard glisser sur la tasse lorsqu’elle me demande si je souhaite du thé. Mes yeux fatigués se plissent un peu alors que mes lèvres s’étirent en un mince sourire :

- Je veux bien un thé, Ariana, je lui réponds.

Non pas que j’ai une grande envie de thé mais, cela, elle n’a pas besoin de le savoir.

- As-tu déjà mangé au fait ? ajouté-je en agitant un peu le thermos.

Parce que, cela est bien joli qu’elle s’occupe de moi, mais il ne faudrait pas non plus qu’elle s’oublie, la rouquine. Alors si avant de filer, elle voulait manger un peu cela ne serait pas trop mal. Et non, je ne retarde pas le moment de l’ouverture du cadeau.

Aria est heureuse. Adélaïde ne la rejette pas, contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, et elle tente de son mieux de ne pas trop la brusquer pour ne pas l'épuiser davantage. Elle acquiesce néanmoins, hausse même les épaules.

—Oui mais j'aurais voulu prendre le temps de te faire quelque chose de meilleur ! Je te cuisinerai quelque chose, une fois. C'est quand, ton anniversaire ?

Le sourire que lui renvoie Aria lorsqu'elle lui dit que sa soupe est bonne pourrait traverser le mur tant il irradie de bonheur. Elle est contente que ça lui plaise, mais elle espère surtout que ça lui fera du bien. C'est important de prendre soin de soi quand on est malade…

La petite eau relève le nez vers Adélaïde et lui offre un grand sourire.

—Je vais chercher le nécessaire pour du thé alors ! Et ne t'inquiète pas, mange, je me suis déjà empiffrée tout à l'heure. Je vais devenir obèse si ça continue, glousse-t-elle.

Et elle disparaît sur un signe de la main pour trottiner jusqu'à sa chambre. Elle prend sa théière, un sachet de thé et son paquet cadeau qu'elle coince sous son bras en chantonnant, avant de retourner devant la chambre de la feu. Grande inspiration, elle pousse lentement la porte avec l'épaule comme elle est chargée.

—Me revoilàà… sourit-elle, avant de tendre son paquet à son amie pour qu'elle le prenne. Je vais faire le thé ! Tu peux l'ouvrir héhé !! Tu me diras si ça te plaît, hein ? Joyeux Noeeel ! Enfin. Très en retard, mais voilà !

Elle est tentée de dire "et si ça te va", mais elle se contient. Elle espère vraiment que le chemisier qu'elle lui a cousu lui ira... Pendant ce temps, elle lui jette de fréquents coups d'oeil et va remplir la théière, avant de la poser sur le bureau et de mettre ses mains autour pour faire lentement bouillir l'eau. Elle rougit d'avance en imaginant sa réaction. Alors, aimera, aimera pas ?

Lorsqu'elle l'a déballé, elle s'empresse de dire, mélangeant presque les mots tant elle parle vite :

—Si jamais ça ne te va pas, dis-le moi, je l'ajusterai ! C'était difficile comme je ne t'avais pas comme modèle et euh voilà, bref. Tu aimes ???

Plize dis oui.

Ariana me demande la date de mon anniversaire. Je grimace intérieurement mais lui réponds, même si c’est un peu à contre cœur :

- Le dix juin.

Le sourire qu’elle affiche ensuite est lumineux. Il brille. Il brille tant qu’il me fait oublier un instant que je suis malade. Pauvre petite Ariana. Tu ne sais pas vraiment t’entourer de gens aussi heureux que toi, n’est-ce pas ? L’es-tu réellement, ou fais-tu simplement bonne figure pour que nous, nous puissions aussi l’être ?

Elle s’en va et je pousse un petit soupir. Comme Alice, elle est un Soleil qui fait profiter tout le monde de ses rayons… Mais c’est elle qu’elle brûle, peu à peu. Ou bien suis-je trop pessimiste. Peut-être.

Ariana revient et me tend immédiatement un paquet, me disant que je peux l’ouvrir pendant qu’elle fait le thé. Je lui offre un léger sourire alors qu’elle me souhaite joyeux Noël en retard tout en haussant des épaules :

- Nous ne sommes juste pas calées sur les mêmes dates que les autres. Noël est un jour différent pour nous, voilà tout.

L’Eau s’occupe du thé tandis que je me penche sur le paquet. J’approche mes doigts hésitants du papier cadeau. Je ne suis pas habituée. Recevoir. Quelle chose étrange. Et gênante. Je sens les coups d’œil brefs que me lance Ariana, mais ne lui dis rien. Avec lenteur, je glisse un ongle sous un bout de scotch. Je ne veux pas déchirer le paquet. Je veux l’ouvrir proprement. C’est du coup avec moult précautions que j’atteins finalement un bout de tissu. Je l’attrape et le tends devant moi, découvrant un chemisier blanc au tissu fin et un peu bouffant. Mes yeux le détaillent un moment avant que l’Eau ne me sorte de mon observation en me demandant s’il me plait, me disant aussi que s’il le faut elle peut l’ajuster. Mon regard se pose sur elle, puis sur le chemisier, avant que je ne me lève sans rien dire.

Le vêtement toujours en main, je pousse la porte de la salle de bain que je referme derrière moi. Face au miroir, je découvre des yeux que j’étais parvenue à garder secs devant la jeune fille devenus humides.

- Elle a fait quelque chose pour moi, murmuré-je pour moi-même. Elle l’a fait elle-même. Pour moi.

Seule dans la pièce, je serre une fraction de seconde le cadeau contre moi avant d’enlever mon haut, enfilant à la place le chemisier. Ariana a l’œil. Il est tout à fait à ma taille. Un tout petit peu long au niveau des manches, mais parfait sinon. J’inspire profondément, retrouve mon expression neutre, avant de sortir :

- Il me va très bien. C’est très gentil.

Le merci ne sortira pas. Mon regard est un peu plus doux.

Un cadeau. Fait main. Pour moi.

Aria note la date dans un coin de son cerveau et espère s'en rappeler d'ici là. Elle est heureuse la petite Aria ; sans doute parce qu'elle ne se rend compte de rien, ou parce qu'elle préfère ne se rendre compte de rien. Parce que pour elle, même si les choses vont mal, il y a toujours de l'espoir. Elle s'en est sortie ; tout n'est pas rose, tout n'est pas facile, mais elle sait que c'est possible. Même si parfois les choses sont plus graves, même si parfois elle ne comprend pas. Pour le moment, elle est simplement heureuse. Elle profite du moment, revient rapidement avec un peu de thé et son cadeau. Son rire lui fait lentement secouer les épaules, son sourire irradie encore ; la petite blague d'Hamilton fait son effet. Noël, c'est un peu tous les jours, alors ?

La petite Eau s'en va faire le thé et observe longuement son amie déballer son paquet. Elle semble n'avoir aucune réaction visible, presque comme toujours, mais l'observe longuement. Elle se demande un instant si elle n'aurait pas dû choisir autre chose, au final, en la voyant se lever pour s'enfermer dans la salle de bain. Elle en ressort quelques instants plus tard, le chemisier sur le dos. Et le visage d'Aria s'illumine à nouveau.

—Ohhh, je suis contente s'il te plaît ! Il te va bien, oui. Si tu veux que je raccourcisse un peu les manches, dis-le moi d'accord ? Je pourrai faire ça facilement. Mais plus tard, hein ?

Son regard a quelque chose de changé, remarque la Morphe. Elle ne sait pas bien d'où il vient, mais ça lui importe peu. Elle préfère se dire que c'est parce que son cadeau lui a vraiment plu.

—Est-ce que tu veux qu'on s'installe pour regarder un film, du coup ? Un Disney ? dit-elle avec un grand sourire.

Elle trottine joyeusement jusqu'à son sac pour en sortir son ordinateur et son disque dur, prête à sautiller sur place pour lui faire part de son enthousiasme, au cas où celui-ci n'est pas assez évident.

Elle allume son ordi sans vraiment attendre sa réponse, mais lui jette de petits regards, prête à lui montrer toute sa liste de films pour qu'elle en choisisse un qui lui plaise. Elle ne veut pas lui en imposer un en particulier ; de toute manière, à Noël, elle s'était bien promis de lui en faire découvrir quelques-uns.

Ariana est heureuse que cela me plaise. Elle ajoute que si je le souhaite, elle pourra me raccourcir un peu les manches. J’acquiesce. Mais plus tard, elle a raison. Elle propose ensuite que nous nous installions pour regarder un film. Un Disney, plus précisément. Je retiens un petit rire au souvenir d’elle et Nicolas dansant sur les musiques des fameux dessins animés à Noël. Depuis, je n’ai pas eu l’occasion d’en voir. Avant aujourd’hui apparemment.

- Nous pouvons faire cela. Je vais juste prendre mes médicaments avant. D’ailleurs Ariana tu risques d’être malade à trop rester avec moi. J’espère que tu as une santé de fer.

Toutes les émotions ont fait remonter ma fièvre en flèche et je me sens soudainement fatiguée. A pas un peu trop lents, je m’approche de ma table de nuit et attrape l’ibuprofène qui y est posé. Je l’avale et rejoins l’Eau qui s’est mise sur mon lit. Nous sommes un peu près l’une de l’autre, mais je m’en aperçois à peine, la maladie aidant bien.

Mes yeux plus brillants que d’habitude à cause de la fièvre se posent sur la petite Eau toute joyeuse à l’idée que nous regardions un Disney ensemble. Ses regards sont insistants mais m’amusent et c’est sans rechigner que je jette un œil à la liste de films qu’elle me montre. Un moment passe avant que mon doigt ne vienne en désigner un :

- Celui-ci… Vous en parliez beaucoup avec Nicolas. Vous avez chanté.

Raiponce, il me semble.

- Est-il bien ?

J’étouffe un bâillement en me tournant un peu vers la rouquine. J’ai hâte que le médicament fasse effet. En tout cas, à la bouille illuminée que m’offre Ariana, j’en déduis que j’ai fait le bon choix. Un si bon choix que je sens que la petite Eau ne va pas pouvoir s’empêcher de gigoter par envie de danser et encore moins retenir sa langue pour chanter. Ne pas admettre que c’est plutôt drôle serait vraiment de la mauvaise foi.

Attendant qu’elle lance le film, mon regard vient se poser en coin sur la rouquine. Je crois que j’ai du mal à comprendre que nous sommes vraiment installées comme deux amies dans mon lit, prêtes à simplement regarder un film. J’ai du mal à accepter qu’elle se soit vraiment déplacée pour moi, pour venir m’aider parce que je suis malade.

- Si un jour tu es malade, envoie un moi un message, lâché-je d'une voix dénuée d'émotions.

Et mes yeux se reposent sur l’écran pour ne pas voir sa tête face à mes joues un peu rosies par la gê- fièvre. Par la fièvre.

Aria continue à sourire. Elle a l'impression qu'il n'existe rien d'autre que ce bonheur-là, à cet instant précis ; comme si tout le reste avait disparu, son inquiétude et son insécurités. Elle se retient d'enlacer encore son amie, parce qu'elle sait qu'elle n'aime pas le contact, et acquiesce vivement lorsqu'elle lui annonce devoir prendre ses médicaments en premier lieu. Puis elle secoue la tête.

—Les idiots ne tombent pas malades, glousse-t-elle.

C'est une chose que lui répétait souvent son frère, lorsqu'elle était plus jeune, et qu'elle avait fini par intégrer, au final. Elle est solide, Aria ; en tout cas, seulement après avoir pris quelques médicaments pour freiner les premiers symptômes et faire disparaître le rhume avant qu'il ne se déclare. Un doliprane, des tisanes et des soupes ; de quoi retarder l'apparition d'une quelconque crève, croyez-moi ! Il suffit de la prendre à temps, de savoir repérer les premiers symptômes. Elle tombait tellement souvent malade, avant... Un peu moins maintenant, même si un petit virus réussit toujours à se faufiler de temps en temps. Rien de trop violent, sauf quand elle n'a vraiment rien eu depuis un moment.

La petite morphe observe son amie prendre ses cachets et en profite pour tout installer, puis lui montrer sa liste en commentant les choix. Hamilton, elle, a le visage rougi par la fièvre ; gestes lents et imprécis, bien qu'on sente qu'elle mette beaucoup d'effort pour paraître comme elle l'a toujours été. Digne. Aria essaie de nouveau de se calmer, et se répète : "ça ne l'aidera pas si tu t'agites dans tous les sens, stop."

Enfin, elle essaie jusqu'à ce qu'Adélaïde choisisse Raiponce. Pire idée du monde, meuf.

—S'il est bien ?! s'offusque-t-elle presque. Il est GENIAL. TROP beau. TROP chou. TROP mign-- Pardon j'arrête de crier. Blblblb il est trop chouette je l'aime... Et les musiques !

C'est donc décidé, ce sera Raiponce pour cette fois ! Aria s'occupe joyeusement de le lancer. La petite voix de la Feu la ramène sur terre, et elle l'observe un instant. Puis elle hoche la tête avec un sourire qui contient toute sa joie, la poitrine gonflée de bonheur.

—Bien sûr.

Hamilton est une fille particulière, surtout pour Ariana. Ou, en tout cas, elle a de drôles de manières d'exprimer ce qu'elle veut dire, surtout envers les gens qu'elle côtoie. Drôles de manières de se préoccuper des gens, aussi. Et voir qu'elle s'inquiète (c'est bien ça, non ?), ou a envie de lui rendre la pareille, lui met du baume au coeur.

Enfin, les deux jeunes filles s'installent. Le film commence, et Ariana le regarde avec des yeux brillants comme ceux d'un enfant. De temps en temps, elle regarde Hamilton en coin, puis finit par oser avouer (quelque chose que tout le monde sait) :

—J'aime beaucoup Raiponce. La manière qu'elle a de voir le bien partout, chez tout le monde, et de ne jamais abandonner.

Elle finit par sourire tendrement.

—Même si c'est utopique, c'est un bon modèle pour les petites fille.

Dommage qu'elle soit un peu teubée.

Ok. Retenu. Ne plus jamais demander à Ariana si Raiponce est bien. Elle s’énerverait presque, la petite Eau ! Je lui accorde une œillade amusée alors qu’elle s’excuse de s’être laissée emporter par son enthousiasme. On s’y habitue à la longue à ses crises d’enthousiasme.

Elle lance ensuite le film sans que je ne puisse retenir la petite remarque qui me sert de remerciement. Sa réponse est calme, concise, mais son sourire vaut tous les mots de la Terre. Nous reportons vite notre attention sur le film, comme si cette petite bulle plus douce que d’habitude qui s’était créée entre nous devait être ignorée car trop surprenante peut-être. Ainsi qu’un peu gênante, pour moi du moins.

Le dessin animé commence. Je sens les coups d’œil d’Ariana et aurais presque la sensation que son émotion irradie tout autour d’elle. De mon côté, j’observe l’écran sans pouvoir me retenir d’être sceptique. A croire que mes grands-parents m’ont contaminée quand j’étais petite. Trop critique, trop prête à sauter sur la moindre niaiserie.

Pourtant, la première chanson passe, et malgré mon air fermé, je ne peux retenir une petite pointe de tendresse, bien cachée évidemment, pour cette fille rêveuse, envieuse de découverte et de nouveautés, mais enfermée dans sa tour par une femme craintive de la vieillesse. C’est à ce moment là qu’Ariana explique son amour pour Raiponce. Mes yeux verts glissent une fraction de seconde sur elle, avant que je ne reporte mon attention sur le dessin animé.

- Un peu comme toi, tu veux dire ?

Mon ton est détaché. Ce n’est pas un reproche, ni un compliment. Plus un constat. Ariana est toujours enjouée, prête à aller vers les autres, même lorsque les autres ne sont pas prêts à aller vers elle. Cela peut parfois être agaçant et lui causer des soucis mais… Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons lui reprocher. En particulier à Terrae où tant de personnes ne sociabiliseraient pas sans des gens comme elle. Non, je ne parle pas que de moi.

Par contre.

La « mère ».

…

Ok. J’ai su créer un masque pour mon père. Le changer pour le foyer. L’adapter à Terrae. Et. Et.

ET ELLE ELLE VA MANQUER DE ME LE FAIRE LACHER.

Parce que le souci, le grooos souci là. C’est que si je vois Ariana en Raiponce, je me vois tout à fait en train de dire les mêmes choses que la veille dans sa chanson. Violente introspection soudaine. Je n’aime pas du tout. Alors pour retenir ma moue boudeuse et mon air renfrogné, croyez-moi, ce n’est pas super simple.

C’est probablement pour cela que lorsqu’ENFIN Raiponce s’échappe de la tour – merci Flynn pour être débile mais drôle et me ramener à un peu de joie en attendant – les mots m’échappent avant que je ne les retienne, exprimant mon grand soulagement, à mon grand regret :

- Il serait temps…!

Je zieute Ariana du coin de l’œil.

- Les personnes comme sa… mère adoptive kidnappeuse, dirons-nous, il faut les fuir dès que possible.

Un petit avertissement.

Là.

Comme cela.

Juste au passage.

Pas que je pense Ariana bête au point de ne pas le savoir, loin de là. Juste… Trop gentille.

J’aurai au moins réussi à retenir le petit « Ah. C’est bête hein. » qui me vient en voyant la panique de la vieille.

Et puis I’ve got a dream commence. Mes yeux posés sur l’écran brillent un peu plus :

- Vous la chantiez avec Nicolas à Noël, non ? demandé-je, un mince sourire éclairant mon visage aux joues roses du rhume.

Je m’étais sentie légèrement à part ce soir-là. Eux connaissaient et en riaient ensemble. J’en avais profité pour faire des photos, écouter, découvrir, et cela n’avait pas empêché de faire de cette soirée le plus beau Noël que j’ai pu passer depuis longtemps. Mais, de fait, je suis contente d’enfin voir la chanson, et plus généralement, Raiponce, tout simplement. Même si je ne le dis pas trop.

- Oui, c’est bien toi cela, lâché-je à la fin de la chanson, mon visage revenu à sa neutralité.

Faire ressortir le meilleur même chez ceux considérés comme vilains. Autoriser tout le monde à rêver, même s’ils pensent que cela leur est interdit, hors de portée. Du Ariana tout craché.

Disons qu'il est assez amusant de voir à quel point les deux rouquines peuvent être à l'opposée. L'une est tout en gestes et paroles, et l'autre tout en regards et silences. Hamilton est toujours calme, et son rhume ne l'aide pas vraiment à paraître moins apathique, hein ; Ariana, elle, continue à tenter de se maîtriser mais RAIPONCE AHHH blblblbl. Elle n'a pas trop l'habitude de le voir en anglais, mais au moins, elle connaît les musiques par coeur. Vraiment. Sur le bout des doigts. D'ailleurs elle chante avec. Elle adore la voix des chanteurs…

Elle toussote un peu quand Hamilton lui rappelle aimablement qu'elle aussi un peu naïve et conne, mais bon, on va dire que comme elle aime beaucoup beaucoup Raiponce, elle prend ça pour un compliment.

—Un peu comme moi, admet-elle. Mais je suis moins mignonne qu'elle !

Aria glousse un peu. Elle chante à mi-voix quand la mère arrive, et ne capte pas la réaction étrange d'Hamilton à côté d'elle. Elle finit par glousser et lui chuchoter qu'elle aime beaucoup le caractère que la doubleuse a donné à son personnage, l'intensité qu'il y a, et que ce doit être difficile de jouer un personnage pareil. Mais il est intéressant parce qu'il a plusieurs facettes. Parfois, elle se demande vraiment si elle ne s'est pas un peu attachée à Raiponce... Forcément, dans le Disney, c'est une méchante. Mais peut-elle n'être intéressée que par les cheveux de la petite blonde ?

La petite rousse a un rire lorsque Raiponce et Flynn se rencontrent, et les observe avec une bouille attendrie. Le moment de sortir de la tour l'a d'ailleurs toujours fait rire. Mais les paroles d'Hamilton lui font hausser les sourcils. Elle lui répond en chuchotant :

—Oui mais c'est un méchant de Disney... Y a quand même pas beaucoup de gens qui sont aussi mauvais dans la vie, tu sais ! Bon, pas que tout le monde soit gentil, je fais attention aussi... Mais voilà. C'est pour ça que j'ai bien aimé le film Maléfique. Dedans, ils montrent une méchante de Disney sous un autre angle, et c'était vraiment génial !

LE PASSAGE A L'AUBERGE COMMENCE ENFIN. Aria commence à tapoter ses mains l'une contre l'autre, sans bruit, d'un geste impatient. Elle chante doucement, en imitant les mimiques des personnages. Et la Feu a un sourire tellement joli sur le visage qu'elle ne peut que lui en renvoyer un plus flamboyant encore.

—Ouiiii, c'est celle-là !! Comme ça tu pourras la chanter avec nous, la prochaine fois !

Un nouveau rire lui échappe. Elle ne comprend pas trop de quoi son amie parle, mais elle est heureuse de partager ce moment avec elle.

Par la suite, on peut voir la course-poursuite à travers le raccourci et le moment avec le passage. Arrive le moment où Raiponce utilise ses pouvoirs devant Flynn pour la première, puis la deuxième fois. L'ambiance est feutrée, intimiste, et la chanson si jolie qu'elle lui en tire un nouveau sourire. Elle n'aime pas vraiment la mère non plus, mais elle est toujours impressionnée quand elle la voit. Elle aime son charisme et comme elle parvient à arriver à ses fins...

Bientôt, le moment qu'elle préfère arrive : la promenade en ville avec le cheval et Eugène. "Eugèèène ?" huhuhu trop mimi dhbfgsd.

La musique démarre et Aria se cache à moitié derrière ses mains, qu'elle a plaquées sur ses joues pour s'empêcher de couiner et de buller.

—J'adore cette musique, explique-t-elle à Hamilton. Et ce passage... C'est mon préféré du film je crois.

Parcequec'estbeaucouptropchoupinoutropahhhdhjfjdgjbnfbghjbfjsgvbhjfgbvhjf. On voit le rapprochement entre les deux, on voit aussi qu'elle commence à se questionner, sans vraiment mettre de mot sur ce ressenti… Elle essaie de ne pas penser à sa tentative ratée de soirée avec Allen et se concentre à fond sur la suite.

I see the light commence. Ariana la souffle elle aussi, les yeux à demi fermés. Elle se demande ce qu'en pense Hamilton, mais elle n'ose pas trop lui poser la question de peur de la déranger.

Ariana, durant le passage dans la ville, parait toute heureuse. Les joues rougies de joie, elle m’explique que c’est son passage préféré. Je dois reconnaitre que la joie qui s’en dégage me touche aussi. Tout le monde danse, chante. Mais cela reste de la fiction, et j’ai du mal à me laisser imprégner de ce bonheur qui ne se verrait jamais dans la vie réelle.

Mais soudain c’est le passage des lumières. La chanson ne me plait pas vraiment, alors je l’ignore, me concentre sur l’image, les centaines de lampions dans le ciel. C’est doux, cela brille de partout, comme des étoiles volantes, esseulées cherchant à rejoindre les leurs. Mes yeux émeraudes ne lâchent plus l’écran et je me retiens presque de cligner des paupières. Le reflet sur l’eau est si beau.

- J’aimerais voir quelque chose comme cela en vrai, un jour.

Assister à une fête des lumières. Voir le visage des gens émerveillés comme des enfants découvrant Noël. Créer ma propre étoile et l’envoyer au ciel.

Durablement bercée par I see the light et passablement assommée par mon rhume, c’est dans le flou que j’assiste à la suite de Raiponce. Je vois vaguement Flynn ligoté dans un bateau, mais ne peux retenir mes paupières bien trop lourdes de se fermer. Je les rouvre pour assister à la colère de Gothel, les referme sur la résignation de Raiponce. C’est un cri de cette dernière qui me fait sursauter et réussit à accaparer une nouvelle fois mon attention. Ses cheveux sont coupés, devenus bruns. Si j’avais plus de force, mes sourcils seraient certainement froncés d’incompréhension. Il me faudra apparemment revoir le dessin animé, ou au moins la fin.

Malgré ses cheveux coupés, Raiponce n’a pas perdu ses pouvoirs de guérison. Tel un phœnix, elle laisse une larme couler sur la joue d’un Flynn blessé et inconscient, le ramenant ainsi à la vie. Un baiser échangé, et le nouveau couple peut rentrer au château. C’est sur la famille royale réunie et rayonnante de bonheur que je laisse le sommeil me gagner. Je sens sans pouvoir la contrôle ma tête tomber sur l’épaule d’Ariana, puis c’est le noir.