-Non mais sérieusement ! À l’administration, c’est toujours pareil ! D’abord tu sais pas où aller chercher ce que tu veux, et ensuite, quand tu trouves, on te dit que la personne n’est pas là ! enragea Kelly en s’installant à une table du café.
-Tu trouves pas que t’exagères ?
 
La petite blonde préféra prendre le menu du café lorsqu’elle se rendit compte que cette simple phrase avait fait passer son amie du rouge au rouge sombre.
 
-Exagérer ?! Ca fait littéralement des SEMAINES que j’attends ce colis ! J’en ai rien à faire que le Master à l’entrée ait fermé son local et qu’ils aient pas les clés ! Comment ça se fait qu’ils aient pas les clés ?! C’est l’administration, ils DEVRAIENT avoir les clés.
 
Lola roula des yeux en s’appuyant sur sa main. Dire qu’elle la bassinait avec ça depuis leur sortie de l’institut… Elle ne s’arrêtait jamais ?
 
-Ils ont dit qu’il avait quelques problèmes familiaux, c’est pour ça il a dû s’absenter… Quoi ? soupira-t-elle finalement en voyant les yeux de la brune s’ouvrir en grand alors qu’elle se penchait au-dessus de la table.
-C’est peut-être un complot ?!
-... Allons donc…
-Mais si ! Tout se tient ! C’est lui qui garde l’entrée en temps normal ! Là, il s’absente... Un colis piégé arrive ! Ou des individus louches s’introduisent par les grilles, qui ne sont plus gardées… ET BAM ! APOCALYPSE !! ON MEURT TOUS !!! T’as pas entendu parler de ce colis bizarre à la cafétéria ?!
-Chhhttt, tout le monde nous regarde ! rougit Lola en agitant la main pour l’obliger au calme. Tu sais très bien que le système de sécurité de Terrae est fiable ! Arrête de psychoter !
 
Kelly voulut ajouter autre chose, mais son amie la coupa en interpellant la serveuse.
 
-Qu’est-ce que vous avez comme tarte, s’il vous plaît ?

-Bon, tant mieux ! soufflai-je dans un sourire à l'intention de Joyce.

Parfois, j'aurais bien aimé qu'elle me parle davantage de son état, d'elle-même, sans que je n'ai à aller creuser pour obtenir les informations. Nous avions décidé de s'entraîner ensemble afin de l'aider à s'améliorer, mais aussi pour améliorer sa condition physique et la rendre plus forte, lui permettant ainsi, dans l'idée, de lutter mieux contre la maladie. Or, je n'avais que très rarement des retours sur ses suivis médicaux, ce qui m'inquiétait parfois, comme si elle me cachait quelque chose, ou ne voulait pas me dire que ça ne fonctionnait pas. J'admettais que ce n'était pas simple d'aborder ce genre de conversation, mais parfois, j'aurais aimé qu'elle ait ce réflexe. Parce qu'après tout, on peut tout se dire, non...?

Je fus donc rassurée d'apprendre que son état semblait s'améliorer et que ses derniers bilans révélaient malgré tout que ses entraînements payaient. Il ne s'agirait pas d'être un tyran pour rien...

Je bus une gorgée de ma boisson, avant d'être attirée par la conversation à côté de moi. Un colis piégé haaaan COMMENT C'EST TROP EXCITANT.

-T'as entendu ?! m'exclamai-je alors que les deux filles continuaient à bavasser dans leur coin. T'imagine ?! Omg, un colis piégé ! Et si c'était tombé sur nous ?! HAN IMAGINE UN COLIS ARRIVE AU CAFE. Le mouvement de panique. Tu penses qu'il faudrait plus partir en remontant la rue ou en la redescendant, pour éviter le monde ? Ohlàlà, j'aimerais trop voir si avec mon pouvoir de Tonnerre je suis capable de limiter l'explosion d'une bombe ! C'est trop excitant ! Ca se trouve je pourrais même l'empêcher d'exploser, vu que c'est composé de circuits électriques... ET SI JE FABRIQUAIS UNE BOMBE POUR TESTER ?!  

Je m'arrêtai pour reprendre mon souffle.

-Au pire, t'es Feu, tu pourras gérer la déflagration si ça explose. No panic.

Me pardonneraient-ils un jour mes mensonges? Comprendraient-ils mon choix? Accepteraient-ils la douloureuse vérité que je leur imposerais nécessairement?
Mon cœur se serra lorsque je vis ton sourire. Je mentais, je le savais. Moi qui haïssais l'hypocrisie, j'avais le beau rôle! J'aurai pu, alors, tout te révéler. Te dire que non, ça n'allait pas. Que mes malaises fréquents en entraînement n'était que le début de mon malheur. Que les entraînements me tuaient. J'aurai pu. Mais j'ai seulement souris, approuvant de la tête: Oui, tant mieux.

Très vite pourtant, on fût toutes deux interrompues par des filles derrière nous, qui parlaient de colis piéger. C'était marrant de les entendre, elles et leur paranoïa.
Bon. J'adore Mitsuki je l'ai déjà dit? Elle est partie dans un monologue sur le pourquoi du comment il faudrait qu'elle fabrique une bombe pour voir si elle serait capable de la court-circuiter. Oui, on parle d'une VRAIE bombe. Mais on parle aussi de Mitsuki. Elle a dû oublier l'instinct de survie à la naissance. Ensuite, elle a visiblement pensé que je pourrai, du haut de mon petit range d'étoile élève de sa tyrannie, retenir la déflagration. Ben tiens j'allais t'en parler!

Alors, aussi simplement que ça, j'ai ris. Parce que ça faisait du bien de ne pas se prendre la tête. Parce que pour une fois, j'étais une jeune fille normale, et pas une malade.
Mes amis ne m'en avaient rien dit mais je n'étais pas dupe. J'avais maigris, des cernes étaient apparus et j'avais le teint pâle et cireux. Fallait pas être devin pour voir que je ressemblais plus à rien. Y avait vraiment que Liam pour m'aimer et me regarder tel que j'étais à notre rencontrer et pas comme j'étais aujourd'hui.

- Mais t'es pas bien! Je remets pas nos vies entre ma capacité à gérer une explosion! Je suis qu'étoile! Et je suis pas sûr qu'Hideko soit pour cet exercice!

Il faisait chaud non? Vraiment, vraiment chaud. Et j'avais mal à la tête.
J'avais finis mon verre alors j'en recommandai un autre, glacé. J'avais toujours ce petit sourire en coin, amusée, mais je sentais que le vent allait tourner. Pourquoi était-ce toujours pareil?

- En plus, je suis même pas sûr que tu puisses. Y a trop de composantes. Outre le circuit électrique, il y a aussi des charges explosives, un faux mouvement, une étincelle et c'est terminé. Je pense qu'il faudrait au minimum un feu pour les charges, un tonnerre pour les circuit et un air, pour générer une bulle d'air suffisamment opaque pour éviter toute retomber de la bombe. Pour sécuriser quoi. Mais ça serait un super travail d'équipe!

Pourquoi avais-je l'impression que ma tête allait exploser? Mon verre est arrivé, je l'ai bu jusqu'à la dernière goutte. J'avais la gorge sèche, le cœur battant. Non, pas encore. Pas aujourd'hui.

- Tu penses qu'on pourrait le soumettre comme contrôle?

Mais comme toujours, on cache derrière nos sourires toute la douleur du monde.

"On s'en fout d'Hideko". Ca a failli sorti. Failli. J'insiste. C'est pas sorti. J'ai pris sur moi. J'ai rien dit. Rieeen du tout. Nan mais vous vous rendez compte ?! Cet effort, quand même ! C'est que j'deviendrais presque raisonnable. Presque.

-Ok, y'a plus qu'à recruter un Air !

Allen. Alleeeen~ Vient par ici petit salopiot- Ah, non, c'est vrai, on s'fait la gueule. Allez là, jamais là quand il faut celui-là. Sérieux, il abuse de ouf. Tout ça parce que Môssieur avait des sentiments et gnagnagna, quel fragile ! Abusé. Moi j'voulais l'aider, et j'm'en prends toujours plein la gueule. Pourquoi Aoi elle s'en prend pas plein la gueule ? Hein ? Hein ? HEIN ?!

Aoi aussi n'est pas disponible du coup. Bon, bah perso, j'ai épuisé le stock d'Airs que je connais. Ah, non ! Matheo ! Et si on demandait à Matheo ?!

-Prochain test pour le passage au rang de Master. Omg, comme le permis ! C'est celui qui doit passer Master qui doit avoir toutes les idées. Il doit aller chercher des aides dans le publics si nécessaire. Et pendant ce temps-là, le Master qui a été défié lui en met plein la tronche pour compliquer le truc !

Omg. Faut que je sois choisie pour un prochain passage au rang de Master. Nan mais si. SI. C'EST L'IDEE DU SIECLE J'VOUS DIS.
La serveuse revint avec un deuxième verre et je relevai le regard vers Joyce, arquant un sourcil. Je ne l'avais même pas vu en recommander un.

-Joyce, t'es sûre que tout va bien ?

Ayant instantanément cessé de m'éparpiller dans mes pensées, mon énergie se focalisa sur la sienne, que je sentais bien plus perturbée qu'au début de notre entrevue. Je fronçai les sourcils.

-Ne me dis pas oui, parce que clairement, ça va pas.

Ma tête semblait peser une tonne, ça tournait. Je comprenais pas. Je n'avais pas eu entraînement aujourd'hui. Mon cœur me faisait mal j'avais le côté droit endoloris. Bon Dieu de merde, Joyce pas maintenant!
J'ai tenté de me calmer. Impossible. Bordel. Mitsuki ne tarderait pas à comprendre. Elle était ma prof, elle supervisait tous mes entraînements. Je faisais un malaise une fois sur deux, elle savait comment ça se passait. Je lui avais souvent demandé de ne rien dire à personne, sauf à la directrice. Je ne voulais pas que Liam ou Ys l'apprennent. Ils s'inquiétaient déjà beaucoup trop.
J'avais déjà fait des malaises, je connaissais ces sensations. Je savais que j'étais devenu encore plus pâle qu'à l’accoutumé et que mon regard s'était voilé, presque vide. Je sentais mon cœur battre bien trop vite. Un jour, il finirait par lâcher. Je le savais.

Dans un premier temps, Mitsu n'a rien remarqué, bien trop euphorique à l'idée de soumettre sa nouvelle torture à un examen. Mon amie était folle. Un jour, elle nous tuerait tous! Elle m'a affirmé qu'il faudrait trouvé un air, que ça pourrait devenir un examen pour le passage au rang de master. J'ai essayé de me concentrer sur la conversation mais c'était impossible. Je me sentais partir.

Je crois qu'elle m'a demandé si ça allait. Non ça n'allait pas. Elle l'a remarqué. Je sais que j'aurai dû répondre quelque chose mais mes pensées n'étaient plus cohérentes. Je n'arrivais plus à réfléchir. J'avais mal à la poitrine. J'étais épuisée.

- Il faut que je sorte. Maintenant.

Je me suis levée beaucoup trop vivement. J'avais besoin d'air. Je tentai de réfléchir au pourquoi du comment de la crise quand je trouvai: J'avais changé de traitement. Visiblement, il ne me convenait vraiment pas!
Dans mon sac, il y avait de quoi me soulager, mais sur le moment, je n'y ai pas pensé. M'enfin! Tous ceux sachant pour la maladie devait le savoir, et les infirmiers de l'hôpital aussi. J'avais une chance de pas y passer.

J'ai tenté de faire pas, j'étais certaine de pouvoir y arriver. Mais le sol s'est dérobé sous mes pieds, ma tête heurtant brutalement le sol. J'étais dans un tel état que ça ne m'a même pas fait mal. Et puis, ce fût le noir. Tout disparu et je retrouvai dans le silence angoissant d'une perte de conscience, seule, une fois de plus.


Lorsque j'ouvris les yeux, la première chose que je vis, c'était des gens. Beaucoup de gens. Beaucoup trop de gens. Pourquoi tant de personne étaient autour de moi? J'ai tenté de distinguer leur visage mais j'étais dans le flou le plus total. J'ai vu que j'étais au sol. Visiblement, j'étais toujours dans le café. Je ne vis pas d'urgentiste, il ne devait pas s'être écoulé plus de quelques minutes.
Bordel mais que c'était-il passé? Et pourquoi mon corps était-il aussi endoloris? Et puis putain qu'est-ce-que c'était que ce traitement de merde?!

HRP: