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Car je sais que tu seras assez forte. [Aria ♥]
##   Lun 28 Aoû 2017 - 20:38
Adélaïde Hamilton E.

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« Pouvons-nous nous retrouver au café du village ? Envoie-moi un message quand tu es prête. »

Un simple message à Ariana que j’évite depuis trop longtemps maintenant. C’est l’appel d’Aoi cette nuit qui m’a décidé. Celui m’apprenant que Nicolas a atteint ses limites, qu’il est à l’hôpital, que cela va aller. J’ai eu Alice au téléphone ce matin. Je lui ai dit. Les proches de Nicolas doivent savoir, ceux concernés du moins. Ariana comprise. C’est ce que j’ai dit à Aoi. Si elle m'a bien dit de faire en sorte que nous n'allions pas tous voir Nicolas en même temps, elle a cependant été d'accord avec mon souhait. Ce n’est pas pas comme avant. Cette fois-ci, Ariana pourra agir en amie. Il faut que nous lui en laissions la possibilité. Alors je me suis lancée. Cela ne sera pas agréable, mais cela doit être fait.

Ariana me répond, elle sera prête d’ici peu de temps. Tant mieux. Si elle n’avait pas pu venir, je n’aurais pas su quoi faire. Après m’être tant préparée… Je n’en aurais plus eu le courage plus tard. Alors je vais à la douche, j’ignore les cernes apportés par une nuit trop courte – un appel au milieu de la nuit n’a jamais aidé à être reposé – et enfile des vêtements plus ou moins au hasard avant de me mettre en route. J’aurais pu proposer à l’Eau que nous nous voyions ici-même, à l’institut, ou qu’au moins nous fassions le chemin ensemble mais j’avais besoin de ce petit temps de pause avant la tempête, et je trouvais que boire quelque chose ensemble avant détendrait peut-être un peu les choses. D’autant plus que je n’ai pas vu la jeune rouquine depuis un certain temps maintenant.

J’allume une cigarette roulée en marchant et tire quelques taffes dessus. Le goût âcre se loge dans ma gorge, nicotine réconfortante, effet détente placebo. Enfin, j’arrive au village. Un coup d’œil balayeur m’apprend que l’Eau n’est pas encore arrivée. Je m’installe en l’attendant, commandant un café mais rien pour elle puisque je ne sais pas ce qu’elle souhaite. Enfin, une tête rousse rayonnante apparait dans mon champ de vision. Pour la peine, je lui construis un léger sourire, même si mes yeux ont du mal à suivre :

- Bonjour Ariana. Comment vas-tu ? J’ai déjà commandé. Le serveur ne devrait pas tarder à apporter mon café, tu pourras en profiter. Aujourd’hui, c’est moi qui offre.

Il faut bien cela, vu ce que je m’apprête à t’annoncer.


##   Mar 29 Aoû 2017 - 12:32
Ariana Vicente

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Ariana s'est demandé pendant une bonne partie de l'été si elle avait fait quelque chose pour contrarier ses amis. Depuis quelques temps, elle voyait beaucoup moins Allen, sans doute parce qu'elle était un peu trop occupée à courir après Théo ; mais ceux qui manquaient réellement à l'appel étaient Hamilton et son Nirolas, qui ne lui donnaient, tous deux, que peu de nouvelles.

Elle savait que la rouquine était occupée, elle lui avait par ailleurs envoyé l'un ou l'autre message, mais toujours pour s'excuser de son absence. Un peu comme si elle avait effectivement quelque chose à lui reprocher, mais qu'elle ne parvenait pas à trouver le courage de le lui dire.

Nicolas, lui, c'était… différent. Elle n'arrivait plus à le croiser, et quand elle allait le voir, il ne répondait pas. Ni à ses appels, ni à ses messages. Elle avait mis le temps, mais elle a beaucoup pleuré, Ariana, parce que son ami lui manquait et qu'elle pensait vraiment qu'elle avait dû faire quelque chose. Sans doute une bêtise, encore, comme elle sait si bien le faire, et qui fait du mal aux autres sans qu'elle n'y pense. Comme avec Allen et le vol, ou lorsqu'elle lui parlait du beau néo-zélandais avec des étoiles dans les yeux. Elle ne se rend pas compte, ou elle ne se rend compte que trop tard.

Heureusement, en été, le rythme de travail redouble, au restaurant ; elle peut voir Ys, Mitsuki parfois, et très souvent Afya. Elle essaie de faire comme si ses amis ne lui manquaient pas, mais pourtant...

Alors lorsqu'elle reçoit ce message d'Hamilton, elle saute presque de son lit en criant de joie. Elle était occupée à coudre en écoutant distraitement la dernière chanson de Shakira, aussi il lui fallut un peu de temps pour remettre en ordre ses affaires et se changer. Elle ressort ses lunettes de soleil en forme de coeur et les met sur son nez, puis déboule hors de l'institut en renvoyant un sms rempli de smileys heureux et de fautes d'orthographes pour lui dire qu'elle arrive bientôt.

Elle sautille presque en arrivant au café, et retrouve facilement son amie en terrasse. La petite eau capte rapidement le sourire étrange de son amie, mais elle lui répond par un sourire encore plus lumineux, bien qu'elle ait ressenti un léger pincement au coeur. Ce n'est que dans sa tête, va, elle a tendance à trop s'inquiéter de ce que pensent les autres, la petite Aria...

—Hamilton !! Je suis trop contente de te revoir, ça va super et toi ? J'étais en train de coudre, désolée pour le temps que ça a pris, il fallait que je range ça.

Elle s'installe à son tour et s'étire, tout sourire.

—C'est gentil, mais il faut pas, hein ? T'inquiète ! Ca fait une éternité en tout cas, qu'est-ce que tu deviens ??

Le serveur arrive bien vite pour lui poser son café, en effet, et Ariana en profite pour un commander un elle aussi. Elle n'a pas envie de prendre quelque chose de trop extravagant, elle a toujours eu du mal à se faire payer des choses - sauf par de jolis garçons.


S'émerveille en #E7654D
##   Mar 29 Aoû 2017 - 13:50
Adélaïde Hamilton E.

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Il y a des moments où je me demande pourquoi je supporte Ariana. Elle est une véritable pile électrique. Elle est hyperactive. Bavarde à outrance. Elle ne sait pas s’arrêter. Elle est tactile. Trop des fois. Elle a des limites douteuses, souvent bien éloignées des miennes. Elle est tout cela, Ariana, et pourtant, je n’ai pas envie de voir son sourire se briser, je n’ai pas envie de laisser ses espoirs éclater, je ne supporte pas l’idée qu’elle soit blessée.

Il y a des moments où j’essaie de comprendre tout cela. Aujourd’hui, je le saisis instantanément. Ce matin, elle a enfilé ses jolies lunettes de soleil en forme de cœur. Ce matin, elle arrive toujours aussi rayonnante. Je ne lui ai pas donné de réelles nouvelles depuis des mois, Nicolas non plus, j’en mettrais ma main à couper, et pourtant, elle brille, Ariana. Quand elle brille comme cela, ma gorge se serre, et je n’arrive plus à parler. J’avais pourtant rassemblé tout mon courage, j’avais préparé chaque mot de mon discours. J’avais tout fait. Et là. Là, devant cette enfant qu’est encore l’Eau, je n’ai plus la force ou l’envie. Je voudrais une journée normale. Juste une.

Je me racle la gorge alors que le serveur pose mon café et prend la commande d’Ariana, me ramenant au passage à la réalité. Je dois le faire. Je n’ai pas le droit de me défiler, pas maintenant.

- J’ai été… Très occupée.

Je ne sais pas m’excuser, tu le sais, petite Eau. Si tu savais à quel point je suis désolée de tout t’avoir caché.

- Alice m’a emmenée en France. Voir son père.

Qu’au moins Ariana ait une mince explication de mon silence. Au moins un petit temps où je ne pouvais réellement pas la voir.

Le serveur revient et je paye les deux cafés, peu importe que la rouquine s’y oppose. Laisse-moi au moins cela pour oublier ma culpabilité, s’il-te-plaît.

J’essaie de garder mon masque. J’essaie de ne pas cesser de paraître, si ce n’est heureuse, au moins habituellement neutre. Mais…

Ma lèvre inférieure tremble. Je ne comprends pas. Je sens mes épaules s’affaisser, mon regard fuit celui de l’Eau. J’aurais dû lui dire bien plus tôt. J’aurais dû lui dire dès le début. Elle aurait su encaisser, j’en suis sûre. Elle aurait pu nous aider. Elle aurait dû au moins en avoir la possibilité. Je déglutis et mes yeux moins sûrs qu’usuellement se replante dans ceux de l’Eau :

- Et toi ? Que me racontes-tu ?

S’il-te-plait, brille encore un peu avant que je n’éteigne ta joie, que je la sèche sans préavis. S’il-te-plait, offre-moi encore un sourire avant de comprendre tout ce que nous t’avons caché. S’il-te-plait, laisse-moi fuir encore un peu parce que tu sais, je crois qu’au fond, je crains que tu ne m’en veuilles. Je crains que tu nous en veuilles à tous. Alors s’il-te-plait, laisse-moi croire que je suis une parfaite actrice et que les sentiments ne détruisent pas mon masque, que ma voix n’est pas affaiblie, que mon regard n’est toujours pas vivant.

S’il-te-plait, laisse-moi y croire.


##   Mar 29 Aoû 2017 - 15:07
Ariana Vicente

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Hamilton est bizarre, aujourd'hui. Ariana la sent un peu distante, comme si elle érigeait, plus que d'habitude en tout cas, un mur entre elles. Son sourire n'est pas aussi doux qu'à son habitude, il n'est pas aussi chaleureux, et ce n'est pas comme sa retenue habituelle, c'est autre chose. Alors la petite morphe tente de ne ne pas se laisser impressionner et papote gentiment, comme toujours ; elle parle et ça lui fait du bien. Elle garde ses lunettes, et elle est contente de les avoir, parce qu'ainsi Adélaïde n'aura pas à voir l'inquiétude qui passe comme un nuage dans ses yeux.

Ariana préfère faire mine d'observer le serveur à la dérobée, regarder autour d'elle, pour ne pas faire comprendre à Hamilton qu'elle a bien vu qu'elle n'osait pas la regarder dans les yeux. Pour quelqu'un d'aussi direct qu'elle, c'est une image étrange qu'elle lui montre là…

La feu dit qu'elle était occupée. "Très occupée, c'est comme ça qu'elle l'a dit", se corrige Ariana. Et elle s'arrête un peu de respirer quand son amie lui parle de la France et du papa d'Alice. Elle se demande s'il s'est passé quelque chose de mauvais là-bas, ou si elle s'est disputée avec son amoureuse et qu'elle avait besoin d'en parler… Ce serait sans doute la première fois, mais peut-être que ça lui ferait du bien ?

Elle remercie chaleureusement le serveur pour le café, et Hamilton pour le payer. Puis elle s'arrête. Elle voit sa lèvre trembler, ses yeux qui continuent à fuir. Quelque chose ne va pas, et ce n'est pas "pas grave". Hamilton est quelqu'un de fort, plus fort qu'Ariana ne le sera jamais, et elle sait que si elle se met dans un tel état, c'est qu'il y a véritablement un problème.

Mais elle n'a pas l'air d'avoir envie d'en parler. Alors la petite grenouille lui sourit, comme elle le peut mais avec sincérité, comme toujours, pour essayer de la rassurer et de lui transmettre un peu de chaleur.

—Pas grand-chose, tu sais... On est un peu occupés au boulot, avec Ys, mais c'est pas grave, c'est de chouettes moments quand même ! Et puis, avec Afya, on voulait créer une piscine avec les autres eaux, on s'est dit que ce serait rigolo !

Elle se dit que ça doit se sentir, qu'elle se force un peu à trouver de quoi parler. Mais elle s'en fiche, elle préfère combler le silence déplaisant par des broutilles.

—Sinon, je me suis plus ou moins trouvé quelqu'un ! Enfin, vraiment plus ou moins, reprend-elle, songeuse.

Elle va éviter de lui dire "au début, c'était un plan cul, mais au final, je l'aime bien !"...

Puis elle reporte son attention sur Hamilton, sourit un peu plus maladroitement.

—Il s'est passé quelque chose avec Alice ...? Tu as l'air un peu triste...


S'émerveille en #E7654D
##   Mar 29 Aoû 2017 - 16:11
Adélaïde Hamilton E.

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Ariana a gardé ses lunettes alors je ne vois d’elle que ses lèvres qui bougent sans cesse, déversant une flopée de mots, d’inepties qui comblent mes silences et mes hésitations. Elle essaie, l’Eau. Elle essaie de tout son cœur d’agir normalement, de ne rien montrer, et mon cœur se brise un peu plus. J’acquiesce lorsqu’elle me parle, je fabrique un sourire lorsqu’elle évoque la piscine, je lui accorde un haussement de sourcils surpris lorsqu’elle me dit s’être plus ou moins trouvé quelqu’un. Je m’apprête même à me lancer dans cette brèche qu’elle m’offre, à foncer sur ses histoires amoureuses. Tout pour pouvoir continuer de me taire.

Mais elle me pose une question. Elle s’inquiète pour Alice et moi. Elle me dit que j’ai l’air un peu triste. Je déglutis une nouvelle fois. Mes épaules s’affaissent un peu plus. Je voudrais me tasser sur moi-même jusqu’à disparaitre.

Pourquoi ai-je pris sur moi la responsabilité de tout lui avouer ?

- Non. Tout va bien avec Alice.

J’aurais pu dire à Aoi qu’ELLE devait lui dire, qu’ELLE était la plus adulte de cette histoire, que c’était SON rôle.

Pourquoi ai-je pris sur moi la responsabilité de tout lui avouer ?

- Mais tu raison, quelque chose ne va pas.

Mon ton n’est pas grave, il est calme. Sur mon visage, plus aucune trace de tristesse. Air fermé. Aujourd’hui, Ariana a le droit d’être triste. Moi non.

Pourquoi ai-je pris sur moi la responsabilité de tout lui avouer ?

- C’est à propos de Nicolas. Tu n’as pas dû avoir beaucoup de nouvelles de lui ces derniers temps. Il ne faut pas lui en vouloir. Ce n’est pas sa faute. Pas tout à fait.

Je commence à prendre des détours. Je ne devrais pas. Alors je prends une gorgée de mon café. Inspire profondément. Mes yeux se posent sur les lunettes en forme de cœur, faute de pouvoir trouver ceux d’Ariana.

- Cela fait quelques mois qu’il se drogue. Nous ne savions pas quoi faire. Nous avons tenté de gérer les choses comme nous pouvions. En le surveillant essentiellement. Hier Aoi m’a appelée pour me dire qu’il était allé la voir. Elle a pu lui obtenir une place à l’hôpital.

J’ai déballé tout cela lentement, d’un ton professionnel. Je voulais être certaine que l’Eau comprenne tout, que tout soit clair.

- Ariana, il va aller mieux, achevé-je d’une voix exceptionnellement douce.

Ma lèvre inférieure s’est remise à trembler. Mes sourcils se sont inclinés sous le coup de la peine et de la crainte. Je lève une main maladroite au-dessus de la table, vers celle de mon amie.

Mon amie.

Car oui, c’est mon amie. C’est pour cela que j’ai pris cette responsabilité. Car malgré la culpabilité, malgré la peur, malgré. Malgré tout en fait. Je voulais être là. Je voulais pouvoir être avec elle. Je voulais la rassurer, m’excuser à ma manière, la soutenir car à plusieurs, nous pouvons être plus forts. C’est pour cela que je veux combattre mon dégoût des contacts et l’anxiété qu’ils m’inspirent pour trouver la main de mon amie, la serrer pour lui dire qu’elle n’est pas seule. Si elle veut encore de mon étreinte, bien sûr.


##   Mar 29 Aoû 2017 - 17:11
Ariana Vicente

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Tout va bien avec Alice, dit-elle... Alors pourquoi est-elle si triste ? Est-ce que ce n'est qu'une impression ...? Non, Ariana voit bien que quelque chose ne va pas. Elle le voit bien. Elle croise le regard de son amie et ancre ses yeux aux siens derrière ses lunettes aux verres roses. Elle l'observe et, quelque part, elle attend presque.

Elle l'entend lui dire que quelque chose ne va pas, et Ariana se retient de trembler. Son joli sourire s'est envolé. Est-ce que c'est de sa faute ? Elle a fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Elle s'attend presque à une avalanche de reproches, elle s'attend à n'importe quoi. Aussi, lorsque le visage d'Hamilton se fait plus fermé, lorsqu'elle commence à parler de Nicolas, Ariana ne comprend pas.

Elle sait qu'elle n'a pas eu beaucoup de nouvelles, et son amie lui dit que ce n'est pas de la faute au tonnerre - peut-être que c'est la sienne, alors ? Pas tout à fait ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Il y a un temps d'arrêt pendant lequel Hamilton cherche son regard, comme pour se donner du courage. Et Ariana, elle, a juste l'impression de regarder dans le vide.

Elle entend que Nicolas se drogue depuis plusieurs mois et qu'"ils" ne savaient pas quoi faire. Qu'"ils" ont "tenté de gérer les choses". Qu'"ils" le surveillaient. Qu'hier, Aoi l'a prévenue qu'il allait être soigné. Qu'il va "aller mieux".

Elle croit que la voix d'Hamilton est douce, et qu'elle n'arrive pas à ne pas exprimer sa peine. Elle croit qu'elle lui laisse entrevoir une brèche, qu'elle lui laisse voir une part d'elle qu'elle n'aimerait laisser voir à personne d'autre maintenant, qu'elle tend la main vers elle pour la consoler, se consoler. Qu'elle serre sa main dans la sienne, si gentiment, si désespérément, dans l'attente d'une réaction.

Ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle ne sait plus quoi ressentir.

Il y a de la tristesse, ô combien puissante, au combien forte ; une tristesse qui la fait trembler, une tristesse qui humidifie ses yeux trop vides, une tristesse qui la chavire.

Mais il y a aussi de la colère. De la colère contre ce "nous", de la colère contre ce temps passé, de la colère contre son amie. Celle qui lui tient la main, et qu'elle a juste envie de repousser avec force.

Elle repense à ces dernières semaines écoulées, à se demander si elle avait fait quelque chose de mal, à se demander si elle avait encore tout gâché, si ses amis si chers à son coeur la détestaient. Elle est rassurée, quelque part, que ce ne soit pas le cas, mais elle aurait préféré que Nicolas la déteste plutôt qu'il se drogue.

Pendant un moment, elle reste immobile, comme figée. Son visage se décompose au fur et à mesure. Et, finalement, elle lâche un sanglot dans un tressautement d'épaules.

Elle pleure parce qu'elle est inquiète, parce qu'elle s'en veut de ne pas avoir été là et de lui en avoir voulu, parce qu'elle s'en veut d'en vouloir autant à Adélaïde. Elle pleure parce qu'elle ne comprend pas, qu'elle comprend juste qu'elle n'a rien fait, qu'elle comprend juste que son ami le plus cher est à l'hôpital, qu'il va mal, et que ça fait des mois qu'il va mal. Qu'elle l'avait vu. Mais qu'elle n'avait rien remarqué.

Si elle pouvait se rouler en boule, sans doute le ferait-elle ; mais elle se trouve au milieu des gens, sur une terrasse où le soleil les inonde, comme si ce connard n'en avait rien à foutre de voir à quel point tout a basculé du mauvais côté en l'espace d'une minute.

Elle serre brièvement la main de son amie, parce qu'elle n'a rien d'autre à quoi se raccrocher. Elle la serre fort, sans le vouloir, pour contenir tout le reste, contenir ses émotions qu'elle ne contrôle plus, ses pensées qui tourbillonnent après s'être arrêtées, son envie de vomir qui monte brusquement. Puis elle l'éloigne et la reprend sur ses genoux quand elle se rend compte qu'elle ne contrôle rien, qu'elle risque de lui faire vraiment mal, et elle serre les poings, serre les poings encore.

Elle a envie de le voir et de savoir qu'il va bien. Elle s'en fiche de ce que la feu lui dit, elle veut juste le voir. Le serrer dans ses bras. S'occuper de lui comme lui s'était occupé d'elle. Être là pour lui.

—Comment il va ...? Est-ce qu'il va bien ? essaie-t-elle de prononcer, derrière sa respiration hachée.

"Nous avons tenté de gérer les choses comme nous le pouvions."

Elle respire longuement. Elle essaie de se reprendre et y parvient un peu. Elle est heureuse, encore une fois, de ne pas avoir retiré ses lunettes. Parce que derrière les verres fumés, ses yeux sont bleus électrique.

—Depuis quand...? Depuis quand est-ce que tu le sais ?

Derrière les verres fumés, ses yeux sont emplis de colère.


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##   Mar 29 Aoû 2017 - 17:42
Adélaïde Hamilton E.

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Du silence. Du silence complet. En dépit des gens installés à la terrasse qui rient et discutent. En dépit des passants dans la rue. En dépit de la vie. En dépit de tout. Une prison de tristesse dans laquelle nous sommes deux. Dans cette prison, le moindre bruit est trop fort. Je n’entends que ma respiration. Jusqu’à un sanglot. Ce sanglot qui résonne dans mes oreilles, qui s’insinue dans mon esprit où il continue tel un écho. Il résonne et mon cœur accélère comme si Ariana avec son tressautement m’avait enfoncée une seringue d’adrénaline pure.

Le sourire a disparu, englouti. Il fait place à une cascade sur les joues de l’Eau. Et cette main qui s’accroche à la mienne, si fort qu’elle pourrait en broyer les os. Broie, Ariana. Détruis-la si cela peut te faire du bien. Je m’en fous. Je veux juste être là. Compresse mes doigts, éclate-les mais tiens le coup, s’il-te-plait. Arrête de ne rien dire. Parle, je t’en supplie. Quand tu ne dis rien, je ne sais plus quoi faire. Je suis démunie. Parle, petite Eau. Tu as l’art de toujours glisser un rayon de soleil dans les situations les plus critiques. C’est ton pouvoir, ton secret.

S’il-te-plait, Ariana, sois magique, encore une fois.

Mais Ariana ne peut pas. Ariana repousse ma main et place la sienne sur ses cuisses. Ariana est un être humain et elle aussi, des fois, elle a des nuages devant son soleil, malgré celui qui frappe fort aujourd’hui. D’ailleurs, aucune journée ne m’a jamais paru aussi sombre. C’est que le soleil de Terrae vient de s’éteindre. Nous en avons pourtant si besoin du soleil de Terrae. Reviens, s’il-te-plait. Ne laisse pas mon cœur continuer de battre la chamade tout seul dans tout ce silence qui n’a été coupé que par un sanglot et dans lequel mon corps parait trop bruyant.

Enfin, l’Eau parle. Elle respire trop vite. Moi aussi, je respire trop vite. Pourquoi personne autour de nous n’entend ces souffles trop rapides, ces cœurs prêts à exploser ? J’ai l’impression que nous pourrions en crever. Ariana veut savoir si Nicolas va bien. Ariana veut savoir depuis quand je sais. Et derrière toute sa peine, je sens qu’elle est amère. Elle m’en veut.

Elle m’en veut et elle a bien raison.

Un instant, je suis tentée de lui mentir. Je pourrais lui dire que cela ne fait pas si longtemps. Lui dire que ce n’était pas si grave. Mais elle mérite la vérité. Tout le monde a le droit à la vérité. Alors je baisse un peu la tête, fixe un moment mon café d’un œil vide, morne.

- Depuis…

Je m’arrête, relève le regard jusqu’à trouver les lunettes en forme de cœur. C’est à peine si je reconnais mon amie, planquée derrière les verres, sans son sourire.

- Depuis juin.

J’aimerais dire que je ne me suis jamais sentie aussi vide d’émotions, mais ce serait un mensonge. En réalité, je suis pleine de sentiments. Le regret. La culpabilité. La peine. La colère envers moi-même et les autres. La crainte que plus jamais Ariana ne veuille de nous comme amis.

- Je ne sais pas comment il va. Je ne suis pas encore allée le voir. Aoi m’a demandée que nous n’y allions pas tous en même temps pour ne pas le fatiguer davantage. D’après elle, il était en piteux état, mais il ira mieux.

Je me tais. Je rouvre la bouche. La referme. Je voudrais m’excuser, lui dire que je ne voulais pas le lui cacher, lui dire que je m’en veux. Mais je me tais. Je me contente de retrouver mon café du regard sans pour autant y toucher. J’ai la gorge trop serrée pour boire, de toutes façon. Et puis, j’ai l’impression que le moindre geste serait déplacé. J’ai la sensation que la moindre attitude normale serait de trop. J’ai le sentiment que je devrais être punie, interdite de je ne sais quoi. Je voudrais qu’Ariana s’énerve. Qu’Ariana crie. Je la préfèrerais en colère, haineuse même, plutôt que triste.

J’ai toujours préféré les orages au soleil, finalement.


##   Mar 29 Aoû 2017 - 19:35
Ariana Vicente

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Au fond d'elle, Ariana sait qu'elle ne devrait pas leur en vouloir. Mais comment pourrait-elle ne pas être en colère ? Pourquoi ne l'a-t-on pas prévenue ? Parce qu'elle n'était pas digne de savoir ? Qu'ils ne voulaient pas l'avoir dans les pattes ? Qu'elle n'était juste pas capable de gérer ça ? Elle n'en sait rien, au fond, et elle s'en fiche un peu. Le fait est qu'ils savaient, et qu'ils ne lui ont rien dit. Elle ne sait pas pas qui est ce "nous" dont lui parle Hamilton, mais elle sait que ça fait depuis juin. Depuis. Juin. Depuis deux mois.

Ils savaient, et ils ne lui ont rien dit. Elle accuse le coup, difficilement. Elle serre les dents, et cela se voit à sa mâchoire qui se contracte au niveau des maxillaires. Elle tente de se contrôler et passe une main derrière ses lunettes pour essuyer ses larmes, et effacer la vision de la Feu, les yeux baissés vers sa tasse.

Ariana se rend compte qu'elle n'a pas encore touché à la sienne, de tasse. Elle la regarde comme si elle n'était rien, comme si cet objet n'avait aucune importance. Elle pense à tellement de choses à la fois, toutes tournées vers son ami, toutes tournées vers ses amis qui ne lui faisaient pas assez confiance pour l'avertir avant le dernier moment. Elle prend une nouvelle inspiration. Ses larmes coulent encore parfois, mais ses sanglots se sont calmés. Elle s'essuie cette fois avec le coin de sa serviette, laisse un peu de maquillage dessus. Puis elle prend la tasse, et prend une gorgée de la boisson chaude.

Cela ne lui fait pas vraiment du bien - elle trouve le liquide âcre et insipide, mais la chaleur qu'elle lui procure, en revanche, lui réchauffe un peu le coeur.

Elle ne sait pas se mettre en colère, Aria.
À la place, elle s'emmure simplement. Elle laisse le silence l'envelopper, comme une amie étrange qui ne l'accompagne guère. Mais elle acquiesce, tandis qu'elle repose sa tasse contre la coupelle. Elle a envie de vomir, mais elle se contient. Elle pense à Nicolas, et elle se dit qu'il n'aimerait pas la voir pleurer à cause de lui. À cause d'Adélaïde. À cause de ses amis. Pas comme elle a pu pleurer à cause d'Allen. Pas comme elle a pu pleurer lorsqu'elle a avorté, avec lui. Avec Nicolas. Nicolas qui a toujours été là.

—D'accord.

Sa voix est tremblante, mais elle essaie de lui donner un ton plus déterminé. Elle se renseignera pour savoir quand elle pourra aller voir Nicolas. Elle passera sans doute souvent, le plus souvent possible, si elle en a le droit. En se disant que, peut-être, elle n'en aura pas le droit, elle a vraiment envie de pleurer très fort, comme une enfant. Mais Ariana essaie d'être une adulte, parce que Nicolas avait été un adulte pour elle.

Le nuage ne passe pas pour autant. Elle déglutit un peu et tente de reprendre contenance. Elle ne sait pas quoi lui dire, à Hamilton. Elle aurait envie de partir, mais elle voit bien qu'elle est triste et inquiète en face.

Alors Ariana lève les yeux vers elle pour la regarder à travers ses lunettes, même si la Feu ne peut pas voir son expression.

—Maintenant je comprends pourquoi je n'avais plus de nouvelles, dit-elle pensivement, entre deux reniflements.

Elle parle de Nicolas, mais ça vaut aussi pour Hamilton, au final.

—Comment j'ai pu être aussi stupide...

Un rire étranglé. Secoué.

—Croire qu'il allait bien. Me dire que sa disparition n'était vraiment pas bizarre. Que c'était sûrement à cause de moi. Mais du coup, je ne suis pas restée. Je n'ai pas insisté.

"Je n'ai pas su."
Un nouveau sanglot, qu'elle n'arrive pas à retenir. Son visage tordu par la tristesse. Les larmes gouttent sur ses cuisses.

—J'étais pas là...

Même si elle sait qu'elle aurait jamais pu empêcher ça. Elle n'a pas compris. Elle n'a pas vu. Elle n'a pas su.
Elle l'a laissé seul.


S'émerveille en #E7654D
##   Mar 29 Aoû 2017 - 21:56
Adélaïde Hamilton E.

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Normalement, j’ai le monopole des « D’accord » dans les moments où l’on s’attendrait à de grands discours. Ce matin, c’est Ariana qui s’en sert. La mâchoire contractée, l’Eau ne me regarde même plus. Nous restons un moment silencieuses. J’occupe mes mains en buvant une gorgée de mon café froid. J’occupe mes mains en sortant mon tabac. J’occupe mes mains en roulant une cigarette du bout de mes doigts tremblants.

Je sursaute presque lorsqu’Ariana reprend la parole. Je la regarde sans desserrer les dents. Je voudrais avoir les mots justes. Je voudrais savoir la réconforter. C’est pour cela que je voulais le lui annoncer, pour être là pour elle.

Peut-être qu’elle ne veut pas que je sois là pour elle.

Je baisse les yeux, allume ma cigarette dont je tire une taffe.

- Ce n’est pas ta faute.

C’est la nôtre.

Je ne sais pas quoi dire d’autre. Le silence tombe encore. Foutu silence. Mais soudain, le serveur fait tomber un verre, éclate notre bulle, et les conversations des gens autour me sautent aux oreilles en un sursaut. Soudain, le bruit devient insupportable. Soudain, les sonorités alentours viennent gêner la pudeur propre aux malheureux. Mon index et mon majeur écrasent le filtre de ma cigarette sans que je n’y prête attention.

- Tu ne pouvais pas deviner.

Entend-elle encore mes paroles dans tout ce bruit ? Etait-il déjà si fort pendant que nous parlions ? Il y a trop de monde, comment ne l’ai-je pas réalisé avant ? Mes yeux se posent sur la tasse presque pleine d’Ariana avant de glisser sur la mienne en partie remplie de café froid.

- Veux-tu que nous bougions, Ariana ? Nous pouvons aller marcher. Ou bien nous installer dans un endroit moins bondé, si tu le souhaites.

Je marque une pause, mon regard vide vient trouver les lunettes de soleil en forme de cœur :

- Si tu ne veux pas rester avec moi, je comprendrai.

Je ne veux pas qu’elle se sente obligée et je la connais, la petite Eau. Jamais elle ne me dira d’elle-même qu’elle ne veut pas rester. En particulier si je lui montre de l’inquiétude. Mon visage a recouvré sa neutralité, même si mon cœur bat encore trop fort.

Désolée, Ariana, de ne pas avoir été une bonne amie. S’il-te-plaît, Ariana, dis-moi que tu trouveras en toi la force de me pardonner un jour. Parce qu’au fond, Ariana, j’ai fini par m’habituer à toi bien plus que je ne l’aurais cru possible.


##   Dim 3 Sep 2017 - 21:21
Ariana Vicente

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Ariana qui ne parle pas, c'est somme toute peu commun. À croire qu'elle a toujours un mot à dire ; une émotion à faire passer. Pour le coup, si elle pouvait ne plus parler, si elle pouvait simplement s'en aller, ce serait beaucoup plus simple pour elle. Elle n'aurait pas à s'en faire d'avoir l'air encore une fois stupide ou faible, de devoir subir ces gens qui ne ressentent pas la même peine qu'elle. Il y a bien sûr quelques têtes qui se sont tournés vers elle tandis qu'elle se mettait à pleurer, mais qu'auraient-ils pu y faire ? Comprendre ? La soulager ? Ils ne faisaient que l'épier dans sa détresse, qu'elle aurait préféré vivre seule, laisser éclater seule.

Son étoilisation a été difficile à vivre, mais elle a tenu le coup grâce à Nicolas. Ce devait être la dernière fois qu'elle s'est sentie aussi triste. Et encore. Ce n'était pas pareil. Ce n'était pas Nicolas.

Nicolas qui se droguait. Nicolas qui va mal. Nicolas qui avait besoin d'aide, mais qui n'en a pas reçu de sa part.

Elle continue à pleurer. Elle n'arrive pas à faire tarir les larmes, elle en ressent l'écho jusqu'au fond de son âme. Ses épaules qui tressautent, ses mains et ses cheveux qui cachent à moitié son visage.

Un verre éclate contre le sol et la petite morphe sursaute ; elle relève de grands yeux humides sur le café et regarde autour d'elle, hagarde. Perdue.

Elle ne pouvait pas deviner ? Elle ne pouvait pas. deviner. Sa bouche s'ouvre un peu plus, cette fois. Les sanglots se sont tus, mais les larmes ne se calment pas plus. Elle observe Adélaïde, choquée, un éclat plus acéré dans le regard.

Non. Elle ne pouvait pas deviner, mais ils auraient pu l'avertir. Elle aurait pu être mise au courant. Mais ils ne l'ont pas faits.

L'espagnole baisse les yeux sur ses cuisses, où se serrent ses poings à présent qu'elle y a reposé ses mains. Gorge serrée à lui en faire mal, colère grondant dans la poitrine. Elle se contient, mais uniquement parce qu'Adélaïde a déjà l'air suffisamment triste comme ça. Elle se contient parce qu'elle est aussi l'amie de Nicolas. Parce que lui n'aurait pas voulu la voir comme ça.

Une nouvelle inspiration tremblante ; ses mains fébriles vont chercher un mouchoir dans son sac, et elle s'essuie le visage et se mouche, enlève ses lunettes le temps de le faire. On peut voir ses yeux bleus rougis par ses pleurs. Elle les relève vers son amie et la toise un instant, en silence.

—C'est bon. On peut aller marcher.

Puis elle reprend les lunettes et se cache à nouveau derrière, tourne son petit nez parsemé de tâches de son vers la route pendant qu'elle se lève. Elle évite soigneusement le regard de la Feu face à elle, préfère l'ignorer en partie pour tenter de faire redescendre toute son indignation. Elle ne veut pas lui en vouloir, mais c'est plus fort qu'elle ; la colère finit toujours par passer, par retomber. Mais marcher lui fera sûrement du bien. Elle veut pouvoir surmonter ça. Parce qu'elle n'a pas non plus envie de la perdre, peu importe à quel point elle souffre de la savoir à ses côtés en ce moment.

La petite Eau attend Hamilton à côté des tables, un peu à l'écart. Elle s'avance dans la rue avant qu'elle ne la rejoigne, sans trop savoir où aller. Il faut un moment avant qu'elle ne daigne reprendre la parole ; suffisamment éloignées du café, suffisamment calmée.

—Comment c'était, alors, la France ? souffle-t-elle.

Elle se sent comme forcé de parler. Mais elle ne veut pas continuer la discussion sur Nicolas. Elle préfère attendre. Elle sait que les choses iront mieux, et elle a simplement besoin de temps.


S'émerveille en #E7654D
##   Jeu 21 Sep 2017 - 21:15
Adélaïde Hamilton E.

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Tension palpable. Mutisme qui me fait face. Les gens ont-ils cette même boule au ventre lorsque j’agis comme Ariana le fait actuellement ? Je suis celle qui s’enferme habituellement dans le silence, je n’ai jamais réfléchi à la manière dont les autres pouvaient le ressentir. Tout ce que je sais, là, c’est que je n’aime pas cela. Je n’aime pas voir cette boule de joie si éteinte. Je n’aime pas cela du tout. Du tout.

Ma question plane entre nous. Ariana se mouche et encore une fois le bruit hérisse mes poils. Tout est trop fort et silencieux à la fois. Je ne comprends pas. L’Eau enlève ses lunettes et ses yeux bleus gonflés me dévisagent un moment. J’ose à peine déglutir. J’ose à peine ciller. J’ose à peine respirer.

Ariana pleure. Ariana est malheureuse. Que suis-je supposée faire ?

Enfin, elle me dit que nous pouvons aller marcher, à nouveau bien cachée derrière ses cœurs. Mes doigts se referment un instant contre ma paume alors que mon amie ne me regarde même plus. Ariana…

Seuls nos pas résonnent dans le brouhaha des rues. Peu à peu, nous prenons comme machinalement celles moins bondées d’ailleurs. Un besoin de calme. De solitude. La solitude peut-elle être vécue à deux ? Puis un murmure s’envole d’entre les lèvres d’Ariana, me parle de la France. Je mets une seconde à comprendre qu’elle nous lance sur un nouveau sujet, qu’elle essaie. J’hésite une seconde à lui dire que je ne veux pas en parler. J’hésite jusqu’à ce que je me souvienne que je lui dois bien cela, à ma Ariana. Mon regard vert glisse sur la rouquine avant de revenir sur les pavés qui nous font face.

- Cela s’est passé aussi bien que cela aurait pu, je suppose, dis-je tout en portant le peu qu'il reste de ma cigarette à mes lèvres. J’ai rencontré le père d’Alice, Bahir.

Monsieur Je lis en toi. Tss.

- C’était assez étrange de voir la relation qu’Alice a avec son père.

Cela m’a au fond rappelé celle que j’avais avec le mien lorsque je n’étais qu’une enfant.

- Tu sais, les liens affectueux familiaux ce n’est pas ce que je comprends le mieux, achevé-je en un haussement d’épaules.

Je parle un peu plus que d’habitude. A peine plus. Encore une fois je le sais que je lui dois bien cela, à ma Ariana. Un minimum de sincérité après le mensonge par omission, ce n’est pas trop donner.

Rebondir. Rebondir avant que le silence ne revienne.

- Ne m’as-tu pas dit que tu t’étais plus ou moins trouvée quelqu’un ?

Rebond maladroit. Rebond hasardeux. Rebond de celle qui ne sait pas faire, mais qui essaie. Je tire une nouvelle taffe nerveuse, visage pourtant toujours aussi vide d’émotion. Enfin, j'essaie de tirer une taffe, avant de comprendre que la cigarette est éteinte, et qu'il n'en reste de toutes façons que le mégot. Je soupire. Pour l'angoisse discrète, c'est aujourd'hui raté.

Pardon Ariana. Je te le répèterai jusqu’à ce que tu comprennes que je n’ai jamais voulu te blesser.


##   Lun 25 Sep 2017 - 17:51
Ariana Vicente

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Elles se sont éloignées. Le silence continue à peser sur elles comme une masse sombre, et Ariana ne sait pas comment le briser. Elle tente, mais elle comprend qu'elle n'aurait peut-être pas dû revenir sur le sujet. Elle n'a pas trouvé autre chose, pourtant, mais elle se sent idiote. Elle accuse le coup comme une gifle — et les ruminations reviennent. Tu es stupide. Tu ne sais pas choisir tes mots, choisir tes moments. C'est pour ça qu'ils ne t'ont pas prévenue. Parce que quand tu essaies de tout arranger, tu finis par tout casser.

C'est ce qu'elle avait vécu, aussi, et de nombreuses fois, lorsqu'elle fréquentait encore régulièrement Allen. Maintenant, même lui la fuit un peu, et elle se demande pourquoi. Ca la rend d'autant plus triste d'y penser, et elle est contente que ses lunettes cachent ses yeux à nouveau humides.

Elle acquiesce lentement aux paroles de son amie Feu, en écoutant d'une oreille. Elle ne comprend pas bien son détachement, mais Hamilton lui apporte des éléments de réponse par elle-même. Elle la détaille un instant, en se disant qu'il n'y a pas que ceux concernant la famille qu'elle a visiblement du mal à cerner.

À cette pensée coupable et amère, la petite Morphe pince les lèvres et baisse les yeux au sol, comme si on l'avait menacée de la gifler. Son coeur tambourine dans sa poitrine, elle sent cette amertume se glisser sur sa langue, et c'est dégoûtant et désagréable… Elle se sent dégoûtante de penser comme ça, alors-même que son amie fait des efforts pour lui parler, pour s'ouvrir, pour se rapprocher d'elle malgré la distance qu'elle leur impose. Elle tâche de respirer lentement et de faire fuir les pensées parasite comme elle le peut. Pardon. Pardon. Pardon...

Alors elle acquiesce, pour lui signifier qu'elle comprend. Compréhensive. C'est important.

—Peut-être qu'un jour, les choses te paraîtront plus évidentes ? lance-t-elle simplement pour toute réponse.

Le silence s'installe à nouveau. Les deux jeunes femmes ne savent plus quoi dire. Et, comme si tout était vide et qu'elle essayait de le remplir un peu avec ce qu'elle a, Hamilton reprend la parole. Elle espère qu'Ariana fera la discussion, mais elle ne sait pas si elle en a envie. Repenser à Théo ne lui fait ni chaud ni froid, ce n'est pas lui qu'elle veut le plus aller voir en ce moment.

Un nouvel élan d'agacement, de tristesse et de culpabilité vient la secouer. C'est vraiment insupportable.

—Ah ! Oui ! tente-t-elle de répondre d'une voix la plus enjouée possible compte tenu de son état — son sourire sonne faux. Enfin. On se voit souvent… Il est sympa, mais un peu arrogant. Par contre, il est beau comme un dieu. Il est néo-zélandais, ça doit être dans les gènes.

La plaisanterie la fait à peine rire, et son ton redevient vite plat pendant qu'elle parle. C'est fou comme sa relation avec son plan Q du moment est beaucoup moins palpitante, du coup. Elle lui aurait bien raconté comme elle l'avait rencontré, mais ça paraît un peu déplacé, pour le coup. Elle se sent juste mal à l'aise à l'idée.

—Il est Feu aussi, comme toi.


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##   Mar 26 Sep 2017 - 22:07
Adélaïde Hamilton E.

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Nous sommes débiles. Deux idiotes qui savent qu’il n’y a rien à faire, que c’est trop tôt, qu’il n’y a pas eu de réelles explications. Nous parlons sans but. Nous répondons sans conviction. Ariana tente vaguement de m’offrir une phrase de réconfort que je ne recherche pas, dont je n’ai pas besoin. Oui, peut-être que cela sera plus évident. Peut-être pas. Peut-être que nous pourrions ne rien en avoir à faire aussi. En tout cas moi, je n’y prête guère plus d’importance. Du moins aujourd’hui. Aujourd’hui, tout est futile à côté d’Ariana sans son sourire.

Haussement d’épaules. Allez, passons.

C’est au tour de mes propres mots d’être inutiles. L’Eau habituellement si vive et loquace lorsqu’elle parle amours et sentiments, prête à partir au quart de tour à leur simple évocation, manque cruellement d’enthousiasme. Elle n’est plus avec moi, son esprit est ailleurs, je peux le sentir. Elle répond pourtant, concluant le tout en m’apprenant que l’heureux élu du moment n’est autre que Feu.

Pitié, pas un Marionnettiste. Epargnez-lui au moins cela, à ma petite Ariana.

Et le silence retombe, encore et toujours. Des choses à en dire, j’en aurais. « Fais attention à toi. Ne le laisse pas te faire du mal. Protège-toi, pour une fois, des mots durs qu’il pourrait te dire et des sentiments qui continueraient de grandir en toi. Ecoute-toi. Sois sérieuse, je t’en supplie. Ne fonce pas tête baissée. Réfléchis, Ariana. Réfléchis à ce que tu fais. ». Sauf qu’aujourd’hui, celle qui lui a fait du mal, c’est moi. Alors qui suis-je pour encore vouloir lui quémander de m’écouter ?

Je ravale mes peurs et mes inquiétudes. Je ravale tous ces mots que je voudrais lui dire. Adepte du quasi-mutisme, je n’aurais jamais pensé qu’un tel silence me pèserait.

Pourtant, là, je n’en peux plus. Mes pas s’arrêtent net et, le buste droit, l’expression faciale figée, je braque deux glaçons dans les verres en cœur d’Ariana qui me rejettent mon propre reflet au visage.

- Arrête.

S’il-te-plait, Ariana, ne joue pas la comédie. C’est douloureux de porter un masque.

- Arrête d’agir ainsi. Tu fais comme s’il ne s’était rien passé et que tout allait bien. Ariana, c’est normal que tu nous en veuilles.

Je marque une pause. Une boule est venue se loger au creux de ma gorge et la pression qu’elle exerce contre ma peau est telle que j’ai la sensation que tout va éclater. Pourtant, je déglutis et reprends la parole. Dans les lunettes, mes yeux, faute de trouver celui d’Ariana, sont figés dans mon regard.

- Que tu m’en veuilles.

Un regard de lâche.

Oui, Ariana, c’est normal. Tu sais, tu pourrais crier, tu pourrais me frapper, je comprendrais. Même ton silence, je le comprends. Mais lui me tue. C’est une torture inattendue. Tu sais, Ariana, j’en suis à me demander si tu n’es pas plus tordue que ce que je pensais. Si au fond, tu ne le fais pas un peu exprès en sachant pertinemment qu’intérieurement, je suis en train de hurler, de paniquer. Pour être franche, si cela était réellement le cas, j’en tomberais des nus. En fait, Ariana, tu es trop gentille pour agir ainsi, et j’en ai malheureusement bien conscience. La tristesse te dépasse, nous dépasse tous. Qui pourrait gérer cela correctement ?

- Veux-tu que je parte, Ariana ?

Vas-y, Ariana, envoie-moi bouler, d’y moi de dégager. Essaie d’être méchante, une fois dans ta vie. Enfin, pas méchante. Juste. Oui, c’est cela. Sois juste avec toi-même. Aujourd’hui, je ne mérite pas tes sourires.


##   Mar 26 Sep 2017 - 23:15
Ariana Vicente

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Evidemment, Ariana n'allait convaincre personne, comme ça. Elle n'a pas l'air très enjouée par ses propres paroles, mais lorsqu'elle pense à Théo, tout paraît vraiment très creux. Elle sait que leur relation est creuse aussi, au final ; même si elle s'attache à lui, même si elle ne veut pas être seule, sa présence lui fait du bien. Il comble quelque chose de vide, cette absence de ceux qu'elle aime, celle qu'elle a ressentie pendant tout l'été. Un été seule, même si ce n'était pas véritablement le cas, c'est très long, surtout pour quelqu'un comme elle. Mais elle tient si fort à Hamilton et Nicolas, et ils n'étaient pas là... Lui parce qu'il se droguait, elle, parce qu'elle... Elle ne sait pas. Fuyait-elle ?

Pourtant elle essaie de parler. Elle espère qu'Hamilton va enchaîner sur autre chose, mais c'est peut-être la surestimer. Elle sent sa poitrine qui se comprime et sa gorge qui se serre ; l'air a du mal à passer, elle suffoque un peu. Arrêter, arrêter quoi ? Arrêter de faire comme tout le monde lui demande, et sourire ? Arrêter d'essayer de remonter le moral des gens ? Pourtant, c'est ce qu'on lui demande, c'est toujours la seule chose qu'on lui demande, alors pourquoi maintenant elle lui demande de ne plus le faire ?

Elle comprend un peu plus tard. "Ah. Ce doit être parce que je ne souris pas."

La colère remonte brutalement quand elle lui fait comprendre que oui, elle a le droit de leur en vouloir. Mais elle sait que c'est faux, parce qu'eux ont dû s'occuper de Nicolas, eux ont dû vivre avec ça. Et ça devait être dur pour eux aussi, parce que si c'était dur pour elle, alors elle imagine à peine pour Hamilton. Pour la Morphe, Hamilton est quelqu'un de fort, mais parce qu'au fond, elle est toute fragile, même si elle ne le montre pas aux autres. Elle le voyait dans le regard que Nicolas couvait sur elle, tout comme elle le ressentait lorsqu'elles regardaient leurs films ensemble. Tout à l'heure encore, lorsqu'elle parlait du papa d'Alice, et maintenant encore, alors qu'elle la regarde droit dans les yeux et qu'elle lui parle. Elle ne comprend pas toujours ce qui la lie à Nicolas, et elle en est parfois même un peu jalouse, un peu comme une enfant qui dirait "Non, c'est mon ami !!". Mais au fond, elle se dit qu'elle n'a rien à faire dans ces moments-là.

Ce serait presque perturbant de la voir se démener autant pour elle. À la place, elle se contente de serrer un peu des dents et de contenir sa mine renfrognée.

Ariana n'aime pas se mettre en colère. Elle déteste ça. Elle se sent stupide et en même temps injuste et coupable. Mais elle n'arrive pas à s'en empêcher. C'est fort. Elle a fait des efforts pour essayer de faire comme si de rien n'était. Pourquoi maintenant ? Pourquoi elle ne peut pas faire comme elle veut ?

Elle renifle un peu. Ses yeux la piquent encore et elle doit contenir ses larmes. Elle ne répond pas, d'abord, parce qu'elle ne sait pas quoi dire. Parce qu'elle a l'impression qu'il n'y a rien à dire. Et, finalement, quand Hamilton lui demande si elle doit partir, elle explose.

—Mais je sais pas !

Sa voix résonne un moment, et quelques passants se retourne. Elle secoue la tête, comme pour s'empêcher d'en dire davantage, mais elle ne contient plus rien. Robinet ouvert. Sa voix est un peu plus aigue qu'à l'ordinaire, plus tendue sur ses cordes vocales, et ses mots se chevauchent parfois presque dans ses balbutiements.

—Il me faut du temps, comment tu veux que j'assimile ça ? Il- Nicolas- Je suis in-inquiète, et bien sûr que je vous en veux ! Mais- Je suis en colère contre moi aussi, parce que j'ai quand même envie que tu restes, parce que tu m'as manquée, mais je sais pas comment me comporter et ce que tu attends de moi ! Q-qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Crier ? Me m-mettre en colère ?

Elle renifle encore et se rend compte qu'elle pleure à nouveau. De grosses gouttes tombent sur ses joues et vont s'écraser sur le sol. D'un geste rageur, elle s'essuie les yeux et retient un sanglot.

—J'y arrive pas, d'accord ? C'est trop dur…

Et ces gens qui la dévisagent. Ca la rend malade.

—J'ai besoin de savoir s'il va bien... Je veux voir Nicolas... Il me manque… sanglote-t-elle. Il me manque....

Peut-être qu'elle ne sait juste pas comment elle est censée réagir. Le vase s'est brisé. L'eau s'est éparpillée. Elle ne sait plus quoi faire.


S'émerveille en #E7654D
##   Mer 27 Sep 2017 - 1:24
Adélaïde Hamilton E.

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Un cri. J’aurais dû le sentir venir. Il était annoncé par un reniflement, un tremblement à peine perceptible dans notre bulle si fragile. Et puis ce cri. Mes poings se resserrent et sans m’en rendre compte je recule à peine. L’Eau a la colère acérée par la peine.

Après tant de minutes à être silencieuse, Ariana ne se contient plus. Elle déballe tout, en bégayant, en trébuchant sur les mots. Mais elle dit tout. Elle ne sait pas ce qu’elle veut. Elle est inquiète. Bien sûr, qu’elle nous en veut. Mais bien sûr qu’elle veut que je reste, parce que bien sûr que je lui ai manqué.

Toi aussi tu m’as manquée, Ariana.

L’Eau ne sait plus. Quoi faire. Que vouloir. Comment agir. Elle sait juste que c’est trop dur, qu’elle veut voir Nicolas, s’assurer qu’il va bien car les mots ne suffisent pas à être certaine. Comme je te comprends, Ariana. Moi non plus, je ne l’ai pas encore vu. Moi aussi, malgré qu’Aoi m’affirme qu’il va aller bien, je le vois encore en train de nous échapper, de se volatiliser sans que nous ne puissions faire quoi que ce soit. Pardon, Ariana, c’est injuste de dire cela. Je ne comprends en réalité que la moitié de ta douleur car moi je savais. Je savais et je ne t’ai rien dit.

Mes épaules s’affaissent. Tant pis pour le masque. Tant pis pour les efforts. Ma lèvre inférieure tremble et un sanglot douloureux vient secouer mon corps tout entier. Pourtant, je ne laisse aucune larme échapper. Je ne veux pas. Aujourd’hui, c’est elle qui a le droit d’être malheureuse. Moi, je dois encaisser, encaisser sans broncher parce que je le mérite.

- Pardon.

Un murmure. Un murmure que je ne pourrai répéter malgré mon désir de le chuchoter à répétition, d’en augmenter l’intensité jusqu’à le hurler. Pardon de te faire pleurer. Pardon de t’inquiéter à retardement.

PARDON.

- Je- Je sais que tu veux le voir.

Je ne pleure pas. Mais j’ai le souffle court à trop me retenir. Ma poitrine est compressée. Je sens mes mains trembler.

- Je ne sais pas ce que tu dois faire. Je ne sais même pas quoi faire moi-même. J’aurais dû t’en parler. Je voulais t’en parler.

Je sais que j’aurais dû le faire. Excuse-moi d’encore arrêter de parler, mais tu sais, Ariana, je n’ai pas vraiment l’habitude d’implorer le pardon, de justifier mes actes. C’est nouveau de paniquer devant une amie qui s’éloigne.

- Je-

Je ne sais plus quoi dire. J’essaie, de tout mon cœur, mais je ne sais juste plus. Mon regard quitte les deux cœurs qui me renvoient ce satané reflet. Mes yeux se refusent à observer cette ridicule et vaine tentative de trouver les mots. Epaules basses, je fixe le goudron. Les gens se retournent, les gens s’interrogent sur ces deux rouquines trop démonstratives. Je les ignore, pour une fois. Tant pis s’ils me dévisagent. Il y a plus important.

Pourquoi ne m’a-t-on jamais appris comment faire ? Nicolas, c’est toi qui a commencé à me montrer que les relations n’étaient pas aussi désastreuses que ce que je croyais. Nicolas, espèce d’idiot, qu’as-tu encore fait ? J’ai besoin de toi pour réparer quelque chose qui a commencé par ta faute et tu n’es pas là. Nicolas, imbécile, j’aimerais ne pas être si amère, mais là maintenant c’est difficile. Promis, d’ici que nous nous revoyions, je réfléchirai, je me remettrai en question, mais là je suis dépassée. Laisse-moi m’énerver juste pour aujourd’hui, laisse-moi t’en vouloir un peu de cette situation. Comme si cela n’était pas assez d’essayer de t’aider toi, je dois aussi au milieu apprendre à gérer l’amitié. Crétin de Nicolas, ce regard que tu te prendrais si tu étais là. Mais à la place, c’est la route qui se prend mon air pitoyable. A croire que la peur éclate mon légendaire blase. Qui l’eut-cru ?


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Car je sais que tu seras assez forte. [Aria ♥]

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