J'ai lu toute la matinée. Et oui, je lis, ça t'en bouche un coin ? Oké j'vais arrêter tout de suite avec les expressions nulles. Mais en attendant, je lis. Ca fait un moment maintenant que j'bosse avec Adélaïde, et ça se dévoile plutôt réussi. J'apprends pas mal sur les auteurs français et anglais. Sur les mouvements littéraires. J'suis contente. J'apprends. Quelque chose de nouveau. J'me rends compte que j'peux faire autre chose, un peu. Je retiens mal et je confonds pas mal, mais j'y mets vraiment toute ma bonne foi, j'veux réussir à apprendre. Et puis des fois j'vois la satisfaction dans les yeux de ma soeur, et j'saurai pas dire pourquoi, mais ça m'remplie de... Joie ? Mouais j'ai pas trop analysé le sentiment m'voyez.
J'suis contente aussi, parce qu'elle progresse. Elle se tient bien pour se défendre, elle commence à bouger rapidement et de façon fluide. Elle ne se fait plus mal lorsqu’elle frappe, mais elle peut atteindre. Je commence à lui apprendre où frapper pour immobiliser. Et de mon coté aussi, je trouve ça cool de pouvoir lui apprendre. J’espère que pour elle aussi. C’est un peu plus détendu entre nous. C’est paaaaas la folie non plus mais au moins, c’est cordial voire sympathique. Doucement. De toute façon, on a le temps. Ca me rassure beaucoup de me dire que je ne la déteste pas. Pas comme ma mère.

Je sors de ma chambre. Va falloir aller manger. Et aujourd’hui je mange justement avec elle. Je dois aller récupérer un bouquin qu’elle veut me faire bosser, Les liaisons dangereuses, ça a l’air cool. Elle doit me parler de l’auteur, du mouvement, enfin, on a du boulot quoi. Mais c’est cool, ça me plaît, j’aime bien lire. Je lis de plus en vite d’ailleurs, à force. Et ça c’est une putain de fierté. Je longe les couloirs jusque chez les Feux, où je frappe. Adélaïde est prête. Le livre à la main, nous n’avons plus qu’à descendre. Efficacité.

Salut Hamilton. On y va ?

Sans attendre sa réponse, je me mets en route vers la cafétéria. Je lui demande si elle peut me montrer le livre pour pouvoir y jeter un coup d’œil en route. Rabattant mes cheveux lâche, je commence à lire le dos du bouquin. Puis je tourne la tête vers elle, et lui envoie un petit sourire, sans rien ajouter. Ca veut dire qu’il a l’air chouette, que j’ai bien envie de le lire, et que je suis contente qu’elle me le prête. J’dis pas grand-chose à ma sœur, mais j’essaie de lui faire comprendre que beh, c’est cool quoi. Hein. Voilà quoi.

Alors qu’on marche, j’regarde le type qui vient à l’inverse de nous. Je l’ai jamais croisé avant. Je le sais parce que je l’aurai remarqué. Un roc. Le truc c’est une montagne. Pas besoin d'observer longtemps pour le voir, mais je le détaille un peu plus. Il a un regard dur. Il nous considère à peine, boh, son problème. Ce que je trouve assez impressionnant, c’est à quel point ça se voit, enfin peut être que c’est l’expérience qui parle, mais le fait qu’il est fait pour frapper. Il est fait pour se battre. Personne remarque ? Non ? Parce que moi si.

Les Liaisons Dangereuses. J’avais hésité un long moment avant de me décider. Pourquoi ? Je n’ai pas fondamentalement envie de répondre à cette question. Passons. Toujours est-il que livre en main, droite sur mon lit, j’attends qu’Elwynn passe. Je crois que notre relation s’est améliorée. Je crois. Nous apprenons, tant bien que mal, elle l’art du langage, de la littérature, de l’écriture… et moi, du combat. Sommes-nous en train de nous apprendre l’une l’autre ? Une nouvelle question à éviter.

Quelques petits coups résonnent à ma porte et je me lève, toujours aussi rigide sous mon chemisier bleu et mon pantalon noir. C’est d’un pas contrôlé que je m’approche et d’un geste réfléchi que j’appuie avec lenteur sur la poignée. J’ai dit que la relation s’améliorait, pas qu’elle devenait parfaite.

- Bonjour, Elwynn.

Hamilton. Elle a rapidement enregistré que mon prénom n’existait pas pour moi, que je n’étais qu’un nom de famille. En cela, je la remercie. La première fois que nous nous étions vues, j’étais pour elle « Adélaïde ». Heureusement, cela lui est vite passé.

Nous avançons vers la cafétéria et elle me demande de jeter un œil au livre. Je lui tends celui-ci, lui offrant au passage l’auteur ainsi qu’un résumé bien bref du contexte d’écriture ainsi que de l’histoire du roman. Je ne suis à vrai dire pas certaine que l’ouvrage lui plaise, ni qu’il lui soit accessible. L’écriture n’est pas simple, les intrigues se mélangent… Pourtant, elle progresse vite, alors j’ai au fond de moi la certaine confiance qu’elle s’en sortira. De toutes façons, si elle ne comprend pas quelque chose, elle peut toujours me demander, je ne mords pas – plus elle en tout cas.

Mais soudain, dans notre chemin, une armoire à glace approche, me faisant relever les yeux. Ceux-ci glissent sur lui comme s’il n’existait pas, pourtant son image reste inscrite dans ma mémoire. Le grand baraqué à la figure carrée, à la mâchoire contractée, à l’air de ne rien avoir à faire à Terrae.

Puis, soudain, un élève un peu pressé me rentre dedans. Je grimace et pars en arrière, tentant de me rattraper à ce que je peux… C’aurait pu être l’élève inconnu, mais un vieil instinct de non contact me fait glisser contre le mur en y frappant mon dos, poussant malheureusement en même temps l’armoire à glace. Le jeune homme maladroit lui, est déjà loin, pendant qu’Elwynn et moi affrontons le regard glacial de l’inconnu.

J’ai comme l’impression que le repas va être suspendu.

Putain. C'est la merde. Dans ce pays de merde. Qu'est-ce que je fous là sérieux ? Merde. Rendez-moi ma liberté... j'ai tellement hâte d'être la rentrée ; c'est quoi, demain ? lundi ? la semaine prochaine ? Je sais pas. J'm'en fous tellement. Je veux juste être libéré de tout ça. De Willy-Wonka qui veut m'apprendre ce qu'il croit être la vie, de Nicolas qui n'est plus lui-même mais qui ressemble terriblement à ce qu'il a connu... Même Lottie qui, pour l'instant, ne semble que reconnaître que Nicolas alors que Jérémy, lui, était là au début... Quoi ? NON. Il est pas jaloux du Loup Noir ! de quoi vous parlez ?! Pfft... Arrêtez, Jérémy est au-dessus de vous, au-dessus de tout... Le Chasseur sait ce qu'il fait...

D'ailleurs pourquoi croyez-vous qu'il a accepté d'aller manger à la cafétéria ? Parce qu'il devait obéir à Aaron ? Parce que le Loup Noir lui a envoyé un regard noir ?...Du tout. Il devait faire semblant de se faire des amis. Il devait avoir une base de relation sociale avant la rentrée... sinon il n'aurait aucune crédibilité... Pourtant...

Pourtant...

Une chose est certaine, le Loup Noir était connu. Il était connu en tant que Nico et il était un minimum aimé... sitôt qu'il prononçait son nom, quelque chose explosait dans le regard de ceux qu'il rencontrait, quelque chose de puissant, quelque chose de lumineux... quelque chose qui n'avait pourtant rien à voir avec le cadavre rachitique qu'il était.

C'était la merde. C'était chiant... Et bien qu'on le force à voir des gens à la cafét' le midi...

Il n'entendait que ça.

Où était Nico ?

Allait-il bien ?

Allait-on le croiser à la rentrée ?

Merde.
MERDE...
MERDE !!!

Jérémy se leva et parcouru les couloirs à la recherche d'une chose qu'il ne pouvait atteindre... La paix. Mais même là, le Loup Noir l'atteignait... Il a beau voir les visages autour de lui qui le regardent, il a l'impression qu'ils n'ont d'yeux que pour Nicolas... même ces deux rousses qu'il ne connaît pas et qui se ressemblent beaucoup...

Soudain, un jeune con qui sait pas marcher manque de leur rentrer dedans... et lui aussi. Il sait pas trop bien ce qu'il se passe mais il choppe d'une main sûre le crâne du maladroit pour le déplacer au-delà de la zone de "sécurité" des rouquines proches du murs... Bravo. Instinct de survie nickel. Il lâche le maladroit pour qu'il reparte dans le couloir en s'excusant sans cesse... Mais le Chasseur reste perturbé par ces émotions. :

-Jérémy Bonnet. Bonjour. Je fais que passer.

C'est tout.

...

Ben quoi ? Manquerait plus que deux pisseuses rousses sans âme aient envie de lui parler.

Le livre dans la main, je me demande si j'arriverai à tout bien comprendre. Mais je me dis qu'il n'y a pas de raison. J'ai acheté un dictionnaire y'a pas longtemps. OUI vous avez bien lu. Et non j'vais pas sur internet parce que j'aime bien l'idée de me familiariser avec les bouquins jusqu'au bout. Et je sais que je peux lui poser des questions. Même si j'espère y arriver le plus possible toute seule. Je pense pas être assez débile pour ne rien comprendre. C'est un peu rassurant.

Alors que je marche tranquillement, du coté du couloir, j'entends les pas d'un type précipité. J'ai à peine le temps de tourner la tête, qu'il bouscule Hamilton en passant entre nous. Mon premier réflexe est de tendre le bras vers elle, sans la toucher. Je m'assure qu'elle va bien, malgré le fait qu'elle soit allée jusqu'à se frapper le dos contre le mur. Puis je tourne la tête dans la direction de l'abruti qui l'a bousculé, posant mon regard dur sur lui qui se casse en s'excusant... Au mec blond qu'il n'a pas bousculé. Logiiiiique.

Putain...

Ca m'a saoulé. C'est ridicule mais ce type m'a saoulé. Et là y'a l'autre mec comme une armoire à glace qui se retrouve en face de moi. Je sais que ma soeur le regarde aussi. Elle doit le regarder pire mal que moi... Dans l'élan j'me suis retrouvée plus ou moins en face de lui. Et lui tout ce qu'il trouve à dire c'est son nom, PUIS bonjour, puis le fait qu'il veuille passer. Je lève un sourcil, le dévisageant franchement. Je jette un coup d'oeil à tout lui entier très rapidement. Et je retiens. Hm. Lui il sait se défendre. Enfin, il sait taper surtout.

Ok Jérémy. Beh écoute t'as toute la place pour passer donc je t'en prie.

Mon ton n'est pas froid, il est simplement très neutre, comme expression qui devient petit à petit normal après avoir commencé par poser mes yeux en colère sur lui. Hamilton étant arrêtée, je reste à ma place, et attend qu'il passe pour continuer. Ouais j'fais toujours pas du tout confiance aux gens. Enfin plus qu'avant mais bon. Allez Elwynn, dis-toi qu'il est gentil. Je finis par tourner la tête vers ma soeur.

Allez on y va, on va finir par plus avoir de place.

L’armoire à glace est rapide. Sa main se pose sans que je ne comprenne comment sur l’élève trop pressé qui s’empresse de dégager la place. Tu m’étonnes. Vu le gabarit du type, je ne m’y serais pas attardée non plus. Il se présente ens-

Jérémy Bonnet.

Jérémy Bonnet ? Vraiment ?

Aucune émotion ne traverse mon visage. Mon corps se tend d’un bloc. Je ne dis rien. Ne desserre pas les dents. Elwynn se charge de parler de toutes façons. Aucun besoin que je ne lui adresse la parole. Parfait. Elle finit d’ailleurs par se tourner vers moi et j’acquiesce avant que nous nous dirigions vers la cafétéria sans que je ne jette un dernier regard à… Jérémy.

Jérémy Bonnet. Eurg.

J’attrape machinalement un plateau en jetant un coup d’œil à Elwynn. Je ne lui en avais pas parlé mais là cela semble… Nécessaire ? Oui. De ce que m’en a dit Nicolas, la dernière chose dont j’ai envie c’est qu’elle se retrouve seule avec sans savoir qui il est. Même si je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle se défende parfaitement… Oui. Ok. J’ai des doutes. Mais je ne m’inquiète pas, si c’est ce que vous croyez.

- C’est le demi-frère de Nicolas, je lâche de mon ton le plus plat tout en attrapant un ramequin dans lequel trois tomates se battent en duel. Fais attention à lui.

Rien de plus et elle sait que je n’ajouterai rien. Une assiette de petits pois plus marron que vert et de viande relativement inidentifiable plus tard, nous trouvons une table à quatre totalement libres au milieu de la foule qui règne à la cafétéria. Assise, je fourre une fourchette dans ma bouche tout en ouvrant la première page des Liaisons dangereuses, prête à en parler, quand je ne sais quoi me fait de l’ombre – si, si, je vous assure, c’est devant la lumière, je n’invente rien. Mes yeux se relèvent lentement vers l’armoire à glace et je manquerais presque d’avaler de travers si je n’avais pas peur qu’il sente ma déstabilisation.

- Que nous veux-tu ? demandé-je, abrupt.

Ok. Je veux bien qu’il soit dans Terrae. Ok. Je veux bien qu’il se nourrisse. Pourquoi le ferait-il avec nous, par contre ? Tout a des limites, je vous assure.

L'une des rouquines le dévisage comme s'il allait lui sauter dessus... OH c'est bon lààà... J'aime pas les rousses de toute façon. ...Enfin techniquement, les rousses ont un vagin aussi, ça fait pas de différence, mais les roux n'ont pas d'âme... Et les yeux verts vont en enfer. Ces deux-là possédaient dans leur code génétique tout ce que Jérémy fuyait ; la différence. Toutefois, celle qu'il lui parle lui dit avec un minimum de politesse qu'il peut passer... Je dis bien minimum parce que merde, il a vu qu'il y avait de la place putain... Il voulait juste avoir l'air classe teh. Il haussa une épaule et reprit son chemin vers la cafétéria...

...blindée de monde. Genre. Pire qu'une orgie. Ça se bouscule limite et y'a des gens qui attendent debout devant des tables où les gens sont sur le point de finir leur dessert. Super. Pourquoi il était venu déjà ? Ah oui, on l'a forcé à se sociabiliser. Putain fait chier sa mère en slip de bain rose à pois verts. Il dit ça, mais dans tous les cas, il arrive à fendre la foule. Jérémy, qu'il le veuille ou non, il a cette aura, en plus de sa taille, qui font que les gens s'écartent automatiquement... Allez savoir si c'était du charisme, ses sourcils constamment baissés ou son regard d'or qui arrivaient à les convaincre... Toute sa masse disait "dégagez le chemin".

Il prit son plateau et se laissa servir. Il examina rapidement ce qu'on leur offrait. C'était pas fameux... Équilibré, certes, mais pas fameux. Ça sent la cantine de lycéen à plein nez si vous voulez son avis. Il soupire devant l'état des petits pois... Vu la gueule, c'est de la conserve à bas prix. Et la viande ressemble à une semelle de godasse vieille de cent ans. Il a envie de grincer des dents... C'est pourtant pas compliqué de faire de la bonne bouffe pour pas cher ! C'est sûr que s'il était derrière les fourneaux, ça se passerait pas pareil. Y'a des baffes qui se perdent, j'vous l'dis.

Il se retourne et là... et là... et là eeeeeeeeeeeh. Y'a plus de place. Vraiment. Les gens se superposent c'est horrible. On a pas idée d'entasser autant d'étudiants au même endroit. Mais de son regard perçant de prédateur -comme quoi c'est utile dans toutes les situations ces choses-là- il remarque qu'il y a une place libre... sur la table des rouquines... Merde. Il pousse un soupir et s'y dirige, les gens s'écartant toujours à son passage, parce qu'il n'a pas trop le choix s'il veut manger la merde qu'on lui sert et rentrer viteuf pour faire des papouilles à Lottie... et en se plaignant de la qualité de la nourriture à Willy-Wonka non mais. C'est la rousse qui n'a pas parlé qui le regarde en premier... et lui parle aussi. Tiens t'es pas muette toi ? Dommage... Elle est sèche dans sa façon de parler... et il a bien envie de lui foutre une baffe juste pour ça, mais eh. Social on a dit. Et puis on l'a assez fait chier avec sa "violence" avant de partir. :

-Vous ? Rien. J'ai un plateau. Je m'assois.

Et il lâcha le plateau qu'il tenait d'une main pour s'installer à côté de cette rouquine qu'il pensait muette. Il fait ce qu'il veut d'abord. Qu'elles soient pas contentes lui importe peu. Elles ont qu'à bouger, elles.

Lorsqu'on arrive à la cafet avec Adélaïde, j'attrape mon plateau, puis dédaigne du regard les plats qu'on nous sert. Hmpf. J'ai vu mieux. M'enfin, j'ai déjà manqué de crever de faim alors j'vais pas trop rechigner. N'empêche je trouve ça ouf, au pire on emploie des gens d'ailleurs mais merde faire la cuisine c'est pas SI compliqué que ça. Si ? Bon j'avoue que je me suis jamais trop essayée à l'exercice. Mais quand même.

J'attrape mon assiette, et Hamilton me parle. Très peu. Elle n'en dira pas plus. Je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête vers elle, l'air curieuse, fronçant les sourcils. Nicolas a un demi-frère ? C'est assez ironique comme situation, vu qu'on est dans la même situation. Et puis elle me dit de faire... Attention à lui ? Oulah. Si elle me dit ça, et que Nicolas est d'accord avec elle, c'est qu'effectivement c'est un type qui peut se révéler dangereux. AAAAAAAh les histoires de famille, quel bonheur... J'suis assez contente qu'elle ne me considère pas comme un danger au final. Jérémy Bonnet, hein ? Je retiendrai. Je sais me défendre, mais autant être vigilante. Nous allons nous asseoir là où il y a de la place. Je pose mon plateau en face d'elle.

J'attrape ma fouchette et la plante dans la tomate qui tente de s'évader. Je lève les yeux vers le bouquin qu'Adélaïde a ouvert, et puis mon regard est attiré par une masse qui se dirige vers nous. Je lève les yeux : Jérémy Bonnet vient s'installer à la place juste à coté de nous. Yes, ça va être fun tout ça dis-donc.

C'est Adélaïde qui parle cette fois. Elle a eu l'air surprise, mais j'ai peut être rêvé. Sa voix est sèche. Je crois qu'elle ne l'apprécie vraiment pas. Je ne sais pas s'ils se connaissaient déjà avant, mais c'est assez tendu. Je lève les yeux vers lui. J'ai l'impression qu'il voudrait la broyer entre ses mains. Mec tu touches à un cheveux d'ma soeur t'es mort. Et je serai pas la seule à intervenir.
Depuis quand j'ai des instincts protecteurs comme ça moi ? J'sais pas.

En tout cas, il lui répond, tout brut qu'il est, et il balance à moitié son plateau sur la table. Je ne dis rien, mon regard est neutre. Je cale mon poing sous ma mâchoire, soutenant ma tête. Je prends quelques secondes pour checker sa morphologie. Un boeuf le type, je sais pas dans combien de personne il a tapé avant de venir ici, mais c'est clair que y'en a pas eu qu'une. Je me reconcentre rapidement sur Adélaïde, l'interrogeant du regard. Elle veut qu'on s'en aille ? Parce que moi c'est mort si elle veut pas, j'quitte pas cette place, et le moindre mauvais regard sera puni. Ouais j'suis pas sociable.

J'ignore complètement sa présence, et avale une deuxième tomate sans goût et trop dure.

Du coup on disait. Les Liaisons Dangereuses.

Et qu'il s'attende pas à ce qu'on ferme nos gueules parce qu'il est là. J'pars direct sur un a priori négatif mais en même temps, j'pense pas que ma soeur me prévienne si c'était pas assez poussé comme cas.

La situation est… étrange. Jérémy laisse tomber son plateau à côté de nous, et nous formons soudain un trio au regard parfaitement blasé… Effrayant.

Elwynn reprend la conversation plus vite que son ombre en repartant sur Les Liaisons Dangereuses. Mon attention revient au livre toujours ouvert à la première page. Pourtant, après un instant de réflexion, je le referme et relève ma tête vers l’Eau.

- Avant de te parler du livre en lui-même, je vais un peu te le replacer dans le contexte. Je viens de réaliser que nous n’en avons pas encore parlé. Déjà, nous sommes au XVIIIe siècle. Te souviens-tu du siècle des Lumières ? C’est celui-ci.

Mon ton, lorsque je lui apprends quelque chose, est toujours aussi neutre, encore plus posé que d’ordinaire. Mon regard ne lâche que rarement le sien, soucieuse de savoir si elle suit ou non. C’est peut-être l’un des rares moments où les gens pourraient croire que nous nous entendons parfaitement bien. Mais cela ne reste qu’une impression.

- C’était donc un siècle d’émancipation pour l’Homme, notamment une émancipation religieuse. Pour de nombreux philosophes, la religion était devenue quelque chose qui aliénait l’être humain et dont il fallait à tout prix se détacher. Bien entendu, l’émancipation a aussi été constatée dans d’autres domaines comme le détachement des valeurs de la royauté, de la bourgeoisie. Les Liaisons Dangereuses, dans cette idée, correspond parfaitement à son siècle. A première vue, nous pourrions y voir une simple histoire de libertinage. Mais, cela va peut-être t’étonner, le terme libertinage n’a pas toujours eu de rapport avec la sexualité.

Ok. Bon. Comme discutions à avoir à côté de Jérémy, il y aurait peut-être eu plus discret. Tant pis. Il n’avait qu’à aller ailleurs.

- Le terme est apparu au XVIe siècle. A cette époque, le libertin était une personne indocile aux croyances religieuses.

Un mince éclat fait briller mon regard l’espace d’une micro-seconde. L’effet littérature, partage du savoir, ce genre de choses… Voyez-vous ?

- Bon. Je te passe toutes les définitions mais je peux te dire qu’il y en a eu et qu’il a fallu quelques siècles pour que nous y trouvions un rapport direct à la sexualité. Tu comprendras mieux pourquoi je t’explique tout cela en lisant le livre, cela t’évitera de t’arrêter à l’apparence que s’est donné le roman. Roman épistolaire, d’ailleurs. Je ne crois pas que nous ayons déjà étudié le genre, nous pourrons en profiter.

Le livre est rouvert devant nous, je me penche dessus, yeux à demi-plissé, et attaque à voix haute la lecture de la première lettre de Cécile Volanges à Sophie Carnay.

- Tu vois, ma bonne amie, que je tiens parole, et que les bonnets…

La discrétion. Toujours.

- …et les pompons ne prennent pas tout mon temps : il m’en restera toujours pour toi, achevé-je d’un ton plat.

Une fois installé, Jérémy ignore complètement le regard des deux roukmoutes et commence à manger son entrée. Il s'en fout qu'elles soient pas à l'aise... Lui il veut juste bouffer et partir, faire genre devant Colette et Willy-Wonka qu'il a été sage. S'ils lui demandent s'il s'est fait des amis, il répondra que c'est pas poli de parler la bouche pleine. ...Merde, il faisait déjà l'effort suprême de supporter ce pays de merde -et les connaissances du Loup Noir-, il allait pas non plus se forcer à faire copain-copain avec des étrangers nan ?... Quoi que... Il allait pas avoir le choix. S'il était seul face à la fameuse "Cool Patrol", comme l'appelait Nico, il allait vite se faire submerger. Et il avait besoin de lui rappeler où était sa place et à quel point il était bien meilleur que lui... et tout seul ça allait être compliqué.

Son oreille se tend quand il entend le titre des Liaisons dangereuses. Oh bordel, des rouquines qui font semblant d'avoir un cerveau, la pire espèce. Il écoute d'une oreille distraite, un peu comme en cours, ce que raconte sa voisine tout en avalant les tomates clairement pas mûres. Il connaissait le bouquin. Il l'avait lu. ...oui parce qu'il sait lire figurez-vous, il a fait une première L oui... Bon c'est surtout parce qu'il y avait moins d'heures de cours dans cette filière qu'il l'a choisi mais passons. Il avait trouvé l'histoire un peu chiante. Limite gnian-gnian. Mais il avait trouvé original le coup des lettres... Ça lui avait limite donné envie d'en envoyer... mais bon... Il avait pas vraiment d'ami, de famille, avec qui correspondre du coup il avait abandonné l'idée. La rouquine parle du libertinage, mais il n'est pas persuadé qu'il ne s'agit que de ça... Alors quand elle lit la première phrase de la première lettre, il ne peut s'empêcher de continuer. :

-J'ai pourtant vu plus de parures dans cette seule journée que dans les quatre ans que nous avons passés ensemble... eeeeeet je sais plus la suite.

Bon ok, il aurait pu s'abstenir d'intervenir... Mais y'a "bonnet" dans la première phrase. Comment il pouvait pas faire autrement ? Il constate que sa mémoire lui a fait oublier une bonne partie du texte qu'il avait étudié l'année dernière en Littérature. C'est con, au vu du nombre de fois où il a du relire, relire et relire la même lettre encore, et encore, et encore. L'école veut nous abrutir. Y'avait pas d'autres raisons à ces tâches répétitives. Le reste sort de lui comme s'il lisait un résumé devant ses yeux, la voix aussi plate et morne qu'un curé le jour d'un enterrement. :

-Oublie pas de préciser que le roman est devenu un succès dès sa sortie, un... "prétexte à scandale" à l'époque. Et le décalage entre le niveau social dépeint dans le bouquin, et celui de l'auteur... ça rend la lecture plus drôle. Une satire de l'aristocratie.

Il finit son dernier morceau de tomate avant de lever la tête vers les deux gonzesses. Merde, j'ai raté une occasion de fermer ma gueule moi. Il plongea ses yeux dans son plat principal pour éviter d'avoir à écouter une quelconque remarque ; il était là juste pour bouffer... Juste. Pour. Bouffer. :

-'fin c'est ce que je pense...

C'est con mais... si les profs avaient eu un peu plus confiance en lui au lieu de le traiter de fainéant et de délinquant -ce qu'il est certes, mais oh- il aurait peut-être pu être un bon élève.

-Personne ne panique. PERSONNE NE PANIQUE.
 
Quelques têtes se tournèrent vers la jeune femme qui tournait autour du carton que le livreur venait de lui apporter. Elle inspira et expira à quelques reprises avant de reprendre la parole.
 
-Comment ça se fait que le colis soit si gros ?! Mon dieu, et s’il y avait un cadavre dedans ?! Ou un… Une… UNE BOMBE ?! IMAGINE ?! MON DIEU, ON VA MOURIR ! Respire Nat’, Respiiiire ça va aller-- NON CA VA PAS.
 
Elle avait toujours été très expressive. Certains diront même qu’elle était exhubérante. Mais là, pour le coup, elle était dérangeante. Parce qu’avec ses réflexions pourries, elle allait déclencher un vent de panique dans la cafet’, et ça, croyez-moi, personne ne le veut. Parce que la double porte à battant ne sera pas suffisante pour permettre à tout le monde de s’en aller sans se bousculer…
 
-Natalie, arrête de crier bordel !
 
Il la chopa par le poignet et l’attira vers elle dans un geste vif. Il fallait qu’il la calme, parce que sinon ils allaient se faire défoncer par la directrice, et ça, personne ne le voulait non plus.
 
-C’est juste le carton de jus de fruit ! Arrête de paniquer ! Stop ! Maintenant ! J’vais l'emmener dans la cuisine, et on va l’ouvrir tranquillement !
-Je refuse de venir dans la cuisine en présence de ce colis.
-T’es chiante.
-Oui. J’m’en fous. J’veux pas crever ! Démerdez-vous !
 
Et elle détala hors de la cafétéria.
Tout va bien. Tout va très bien. Ne panique pas Gianni. Ne panique pas. Ca va bien se passer. Mais oui. C’est pas comme si tout le monde te regardait. Une inspiration. Une expiration. Un petit sourire. Un petit signe de la main. Et maintenant, tu traînes le colis avec toi dans la cuisine. ALLEZ. PERSONNE NE PANIQUE OK ?!

J'écoute ma soeur m'expliquer d'où vient le roman, de quelle époque il sort. Oui, je me souviens du siècle des Lumières. C'est là où les gens commencent à réfléchir, faire de la philo, être très cons parfois aussi, mais en même temps fallait passer par là, apparemment. J'acquiesce donc, et garde mon regard plongé dans le sien. Lorsque je l'écoute, j'acquiesce régulièrement pour signifier que je suis, par réflexe. Elle me parle des significations du roman, que je ne connais pas encore. Moi j'aime bien qu'elle fasse cela, parce que ça m'aide pendant mes lectures, à mieux comprendre, à savoir un peu ce que je peux en tirer. Ca m'aide à mieux comprendre, et fur et à mesure, à mieux déduire des choses toute seule.

Et puis elle lit la première phrase du roman... épiiii.. Euh, épistolaire. Ouais. C'est la forme de quand le livre est écrit comme des lettres. C'est quand c'est une correspondance. OUAIS. Je m'en souviens. C'est un peu brutal de tout apprendre d'un coup, sachant que j'ai assez peu lu avant mes cours avec Adélaïde.

Putain c'est ouf ce que sa voix est plate. Mais je ne dis rien, la mienne n'est pas tout à fait fluide. Alors j'vais pas commencer à dire d'la merde. Non, je l'écoute, et alors qu'elle termine, la voix du type à coté d'elle s'élève. Et il continue le roman. Hm, apparemment lui aussi a fait quelques études dans sa vie. Je le regarde, tout à fait neutre, et écoute ce qu'il dit sans l'interrompre.

Je garde mon regard posé sur lui, mon poing toujours calé sous ma machoire, fourchette en suspens. Il finit par regarder son assiette, bougon. Je lance un regard à Adélaïde et lâche :

J'crois que t'as un nouvel élève.

C'est sarcastique. Mais pas moqueur. Non beh non, j'peux pas me moquer d'un type qui a bien plus de choses à dire que moi. Ehe. Beh non. Je me contente de cette remarque, il a pas l'air venu pour discuter, moi j'suis pas venue pour qu'il me parle.

Et puis, alors que j'allais ouvrir la bouche pour poser des questions à Adélaïde, j'entends quelqu'un hausser la voix pas loin de la cuisine. Je tourne la tête, comme pas mal de Terraens présents. C'est bizarre. La meuf qui vient de presque crier est en face d'un colis qu'elle refuse apparemment de toucher.

Elle semble paniquée et s'en va, laisser l'autre type tout seul. Elle a quoi, cru que c'était une bombe ? Et genre, bon. Je sais que Terrae c'est pas l'endroit le plus apprécié de la terre, mais... Une bombe ? Dans un carton ? L'utilité ? J'veux dire dans ce cas tu trouve mieux quoi. Bon après, livrer la cafet en plein milieu de l'heure du déjeuner, c'est pas complètement con. Je reste la tête tournée vers le type, vérifie qu'il va bien. Je finis par tourner la tête vers ma soeur, et hausse les épaules.

J'ai l'impression que pas mal de gens sont tendus en ce moment... T'en sais quelque chose toi ?

Une voix coupe le début du cours. Une voix venant de Jérémy Bonnet sur lequel je pose deux glaçons. Sans le couper toutefois… Parce qu’il n’a pas tort. Alors autant le laisser finir, non ? J’avoue que j’aurais apprécié qu’il me laisse le temps d’en venir à ce point, mais bon. Il montre qu’il a un cerveau quoi, et nous aurions pu nous poser la question. De toutes façons, il n’y a rien à lui dire, il se tait de lui-même. D’ailleurs, sa réaction est plutôt drôle. Il a l’air de bouder au-dessus de son assiette, à la fixer ainsi. Enfin. Elwynn me dit que j’ai un nouvel élève, me faisant reporter mon attention sur elle en levant les yeux au ciel :

- Une suf-

Un cri coupe mon envie de protester. Un cri de panique nous intimant de ne pas paniquer. La base de toute panique en fait. Nous sommes nombreux à tourner une tête curieuse vers la source du bruit, celle-ci étant une jeune fille qui nous annonce notre proche mort apparemment. Je hausse un sourcil. Nerveuse la jeune fille dites-donc. Si je comprends bien, c’est le colis qui la met dans cet état. Elle finit par s’enfuir - à grands cris évidemment - laissant derrière elle une cafétéria un peu trop agitée.

- Aucune idée, réponds-je à Elwynn en soupirant. Mais les gens devraient se calmer un peu, cela ne leur ferait pas de mal.

Ok. Ok. Tout le monde parle. Tout le monde parle beaucoup trop fort, pour être précise. Beaucoup trop tout court en fait. Il en faut peu pour agiter tout un groupe d’élèves, hein. Je clos le livre avant de reprendre la parole :

- Je crois que le cours attendra la fin du repas et le calme de… N’importe quel endroit pas aussi bondé.

Je me laisse un peu aller contre le dossier de ma chaise en finissant mon assiette avant de reprendre la parole :

- Au fait, vendredi je ne pourrai pas venir pour l’entraînement. Cela fait longtemps que je n’ai pas passé une soirée avec Alice et je lui ai dit que je serais là.

Parce qu’entre le travail au café, celui des cours que je suis ou de ceux que je donne et les entraînements… Je ne suis plus tout à fait disponible ces derniers temps.

- Nous essaierons de rattraper le cours à un autre moment, si tu veux. D’ailleurs que voulais-tu me faire voir cette fois-ci ?

J’aime bien les entraînements. Je les aime bien parce qu’ils me calment, ils m’apprennent à me canaliser. C’est dommage que j’en rate un, mais bon. En attendant, en discuter me donnera un avant-goût de ce qui m’attend.

Hein ? Pardon ? Qu'est-ce qu'elle a dit l'autre roukmoute ? "Un nouvel élève" ?! Non mais please, d'où ? Elle est vraiment abrutie en fait, c'est pour ça qu'une autre putain de rousse l'éduque c'est ça ? Ouais c'es logique dans un sens. Faut que la connerie reste dans cette race, ce serait con que ça se développe vous imaginez ! :

-J'ai pas besoin de vous je sais me servir de ma tête moi.

Et le cri retentit. Jérémy ne bouge pas dans un premier temps. Mais en entendant le mot bombe, il lève la tête. C'est un gros paquet qu'il y a là... N'importe quel terroriste un temps soit peu intelligent aurait fait une bombe discrète... pour être sûr qu'elle ne soit pas interceptée. Bah oui. Putain la base les gens ! Jérémy soupire et retourne à son plat. Dégueulasse au passage... Mais bon, le gâchis tout ça, faut pas quoi.

Une fois la cinglée partit faire ses prévisions de fin du monde en dehors de la cafétéria, les rouquines font genre elles comprennent quelque chose de la situation... ou qu'elles gèrent la situation. Mdr. Ça se prend pour des têtes et... et ça s'entraîne ?! Jérémy ne peut pas s'empêcher de laisser s'échapper un rire mauvais. Non mais mesdemoiselles, faut pas abuser. Vos mensonges, faut qu'ils soient un minimum réalistes si vous voulez vous faire respecter.


HRP : C'est court, c'est mauvais, mais j'ai enfin répondu et il était temps omfg. Je déteste Jérémy aaaaaaaaaaaah !!!

Jérémy avec sa tête de pitbull nous regarde mal, et réplique rapidement. Un truc con, bête et méchant. Pas plus pas moins. Super on a à faire à un p’tit génie, super ça. Je me contente de le regarder de la façon la plus mauvaise qui soit. Ma sœur m’imite.

Adé me propose de bouger pour terminer notre petite séance. Ca me va, je n’ai pas envie de rester dans cette ambiance trop énergique pour pas grand-chose, et d’entendre les remarques idiotes des gens qui ont peur. Ca va c’est bon, y a rien qui a pété, calmez-vous. Je me lève en l’écoutant. Oui, allons bosser ailleurs, on reprendra la lecture plus tard. Je me lève, profiter des discussions que l’alerte a créée pour partir.

Comme tu veux, on peut sortir dehors et se caler sur un banc, il y aura peut-être moins de monde.

J’attrape mon plateau tout en l’écoutant, et je hoche la tête avec un petit sourire. Alice, sa copine, vient régulièrement avec nous pour travailler. Elle crée des projets d’arts pour des enfants je crois. Elle est très calme, et elle fait très attention à moi, alors qu’on s’connait pas. Je comprends qu’elle veuille passer un peu de temps avec elle, ça ne me dérange pas. Je lui réponds, assez neutre.

Pas de problème, on trouvera un moment. J’aurai aimé te montrer l’intérêt de la réactivité, de comm-…

Un rire vient de la table, mauvais, moqueur. Je baisse lentement les yeux vers l’abruti de géant blond assis. Mon regard est tranchant, mais très calme. Je ne suis pas énervée. Je ne suis même pas méprisante pour l’instant. Ma voix devient plus grave par réflexe, plus aucune douceur ne la nuance.

Y a un problème Jérémy ?

Qu’est-ce qu’il a ? Il est pas d’accord avec ça ? Il a cru qu’on était deux p’tites nanas inoffensives ? En tout cas il va arrêter d’rire comme un abruti comme ça. Parce que j’suis calme pour l’instant, mais s’il commence à faire le malin comme ça, ça va pas très très bien se passe entre nous.
Vraiment pas.