Restant assez silencieuse, elle regarda le cuisinier et le brun qui venait de passer commande. Le bruit du carillon, ainsi qu'une légère musique au son minimum à l'esprit japonais traditionnel étaient les seules choses inaudibles qui brisait l'épais silence. Leya regarda le brun, qui semblait réfléchir à quelque chose, ou être perdu dans ses pensées. Se disant que c'est mal de l'épier ainsi, elle se contenta donc de détourner le regard et de le concentrer fixement devant elle, même s'il n'y avait pas de point au bout. C'est à nouveau Renji qui brisa la silence en lui demandant comment ça se passait avec sa nouvelle colocataire....Tiens d'ailleurs parlons en de ça ! C'est vrai que cet épisode là, il avait été des plus mouvementés encore...

Leya avait demandé qu'il n'intervienne pas, mais il l'avait fait, et donc au final si l'on replonge dans un flashback, cette intervention aura laissé quelques séquelles. Il l'ignorait, puisqu'elle ne lui en avait pas parlé. C'était un après midi, alors qu'elle était dans sa chambre, son ancienne colocataire Melina comme tout les après midis, n'étaient pas présente, alors l'albinos avait profité de cela pour recopier son journal au propre, en plus de faire le ménage dans cette dernière...Elle ne le faisait pas pour cette peste, mais pour elle, détestant vivre dans des endroits désordonnés. Alors qu'elle avait réussi à récupérer quelques pages arrachées, cachées, des morceaux déchirés, réécrivant en secret pour que cette dernière ne le sache pas, cette dernière était rentrée en furie et l'avait plaquée sur son lit, en train d'essayer de l'étrangler, lui expliquant qu'on l'avait virée de la chambre à cause d'elle.

Dans un principe d'autodéfense et parce qu'elle avait manqué d'air, elle avait saisi le seul objet lourd qui était à sa portée à s'avoir une lampe en verre et l'avait frappée avec, toussant et reprenant son souffle avec difficulté. A ses jours, Leya était déjà en train de s’entraîner, et donc avait décidé de ne pas se laisser faire, considérant que ce ne serait pas cette traînée qui lui retirerait la vie. L’administration était intervenue, Leya avait eu un blâme et Melina avait volé son nouveau journal pour exposer sa vie à toute l'école....Étrange que Renji n'en ait pas entendu parlé...Déjà qu'on l'avait prise pour cible de brimades et de bizutage, savoir qu'elle avait été témoin d'un meurtre et possiblement victime, les quelques novices qui avaient une inclination mauvaise s'était acharnés sur elle. Et après on s'étonne qu'elle déteste l'être humain, et que sa vie a peu d'importance ?

▬ Elle est gentille je crois....je ne l'ai croisée qu'une fois ou deux....en faites elle n'est jamais présente....elle m'évite depuis ce qui s'est passé à l'école....

L'albinos serre ses poings et aperçoit le cuisinier qui cuisine les okonomiyakis devant eux....curieuse, elle le regarde faire, presque impressionnée, et un sourire sous la surprise s'étire sur ses lèvres comme si elle venait à nouveau d'apprendre quelque chose. Il ajoutait chaque ingrédients petit à petit, puis lorsque les deux plats furent prêts, il les servit et leur souhaita bon appétit. Leya chercha une fourchette, mais il n'y en avait pas....Il y avait des baguettes à la place, elle les regarda longuement ne sachant comment faire. Regardant faire le brun, qui les cassa, elle en fit de même, et garda les deux bouts de bois dans ses mains.

Cette journée allait être très longue....pas pour elle, mais surtout pour lui  

Difficile de comprendre à quoi servent des baguettes quand on est issue d'une famille anglaise. Leya regardait les petits bouts de bois entre ses doigts, se rendant compte qu'elle ne savait pas du tout quoi en faire. Un soupir du brun lui fit comprendre qu'elle l'avait encore surement énervé. En faites avec son comportement, l'albinos ne semblait qu'être doué en ça...Le visage encore rouge, même si sa tête allait mieux, elle sursauta légèrement en sentant le brun prendre sa main. Que ? Hein ? What ? Son visage s'empourpra fortement, alors qu'elle regardait comment elle devait tenir ses fameux bout de bûche, ainsi que le geste qu'elle devait effectué. Reprenant sa respiration quand il la libéra, elle s’exécuta, attrapant d'un geste vif un morceau de l'okonomiyaki. Certes ce n'était pas encore ça, mais elle arrivait à faire tenir quelque bouts dessus. Renji manquait d'informations concernant sa vie sur le japon, et en bonne conscience, elle préférait éclairer ses lanternes.

▬ J'ai vécu au japon c'est vrai mais dans une famille anglaise. Nous mangieons avec une fourchette, et non pas avec des baguettes....c'est la première fois que ça m'arrive....donc je suis un perdue.

Même au travail. D'ailleurs souvent ses collègues la trouvaient étranges, et elle restait toujours en retrait pendant ses pauses déjeuners de l'époque. Leya emportait toujours une fourchette sur elle, estimant que ce petit ustensile était quelque chose de vital. Petite, on lui avait montré une vidéo de film d'une petite sirène qui s'en servait pour se brosser les cheveux. Alors imaginez quand sa mère adoptive l'a trouvé en train de se peigner avec la première fois....ce n'était pas le moment le plus glorifiant de sa vie....enfin s'il y en a eu un, parce qu'elle n'en avait aucun souvenir.

Portant à ses lèvres les baguettes, elle prit la bouché d'okonomiyaki restant un peu sceptique pendant le chatouillement, et devient toute rouge, le visage étonné, des étoiles plein les yeux.

▬ C'est....délicieux....

Un sourire aux lèvres, et parce que son ventre criait famine, elle continua de manger, commençant a s'habituer à ses nouveaux couverts, et regarde le brun d'un oeil discret. Il ne s'était pas posé de questions sur "ce qui s'est passé" alors elle imagine qu'il n'en avait surement pas entendu parlé. Se rappelant de la douleur que ça avait été, Leya fut absorbée par le flux de ses pensées sombres, perdant un peu son sourire, et puis secouant la tête pour revenir à la réalité, elle mangeait l'okonomiyaki comme si ça en valait de sa survie, mais surtout comme si le plat en face d'elle était une des sept merveilles de ce monde.

Ce n'était pas facile, mais au final au bout du compte, elle prit vite l'habitude et le pli pour tenir correctement ses baguettes et s'en servir, c'est pas forcément pratique par rapport à une fourchette, mais la jeune fille n'était pas du genre à se plaindre, et encore moins à rechigner sur les choses. L'okonomiyaki, c'est la première fois qu'elle en mangeait, et elle trouvait cela vraiment délicieux ! Un met des plus exquis qui fondait sur son palais. C'était à la fois sucré et salé ! Une mélange intéressant. Ce qui est intéressant c'est que la jeune fille aime beaucoup cuisiner, et souvent quand elle mange un plat, elle essaye de se faire ses propres recettes, de reconnaître les aliments qu'il y a à l'intérieur. C'était souvent un jeu pour elle, une sorte de défi qui lui permettait de se rendre compte si elle avait le goût assez développé. Et malheureusement cela s’avérait vrai....D'ailleurs les médecins qui l'ont suivies depuis sont plus jeune âge voyait cela comme un don....Vraiment à y repenser, ils l'avaient vraiment prise pour un rat de laboratoire.

La voix du brun, sortant du silence, la fit frissonner légèrement. A dire vrai, elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il s'intéresse à tout ça...la curiosité ne faisant pas vraiment partie de son caractère. Fin, du peu qu'elle l'avait observé
Ne sachant par où commencer, elle sonda son esprit juste une bribe de secondes afin de savoir comment dire les choses de manière explicite.

▬ Elle savait que je tenais un journal intime, puisqu'elle avait fouillé dans mes affaires en pensant que je lui avais volé de son maquillage où je ne sais quoi...La journée qui a suivie la nuit où tu m'as hébergée...j'ai retrouvé ce dernier des pages arrachées qu'elle avaient cachées, d'autre brûlées....ce journal intime c'est toute ma vie...j'étais désemparée...

Serrant le poing un peu en repensant à tout cela

▬ J'ai donc décidé de le recopier, et réécrire tout après avoir retrouvé quelques pages, et puis....un jour elle est rentrée dans la chambre en essayant de m'étrangler, m'accusant que c'était de ma faute si on allait la virer...je l'ai frappée avec la lampe en verre pour me défendre....j'ai pris un blâme et puis quand elle est partie, je n'ai plus jamais retrouvé mon journal....j'ai donc supposé qu'elle me l'avait volé....

Reprenant un peu son souffle, essayant de ne pas laisser transparaître de sanglots dans sa voix, gardant la tête haute.

▬ Une semaine plus tard après l'arrivée de ma nouvelle colocataire avec qui ça se passait bien, Melina a exposé ma vie sur ce journal à toute l'école en passant par le club de journalisme, ou encore même d'autres procédés de diffusion....Que ça soit de ma vie actuelle, ou de mon passé tout a été divulgué...J'ai été victime de bizutage, ils riaient, se moquaient, me frappaient...ça ne changeait pas vraiment de d'habitude....sauf que j'étais prise en pitié comme une pauvre petite malheureuse. "La fille de Jack l'éventreur" qu'on me surnomme....une affaire secrète que personne n'aurait dû savoir.

Elle tourne son regard déterminée, hurlant presque à pleins poumons

▬ C'est pour ça que je ne veux plus être faible ! Je veux devenir forte, je ne veux plus subir tout ça....je....je...j'en ai plus qu'assez d'être celle qu'on cible, est-ce que je mérite vraiment tout ça ? n'ais-je pas le droit moi aussi d'être normale ?

Plus elle s'égosillait, plus les larmes coulaient sur ses joues, cela fait trop longtemps qu'elle gardait cette haine, cette rancœur pour elle, parfois à force de noyer les choses, de prendre sur soi, et de toujours subir, le ballon gonfle...gonfle jusqu'à ce qu'il ne puisse plus....Et là c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. La jeune fille essuya ses larmes.

▬ Désolée...de m'être emportée....ça va aller, je vais prendre tout ça sur moi après tout....

Comme elle l'a toujours fait

Quelle était cet étrange sentiment ? Il avait un gout à la fois sucré et à la fois amer. Étrangement, le fait de vider son sac lui donnait l'impression d'accéder ne serait-ce que quelques secondes à un souffle de liberté. Bien trop longtemps, son âme gardait la peine de tout cela, et finalement la chute fut brutale pour elle. Renji l'avait écouté sans ajouter mot, donnant une simple phrase sans sentiments quelconque. Cela lui suffisait. Quelqu'un l'avait écouté et avait supporté ses plaintes, c'était déjà bien trop pour une personne comme elle. Se rasseyant devant son assiette silencieusement, elle fuyait le regard du brun comme si elle avait peur de son agacement, de sa colère, où même qu'il lui claque dans les dents des choses difficile à entendre. il n'en fut rien, il se contenta de lui poser une question simple.

▬ Plus pour longtemps....Je pensais arrêter mes études et chercher un travail...

Après tout elle avait déjà travaillé, elle avait 18 ans, et la moitié de l'école se payait sa tronche en plus de la prendre en pitié et d'attendre qu'elle soit suffisamment faible pour l'attaquer. Cette vie qu'on lui avait promise ? Ou était-elle ? C'était pire que quand elle était enfermée dans son bureau à regarder son ordinateur qui était son seul camarade de jeu...Leya ne voulait pas de tout ça ! Était-ce mal de demander quelque chose de meilleur ? n'avait-elle pas le droit de vivre heureuse elle aussi....? Non puisqu'il semblerait que le bonheur n'appartient qu'aux simples d'esprit, et non pas aux rats de laboratoire.... « Je sais...» cette simple phrase à six lettres comme s'il compatissait à sa peine....Non il n'en savait rien, comment pouvait-il dire ça ? Il ne connaissait pas tout ça...il ne se mêlait pas des affaires des autres et semblait être loin des ragots et autres bruits de couloirs...Et pourtant ces six petites consones et voyelles ne sonnait pas creux à son oreille....non c'était doux, ce n'était pas les meilleures paroles de soutien qui soit, mais venant du brun qu'elle commençait à cerner....c'était amplement suffisant.

▬ Merci de m'avoir écoutée....

Les paroles de l'albinos étaient douces et sans arrière pensées, non juste des remerciements même si cette situation l'avait surement plus gêné qu'autre chose. La jeune femme se reconcentra sur son plat toujours aussi délicieux, mais qui avait quand même à présent un arrière gout d'amertume...

Mince, elle avait débordée ! Elle avait laissé ses sentiments devenir bien trop influents au point de se défouler un peu....même si ce n'était vraiment pas ce qu'elle voulait...sur le brun. Il avait du se sentir agressé, puisqu'il décida de prendre congés auprès d'elle après avoir terminé son assiette. L'albinos le regarda faire, les lèvres légèrement écartées l'une de l'autre.

Attends...

Toujours avec autant d'inexpressivité, il lui demanda qu'elle prenne soin d'elle et tourne les talons.

Ne pars pas...

C'est ce qu'elle aurait aimé lui dire, mais pour quoi faire et surtout de quel droit se permettrait-elle de le retenir ? Si elle l'avait agacé, et qu'il la détestait, il est normal qu'il décide de s'éloigner d'elle. La jeune fille se lève de sa chaise, s'inclinant poliment devant lui, avant de le regarder partir, presque un peu frustrée et déçue. Le bruit des carillons qui résonnaient après son départ, sonnait creux à son oreille, comme si elle avait l'impression d'avoir raté l'essentiel. Silencieuse, elle posa ses baguette, aillant elle même terminer son assiette et se traitant de baka, jusqu'à même frapper sa tête avec ses petits poings de manière gentillette. Leya se mordit la lèvre inférieur, pestant contre ses propres actions et pensées. Voilà ce qui arrive quand on laisse le coeur prendre nos actes...et elle savait pourtant combien ce dernier était traître.

Cette fois c'est sûr, il la détestait....elle en était persuadée ! Comment cela pouvait-il être autrement. Le cuisinier revint vers elle pour récupère les assiettes vides et commença à s'adresser à elle, comme s'il voyait qu'elle semblait désemparée.

▬ Hé bien mademoiselle ça ne va pas fort dis donc ? y'a t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ?
▬ Il me déteste....Je suis une imbécile
▬ Mais non vous êtes trop dure avec vous même ! Vous savez ce garçon ne vous aurait pas emmener ici s'il vous détestait, et puis j'ai l'habitude de le voir, il n'est jamais avec personne....alors ne pensez pas cela, au contraire j'ai l'impression qu'il vous aime bien....à sa façon...

Les dernières paroles furent de trop pour la petite albinos, presque étonnée de ce revirement de situation, ses joues s'empourprant fortement à cette subite révélation. Non il se trompait, c'était impossible que quelqu'un apprécie Leya a sa juste valeur...Il devait surement faire ça parce que ça lui donnait l'occasion de faire une bonne action. Oui, non c'est compliqué puisque le brun ne cherche pas la reconnaissance....Leya essaya dans son âme et conscience de ne pas se laisser perturbée, tentant de se persuader que le cuisinier ne dit ça que pour la rassurer. Son coeur rate un battement, alors qu'elle tentait de cacher sa gêne, en faisant une petite moue dubitative. Puis sans même lui répondre quoi que ce soit, ce rouge ne la quittant pas, à son tour, elle sortit du restaurant, se rappelant qu'elle ne connaissait pas vraiment l'endroit où il l'avait emmené...

Ce n'est qu'au bout de plusieurs heures que la pauvre petite demoiselle, retrouvera le chemin la ramenant à l'institut, ayant réussie à surpasser ses pensées et ses sentiments dissidents.