Renji n'ajoute rien, et cela ne m'étonne même pas. Mais ça m'énerve, un peu. Cette impassibilité, cet air de n'en avoir rien à faire de ce qui se passe autour de lui. De n'en avoir rien à faire des autres, et de moi aussi sans doute. Pourtant... Pourtant, il est venu me rendre visite aujourd'hui, prendre de mes nouvelles spontanément. Cela voudrait dire que j'ai une quelconque importance pour lui ? Malgré ce qu'il vient de dire sur la futilité des relations humaines ? Je ne sais vraiment plus quoi en penser.

La discussion reprend tant bien que mal, et le brun m'explique qu'il avait trois chats. Mais au fur et à mesure de ses paroles, je commence à me demander s'il parle toujours bien d'un animal. Leya n'est pas un nom de chat, mais un nom de fille. Il y a une femme donc, et avec qui "c'est compliqué". Je ressens un pincement dans la poitrine, sans bien en comprendre la raison. Il a bien le droit de fréquenter qui il veut, non ? Pourtant, cette idée m'ennuie. De la jalousie, voilà ce que je ressens. Mais c'est un sentiment qui m'est encore inconnu, aussi je n'en ai pas conscience. Je me sens simplement froissée, sans comprendre pourquoi. Je lui réponds d'une voix plus sèche que je l'aurais voulu.

"Tu parles d'un animal ou d'une personne, là ?"

Le sujet compliqué des relations humaines revient ensuite sur le tapis. Et c'est encore plus compliqué car il parle de notre relation, et de son échéance potentielle. J'essaie d'être positive, de lui faire comprendre qu'il ne faut pas penser au futur, mais se contenter de vivre le moment présent. Mais encore une fois, il ne répond pas, il ne réagit pas. Ou plutôt, si, il a une réaction : la fuite. Il me tourne le dos, et ça m'agace encore plus que je ne l'étais déjà. Il finit par me dire que je devrais retourner travailler. Pour le coup je suis d'accord, ça vaut sans doute mieux.

"Tu as raison, je vais y aller. Je n'ai plus faim pour le dessert, mais merci quand même."

Je me lève à mon tour du banc, laissant le sachet avec le chausson aux pommes dessus. En vérité, je l'aurais bien mangé... Si ce n'était pas lui qui me l'avait offert. Je suis énervée, contre lui ou contre moi, je ne sais pas trop. Mais ce qui est sûr, c'est que je ne veux plus le voir. Aussi je tourne les talons et retourne en direction du magasin, sans adresser à Renji un mot ni un regard. Il aurait peut-être mieux fait de s'abstenir de passer, on ne peut pas vraiment dire qu'il ait embelli ma journée.

Perdre le contrôle la situation, c'est une chose qui irrite assez le japonais. Et là encore, il allait en payer les frais. 
La conversation semblait plutôt bien se passer, du moins, c'est ce qu'il pensait. Jusqu'à que l'histoire d'un chat en particulier ne vienne tout bousculer. C'est drôle, même quand elle est pas là, il y a encore du grabuge!
Et très rapidement, bien que le garçon n'est pas fait de sous entendu en particulier, Pandora comprend rapidement qu'il s'agit d'une personne et non d'un animal. Pourtant, le ton de sa voix intrigue le brun tant qu'il pose enfin son regard sur elle. 
Il s'apprête à relever quelque chose mais le son se bloque dans sa voix. 
A quoi bon? 
Pourtant, il ne comprend pas cette réaction si soudaine, il ne l'avait pas vu arrivé. 

Alors oui, cette histoire de relation humaine est un bouleversement dans sa vie, une chimère qu'il n'arrive pas à rattraper. Sur certains sujets sensibles comme celui ci, Renji a toujours eu besoin de temps pour méditer et trouver une réponse claire. Il ne doit jamais réagir à chaud car il ne saurait quels seraient ses agissements s'il laisser son impulsivité prendre le dessus. 
De ce fait, il préfère ne pas répondre immédiatement à la brune et l'invite à reprendre le chemin vers la boutique, bien que sa question posée sèchement l'avait refroidie.
Et il n'était pas au bout de ses surprises.
Pandora se lève brusquement, lui lance quelques paroles tout aussi violentes et froides et s'en va sans même l'attendre.
Planté au milieu du parc, Renji ne bouge plus. Il n'aura pas eu le temps de répondre ou de réagir. Il se contente simplement de l'observer partir, le regard dans le vide jusqu'à que ses prunelles glissent sur ce chausson aux pommes resté sur le banc.

L'incompréhension est surement le sentiment le plus frustrant. Il aurait pu la rattraper, demander une explication. Mais il est surement préférable de laisser le temps faire son œuvre. Après tout, tout comme elle l'avait mentionné, certaines relations fanent tandis que d'autres vont jusqu'à la fin....

Fin.