Aria dormait. L'utilisation du passé est ici particulièrement importante, et pour cause : un abruti s'est mis à frapper quelques coups contre sa porte. Pourtant, elle dormait bien ! Elle faisait un rêve particulièrement agréable, avec un beau brun particulièrement très agréable lui aussi, avec beaucoup de lumière tamisée, beaucoup de pétales de roses, et beaucoup de rose tout court, par ailleurs. Les jambes et les bras enroulés autour de sa couette, la rouquine se réveille en geignant, et ouvre un oeil pour regarder l'heure...

Ses oreilles bourdonnent un peu et, pâteuse, elle se contente de se mettre la tête sous son coussin en grognant. Nan mais qu'est-ce qu'il a, à la réveiller à cette heure-ci ?! Elle est encore en convalescence, elle a besoin de dormir, ok ?! Après avoir passé autant de temps à l'hôpital pour sa jambe et son bras gauches, Ariana savoure chaque minute passée sur son merveilleux matelas. Autant dire que les réveils matinaux impromptus ne sont pas vraiment apprécis...

Il n'aura qu'à requérir ses talents plus tard, par exemple après qu'elle ait pris un petite déjeuner consistant, vers midi par exemple ?

Malheureusement, Ys n'est pas homme qui abandonne. Sa voix traverse le bois de la porte et Ariana lâche un grognement frustré en repoussant sa couette. Elle se frotte les yeux, attrape sa béquille posée juste à côté du lit, contre le mur, et claudique jusqu'à la porte pour la déverrouiller, les yeux plissés pour mieux apercevoir Ys. Dans le couloir, la lumière naissante du jour commence déjà à lui piquer les yeux — elle a l'impression qu'elle pourrait bien s'endormir sur place, la tête dodelinante, alors qu'elle s'appuie contre le mur. Ses cheveux attachés et son pyjama rose à licornes sont complètement en vrac.

—C'est toi l'horreur, tu r'ssembles à un zombie, lui renvoie-t-elle directement, sans parvenir à retenir un baillement. T'as vu l'heure ?

Ok, Aria aussi a tendance à débarquer chez les gens à des heures indues, mais elle ne leur dit pas "EH JE VAIS ME TELEPORTER QUAND MÊME SI T'OUVRES PAS HIHIHI J'ESPERE QUE T'ES PAS A POILS" (ouais, bon, il a pas dit ça mais pareil)(t'façon elle s'épile).

Un nouveau baillement lui échappe et elle plisse fort les yeux pour, paradoxalement, essayer de les garder ouverts un peu plus longtemps. Ses sourcils roux se froncent.

—J'espère que t'as une bonne raison, grommelle-t-elle en chancelant.

Ouais, sinon t'en auras une pour courir loin omfg.

Haussement de sourcil devant la mine de Ys. Euh ouais ok, c'est bon, t'es pas obligé de la détailler comme ça, elle y est pour rien si elle ressemble à rien ! Fallait s'y attendre à cette heure-ci, non mais sans blague ! Boudeuse, Ariana souffle sur une mèche rousse qui lui tombe sur le nez pour la dégager et croise les bras sans lâcher sa béquille. Nouveau baillement.

—Mes talents ? sourit-elle en coin. J'en ai tellement tu sais, il va falloir être un peu plus précis…

Par contre, de là à dire qu'elle sera super contente de le faire, faut pas pousser non plus hein ! Après un demi soupir, la petite morphe finit par s'écarter pour le laisser entrer... Mais s'interrompt dans son geste en voyant le flash du téléphone d'Ys s'enclencher. Un petit silence s'installe, pendant lequel Ariana le regarde d'un air blasé puis lui tire la langue.

—Je m'en fous, j'ai encore la photo de toi en robe !

Quoi, du chantage affectif ?! Mais non, c'est pas son genre, qu'est-ce que vous me dites-là, ohlala, vous la connaissez vraiment pas hein ! Voyons.

Elle se passe une main dans les cheveux et claudique jusqu'à la fenêtre pour finalement ouvrir ses volets et aérer un peu. Un frisson lui remonte le long de l'échine avant qu'elle ne lâche un nouveau baillement puis constate le bordel de sa chambre. Boarf... C'est que Ys, osef. #aucunrespect

—Ça, tu vois, c'est l'un de mes talents principaux, soupire-t-elle en mettant la cafetière en route pour leur faire couler deux cafés.

Elle s'affale ensuite sur son lit et cette sensation divine manque de la faire se rendormir en moins de temps qu'il ne faut pour dire "tu fais chier bordel de merde". Quand elle sent la piqure du sommeil revenir insidieusement, elle se redresse d'un bond, secoue la tête et se met plutôt en tailleur. Elle est vraiment en mode deux de tension, là. Café. Ouais. La tasse. C'est bien, c'est chaud, c'est cool. Elle a oublié de donner la sienne à Ys, en plus. Genius.

—Il s'est passé quelque chose ou c'est juste une lubie de venir secouer les gens à l'aube ? demande-t-elle en faisant la moue, tapotant le lit à côté d'elle pour qu'il s'installe avant de lui tendre sa tasse.

Elle remarque bien qu'Ys n'est pas comme d'habitude, et franchement pour qu'il vienne lui demander son aide, à part pour essayer de se fringuer correctement, pour une fois (j'décoooonne), elle voit pas trop en quoi elle peut lui être utile.

HRP> xD j'imagine tellement sa tête après le flash!!

Ys manque de s'étrangler quand la miss annonce avoir plusieurs qualités. Ouais ouais c'est ça. Elle serait pas un peu déconnecter de la réalité par moment? Bon on va pas lui casser le délire déjà qu'il la réveille de bon matin, il ne faudrait pas pousser.
En revanche, le flash du téléphone lui, laisse un silence de plomb. Pendant un moment ils se fixent dans le blanc des yeux. Aria avec une tête de blasée et Ys avec un sourire en coin. 
Et ce qu'il devait arrivé, arriva. Aria le menaça d'un vieux souvenir dont il aurait aimé oublié. Allez dès que ça se sent menacer, ça sort de vieux dossiers. 
D'un haussement d'épaules, Ys fit mine de s'en moquer.

"Pffff. C'est bon je comptais pas la montrer à quelqu'un."

Ouais précises, on sait jamais. 
Pouvant à son tour entrer, le garçon prit la peine de fermer la porte derrière lui quand son regard retomba sur l'état de la chambre. Ah ouais quand même. Sacré qualité la nana. Bah en même temps, ça rime avec Aria ça. Cette chambre correspond parfaitement à sa personnalité et sa situation amoureuse héhé. Mais ça il se garde de le commenter et se contente d'un sourire en guise de compassion.
Bref!
Prenant place à son tour sur un... une... bah ça doit être une chaise à la base. Mais lorsque le garçon s'installa, un bruit désagréable retentit.

"Bah en fait... Gné?"

Alors qu'il s'apprêtait à lui répondre, Ys ôta de sous ses fesses une espèce de poulet en plastique. Dévisageant l'intrus, Ys fixa son amie, arquant un sourcil.

"Ils sont chelous tes passes temps."

Bref. Il s'en débarrasse et reprend là où il s'était arrêté. 

"En fait, j'ai vraiment besoin de toi. Je sais que t'es douée pour décorer des endroits et euh... bah je vois personne d'autre à vrai dire pour me filer un coup de main. Mais avant ça.."

Le Tonnerre sortit de l'une de ses poches un papier plié en quatre. Dépliant ce dernier, il le tendit vers son amie.

"C'est un contrat ok? Pas de Grey, mais de moi. T'inquiètes pas, y a pas de pièces rouges mais je veux juste être sûr que tu vas garder le silence."

Oui oui, il a  bien rédigé un contrat dans la nuit. C'est qu'il prend cette histoire très au sérieux et si quelqu'un venait à découvrir ses magouilles, il pourrait perdre toute crédibilité. Adieu sa réputation de bad boy. 
Continuant de fixer la miss, il reprit d'une voix grave et sérieuse:

"Et je suis très sérieux."

Ok elle le prend mal. Pourquoi il a fait cette gueule, hein ?! Bien sûr qu'elle a plein de qualités, franchement, qui en douterait ?! GROS PORC. Au moins, elle a toujours de la répartie, malgré l'heure indue. Assise sur son lit avec sa tasse, elle attend qu'Ys récupère celle qu'elle lui tend de l'autre main, un peu agacée qu'il l'ignore. Puis elle cligne des yeux en entendant un pouic… OH, SON POULET ! Hmmng...

—C'est- euh- J'aime bien jouer avec quand je suis transformée en chien, ok ?! Juge pas ! Ca m'aide pour faire de la rééducation ! grommelle-t-elle. Et récupère ta tasse de café, viens t'assoir !

Elle désigne à nouveau le lit pour qu'il s'installe à côté d'elle. A voir la distance qu'il met entre eux deux, on dirait qu'il a peur qu'elle finisse par le mordre ! C'est bon, elle est pas un monstre non plus, hein. Elle est juste un peu cheloue. Un peu. Rien de ouf quoi. Et puis certainement pas plus cheloue que lui !

La rouquine regarde son ancien collègue (dieu que c'est chiant le boulot sans lui, heureusement qu'elle est en congé maladie) et hausse un sourcil. Décorer ? Elle commence à esquisser un sourire qui se perd quand il évoque un contrat. Elle l'attrape et plisse les yeux pour faire le focus dessus et essayer de lire ce qu'il y a de noté. 'Tain, il est sérieux ce mec... Et après ELLE est cheloue ?!

—Oula, euh, t'es pas aussi canon que Christian, pour commencer, le coupe-t-elle en lui tirant la langue, un peu amusée. Non en vrai je te préviens, je signe rien du tout sans savoir de quoi il s'agit, et j'ai la flemme de lire, et je suis très sérieuse aussi.

Elle balance le contrat derrière elle sans autre forme de procès et hausse un sourcil.

—Je dirai rien. Par contre tu commences à me faire peur, on dirait vraiment que t'as viré psychopathe, là, j'espère que tu le sais...

Franchement, Ys mérite pas son amitié. Déjà, c'est pas de sa faute si elle aime se défouler sur des jouets en plastique — et puis qu'il demande à Balto, ils sont super cool, c'est ouf pour se dépenser un peu après une journée de merde ! ET PUIS. ENSUITE. Oui c'est un psychopathe. Voilà. Ariana n'a rien d'autre à dire, à part faire un jeté de cheveux à la l'Oréal Paris ; elle préfère simplement acquiescer vivement, comme la très bonne amie qu'elle est, contrairement à lui. (Oui, elle insiste.)

—Mais oui, bien sûr que je dirai rien ! C'est bon, tu me connais, je suis une TOMBE.

... ELLE PREND SUPER MAL SON REGARD, LÀ, OMFG. Elle gonfle immédiatement les joues et le pointe du doigt.

—Hé, fais pas cette tête, j'ai jamais divulgué aucun secret je te signale ! C'est pas moi qui vous ai suivi pour vous observer après vous avoir fait croire que j'allais pas venir à une soirée à quatre okay.

Ouais, elle a bien fini par être mise au courant. Elle l'a pas vraiment mal pris — bon, un peu quand même — mais c'était quand même pas très sympa de leur part. Elle, au moins, quand elle met les pieds dans le plat, elle le fait de manière très créative et surtout suffisamment peu discrète pour ne pas donner l'impression aux gens qu'elle fait des plans foireux dans leur dos : CA c'est une bonne amie !

Elle lui tire donc gentiment la langue et finit par s'installer en buvant son café... puis manque de s'étouffer et de lui recracher la gorgée qu'elle vient de prendre en pleine tête.

—Att- QUOI ? QUoiiiIIiIIIiiIii ?

Sa voix est montée un peu trop dans les aigus, et elle est forcée de se plaquer la main libre sur la bouche pour ne pas réveiller littéralement tout le dortoir des Eaux.

—Comment ça réconquérir le coeur de Mitsu ?! MAIS QU'EST-CE QUE T'AS ENCORE FAIT ??

OMG Ys et Mitsu ne sont plus ensemble. Ou alors ils se sont juste disputés ? OU ALORS IL L'A TROMPEE ? Ou alors elle a trouvé mieux. Ouais. C'est possible aussi.

—... Elle s'est pas trouvé quelqu'un d'autre, rassure-moi ?! Parce que j'ai beau être experte dans le domaine, si c'est le cas, je vais pas réussir à faire des miracles hein !

#le tact

Haussement de sourcil de la part d'Aria. Genre, euh, si tu veux la reconquérir c'est forcément qu'elle s'est barrée, et la connaissant elle a pas juste fait "hey, en fait, c'est relou avec toi, bisous je me casse !"... La rouquine soupire et secoue la tête. Ouais, bon, après il a pas totalement tort non plus, mais elle a un peu du mal à imaginer ce qu'il a pu se passer pour le coup. Sauf s'il a oublié la St Valentin et qu'elle s'est vexée, c'est possible aussi... Mais bon, si c'est le cas, il s'y prend un peu tard pour ça quand même, non ?

Par contre, il n'aime pas beaucoup l'insinuation qu'elle fait à propos d'un autre partenaire. Ooooops. Au temps pour elle, c'est donc pas le problème — par contre, ça le fait visiblement bien vriller vu la couleur qu'il prend et les conneries qu'il débite. Consciente d'avoir pu peut-être commettre un impair (non mais pour commencer, on réveille pas les gens à cette heure putain), Ariana se tait et attend que la tempête passe. Ys finit par se lever et la petite morphe le rattrape par la manche.

—Hé, attends, pars pas !

Elle soupire, tire un peu sur son bras pour l'inviter à se rassoir.

—Raconte-moi ce qu'il se passe. Je suis désolée si ça t'a blessé, c'était pas mon intention, rajoute-t-elle en se mordillant la lèvre.

Elle baisse les yeux sur sa couette, hésitante.

—C'est pas cool que vous vous soyez disputés. Enfin, je suppose que c'est le cas ? Sinon je vois mal pourquoi tu viendrais me demander de l'aide. Surtout à moi.

Elle sourit faiblement, pose sa main sur la sienne gentiment.

—Je sais pas ce qu'il s'est passé, mais si tu as besoin de soutien ou d'aide, je suis là. Je ferai ce que je peux, promis. Tu peux compter sur moi.

Ys se lève, Ys est tendu ; elle a l'impression d'avoir encore une fois fait une erreur, d'avoir encore une fois dit une parole de trop. Et comme elle est fatiguée, comme il est tôt, elle n'arrive pas à se reprendre avec sa bonne humeur habituelle ; et puis, Ys a l'air triste, ou en tout cas touché par la situation qu'elle ne comprend pas tout à fait. Elle l'observe dans la lumière du petit jour, alors qu'il se laisse faire et se réinstalle, avec une expression presque surprise. Elle ne le comprend pas encore tout à fait — il est impulsif, le bonhomme, et il fait souvent les choses sans y prêter réellement gare. Il suffit de voir quelle réaction stupide il a eue à sa taquinerie : celle de l'homme blessé qui cherche à protéger son égo déjà en miettes.

Alors lorsqu'elle s'excuse et qu'elle baisse les yeux, elle ne s'attend pas vraiment à ce qu'il se radoucisse immédiatement. Ses mots lui provoquent une boule étrange dans la gorge et l'estomac, à la fois par la surprise et l'émotion qui monte sans crier gare. Ses yeux la piquent un peu, parce que même si elle aime ses amis, et qu'elle sait que ses amis l'aiment (…peut-être ?) c'est toujours assez incongru et doux d'entendre quelqu'un lui dire qu'il est chanceux de l'avoir près de lui.

Elle répond à son sourire, tout doucement, toute gênée aussi parce qu'Ariana ne sait pas comment accepter les vrais compliments. Elle reprend sa main près d'elle timidement, se retient de secouer la tête pour lui dire qu'il n'a pas besoin de se considérer comme chanceux — mais le renvoi du compliment serait sans fin.

—C'est rien. Je suis chanceuse aussi, répond-elle simplement. Je rends juste ce qu'on me donne.

Même si elle donne beaucoup plus qu'elle ne reçoit, parfois ; ou peut-être simplement différemment, comme un troc, un échange d'une qualité pour une autre… Quelque chose d'unique et propre à chacune des personnes qu'elle connaît.

Mais elle s'assied et écoute. Elle incline la tête, comme pour mieux le voir et mieux l'entendre, et esquisse une moue attristée lorsqu'elle apprend qu'ils se sont disputés. Son expression se transforme cependant bien vite : ses sourcils se haussent, ses lèvres s'entrouvrent dans un cri silencieux et elle porte à nouveau ses mains sur ses lèvres. Aucun son ne lui échappe, mis à part une inspiration vive et surprise qui ressemble à un grincement de porte.

Elle finit par décrisper ses épaules, se mordre la lèvre inférieure en laissant ses mains retrouver ses cuisses. Ouais. C'est pas une petite dispute, quoi.

—Ton égoïsme ? Pourquoi ce serait de l'égoïsme ?…

Elle ne comprend pas. Parce qu'elle a refusé ? Parce qu'il voulait plus que ce qu'elle pouvait lui offrir ? Ou parce qu'il n'arrive pas à se contenter de ce qu'elle lui offre pour le moment ?

—Ys, je suis désolée… souffle Aria, défaite.

Elle aimerait savoir trouver les mots, mais elle a l'impression que tout ce qu'elle dit ne servira à rien.

—Elle a très mal réagi quand tu lui as demandé ? se risque-t-elle à poser comme question, pas certaine du résultat.

La forcer ? Ariana ne comprend pas vraiment. Une demande, c'est un coeur ouvert — un coeur ouvert à un autre, mais aussi à la meurtrissure. C'est une porte que l'on déverrouille, où l'on invite la personne que l'on aime à y entrer ; mais est-ce que ça veut dire qu'on le force à le faire ? Si elle a refusé, peut-être avait-elle ses raisons — Ariana a du mal à se dire que c'est parce que Mitsuki ne l'aime pas. Après tout, elle ne la connaît pas si parfaitement ; mais elle reconnaît l'étincelle dans son regard lorsqu'elle voit Ys, elle reconnaît son sourire, ces gestes qu'elle n'adresse qu'à lui. Lorsqu'ils sont ensemble, c'est si naturel que personne ne se pose de question.

—Ce n'est pas égoïste, souffle la morphe aux tâches de rousseur. Tu l'aimes, et tu veux l'avoir près de toi, comme toute personne sensée. Si elle a eu peur, alors peut-être que le problème ne vient pas de toi ? Je veux dire, pas qu'il vienne d'elle non plus, mais- C'est difficile de s'ouvrir quand on n'a pas l'habitude de le faire. Et Mitsuki ne parle jamais de ses problèmes, de ses doutes. Quand on se voit, elle est toujours pétillante, toujours fraîche, survoltée... Elle n'a jamais l'air d'avoir peur. Peut-être qu'elle n'était pas encore prête ?

Doucement, Ariana secoue la tête, un peu perdue dans ses pensées qui se bousculent. Elle pose doucement sa main sur celle d'Ys et sourit.

—Tu n'as pas à t'en vouloir d'avoir voulu plus d'elle, déjà parce que tu ne pouvais pas savoir qu'elle allait réagir comme ça. Tu n'as pas voulu la forcer non plus. Ne pense jamais ça.

Son sourire fâne. Elle tente de le raccrocher à ses lèvres par tous les moyens possibles — faire semblant d'aller bien, pétillante, fraîche. Elle aussi fait un peu ça. C'est sans doute pour ça qu'elles s'entendent aussi bien, toutes les deux… et que tout le monde lui demande pourquoi elle n'est pas Tonnerre, comme pour nier davantage son identité. La question la touche plus qu'elle ne le voudrait ; c'est le retour de la boule dans la gorge et du plomb dans l'estomac, ce creux dans la poitrine et ce trou noir au-dessous d'elle. Elle se force à ne pas fermer les yeux, elle sourit et acquiesce. Son sourire pourrait paraître convainquant si seulement elle n'avait pas les yeux aussi brillants.

—C'est l'histoire de ma vie, tu sais.

Et ce n'est pas qu'à propos de ses histoires de coeur, qui ont régulièrement été catastrophiques. Ca a été le cas avec sa mère, qui l'a forcée à avoir ce bébé et qui n'a pas voulu la lui laisser — comment aurait-elle pu s'occuper d'un tout petit bébé ? Ca a été le cas avec Adélaïde et Aoi, qui ne lui ont pas parlé de Nicolas. Ca a été le cas de Nicolas aussi, au final, qui ne lui parle jamais de ce qui ne va pas. Toute sa vie, on ne l'a vue que comme une idiote. Toute sa vie. Elle a l'impression d'avoir toujours tout donné — confiance, réconfort et amour. Elle a sauté d'une montgolfière pour Allen, parce qu'elle savait qu'il la rattraperait. Elle a sauté sur ce monstre dans la forêt, parce qu'elle savait qu'on assurerait ses arrières, elle savait qu'ils seraient là. Elle ne réfléchit pas. Elle fait confiance, pleinement et entièrement.

Mais les autres, pas une fois.

Oh, bien sûr, lorsqu'il s'agit d'histoire futiles, Aria est toujours là. Elle est là pour ça. Briller et faire sourire. Arranger les choses en bricolant, avec des gâteaux et de la pâte à sel. Crier fort, rire beaucoup, jusqu'aux larmes. Mais on la voit comme faible. On ne lui parle pas. On ne lui fait pas confiance. C'est parfois dépitant. Mais la plupart du temps, elle fait abstraction.

Elle se reprend. Elle sourit plus fort, plus grand, plus lumineux. Elle est elle, elle sait faire semblant. C'est d'Ys dont il s'agit aujourd'hui. D'Ys, et de Mitsuki. Si elle peut donner un petit coup de main, à défaut d'autre chose, ce sera bien.

—Chut, tais-toi ! Bien sûr que je t'aiderai, gros bêta. Je suis là pour ça ! Aria, toujours à la rescousse ! lâche-t-elle en reposant sa tasse sur la table de chevet et de sauter sur ses jambes, retenant une grimace. Il faut que je prenne mon bloc note, on va noter des idées ! Qu'est-ce que tu voulais faire exactement, un dîner romantique ? Le toit, ça pourrait être bien... Ou bien la forêt ? Tu préfères quoi ? Oh sinon on peut demander la clé de la salle des fêtes pour la préparer avec une ambiance à la Belle et la Bête, avec Histoire Eternelle en fond et tout ça, je suis sûre que ça passerait bien !!

Il ne faudrait pas qu'elle oublie où est sa place.




HRP : Pardon, pardon je :'( :'( Elle était censée parler... mais elle a pas voulu. J'ai mal, désolée :'( Ca ira mieux plus tard dans le topic :'o

HRP> J'ai vu ça :/ Mais je compte bien m'occuper de ma petite Aria ;)


Voilà qu'il s'ouvre un peu plus auprès d'Aria. A la base, sa venue était uniquement pour demander de l'aide, créer un univers pour recoller les morceaux. Rien d'autre. Il ne cherchait pas à ce que la rouquine devienne sa confidente. Il ne souhaite jamais obtenir une oreille attentive. Juste donner vie et forme à ses projets. Lui, il est un homme, un peu brute et pas très adroit de ses gestes. Quant à Aria, non qu'elle soit une femme, mais elle est plus patiente et passionnée. Elle sait y faire et parce que justement c'est une femme, elle saura ce qui pourrait faire plaisir à Mitsuki. 
Les hommes viennent de Jupiter et les femmes de Vénus. C'est un fait. 
Malheureusement pour lui, rien ne se passa comme prévu et prit dans son propre piège, il finit par se confier. Il n'a pas l'habitude et il n'aime pas ça. Mais voilà, c'est Aria et il sait qu'avec elle, il pourrait se livrer, lui faire confiance, qu'elle ne se moquerait pas de lui. 
Et s'il broie du noir, cherchant par n'importe quels moyens se faire pardonner, ce furent les paroles de son amie qui le fit relever la tête. Mine de rien, derrière ses âneries et ses grands fous rires, elle trouve toujours les mots justes. Restant attentif, il l'écouta comme s'il s'agissait là de grands conseils ou comment comprendre où ça a merdé. Et finalement, un fin sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme.

"Tu l'as connais bien."

Ouais, elle l'a bien saisi. Effectivement Mitsuki n'avoue jamais quand ça ne va pas. Du moins, avec les autres, mais avec lui, ils avaient franchis cette étape. Ils se disaient tout, ils s'avouaient tout. Mais ça n'a pas suffis. En revanche, si aujourd'hui il ne pourra plus être une épaule pour la Master, il est rassuré car il reste des personnes comme Aria qui resteront à ses côtés. 
En revanche, si Aria est capable de voire clair chez son voisin, ce n'est pas exactement son cas. Elle lui sourit mais son regard en dit long. Et le Master perd son sourire, doucement. Il aimerait pouvoir lui parler, la soulager, l'apaiser mais la rouquine passe à autre chose et quitte sa main. Ys s'en tient là, par respect mais il sait et il n'oublie pas. 
Aria reprend aussitôt sur le travail qui les attend et elle semble plus motivée qu'au réveil. Posant à son tour la tasse sur la table, Ys est surpris par ces idées qui se multiplient. 

"Euh ouais.. Bah l'histoire du toit c'est pas mal du tout. Après je t'avoue que je ne compte pas bouffer mes boulettes de viande sans couverts. Ça serait flippant aussi le passage du spaghettis."

Il est là pour reconquérir Mitsuki, pas la faire fuir. Même lui, il fuirait s'il avait affaire à un type pareil. Peu à peu les idées fusionnent. Ils trouvent même une idée de repas. Et comme un bon élève, il saisit à son tour une feuille du calepin pour noter les idées choisies. 

"Ok donc on s'en tient au toit, une ambiance mille et une nuit et un plat simple. Ah et pour le dessert j'aimerai que se soit des crêpes. T'inquiètes, c'est juste une anecdote.

Termine-t'il sur un clin d'oeil. Vue la tête d'Aria, cette dernière doit se demander pourquoi un dessert si peu romantique, mais c'est là toute une histoire. Le soleil était haut désormais, il fallait tout préparer pour ce soir. D'un bond, le jeune homme se releva prêt à attaquer. Si le café n'aura pas suffis, l’adrénaline aura fait le travail.

"Bon je te laisse choisir les couleurs. Je pars téléporter les chaises, la table et tout ce qu'il te faut et après je reviens te chercher. Et tu penses que des guirlandes lumineuses pourraient être une bonne idée ou ça fait trop neuneu?"

Ouais faudrait pas trop en faire. C'est qu'il est déterminé. Faudra vraiment qu'il trouve un moyen de remercier Aria pour son aide. Finalement il aura bien fait de la choisir elle et personne d'autre.