J'ai envie de bien faire. J'ai envie d'offrir un monde pour Charlotte dans lequel elle pourra être qui elle est... Si elle est violente, si elle est douce, si elle est bizarre, si elle est intelligente, tout ce qu'elle veut, tant qu'elle est entière. Si elle est blessée, j'ai envie d'être là pour l'aider, la conseiller, la soigner. Si elle est heureuse, j'ai envie qu'elle le reste indéfiniment sans perdre de vue le reste. Ce petit bout d'être, tas de chair rose, qu'on pourrait facilement casser et qui pourrait facilement se casser... J'en chérie le sourire, les éclats de rage et de larmes et j'ai envie de donner tout ce qu'il m'est possible de donner pour la voir grandir encore un peu. Et lorsque Adélaïde se penche sans attendre le bisou, que la surprise se peint sur son visage, qu'elle répond avec son flegme habituel mais que je perçois ses émotions nettement, celles que moi-même je ressens chaque fois que je prends quelqu'un dans mes bras, que ce soit Charlotte, Adélaïde, Aaron, Huo, la Cool Patrol... Mathéo a un autre degré mais ces émotions tout de même... je souris tendrement. Je suis un animal totalement en paix à ce moment... et j'ai envie de bien faire.

La Miss pose des questions, Nicolas secoue vaguement la tête pour retrouver les pieds sur terre. Elle pense qu'elle n'est pas très "bébé" mais elle en sait un minimum, bien plus que Nico l'année dernière en tout cas. Elle enchaîne avec le fait que dehors, ce n'est peut-être pas une bonne idée avec ce qu'il se passe... Nicolas fait la moue. :

-C'est vrai. J'ose pas trop aller en promenade si on n'est pas au moins deux, avec elle. Comme quoi ses instincts paranoïaques étaient toujours présents, hein. Mais de toute manière, comme tu l'as deviné, elle doit faire une sieste.

Comme ça, peut-être qu'il pourra ENFIN étendre le linge. Il soupire, se disant que sa journée de révision est décidément bien tombée à l'eau. Il se penche, attrape un bout du bavoir et essuie la bouche pleine de compote que vient de terminer sa petite sœur. :

-Techniquement, faut pas mettre au lit un bébé après l'avoir nourri, à cause des risques de régurgitation dans le sommeil. Mais comme elle est un peu plus grande, et qu'elle aime bien dormir sur le ventre, y'a pas de soucis. ...Hein Starshine ?

Peut-être bien que la Miss se fout d'une telle information, mais Lottie gazouille. Ronron dit que c'est parce qu'elle aime bien sa voix. Dis donc... La voix de Nicolas, la cuisine de Jérémy, les mains de Ronron,... les cheveux des roux,... y'a de quoi se demander ce que ça va donner comme adulte quand même.

Nicolas la sort de sa chaise, la prend dans ses bras. Elle pose sa petite tête sur son épaule en baillant légèrement, pendant qu'il masse le dos de la petite en se balançant tout doucement, un pied sur l'autre. :

-Elle ressent parfois notre agitation... Surtout Aaron, elle est très réceptive à ses gestes -en même temps, c'est son papa ! Il veut tellement bien faire, pour nous, pour tout Terrae... J'ai peur qu'il nous fasse un craquage à un moment.

Il ne rit qu'à moitié. Nicolas sait bien que son prof de maths est capable de soulever des montagnes pour les gens qu'il aime... il est, aussi, le mieux placé pour dire que lorsque c'est beaucoup trop lourd à porter, Aaron doit reculer. Il a réussi quand Nico... n'était... pas bien, parce qu'il avait Charlotte. Nicolas ne lui en veut pas du tout, c'était ce qu'il fallait faire à ce moment ; geste réfléchi ou pas, ça a permis à Aaron d'avoir du recul, ça a permis à Nicolas de... se sentir moins oppressé par l'image de ce qu'il pensait devoir être pour rester auprès d'eux légitimement. :

-On va s'en sortir. murmure-t-il faisant vibrer sa cage thoracique. C'est dur en ce moment, les gens sont perdus et ne savent plus où placer leur confiance. Mais en se serrant les coudes, on pourra faire la lumière sur tout ça, petit à petit, sans chavirer. C'est dur de se montrer patient quand la tension monte, j'espère juste que personne ne fera de choses inconsidérées... mais la Cool Patrol sera là pour gérer du pâté.

Charlotte s'endort à moitié sur lui... et rote, avant de plaquer le bout de son nez dans son cou, au chaud.


HRP : Mdr je sais même pas pourquoi c'est un pavé tellement y'a rien dans ce post XD !

Charlotte doit en effet faire la sieste, mais j’apprends que Nicolas n’ose pas trop la promener seul. D’une certaine manière, cela me rassure. Même si j’ai totalement confiance en mon ami pour défendre sa petite sœur, accompagné ou non…nous ne savons jamais, et une aide est toujours appréciée.

Tout en nettoyant la mine de la petite, il m’explique quelques petits trucs sur les bébés. Je retiens l’information dans un coin de ma tête. Même si les chances que je me retrouve un jour seule avec Charlotte sont infimes, elles existent. Autant savoir comment ne pas la tuer, non ? Erm. Nicolas enchaîne sur Aaron. J’ai beau ne pas réussir à apprécier ce type, je suis heureuse que le Tonnerre ait quelqu’un comme cela dans sa vie. Je sais que le Master donne tout pour cette espèce de petite famille rafistolée, et je mentirais si je disais que cela ne joue pas beaucoup en sa faveur.

- Ce n’est pas facile de réussir à prendre soin de soi en ce moment, surtout en tant que Master, réponds-je alors que Nicolas me parle de sa crainte de craquage du côté d’Aaron.

Tant qu’il ne nous refait pas le coup de prendre la fuite. Aha. Oui, un jour je passerai à autre chose. Ou pas.

Mais Nicolas reprend. Semi-discours bien plus touché par l’espoir que ce que nous avions pu entendre de lui dernièrement. Un demi-sourire se glisse sur mon visage. Il a raison. Ce n’est pas en partant défaitistes que nous nous en sortirons.

- C’est vrai ce que tu dis, dis-je avant que le rot de la petite me ramène soudain à son existence. Allons la coucher. Je t’aiderai pour ta lessive ensuite, si tu veux.

Nous passons ainsi le reste de la journée. Nicolas achevant de s’occuper de la maison, surveillant d’un œil une Charlotte assoupie, tandis que je lui donne un coup de main en lui posant quelques questions de cours lorsqu’elles me reviennent afin qu’il n’oublie pas ses révisions. C’est rare que nous soyons si… « normaux » dans nos discussions, nos activités. En repartant, je me demande combien de temps cela pourra être juste normal, combien de temps nous serons encore tranquilles.

Mais Nicolas l’a dit. Nous nous en sortirons. Peu importe ce qui nous attend, nous nous en sortirons.