Bon. Faisons un bref récapitulatif de la situation: Je me retrouvai amnésique et Ys était là à mon réveil. Passé le choc, il accepta de me raconter mon histoire afin que je retrouve un peu le fil de ma vie. J'ai oublié pas moins de trois ans de ma vie et je ne me souviens absolument pas ni de lui ni de ses gens qui font aujourd'hui parti de mes amis et de ma seule famille. Et évidemment, on ne sait absolument pas si la greffe a fait disparaître la maladie ou si elle n'a fait que me donner un sursis. Et il est certain que n'ayant pas du tout retrouver la maturité acquise... J'avais le mental d'une ado rebelle de 15 ans.

Ys avait visiblement voulu réécrire l'histoire en affirmant être une superstar. Bref, n'étant pas dupe, je l'ai remis à sa place. Et visiblement, ça lui a pas plut. Aussi, quand il affirma ne plus pouvoir parler avec moi, j'ai eu peur. D'autant plus qu'il se leva, se rapprochant de la porte. J'ai vraiment cru avoir fait une grosse bêtise.
Je me suis vivement redressée sur le lit en tendant la main vers lui.

- Ys non attends!

Mais il ne m'écouta pas, et disparu dans le couloir sans un regard. Je me retrouvai donc seule et apeurée dans un lieu que je ne connaissais pas, sans personne pour me rassurer. Je me suis prostrée sur mon lit, remontant mes genoux contre ma poitrine et les larmes roulant sur mes joues. Je lâchais toute la peur et tout le désarroi que je pouvais ressentir à l'instant. Mon Dieu, comment cela avait-il pu arriver?

- Me laisse pas toute seule...

Sauf que j'étais plus vraiment seule. Il était de retour, affirmant qu'il n'était pas là pour moi. J'avisa son téléphone sur mon lit et je lui tendis sans un regard. Fière de nature, je lui cachais à quel point la situation pouvait me perturber. Pour moi, il était un étranger, mais pour lui j'étais sa soeur. C'était d'un frustrant! Je voulais me souvenir. Je voulais avoir moins mal. Je voulais que tout cela cesse.

Ys dû se reprendre car il me proposa de revoir ma chambre, un de ces quatre.

- J'y retournerai bien un jour de toutes manières.

Je pris une pause.

- Tu pars plus? T'avais pourtant l'air bien parti. T'as ton téléphone non? Vas-t-en.

Non, ne part pas. Ne me laisse pas seule. J'ai bien trop peur...

Bon allez mettons de côté notre fierté surtout aujourd'hui. Ce n'est peut être pas uniquement à cause du téléphone, mais parce que malgré tout, Joyce était restée la même. Chien et chat, c'est comme ça que ça marche.
Revenant à sa hauteur tandis que le Master lui adresse la parole, cette dernière lui tend le téléphone sans même lui jeter un regard. Sa voix est énervée mais il y a quelque chose qui cloche. Prenant à peine compte de ses dernières paroles, Ys se pencha légèrement sur le côté pour détailler son visage. Et ouais, elle a bien pleurer.

"Ok... Désolé mais ne prends pas ça à coeur. C'est juste... Bah tu te souviendras que ce sont de vieilles habitudes."

Ok il n'a jamais su s'y prendre avec les consolations et tout. Mais il ne pouvait pas non plus la laisser comme ça et dans le fond, sincérement, il ne le voulait pas.
Laissant échapper un soupir, il reprit sa place initiale. Laissant le temps d'un silence, il prit le soin de la détailler. Mine de rien, n'est ce pas là le plus beau jour. Ou bien un jour qu'il avait tant espèrer? Tant puis pour l'amnésie. Tant puis si elle risque de ne jamais se souvenir de lui. Le plus important est devant lui.

"Tu sais quoi? Je vais attendre ici, près de toi, que tu te reposes. Il faut que tu dormes. Je pense qu'ici deux jours on pourra visiter Terrae ensemble."

S'appuyant contre le dossier de sa chaise, tête reposée dans le creux de sa main, il laissa un fin sourire se dessiner. Mouais il ne la lâchera pas la chieuse même si elle se met à lui hurler dessus.

HRP> On devrait se le finir tranquille histoire de pouvoir en relancer un plus tard que Jojo soit en pleine forme :D

Je ne sais trop quoi vous dire de ce que Ys et moi avions pu penser de cette entrevue, ce jour-là. Nous étions aussi perdu l'un que l'autre, ne sachant vraiment comment nous comporter. Nous étions devenu l'un pour l'autre des étrangers tout en sachant parfaitement, qu'un jour, nous avions été aussi proches que peuvent l'être deux personnes d'une même famille. Devions nous agir comme si nous nous rencontrions à peine ou comme si l'on s'était toujours connu? Devions nous parler du passé ou nous concentrer sur l'avenir? Devions nous tenter de me rendre mes souvenirs ou de m'en créer de nouveau?

Nous n'avions plus nos repères, nous n'avions plus de ligne à suivre. Nous étions tous deux perdus, déboussolé. Nous savions la chance que nous avions que la greffe ait marché. Nous nous souvenions de nos regards au réveil. Du sien, plein d'espoir, et du miens, emplis de crainte. Je ne  me souvenais de rien.

Il était de nouveau là quand je relevai la tête. Il vit mes larmes de détresse, il comprit tout de suite que j'aurais besoin de temps pour accepter tant de nouvelles. Il comprit également que, qui qu'il soit, j'aurai besoin de lui et de sa force, car moi-même je n'en avais plus.
Il me dit que je me souviendrai de ces chamailleries qui faisaient notre relation autrefois. Non, je ne me souviendrai peut-être pas. J'avais tout oublié jusqu'à celle que j'étais. Il m'avait affirmé avoir réalisé mon rêve, mais je ne savais plus quelle sensation j'avais pu ressentir à cet instant. Et cette chanson, avais-je pu la chanter durant ces trois années? Ce garçon qu'il disait être mon copain, qui était-il? Et ces amis qu'il affirmait que j'avais, qui étaient-ils et me soutiendraient-ils tous encore, malgré l'épreuve? Avant la greffe, leur avais-je, à tous, dis la vérité sur mon état? Et maintenant, qu'en pensaient-ils? Et toi, Ys, comment te sentais-tu vraiment?

Mais comme ce ne sont là que des questions auxquelles je n'aurais aucune réponse, j'acceptai silencieusement de me reposer, dans l'attente de jours meilleurs. Cependant, avant de sombrer dans le sommeil, je crois me souvenir avoir attraper la main de la seule personne ayant eu réellement ma pleine confiance. Après tout, n'était-ce pas lui que j'avais désigné comme étant titulaire de mes droits tant que je resterai inconsciente?

HRP: