Encore une journée de terminée... Plus les jours se succédaient, plus Arwen avait envie de quitter ce travail. Entre les clients désagréables, ceux qui lui faisaient des avances, ou ceux qui ne comprenaient pas qu'ils ne pouvaient pas négocier le prix de la meilleure bouteille de champagne du club parce que "C'est mon anniversaire", la coupe était pleine. C'était sans compter sur son patron, qui exigeait qu'elle soit présente à la fois à l'ouverture, à 11h du matin et a sa fermeture, à 2h. Enfin bref. Elle se disait souvent qu'elle n'avait pas de quoi se plaindre. Après tout, bon nombre de personnes étaient obligées de faire ça pour vivre. Alors que, pour elle, c'était plus un loisir. Et ce soir-là, une fois de plus, un client n'avait pas voulu partir lors de la fermeture. Une fois de plus, Arwen avait du appeler la police. Elle avait alors regardé l'heure sur son téléphone. 3h30. Encore une nuit de plus raccourcie...

Arrivée chez elle, comme à son habitude, son premier réflexe est de se déshabiller pour enfiler une nuisette, histoire d'être plus confortable, sans même prendre la peine de se démaquiller ou de détacher ses cheveux. Elle allume alors sa télé, zappant sur une chaîne passant de la musique classique, et se prépare un chocolat chaud. Alors qu'elle allait tout juste s'installer sur son canapé, sa tasse à la main, quelqu'un frappe à la porte. Pensant que c'est sa voisine, qui, parfois, est prise de crises d'insomnies, elle s'approche de la porte et ouvre, sans plus réfléchir. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle réalisa que ce n'était pas sa voisine qui se tenait devant elle, mais un charmant jeune homme. Elle ne prit même pas le temps de regarder un peu plus intensément son interlocuteur, quand elle remarqua sa cape, qui volait. Déjà, qui porte une cape en 2018 ? Et ensuite, comment elle fait pour "voler" ?

Et puis, qu'est ce qu'il voulait, ce type ? Pourquoi était-il "venu pour moi" ? Le sang d'Arwen ne fait qu'un tour quand elle réalise que c'est, peut-être, un client psychopathe qui était venu chez elle pour la violer, la tuer, la démembrer et jeter ses bouts de corps dans le Hudson. Cette idée pour le moins farfelue fit blêmir le visage d'Arwen, qui paraissait, quand même, quelque peu intimidée par ce parfait inconnu. Elle essaya de se raisonner (après tout, ce genre d'histoire n'existe que dans les films, non ?). Elle tenta de se reprendre, serrant un peu plus sa tasse de chocolat, se racla la gorge et demanda, d'une voix claire

"Hem... Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?"

Bon. Ça sonnait plus sûr dans l'esprit d'Arwen. Il faut avouer que sa voix, plutôt assurée d'habitude, avait parue fluette. En même temps, c'est pas comme si ce gars la mettait à l'aise hein. Sa carrure, ses habits... Tout était impressionnant chez lui.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que cet homme l'intrigue. "Qu'est ce qu'il me veut exactement ? " se demandait Arwen lorsque son interlocuteur était en train de parler. Même s'il se dégageait de lui une assurance certaine, il sembla douter de lui l'espace d'un instant, alors qu'il ouvrait une sorte de carnet. "C'est la même tête", comment ça la même tête ? Et puis, la même tête que quoi ? L'air de rien, Arwen jeta un rapide coup d’œil sur ledit carnet. Son teint blêmit encore plus lorsqu'elle constata que son visage était bien dessus, ainsi que son nom et diverses informations personnelles. Qu'est ce que c'était que ce type ? Comment avait-il fait pour obtenir tout ça ? Est ce qu'il la stalkait depuis des semaines pour venir la chercher ? Trop concentrée dans ses pensées, Arwen n'écoutait même pas ce que le jeune homme lui disait. Était-ce sa mère qui avait mandaté quelqu'un pour la récupérer, après toutes ces années ? Cette dernière question fit reculer d'un pas Arwen , qui releva la tête pour regarder l'inconnu droit dans les yeux. C'est vrai qu'il avait un beau regard... Mais il ne fallait pas se laisser décontenancer par des réflexion aussi futiles.  Arwen essaya de reprendre son calme tandis que son visage retrouvait des couleurs un peu plus "normales". Alors qu'elle ouvrait la bouche pour congédier cet homme, il ajouta quelque chose.

"C'est américain d'ouvrir aux gens comme ça? Non parce que là c'est un peu transparent..."

Oh, merde. La tenue. Arwen réalisa qu'elle était en nuisette. Parfait pour un rendez-vous galant, mais là... Elle rougit, baissa les yeux, chuchota un "pardon" à peine audible, et se retourna pour, d'abord, poser sa tasse, puis prendre et enfiler son manteau. Elle se passa la main dans ses cheveux, se râcla la gorge une seconde fois, avant de demander au jeune-homme.

"Qui êtes-vous exactement ? Que me voulez-vous ? Et d'ailleurs qu'est ce que c'est que ce carnet et pourquoi ma tête y figure ?"

Elle se saisit alors de son IPhone, qui était dans la poche de sa veste, et le déverrouilla.

"Partez d'ici, ou j'appelle la police ! On ne dérange pas les gens chez eux à 4h du matin, à moins d'être un putain de pervers psychopathe, alors foutez le camp !!"

Elle s'était un peu emporté et avait dit ces derniers mots presque en criant. Enfin, "emporté". Ce n'était pas bien méchant, mais il n'était pas dans ses habitudes de s'énerver et de parler comme ça. Mais il faut dire que toute cette situation lui avait fait pas mal peur. En même temps, c'est compréhensible, non ?

Il semblerait que sa remarque l'ait interpellé. La jeune femme vira sous toutes les couleurs. Devenant toute rouge, elle disparut le temps d'un instant. Attendant toujours contre le côté de la porte, le Master la revit réapparaître avec un blouson. Un léger sourire lui échappe. En fait, elle est bizarre. Elle reste calme malgré tout. Ceci dit ce n'est pas pour autant que l'affaire est dans le sac.
D'ailleurs ça ne tarde pas à se gâter. La jeune fille demande rapidement des explications. Surprit, Ys reste de marbre à l'observer avec de grands yeux.

"Non mais t'as rien écouté en fait?!"

Mais c'est qu'il s'est présenté pour rien? Elle n'a rien écouté. Ok très bien. C'est quoi le problème? La cape?
Et voilà qu'elle se met à le menacer d'appeler la police et le traite de psychopathe pervers. Bah voilà on y est! Levant les yeux au ciel, Ys fit un bond quand il entendit une voisine répondre.

"Mlle Delatour? C'est vous? Vous avez un problème?"

Oh putain les problèmes qui se pointent! En même temps si la miss n'avait pas crié, il n'aurait pas autant de mal. Mais là clairement s'il ne fait rien, c'est Hideko qui va devenir un véritable problème. Ok il faut réagir et vite. Et alors qu'il s'apprête à rentrer dans l'appartement de la demoiselle, la porte se referme sous le nez.

"Kyyyyy!! J'ai failli me faire scalper le visage!"

L'essentiel c'est que son beau visage n'a rien. Mais le Master n'a pas le temps de s'inquiéter plus longtemps pour son visage qu'il doit quitter les lieux. Si la vieille commère le croise, c'est clair qu'il va finir cette soirée en taule. Et franchement l'orange, il le porte mal. Aussitôt, et n'ayant plus le choix, il se téléporte dans l'appartement d'Arwen. Il ne connait rien de cette pièce mais il avait réussi à remémorer l'endroit juste en observant par l’entrebâille de la porte.
Et le voilà se tenant derrière la recrue. Le Master en profita pour dérégler le portable de la demoiselle afin que cette dernière n'appelle pas la police.

"Tu sais, je pourrais y faire un séjour mais sérieusement j'ai pas le temps pour ces conneries. Et en plus de ça, ils ne pourraient pas vraiment me garder... Et question diplomatie, Hideko a déjà pas mal de soucis alors on va éviter d'en rajouter si tu veux bien."

Ouep désolé mais il n'allait pas lui laisser le choix. Marquant une pause, Ys prit le temps de détailler les lieux. En sécurité ici, il put enfin prendre le temps de découvrir où vivait sa recrue.
Et il ne fut pas déçu. Malgré les apparences, elle n'était pas une de ces petites bourgeoises pètent cul. C'est rassurant en soit non parce que cette catégorie là, ça fait longtemps qui ne la côtoie plus.

"Bah ça va! J'avais peur que tu sois une de ces garces qui se la racontent mais en fait tu-Oohhh!!"

S'interrompue le Master tout en se pavanant dans la salle. Oui oui il fait comme chez lui. Et son attention retomba sur une chose bien précise: l'étuie d'une guitare. Sans même lui demander l'autorisation, le garçon s'en empara et s'installa aisément sur une chaise. Tandis qu'il découvrait l'instrument, il reprit sur un ton de gaieté:

"Tu m'excuseras mais j'ai pas vraiment eu le temps de lire ton dossier. Quand c'est trop long, j'arrête de lire. Par contre si j'avais su... Depuis combien de temps t'en joues?"

Ce qu'il faut savoir avec un Tonnerre, c'est qu'on peut passer du dramatique à la comédie. Et oui, il faut savoir suivre. En tout cas, pour l'instant, il n'y en a qu'une qui panique.

A peine eut-elle fermé la bouche qu'Arwen entendit sa gentille voisine s'inquiéter à son sujet. Ayant de plus en plus de mal à garder son sang-froid, son esprit s'embrouillant de plus en plus, Arwen claqua la porte au nez de cet importun, espérant s'en débarrasser ainsi. Une fois la porte fermée, elle se jeta sur ses clés pour la verrouiller, puis s'appuya contre celle-ci. Elle entendit d'ailleurs le jeune homme grommeler quelque chose d'incompréhensible. Mais, malgré ça, elle se sentait enfin tranquille, et surtout en sécurité. Elle ferma les yeux en soupirant, esquissant un sourire. Mais, quand elle les rouvrit, elle entendit la voix de l'inconnu derrière elle. Elle se retourna et le vit, face à elle. Elle étouffa alors un cri avec ses mains. Comment avait-il fait pour se téléporter ici ? Elle commença a trembloter, peinant de plus en plus à se contrôler. Quand l'homme parla, Arwen reconnu un nom, celui d'"Hideko". Où l'avait-elle entendu ? Peut-être à la télévision... Était-ce une criminelle récemment échappée qui était activement recherchée ? Peut-être. Mais surtout, Arwen fut interpellée par la consonance japonaise de ce nom. "Hideko"... Si cet homme était sous ses ordres, il y avait alors peu de chances que ce soit sa mère qui les ai commissionnés. Cette simple idée rassurait Arwen, qui commença même à se détendre devant le calme du jeune homme, même s'il avait l'air plutôt... Rustre dans ses manières. Sans quelle sache pourquoi, cette idée la fit sourire. Un gentil garçon docile dans un corps de beau-gosse qui essayait de se donner un air de rockeur bad boy ? Voilà qui la changeait de toutes ces pseudo-racailles qu'elle croisait quotidiennement dans le bar auquel elle travaillait. Bon, par contre, elle n'aimait pas trop sa façon de se pavaner dans tout son appartement, sans même qu'elle lui ait donné la permission. Mais bon, chacun ses défauts.

Ah, apparemment il a vu sa guitare. "Super Arwen, la prochaine fois que tu t’entraîneras, essaie de cacher les preuves..." pensa-t-elle. Et puis, pourquoi avait-il fallu que ses yeux soient attirés par la guitare, et pas par le piano ou la harpe qui trônaient en face de la baie vitrée ? Il fallait bien sûr qu'il s'intéresse à l'instrument qu'Arwen maîtrisait le moins... Génial.

"Hem... J'en joue depuis un peu moins de 4 ans. Mais je ne suis pas très douée, pour être honnête..."

Super. Et voilà que maintenant elle avouait devant un parfait inconnu qu'elle était nulle en guitare. Honteuse, elle baissa les yeux en se dirigeant vers le bar. Elle sortit un verre à vin d'une étagère, puis tira la porte d'une sorte de mini cave à vin, de laquelle elle tira un grand cru de Bordeaux. Avec une dextérité sans pareille, elle ouvrit la bouteille, avant de servir son verre, qu'elle bu quasiment d'une traite. Elle se racla une nouvelle fois la gorge, pose son verre, avant de s'adresse de nouveau au jeune homme

"Bon... Puisque tu me tutoies, je me permets de le faire également... Tu es qui exactement ? D'où tu viens ? Et pourquoi es-tu "venu me chercher" ?"

Espérons qu'il réponde directement à Arwen car, si elle avait retrouvé son calme, sa fatigue la rendait de moins en moins patiente.

Arwen fut rassurée de ne plus être questionnée à propos de sa guitare, et surtout de voir que le jeune homme la reposait délicatement. Qu'il abîme ses instruments ou son mobilier aurait été la cerise sur le gâteau.. Et, enfin, le jeune homme finit par se présenter. Il s'appelait donc Ys Ochikawa. Encore un nom à consonance asiatique. Arwen marqua un petit temps d'arrêt lorsqu'il énonça son nom de famille... "Ochikawa"... Là aussi, elle avait déjà entendu ce nom quelque part, mais, évidemment, elle ne se souvenait plus d'où. Bref, alors qu'il se rapprochait du bar, puis s'y assis, il expliqua de manière claire l'objectif de sa venue, le tout en se servant un verre du vin qu'elle venait d'ouvrir (sans lui demander s'il elle l'autorisait, évidemment.. Mais bon, il faut croire que tout le monde n'est pas doté de bonnes manières). Il voulait donc l'emmener dans un monde "parfait", de "sorcellerie et d'envoûtement"... Lorsqu'il prononça ses mots, Arwen ne put s'empêcher de lâcher un petit rire moqueur. Où voulait-il l'amener exactement ? A Poudlard ? Dans une secte étrange ? Ou alors il était tout simplement entrain de tripper... Si le discours d'Ys avait pu l'intriguer jusqu'à présent, ces derniers mots lui firent perdre le peu de crédibilité qu'il avait auprès d'Arwen qui, très terre-à-terre, ne croyait pas en la "magie".

Alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre, il fut intriguée par la dernière phrase qu'il prononça, et surtout par son ton de voix. Voulait-il la séduire ? Il y a bien longtemps qu'un garçon aussi mignon n'avait pas dragué Arwen, ce qui lui donna envie de s'amuser un peu. S'il voulait jouer à ce petit jeu-là, elle allait le suivre, et il allait perdre. Loin de détourner le regard, elle supporta celui d'Ys et, l'air de rien, le rejoignit pour aller s’asseoir sur un tabouret de bar, à coté de lui, sans le lâcher des yeux. Toujours silencieuse, elle croisa les jambes (ce qui fit remonter encore plus le bas de sa nuisette), et pris le verre des mains du jeune homme. Elle le porta à ses lèvres, en bu une bonne gorgée, avant de le reposer sur le bar. Elle lui dit alors, avec une voix plutôt lascive

"Donc maintenant je peux lire dans tes pensées, c'est cela ? Où est-ce un autre de tes 'pouvoirs magiques ?'"

Alors qu'elle disait ces derniers mots, elle se retint de lâcher un sourire en coin. Après tout, il ne fallait pas que son compagnon découvre qu'elle se moquait très légèrement de lui...  

"D'ailleurs, les sorciers n'ont-ils pas tous une baguette magique ? Où est la tienne alors ?"

Le regardant toujours dans les yeux, elle faisait preuve d'un étrange contrôle de soi. C'est sûr, quand on voit cette fille, pas très grande et à l'apparence plutôt douce, on ne se doute pas qu'elle puisse être manipulatrice. Et pourtant, elle pouvait l'être. Mais elle n'en faisait jamais un autre usage que pour s'amuser, comme c'était le cas ce soir-là. D'ailleurs, elle était assez forte pour contrôler ses émotions et ne rien laisser transparaître, ou encore pour masquer ses ressentis, a tel point qu'il était difficile pour les autres de savoir ce qu'elle pensait quand elle ne voulait pas que ses intentions soient devinées. A voir comment ce "Ys" allait composer avec elle...

En analysant ses expressions ainsi que sa répartie, Arwen compris qu'il savait qu'elle bluffait. En même temps, il était peut-être mignon, mais ce n'était pas son style de gars. Elle, elle aimait plutôt les hommes... Courtois ? Et surtout ceux qui ne rentrent pas chez une fille à 4h du matin sans qu'elle ait donné son accord. Et puis, sérieusement, le coup de la baguette dans le pantalon ? Il était vraiment tombé à ce niveau de beauferie ? Arwen était déçue, c'est vrai, elle espérait un peu plus d'inventivité chez son hôte involontaire. Lorsque Ys se recula et se reposa sur le bar, Arwen repris le verre (ainsi qu'une autre gorgée), avant de faire tourner son contenant d'une geste précis de la main. Toujours silencieuse, elle haussa un sourcil, ne baissant pas le regard. Cette situation commençait à la lasser (oui, c'est une fille qui se lasse vite), et c'était nettement moins drôle de continuer à jouer alors que son double jeu était découvert... Hmm... Après quelques secondes de silence, elle posa son verra, enleva son manteau, détacha ses longs cheveux et se pencha vers Ys. Son visage s'approcha de celui du jeune homme, jusqu'à être dangereusement près de ce dernier, son regard pourpre toujours plongé dans le sien.  

"Potter, lui, au moins, savait se servir de sa baguette, et ne s'en vantait pas. Ceux qui le disent haut et fort sont toujours ceux qui complexent le plus sur leurs capacités à s'en servir... ou encore sur leur taille"

A ce dernier mot, Arwen se redressa avec un sourire qu'on pourrait qualifier de victorieux avant de totalement changer de comportement. Elle se déplaça à nouveau derrière le bar et repris sa position de base. Après avoir passé la main dans ses cheveux, histoire de les démêler, elle reprit sa voix sérieuse et regarda de nouveau Ys droit dans les yeux.

"Fini de jouer maintenant. Pourquoi es-tu là ? Je te laisse une minute pour m'expliquer précisément d'où tu viens, pourquoi tu veux que je repartes avec toi et surtout comment tu as fait pour rentrer ici avant que j'appelle la police. La minute commence tout de suite."

Et oui, Arwen se lassait vite. Et elle savait aussi bien jouer de ses charmes qu'être ferme quand elle voulait obtenir quelque chose. Et là, visiblement, tout cela l'agaçait. Il était temps que cela finisse. Après avoir découvert la Arwen réservée et la Arwen séductrice, Ys allait découvrir la Arwen déterminée.

Enfin. Enfin les choses sérieuses semblaient commencer. Tout en Ys faisait comprendre à Arwen que le temps des plaisanteries était révolu. Son regard et sa voix semblaient déterminés, signe de l'importance de sa venue. Arwen observait le moindre geste de son invité, son moindre rictus, pour voir s'il se jouait encore d'elle ou pas. Après tout, n'est ce pas comme ça que l'on repère un menteur ou un manipulateur, avec des micro expressions presque invisibles ?

Lorsqu'il lui dit que la police ne pourrait rien faire pour l'aider, un sentiment de peur s'empara d'Arwen, même si elle ne laissa rien transparaître. La police ne pouvait pas l'aider ? Et pourquoi lui le pourrait ? Plus elle l'observait, plus  Arwen se sentait en sécurité avec lui, comme s'il pouvait régler tout les problèmes causés par son mal-être depuis tant d'années. Elle tenta de se raisonner, mais rien n'y fait. Elle voulait croire en lui, croire en ses paroles, malgré le fait qu'elle ne le connaissait que depuis quelques minutes. C'est la première fois qu'elle perdit le contrôle de ses pensées et de ses sentiments, la première fois qu'elle ne se maîtrisait plus. La panique pris le pas sur la peur, formant une boule dans la gorge d'Arwen.

Cependant, devant Ys, elle réussit à ne rien laisser trahir ses doutes. Elle l'écoutait attentivement, étudiant chaque mot. Elle se surpris même à être d'accord avec lui. Oui, en effet, personne n'avait pu l'aider jusque là. Personne n'avait su la comprendre. Pas même son Père, avec qui elle maintenait une relation presque fusionnelle. Les souvenirs de son père la rendirent triste, l'espace d'un instant. Elle fut rapidement tirée de sa mélancolie lorsqu'elle se rendit compte qu'Ys s'était levé, prêt à partir. Non, pas ça. Tout mais pas ça. Pour une fois que quelqu'un semblait la comprendre, pour une fois que quelqu'un lui tendait la main, il fallait qu'il parte.

Et voilà maintenant qu'il s'éloignait d'elle, reculant de quelques pas. Toutes les émotions qu'elle avait ressenti ce soir remontèrent d'un coup. Elle se pencha vivement en avant, tendit le bras comme pour attraper Ys et cria

"NON ! Ne pars pas !!!!"

Elle resta figée 1 à 2 secondes dans cette position, avant de se recroqueviller sur elle-même. Elle se haït instantanément d'avoir agi de la sorte. Elle baissa la tête et rougit. Elle n'aimait pas apparaître comme ça devant les gens, en particulier les inconnus. Elle avait l'air faible avec cette attitude, et elle détestait avoir l'air faible. Sa respiration se fit plus intense pendant une vingtaine de secondes, laps de temps durant lequel un silence pour le moins gêné s'instaura. Arwen essaya de reprendre le plus rapidement possible son calme en essayant de contrôler sa respiration, et ainsi mettre de l'ordre dans ses pensées.

Lorsqu'elle se mit à respirer de manière plus "normale", elle redressa la tête vers Ys. Elle n'avait plus aucune marque de ce qu'il venait de se passer, ses joues n'étaient plus rougies par la honte, son regard était redevenu le regard déterminé auquel Ys faisait face il y a moins d'une minute, et sa voix était redevenu sérieuse.

"Parle-moi de cet endroit dont tu dis qu'il résoudra mes problèmes et comblera le vide que je ressens, et explique-moi ce que la magie vient faire ici."

Le moins que l'on pouvait dire d'Arwen, c'est qu'elle faisait preuve d'une vraie capacité à se contrôler même si, en l’occurrence, elle venait de craquer. Malgré cela, elle avait été elle-même impressionnée par le self-control dont elle venait de faire preuve, mais la honte qu'elle ressentait de cette montrée dans une telle position de faiblesse devant Ys l'emportait sur tout ce qu'elle ressentait à ce moment précis.

L’atmosphère venait de prendre une toute autre tournure. Soudainement la situation était devenue plus complexe, plus étroite. Il n'est plus question d’appeler la police ou d'Harry Potter. Non cette fois, la raison pour laquelle le Master se tient devant la jeune femme, tout se met en place, la mission commence.
Reculant de quelques pas en arrière tout en gardant son attention portée sur la miss, Ys la mit en garde quand soudainement cette dernière lui hurla de rester. Relevant son regard rouge sur celle ci, enfin il vit l'Appel. Et oui, elle peut camoufler ses sentiments, jouer aux femmes fortes, mais malheureusement pour elle Ys avait été désigné comme Master pour la récupérer. Et par ce fait, il pouvait ressentir son Vide, cet Appel à l'aide. Il attendait juste que cette dernière le reconnaisse. 
Ils étaient liés en soit, juste pour cette épreuve mais pour l'instant, malgré son attitude à savoir garder son sang froid, elle ne pourrait l'ignorer.
Lui laissant le temps de récupérer, restant silencieux, son regard était cette fois bienveillant.

Il vit cette main retombée lentement et Arwen resta à son tour silencieuse, pensive. Elle ne tarda pas cependant à reprendre le contrôle de soit. Elle l'avait bien compris, Ys n'était pas là pour s'amuser ou parce qu'il était un psychopathe pervers. Ils avaient tous deux quel mal la tourmenter et la raison pour laquelle Ys l'harceler. 

"Ça ne sera pas facile au départ. Tu vas changer de vie, d'habitudes. Ça risque d'être long, cela dépend des personnes. Mais au final tu seras apaisée, en partie. Ce Vide qui te ronge diminuera. On peut te soulager, aller mieux."

Lui donnant le temps d’assimiler ces informations, le regard du garçon balaya de nouveau la pièce. Et ce dernier se reporta sur l'étui qui dormait près de la chaise.

"Tu peux devenir qui tu veux."

En y repensant, lorsqu'il était arrivé à Terrae, c'était simplement pour fuir. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui vienne en aide ou à chercher une vie meilleure. Pour lui, il n'avait plus rien à perdre et donc aucune raison de craindre cette terre de promesse.
Mais pour Arwen c'est différent. Ils ne se connaissent pas mais ce Vide, ils le partagent.

"Dans tous les cas, je dois te prévenir que tant tu n'auras pas choisis, je serais contraint de rester à New York. Ici ou ailleurs, je serais toujours près de toi. Que tu le veuilles ou non, nous sommes liés par ta douleur."

Il pourrait rentrer seul à Terrae. Mais cette mission serait un échec et un dossier non résolu. Il n'a pas d'autres choix que de l'emmener avec lui sinon un jour ou l'autre, il aurait sa mort sur la conscience marquée au fer rouge. Car toute personne qui se résout à vivre avec ce Vide finit par mettre fin à cette souffrance.
Relevant les yeux sur la miss, Ys détailla chaque trait de son visage, chaque émotion. 
Elle peut encore choisir, il peut encore lui donner du temps. Ce pourquoi il n'aura pas besoin de lui faire un lavage de cerveau.

"Dans deux jours, tu auras choisis. Je te laisse ce temps, tu n'auras pas besoin de plus. Et si tu veux en savoir un peu plus, saches que cet endroit se nomme Terrae. En attendant, tu peux toujours rassurer ton esprit cartésien en te forçant à croire que tu supportes mal le vin..."

Termine-t'il sur un clin d'oeil quand subtilement il disparut sous ses yeux. Oui il s'était bel et bien téléporter autre part, il ne se trouvait plus dans l'appartement, il était bien loin dans le New York. 
Un électro choc pour lui faire comprendre que tout ceci n'est pas une blague. Que non ce n'est pas à Poulard qu'il veut l'emmener, mais à Terrae, un endroit bien mieux encore où elle pourra y retrouver son âme.
D'ailleurs sa curiosité n'aura plus à qu'à la pousser à faire des recherches sur le net...

HRP> On pourrait reprendre deux jours après si tu veux tout en restant sur ce même topic :D