Je suis rassurée. J'ai eu peur d'avoir dit une bêtise, de l'avoir blessé. J'ai une fâcheuse tendance à overreact, de temps en temps. Quand je suis ivre. Ou trop sobre. Mais je suis rassurée. Pour de vrai. Je hoche timidement la tête en souriant quand il me dit qu'il me fera pas la gueule pour ça. Je l'écoute avec attention quand il m'explique la raison de cet état d'esprit, de son refus de s'engager. Je comprends. C'est normal. J'ai manqué de tact et je regrette. Je... Je rougis. Et je sursaute quand il place sa main sur mon épaule. L'autre épaule. Enfin quand son bras passe derrière ma nuque. Je me crispe, et je le sens hésiter. Il a perçu mon frisson, ma rigidification subite. Mais je pose ma main opposée sur la sienne.

"Tu. Tu peux la laisser là. Désolée, ça m'a surprise. Merci d'être aussi compréhensif. Et aussi gentil, même quand je suis maladroite et que je dis des choses stupides. Je disais que tu étais mon premier ami et tout ça pour rire, tout à l'heure. Enfin non, parce que t'es vraiment la première personne à qui je cause. Mais je te considérais pas vraiment comme un ami à proprement parler, parce que je te connaissais pas assez. Mais maintenant, t'es officiellement mon meilleur pote. Bien joué pour la promotion. Et merci de me supporter."

Je lui offre mon plus beau sourire et je passe mon bras dans son dos. Et c'est bras dessus bras dessous qu'on continue notre route. Avec chacun un chaton sur l'épaule, et un sac de fournitures dans notre dernière main disponible. Ça doit être sympa à voir. Mais moi actuellement je suis juste pivoine, à repenser à tous les compliments qu'il m'a fait jusqu'ici. T'es sublime. Mignonne. T'as une belle voix. Je t'aime bien. À chaque phrase je rougis un peu plus. Je vais pas me faire l'affront de me demander ce qu'il se passe. Je l'aime bien. C'est tout. Peut être un peu trop et un peu trop vite. Mais comment tu peux lutter face à un sourire pareille, un physique comme ça avec une touche de mignonitude sur l'épaule, une basse sur l'épaule et des yeux émeraude ? Bah tu peux pas. Enfin pas dans mon état actuel. Puis bon je lui ai déjà fait un câlin, je lui ai pincé les joues, je lui ai parlé dans sa langue natale en faisant des mimiques, je lui ai fait un bisou sur la joue, et maintenant j'ai ma main dans son dos alors que la sienne est autour de mes épaules nues. Je. Pffffft. Tant pis. Au moins je me sens bien. C'est un bon point pour lui en plus. Je me sens en sécurité, en plus. Alors je vais juste profiter de ce contact humain qui m'a tant manqué sans que je m'en rendre compte. C'est plutôt une bonne nouvelle ça, nan?

Je regarde le sol, là. J'ai croisé le regard d'une meuf ya quelques instants. J'ai lu sur son visage qu'on était mignon, Drixx et moi. Ou alors c'était pour Rock & Roll. En tout cas, je regarde le sol maintenant. Non parce que c'est gênant. On peu même pas faire un câlin sans que les autres perçoivent ça de manière tendancieuse. Bande de bâtards. Bon okay c'est pas un câlin là. Mais merde, niquez vous. Alors je regarde le sol.

" On est arrivés. "

Effectivement. Je daigne enfin regarder autre chose que mes pieds. Je l'observe en coin pendant une fraction de seconde, et je suis son regard. On se croirait dans un schoollife. Ou dans n'importe quel anime. Genre ce bâtiment c'est LE cliché du bahut japonais.

"Bah je t'avoue que dans la moitié des animes que j'ai vu et où ya un batiment comme ça, y'en a la moitié où les gens ont des pouvoirs. Au final ça me surprend pas plus que ça, quand j'y réfléchis."

Je sais pas si le soupire qu'il pousse c'est un soupire de soulagement pour pouvoir enfin se débarrasser de moi, ou si je l’exaspère avec mes clichés racistes. Enfin je suis vite rassurée quand il se tourne vers moi. Mon regard fuit le sien, mais je l'écoute. Je suis soulagée. Il m'aime vraiment bien. Et il me fait encore rougir, un peu. C'était pas vraiment un compliment, mais c'était tout comme. Et il veut qu'on refasse ça.

"Moi aussi je me suis bien amusée. Merci beaucoup. Ça faisait longtemps que j'avais pas autant interagit avec quelqu'un. Ça fait un bien fou. Alors ça sera avec plaisir que je remettrais ça. Puis faut bien que nos bébés ils continuent de se voir de temps en temps. Hésite pas à me confier Rock si jamais t'as un truc à faire et que tu veux pas qu'il soit seul, okay?"

Quand je relève les yeux vers lui en me passant la main dans les cheveux, il est en train de faire la même chose. J'éclate de rire. Il rougit un peu, et je trouve ça mignon. Enfin il rougit pas vraiment, mais il serait caucasien il aurait rougit. Enfin voilà.

"Merci pour la balade et tout ça! C'était vraiment chouette!"

J'approche ma main de Rock, et je lui flatte le flanc et le sommet du crâne. Sans vraiment faire exprès, ma main effleure l'épaule du nippon. Je la retire vivement, comme si je m'étais brulée, par réflexe. Puis, sur la pointe des pieds, je lui fais la bise avant de reculer de quelques pas.

"C'est comme ça qu'on dit au revoir, en France. Enfin seulement à ses amis et à la famille."

Je m'éloigne à reculons, puis avec un immense dernier sourire, je me dirige vers les dortoirs des filles, souriante et le cœur léger. Ça fait vraiment du bien, de parler, de chanter, de faire de la merde. D'avoir une bébé chat sur l'épaule. De s'amuser. De sourire.