"Ce que j'aurais fait si j'avais été célibataire ?"

Je passe une main sur ma nuque, cherchant quoi répondre à ça. La lueur dans les yeux de Cho, et le fait qu'elle entrouvre la bouche m'oblige à enchaîner quasiment directement, sans avoir eu le temps de réfléchir, l'empêchant de dire des conneries. Ou la vérité. On saura jamais, hein?

"J'aurais été célibataire, tu serais restée attachée au lit plus longtemps. Et la photo serait encore sur Insta. En tout cas, merci de pas être décue, parce que déjà que je suis pas payé, si en plus j'avais perdu une amie j'aurais été très triste."

Je lui fais un grand sourire. Ne pas trop parler, laisser planer le doute. Puis même, moi non plus je sais pas ce qu'il se serait passé. Mais ça personne est censé le savoir.

Et me voilà rouge comme une tomate alors qu'elle me tend les menottes avec un clin d'œil, et que les trois filles éclatent de rire. Pourquoi je me suis senti obligé d'en rajouter une couche ? Les yeux rivés sur la moquette, je tends la main vers la rouquine, acceptant le cadeau presque à contrecœur. Puis je me fends d'un clin d'œil, en tirant la langue. C'est vrai que je pourrais essayer d'utiliser ça et- OUAIS BON C'EST PAS LE MOMENT D'AVOIR DES IMAGES EN TÊTE LÀ. Heureusement que Cho choisit cet instant pour déposer le paquet cadeau dans les mains de Sibylle, reportant ainsi l'attention ailleurs. Et à la maniere d'un enfant, elle déchire le papier avant de tendre une magnifique pièce de tissu devant ses yeux, à bout de bras, comme pour avoir une vue d'ensemble sur ce que je devine être un yukata. Il est magnifique, comme la rousse le laisse remarquer. Je laisse échapper un "waaaaaaah" admiratif, avant de reporter mon attention sur la bouteille de champagne, que j'ouvre avec l'habileté qui sied à mon métier, faisant passer le bouchon à quelques centimètres du visage de notre hôte, en lui tirant la langue, puis je remplis les flûtes. Et une fois que chacun est servi, je porte un toast.

"À Sibylle et sa nouvelle chambre. Et aux deux meilleures amies du monde."

Je souris, et porte le verre à mes lèvres, profitant de l'instant.

C’est beau de voir Erik rougir autant. Ça fait plaisir et les trois amies ne se gênent pas pour rire aux éclats devant ce spectacle qui vaut le détour. Sibylle hésite à prendre une photo du bonhomme, gêné d’avoir cette paire de menottes dans ses mains, mais elle se retient pour une fois. Le moment passe et il essaie de se donner une contenance en lui retournant son clin d’œil et en tirant la langue. La rouquine rit de plus bel, mais Cho lui tend son cadeau, alors elle se calme et l’ouvre pour découvrir un magnifique Yukata. Elle ne contient pas sa joie et commente avec entrain chaque détail qui lui plaît sur le vêtement. Elle aime les renards, les petites fleurs, l’ensemble. Olivia lui explique qu’il y a aussi des chaussures, une petite bourse en tissu et un éventail, tous assortis pour que la tenue soit parfaite. L’ex-danseuse se lève après avoir déposé le yukata sur son lit et attire ses deux amies vers elle pour leur faire un gros câlin à toutes les deux en même temps. Il y a de nouveaux éclats de rire et de la bonne humeur à profusion. Ça fait du bien.

Au moment où Sibylle relâche Cho et Olivia, on peut entendre un « pop » assez caractéristique. Elle voit le bouchon de champagne passer à quelques centimètres de son visage et tourne la tête vers un Erik moqueur. Il a de la chance d’avoir la bouteille de champagne dans les mains, sinon elle aurait été capable de se jeter sur lui pour l’embêter, essayer de le chatouiller ou peu importe. Elle est d’humeur plutôt taquine en ce moment, de très bonne humeur. « Comment tu sais trop pas viser ! », se contente-t-elle de lui dire en lui tirant la langue à son tour.

Chacune des personnes présentes dans la pièce reçoit une flûte de champagne et le seul homme de la compagnie se permet de porter un toast. « Ouiiiiiii ! », dit-elle avec un grand sourire. Elle rit, avant de boire une gorgée de la délicieuse boisson. « Mmmh, c’est trop bon ! », commente l’Allemande. « OH ! Attendez, faut trop qu’on amortisse ça ! Ouai ouai ouai ! », recommence-t-elle avec entrain, tout excitée d’avance. Elle pose son verre pour qu’il n’y ait pas d’accident et récupère son téléphone portable, lance l’application « appareil photo » et tire sur le bras d’Erik pour qu’il les rejoigne. « Fais pas ton timide, tu s’ras aussi sur la photo, c’est obligé ! », dit-elle, avant de donner son téléphone à Olivia. « Prends la photo, toi, c’est plus simple, moi chuis au milieu, ça va pas. », explique la rouquine. Après quelques instants passés à mettre tout ce beau monde en place, la photo est prise. En premier plan sur la droite Olivia, avec sur sa droite, un poil en retrait Sibylle qui tient Erik dans ses bras pour qu’il ne fuie pas et à l’extrémité droite de l'image Cho , qui fait des oreilles de lapin aux malheureux. Les filles éclatent de rire et la photo par sur Instagram avant que quiconque puisse souffler.

« Merci, vous êtes trop cool ! », dit-elle, avant de reprendre sa flûte et de reboire une gorgée de champagne. « Vous êtes chauds ? On sort c’soir ! Ça vous dit, hein ? », reprend-elle, avant de réaliser qu’elle ne pourra pas aller se défouler sur la piste de danser. Tant pis, elle passera une chouette soirée avec ses amis à papoter dans un bar où l'ambiance sera forcément au rendez-vous.

Ah ouais, tu me tires la langue ? La prochaine fois je viserais bien. Ça t'apprendra. Enfin je porte le toast, et la discussion reprend son court, avant d'être interrompue par une Sibylle toute excitée à l'idée de prendre une photo pour immortaliser le moment. Elle tire sur mon bras, m'intimant d'approcher, et se colle à moi pour que je ne puisse pas fuir.

"Tu sais, maintenant que j'ai des vêtements et qu'il n'y a rien de bizarre, je vais pas fuir, t'es pas obligée de serrer autant."

Je rigole, et me laisse faire, retenant un soupir quand Cho passe sa main derrière ma tête pour me faire des oreilles de lapin. C'est donc ça, les Feux? Elles sont intenables c'est dingue. Enfin c'est amusant, et leur gaité fait plaisir à voir, alors je ris avec elles. Tifa se balade, quémandant des caresses à droite à gauche, et les verres se vident une première fois, puis une seconde. Le temps file, mais je suis obligé de refuser la proposition de la rousse.

"J'aurais adoré, mais je travaille ce soir. Mais passez me voir si vous sortez, hein? Je vous payerai ma tournée."

Je lance un regard entendu aux deux amies de Sib'. Elles savent où je bosse, après tout c'est plus ou moins au bar que je me suis fait recruter pour monter ce plan. Alors je surveille l'heure, profitanr un peu de leur compagnie, discutant de tout et de rien. Puis viens le moment fatidique, le moment de dire au revoir. Enfin à tout à l'heure. Olivia, puis Cho, et enfin Sibylle. Je m'approche d'elle, et la prend dans mes bras.

"C'était un plaisir d'enfin te rencontrer, et de voir que tu peux marcher à nouveau. Oh, et tu as mon numéro du coup, merci Cho. Alors hésite pas à me donner des nouvelles, okay?"

Je la lâche, et je souris, puis j'attire l'attention de ma chienne, occupée à se faire chouchouter par Olivia. Et après un dernier signe de la main, je quitte la nouvelle chambre de Sibylle. Ça se sera bien passé, au final. On aura frôlé la catastrophe plusieurs fois, mais tout va bien. C'était quand même une sacrée idée de merde... Je dépose Tifa, et je prends la direction du bar, pour une nouvelle soirée de travail, en espérant croiser mes nouvelles amies pendant mon service.