Tu ne peux retenir ton rire quand elle montre les crocs, avec un minois comme le siens elle n'est pas prête de t'effrayer ou de t'intimider. Tu as réussis à la mettre mal à l'aise aussi tu décides de la laisser tranquille. Tu ferais que t'enfoncer. Sa petite réflexion quant aux intentions de sa colocataire te font sourire :

-En même temps faudrait que ses intentions soient bien tordues pour faire ça.

Et surtout elle aurait à cœur bien d'autres choses que son bien-être.  Installée à table, Lys semble envisager beaucoup de bonheur à travers son repas. Ta fine analyse te vient de son regard pétillant sur les viennoiseries. La pauvre brioche ne fera pas long feu, tu le sais.

Tu écoutes attentivement ce qu'elle te dit à propos de son amie. Elle semble être profondément attachée à sa personne. Sa conclusion, légèrement obstruée par la nourriture, te tire un sourire. Tu entames un de tes biscuits avant de parler à nouveau.

-En effet, elle a l'air sympa. Même si le coté espiègle que tu décris me pousses plutôt à avoir envie de me méfier d'elle. On dirait qu'elle a gagné ton cœur dis moi.

Tu finis rapidement ton café, sucré à coup de sablés. Le village commence à s'animer tranquillement, les commerces ouvrent petit à petit, des voitures défilent dans les rues. Tout te semble tellement normal.

-Faut que je trouve un travail ici? Parce que bon j'ai des diplômes, mais à part de la recherche, j'ai pas fait grand chose. Puis, j'ai pas la moindre idée de ce qu'ils valent au japon. Sinon , je monte mon affaire et je commence à enquêter pour le gens. Y a un journal local? P't être qu'ils pourraient me donner du travail.

L'assimilation de la personne à un racoon finit de te convaincre. L'animal étant réputé pour ne pas avoir peur de ses prédateurs et sa capacité à survivre même dans de mauvaises conditions, cette Abe doit être teigneuse. Faut savoir que le racoon est un animal territorial. Tu te dis qu'il vaudrait mieux ne pas proposer de raccompagner Lys plus tard.

-Tu vois, pendant que tu grignotes ta brioche comme ça, je me dis que toi tu tiens plus de l'écureuil. C'est mignon, ça a de l'appétit et ça mord. Je trouve que tu remplis plutôt bien les critères. J'vais juste éviter de te pincer les joues pour ponctuer mais tu vois l'idée.

La jeune femme te sert un interrogatoire même pas dissimulé. Tu prends note du flot de question et réfléchis attentivement à ta réponse.

-J'ai une maîtrise en Anthropologie, avec une spécialité en anthropologie sociale, c'est plutôt à la mode et ça permet de faire des articles à gauches à droite sur commande. Faut juste que je reste au jus. Mais tu penses qu'il y a beaucoup de spécialiste de la culture rastas au japon? J'ai des doutes.

Tu fouilles dans ta poche et en sors ton porte-monnaie. Tu déplies l'étui en cuir et lui montre, sous le plastique de la poche d'exposition, ta licence de détective privé.

-J'ai passé une licence en droit pendant que j'étais en Jamaïque, j'avais du temps à tuer là bas. Les bonnes femmes là-bas ont pris l'habitude d'engager des détectives pour suivre les maris soupçonnés d'infidélité. Ils sont quand même plutôt croyant là bas. Du coup, la Jamaïque a fait le pleins de privés et d'avocats pour faire face à la demande.

Tu lui sers un petit sourire gêné quand elle te parle d'être serveur ou enseignant. Ça serait mal te connaître. Tu ne te vois absolument pas enseigner, t'as pas la patience pour ça. Quand à être serveur, ça demande d'être à l'aise au milieu des gens. Tu ne l'es pas, tu réfléchis trop pour ça. Parano.

-J'pense pas que je devrais avoir un travail basé sur le fait de communiquer avec des gens. C'est pas trop mon domaine de prédilection. Tu fais quoi toi?

Le jus de fruit est terminé, il te reste un biscuit et la moitié de ton thé. Le problème avec la digestion, c'est la consommation d'énergie que cela demande. Tu sens que la fatigue commence à te rattraper quand tu retires tes lunettes pour te frotter les yeux.

-Tu m'imagines profs? Imagine les pauvres gamins coincés pendant des heures à devoir m'écouter parler. Ils vont devenir fous et moi aussi.

Sa plaisanterie sonne comme une menace à tes oreilles. Tu vas commencer à faire attention, parce tu atteins les limites de sa patience. Dans ta sagesse, tu décides de ne pas l'emmerder plus avant. Ton CV à l'air de l'impressionner, toi tu le trouves un poil ridicule et décousu mais bon. Aucun de vous deux n'est patron.

-Des projets? De quel genre? un rapport avec tes entrainements musclés?

D'instinct, tu te dis que la demoiselle va proposer une idée originale d'où ton œil luisant de curiosité Elle ne semble pas du genre à faire comme tout le monde. Qui irait s'asseoir sur son gagne pain .

Elle semble comprendre là où tu voulais en venir avec ton problème de communication. Faut dire qu'elle en a déjà fait les frais plusieurs fois. SA proposition te fait plaisir, te gravant un sourire fier au visage.

-Ce sera avec plaisir! Puis le bonus, c'est que c'est un sujet autour duquel il est courant de "méditer" profondément. C'est culturel.

Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te fasse une proposition sérieuse de passe-temps et de contacts. En plus, la proposition de la pizza est tentante, tu es pas un grand cuisinier toi-même, ça t'évitera certains le réfectoire certains jours.

-Pourquoi pas, en plus comme ça si je décide de vraiment m'y remettre, ça me fait de la pub. Tu as l'air de connaitre de monde mademoiselle. C'était pour quoi cette interview?

La vie de Lys semble chargée. Tu commences à te dire que cette histoire de pouvoir sent la galère à plein nez. Si elle s'entraîne autant, c'est que ça doit être compliquer à maîtriser. Tu pris pour que quand ça te tombe dessus, tu ne te retrouves pas avec le même genre de pouvoir que la demoiselle. Tu es trop curieux pour ça.

-Tu as déjà des pistes de domaines que tu aimerais étudier? Tu vas devoir apprendre le japonais pour suivre les cours non?

Vous devez avoir le même et elle songe à commencer des études. Tu es impressionné, tu doutes avoir la patience de recommencer un parcours à zéro aujourd'hui. En même temps, tu comprends vite au récit qu'elle te fait que la demoiselle vit pleinement la nouvelle vie que Terrae lui a proposer. Tu devrais t'en inspirer . Mais voilà, tu as trop de questions qui te viennent à l'esprit tout le long du récit. Tu t'efforces de les noter en riant à la chute de son histoire. Tu décides d'étouffer ton rire avec le dernier biscuit et un lampée de plantes infusées.

-Alors attends je reprends. La meuf que tu prenais pour un mec et toi avait monté un canular qui a fonctionné, jusque là je comprends. Mais quelle autorité ont les Masters ici? Et pourquoi des titres? Je suppose qu'il doit bien y avoir un ou deux rescapés de trafiquants d'organes dans l'institut, ça serait pas surprenant. Au moins vous vous êtes fait remarquer. Je parlerai un peu de la Reine pour voir ce qu'on me raconte.

Tu prends un air très sérieux et une voix grave avant de braquer ton regard dans le siens, les yeux légèrement froncés :

-Je vais jeter un coup d’œil dans la penderie de sa majesté, histoire de voir si il y a pas une squelette ou deux. Faire chanter une personne influente, ça peut toujours servir, surtout si elle est à la tête d'un club.

Tu ne décroches pas son regard avant d'avoir vidé ta tasse de thé.

-Sinon, plus sérieusement,si jamais tu as besoin d'aide dans ta dictature, hésite pas. J'ai toujours rêvé de tester le totalitarisme un jour dans ma vie.

"Plus sérieusement" que tu dis...

- Double emploi, comme ça tu pourras te passer de la puce plus souvent après. Et une occidentale qui parle japonais,je sui sûr que ça fait fureur auprès des mecs.

Même si d'après la relation qu'elle semble avoir avec sa coloc, tu te demandes si les mecs c'est vraiment son truc. Son commentaire concernant l'intervention du dit Ys t'indique que le sens de ta question a été mal comprise.

-J'ai bien compris leur taf mais, après le passage de ton Ys là, comment ça se fait qu'il ait encore eu un impôts en vigueur. Il a rien résolu! Comment vous avez fait pour lui vendre le concept?

Parce que tu t'imagines mal comment vendre une extorsion pure et simple à un mec chargé de ramener l'ordre. Le type doit avoir une méthode de travail bien à lui L4annonce de son amnésie te tire une grimace. Ta mauvaise blague a portée plus loin que prévu. Avec un sourire un peu crispé tu t'empresses d'ajouter :

-Tu sais, faut pas trop me prendre au sérieux, surtout quand je commence à partir dans mon délire de détective. J'dois t'avouer que c'est juste parce que je lisais Sherlock Holmes quand j'étais môme que j'ai passé cette licence, pour me la jouer.... Désolé.

Bizarrement, cette appellation de limier de plait presque. Puis elle a l'air de s'amuser, ça te fera rencontrer des gens. Tu frôles de recracher lafin de ton thé quand tu entends le titre de son maître :

-Ouais, Limier, je signe tout de suite avant d'être de me voir proposer un truc qui sonne moins glorieux. Il est au courant? Ou il sait pas encore qu'il est adoubé?

Merde, ce pauvre type, en fait tu te demandes si il se fait pas juste manipuler par Lys et sa coloc, un surnom comme ça, c'est du bizutage.

-En tout cas compte sur moi, je passerai .

Face à son excuse, parce qu'elle ne t'a pas convaincu un seul instant, tu hausses un sourcil et parviens ce coup-ci à ne pas jurer. Elle le font chanter, tu en es presque sûr, d'une manière ou d'une autre elle exerce une pression sur ce pauvre type, sinon aucune raisons qu'il ait laissé ce manège se faire.

-Toujours se méfier du racoon et de l'écureuil de combat.

Elle te rassure rapidement, il semble qu'elle soit plutôt en phase avec son amnésie, une chance pour toi. Ton sourire se détend et tu lui articule un remerciement. Même si, nous sommes d'accord, c'est pas tout à fait un compliment. Enfin, c'est toujours mieux que ce pauvre Master.

-Je te remercie. Du coup pour la pizza je prendrai une reine s'il te plait.

.... Sans commentaires...

Votre conversation est coupé par le coup de téléphone de sa coloc. Tu frottes ton œil quand celui-ci est mentionné, faisant déjà le deuil de ta crédibilité. La demoiselle ne laisse pas le temps à son interlocuteur de répondre, lui fourni l'ensemble des informations et raccroche sans autre forme de procès.

-Pas de soucis, je comprends. Puis tu arrives pas les mains vident, ça t'exclue du rang des mauvais cohabitants. J'vais en profiter pour aller monter mon abri. Comme ça ce soir je rentre à l'institut, je prends un douche , un tour au réfectoire et retour à la forêt.

Lys termine son repas en ramassant ses affaires.Tu la regardes faire en souriant. Tu as passé un bon moment en sa compagnie, même si tu as pas du tout fait ce que tu avais prévu. Vous rapportez vos plateaux et vous séparez dans la grande rue, alors qu'elle te rappelles tes promesses. Passer au club et revenir la voir quand tu auras tes pouvoirs. Confiant dans ta capacité à tenir ces engagements, tu t'en retournes vivre ta vie de sauvage asociale au fin fond de la forêt de cet endroit curieux que l'on nomme Terrae