Une balade. La tête en l'air. Je m’égare pour découvrir un peu les lieux. Je m'éloigne du bâtiment principal pour me diriger vers ce qui ressemble à un petit centre ville. Il y a un parc, un bar... des logements. Des petites maison pour les Masters. Qu'est ce que c'est que ça encore ? Je marche dans les allées et je suis interpellée par un cri. Curieuse. Oui, un peu mais pas nécessiteuse de venir en aide. Du coup, je prends mon temps. Je découvre un homme entrain de bosser sur la charpente d'une des maisonnées. Elle a été calciné et lui c'est sûrement l'ouvrier harassé par le travail et le soleil qui cogne ayant hurlé. Il n'a pas l'air mal en point, de visuel toujours. Peut-être un coup de marteau sur un doigt par négligence ou fatigue.

Je suis vite ramenée à la réalité par un marteau volant. L'arme du crime me passe pas loin et lui... Lui il ne voit rien. Il ne regarde même pas. C'est une plaisanterie. Il exprime sa rage et sa colère, si bien que moi aussi j'en ai gros sur le cœur. Moi aussi, j'ai bien envie de hurler. Je sais pas ce qu'il bidouille mais je vais aller le trouver pour lui mettre les points sur les « i ».

Je fais quelques pas en arrière et je récupère le marteau. Oui, je vais le trouver avec la preuve du délit. Je tapote son épaule et attends qu'il se retourne pour agiter le marteau sous son nez fortement agacée :

-¡Ten cuidado! Podrías haberte lastimado arrojando este martillo así a ciegos. ¡Estás completamente loco!

Il me fixe comme un ahuri. Comme si je parlais une autre langue. Il me prend pour une demeurée ? C'est quoi son soucis. Je grimace et je lui montre le marteau de plus prêt encore. Le passant à quelques centimètres de son visage. Comprenant que cet ouvrier est soit stupide, soit un type qui se paye ma pomme... Je soupire et laisse le marteau tomber sur le sol à côté de ces pieds dans l'herbe et je peste en me retournant.

-¡Qué gilipollas! Todos locos aquí. No veo lo que estoy loco por eso. ¿POR QUÉ me trajo aquí? HEIN? Respuesta !!!!

Je met un violent coup de pieds dans un petit cailloux tout en m'éloignant et m'énervant de plus belle. Je veux partir. Je veux quitter cet asile ou je ne rencontre que des hommes un peu dingue et dérangé.

Traduction:

Oui. Dingue et dérangé. Cet endroit l'est totalement. Le lanceur de marteau me prend limite pour une attardée qui s'énerve pour rien alors que c'est lui le fautif. Inadmissible. Et des excuses ? Non. Bah... Non, vu que personne ne m'a jamais respecté pourquoi ça commencerait aujourd'hui ? Je me moque de ces justifications. De ce qu'il tente ou non de me dire. Je ne l'écoute pas. Trop concentrée sur ma capacité à lui hurler dessus. Vraiment, je déteste cet endroit. Je commence une fois de plus à regretter mon choix. J'aurais peut-être dû refuser et mourir. Un soulagement pour moi, pour tout le monde que de me voir disparaître de la surface du globe.

Puis, le revoilà. Lui. Face à moi. Je me retourne pour vérifier la distance derrière moi. Comment ? Impossible. Il est pourtant bel et bien devant. Ce moment où mon attention se reporte sur le jeune homme, il a mit devant mes yeux un petit caillou sur lequel est dessiné un visage triste. Et une phrase qui me fait grimacer d'incompréhension. Ce malotrus à trouvé le moyen de récupérer le caillou dans lequel j'ai shooté ? Impossible. De toute manière je n'ai pas regarder, ni détailler ce petit bout de roche donc je serais incapable de dire si oui ou non c'est le même.
Silencieuse. Je m'apprête à pousser son bras de devant mon visage et le contourner pour poursuivre mon chemin. Sauf, que je m'interromps dans mon mouvement à l'instant même ou il présente ces excuses. Puis... il me prends pour une idiote. Bien sûr que je pige ce qu'il dit, ce nigaud. Il accompagnait ses mots de grand gestes... ressemblant à une danse mal exécutée ou à un pantin désarticulé.

Je me retiens de rire. Un rire nerveux. Je soupire et attrape ces poignets pour lui commander d'arrêter de gesticuler ainsi. Il a l'air ridicule et en plus de ça il risque de me foutre un coup, maladroit qu'il est.

-Suavemente ! Hum...

C'est vrai ! Sa puce est morte, ça ne sert à rien que je parle. Il ne va rien comprendre. Le visage à la fois frustré et triste, je demeure relativement fermée malgré les excuses. Je pourrais simplement laisser tomber et passer mon chemin, mais quelque chose me dit que ce gus là va continuer de me suivre. Soudain, un éclair de génie. La mienne fonctionne. Je retire ma puce de mon oreille et viens la lui coller.

-Je ne suis pas stupide, je piges ce que tu dis alors cesses de remuer tu vas finir par m’assommer. Déjà qu'une fois ça suffit, ne remets pas ça !

J'espère que mon idée va fonctionner et que il n'y a pas un truc avec cette puce qui la fasse fonctionner uniquement pour celui ou celle pour qui elle est programmée. Au moins, j'aurais tenté quelque chose. Car, je suis vraiment pas douée. Débrouillarde, oui. Intelligente... Moyennement. Et un retard scolaire notable.

-Est ce que ça fonctionne ?

Voilà, c'est à mon tour de me sentir débile. J'articule bien pour me faire comprendre. Enfin, je l'espère car si ça ne marche pas... Je ne sais pas comment nous ferons. J'attends. Mais, c'est vrai que si il veut me répondre... Il va me falloir ma puce pour le comprendre à mon tour.

-Si c'est fonctionnel, suffit que tu me redonne ma puce pour me répondre et que je piges. Tu vois, chacun notre tour.

Je baisse les yeux, puis glisse ma main vers la sienne pour récupérer le petit caillou entre ces doigts, un contact léger, subtile avec lui. Je regarde le visage sur ce caillou et esquisse un petit sourire en coin. Peinée. Je le suis autant que lui, peut-être que mon agacement et mes explosions sont la traduction de mon mal-être. Peut-être que je n'ai rien à faire ici ? Qu'ils se sont trompé ?

Malgré mon humeur, je prends sur moi pour faire un effort et communiquer avec ce jeune homme. Il se présente, une fois qu'il m'a remit ma puce dans l'oreille. Ses mains son chaude et le geste relativement doux pour une brute. Un Master. Voilà, qu'il fallait que je tombe sur un master moi. Paumée ? Non... Pas du tout, je secoue la tête négativement et frénétiquement. Je ne me suis pas perdue... Je me promenais à la base. Bon. Okay. Je ne sais pas vraiment où je suis mais ce n'est pas très important. Je me renfrogne un peu. Il m'accuse directement d'être nouvelle. Je soupire. Bon, je dois le suivre, il veut que je l'accompagne chez lui pour qu'il puisse réparer sa puce. Je lui emboîte le pas vers le logement dont le toit est en reconstruction. Que s'est-il passé ici ? Puis, je suis invitée à entrer, passant la porte pour me diriger vers le sous sol. Il y a une sorte d'atelier.

Le Master commence à souder tandis que je marche en rond dans le sous-sol en traînant mes yeux un peu partout pendant qu'il continu de me causer. Il va faire vite ! C'est ce qu'il dit tant qu'il y parvient au final, moi ça me va. Quoi ? Question d'hygiène ? C'est pas non plus le truc le plus dégueux les oreilles. Je soupire avec de grand yeux rond interloquée. J'aimerais répondre mais je sais bien qu'il n'y comprendrais rien et ce n'est pas ma tasse de thé que de parler dans le vide. J'étais stationnée à sa droite, sagement. Puis il vint me reprendre ma puce pour m'écouter lui répondre, sans prévenir. Comme ça, sans gêne. Je pourrais râler mais à quoi bon... Plus vite il aura réparé cette puce, plus vite ce serait simple.

-Ce n'est pas moins hygiénique que les prêts d'écouteurs pour partager un son ou une vidéo. Puis, je te rassure, je prends soin de mes oreilles.

Annonçais-je en grimaçant. Je triture le petit caillou sur lequel il a dessiné. Mon nom... Je suis pas très à l'aise à l'idée de lui donner mais c'est un master... Si j'ai bien comprit le guide du nouvel arrivant, les master son un peu l'élite de l'école et moi... Moi, je ne suis rien !

-Victoria. Victoria Mendeles, je suis en effet fraîchement arrivée ici. D'ailleurs, je ne me suis pas perdue, je me promenais pour repérer les lieux. Et qu'est-il arrivé à ton toit ? On dirait que la foudre est tombé dessus !

Je ne suis pas très douée pour m'ouvrir. Vraiment pas ! Du coup, je me renferme. Je n'ai plus envie de discuter. J'ai surtout pas envie de mettre mon nez où il ne faut pas. Je demeure planté là. Je le fixe, pendant qu'il répare, du moins tente de réparer sa puce. Je croise mes bras et je me balance d'avant en arrière. Puis, j'ai beau me pincer les lèvres... les mots sortent de ma bouche :

-Tu sais pourquoi je suis ici ?

Est ce que quelqu'un ici possède la réponse à cette ignoble question qui me taraude ? Est ce que quelqu'un à la moindre idée de mon existence ici ? Tout est encore très flou. Tellement, que je me sens mal. J'aimerais fuir... disparaître. Puis, je chasse toutes mes idées noires en secouant mon visage et en fixant le petit caillou qui sourit m'arrachant ainsi un sourire. Même discret.