Renji me ramène à moi après ce court moment d'absence et de proximité, et je tente de reprendre une conversation normale malgré mes sentiments confus. Je suis tellement occupée à essayer d'agir de façon naturelle, que je ne remarque pas que le brun est aussi perturbé que moi, et qu'il m'observe du coin de l'oeil.

Suite à ma suggestion, le Japonais choisit plutôt le parc et nous nous y dirigeons donc avant de nous asseoir sur un banc, un peu à l'écart. Je ressors alors son nouveau téléphone du sac, et enregistre mon numéro tout en lui expliquant comment procéder. Je fais de même pour les fonctionnalités de base comme écrire un message, passer un appel ou encore changer les paramètres du téléphone. Je ne pense pas qu'il l'utilise pour beaucoup plus que ça de toute façon ! Il me confirme qu'il pense pouvoir se débrouiller, et me demande ensuite le numéro d'Akito, ce qui me fait sourire. Je lui tends le téléphone.

"Tiens, tu dois pouvoir le faire maintenant ! Le numéro d'Akito est le 0081xxxxxx"

Oui, je le connais par coeur... Et c'est bien le seul d'ailleurs ! Mais c'est vrai qu'on se contacte pratiquement tous les jours donc à force... Renji me remercie alors et je lui souris doucement. Il s'interrompt dans sa phrase et je comprends vite pourquoi, une goutte de pluie venant me chatouiller le nez quelques secondes plus tard. Le brun se lève soudain tout en otant son pull, qu'il dépose sur mes épaules.

"Me... Merci. Mais... Mais maintenant c'est toi qui va être-"

Le reste de ma phrase reste bloqué dans le fond de ma gorge. Le Japonais a relevé la capuche sur ma tête, et entreprend très doucement de ranger chaque mèche de mes cheveux à l'abri. Je le savais attentionné, mais pas autant que cela... Et plus que tout, c'est cette soudaine proximité qui me chamboule complètement, et je ne peux que le regarder faire tout en restant muette.

Une fois la tâche terminée, Renji semble se rendre compte à son tour qu'il est vraiment très proche de moi. Mais au lieu de se reculer comme je m'y attendais, il reste immobile et me regarde. Ses yeux s'attardent sur mes lèvres avant de venir se plonger dans mon regard, et nous restons ainsi quelques secondes qui me semblent durer une éternité. Il se recule soudain en reprenant une façade froide habituelle, mais pendant un instant, je suis sûre d'avoir vu brûler une flamme étrange et encore inconnue dans ses magnifiques yeux bleus. Une flamme qui ne fait qu'alimenter cette boule au creux de mon estomac, qui grossit un peu plus chaque fois qu'il se retrouve proche de moi.

Le brun me dit d'un air distant que je devrais faire plus attention à moi, et je ne peux rien faire d'autre que hocher la tête en silence. L'ambiance entre nous est soudain devenue étrange, et c'est finalement la pluie qui nous sauve de ce silence pesant. Les quelques gouttent se transforment rapidement en une pluie drue et battante, qui m'aide à reprendre mes esprits. C'est vrai, le Japonais n'a même plus de pull pour le protéger de ce déluge !

"Ah !!! Viens, cours ! Il faut se mettre à l'abri !"

Je m'exclame tout en me levant d'un bond, et l'attrape par la main pour courir ensemble vers l'institut. Notre course ne dure que quelques minutes, mais la pluie est tellement forte que je suis trempée, et ce malgré le pull. Je n'imagine même pas ce que ça doit être pour Renji ! Je m'arrête finalement quand nous arrivons sous le préau de la cour de l'institut et commence à rire tout en enlevant la capuche. Elle n'aura que peu protégé mes cheveux qui sont tout mouillés quand même ! Je me retourne pour faire face à mon ami, et suis surprise de le trouver aussi proche de moi. Il dégouline complètement, sa chemise blanche est devenue transparente et cette vision me coupe soudain toute envie de rire. Mes yeux glissent sur son corps parfaitement sculpté et je ne peux m'empêcher de poser doucement une main contre son torse. Un murmure s'échappe de mes lèvres alors que je relève mon regard pour venir le perdre dans l'azur de ses yeux.

"Renji..."

Qu'est ce qui m'arrive ? Pourquoi est-ce que j'ai si chaud alors que le vent sur ma peau humide devrait me glacer les os ?

Une fois arrivés sous le préau, Renji commente que c'est trop tard maintenant. S'il veut dire par là, trop tard pour se mettre au sec... Effectivement, ahah ! Nous sommes tous deux trempés, je sens mes cheveux qui me collent au visage alors que lui est décoiffé, pour la première fois que je le connais. Et je le trouve encore plus beau, au naturel et sans artifice. Et surtout, avec un sourire dessiné sur ses lèvres. Je jurerais même l'avoir entendu rire avec moi dans notre course folle pour échapper au déluge.

Sans réfléchir, je me laisse aller à un geste de proximité, mon regard plongé dans le sien. Je ne sais pas d'où me vient ce soudain besoin de le toucher, d'être proche de lui... Ni d'ailleurs comment c'est possible que j'aie si chaud malgré la pluie et le vent qui souffle autour de nous. Je m'attends à ce qu'il me repousse, remette de la distance entre nous, car malgré tout je commence à le connaître plutôt bien. Mais non. Au contraire, il pose une main sur la mienne tandis que l'autre se glisse délicatement contre ma taille. Il m'attire doucement à lui, jusqu'à ce que nos corps se touchent, et ce contact me fait perdre la notion du monde qui nous entoure. Jamais nous n'avons été si proche, et j'en reste muette. Mais c'est sans doute mieux ainsi, les mots seraient superflus dans cette situation.

Il retire sa main de la mienne pour venir caresser doucement ma joue et ma mâchoire, arrêtant sa course dans ma nuque. Mon souffle se fait plus court, je n'arrive plus à réfléchir correctement. Il n'y a plus que lui et moi, bien trop proches pour que ce soit décent. Mais je m'en fiche complètement, je n'ai plus qu'une seule envie à présent, c'est qu'il m'embrasse. Ses lèvres trouvent finalement les miennes, elles sont à la fois froides mais si douces. La boule que j'avais au creux de l'estomac s'est à présent transformée en un feu brûlant, qui me pousse à en vouloir encore plus. Je passe ma main dans son dos et m'agrippe à sa chemise, resserrant encore notre étreinte.

J'ai perdu la notion du temps, je ne sais pas combien de temps a duré ce baiser, mais il fut bien trop court à mon goût. Déjà, Renji se détache de moi et remet une certaine distance entre nous, tout en s'excusant. Je fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il s'excuse. Est-ce qu'il regrette son geste ? Sa façon de caresser ma joue me dit que non, et ses mots me le crient. Alors, peut-être qu'il a peur d'avoir été trop aventureux ? S'il savait à quel point tout mon être le réclame à cette seconde. Alors, je décide simplement de rendre les armes et de me laisser aller à ces sentiments que j'ai trop longtemps ignorés. Je me rapproche de lui et passe ma main sur sa joue avec douceur, un sourire sur les lèvres.

"Ne t'excuse pas... Renji, depuis tout ce temps... Tu es devenu l'un des piliers de mon monde."

J'enroule mes bras autour de sa nuque, et me mettant sur la pointe des pieds, cette fois, c'est moi qui l'embrasse. Parce que j'en meurs d'envie tout simplement, et que je n'ai pas envie de réfléchir. On pensera aux conséquences plus tard...

Si il y a peu on pouvait parler de leur relation égale à celle d'une amitié, qu'en était il maintenant? Était ce réellement de l'amitié? Peut être, un peu. Bien. S'il doit comparer avec une autre personne tel que Akito, alors oui, il voit là toutes les apparences d'un ami. Mais en ce qui concerne Pandora, c'était différent. Cela l'a toujours été. Elle avait quelque chose de spéciale. Elle ne lui paraissait pas comme ces autres filles. Avec Leya aussi, c'était différent. Mais il s'était toujours senti plus proche de la brune, plus complice sur certains bords. C'est surement ce qui fait ce "détail" entre elle et les autres. Tout comme leur récente conversation, entre elle et Allen. Et entre elle et lui.

Et tandis qu'il s'exprima enfin sur sa manière de percevoir leur relation, la demoiselle ébranle toutes les équations dont le Japonais s'efforcer de maintenir. Ainsi, sa perception des choses était la même que la sienne, à quelques détails près. Sous l'étonnement, sans qu'un mot ne sort, ses lèvres s'entrouvrent légèrement.
Depuis leur rencontre et même après certains aveux, Pandora est restée la même. Fidèle et maladroite avec son humour particulier. Elle ne l'avait jamais craint et l'avait guidé auprès des autres. Et à ses yeux, elle représentait cette flamme qui avait brisé ce mur de glace.
Ses bras s'agrippèrent à son col et avec son consentement, s'en suit un nouveau baiser. Blottissant celle ci contre lui tout en posant ses mains sur ses hanches, Renji prolongea ce nouveau contact si nouveau.
Le brun ne s'était jamais senti aussi bien, aussi vivant. Son cœur battait à tout rompre, sa respiration saccadée cherchait un chemin entre chaque baiser. Autant leurs lèvres s'effleuraient après séparation, autant ce fut pour mieux se retrouver.

"Monsieur Fujii?"

Une voix étrangère s'élève sous cette pluie battante. Sous son parapluie, le Master Jeremy grimpait les marches et ayant remarquait le Japonais, se permit d'estomper cet instant charnel, surement par gêne.
Rompant tout contact, l'intéressé posa le regard sur l'homme tandis que celui ci reprit aussitôt la parole.

"Vous devriez penser à vous changer pour la mission. Et éviter de tomber malade…. Cela va de même pour vous."

Fit il d'un léger sourire à l'attention de l'Anglaise. Oui. La mission. Jeremy n'a pas mauvais fond, il tient pour rôle son devoir de Master. Et après un hochement de tête, il quitte les deux terriens et rentre à l'intérieur de l'institut.
Une fois seuls, Renji reporta son attention sur la jeune femme. Leur étreinte s'était quelque peu défaite, et d'une main, il put déplacer les mèches restaient collées sur le visage de Pandora.

"Il n'a pas tord. Je ne voudrais pas que tu sois souffrante à cause de mon manque de négligence."

C'est véritablement l'effet d'une bombe. L'apparition du Master avait coupé l'herbe sous le pied. Bien que tous ses muscles restent contractés sous cette pulsion, l'ambiance était devenue toute autre.
Retrouvant un semblant de contrôle, le Japonais remit en place d'une manière convenable sa chemise.

"Viens, on rentre. On pourra discuter encore un peu. Du moins, le temps qu'il nous reste."

Ouvrant la porte de l'institut, Renji laissa d'abord passer la demoiselle avant de refermer. C'est assez douloureux de comprendre qu'il venait de découvrir un aspect différent de leur relation alors que d'ici une trentaine de minutes, il allait devoir la quitter.

Renji semble quelque peu surpris de mon aveu, il me regarde avec la bouche entrouverte pendant quelques instants. Mais il ne me repousse pas lorsque je m'approche de lui pour un nouveau baiser. Bien au contraire d'ailleurs ! Il m'attrape par les hanches et m'attire un peu plus contre lui tout en me rendant mon baiser avec une envie non contenue. Je suis étonnée qu'il soit aussi aventureux, aussi à l'aise avec notre proximité. Ses lèvres retrouvent leur chemin vers les miennes à chaque séparation, j'en ai presque du mal à respirer, mais c'est tellement agréable... Je profite de chaque seconde, du goût de ses lèvres, de son odeur, de la texture de ses cheveux mouillés sous ma main et son corps chaud contre le mien.

"Monsieur Fujii ?"

Une voix étrangère s'élève soudain et je me fige d'un coup alors que Renji relâche son emprise sur moi et se tourne vers l'importun. Il s'agit du Master Jérémy, qui accompagne d'ailleurs le brun en mission si j'ai bien retenu ! Il nous rappelle gentiment à l'ordre comme des lycéens avant de retourner à l'intérieur, et je reste à fixer le sol, mal à l'aise. Ca ne me ressemble pas du tout de m'épancher comme ça en public... A vrai dire, ça ne me ressemble pas de m'épancher tout court ! Je sursaute légèrement lorsque le Japonais effleure mon visage pour y écarter une mèche de cheveux rebelle. Je relève les yeux vers lui et hoche la tête avec un léger sourire.

"Oui c'est vrai... Ce n'est vraiment pas le bon timing pour tomber malade !"

Renji rompt définitivement tout contact entre nous, il se dirige vers la porte d'entrée tout en rajustant sa chemise, avant de m'ouvrir la porte avec sa galanterie habituelle. La magie du moment envolée, je me rends compte maintenant que je suis frigorifiée et frissonne tout en entrant dans le hall. Cette étrange sensation de papillons dans le ventre ne m'a toujours pas quitté en revanche... Je ne sais pas quoi en penser, je ne comprends pas les sentiments que j'éprouve et maintenant que le charme du moment est rompu, je me sens perdue. J'ai laissé mon envie prendre le dessus mais, était-ce une bonne idée ? Que va-t-il se passer entre nous maintenant ? Sans parler de cette mission que nous avons chacun à accomplir... Je n'aurai même pas le temps de penser à ce qui vient de se passer à tête reposée ! Je m'arrête au milieu du couloir et me tourne vers le brun.

"Je pense... Que c'est une meilleure idée de se dire au revoir maintenant. J'ai vraiment besoin d'une douche chaude après cette pluie... Et nous n'aurons pas vraiment le temps de nous retrouver après je pense. A moins que tu souhaites m'accompagner ?"

A peine ai-je fini ma phrase que je la regrette déjà. Je deviens rouge pivoine en comprenant l'énorme sous-entendu que je viens de faire ! Je voulais dire qu'il pouvait m'accompagner à ma chambre pour discuter un peu APRES ma douche, pas qu'il vienne avec moi DEDANS... Quoi que, peut-être en fait ? Mes pensées divergent toutes seules et je deviens encore plus rouge, si c'est possible. La seule solution envisageable avant que la situation n'empire encore est la fuite ! C'est sa technique d'habitude, mais cette fois c'est moi qui l'adopte... Il faut malgré tout que je lui dise au revoir et bonne chance. Je souffle légèrement pour trouver le courage de regarder le jeune homme dans les yeux.

"Je... Bonne chance pour ta mission Renji."

Je passe mes bras autour de sa nuque une nouvelle fois pour le serrer dans mes bras, mais me contente cette fois d'un baiser chaste sur sa joue. Mes lèvres toujours contre sa joue, je ferme les yeux et resserre notre étreinte, respirant son odeur.

"Je ne sais pas ce que je ferais s'il t'arrivait quelque chose... Alors promets-moi de prendre soin de toi, d'accord ?"

Je dépose un dernier baiser sur sa joue et, incapable de le regarder dans les yeux après cet aveu, je me contente de tourner les talons et rejoindre ma chambre, mon pauvre coeur autant en vrac que mes cheveux.