Je souris doucement. Aaron a quand même des réflexes de prof par moment. C'est un peu drole quand je pense qu'il aime pas vraiment ça. Mais il donne de bons conseils. Je sais que l'énergie me donne plus de mal parce que je m'entraîne très peu avec. Reconnaître des gens que je connais ou déterminer les affinités de gens que je rencontre, c'est facile. C'est pour des trucs plus précis que j'ai du mal en général. Comme d'hab, je suis un gros bourrin.

— Je dois encore bosser là dessus ouais.

J'aime comme il arrive bien à désamorcer mes psycho drames quand même. Fin, je veux bien admettre que je suis un grand dramatique par moment mais je me soigne, ok. Ca aide d'avoir des gens pragmatiques comme lui ou Aoi dans mon entourage.

— J'pense que pas mal de gens à Terrae sont dans ce cas. Quand on se retrouve une vraie famille après le Vide… Enfin c'est logique d'y tenir encore plus ?

J'pense à Nico, à Hamilton, à Misao. On a tous bien plus à perdre quand on a déjà perdu trop de choses. Je suis son regard et observe Charlotte un instant. J'ai une boule serrée dans la gorge qui m'empêche d'avaler. C'est une espèce de truc noir et emmêlé que j'arrive pas à identifier. J'ai déjà dit que j'étais un gros handicapé émotionnel ?

— De quoi j'ai peur ? Je sais pas trop si c'est bien défini. Mais après ce qui s'est passé avec Nico, puis le bordel qu'on a eu avec les élèves… J'ai eu un retour à la réalité très brutal je crois.

J'suis terrifié pour être honnête. Mais c'est pas un truc précis.

— J'ai enfin une vraie famille. Des gens à qui je tiens assez pour leur donner ce que j'aurais jamais accordé à mes proches avant. J'ai peur de perdre tout ça. J'ai déjà- J'sais ce que c'est d'avoir la personne la plus importante pour moi mourir dans mes bras.

Je veux jamais devoir revivre ça. Je crois que je deviendrais fou. Et depuis qu'on a parlé avec Aoi… J'ai réalisé à quel point c'est inconscient et irrationnel. Mais j'ai du mal à me débarrasser de cette angoisse parfois.

— J'peux pas m'empêcher de penser que j'suis trop heureux pour que ça dure. Je m'attends toujours à ce que quelque chose déconne.

Je soupire lourdement, me passe une main sur la nuque. Souris putain. On croirait que tu vas chialer.

— C'est compliqué des fois, de trouver un équilibre entre mon envie de protéger et la liberté que je dois laisser aux autres.

Avoir connu le Vide, ça nous construit quand même assez différemment de la majorité des personnes. J'imagine que ceux qui ont vécu des traumas particuliers ou ont connu la dépression ou l'anxiété durant leur adolescence ou leurs premiers pas d'adultes, ça leur fait un peu le même effet. Mais ici, on se reconstruit dans un environnement à l'abri du monde extérieur. Ca veut pas dire à l'abri du drama et des cons, parce qu'honnêtement, personne n'est fonctionnel émotionnellement parlant, en arrivant à Terrae ; mais ça veut surtout dire qu'on peut se comprendre, se soutenir et se souder, et donc (re)construire notre propre famille. On est tous des pièces importées ; le meilleur exemple, c'est cette baraque, avec Nico, Jérem, Charlotte et les bestioles poilues, métalliques ou blobesques. On se construit notre nid, et quand on s'y attaque, on peut faire des trucs à la con. Comme se précipiter pour foutre un dragon dans sa Greffe, par exemple.

Alors j'acquiesce. C'est certain qu'on y tient énormément. Après, faut pas non plus diminuer les ressentis des autres. On est pas des élus. C'est pas parce qu'on a connu la douleur que perdre encore quelqu'un peut nous faire vriller ; personnellement, je pense surtout que tout ça m'a rendu plus fort, avec les années. Je dis pas que je serais pas détruit s'il arrivait quelque chose. Mais honnêtement, j'ai survécu pendant autant d'années sans me tirer une balle dans la tête ; et maintenant, il y a des gens qui comptent sur moi. Je peux pas leur faire encore faux-bond, je peux pas disparaître comme ça. Faire des conneries, péter un câble, c'est plus une solution. La solution, c'est se poser et régler les problèmes comme des adultes. Même si on perd quelqu'un. Encore.

Parfois faut aussi faire la part des choses.

J'me rends pas tout de suite compte que j'ai ce genre de pensées, ni même à quel point elles peuvent sembler pragmatiques. Mais j'ai passé au moins quinze ans d'ma vie à être une foutue loque et à pas gérer mes émotions et pas réussir à gérer la perte des gens que j'aimais. C'est comme ça. C'est malheureux, c'est arrivé, j'ai pas envie de le revivre. Mais ça arrivera à nouveau, parce que la vie est faite de ces pertes continuelles, de ces dramas quotidiens : c'est comme ça, et on le changera pas. Personne est éternel. J'espère que je crèverai avant les autres, mais c'est pas moi qui appuierai sur la détente.

—J'vois l'idée. Mais tu sais que c'est en ayant peur de perdre quelque chose qu'on fait généralement le plus de conneries qui nous amène à les perdre ?

Je me masse la nuque, je sais pas comment l'exprimer.

—J'veux dire. Ouais, tout ça, c'était traumatisant, et c'est normal. Puis perdre quelqu'un c'est horrible. Mais faut pas non plus psychoter là-dessus, tu sais ? J'veux dire... J'ai passé une grande partie de ces dix dernières années à avoir peur qu'on s'approche de moi, de créer des liens, simplement parce que j'avais peur d'encore avoir mal s'ils quittent ma vie ou disparaissent ou meurent. C'est complètement con, nan ? De se priver de ressentir des trucs heureux et de pas profiter parce qu'on a peur des conséquences... Sachant que... J'veux pas te faire te sentir mal, mais. On va tous crever un jour. Toi tu vas mourir, moi je vais mourir, tes proches vont mourir un jour. C'est horrible. C'est triste. C'est comme ça. Le mieux qu'on puisse faire, c'est les protéger du mieux qu'on peut, mais aussi profiter. Sinon, tu vas avoir des regrets. Vaut mieux avoir des remords que des regrets, nan ?

Je lève les yeux vers le plafond pour fixer les lumières éteintes.

—J'suis désolé que t'aie vécu ça. J'sais que c'est pas facile, je ricane malgré moi, amer. Mais dis toi que tout va toujours déconner. Rien va jamais se passer comme prévu. Tu crois que j'avais prévu d'adopter Charlotte ? (Elle lève la tête vers moi en croyant que je l'appelle, et je lui souris tout doucement. Elle répond d'un rire.) Ca m'a coûté mon couple, et j'l'ai mal vécu. Mais j'ai trouvé Nico, j'ai trouvé Jérém, j'ai trouvé Lou. Et ça, c'est aussi précieux pour moi.

Peut-être que je vais perdre Lou, à un moment donné. Peut-être que je vais souffrir. J'en ai pas envie... Mais ça arrivera sûrement, et au pire, ce sera pas grave. Triste, décevant, j'aurai envie de crever sur le coup. Mais la vie s'arrête pas. C'est comme ça. Peut-être que je suis désillusionné, maintenant. Ou alors j'ai suffisamment encaissé pour que plus jamais on ne puisse me briser. Ce qui est brisé ne saurait être brisé davantage, dit-on.

—Parfois faut juste arrêter de regarder trop loin devant ou derrière. Et surtout pas te sentir constamment responsable des gens, après tu finis par adopter la moitié de Terrae et c'est relou wsh.

Ouais j'mets du rigodrôle dans la conversation, c'est devenu trop sérieux à mon goût.

—Ah et du coup ! Je peux te répondre : oui, t'es sur-protecteur, bons dieux.

Je grimace un peu. Je sais que se comporter comme une maman ourse trop protectrice ça peut aussi amener les gens en face à s'éloigner. J'essaye de pas le faire et de penser de façon rationnelle. J'ai pas un passif très encourageant de ce côté, je l'admets. Au moins en avoir conscience m'aide à faire des efforts mais j'ai du boulot pour arriver à me sentir plus équilibré, c'est clair.

La suite me fait honnêtement serrer les dents. Pas parce que ça me met en colère mais parce que c'est très dur à entendre. C'est vrai quand même, et je le sais mais j'ai pas envie d'y penser. Et Aaron a vraiment plus d'expérience que moi pour ça. Je sais pas tout ce qu'il a traversé mais j'imagine bien que ça a pas été simple pour lui non plus.

Ne pas vouloir s'attacher aux autres par peur d'en souffrir, putain oui je sais ce que c'est. Je me suis infligé ça pendant deux ans en arrivant à Terrae. Je peux admettre que la mort de Xiao m'a traumatisé à un point que même maintenant je réalise mal. Je suis passé au dessus quand même un peu depuis que je suis Master.

Je ris doucement, regarde Charlotte, pense à Nico. Non, on prévoit rarement ce genre de chose. Puis il peut parler de responsabilité, c'est pas moi qui adopte tous les chatons perdus qui passent. Oui non mais Nico et Hamilton et Matthy ça compte p- Chut.

— J'ai pas envie de regretter. Et tu me crois si tu veux mais en vrai j'fais des efforts. Genre là j'te parle. Ça doit compter pour quelque chose.

J'esquisse un sourire amusé.

— Tu donnes de bons conseils en vrai, qui l'aurait cru, je me moque gentiment. J'suppose que me débarrasser de mes angoisses ça me prendra un peu de temps.

J'peux accepter qu'on meurt tous un jour. Juste pas envie de penser que ça pourrait arriver avant longtemps. C'est un travail sur soi j'suppose.

— Tu imagines, le jour où j'arrive à convaincre Aoi de nous reproduire ? Je ricane. T'auras ma permission de me frapper si j'deviens trop con avec mon gosse.

Je viens de signer mon arrêt de mort en disant ça, je crois. Tant pis.

Bon, j'aime pas être moralisateur. Ca me va pas de jouer au daron, en fait. C'est moi ou Huo veut que je me comporte en daron avec lui aussi ? Pourquoi je suis le daron de tout le monde ? Est-ce parce que je suis le d'Aaron ?!!!

Nan, blague à part, je trouve ça de plus en plus bizarre quand j'en viens à avoir ce genre de discussion avec des proches. Proches. J'ai pas dit des amis. On n'est pas amis. Naaah. En fait, faut surtout que j'apprenne à fermer ma gueule et me mêler de mes fesses...

—Bah, j'ai pas besoin de te croire ou pas, je lâche spontanément. La seule personne à qui tu mentirais si tu fais ça, c'est toi-même.

Puis j'rappelle que j'suis sensitif, crétin. Je sais quand on me ment ou pas. J'ai appris à reconnaître les signes particuliers du mensonge dans le regard ou la posture des autres sans avoir besoin de lire en eux. C'est pas parce que t'es Master que t'es impénétrable. Sans. Mauvais jeu de mots ? Mais putaiiiinnn la narratrice est reloue aujourd'hui.

Cela dit, j'acquiesce. Il me parle, c'est vrai. J'sais pas pourquoi à moi spécifiquement, genre, il a pas des potes ? Sérieux.

—Comment ça "qui l'aurait cru" ?! Si vous vous intéressiez un peu à moi, vous l'auriez su depuis trèèès longtemps, je rajoute avec une voix excessivement dramatique, le dos de la main sur le front. Nan sans dec, mes conseils c'est de l'expérience perso, toi aussi t'en auras quand tu s'ras grand.

Grand sourire. Ouaiiiis j'aime te casser les couilles.

—L'angoisse ça part pas tout se-- WOOOOH WOH WOHHHH ON SE CALME parle pas de reproduction et de toi dans la même phrase, c'est dégueulasse, je veux pas savoir putain. Et je frappe personne mec, j'suis pas ton daron, tu te calmes wsh.

P'tain il me fait paniquer quand il dit des trucs comme ça. HUO, SE REPRODUIRE. Est-ce qu'il y a déjà pensé ? Est-ce qu'il veut VRAIMENT donner ses gènes de roux à quelqu'un ? Est-ce que ce serait l'apocalypse ? Oui. Est-ce que c'est une mauvaise idée ? PUTAIN DE OUI. Ne fais pas ça Huo. Ne fais pas ça !!!

—C'est l'job de ta meuf, ça, t'façon...

Le seul truc de pire qu'un gamin avec les gènes d'Huo ce serait un gamin avec les gènes d'Huo ET Ipiu, ce qui n'est heureusement pas prêt d'arriver. Ou de Mitsuki et Ys, ce qui est malheureusement probable un jour. Je suis pas prêt à voir ce jour arriver, adieu, je quitte cette planète.

Ne pas rouler des y- Ha trop tard… Nan mais c'est sa faute aussi avec son humour là. Puis je fais des gros efforts pour pas me mentir à moi-même d'abord. Genre, ok j'ai encore des progrés à faire sur mon déni mais au moins je reconnais que j'en ai. C'est la première étape.

— Mec, je suis grand ! C'est pas parce que je suis un handicapé émotionnel que je suis teubé non plus.

Et arrête de sourire comme ça, sérieux. C'est flippant. Puis bon ok j'lui parle à lui mais ça aurait pu être Matthy ou Misao d'abord. C'est pas parce que le sujet est venu que voilà. Fallait être moins con et pas faire des trucs stupides aussi c'est sa faute.

Je ricane devant sa réaction. Oui, la reproduction c'est un truc qui se fait. Si ça se trouve, il en aura avec sa meuf aussi. Damn, Aaron avec des enfants biologiques je suis pas certain que j'ai envie de voir ça en fait.

— Elle me frappe déjà pour mes idées de merde. Pas que j'en ai beaucoup hein, juste de temps en temps.

C'est faux, j'suis un homme battu. Mais bon c'ma faute aussi, si j'étais un peu moins con de temps en temps ce serait pas nécessaire.

— Puis sérieux, c'est quoi cette réaction ? J'suis déjà à moitié le tonton de ta gamine et tu veux pas être celui de mon futur gosse ?

Je me fous totalement de sa gueule, soyons honnête. Mais en même temps, être tonton de Lottie, c'est fun. Surtout qu'elle en a déjà pas mal des tontons/tatas. Moi je sais pas trop où je me place dans la hiérarchie des tontons mais j'aime bien la prendre en photo même si devoir m'en occuper tout seul me ferait paniquer.

— D'ailleurs en parlant de Lottie, je t'ai passé les dernières photos d'elle que j'avais faite ?

Moi détourner la conversation ? Nan, c'est pas mon genre...

Si, Huo. Si, tu es teubé. Un jour, tu t'en rendras compte, et tu rendra service au monde entier !! Je pouffe à demi de rire... Avant de m'étouffer. Nan mais parlons pas des gamins d'Huo svp. J'arrive pas à imaginer ce mec papa. Pas qu'il serait spécialement mauvais, maiiiis. Je sais pas, il me fait plus penser à un grand-frère qu'à un père. C'est peut-être parce que je vois leur relation avec Nico, du coup… Mais bon, du grand frère au papa, il n'y a qu'un pas, lol.

—"Juste de temps en temps"... je soupire en reprenant ses mots, à moitié mort de rire. Nan, j'veux pas être le tonton de ton futur HYPOTHETIQUE gosse. Enfin, hypothétique, sauf s'il est déjà lancé. Il est déjà lancé ? Dans tous les cas : lol, ça va pas ? Enfin, la question serait plus de savoir si toi t'as envie que j'le sois, mais je suis vraiment vraiment pas sûr que ce soit ce qui te fasse kiffer dans ta vie. T'as vraiment envie que j'lui apprenne comment te pourrir la vie ? T'auras déjà Ipiu pour ça dans les pattes.

La tentative de changement de conversation n'est pas du tout subtile, mais j'admets qu'elle a le mérite d'être bien pensée. Et intéressante.

—Nonnnn, tu me les as pas envoyées ! Y en a beaucoup ? Faudra que tu me les montres. J'ai trop envie de faire des albums avec, je souris, tout joyeux à l'idée d'avoir encore un set de photos de ma petite famille.

Je me lève et caresse les cheveux de la petite en passant pour me refaire un café. Me retournant dans l'encadrement de la porte de la cuisine, je lâche :

—Café ? Encore un thé ? À manger ?

C'est bon, rigole pas, j'sais que je suis con, ok. Genre, à force de me le faire balancer dans la face j'ai fini par comprendre. J'suis pas défaitiste mais bon con pour con j'en prend mon parti. Au moins ça fait rire ma chérie des fois.

Omg et mec me fait pas flipper comme ça ! Genre non Aoi est pas enceinte. Enfin j'espère pas damn. On est pas prêts pour ça, déconnez pas. J'ai dit quand elle aura fini ses études. Sinon c'est moi qui vais y passer.

— Ipiu a pas besoin de ça pour me pourrir la vie… Au moins toi tu ferais un bon baby-sitter. Puis heu… Enfin Aoi fait pas trop confiance à Piu.

Urg, la maladresse. Mais c'est vrai. Je suis pas sur si c'est à cause de son attitude un peu jemenfoutiste par moments ou si c'est parce qu'elle est un peu jalouse ? Allez savoir. Je coucherais honnêtement pas avec Piu même si elle était pas maquée. Genre urg non. Ce serait comme coucher avec ma soeur ?

— Je t'imprimerai ça. Enfin quand j'aurais fait du tri dans mes dernier rush. J'sais même plus où j'ai mis tout ça.

Je souris en coin en le voyant tout tendre avec Lottie alors qu'il va se refaire un café. Eh… La proposition est tentante et c'est presque l'heure du repas. J'crois que Aoi a dit qu'elle mangeait à l'hosto aujourd'hui de toute façon.

— Ça dépend, c'est toi qui cuisine ?

Quoi, j'ai la flemme.

Nan mais. Ok. On sait tous qu'Ipiu a pas besoin de quoi que ce soit pour pourrir la vie des gens, mais imaginez juste le potentiel de connerie si Huo a un gamin en plus ?! Elle serait cap de lui apprendre tout et n'importe quoi !! Et encore j'ai carrément du bol, parce que Charlotte, c'est une vraie sainte quand... Elle… n'est pas une chipie ? Nan mais comparé à Daisuke, Charlotte est carrément CALME, d'accord. Comment ça Daisuke n'est pas une référence ? Mais si !…

J'retiens pas mon rire. Ah bah ça, ça m'étonne même pas. Après, c'est peut-être aussi parce que j'ai du mal à les imaginer communiquer réellement, toutes les deux. Après, de là à trouver des arguments... J'sais pas. Je parle pas assez à Aoi, en vrai. Et nan, j'commenterai pas le fait que je serais un bon baby-sitter : je SAIS que je serais parfait, pff.

—Je vois l'idée. Discutez-en, à l'occaz ? C'est dommage.

Sourire en coin de ma part. Genre, prendre du temps ?! Tu crois j'vais accepter que tu prennes ton temps ?! J'suis choqué que tu sois si optimiste, gars ! (Calme, je plaisante.)

—Ca marche, mais t'as intérêt à me retrouver ça !

Je m'étire avant de rentrer dans la cuisine, avant de m'offusquer.

—Hé, je te proposais des gâteaux, pas un repas aux frais de la princesse ! Enfin, cela dit, si tu m'aides, on peut toujours faire un repas tous ensemble avec les garçons, je souris. Ca fera plaisir à Nico, j'pense !

Pour pas dire qu'il a besoin de gens autour de lui, vu la frayeur que j'lui ai faite...

Je roule des yeux alors qu'il se marre. Nan mais c'est pas drôle, ok. Genre avoir ta chérie qui a du mal avec ta principale collègue ça peut rendre les choses tendues. Parfois. Même si bon j'essaye de comprendre et de pas être chiant avec ça. J'veux dire, c'est pas comme si je m'entendais pas avec Allen en retour, non non. Lol. Le malaise.

— Ouais, ouais. En même temps si j'amène ça sur le tapis va falloir que je lui explique aussi pourquoi je m'entends pas avec Allen.

Et ça j'ai, mais alors, aucune envie. Genre je préfèrerais devoir repasser une soirée avec sa mère, c'est dire.

Je rigole doucement quand il s'offusque alors que je propose un repas. Eh, je lui imprime des photos, il peut bien me nourrir en échange quand même. C'est que ça se trie pas tout seul, les rush.

— Tu me laisserais toucher à ta cuisine ? Wah, j'me sens privilégié.

Je me lève et m'étire un peu avec un sourire amusé. Ça fait un moment que j'ai pas mangé avec Nico en même temps. C'est vrai que ça peut lui faire plaisir.

— Je vais demander à Aoi si elle veut venir, dans ce cas ? Enfin, si c'est bon pour toi d'avoir une personne de plus.

J'attrape mon portable pour lui envoyer un texto avant de le suivre vers la cuisine. En vrai, ça me fait bizarre de cuisiner avec quelqu'un d'autre qu'Aoi. Pas l'habitude. Ça a un côté tellement domestique et familial… En même temps j'suppose que quelque part Aaron fait partie un peu de ma famille. Urg. Nan on va éviter de considérer cette idée. Le repas. Pense à ce que tu fais et évite de te couper un truc c'est mieux.

Finalement je passe une bonne soirée. Les garçons rentrent de leur journée et Aoi arrive un peu tard de l'hosto. L'ambiance est relaxée et chaleureuse. Quelque part j'évite toujours d'y penser mais c'est agréable d'avoir une famille.