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EPREUVE #6 — CHANGEONS DE POINT DE VUE.
##   Dim 9 Sep 2018 - 0:00
Ariana Vicente

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Ariana Vicente
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Humeur : YOLO !!!!!



EPREUVE #6 — CHANGEONS DE POINT DE VUE
toute la journée du dimanche, jusqu'à minuit



Un matin, vous vous retrouvez incapable d'entendre et de parler OU incapable de voir… Qu'est-ce que cela va changer pour vous ?


Votre participation se composera d'un texte de 1500 mots maximum.
Pensez à présenter rapidement votre personnage au début de votre post ♥️ Vous pouvez mettre votre avatar/signature si vous le désirez !
N'oubliez pas de préciser de quel forum vous venez :D


S'émerveille en #E7654D
##   Dim 9 Sep 2018 - 5:00
Eïon F. Nassel

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Eïon F. Nassel
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Humeur : PTDR

[ Bien le bonjour chez camarades ! Ici Eïon de Terrae ! Je suis ravie de participer et ce thème m'a carrément plu ** ! Merci à tout ceux qui ont rendu cet événement possible, encore une fois !

Du coup, je participe avec mon très cher Eïon Nassel, 19 ans, australien et encore tout fraîchement débarqué à Terrae.
Le monsieur est je m'enfoutiste à l'extrême, a des limites bien à lui, a une morale parfois discutable et ... il est assez teubè aussi de manière générale. Mais c'est pas pour autant un méchant type, il s'assume juste pas du tout. ]




Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque l'australien se réveille enfin. La vie suit son cours autour de lui, mais, le va et vient quotidien des habitants de l'Institut lui est devenu familier. Les éclats de voix, les rires et les sautes d'humeurs, tout cela ne l'atteint plus depuis quelques temps.
Ses voisins de dortoir aussi, se sont habitués à lui : peu prêtent encore attention au brun grincheux qui dort jusqu'au début d'après midi. Après tout, Eïon n'a pas la meilleure des réputations : il se fiche de tout et de tout le monde mais entretien une curiosité déplacée, il fait du bruit et il est mal-élevé.

Cette situation ne lui déplaît pas, au contraire : plus ils l'ignorent, mieux il se porte. Mais, ce ' matin ', alors qu'il émerge d'une nuit sans rêves, une panique étrange raidie ses muscles.
Le front luisant de sueur, il se redresse et lance un regard hébété autour de lui. Une inspection rapide, du bout des yeux, lui indique que toutes ses affaires sont encore là. Mais cette constatation ne le rassure guère. Autre chose trouble son éveil, censé être paisible.

' Aucun cauchemar, aucune douleur. Tu as peur de quoi ? '

Il lui faut quelques minutes pour comprendre le trouble qui malmène son esprit : un silence irritant lui broie les tympans. Rien de semblable à une acouphène ou à une oreille bouchée. Juste un silence devenant de plus en plus bruyant depuis qu'il s'en est aperçut. Il secoue la tête, enfonce un doigt dans son oreille, les frappe, mais rien ne semble améliorer son état. Le silence se mue peu à peu en cacophonie : les battements de son cœur s'accélèrent et martèlent son crâne.

L'inquiétude grandit un peu plus en lui. Il se redresse d'un mouvement rapide et maladroit, ses pieds s'emmêlent dans sa couverture et il tombe de tout son poids au sol, renversant avec lui le contenu de sa table basse. Il reste quelques secondes face contre terre, maudissant de toutes ses forces ce début de journée. Mais là encore, la panique s'amplifie. Aucun son ne perce la barrière de ses lèvres.

' Est-ce parce que tu n'entends pas ou est-ce parce que tu ne peux pas parler ? Grande question hein ? '

Le bruit de sa chute attire des regards curieux. Apparaît alors une nouvelle sensation désagréable. Eïon redresse la tête, son visage marqué par un rictus à la fois paniqué et colérique. Les curieux se sont regroupés, leurs regards fixés sur Eïon. Il y perçoit de l'amusement et de l'agacement. Les lèvres bougent, les yeux fixent et autour de lui les jugements fusent dans un silence qui le rendrait fou. Puis, rapidement, les regards se détournent de lui et la vie reprend son cours, comme si rien ne s'était passé.
Il se retrouve seul.

Un frisson glacé le parcourt et il s'élance hors des dortoirs, les mains plaquées sur ses oreilles et sa bouche ouverte, cherchant à expulser un hurlement rageur.

' Où cours tu comme ça ? '

Il court, trébuche et reprend la route, toujours plus vite. Ses cheveux lui chatouillent la nuque plus que d'ordinaire, une vague de chair de poule dresse ses poils alors qu'il fait son premier pas à l'extérieur et il jurerait entendre le flot de son sang filer dans ses veines.

Dans son élan, Eïon n'a pas réussit à oublier le monde qui l'entoure. Alors que d'ordinaire, il s'enferme dans sa bulle et apprécie ignorer ceux qui cohabitent avec lui, aujourd'hui, il les voit mieux que jamais. Les regards, les sourires, les rictus ; la joie d'un Feu qui arrive enfin à comprendre ses pouvoirs, la panique de l'autre Terre qui a entendu les pensées un peu étranges de son voisin ; tout comme les moments paisibles de ceux qui mènent une vie aussi normale que possible entre les murs de Terrae.

' Regardes. Tu ne le ressens pas ? '

Sans qu'il s'en rende compte, le chaos du silence se fait plus supportable et ses pas ralentissent. Ses mains retombent le long de son corps et il avance dans les rues de l'Institut, les yeux grands ouverts.
Il aperçoit des instants de vie qui lui sont encore méconnus, prend conscience de choses qu'il n'avait jamais vues alors qu'elles étaient là depuis toujours.

Ces lanternes chinoises accrochées dans une des ruelles : il suffit de lever le nez pour les voir et pourtant, alors qu'il l'emprunte régulièrement, il ne s'en était jamais rendu compte. Tout comme l'odeur désagréable des poubelles entassées près du restaurant, l'air frais qui s’engouffre avec facilité dans les passages et par-dessus tout : l'odeur de l'automne qui vient.

Il s'arrête brusquement et tourne la tête sur sa gauche. Dans un coin d'ombre, replié sur lui-même, quelqu'un se cache.

' De quoi ? '

Eïon reste immobile et observe silencieusement l'inconnu qui se tient à quelques pas de lui.

' Il a peut être besoin d'aide ? '

Il secoue la tête et reprend sa route.

" Si il a besoin d'aide, il doit aller en chercher, ce n'est pas mon problème. "

Plus l'australien s'éloigne, plus le fardeau du silence se rappelle à lui. Il tique et repose les mains sur ses oreilles, les sourcils froncés, les lèvres pincées. Il tente une nouvelle fois de lâcher un cri, mais les passants continuent de l'ignorer.

' C'est fou, tu as besoin d'aide, mais tout le monde s'en fiche. Quel monde de chiens. '

Sans réfléchir, il fait demi-tour et avance d'un pas décidé vers l'inconnu recroquevillé. Arrivé à sa hauteur, il s'arrête et approche doucement une main de lui pour la poser sur son épaule. Le visage qui se relève vers lui est tiraillé entre des expressions de peur et de colère. De grands yeux verts se plongent dans les siens et une main tremblante repousse la sienne.

' Il a l'air d'avoir peur. '

" Dans ce cas, il devrait le dire, non ? "

Il ne bronche pas et se contente de détailler silencieusement l'inconnu. Ses lèvres ne bougent guère et celui-ci aussi, observe. Le brouhaha se calme de nouveau. Eïon s'assied à côté du garçon, les genoux repliés et la tête posée dessus.

Les minutes passent et ils restent là, recroquevillés, assit l'un à côté de l'autre. Les passants défilent, le monde tourne. Du coin de l’œil, le brun observe le petit bout d'homme qui se tient à ses côtés. Il semble perdu, effrayé, totalement à la merci de l'hostilité de ce qui les entourent. Un peu comme lui.

Puis, après une éternité une voix s'élève :

" Je viens d'arriver ici. "

Il redresse la tête et hausse les sourcils. La voix du garçon a résonné dans ses tympans. Un bruit, un vrai ! Il tourne la tête et se redresse légèrement : il entend de nouveau le monde vivre autour de lui. Ceux-là qui râlent après leur journée de cours, ceux-ci qui débattent du film qu'ils vont voir et le bruit du vent qui traverse les allées. La peur se mue en joie, en excitation, il a envie de hurler pour tester sa propre voix.
Mais, son regard se repose sur l'inconnu. Il inspire profondément, se rassied et avec un sourire qui se veut chaleureux il répond :

" Moi aussi. Ça fait peur hein ? "

Leurs yeux se croisent de nouveau et le silence se reforme entre eux. Les traits du garçon se détendent et Eïon relâche ses muscles restés crispés depuis son réveil, plusieurs heures de ça. La cacophonie du silence ayant prit fin, il prend conscience que les sons autour de lui ne sont plus de simples bruits. Les conversations, les rires et diverses musiques parcourent l'air frais du début d'automne qui hérissait ses poils.
Il ferme les yeux un instant, hume l'air et reporte son regard sur son interlocuteur :

" J'ai faim, et toi ? "

La lueur dans les yeux de ce dernier vaut mille réponse et en cœur ils se relèvent. Un rire léger s'échappe des lèvres de l'australien, soulagé de retrouver les sons familiers et rassurants de sa nouvelle maison.
#la meuf qui poste à 5h du matin


##   Dim 9 Sep 2018 - 15:14
Anonymous
Ada Gaspari [LS]

Bien le bonjour à tous ^^
Je suis Eva sur la CB, mais c'est mon DC (en réalité mon premier compte sur LS) Ada Gaspari, qui va participer à cette épreuve.
Bonne lecture et merci, c'est un grand plaisir de participer au tournoi avec vous tous.


EPREUVE #6 — CHANGEONS DE POINT DE VUE. Mini_180121105023384122

Ada est une tueuse à gages d’origine romaine. Passée maître dans l’art de la dissimulation et du changement d’identité, elle a toutefois préféré changer d’air à la mort de son mentor. Embauchée par le Marquis Catullo Zenone, elle exécute ses basses œuvres à Venise et sur le domaine dans les Alpes, surtout pour le protéger de la folie meurtrière de sa demi-sœur bâtarde. Sinon, elle compte sans fin le pognon amassé grâce à ses dons pour le meurtre sanglant et sans coupable.
Totalement dénuée d’empathie, elle éprouve la plus grand difficulté à comprendre les sentiments des autres et n’en ressent elle-même que fort peu. Elle a également un goût prononcé pour les proverbes et les locutions latines, certaine de la subtilité profonde de son esprit.


***


La vie au Castello Zenone était généralement une délicieuse petite sinécure pour Ada. Quelques meurtres discrets par-ci par-là pour satisfaire ses petites pulsions personnelles, les expériences du Marquis avec qui elle partageait un goût immodéré pour le sang, entre autres fluides corporels intéressants, et du personnel de maison aux petits soins, dûment terrorisé par le maître des lieux. C’est qu’il avait du coffre son Marquis, et une autorité naturelle à faire pâlir d’envie une armée de gouvernantes allemandes.

Ce matin-là pourtant, c’est un silence étrange et inquiétant qui la fit émerger du sommeil. Pas l’habituel silence terrifié des pécores qui craignent d’irriter son Marquis, mais un silence étouffant et surtout total. Impossible. Assise dans son lit d’un bond comme un diable monté sur ressort, elle promena un regard méfiant autour d’elle, mais ne vit absolument rien de différent à ses quartiers. Rien dans ses oreilles non plus qui aurait pu justifier une telle absence totale du moindre bruit. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Il n’est pire sourd que l’imbécile qui ne veut pas voir la peau de l’ours, songea-t-elle en sautant du lit pour s’examiner dans un miroir. Tête normale, minois narquois habituel et… Et oui, ravissant petit fessier exactement à sa place. Bon, donc ça venait pas d’elle, hein.

Couvrant son physique avantageux de chausses moulantes et d’une ample chemise blanche rentrée dedans, elle enfila ses bottes et quitta sa piaule tout en fourrant quelques lames dans les étuis disséminés sur sa tenue. Quelques volées de marche plus bas, elle attrapa une chope sur le plateau d’une bonniche qu’elle n’entendit absolument pas couiner de protestation et gagna à grandes enjambées le laboratoire de son Marquis préféré. Ça allait le gonfler qu’elle débaroule sans être invitée, c’était clair, mais en même temps, il serait sûrement intéressé par son cas. Après avoir cogné sur la porte pour s’annoncer et une main sur la poignée en attendant l’autorisation d’entrer, un doute la saisit subitement. Est-ce que c’était vraiment une vraie très bonne idée de s’offrir comme cobaye atteint d’une mystérieuse affection à son Marquis ? Les yeux dans le vague, elle imagina tout ce qu’il pouvait tenter pour comprendre d’où venait son mal et n’entendit pas la réponse du maître de céans, qu’elle ne risquait de toute façon pas d’entendre vu que ses oreilles ne marchaient pas.

Arrachée de ses mains, la porte s’ouvrit à la volée, découvrant un Marquis contrarié derrière un beau tablier de cuir ensanglanté et qui articula un truc un peu cinglant du genre « qu’est-ce que tu veux ? ». La mine impassible - parce que bon, faut pas déconner, elle était quand même une tueuse de sang-froid hein ! – elle ouvrit la bouche pour expliquer ce qu’elle foutait là.

- …

Gros blanc. Immense gênance. Et la tête du Marquis qui s’allongeait en blanchissant comme si elle faisait exprès de se foutre de lui. Avant qu’il lui claque légitimement le battant à son joli petit nez, elle leva la main pour arrêter la porte et pointa sa gorge de l’autre, la bouche ouverte comme un foutu poisson hors de son bassin d’agrément. Elle répéta l’opération avec les oreilles et vit les sourcils blancs de son Marquis se froncer. Il avait dépassé le stade contrarié, là. Ça allait pas tarder à chauffer pour son matricule. Enfin surtout pour son postérieur, vu les habitudes de l’albinos. La porte claqua derrière elle, du moins elle le supposa au courant d’air qui fit voler les mèches noires dans son dos, et le Marquis avait les poings sur les hanches. De toute évidence, il voulait qu’elle s’explique, mais là franchement ça allait être compliqué, hein… Et soudain, l’évidence lui sauta aux yeux. Ou plutôt un tableau noir. Pa-re-fait ! D’un bon coup de chiffon humide, elle effaça les inutiles hiéroglyphes que le Marquis avait du dessiner pour passer le temps, sans voir qu’il était devenu tout violet de congestion derrière elle, et puis elle se mit à écrire. « ESKE TU B ». Puis non, elle effaça. Vu son écriture de débile profonde et sa maîtrise plus qu’approximative de l’orthographe, valait mieux qu’elle dessine. Elle était pas vraiment une artiste dans l’âme, question travaux manuels, mais quand même, ce serait sûrement plus clair pour le patron.

Après avoir griffonné à la craie pendant un petit moment, elle recula pour admirer son œuvre et hocha la tête, très satisfaite d’elle-même. Du grand art, franchement, y’avait pas à tortiller. Ah non là on voyait pas bien le trait. Elle ajusta en effaçant un bout de son poing serré, refit un ou deux traits, puis présenta fièrement le tableau au Marquis. Bizarrement, il avait pas l’air hyper content. Les bras croisés, la mine furibarde, il tapait du pied en la toisant. À n’y rien comprendre. Avec tous les efforts qu’elle faisait pour lui présenter un super cas intéressant pour le grand scientifique qu’il était. Elle se gratta le menton. Il voulait quand même pas qu’elle allonge les sequins, si ? Un honnête pognon gagné à la sueur de son front ! Et au sang de ses victimes, accessoirement, mais peu importe, elle l’avait gagné ! Il avait peut-être pas bien compris. Ou alors ses dessins étaient pas clairs ?

Examinant le tableau, elle admit en son for intérieur que l’oreille ressemblait un peu à un chou et la bouche à une rose. Les traits qui symbolisaient l’absence de fonctionnement avaient l’air d’en faire sortir un bébé veau. Et qu’est-ce que c’était que ce pénis dans le coin ? Ah non, un scalpel barré ! Les sourcils froncés, elle réfléchit et ajouta quelques points autour. C’était juste qu’elle voulait pas le contrarier hein, donc fallait qu’il comprenne, mais sans l’ouvrir en deux comme ses bonniche teutonnes.  Là, c’était beaucoup plus clair, non ? Ah ben apparemment pas. Et voilà qu’il approchait à grands pas pour lui écraser le minois sur une table. Dans le plus grand silence. La fessée s’abattit sur son gentil petit postérieur tout frais, mais le plaisir n’était pas le même. Dépitée, elle réfléchit à ce qui l’ennuyait autant pendant que son Marquis se défoulait un peu. Et puis l’Épiphanie la traversa subitement et elle se releva d’un bond en criant :

- …

Et merde ! Bondissant vers le tableau, elle montra frénétiquement l’oreille puis mima la fessée et le plaisir par une sorte de grimace orgasmico-stupide et enfin une grosse croix avec ses bras. Comment ça, il comprenait pas ? Elle mima encore désespérément un acte sexuel un peu vague, grimaça à qui mieux-mieux, montra successivement ses fesses et ses oreilles, mais rien n’y fit. Levant les bras au ciel, elle renonça à s’expliquer. Desesperat omnis sacrificens poderant. Ou quelque chose d’approchant. Il n’est point d’ours sans épines, ni de plaisir sans charrue. Mais quelle ironie tout de même de ne pas pouvoir partager son immense découverte avec son Marquis préféré ! Il serait pourtant bien aise de savoir qu’une fessée perdait une bonne part de saveur si on en esgourdait pas les claquements réguliers.



= 1.166 mots
##   Dim 9 Sep 2018 - 16:29
Anonymous
Sighild [Is]

Présentation de Sighild - Istheria:


La lhurgoyf* sommeillait au pied d'un arbre, non loin des marais brumeux, avec une étonnante sérénité alors qu'elle se trouvait au cœur d'une forêt hostile. Mais ce monde était le sien, elle ne le connaissait que trop bien, peut-être même trop. Chaque bruissement de feuilles, chaque murmure, chaque craquement de branches. Elle était devenue capable de faire la distinction entre le pas d'un homme et d'un animal. Noathis* était sa demeure. Mais cet endroit là, elle s'y rendait chaque année, dès que les lunes s'élevaient au plus haut, loin de tout, loin de ses sœurs pour ne pas qu'elles "voient". Mais voir quoi? Sa laideur, sa monstruosité. Ce qu'elle était réellement, le monstre, la bête. Elle n'avait jamais aimé cette partie d'elle-même, néanmoins elle se devait de la contrôler à l'abri des regards jusqu'au jour où la nécessité ferait qu'elle devrait abandonner son secret de polichinelle. Tout le monde savait qu'un lhurgoyf était mi-homme, mi-atrocité. Cela ne signifiait par pour autant que l'on en assumait tous les détails.

Adossée et fatiguée d'avoir lutté contre la colère de son démon intérieur, Sighild s'était assoupie sans s'en rendre compte. A ces côtés, il se tenait ses plus fidèles compagnons : Zodiark, son loup et Azazel, sa faux. Ce fut l'animal qui, de sa truffe humide, lui intima de se réveiller. Il n'y avait pourtant aucun danger mais le devoir de l'Eryl* l'attendait. Elle ouvrit alors doucement les yeux, soupira légèrement et s'étonna que son familier attira son attention.

" Pourquoi me réveilles-tu? La nuit n'a pas levé son voile. "

L'amazone huma l'air, et pris un air songeur. Elle reconnaissait l'odeur de la rosée du matin. Elle posa alors ses mains sur son visage et ce tâta les yeux, comme si elle cherchait quelque chose qui lui couvrait la vue. Rien. Il n'y avait rien. Elle ne voyait rien. Plus rien. Le noir, l'obscur, l'ombre. Sighild devrait paniquée, elle devrait s'affoler comme tout individu à qui on hôte un sens aussi important. Au lieu de cela, elle resta simplement silencieuse. Zodiark, par son instinct animal, comprit que quelque chose n'allait pas chez sa maîtresse et posa sa tête sur sa jambe. Elle lui gratta le cou, et soupira.

" Le destin se moque bien de moi. Je ne crois en rien, ni aux dieux, et si peu en l'homme, et voilà qu'en cherchant à protéger ceux qui me sont chers, je suis privée de leur vision? Je pensais que mon fardeau était déjà bien chargé. "

Sighild chercha alors à se relever, mais elle s'étonna de sa maladresse. Qui aurait cru que quelque chose d'aussi inné que de se redresser pourrait se révéler si compliqué sans voir. En tout cas, elle ne put s'empêcher de grommeler quand elle faillit trébucher.

" Bien. Me voilà bien ridicule. Heureusement que tu es là Zodiark. Tu seras mes yeux jusqu'à la maison. Avec de la chance, nous croiserons peut-être l'une ne nos consœurs.  "

La guerrière décida d'offrir une autre utilité à son arme de mort, et sa faux devint un appui précieux. Quant à son guide, il lui fallait de quoi le suivre. Grâce à sa magie en lien avec la nature, elle se créa une liane. Heureusement que sa vue n'était pas nécessaire à cela. L'un des bouts serait maintenu dans la gueule de l'animal, et l'autre par la main de la jeune femme. Et ce fut ainsi qu'une aventure laborieuse commença. Imaginez-vous, une femme d'un âge séculaire, guerrière accomplie, meneuse d'un groupe de femmes combattives, prête à affronter toutes les morts pour ses convictions, se retrouver là, amoindrie par l'absence de sa vue soudaine, sans explication, et prête à tomber à genoux face à la moindre petite pierre sur son chemin! Plus les minutes passaient, plus son impatience gagnait.  Elle s'arrêta nette.

" Zodiark. Nous n'y arriverons jamais ainsi. Je suis plus fière que je ne le pensais. "

Elle lâcha le bout de sa liane et posa l'une de ses mains pâles sur son visage.

" Je suis prête à mourir pour nos causes, mais pas d'une manière aussi ridicule qu'une chute sur un chemin. Va chercher de l'aide. Tu es rapide et tu trouveras facilement une Eryllis pour venir me récupérer. Trouve Raven* si tu le peux. "

Le loup écouta sa maîtresse, sans grogner, sans bruit, il partit. Sighild se retrouva donc seule, au milieu de nul part, dans le noir le plus complet. Elle se sentait seule. Terriblement seule. Jusque là, elle était persuadée que c'était ce qu'elle méritait, qu'elle ne faisait qu'expier ses péchés d'autrefois. Peut-être était-il temps qu'elle accorda un peu plus d'intérêt à sa vie, peut-être était-il temps qu'elle s'ouvre à nouveau? Était-ce le message que l'on cherchait à lui envoyer? A trop chercher à se couper du monde, cela pourrait bel et bien arrivé? Le supporterait-elle?

" Malédiction! "

La colère commença à la gagner, elle la sentait monter. C'était la frustration. Elle se sentait faible et elle ne supportait pas cela. Cela montait, montait, montait.... à tel point qu'elle lâcha prise et prit l'apparence qu'elle maudissait depuis des siècles : celui du monstre. Elle se transforma alors en ce qu'elle redoutait : sa peau se durcit et se cuirassa en d'étranges écailles bleuâtres, sa colonne dressa alors d'immenses plaques piquantes, sa taille s'élargit et grandit, ses dents devinrent des crocs, une longue se finit par se profiler, et son regard abandonnait petit à petit ce qu'il y avait d'humain en elle. Ses mains n'étaient plus que d'immenses griffes et son odeur était insoutenable. Quant à son esprit, il devint brouillon, le monstre prenait le contrôle, il lui intimait de tout abandonner, pour la première fois, elle l'écouta....

* Je suis ce que tu es... *


Un sursaut! L'amazone se réveilla brutalement, une migraine affreuse lui saisit alors le crâne alors qu'elle était assise sur le sol. Son regard balaya les alentours, elle reconnaissait les lieux. C'était les marais, c'était là où elle s'entrainait. Elle... reconnaissait? Elle voyait? Abasourdie, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas bougée depuis des heures. Zodiark se tenait à côté, il avait été réveillé par le sursaut de la jeune femme.

" Un rêve? "

Tout lui avait semblé si réelle qu'elle avait dû mal à imaginer qu'il en était autrement. Ses muscles lui faisaient mal comme lorsqu'elle venait de se transformer et pourtant... Elle regarda ses mains comme si elle les voyait pour la première fois, puis tourna son regard ambré vers son compagnon à quatre pattes.

" Mon ami... il est temps.... "



[HRP: 1087 mots]
Petites infos:
Lhurgoyf* => Race d'individu mi-homme, mi-monstre; méprisé et considéré comme dangereux car ils n'ont que peu de contrôle sous leur forme monstrueuse.
Noathis* => Région forestière et sauvage d'Istheria
Eryl* => Titre honorifique de la Chef de la caste des Eryllis, des amazones de Noathis.
Raven*=> C'est son bras droit au sein des Eryllis.
##   Dim 9 Sep 2018 - 17:59
Anonymous
Archibald Mérimée [TT]

About sweety :

Bip.Bip.Bip. Le mi strident de mon réveil perce mes tympans. J'étire mes muscles un à un. Je sens 70 kilos d'amour, de bave et de poils s’abattre sur le lit. Mes yeux ne sont même pas encore ouverts. L'odeur d'herbe coupée, de pluie et de terre. Je me redresse en souriant et plonge sur lui. Les éternelles gratouilles du matin. J'enfonce ma tête dans son poil duveteux et toussote. J'en connais un qui est encore allé dans la mare de la voisine. Les secondes filent et Seymour semble s'être calmé. D'une main distraite je cherche l'interrupteur de ma lampe de chevet.

Noir.

Je hausse un sourcil. Une panne de courant ? Mes pupilles cherchent une source de lumière vers la fenêtre. Il ne me semblait pas avoir fermé les volets. Avec prudence je me redresse et enfile quelques vêtements. La sensation du parquet glacé contre ma voûte plantaire. J'ouvre la porte à tâtons et me dirige vers le salon. Le clic-clic familier des griffes de Seymour sur le parquet.

Noir.

Je sens l'air se raréfier dans mes poumons. Mon rythme cardiaque s'accélère. J'inspire et j'expire, je tente de réguler mes réactions. Réfléchis Archibald. D'abord vérification ensuite action. Je me heurte le bassin contre le coin du comptoir de la cuisine. Je n'ai pas encore eu le temps de m'habituer à la configuration de ce nouveau logement. Je grogne. J'ouvre chaque tiroir à la volée, inspectant avec prudence leur contenu. L'acier froid des couverts. Une boite aux côtés râpeux rencontre mes doigts. J'attrape une allumette et la craque devant mes yeux.

Noir.

Une seconde.

Noir.

Ma vue. Elle s'est volatilisée. Les pulsations de mon égide sont toujours là. Impossible donc que ce soit l'effet d'un autre humain à don. J'inspire et j'expire. Mon fidèle compagnon se colle contre mes jambes. Il sent que quelque chose ne va pas. Je m'accroupis et le serre contre moi. A vrai dire, à cet instant je ne sais qui de nous deux rassure l'autre. La respiration forte de Seymour. Je ne sais pas quoi faire. Quelle ironie. Je connais toutes les procédures à appliquer en cas d'urgence vitale, la signification d'une variation dans une expression faciale, la durée moyenne d'une prise d'otage, les causes courantes d'homicides volontaire, mais je n'ai aucune fichtre idée de quelle procédure est à appliquer lorsque l'on perd la vue. Je ne pourrais plus être agent à Interpol. Cette pensée me presse le cœur. J'ai l'impression que mon organe est coincé dans un étau. Je suis sur cette Ile depuis quelques semaines, j'étais censé participer à la création de la nouvelle cellule d'interpol. Tenir les promesses faites à Phil' et à ma mère. J'étais censé aider le monde à aller mieux. Je ne sais pas quoi faire. Je me sens si impuissant. Mon rythme cardiaque s'accélère. Je n'ai aucune idée d’où se trouve mon portable. Mais je serai bien incapable d’appeler qui que ce soit. Je ne connais personne ici.

Woof.

Seymour. J'encercle mes bras autour de lui. C'est un brave chien. Je le sens se dégager de ma prise et j'entends ses pas se diriger vers l'entrer en aboyant de nouveau. Il veut sortir. Il a besoin de moi. Je me redresse, ravalant mon angoisse. J'évite le coin du comptoir. Une fois, pas deux. Sa laisse est au même endroit. Ce geste que j'ai répété des centaines de fois est devenu si naturel. C'est la première chose que j'arrive à faire aisément depuis mon réveil. Mettre la laisse à mon chien. Il est là, je sens son imposante et rassurante présente. Sa joie et son inquiétude. J'inspire, j'essaye d'avoir une voix posée mais elle trahi mon inquiétude

« Seymour. On va faire la balade. »

Les mêmes mots depuis quatre ans. Toujours à la même heure. Toujours le même trajet depuis notre arrivée. Le tour du quartier et ensuite, parfois, quand j'en ai le courage, un tour dans la rue commerçante.  Il y a du réconfort dans les habitudes. J'ouvre la porte mais il ne tire pas sur sa laisse ce matin. Je me demande s'il regarde la haie de la voisine à la recherche de son chat. Je ne bouge pas. Mettre un pied devant l'autre semble être une épreuve. Ce n'est qu'en sentant mon compagnon faire quelques pas timides que je me décide à réagir. Je raccourcis mon lien avec lui. Pour me rassurer. Nous sommes dans l'allée, je sens le vent fouetter mon visage. Je n'avais jamais réalisé que le sel de l'air marin venait légèrement irriter mes joues. J'entends un craquement et me fige, tourne la tête en direction du son.

« Il y a quelqu'un ? »

Mon cœur bat à toute allure. Les sens aux aguets. Il m'est déjà arrivé de voir le suspect d'une affaire pénétrer chez moi. Ce ne serait vraiment pas le bon moment. Je cherche du regard la cause de ce bruit. Rien. Rien du tout. Noir. Seymour se colle contre mes jambes. Il ne semble pas inquiété par ce son. Pas un aboiement.

« Très bien. Je te crois. Si tu ne dis rien, c'est qu'il n'y a rien. »

Avoir confiance en lui. Il ne m'a jamais trahi. Il a toujours été là. Fidèle au poste depuis le jour où je l'ai récupéré. Je me souviens de son air perdu, il était encore un chiot. La première fois que je l'ai pris contre moi il tremblait. Il errait dans le salon ou son premier maître avait été assassiné. Il avait niché sa truffe humide dans ma veste. Je crois qu'à ce moment là j'ai su que je ne voulais plus me séparer de lui. A cette époque, je pouvais encore le porter. Aujourd'hui il me fait basculer lorsqu'il saute sur moi. Je le laisse me guider jusqu'au portail, il connaît le chemin de la promenade. Mes pas sont prudents, je me concentre sur ce cordon entre lui et moi. L'alarme du camion poubelle retentit. Je porte toute mon attention sur Seymour et tente de faire abstraction des bruits assourdissants de la rue. Ils ne sont que des indicateurs parasites. Nous marchons quelques mètres quand Seymour se fige une seconde et fait un léger détour. Je tends mon bras, il vient d'esquiver un poteau. Je suis impressionné.

Je réalise à cet instant, qu'il a toujours été ainsi. A chacune de nos promenades, lorsque j'étais perdu dans mes pensées, les yeux rivés vers l'horizon ou le sol, je me laissais guider inconsciemment par lui. C'est quelque chose dont m'avait parlé un autre propriétaire de chien. Cette confiance unique. Je n'avais pas réalisé sur le coup. Il a fallu que l'on me prive de ma vue pour le sentir pleinement. Théoriquement d'ici 50 mètres il devrait tourner à droite. C'est stupide, de partir balader son chien alors que l'on se réveille aveugle non ? Mais qui aurais-je pu prévenir ? Sans avoir cette terrible impression de déranger. Être en trop. J'ai l'impression que nous avons dépassé l'angle de la rue depuis un moment. Je ne comprends plus ou nous sommes. Je n'entends aucun passant.

« Seymour, ou me mènes tu ? »

Je tente de le freiner, mais il semble déterminé à aller quelque part. J'espère sincèrement qu'il ne court pas derrière un chat. Je sens alors les odeurs de café, l'agitation frémissante de la rue commerçante qui s'éveille, les bruits de la ville m'envahissent. Les informations sensorielles arrivent par centaines. Mon nez, mes oreilles, ma peau. J'ai l'impression que mes terminaisons nerveuses saturent. Seymour, ne bouge plus. Il s'est assis contre moi, contre mes jambes. Il aboie une fois. Puis deux. J'entends alors une voix. Familière. Chaude. Rassurante.

« Archibald ? »

Callum Arslan. Ma respiration revient. Les inflexions de sa voix n'ont pas changé. Cette tonalité semblable à un air de Debusy. Mon cœur s'emballe. Je souhaitais tant le revoir. Je ne sais pas quoi lui dire. J'aimerais pouvoir observer le pétillement de ses yeux noirs, la rigueur de ses traits et la délicatesse de ses mains. Son odeur s'impose parmi les autres. Je m'effondre à genoux, je me blottis contre Seymour. Il m'a conduit jusque là.

Car il sait que c'est ici que Callum prend son café avant d'aller à l'université.

Car il sait qu'une fois sur deux je tire sur sa laisse un peu rapidement rongé par la timidité. Incapable d'aller le saluer.

La tête dans les poils de mon chien je ne peux m'empêcher de lui murmurer  

« Merci. »

Le plus fidèle de tous.
##   Dim 9 Sep 2018 - 18:32
Anonymous
Ana Montgomery [THS]

Présentation:

C’était le matin, le bateau commençait à s’agiter : des bruits de pas parvinrent jusqu’aux oreilles de la jeune fille. Ana ouvrit les yeux, prête à commencer une nouvelle journée de découvertes : aujourd’hui, elle avait prévu d’aller dans un coin où elle n’avait encore jamais mis les pieds, pas trop loin des montagnes à l’ouest de la forêt.

Comme d’habitude, elle vit les rayons du soleil percer à travers le hublot ; en se retournant, son couteau-suisse, reposant sur une petite table dans un coin de la chambre ; sa veste, négligemment accrochée au crochet servant de porte-manteau, sur la porte d’entrée ; le réveil, indiquant fièrement l’he…

Ah ben non.

Elle ne voyait rien en fait.

Elle se redressa vivement.

Elle cligna des yeux, plusieurs fois, de plus en plus fort : rien à faire.

Elle passa sa main devant son visage, se toucha le contour des yeux, les paupières.

Elle se leva tant bien que mal, déstabilisée. Peut-être qu’être debout et marcher allait arranger les choses ? Elle fit quelques pas maladroits, tellement inquiète qu’elle ne savait pas très bien quand elle allait se prendre le mur de son étroite cabine.

Non, décidément, ça ne fonctionnait pas. Elle était aveugle.

De frustration, elle s’assit vivement par terre. Et se racla le dos contre le rebord de la table. Elle marmonna en se frottant l'endroit douloureux. Que faire ? Elle n’en avait aucune idée. Peut-être allait-il falloir… demander de l’aide au Capitaine ? Elle frissonna à cette idée. Elle ne l’aimait pas. Sa façon de se comporter était bizarre. Sa façon de parler était bizarre. Sa gestuelle était bizarre. Et son amour pour la cornemuse aussi. Bref, elle ne voulait pas avoir affaire à lui, surtout en étant aveugle – et s’il en profitait pour la faire monter sur un canot et la laissait dériver en pleine mer ?

Vraiment, il fallait qu’elle fasse comme si de rien n’était. Peut-être que sa cécité n’était que temporaire, peut-être que demain, tout sera de nouveau comme avant ?

Ou alors, c’était une maladie très grave, incurable, qu’on pouvait attraper en venant sur cette île. Mais elle ne voulait pas envisager cette option dans l’immédiat.

Alors, elle décida d’attendre. Elle resterait dans la cabine aussi longtemps qu’il le faudra.

Ça, c’était sa résolution. En réalité, au bout de deux minutes à ne pouvoir qu’écouter les grincements du bateau, elle en eut assez et finit par sortir de sa cabine – après avoir cherché à tâtons ses vêtements, mangé une pomme qu’elle avait laissé sur le bureau en cas de petit creux (qu’elle trouva au bout de cinq bonnes minutes) et s’être approximativement coiffé les cheveux avec ses mains.

Elle finit par sortir, doucement, plus ou moins sans encombre. Prenant garde à toujours avoir sa main sur le mur et à garder une image mentale de l’endroit où elle se trouvait, elle fit quelques pas peu assurés dans le couloir – elle avait confiance en son sens de l’orientation, mais d’habitude, elle voyait.

« Tieeens, ma petite Ana ! Comment allez-vous aujourd’hui ? » fit une voix dans son dos.

Elle se raidit instantanément.

Pas. Lui.

Il avait un don pour deviner quand est-ce qu’on ne voulait absolument pas le croiser et surgir derrière vous tel un vampire assoiffé de sang. Elle n’avait pas de preuve, mais Ana, en tout cas, en était certaine.

Elle tourna la tête, lentement, et lui fit son plus beau sourire, absolument pas forcé.

« Capitaaaaine, vous ici ! Très bien, et vous ? Désolée, j’ai quelque chose de très important à faire dehors, je file !! »

Sans attendre de réponse, la main droite toujours prudemment en contact avec le mur, elle agita la gauche en signe d’au revoir tout en partant en trottinant. Elle espérait juste avoir bien regardé dans sa direction pour ne pas éveiller ses soupçons.

Elle avait la sensation d’avancer dans du vide, comme si elle allait s’effondrer au moindre pas. Après un trajet relativement maîtrisé – même s’il lui arriva de faire demi-tour quatre ou cinq fois – Ana réussit à sortir, désemparée par ce qui lui arrivait. L’air frais de la mer lui assaillit le visage. Sans vision, il lui semblait encore plus présent que d’habitude. Elle entendait aussi le bruit régulier des vagues et le chant des oiseaux. Cela avait quelque chose d’apaisant.

Une fois à terre, elle remarqua la chaleur de la surface du sable, et sa fraîcheur lorsque l’on y enfonçait un peu les pieds – le soleil n’avait pas encore eu le temps de le sécher entièrement. Elle s’éloigna un peu du bateau, en essayant de longer le bord de mer (en réalité, elle déambulait comme si elle avait un peu trop forcé sur la boisson). Quel calme ! Elle n’y avait jamais prêté autant attention que maintenant. Elle inspira un grand coup et s’allongea dans le sable. Si elle devait retirer quelque chose de cette expérience, qu’elle espérait tout de même temporaire, c’était ça : il fallait qu’elle prenne plus de temps. De temps pour elle, pour observer, écouter, profiter.

Un sourire tranquille sur son visage, elle leva la main vers sa tempe pour se gratter. Mais-

« Hm ? Ana ? Qu’est-ce que tu fais ? »

Ce n’est pas sa tête qu’elle venait de toucher, mais un pied. Elle venait de poser sa tête pile entre les deux pieds de quelqu’un. Quel talent.

Elle se releva d’un bond, mis un petit instant à retrouver son équilibre - sans voir, les mouvements vifs, c'est pas oufissime - puis leva les mains en signe d’excuse.

« Aaaah désolée ! Je ne t’avais pas vu ! »

Ce qui, pour une fois, était totalement vrai.

Il faut savoir que, dans cette situation, sur ce bateau, il y avait deux personnes qu’Ana souhaitait éviter. La première, vous l’aurez compris, était le Capitaine Crook. La seconde… se trouvait là. Elle le reconnaissait à sa voix.

Aiden. Elle ne le connaissait pas encore beaucoup, il avait même l’air plutôt sympathique, mais là tout de suite, elle n’avait absolument aucune envie de lui taper la discut’ pendant des heures. Le voir aujourd'hui, c'était vraiment la poisse.

Voir, haha. Si seulement elle le pouvait, là tout de suite. Quoique comme ça, elle échappait à son sûrement étrange accoutrement – il avait un don pour porter des vêtements de goût… disons, discutable.

« Oh ce n’est rien, tu sais je pensais justement que- »

Et le voilà parti dans un blabla interminable. Tout en hochant la tête d’un air qui se voulait intéressé, Ana commença à faire quelques pas sur le côté, de façon à ce qu’elle se retrouve face à la mer et Aiden dos à cette dernière. Lorsqu’elle eut l’impression que c’était le cas, son visage devint tout d’un coup le plus sérieux possible, et elle leva vivement la main gauche vers le ciel, le doigt pointé comme pour désigner quelque chose, en espérant ne pas se tromper de direction – donc, ne pas pointer Aiden.

« Oh ! » fit-elle, d’un ton étonné.

« Hm ? Il y a quelque chose ? »

Dès qu’elle sentit Aiden se retourner pour regarder ce qu’elle venait de voir – c’est-à-dire, en réalité, absolument rien –, elle piqua un sprint en direction opposée, celle de la forêt.

Oui, elle n’avait pas trouvé meilleur stratagème pour se débarrasser de lui.

La course se déroula sans encombre jusqu’à l’orée de la forêt.

Jusqu’à ce que sa vue lui revienne soudainement et qu’elle ait le temps d’apercevoir l’écorce d’un arbre se rapprocher un peu beaucoup trop rapidement d’elle.

[1254 mots]
##   Dim 9 Sep 2018 - 19:04
Anonymous
Leo(Ip)

Mais du coup, c'est qui Leo ?:



Leo avait du mal à dormir. Non pas parce qu’il avait été perturbé par un cauchemar, ni parce qu’il était malade mais tout simplement parce qu’une certaine personne avait décidé de faire le plus de bruit possible. Les portes des placards claquaient violemment, une chaise grinçait contre le sol, des objets étaient déposés beaucoup trop bruyamment, si bruyamment que Leo était surpris de ne pas entendre encore des bruits de casse.

Essayant tout de même de grappiller quelques minutes de sommeil, Leo enfoui sa tête sous son oreiller. Parfois, il regrettait de ne pas être sourd. Au moins là, il pourrait profiter du silence et ne pas être obligé d’entendre tous les sons qui l’entouraient. Il pourrait aussi profiter de sa sieste sans que quelqu’un ne vienne le déranger en faisant autant de bruits que pour réveiller un mort.

Leo soupira. Même en étant sous son oreiller, il entendait toujours le vacarme à l’extérieur de sa chambre. Il serait impossible pour lui de continuer de dormir. Du moins, pas tant que l’autre était à proximité. Maudissant l’autre et grognant, Leo sortit sa tête de sa cachette et se retourna sur le dos. Puis, il ouvrit les yeux.

Ou du moins, c’était ce qu’il crut faire. Il avait dû penser à ouvrir les yeux sans le faire car tout était encore noir autour de lui. Lentement, il s’assit dans son lit et frotta ses yeux. Mais toujours rien. Il cligna rapidement des yeux. Toujours rien.

Sa chambre n’était pas aussi sombre que ça…

D’un mouvement brusque, il sortit de son lit et se précipita en direction de sa fenêtre. Ses mains rencontrèrent rapidement le tissu des rideaux qu’il ouvrit sans plus attendre.

La chaleur du soleil se fit alors sentir sur son visage tandis qu’il levait la tête vers le ciel. Il resta ainsi pendant plusieurs minutes, fixant sans vraiment fixer quelque chose. En temps normal, il aurait dû finir par détourner le regard, le soleil aurait dû finir par lui brûler les yeux. Mais rien de tout cela n’arriva. Il était incapable de voir le soleil. La chaleur qu’il ressentait lui prouvait qu’il était bien là, mais Leo ne voyait rien. Tout était noir.

Lentement, Leo lâcha les rideaux qu’il tenait fermement jusque-là. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ?

De façon hasardeuse, il se déplaça dans sa chambre, butant plusieurs fois contre des meubles, puis arriva à sa porte qu’il ouvrit maladroitement. À partir de là, il avança avec un peu plus d’aisance, s’orientant grâce aux bruits provenant de la cuisine et gardant une main contre le mur.

Il espérait que son manque de vision n’était que temporaire, que peut-être cela passerait s’il mangeait quelque chose. Il n’avait pas mangé depuis un moment après tout, préférant sécher les repas pour dormir plus longtemps. C’était un raisonnement assez illogique, mais il s'accrochait à ce petit espoir avec force.

« Enfin debout ? »

Leo tourna la tête en direction de l’origine de la voix. Même sans pouvoir le voir, il pouvait sentir l’endroit exact où la personne se trouvait. Le lien qui les unissait était assez fort pour permettre une telle chose.

« Ferme la. » lâcha froidement Leo.

Il ne fallait pas l’oublier mais s’il était debout, c’était essentiellement parce qu’Hippolyte avait fait un vacarme monstrueux. La raison de cet acte n’était pas compliqué à trouver : Hippolyte avait voulu énerver Leo en le privant de son sommeil. Même s’il était incapable de voir quelque chose, il était certain qu’Hippolyte l’observait avec un sourire sarcastique, il pouvait même le sentir. Était-ce parce qu’il commençait à bien le connaître ou était-ce à cause du lien ? Il en avait aucune idée. Peut-être était-ce les deux. Le fait d’avoir son âme liée à Hippolyte l’avait en quelque sorte rapproché de ce-dernier, à son plus grand malheur. Même s’il voulait ignorer son âme-sœur, le lien entre eux était beaucoup trop omniprésent pour pouvoir oublier rien qu’un instant l’existence de l’autre.

Cependant, il y avait une chose de pratique dans ce lien. Comme dit précédemment, Leo était capable de savoir exactement où se trouvait Hippolyte, et s’il se souvenait bien de l’agencement de la maison, ce-dernier se trouvait à table, là où il pourrait trouver de la nourriture. Il s’avança donc prudemment en direction de son âme-sœur jusqu’à buter dans quelque chose.

« Mais qu’est-ce que tu fous ? Dégage ! »

Ou, d’après les protestations d’Hippolyte, quelqu’un. Il s’éloigna rapidement de lui et prit finalement place sur une chaise. Il ne prit même pas la peine de s’excuser. À la place, il se mit à grimacer et épousseta ses vêtements. Tout contact avec Hippolyte pour lui était comme toucher un lépreux. Quelque chose de répugnant. Pourtant, ils se seraient connu hors de Sindety, peut-être qu’ils auraient pu sympathiser, mais le fait de savoir qu’ils étaient liés répugnait Leo. Hippolyte aurait été une fille, cela n’aurait pas été un problème. Mais être lié à un mec… C’était un grand non pour Leo. Par conséquent, il se sentait obligé de surjouer le “no homo”.

Leo secoua la tête. Il avait d’autre soucis qu’Hippolyte pour le moment. Il tâtonna la table en quête de nourriture et finit par tomber sur du pain qu’il tira vers lui et en mangea une tranche. Malheureusement, cela ne changea en rien sa condition. Cela lui rappela juste à quel point il avait faim. Dépité, il se contenta de continuer de manger pour l’instant, comme si la nourriture allait magiquement résoudre son problème. Mais, alors qu’il cherchait autre chose que du pain, sa main cogna contre un objet qui fut projeté au sol, et d’après le son qui s’ensuivit, se cassa en mille morceaux.

« Qu’est-ce que… Tu as de la merde dans les yeux ou quoi ?! »

« Ferme la, Hippolyte. Vraiment. » dit-il sans émotion.

Il ne comprenait pas. Pourquoi ne pouvait-il plus voir ? On ne devenait pas aveugle du jour au lendemain, non ?

Sans que cela puisse embuer sa vue, des larmes se formèrent et se mirent à couler lentement le long de ses joues. Sentant le liquide sur sa peau, Leo cacha rapidement son visage et essuya ses larmes. Puis, sans avertissement, il repartit dans sa chambre, se cognant plusieurs fois contre des choses sur son chemin.

« Non mais t’es sérieux ?! Tu ne vas vraiment pas nettoyer ton bordel ?! » entendit-il crier Hippolyte qu’il choisit d’ignorer.

Il retourna dans son lit et enfouit sa tête dans son oreiller. Pourquoi cela lui arrivait ? Pourquoi la vue ? Ça n’aurait pas pu être l’ouïe ou la parole ? Il en avait pas autant besoin que la vue. Qu’est-ce que ses parents feraient s’ils se retrouvaient avec un enfant aveugle ? Son père avait besoin de quelqu’un en bonne santé pour reprendre son business, pas d’un handicapé. Bien qu’il eût été choyé pendant toute sa vie, Leo savait que son père finirait par donner son héritage à quelqu’un de plus compétent si son fils n’était pas à la hauteur. Et ça, Leo ne pouvait pas le permettre. Déjà que Sindety le privait de ses privilèges, il ne pouvait pas supporter perdre les privilèges qu’il avait chez lui. Non, il ne pouvait pas.

La tête toujours enfouie, la mousse de l’oreiller étouffa le cri qui échappa de la bouche de Leo. La rage qui l’habitait se manifestant enfin. Face à la perte de sa vue, il se retrouvait incapable de contenir plus longtemps sa colère. Il aurait voulu balancer toutes ses affaires dans sa chambre mais… Il ne savait même pas où elles se trouvaient. Énervé par son impuissance, il frappa à maintes reprises son matelas, extériorisant ainsi sa rancœur.

Éventuellement, il finit par perdre son énergie et étouffa son chagrin dans le sommeil.

Il resta ainsi de longues heures puis un poids sur lui finit par le réveiller. Il se retourna donc sur le dos afin de dégager ce fameux poids et ce fut à ce moment là qu’il l’aperçut. Du bleu. Il voyait une couleur.

Lentement, il attrapa la chose bleue et remarqua bien rapidement que la chose n’était rien de plus que des cheveux. Il releva alors la tête et aperçut le visage de Lux au-dessus du sien.

« Salut Leo ! Tu es enfin réveillé ! Hippo m’a dit que tu étais bizarre aujourd’hui et je me suis dit que ça serait cool de voir ça. Par contre, je crois qu’il s’inquiète pour toi… »

Leo n’écouta même pas ce qu’elle lui racontait. Il était beaucoup trop concentré à la regarder. Il pouvait voir. Il n’était pas devenu aveugle.

Un sourire illumina son visage alors qu’il se redressa et attrapa le visage de Lux entre ses mains.

« Lux. Tu n’as pas idée à quel point je suis heureux de te voir. »
##   Dim 9 Sep 2018 - 19:10
Anonymous
Stelkin Lindovano [MP]

Coucou les gens owo:

Il l’observait avec toujours cet air étrange, objet factuel de fascination autant que d’interrogation. En silence, sans rien dire. Il était son ombre, celui qu’on ne voyait pas.

Comme à chaque fois, le petit homme se levait et commençait son étrange nouveau rituel. Il se levait, allait s’asperger d’eau le visage tout en se regardant dans le miroir. Parfois l’autre homme (il s’appelle Alexander, c’est un infirmier travaillant dans un centre hospitalier à Nénucrique, dans le service psychiatrie) venait le rejoindre mais pas ce matin. Il se trouvait actuellement dans une autre salle où les aromes puissants du café participaient à l’éveil du corps et de l’esprit. S’habillant rapidement, il prit alors ce temps devenu sacré de se poser quelques instants à discuter avec l’infirmier grâce à qui sa vie changea du tout au tout et ce, pour le meilleur. Si ce n’était pas lui, il serait encore parti se perdre dans les montagnes escarpées du mont argenté sans espoir de s’accommoder à la vie de tous les jours, détruit intérieurement par l’influence néfaste du faiseur de cauchemars.

Pourtant, le petit homme avait réussi là où lui avait échoué. Le colosse spectral était puissant, c’était un fait et il lui manquait ses jeunes époques où son nom faisait trembler d’effroi les communautés des esprits les plus reculées. Et les humains ? Ils n’étaient rien de moins que des bêtes de foires tentant de s’agiter dans tous les sens pour se donner de l’importance là où la force est reine de tout temps. Pourtant, la souris avait réussi à tromper la vigilance de l’omniscient et à le mordre au plus profond de sa chair. Cet état de fait le laissait songeur : après tout, Arkh pouvait démolir son maître quand il le voulait, que ce soit par ses poings destructeurs ou par ses ténèbres mortelles. Pourtant…

Il y eut comme une légère panne électrique de quelques secondes et Arkh sentit instantanément une grande lourdeur dans la pièce. Mais il n’était pas le seul. L’homme aux yeux bleus était en train de reposer lentement sa tasse de café sur la table, comme si un frisson glacé lui parcourra l’échine. Alexander sembla faire un commentaire sur le sujet mais le spectre n’avait jamais pris le temps de comprendre la langue des hommes. Et son maître restait prostré devant sa tasse de café fumante sans prendre conscience de ce qui se passait autour de lui. Telle une chape de plomb, le monde du silence se fit roi pour lui en ces heures matinales. Il lui était incapable d’entendre et à son plus grand effroi, également incapable de produire le moindre son sortant de ses lèvres.

La souris avait mordu l’être supérieur, pensait-il réellement qu’il allait le laisser s’en tirer comme ça ? Il n’était plus un jouet, il était devenu quelque chose, une ombre sur l’auguste échiquier de ses ambitions.

Alexander hurla alors que le Noctunoir apparut soudainement dans sa cuisine, visiblement toujours pas habitué à sa présence. Passé la surprise, le petit homme était en train de regarder son pokémon avec une gravité qu’il connaissait trop bien. On pouvait y lire une détermination qui caractérisait beaucoup Stelkin. C’était comme si quelque chose d’ancien et profond refaisait surface, comme si cette petite vie rangée qu’il était en train de reconstruire venait de passer au second degré. L’œil unique du spectre croisait le bleu profond des yeux de son maître. Un dialogue secret, unique qui laissa transparaitre une volonté farouche, la même que celle qui avait pris aux tripes Noctunoir la première fois qu’il avait rencontré le petit homme. L’agent n’était pas du genre à se laisser aller lorsqu’un problème se positionnait dans sa vie : son esprit réfléchissait déjà aux différentes options qui se présentaient pour le résoudre de la même manière qu’il mènerait un match pokémon. Après tout, perdre la voix et la faculté d’entendre n’étaient pas aussi traumatisant que les cauchemars ultra réalistes auxquels il avait dû faire face auparavant. Et il avait un allié ultime à présent. Ho-oh.

***

Les voilà parti en direction de la ville de Rosalia. Tous les trois. Alexander avait estimé que cela était mieux pour lui qu’il l’accompagne. Ils avaient emporté avec eux un cahier, à défaut d’avoir un téléphone portable. Et des stylos. Si effectivement ils ne pouvaient plus communiquer directement, les mots restaient des phares dans cette situation aussi abrupte qu’absurde. C’était son idée d’ailleurs. Peut-être que cet humain n’était pas aussi idiot qu’il ne le laissait paraître.

Le trajet ne fut pas si long malgré la distance, du moins pour les deux humains. En fait, compte tenu du handicap du petit homme, ils passèrent beaucoup de temps à écrire l’un après l’autre, comme deux gamins qui venaient de découvrir une nouvelle façon de communiquer. Leurs yeux pétillaient de malice – surtout ceux de son maître – au fur et à mesure qu’ils continuèrent leur silencieuse joute verbale. A un instant, ils se regardèrent, comme si le tout venait d’arriver à un point culminant. Mais dans le même moment, leur train venait d’entrer en gare. Haussant les épaules, Alexander froissa la feuille de papier, la boulette tombant à côté de la poubelle. Il accompagna Stelkin hors du train, dans la ville tentaculaire qu’est Doublonville.

Ils ne restèrent pas longtemps, préférant vite en finir avec ce problème. Arkh observa que son maître arborait un visage fermé. Est que l’agent s’inquiétait de perdre un autre sens ? Ou bien était-ce la venue dans cette ville qui le mettait pas à l’aise ? Le spectre n’avait, à vrai dire, que faire des petits tourments de Stelkin dans le sens où il lui tardait plus de voir en action la créature mystique, le phénix aux plumes iridescentes. Cela allait être un spectacle des plus fascinants. Et pour cela, ils devaient rendre une petite visite aux sœurs kimonos dans la ville voisine, Rosalia.

Si leur talent pour la danse n’était plus à prouver, elles avaient également des connaissances solides sur cet oiseau extraordinaire, Ho-oh. Ce pokémon légendaire a la particularité de pouvoir soigner n’importe quel  mal. C’était là que le petit homme avait réussi auparavant à soigner son esprit des cauchemars ultra réalistes dont il fut victime. Concernant son handicap, il n’en exprimait pas grand-chose mais son regard dans les rues de Doublonville puis dans Rosalia montrait à quel point cela l’affectait au fond de lui. Comme à son habitude, il se referma un peu plus et nul doute que la présence de l’autre petit homme l’aidait à surmonter cela.

Visiblement, elles n’étaient pas surprises de le revoir et l’avaient enjoint de venir tout en haut de la tour Carillon. La raison était simple : Sumeko, l’une des sœurs kimono, avait elle aussi été touchée par ce mal au même moment que lui. Depuis le précédent incident, c’était comme si son maître et cette humaine partageaient quelque chose. Il était clair qu’elle avait quelque chose de spécial, le spectre le sentait. Mais il ne pouvait rien y faire.

Avant de monter, les deux hommes écrivaient quelques mots sur leur feuille de papier. « On va vraiment voir Ho-oh ? Le vrai ? » Le dernier mot était fortement souligné, comme pour insister sur le côté exceptionnel de la chose. Il est vrai qu’assister à la venue d’un pokémon légendaire était assez incroyable en soi, autant que le calme olympien qui habitait son maître en cet instant précis. Il n’avait pas peur du tout car il savait quoi faire. C’est dans ces moments-là où il se disait que les humains n’étaient peut-être pas si faibles que cela. Du moins pas lui. Arkh restait étonné que le petit homme accepte la présence d’un inconnu au sein de ce rituel sacré.

Mais le spectre ne pouvait pas comprendre que certaines choses pouvaient transcender un problème d’audition ou de voix. Qu’avait-il donc loupé ?

***

Il devait être tard dans la nuit et il fallait faire vite. Les passagers étaient d’une manière générale assez féroces contre la compagnie ferroviaire et quand bien même leurs supérieurs sont de gros incompétents en matière de gestion et de prise de décision, c’était forcément de leur faute. Son job elle ne l’aimait pas mais il fallait bien qu’elle gagne sa croûte. Pourtant, une petite surprise allait l’attendre. Elle vit une boulette de papier par terre mal formée avec des notes dessus. On aurait dit une conversation.

Et on défait la boulette de papier:

Amusée, elle fourra le papier dans sa poche avant de reprendre le travail.



Et je tombe pile à 1500 mots. Merci beaucoup pour cet évènement, thème très sympa comme tout le monde ici ^^
##   Dim 9 Sep 2018 - 20:39
Anonymous
Narcisse [PaB]

Hello ♡ Je représente Peek A Boo pour cette épreuve, avec un de mes trois personnages, Narcisse.

C'est un vampire de 399 ans, bien qu'il en paraisse seulement 21, l'âge de sa mort. Il est joyeux, insouciant et extraverti. C’est un grand amateur de romans à l’eau de rose, de café et de poésie ; d’ailleurs, il en écrit à ses heures perdues. Il passe rarement inaperçu, parce qu’il est toujours en train de lancer des blagues de merde, draguer quelqu’un (probablement un.e blond.e), ou tout simplement faire quelque chose d’idiot et dangereux. Ah oui, et il est narcoleptique, ce qui signifie qu’il peut s’endormir n’importe quand, n’importe où.

Avec tout ça, il peut s’avérer difficile à supporter, mais c’est vraiment un gars sympa au fond ; il est toujours prêt à filer un coup de main ou bien tenter de réparer une injustice. D'ailleurs, il est détective privé - mais bon, soyons honnêtes, il n'est pas très doué.

Sa tronche de bg :



Tu dors. Pas très bien, d’ailleurs ; tu as beau tourner dans tous les sens, impossible de trouver une position confortable, et à force de bouger, tu finis par te cogner la tête contre quelque chose de dur. Le choc te réveille aussitôt, et ton premier réflexe est de porter une main à ton front douloureux.

Tu fronces les sourcils.

Quelque chose ne va pas.

Impossible de te souvenir ce que tu as fait avant de t’endormir ; mais ça, avec ta condition particulière, ce n’est pas vraiment inhabituel. Non, ce qui te déranges, c’était l’obscurité qui t’entoures. Tu sens quelque chose comme du carrelage froid sous tes doigts, et une odeur de nourriture flotte dans l’air – des crêpes, peut-être ? – mais tu ne vois rien. Et pourtant, tu as les yeux grands ouverts.

Ouais, ça, c’est pas normal. Est-ce que quelqu’un a voulu te faire une farce ? Avec une potion, peut-être ?

Grimaçant face aux protestations de tes muscles endoloris, tu te redresses en position assise et tâtonnes autour de toi, cherchant quelque chose pour t’appuyer.

— Ah, tu es réveillé.

Tu cesses de gesticuler au hasard. Tu connais cette voix.

— Alwin ?

— Quoi ?

Tu souris en entendant le ton lassé qu’il réserve aux personnes les plus pénibles (donc toi, forcément). Pas de doute, il s’agit bien de ton colocataire.

— Tu pourrais m’aider ? Je crois que je suis devenu aveugle.

♦️♦️♦️

Trois crêpes (que tu as eu quelques difficultés à manger sans en mettre partout) et quelques courtes explications plus tard, tu es toujours dans le noir le plus complet, ce qui semble contrarier Alwin plus que toi, à en croire l’inquiétude qui transparaît dans sa voix.

— Tu ne te souviens pas du tout ce que tu as fait avant ?

— Nope ! Mais ça va sans doute me revenir. Il reste des crêpes ?

— Oui, mais pas pour toi. Il faut en laisser aux autres.

Tes supplications n’y font rien, et tu finis par abandonner ; à grands regrets, car s’il manque vraiment d’humour, Alwin fait très bien la cuisine. C’est aussi la seule personne qui peut t’aider à l’heure actuelle. Malheureusement, il te quitte pour partir travailler (non sans t’avoir fermement recommandé d’attendre son retour pour qu’il trouve une solution, et de ne surtout pas t’aventurer dehors), et tu te retrouves seul.

La prudence voudrait en effet que tu restes sagement ici, mais sans tes yeux, les activités qui s’offrent à toi sont limitées. Tu ne peux pas lire ou écrire, tu ne peux pas regarder un film, et tu n’as personne à qui parler. En revanche, se promener dans Tokyo sans rien voir, voilà qui promet d’être intéressant.

Et c’est sans le moindre regret que tu entreprends de te diriger vers la sortie. Tu connais bien l’agencement de l’appartement, et les meubles t’aident à trouver ton chemin sans trop de difficultés jusqu’à la porte. Le couloir, ça va aussi ; il te suffit d’avancer tout droit, la main posée sur le mur pour t’aider. Monter les escaliers s’avère un peu plus difficile, et tu manques de te casser la figure à de nombreuses reprises, mais tu finis par arriver en haut, dans le hall de l’Agence. C’est là que les difficultés commencent ; à peine as-tu fait trois pas que tu te heurtes à un inconnu. Il ne doit pas être bien solide, car il ne soutient pas ton poids et bientôt, vous voilà tous les deux par terre.

— Hé ! Fais gaffe où tu mets les pieds, un peu !

— Oups ! Je ne vous avais pas vu, lances-tu d’un ton plus amusé que désolé, mais l’autre s’est relevé et s’éloigne déjà. Tu le plains ; le pauvre n’a pas l’air très détendu. Toi, Narcisse, tu l’es un peu trop pour quelqu’un qui s’est réveillé aveugle du jour au lendemain, mais venant de toi, ce n’est pas vraiment étonnant.

Alors que tu t’apprêtes à te relever, on t’interpelle.

— Vous avez besoin d’aide ?

La voix est douce, mélodieuse, probablement féminine. Bien sûr, tu ne peux pas voir à qui elle appartient, mais tu parierais qu’il s’agit d’une ravissante jeune femme. Confiant en ton intuition, tu esquisses un sourire charmeur.

— Je pourrais me débrouiller, mais refuser l’aide de quelqu’un d’aussi charmant que vous serait un crime.

Le rire cristallin qui récompense tes paroles te conforte dans ton hypothèse, et c’est sans la moindre hésitation que tu tends la main dans la direction approximative de la voix. Ce sont des doigts gantés qui saisissent les tiens et t’aident à revenir sur tes deux pieds ; et avant de les lâcher, tu y déposes un baiser. C’est sans doute un peu kitsch, mais pour le grand romantique que tu es, certains classiques resteront toujours indétrônables.

— Merci beaucoup. Pourrais-je connaître votre prénom ?

— Kaori, répond-elle, ce qui confirme en partie tes suppositions ; il s’agit bien d’une femme.

— Et moi, c’est Narcisse.

La discussion se poursuit pendant une dizaine de minutes, toujours dans le noir complet pour toi. Finalement, elle s’excuse de te quitter pour une réunion avec ses amies ; mais tu la convainc sans mal de te laisser son numéro, et même – tour de force de ta part – une photo de vous deux qu’elle prend avec ton téléphone. Fier comme un paon, tu décides de mettre fin à tes aventures sur cette victoire, et tu rentres tant bien que mal chez toi. On passera sur le moment un peu gênant où tu as martelé pendant cinq bonnes minutes la porte de l’appartement, pour finalement découvrir que ce n’était pas le bon mais celui d’à côté.

♦️♦️♦️

— Essaie cette potion.

Avec réticence, tu saisis le flacon qu’Alwin te tends. C’est la quatrième potion qu’il te fait boire, et les trois précédentes n’ont pas eu l’effet escompté (te rendre la vue), sans parler de leur goût plutôt désagréable. Mais si c’est amusant le temps d’une journée, tu n’as pas non plus envie de rester aveugle pour le reste de tes jours dans l’au-delà ; alors tu mets de côté ton appréhension et avale le contenu du flacon d’une traite.

— Alors ?

— Rien, constates-tu, mi-déçu, mi-soulagé. Tu préfères ça aux bourdonnements dans les oreilles que tu t’es tapé tout à l’heure.

Comme pour te contredire, un picotement se fait ressentir dans tes yeux. Tu clignes des paupières à plusieurs reprises, et puis tout à coup – miracle – des couleurs apparaissent, des contours prennent forme. Bientôt, tu distingues le visage soucieux et contrarié d’Alwin en face de toi.

— Mmh, c’est embêtant… commence-t-il, mais tu ne lui laisses pas le temps de finir ta phrase.

— Aha ! Ça a marché ! t’exclames-tu d’un ton triomphant, comme si c’était grâce à toi.

Il soupire de soulagement.

— Tant mieux, parce que je n’avais pas d’autre idée. Bon, il y aura peut-être des effets secondaires…

Tu ne l’écoutes déjà plus ; d’un pas sautillant, tu t’enfuis pour échapper à ce qui sera, tu n’en doutes pas, un long discours assumant.

— Merci, Al ! À plus !

— Eh, attends !

Ce sont les derniers mots que tu entends, car tu viens de refermer la porte de l’appartement. Prochaine destination : un salon de thé ou autre lieu romantique, en compagnie de la jolie fille de tout à l’heure. Il faut juste que tu retrouves son numéro et…

♦️♦️♦️

Alwin soupira. Narcisse n’était pas méchant, mais parfois, il avait envie de lui coller une paire de baffes tellement il le fatiguait. Bien sûr, il ne le ferait jamais, mais ça le démangeait.

Un grand cri brisa le silence, le faisant sursauter. Il provenait de l’extérieur, et ressemblait à s’y méprendre à la voix de Narcisse. Qu’est-ce qui lui était encore arrivé ? Avec un soupir, Alwin se leva. Il devait aller vérifier.

Il ouvrit la porte. Debout dans le couloir, le vampire tenait son téléphone portable qu’il fixait d’un air absolument horrifié.

À tous les coups, il s’est encore pris un râteau.

Il s’approcha pour voir ce qu’il en était. Sur l’écran tactile, on pouvait voir une photo. Deux personnes se trouvaient dessus : Narcisse, et une vielle dame souriante qui paraissait environ 85 ans. Alwin fronça les sourcils, et regarda son colocataire, qui était toujours figé dans une expression de choc.

— Elle est très bien, cette photo, Narcisse.

— Mais… mais…

— Mais ?

— Elle avait une si jolie voix…

Une jolie voix ? Alwin regarda à nouveau la photo, et soudain, il comprit.

— Je t’avais dit de ne pas sortir sans moi, asséna-t-il en tapotant l’épaule de Narcisse avec compassion, ce qui n’eut pas grand effet sur le pauvre garçon. Tant pis pour lui ; il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

Le laissant seul, Alwin s’apprêtait à rentrer, lorsqu’il se rappela d’un détail.

— Au fait, il reste quelques crêpes…

— J’en veux ! s’exclama Narcisse en se précipitant à l’intérieur.

Alwin sourit. Un vrai gamin.
##   Dim 9 Sep 2018 - 22:24
Anonymous
Wish [ES]

Spoiler:

A ses yeux, tout semblait figé. Oh, les carrioles hétéroclites tractées par plus ou moins n’importe quoi fusaient toujours le long de la rue, slalomant entre les étals dont le degré d’apesanteur variait drastiquement, mais la criée des marchands restait inaudible aux oreilles de la fillette. Elle hurlait, au beau milieu de l’allée commerçante, mais aucun son ne sortait de sa gorge, cri silencieux qui à défaut de vriller les tympans, vrillait le coeur des badauds.

De grosses larmes roulaient sur ses joues, torrent de peur et de rage qui assaillaient son esprit depuis le début de la journée. Elle avait peur de ne plus jamais parler, de ne plus jamais entendre. Elle enrageait de ne pas savoir quoi faire pour retrouver la parole et l’ouïe. Les passants essayaient de temps à autre de l’approcher, mais rien n’y faisait, elle restait prisonnière de sa geôle de silence. Ironique pour une taiseuse dont c’était le nom…

Sa trompette de compagnie lui frôlait la jambe, sautillant sur ses touche et jouant des notes ridiculement mauvaises pour la dérider, mais les perles salées coulaient toujours aussi fort au coin de ses paupières. Le cuivre se calma et s’assit aux côtés de l’enfant brune, son petit coeur de trompette malmené par la vue de son amie en pleurs. La pauvre ne comprenait pas que la jeune fille n’entendait rien, ce n’était qu’une trompette, mais elle aimait beaucoup celle qui l’avait traînée du champ d’éoliennes jusqu’à la Ville et qui la véhiculait partout où elle allait, alors elle continuait d’essayer d’arracher un sourire à la fillette désormais handicapée.

L’Esquisse faisait des siennes, bien sûr, mais l’enfant en avait par dessus la tête d’être la cible privilégiée de ce monde de fous. Ses oreilles bourdonnaient désagréablement, envahissant la tête de bruits parasites, purs produits de son esprit ivre de sons qui cherchait à reprendre une rasade de la sensation délicieuse des sonorités enivrantes qui brodait la vision et qu’il croyait jusqu’à ce jour sienne.

Ses larmes se tarirent, mais elle continua à sangloter en silence, parcourue de spasmes nerveux. Jamais, jamais elle ne pourrait plus ni entendre ni parler… Elle se saisit d’une pierre crayeuse et, le visage ravagé par ses pleurs, se leva péniblement, se dirigeant vers le mur le plus proche. Elle y inscrivit ces mots :

Écoutez, parlez, remplissez votre crâne de sons, de bruits, car ça peut à tout moment vous filer à jamais entre les doigts. N’oubliez pas. Le son est un don précieux.

Et elle déguerpit, la tête haute et les larmes aux yeux, espérant que l’Esquisse serait clémente et stopperait le maléfice.
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EPREUVE #6 — CHANGEONS DE POINT DE VUE.

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