La fierté. L’orgueil. La vanité. La prétention. De simples mots ayant la même signification, et pourtant tu les représentais chacun à toi seul. Il y avait peut-être sur terre des hommes ou des femmes levant la tête plus haut, observant les autres plus faibles avec un sourire encore plus sadique et abusant de leur pouvoir pour profiter des autres. Toi, tu ne regardais jamais en bas, tu regardais toujours plus haut, droit vers le ciel, espérant laisser derrière toi une route que tout le monde voudra emprunter pour grimper plus haut et devenir de meilleures personnes. Faire d’eux des diamants, peu importe si tu devenais leur ennemi, leur adversaire, leur cible. Tu resterais la tête haute, pour devenir un roi et un ennemi. Ils se regrouperont sous tes ordres pour te suivre ou ils se regrouperont pour t’affronter et deviendront d’une façon ou d’une autre. C’est pour cela que tu les provoqueras et tu seras toujours à ton sommet ou être prêt à défier les sommets, voilà ton objectif.

Mais… Dire cela devant cette fille serait inutile, et elle comprendrait que tu n’es rien d’autre qu’un parasite ennuyant les autres… Ce que tu refusais ! Elle devait voir en toi un roi ou un ennemi. Et toi, tu voulais savoir ce qu’elle avait à te donner.

Sa réponse fut claire et légèrement surprenante. Tu devais d’abord passer au rang Etoile et maitriser ton pouvoir à la perfection, simple. Mais l’autre étape sera bien plus compliquée : Être recommandé par un master. Tu devais donc impressionner un master, suffisamment pour qu’il te fasse confiance pour défendre Terrae… Défendre de quoi ? Une menace ? Ton intérêt fut piqué à vif en entendant cela. Tu n’étais pas contre la directrice… Et si son royaume avait des ennemis, ils deviendraient aussi les tiens. Pactisé avec eux pour te retourner contre Hideko ? … Mais ça serait juste lâche ! Tu allais vaincre la directrice sur son terrain et devenir le roi de Terrae. Mais chaque chose en son temps. Elle avait une question à te poser maintenant.

- « Ce qui m’a poussé à venir ici ? » Voilà une question bien sympathique. Pourquoi ? Car pour le coup, tu n’avais pas une réponse précise et logique à dire. Tu fermas les yeux en te grattant le menton, répondant à haute voix au fur et à mesure que les réponses passaient à travers ton esprit. « Pourquoi suis-je ici ? Alors … Par curiosité, curieux du fameux vide. Curieux des pouvoirs… Je pourrais bien dire que ce sont les péchés qui m’ont forcé à venir ici. L’envie, l’avarice, la gourmandise du savoir. Savoir plus sur mes pouvoirs, le vide, les masters, Terrae. Oui, je pense que … Ce qui m’a poussé à venir ici est une flamme brulant en mon être, une flamme me poussant à aller de l’avant et d’obtenir ce que je n’ai pas encore… Donc… Oui, j’ai succombé aux péchés capitaux et j’ai décidé de venir ici. Je ne peux pas le résumer autrement… Une question difficile en tout cas. Mon tour. »

Tu avais déjà ta question en tête et elle sortit immédiatement de tes lèvres.« Tu as dit que les masters devaient défendre Terrae de menace. De quel type de menace parlais-tu ? »

Le Centre. Il s'en fallut de peu pour que les mots m'échappent. Mais Hideko avait été bien claire avec les Masters. Chaque chose en son temps. Avec ce qu'il s'était passé l'hiver dernier et les tensions qui étaient nées à Terrae, il fallait faire attention aux mots qu'on employait. Et surtout, il fallait être bien renseigné avant d'évoquer le moindre problème.

Bien sûr, le Centre avait été évoqué - je crois ? Ipiu avait demandé une interview à Hideko, et il me semble qu'elle avait fait paraître dans le journal quelle était la menace actuelle qui surplombait Terrae. Mais malgré cela, Hideko préférait qu'on ne s'étale pas trop. Il fallait attendre que chaque information soit vérifiée avant d'être partagée. Beaucoup d'élèves n'étaient pas d'accord, mais pour une fois, je partageais l'idée de la directrice. Si tout le monde était au courant de la moindre information, si tout s'échappait tout de suite, alors ce serait la panique. Les rumeurs à tire-larigot, les problèmes de discipline, les élèves qui modifient les propos entendus... Il fallait que tout soit clair. Et pour que tout soit clair, l'information à divulguer devait être réfléchie. On ne devait pas, et on ne pouvait pas tout laisser échapper d'un coup, à l'embouchure de n'importe quel couloir.

Mes yeux croisèrent ceux de l'initié, et je répondis enfin :

-Il y a quelques années de cela maintenant, des scientifiques, en ayant entendu parler de nos pouvoirs, ont pris la décision de nous étudier, et de reproduire nos pouvoirs. De créer des soldats prêts à combattre. Ils se sont installés un peu partout dans le monde, et ont commencé à enlever des élèves.

La cicatrice, que j'avais toujours gardé, commença à me brûler dans la nuque, comme à chaque fois que j'évoquais ce souvenir douloureux.

-Ils nous ont pris pour cible et nous ont traité comme des rats de laboratoire. Nous n'étions rien de plus qu'une expérience pour eux...

Je passais une main sur le code barre qui ornait le bas de ma nuque.

-Ils ont enlevé des personnes qui avaient ressenti le Vide pour les emmener avec eux, et leur injecter chimiquement des pouvoirs. Sauf que ça ne fonctionnait pas : soit les cobayes mourraient, soit ils ne contrôlaient rien et finissaient par se transformer en monstre. Ils ont volé leur humanité après nous avoir volé la nôtre pour nous étudier. Puis ils ont décidé de s'en prendre frontalement à nous. Et à ce moment-là, il a fallu que nous nous défendions.

Je me mordis la lèvre une seconde. Ce missile, envoyé sur nous pour nous détruire ; ce missile, que j'ai serré entre mes mains pour le faire exploser, encaissant les dégâts avec ma greffe, me privant d'une partie de ma vie future.

-Les menaces qui visent Terrae sont de ce type-là. Parce que même si de plus en plus de personnes adhèrent à notre cause et acceptent de travailler avec nous, il y aura toujours des personnes qui nous rejetteront, qui voudront nous nuire ou qui voudront abuser de nous. Le rôle premier des Masters de Terrae, ce n'est pas juste faire tourner Terrae, s'assurer que tout se passe bien ou donner des cours. C'est aussi la protéger lorsqu'une menace apparaît et risque de nous détruire, nous tous.

Je marquai une pause, revenant doucement à l'instant présent, me débarrassant de ces souvenirs douloureux et de ce qu'ils avaient engendré comme dégâts dans ma vie.

-Quelle a été la raison de ton vide ? J'accepterais que tu ne répondes pas, certaines personnes préfèrent ne pas en parler.

HRP : Elle raconte sa vie sorry o/

Et voilà qu’enfin, la boîte de pandore s’ouvrit. Et exactement comme dans la légende, son ouverture  répandit le malheur sur la terre et les hommes souffrirent et commencèrent à faire se faire souffrir entre eux. Cette fille, Hojitake, tu ne la comparais pas, seulement à l’une des nombreuses personnes qui a été témoin de son ouverture et fut emprisonner dans cette tempête, obligé de se battre. Tu écoutas attentivement cette jeune femme, cherchant à trouver un sens à tout ce qu’elle pouvait dire, traduisant chaque chose qu’elle voulait dire.

Tu ne comparais pas cette femme à Pandore ou sa boîte, mais à la découverte des fameux pouvoirs. Le monde fut bouleversé en apprenant l’existence de pouvoirs. Et comme toujours, l’humain retourna dans son péché primaire, son péché le plus basique, un péché que tu ne suivrais jamais. La jalousie. Des combats, des guerres, des milliers de morts ont été causé par ce simple sentiment qui est marqué au plus profonde de chaque humain. Un péché caché derrière un faux sens de la justice et de l’égalité.  Des mots, encore et encore utilisé, cherchant à convaincre le peuple que ce genre de chose n’est pas leur faute. Mais pourtant… Le pouvoir vient du peuple. Un roi n’est rien sans ses fidèles et actuellement … Tu n’es rien, tu n’es qu’un homme cherchant des réponses pour atteindre son but. La seule chose que tu as… C’est une détermination sans failles.

Tu ne lâchas pas le regard de la demoiselle, comprenant rapidement qu’elle était au milieu de son récit. Que ce n’était pas des faits, mais son histoire qu’elle te racontait. Peut-être que derrière son côté enfantin et tête en l’air, se cachait une femme forte, ayant la capacité de sauver plus de monde qu’on pourrait le penser. À travers son regard et ses paroles, tu pouvais sentir colère, haine, tristesse, déception. Des sentiments humains des plus normaux mais… Ce genre de sentiment ne fait que mener vers un chemin ténébreux et horrible. Un chemin qui une fois prit, il était impossible de sortir seul et une fois trop loin … Impossible d’abandonner avant sa mort. La vengeance. Un sentiment d’une force aussi puissante que l’amour, pouvant mener à de grandes révolutions ou de grandes injustices.

Les masters étaient donc les gardiens de Terrae… Mais … l’humain est têtu, tu ne sais pas du tout combien de temps Terrae tiendrait encore… Mais il est sur d’une chose… Cet endroit, ce lieu, cette population de surhumain, tu deviendras leur roi ! Tu montreras que l’homme a atteint une nouvelle ère et que ce n’est pas par la guerre ou la mort que cette ère devra commencer.  L’Antiquité a fini à la chute d’un empire,  le Moyen Âge finissait sur la fin de l’empire voisin et les temps modernes à la fin de la révolution Française lorsqu’un roi égoïste et une reine trop jeune furent décapités par un peuple enrager. Tu pouvais voir de large nuage noir assombrir le futur de Terrae… Mais tu devais être leur soleil, celui qui chassera la pluie et apportera un équilibre… Tu ne connais pas encore les sacrifices que tu devras faire pour protéger ce monde, mais tu étais résolu à le faire. Pas pour toi, mais pour l’humain, car même si son cœur est sombre, tu savais qu’une part de lumière brillait en chacun d’entre eux.

Sa question alors arriva après qu’un léger moment de silence solennel. Elle changea totalement de sujet, s’intéressant directement à toi. Même malgré cette histoire, capable de briser des cœurs, elle resta solide. Mais elle posa encore une question particulière… Une question dont tu avais la réponse, mais que tu cachais au plus profond de ton cœur, au plus profond de toi-même. Un sentiment que ta fierté cachait à la perfection.« Nan, je veux bien répondre mais … Malheureusement, je n’en ai aucune idée. Ce vide est arrivé après la mort de mes parents. Pourtant je n’étais pas triste de leur mort, je n’étais pas seul, j’avais tout ce qu’il me fallait. Même mon meilleur ami et ma meilleure amie sont restés avec moi. Mais je ne sais pas pourquoi, le vide est apparu, je n’arrivais pas à mettre la main dessus, pourquoi est-ce que je me sentais aussi mal. Je n’en avais pas la moindre idée. J’ai cherché, mais je n’ai pas encore trouvé la réponse. »

Tu soupiras un moment en regardant toujours cette demoiselle. « Donc, vous les masters, vous êtes les gardiens de Terrae et après les crimes que le monde a fait contre vous, je comprends que vous ne souhaitez pas faire confiance à nouveau à des personnes comme eux… Mais … Que comptez-vous faire ? Ce n’est pas une guerre que vous pouvez gagner. Vous pouvez la faire durer, vous pouvez repousser l’échéance. Mais si vous ne faites pas quelque chose. Vous ne pourrez pas protéger à tout jamais Terrae. Et plus cette guerre durera, plus des innocents seront blessés et des personnes souffriront. Je comprends bien que vous êtes dans une impasse. Si vous vous opposez ouvertement et devenez une menace, le monde se retournera entièrement contre vous. Une nouvelle forme de racisme pourrait même naitre. Alors … Que comptez-vous faire ou plutôt, que compte faire Hideko ? Je suis de tout cœur avec elle et vous mais… Cette guerre… n’est pas gagnable par des moyens conventionnels. Vous  vous … Nous nous sommes engagées à devenir meilleur et à apprendre à contrôler nos pouvoirs en suivant Hideko, en devenant des habitants de Terrae, mais … cette femme… quand je l’ai vu … La première question que je lui ai posée fut : Qu’est-ce qu’elle attendait de moi ? Mais j’aurais dû plutôt poser la question que je viens de te poser. »Ton regard doré ne lâcha pas une seule seconde celui de la demoiselle. Tu étais sérieux, un sérieux capable de trancher l’air lui-même. Tu voulais une réponse.

- « Master du tonnerre, Hojitake-senpai, que compte faire Terrae ? »

Et là, tout d'un coup, l'image que j'avais de lui changea. Je le fixais un instant, écoutant sa réponse, n'affichant rien. Rien, sauf peut-être de la compassion. Il avait perdu ses parents. Il avait tout. "Tout". Et pourtant, il avait ressenti le vide. Sauf que le Vide n'apparaît pas comme ça sans raison. Il avait peut-être "tout", mais est-ce qu'en réalité il n'avait pas plutôt rien ? Parfois on a l'impression qu'on a tout ce qu'il faut pour être heureux. Et après tout, la vie et la société veut qu'on croit qu'on a tout. Mais les personnes qui ont tout ne sont pas celles qui se sentent le plus seules ?

Sa question suivante, amenée par ce qui me semblait être une analyse de sa part sur notre fonctionnement, me tira un sourire en coin. Mais oui, c'est vrai ça, que compte faire Terrae après tout ?

-Vivre.

Et exister. Trouver sa place. Simplement être là, sans se faire rejetter.

-Pourquoi faire la guerre quand il n'y a pas de raison de la faire ? Répondre à l'agressivité par de l'agressivité, ce n'est pas quelque chose qui fonctionne.

Je l'apprends chaque jour un peu plus à mes dépens.

-Parce qu'on te pointe du doigt, il ne faut pas pointer du doigt en retour. Si l'on est agressé, l'agresseur n'attend qu'une chose, c'est qu'on réponde pour qu'il puisse lancer la balle dans notre camp et dire que nous avons commencé. Parce qu'après tout, nous sommes un danger, rappelons-le ! On a des pouvoirs, on est différent. On peut contrôler le monde tellement facilement...

Alors pourquoi on ne le fait pas, finalement ? Pourquoi est-ce qu'on n'éradique pas tous ces êtres inférieurs qui ne cherchent qu'à nous nuire ?

-Sauf que l'objectif de Terrae n'est pas d'agir ainsi. Chaque jour, des Masters et des groupes d'élèves partent en mission dans le monde afin d'aider les autres. Afin de parler de Terrae, partager ce que nous sommes pour calmer les doutes et apaiser les peurs. Nous essayons de partager nos services, pour que nous ne soyons pas les seuls à profiter de nos pouvoirs. Nous aidons les pays alliés en partageant nos pouvoirs ; limitant leurs dépenses, améliorant l'environnement.

Même si ce n'est pas toujours facile, même si c'est parfois douloureux lorsqu'on sort d'une épreuve difficile, même s'il faut parfois avoir le dos bien rond...

-Notre seul objectif est d'être reconnu pour ce que nous sommes : simplement des êtres humains. Peut-être qu'on a des pouvoirs. Peut-être qu'on a des capacités qui ne sont pas humaines. Mais dans le fond, pour avoir terminé ici, c'est que nous étions humains. Le Vide que nous avons expérimenté ne peut être ressenti que par un humain... C'est notre profonde humanité qui nous a permis d'arriver où nous en sommes aujourd'hui.

Alors pourquoi se battre ? Quel est l'objectif ? Quelle serait la finalité ? Non. La guerre et la mort ne sont pas une solution. Apprendre à vivre ensemble, c'en est une.

-Qu'attends-tu de Terrae ?

Tu n'attendais donc rien de Terrae. Tu ne voulais pas qu'on te choisisse pour devenir Master, mais qu'on reconnaisse que tu étais pré-destiné à le devenir. Tu voulais qu'on te suive, que le monde ainsi que Terrae suivent tes pas parce que c'était simplement qui tu étais. Car tu étais le Soleil. Cette lumière douce et chaleureuse à la fois qui écarte l'ombre, éloigne les démons, rassemble les gens.

Son sourire me déstabilisa. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme lui auparavant. Il avait une assurance qui me dépassait. Il ne reconnaissait pas simplement certaines de ses qualités : il s'aimait. Il s'aimait, et il voulait qu'on l'aime. Parce qu'il était tout simplement né pour être comme ça. Parce qu'il était un "Soleil" et qu'il agissait en tant que tel. Mais le Soleil n'était-il pas seul, là-haut, haut dans le ciel, si loin de tout ?

Sa question resta en suspens un instant alors que je gardais mes yeux rivés sur lui, cherchant à comprendre la vie qu'il avait pu mener pour devenir l'homme qu'il était aujourd'hui.

-Je croyais que c'était une question chacun notre tour ?

Mes lèvres s'étirèrent lentement en un sourire en coin, très léger, et je repris finalement :

-Je suis devenue Master parce que je l'ai voulu et qu'on m'a reconnu en tant que telle. Je te l'ai dit : il faut être recommandé par un Master pour le devenir à notre tour. Il faut donc être reconnu comme capable d'endosser ce rôle pour le devenir.

Je marquai une pause, cherchant mes mots.

-Je suis devenue Master parce que je voulais avoir suffisamment de pouvoir pour défendre Terrae. Je me bats pour vivre, mais surtout pour que toutes les personnes que j'ai déjà pu rencontrer, que j'ai pu aimer, et même celles que j'ai pu détester puisse vivre.

Et je pourrais donner ma vie pour eux. Je l'ai déjà fait. Mes pensées se perdirent un instant et je pris un certain temps avant de formuler ma question.

-Quel est le sentiment le plus fort que tu aies déjà éprouvé ?

HRP : Désolée, c'est pas hyper long, mais j'ai essayé de te donner de quoi rebondir quand même ><

Ahah, très drôle. Sur le coup, ton sourire disparut avant de réapparaitre lorsque tu compris enfin la blague. Effectivement, tu avais enchainé plusieurs blagues, mais c’est l’emballement du moment qui t’avait forcé. Tu avais un talent pour les discours, mais bon, pour une discussion en tête à tête, ce n’était pas du tout utile. Tu sortis les mains de tes poches pour croiser les bras, écoutant attentivement ce qu’elle voulait dire.

Malheureusement, elle ne partageait pas la même philosophie que toi. Et pour cette fois, tu l’excusas. Elle n’était point reine, elle n’était pas une princesse. Elle était humaine. Peut-être elle était destinée à être master tout comme toi tu es destiné à devenir roi. Mais elle … a voulu être master, ce qui veut bien sur dire qu’elle n’avait pas une confiance absolue en elle. Elle se battait pour la vie… Et c’était aussi admirable qu’égoïste. Car elle se battait pour la sienne, mais aussi pour celle des autres mais … Qui ferait-elle passer en premier en cas de danger ? Si tu lui demandais, elle dirait certainement qu’elle ferait passer les autres avant elle mais … Ce n’était pas une preuve suffisante. Tu souris calmement la laissant poser à son tour sa question que tu attendais avec impatiente. L’idée de lui faire tout avouer avait peu à peu disparu, et était devenu un jeu pour toi. Tu voulais répondre et la satisfaire pour être ensuite satisfait.

- « Le sentiment le plus fort que j’ai éprouvé… En voilà une bonne question. Mais la réponse est évidente. La fierté ! » Tu regardas le plafond un moment, te demandant pendant une seconde si sans le vouloir, tu te mentais à toit même avant de regarder à nouveau la demoiselle. « Je suis fier, comme le soleil. Quand il monte par-dessus l’horizon, sa splendeur cache la lumière des autres étoiles et réchauffe la terre. Apportant vie sur terre. Il est fier, seul, unique, et porte son fardeau seul sans aide. Même si le monde vient à disparaitre avec nous avec, lui, il continuera à vivre, faisant à nouveau pousser des plantes et éclore des fleurs. Il fait fondre la glace pour la transformer en eau, qu’il fait évaporer pour apporter la pluie et nourrir les plantes qui vivent loin des rivières.  Il est le centre de notre monde, et il est le seul qui puisse le faire. Il est le seul à pouvoir porté son fardeau… Mais plus maintenant, aussi stupide que ça puisse paraître, je suis venu au monde en incarnant le soleil, je suis son émissaire, et je l’aiderais sur terre à éclairer notre monde. Et c’est cela qui me remplit jour à jour de fierté. Tu peux me prendre précisément pour un illuminer, mais mon but n’est pas distinct de celui d’une religion. Mais au lieu de prier une divinité qui n’apparaît jamais sauf dans des écrits, je guide fièrement ceux qui voudront me suivre sur la voix du soleil. Et c’est cela mon plus grand sentiment. Être le guide de notre astre le plus précieux. Pas d’un dieu qui pourrait nous avoir donnés vie, mais du cadeau éternel qui illumine le monde. Voilà mon fardeau et mon choix, le sentiment que j’ai choisi est aussi le chemin que j’ai emprunté. »

Tu pris un bon moment pour respirer après un tel monologue. « Bon sang, je commence à comprendre pourquoi certain roi d’ancien temps avait des scribes pour écrire tout ce qu’ils disaient. Bien dommage. »Tu fixas un moment la demoiselle, cherchant une question à lui donner. « Bien alors… Voilà, une question que je me pose souvent depuis que je suis petit.  Nous sommes d’accord, à la fin d’une histoire, parfois, le héros se sacrifie pour sauver le monde. Ensuite, tout le monde est heureux, ils chantent tous fièrement, les fleurs repoussent, etc etc. Mais… » Tu pris un moment pour réfléchir, essayant de répondre toit même à cette question. « Le héros, lui, ne peut pas voir cette fin. En se sacrifiant, la seule chose à laquelle il peut s’accrocher, c’est l’espoir que son sacrifice ne sera pas vain. Que sa mort et son sacrifice seront suffisants pour sauver le monde. Mais toi… Héros, pourrais-tu te sacrifier en t’accrochant seulement à ce simple espoir ? »

-Je suis immortelle.

Ces mots s'échappèrent de ma bouche sans que je ne le contrôle, et je me vis détourner le regard à l'instant-même où je les prononçais. Je n'avais pas vraiment le droit d'en parler... Enfin, en réalité, je ne le savais pas vraiment. Après tout, nos greffes nous appartenaient, non ? Et ce n'était pas vraiment un secret, tôt ou tard, tout le monde finissait par découvrir que les Masters possédaient une greffe, un pouvoir unique qui leur était propre. Alors aujourd'hui ou plus tard, qu'est-ce que ça changeait ?

De toute façon, il venait de bien trop m'énerver pour que je puisse me contenir. Comment pouvait-il parler comme ça ? La fierté ? C'était vraiment la fierté qui était le sentiment le plus fort qu'il avait éprouvé dans sa vie ?! Sans déconner !! Et il se prenait pour un Dieu. Clairement, il allait falloir que ce mec réalise ce qu'il disait. Et qu'il se rende compte des problèmes qu'il avait. Parce que là, ça n'allait plus. Vraiment plus. Il ne pouvait pas sciemment dire ça et ne même pas le ponctuer d'un petit "Nan mais je rigole".

Je soupirai, et me décollai de contre le mur pour me dégourdir un peu les jambes. Je gardai mes bras croisés sur ma poitrine.

-Je me suis déjà sacrifiée. Plusieurs fois.

Et le fait est que je n'avais même plus envie de m'expliquer. Parce que finalement, comment réagirait-il, si ce n'est en traitant ça que comme une simple information vulgaire et dénudée d'intérêt ? La seule personne l'intéressant réellement n'étant que lui.

-Pour le moment, je ne suis pas capable de mourir. Mais à chaque fois que j'encaisse un choc qui devrait entraîner ma mort, ma vie est raccourcie. Les médecins ne sont pas encore capables de me dire quelle est mon espérance de vie actuelle. Mais mon organisme se régénère déjà moins rapidement que pour les autres personnes de mon âge.

Je meurs à petit feu, à une vitesse que personne ne peut déterminer.

-Alors oui. Oui, je peux me sacrifier. Et je l'ai déjà fait avant de recevoir ce don. Je suis impulsive. Je suis une Tonnerre, après tout. Les actions, avant les mots et la réflexion. C'est à cause de cela que je suis devenue immortelle. Il me fallait continuer à vivre pour continuer à protéger les autres.

C'est ce que mon rêve m'a révélé... Lorsque je suis devenue Master, le Rêve m'a montré que je devais continuer à vivre si je devais vouloir sauver tout le monde. Je mourrais peut-être plus jeune. Mais pour l'instant, mon organisme me permettait de pouvoir continuer à les sauver...

Cette révélation fut … assez ... nan, tu ne pouvais juste pas t’y attendre. Au début, tu levas un sourcil surpris par ce qu’elle venait de dire. Elle ? Immortelle ? Elle pourrait vivre pour l’éternité ? Comme le soleil ? Sur le coup, tu ne pouvais pas la croire, mais ses mouvements, son regard fuyant… Ce n’était pas la réaction d’une menteuse ou d’une blagueuse. Pouvait-elle vraiment être immortelle ? Quel âge avait-elle alors ? Des centaines d’années ? Plus ? Elle prit un moment avant de reprendre ce qu’elle avait à dire…  Elle s’est sacrifiée plusieurs fois ? Mais … si elle était vraiment immortelle, la question n’avait pas vraiment le même poids. Tu soupiras pour l’écouter, essayant de comprendre la vérité.

Elle révéla alors autres choses, pas seulement qu’elle c’était déjà sacrifier avant d’avoir ce don, mais surtout qu’elle n’était pas immortelle. Une fois qu’elle finit de parler, tu attendis sa question, mais rien ne vint… Tu devais avoir touché une corde sensible. Tu inspiras un moment avant de lâcher un très long :« Baaaaaaaaaaaaka. »

Tu massas doucement ton front avant de relever le regard. « Je sais pas si ce que tu dis est vrai, si tu t’es vraiment sacrifié plusieurs fois de manière aveugle ou alors en agissant vraiment comme une héroïne, mais je peux te certifier une chose. Tu n’es pas immortelle. » Tu poussas un autre soupire en penchant la tête sur le côté. Alors c’était ça, le roi était devenu agressif, tu allais te mettre à l’insulter de menteuse. Le rabaisser, la prendre pour une moins que rien. Nan, rien de cela.

- « Tu finiras par mourir un jour ou l’autre, comme moi ou n’importe qui. T’es pas immortelle t’es … Une dure à cuire. Si tu étais immortelle, tu n’aurais pas à craindre ton temps de vie. » Alors c’était ça ? La répartie d’un roi ? Tu rectifias juste ce qu’elle voulait dire ? Tu ne voulais pas la contre dire, mais juste corriger ce qu’elle disait. Tu inspiras un moment, te replongeant dans tes pensées.

- « J’imagine que tu dis la vérité, le monde est plein de surprises, alors pourquoi pas une femme refusant de mourir… Ensuite… Ensuite, je ne sais pas vraiment quoi dire. J’imagine que comme j’ai entendu dire, les masters ont vraiment des pouvoirs uniques en leur genre, et toi ça serait la renaissance. Mais … Bien joué, tu es capable de faire quelque chose que je ne serais jamais capable. Me sacrifier pour les autres, tu es peut-être l’héroïne de cette histoire, mais moi, je ne serais jamais le héros de l’histoire. Je te l’ai dit, je dois guider le peuple à devenir meilleur, guider les autres. Si je disparais, je ne sais pas si quelqu’un pourra prendre mon flambeau et éclairer la voie comme moi. J’imagine que c’est pour cela qu’ils t’ont choisi comme master. La force du sacrifice… Mais j’ai une question.  Est-ce que … »» Tu t’arrêtas pour rire légèrement tête baisser. « Ok, je m’arrête, j’allais tricher sur le coup. C’est à ton tour de me poser une question. Alors pose-moi n’importe laquelle, je répondrais sincèrement. C’est le moins que je puisse faire, maintenant que tu m’as révélé ton secret comme cela. Mais je vais préciser une dernière chose avant que tu poses ta question. » Ton sourire disparu pour redevenir ‘un sérieux mortel. Capable de pétrifier un être humain s’il osait mentir. « Depuis le début, je n’ai dit que la stricte vérité. Car un roi ne ment jamais. » » Puis son sourire revint comme si rien n’était. « Ton tour. »

L'insulte qui s'échappa de ses lèvres acheva de me mettre hors de moi. Mes doigts se contractèrent et je serrais encore un peu plus mes bras, finissant par détourner le regard pour ne plus avoir à affronter son regard. Mais oui, bien sûr, joue avec les mots. J'aurais peut-être pas dû dire ça comme ça alors, mea culpa monsieur le Roi.

Et voilà qu'il continua à argumenter ma réponse, me désignant comme une héroïne, et continuant à se placer comme le Roi qui guidait le peuple. Je me mordis la lèvre inférieure, à deux doigts de craquer, mais parvins à me contenir. Respire Mitsuki. Il est nouveau, et puis tu ne peux pas le juger comme ça, n'est-ce pas ? Après tout, il a le droit de s'exprimer, lui aussi. Même si c'est pour raconter tout un tas de choses avec lesquelles tu n'es pas d'accord.

Ses dernières paroles finirent pourtant par me faire franchir le pas. Il ne mentait pas, car un Roi ne ment jamais.

-Très bien, alors joue avec les mots autant que tu le veux. J'suis pas immortelle, si tu veux, oui je finirais pas mourir de vieillesse, comme tout le monde, mais peut-être à 40 ans alors que tous les autres vivront le double de mon âge. Alors oui, oui, j'suis pas immortelle, je ne peux juste pas mourir des blessures qu'on m'inflige à ce moment de ma vie. Excuse-moi de m'être fourvoyée et d'avoir pensé que j'étais immortelle quand j'ai littéralement explosé avec un missile et que j'ai survécu.

Ou quand je me suis fait plantée. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et que ma blessure s'est résorbée à l'instant où elle est apparue. Désolée, hein, de n'avoir pas le vocabulaire approprié.

J'essayais de détendre mes doigts accrochés à mes bras, cherchant au moins à ne pas empêcher mon sang de circuler dans mon corps.

-Ma question est la suivante : ...

Qu'est-ce qui dans ta vie t'a amené à devenir aussi con...?

-Comment penses-tu un jour pouvoir gouverner un quelconque peuple si tu te comportes comme ça au contact des personnes qui t'entourent ?

Comment pouvait-il continuer à sourire ? Comment pouvait-il continuer à parler en restant si sûr de lui ? J'étais à deux doigts de l'encastrer contre le mur. Comment pouvait-on être aussi détestable ? C'était insupportable. Absolument insupportable. Je ne comprenais pas comment il pouvait agir ainsi. Ce n'était pas humain. Il était tout, sauf humain. Mais bien sûr, si je le lui disais, n'aurait-il pas réponse à tout, encore une fois ? Ne serait-ce pas facile pour lui de répondre quelque chose comme "Mais c'est normal, je ne suis pas humain, puisque je suis le Soleil." ?

Plus il parlait, pire c'était. Est-ce qu'au moins il s'entendait ? S'était-il mis un seul jour à la place des personnes qui l'entouraient ? Avait-il un jour imaginé ce qu'ils pouvaient ressentir ? Oh, qu'est-ce que j'aurais aimé qu'il soit Sensitif, ou même Télépathe. Mais c'était bien évidemment impossible : son caractère le plaçait au sommet de l'affinité des Feux. Comment avais-je pu passer à côté de ce détail si flagrant ? Bien sûr qu'il était feu. Puisque mes relations avec les Feux avaient toujours été les plus compliquées.

-Tous ces rois que tu admires ne sont que des guerriers issus au rang de légende par la littérature. Que sais-tu d'eux à part ce que tu en as lu ? L'histoire écrite n'est que l'histoire qui a voulu être partagée. Mais est-ce là l'entière vérité ? Tu me parles de personnes qui ont existé à une époque où personne ne savait lire ni écrire. Les récits racontent bien ce qu'ils veulent... Et les personnes chargées de les écrire avaient bien trop peur pour leur vie pour oser tout raconter.

Mon corps entier était tendu tant je luttais pour garder ma colère enfermée au fond de moi.

-En plus, tu dis que ce sont des personnes qui se sont montrées sur le front, et qui ont été capable de se sacrifier pour leur peuple... Alors que toi-même tu m'as dit n'avoir pas pour rôle de te sacrifier. Ton objectif étant seulement de "guider".

Je fis claquer ma langue contre mon palais.

-Alors quoi ? Tu te compares à des héros, alors que tu n'as pourtant absolument rien en commun avec eux ? Tu n'es qu'un lâche qui veut être vu de tous, remarqué de tous, parce que tout ce qu'il a toujours cherché n'a toujours été qu'attirer l'attention et être aimé par son entourage. Sauf que hé ! Clairement, c'est pas comme ça que ça marche. Chaque Roi doit évoluer avec son temps. L'ère féodale est révolue depuis bien longtemps : maintenant le peuple a accès au savoir et est enfin libre de se forger sa propre opinion. Tu crois que parce que "Je suis le Soleil" et "Les gens suivront mon chemin", tout va se passer comme tu l'as prédit ? Si tu veux être un Roi, ne prend pas pour exemple des modèles qui datent d'un siècle dépassé depuis bien des années. Un Roi moderne doit savoir écouter son peuple et répondre aux attentes de tous. Trouver des compromis, essayer d'apporter des solutions. Il ne doit pas simplement s'asseoir sur son trône et dire "Puisque je suis le Roi, cela se passera ainsi, suivez-moi.".

Je resserrai mes doigts, sentis mes phalanges craquer.

-Redescends sur Terre et essaie de retrouver une once d'humanité. Ca fait un bon paquet d'années que je suis à Terrae, et je peux t'assurer que Terrae a déjà bien grandi. Elle a pas besoin de toi pour s'épanouir et évoluer. Il est grand temps que tu comprennes quel est le véritable enjeu de ta vie. Très franchement, je ne comprends même pas comment tu as pu avoir "un meilleur ami" et "une meilleure amie". As-tu déjà aimé quelqu'un, au moins ? T'es-tu déjà senti aimé pour toi et pour qui tu es ? As-tu déjà compris qui tu es...? Parce qu'à force de t'entendre parler, j'ai simplement l'impression d'être face à une jolie coquille vide, entièrement décorée d'or, mais complètement dénuée de vie.

Je sifflai entre mes dents, détournant le regard pour essayer de me calmer. Quel était mon rêve ? C'était la question qu'il avait posé tout à l'heure. Mais j'étais beaucoup trop énervée pour réussir à lui répondre.

-Mon rêve m'appartient à moi et à moi seule. Je n'ai certainement pas envie de le partager avec toi.

Et je n'avais plus envie non plus de poursuivre cette conversation. Je l'écouterais, s'il avait d'autres questions sur Terrae et son fonctionnement, mais je ne jouerais plus à ce jeu avec lui. Je ne relancerais pas de question. Plus la conversation s'arrêtait vite, mieux c'était. Ce n'était qu'une simple question de sécurité pour lui, s'il ne voulait pas finir écrasé contre le mur.

Et bien, pour le coup, tu ne t’attenais pas à une telle réponse. Elle était assez … Unique. Tu étais tombé dans la colère du tonnerre. Une colère impulsive et partant rapidement. Exactement comme les éclairs. Mais bon sang, quel manque de culture incroyable.  Au début tu haussas les sourcils, tu ne pouvais juste pas croire à de telle bêtise. Des guerriers devenant des rois. Bon sang, la preuve qu’elle ne connaissait absolument pas les célèbres légendes. Tu pouffas légèrement quand elle expliqua que tu parlais d’une époque où les personnes ne savaient pas lire ou écrire. Tu étais juste … Bon, laissons-lui le bénéfice du doute, peut-être que la colère l’empêchait de penser correctement. Tu parlais bien des héros légendaires  venant de pure fiction et de véritables rois ayant régné sur le monde. Iskandar, Léonidas,  ou même les pharaons, nous avons parfaitement appris leur véritable passé grâce à nos études actuelles de l’histoire.

Et elle ne semblait pas encore comprendre que tu faisais une parfaite différence entre les rois de légendes  et toi. Tu es un roi, pas un héros. Ce n’était pas ton rôle, et tu pensais l’avoir bien expliqué. Tu n’es pas un héros et tu ne le seras jamais. Tu as la force d’être roi, mais pas celui d’être un héros. Les deux choses sont si différentes et pourtant elle ne semble pas le comprendre. Tu soupiras devant les arguments inutiles de Mitsuki. Elle ne comprenait juste pas le potentiel, que tu avais c’était ridicule. Tu continuas de sourire, durant toute son explication. Même quand elle te compara à une jolie coquille vide. Une fois sa crise passée tu commenças à rire. À rire mais avec une force impressionnante et malgré la force employer, il n’était aucunement forcé. Tu mis un léger moment avant de finir de rire. Puis enfin tu repris ton souffle avant de répondre à la colère de la demoiselle.

- « Incroyable, je me demande juste une chose. Comment peux-tu aussi facilement t’énerver alors que tu es sensé être une master. Les habits ne font pas le moine. Mais tu ne sembles pas comprendre plusieurs choses, ce qui ne m’étonne pas. Comme tu l’as dit, tu agis avant de penser. » Tu t’avanças au milieu du  couloir avant de simple te mettre à tourner sur toi-même en toute élégance. « Je te l’ai pourtant dit, je ne suis pas un héros et toujours pas un roi. Je ne peux pas me comparer aux légendes d’ancien temps. C’est impossible. Je sais ce que je suis, je sais ce que je serais et je sais ce que je ne suis pas. » » Tu t’arrêtas pour faire une révérence. « Voir dans le cœur des gens, un pouvoir qu’il ne me fut pas donner mais que pourtant, j’en suis capable. Tu sembles étonné que j’aie un meilleur ami et une meilleure amie. Pourtant, la vérité est là. J’ai trouvé au fil du temps, deux alliés précieux et même d’autres alliées. Des gens de confiance qui la méritent. Mais tu ne sembles pas comprendre quelque chose. » Tu te relevas pour la fixer et la pointer du doigt. « Je ne veux pas obtenir ton rêve. C’est ton rêve. Ton objectif ! Ta chose ! Je n’ai aucun droit de choisir ton rêve en tant que roi ou non. La seule chose que je veux, c’est vous aider à réaliser votre vœu. Je comprends que c’est ton choix de refuser de me le dire. Mais… Avoir une telle réaction est assez … Nan, pas puérile … Inadapté est le terme correct. Et surtout. Terrae a beau avoir bien grandi, je suis bien conscient de cela. Mais un monde qui stagne n’est pas un monde qui vivra. Votre objectif est de vivre et moi, de vous aider à vivre. Mais … J’imagine que de toi, je dois m’attendre à une autre réponse agressive ou un vilain silence. N’est-ce pas ? Alors vas-y, déteste moi. »

Il. Me. Rend. Ouf.

En l'espace d'une demie-seconde, mon corps cessa de répondre à la raison, et ma main le saisit par le col. Arrêtée à quelques centimètres de son visage, je le fixais sans rien dire, la respiration saccadée, la mâchoire tendue.

Je n'en pouvais plus de l'entendre rire. De voir son sourire. D'entendre sa voix si sûre de lui. De l'entendre s'enfoncer encore et encore dans son délire. Mais je dus bien me résoudre à une chose : ils gagneraient toujours en utilisant les mots. Et user de la force contre lui ne ferait que lui apporter une nouvelle victoire. Il était au dessus. Il gagnait. Parce que j'étais impulsive, et qu'il le relevait à juste titre. Parce qu'encore une fois, il avait le dernier mot.

Je restais donc un moment comme ça sans rien dire, avant de le relâcher lentement. Je m'éloignai de quelques pas, pestant. Je pris une longue inspiration pour me forcer à faire redescendre la pression.

-Des alliés de confiance, ce ne sont pas des amis.

La différence est énorme. Ilios, as-tu vraiment été aimé et apprécié pour ce que tu es, et non pas pour cette image que tu renvoies ? Qui es-tu, au fond de toi ? Car je refuse de croire que tu n'es que cette personne détestable. Il ne peut pas y avoir que des choses à jeter...

-Je te déteste peut-être, mais je pense que dans le fond, j'éprouve de la tristesse pour toi. Un jour, tu réaliseras peut-être à quel point tu es seul, et la chute risquera d'être bien douloureuse. Parce qu'avec un tel caractère, il est impossible que tu aies de véritables amis. On ne peut pas lier de véritables relations si on est vide.

Je continuais à fixer le bout du couloir. Recroisant mes bras sur ma poitrine pour m'empêcher de céder à mes pulsions une nouvelle fois.

-Mon statut de Master veut que je réponde à tes questions, alors s'il te reste des interrogations sur le fonctionnement, les pouvoirs, ou autre, je t'écoute. Sinon, on pourra se séparer là.

Je vais essayer de ne pas bousiller l'entièreté de ma soirée, merci. Mon dieu, j'ai tellement hâte de rentrer pour pouvoir me plaindre de ce type à Ys ! Et s'il est pas là, désolée Balto, mais même si tu t'en fous, c'est toi qui devra m'écouter. Il faut que j'extériorise là.

Encore une fois, tu avais gagné. Elle se sauta dessus pour t’agripper au col avant de te fixer de très près. Tu lui souris tranquillement. Attendant qu’elle creuse sa propre tombe. Tu avais gagné ce combat avant même qu’il ne commence. Elle finit par te relâcher dans sa respiration erratique pour ne plus te regarder. Elle mit alors quelque chose en évidence. Une chose que tu savais parfaitement bien. Depuis le début, elle essayait de te faire comprendre quelque chose, mais ce quelque chose … Tu l’avais parfaitement accepté déjà, et ton vide… Profond ne venait pas de là. Ton vide était quelque chose d’autre. Car tu avais déjà accepté ton éternelle solitude.

C’est alors qu’elle dit clairement quel éprouvait de la tristesse pour toi. Ton sourire alors s’effaça… D’une façon, tu avais perdu un autre combat. Tu voulais qu’elle te déteste, qu’elle te haïsse, et que finalement après que tu sois devenu meilleur qu’elle. Sa haine la pousse à grandir pour devenir plus grand que toi et atteindre son plein potentiel. Malheureusement, sa tristesse, cette simple émotion, te gâchait la victoire et te laissait un goût amer dans la gorge. Elle finit par dire que si tu avais d’autres questions elle y répondrait. Ce que tu comprenais, c’est qu’elle prenait pitié de toi.

- « Hojitake-senpai… On peut dire que j’aurais appris beaucoup de choses sur toi, mais rien de ce que tu as dit sur moi n’est nouveau. Je sais bien cela. » Tu savais bien cela, tu le savais parfaitement. Mais c’était ton choix. « Un roi est toujours seul. Peu importe que ça soit Arthur et sa table ronde, ou bien Léonidas et ses 300 spartiates. Ils ont tous été toujours seuls. Et je le serais toujours. Je suis une coquille vide ! Et pourtant, même si j’ai du mal encore à y croire. Deux personnes sont devenues mes amis. Le soleil a toujours été seul, et pourtant, il continue de briller. Pourquoi ? Car c’est ce qu’il est. Je suis, comme lui, destiné à devenir un roi. Un roi qui finira par être oublié car je n’aurais pas la force d’être un héros comme les rois dont je t’ai parlé. L’histoire se souviendra peut-être de toi, mais moi je ne suis que de passage. Contrairement au soleil qui est éternel. Je te l’ai dit. Je sais ce que je suis. Je sais ce que j’étais, ce que je serais et ce que je vais devenir à travers l’histoire. Tu m’as parlé d’une terrible chute n’est-ce pas ? Que la chute sera si grande et si longue que l’impact me changera à jamais. Cette chute, je l’ai déjà vécu il y a longtemps, car je m’en suis bien vite rendu compte. Les rois ne sont jamais heureux et ne vivent jamais pour toujours. Comme Gilgamesh à la fin de son histoire, j’ai accepté ma propre mortalité et comme lui qui a décidé de régner sur Uruk seul, je régnerais seul. Je ne suis qu’une coquille vide, mais pourtant recouvert d’or. Je deviendrais roi, car peu importe ce qu’il m’arrivera, je dois le faire. C’est ma volonté et mon destin. »

Tu ne souris alors plus, mais ton regard n’était pas rempli de haine. Non. Tu étais réaliste, c’était le regard d’un homme faisant face à un destin qu’il connaissait déjà parfaitement bien. « Alors j’ai encore une question. Mais elle n’a rien à voir, avec mes pouvoirs ou Terrae. Tu peux y répondre, ou pas si tu le souhaites, je ne te forcerais pas. Et cette question, la voici. Si je suis une coquille vide, et que je ne deviendrais pas roi … Qu’est-ce que je vais devenir ? »Ton sourire ne rayonnait plus. Longtemps à travers l’histoire, les rois ont écouté les conseils des héros… Est-ce que ça allait encore être le cas ?