Normalement, à ce genre de proposition, je répond non. Je dis que ma religion me permet pas de célébrer noël, je suis pris ailleurs, etc... tout les prétextes sont bons pour éviter :
- Un bain de foule volontaire dans une pièce fermée.
- Sans doute devoir proposer une danse à la demoiselle qui vient de m'inviter.
-Devoir me trouver une tenue décente parce que je n'ai qu'un costume à disposition et il est réservé pour les bureaux et les rendez-vous administratifs.

Je me lance donc en quête de quoi me couvrir pour un tel événement. Déjà on va partir sur de la couleur, même si ce n'est pas forcément ce qu j'affectionne le plus. Je penche pour le bordeaux , couleur sobre mais chic. Veste et pantalons de costume c'est fait, j'ai même déjà une petit paire de mocassins noirs. Soucieux du détail, je décide de prendre un carré de soie du bleu des yeux de la dame pour la poche avant de la veste. Je décide de faire l'impasse sur la cravate, trop formelle pour le ton de la soirée.

Mais voilà, si j'ai ma tenue, j'ai absolument aucune idée de quoi faire de plus. L'impression d'un manque m'angoisse un peu. Un cadeau peut-être? Quel message je veux envoyer? C'est en passant devant la pâtisserie qu'une idée me vient. C'est un peu con mais ça peut marcher.

Je sors de ma boutique avec un ticket me demandant de repasser en fin de journée et je file à la maison d'une téléportation... sur le toit. Close enough. Je file à la chambre préparer mon ultime surprise à la demoiselle. N'empêche, faut souffrir pour être belle....


Bon. Je suis déjà en retard. Tout ne s'est pas passé comme prévu mais 5 minutes, c'est pas grand choses. Sauf si Lys a décidé que c'était quelque chose, là je suis foutu. En tenue, un bouquet de fleurs en pâtes d'amandes parfumée et chocolat au bras et surtout sans lunettes, remplacées ce soir par des lentilles et calées dans la poche de ma veste en cas de besoins. Je vais souffrir d'ici à ce que je me couche, mais je pense que ça sera son effet. Je m'engage donc sur le lieu des festivités, à la recherche de ma cavalière.

Je ne tourne pas longtemps avant de tomber, comme ma mâchoire à cet instant, sur Lys. Je me fais l'impression d'un barbare en pagne à coté de sa tenue composée, accessoirisée et sa coupe travaillée. Je ne peux que la reluquer un instant avant d'aller à sa rencontre. Une fois à portée de voix, je me permet d'interpeller la demoiselle. Je me demande si elle fait encore une fois semblant de ne pas m'avoir vu. Est-ce important?

"Lys?"

Pourquoi il y a une once de crainte dans le ton de ma voix. Comme si je pouvais me tromper, je ne connais que trop bien cette frimousse que j'ai plusieurs fois eu l'occasion de détailler de près. sans plus de cérémonie, je lui tend la friandise que j'ai fait confectionner pour elle.

"Un bouquet pour une dame, une douceur pour la femme et un cavalier pour la reine de la soirée."

De plus près, sa tenue aux couleurs de l'hiver ne perd rien de sa splendeur et j'ai du mal à ne pas le reluquer avant d'enfin la complimenter, comme elle doit un peu l'attendre.

"Tu es ...."

Ah non, Mon cher Søren, ce soir tu te sors les doigts. Acceptant finalement mon sort, je souffre de rougir un peu , le regard fuyant la belle, en parvenant finalement à articuler :

"..magnifique. Tu es vraiment magnifique. "

Puis le naturel revient au galop.

"Et fais gaffe avec le bouquet, ce serait dommage de te tâcher avec le chocolat qu'il y a dedans."

Vu la température de la pièce, y a un risque non négligeable que le chocolat fonde.

Un petit instant d'inattention et me voilà saisi un instant par le charme de la demoiselle. J'aurai eu du mal à l'imaginer mieux mis en valeur. Il n'y aurait eu personne autour, je me serai même laissé aller à la tirer contre moi par la taille. Mais les quelques regards qui se posent sur nous, enfin probablement sur Lys, m'en dissuadent.

Recevant mon cadeau, je me fais rabrouer par le choix, en effet un peu douteux, d'un cadeau qui tâche. Loin de me laisser démonter je prend au contraire le parti de défendre mon cadeau.

" C'est qu'il me fallait exprimer quelque chose pour exprimer mon transport. N'ayant pas de voiture sur le coude, j'ai choisi un cadeau éphémère car il représente le mieux ce que tu m'évoques. Ta présence rend chaque chose plus douce, mais dès le premier instant de ton absence, ce n'est que regret et nostalgie."

Oui j'avais prévu ce cas de figure. Je suis pas un bleu non plus, pas du genre à me laisser surprendre si facilement. Je semble cependant sauver l'honneur avec ma tenue qui arrive même à tirer quelques compliments de la demoiselle décidément bien en forme et déterminée à me faire tourner en bourrique. Soit.

Mais voilà qu'elle se décide à me prendre de court, alors que j'allais nous rediriger vers l'entrée, elle m'interrompt dans mon élan pour m'offrir un paquet que je déballe à sa demande. Le papier-cadeau est soigneusement plié et je n'ai aucune difficulté à venir à bout des bandes adhésives et découvrir une petite bôite à lunettes, du bois au touché, mais dont les reflets se réfractent en de multiples couleurs, qui changent à mesure que le regard parcours les veines taillées dans le bois, donnant un aspect presque minéral à l'ensemble. L'intérieur est lui aussi peint, recouvert d'un motif colorié et bariolé. J'y loge immédiatement mes lunettes, procédant sous le regard de Lys pour qu'elle profite de son moment. Un fois la boîte refermée, je la regarde un instant avant de reporter un instant mon attention vers Lys, me pencher vers elle et déposer un baiser au coin de ses lèvres avant de l'étreindre rapidement entre mes bras, lui murmurant à l'oreille :

"Merci".

Pour mettre fin à mon malaise, je prend le bras de la demoiselle aux yeux bleus et l'entraîne vers l'entrée pour sans plus attendre rejoindre la fête.

Sans surprise, il doit y avoir presque tout Terrae. La foule, c'est le seul mot qui me vienne, se regroupe autour de divers points d'intérêts dans la salle, le plus important étant le bar autour duquel la moyenne d'âge augmente sensiblement par rapport au reste de la pièce. je lance, mon meilleur sourire aux lèvres :

"Tu dois être assoiffée de m'avoir attendu si longtemps, je vais nous attraper ce qu'il faut et je te reviens dans les meilleurs délais."

Ainsi donc, me voilà en train de braver la foule, à jouer des coudes, pour péniblement attendre le comptoir.

Je rougis de ma méprise qu'elle se permet de souligner mais ne lui offre pas d'avantage de satisfaction. Manquerait plus que ça devienne une habitude de sa part de me corriger en permanence. Hey mais !?....

Bref...

La salle comble, la musique, les gens, le bar devant moi, par delà une mer d'individus déterminés à être servi. Me voilà contraint de jouer des coudes pour mes frayer un chemin en première ligne. Là, quelques bénévoles débordés s'affairent à servir les commandes qui tombent tout à la fois dans un brouhaha infernal. Malgré mes efforts il risque de me falloir passer un moment comprimé par ces foutus moutons qui ont décidé que ce comptoir serait leur bergerie. Gé-Nial.

Machinalement, je finis par jeter un coup d’œil à Lys, m'attendant presque à la voir taper son impatience sur pied. Pourtant je suis bien surpris de la trouver entre les bras d'un type qui tente visiblement de la faire danser. Tiens donc. J'observe un instant la scène et capte le regard un peu sidéré de Lys qui ne semble pas vouloir se prendre au pas de son cavalier. Je saute sur une conclusion et quand vient mon tour de commander, je prend un punch pour la demoiselle et un bloody mary pour moi.

Esquivant les incidents sur mon trajets hors du bain de foule, je me dirige sereinement vers les danseurs. Mais voilà, je suis un type maladroit, c'est bien connu. Il s'est donc trouvé qu'alors que j'arrivais au niveau du cpuple que j'avais en cible, je trébuche malencontreusement sur une couple qui passait sur en travers de ma route, envoyant volé le contenu de mon Bloody mary dans le dos du cavalier de Lys, répandant le liquide rouge et TACHANT sur sa personne. Youps. Bien entendu, je me précipite vers lui et me confond en excuse, attrapant un chiffon sur un plateau pour essuyer le liquide.

"Pardon, quel maladroit je fais. Il y a bien trop de gens ce soir pour circuler convenablement. Faudrait peut-être voir à agrandir... Oh zut, j'ai fait qu'étaler."

Bien entendu, le type à modérément apprécié. Mais je l'ignore pour l'instant, tendant sa boisson à Lys.

"Tiens, j'ai au moins pu sauver ton verre. L'échec est pas aussi cuisant qu'on pouvait le penser. Pas vrai mon grand?"

J'offre mon plus grand sourire au monsieur tâché de rouge. Ou alors c'st lui qui voit rouge. Allez savoir.