A defaut d'avoir un drone Zola avait décidé de venir sur le toit afin d'avoir un bel angle de vu de type panoramique sur l'institut. Il aimait bien le toit. Il y avait du vent, parfois des oiseaux et parfois des gens. Mais Zola aimait le toit surtout pour ses oiseaux et son vent. Il ferma les yeux un long moment, inspirant et expirant. Ses pieds sur le sol et sa main sur le rembarde de sécurité était tout ce qui le rattachait au terrestre. Il se sentait à la fois si petit et puissant comme ça. Il pensa qu'il pouvait être un oiseau ainsi et ça le fit rire. Alors il gloussa tout seul. Il avait peut etre l'air con à s'enjailler tout seul avec le vent mais ça le mettait de bonne humeur. Non mais c'est vrai, imaginez vous sur un toit en train de croasser et de battre des bras ! C'est plutot fun non ? Bah c'est ce que Mister Jarvis venait de visualiser.

C'est petite rigolade terminée il mit un genou à terre pour poser son sac et se saisir de son appareil. Il inspecta son petit bijoux sous toutes les coutures et régla l'objectif avec minutie et attention. Ce n'était plus son appareil avec le quel il avait fait tous ses voyages mais il s'était vite attaché à ce nouveau petit frère. On pouvait même dire qu'il s'agissait un peu de son meilleur pote je crois. Enfin bref, c'était la prunelle de ses yeux et il n'aimait pas le savoir loin.

La toilette du bébé fait il se redressa, l'oeil au contact du viseur afin de percevoir ses futurs prises. Héhéhé ! Qu'est ce que c'était grisant la vie avec un appareil photo !

Le bleu. Le bleu inonde ton monde et dégouline de tes murs. Bleu. Tout est bleu. L’océan c’est mêlé au ciel, à moins que ce ne fut le contraire. T’as passé la nuit à tout repeindre, à effacer l’œuvre pour ne laisser à sa place qu’un mur bleu. Les vagues ont disparue, les embruns aussi. Les mouettes se voient encore, la couche de peinture les recouvrant n’étant pas assez épaisse pour noyer leur éclat. Seulement tu n’as plus de bleu, plus de bleu comme celui-ci. Tu iras en racheter demain… Mais demain c’est peut-être aujourd’hui ? Tu n’as pas dormi. Tu n’as pas envie de dormir. Le soleil rentre par ta fenêtre, le ciel est bleu dehors : et si tu sortais ?
L’idée te semble fabuleuse ! Tu débordes tellement d’énergie ! Tu attrapes des vêtements à la volée, cette fois tu cherches ton pull bleu marine, trop ample et troué qu’il fut, il est le seul que tu ais envie de porter en ce moment. Tes chaussettes, à leur habitude ne sont pas assorties mais ton jean trop grand cache leur dissemblance. T’attrapes un carnet à dessin et de l’aquarelle, il fait beau et tu comptes en profiter. Si les premières pages sont bucoliques, cela fait bientôt six mois que tu ne dessines rien d’autre que le ciel, nombre de nuages parcourent les pages du calepin car le ciel d’hiver n’a pas été clément. Pourtant, aujourd’hui il fait beau et tu vas pouvoir jeter un peu plus de bleu dans ce carnet.
Tu prends la direction du toit, comme il te semble lointain le temps où Oksa et Akira t’avaient attaqués alors que tu y faisais une sieste. D’ailleurs ce n’est peut-être qu’à moi que ce temps semble lointain, pour toi il est tout bonnement oublié. Tout est oublié si ce n’est le ciel bleu.
Quand tu ouvres la porte du ciel tu entres dans le domaine des vents. Tu ne t’y attendais pas. Il est fort, les pages de ton carnet bruissent et tu le serres plus fort contre toi, agrippant fermement sa tranche. C’est alors que tu le vois. Lui. Lui tu le connais pas et il est sûr que tu ne comptais pas le trouver là, mais le toi solitaire disparait et un sourire nait sur tes lèvres et tu lui fais un signe de main pour le saluer, levant ton calepin tout en l’agrippant fermement histoire qu’il ne s’envole pas.

« Salut l’ami ! »

Tu as crié pour couvrir le bruit du vent, tu t’approches de lui.

« Tu as un joli appareil, tu comptes photographier quoi ? »

Le grand Zozo observe. Le grand Zozo est un zozio particulier. Le grand Zozo ne sait pas encore sur quel proie il va jeter son dévolu. Le zozio zigoto qu'il est est indescis. Il scrutte. Il contemple. Il observe. Zozo le zozio zigotto obsevateur est un chasseur doux. Il caresse ses proies du regard, les capture un instant puis les libère afin qu'elles puisse continuer d'évoluer.

Pour ça la nature est incroyable. Qu'il reviennnent dans un 3 secondes, 8 minutes, 6 heures, 4 jours, ou meme 5 ans... Elle sera toujours différente. Jamais à l'identique. Et ça c'est fascinant. C'est pour ça qu'il se plait à selectionner des moments plutot que d'autre. Il aime à se voir amacer ces souvenirs visuels. Il les regroupe dans des albums et entretien sa mémoire ainsi. Ca lui plait.

Il observe les gens parfois zoom et dézoom. Il se pose des questions, sourit et s'amuse de telle ou telle chose. Quand une voix l'interpelle de derrière lui il se retourne et prend une photo sur le coup. Il a été surpris. Il cligne plusieurs fois des yeux et le regarde sans rien dire pendant plusieurs longues secondes.

-Eh … Hellooo … ?

Il regarde son appareil un temps puis relève la tête avec un grand sourire.

- Merci !

Il aime bien qu'on complimente son appareil ! Il en est fier ! En plus il en prend soin alors bon. Mais .. Attends y'avait une question .. C'étaaaaiiit …. Ah .. Mais .. Hmmm …. AH OUI !
-Je ne sais pas ! Des choses. Et toi ?

Il observe le nouveau venu. Oooh ! Carnet ? Il aime bien les carnets. C'est toujours passionant ce qu'il y a dans un carnet. Il aime bien voir les pattes de chacun. On a un peu chacun la notre, c'est notre identité en partie.

- Tu dessines ?

Je sens que vous allez vous entendre avec ce drôle d’oiseau, il est aussi perché que toi. Plus peut-être si cela est possible ? Il vient tout de même de te demander ce que tu allais photographier toi, toi qui n’a nul appareil électronique ou non qui t’aurait permis une telle prouesse. Seulement te voilà en train de réaliser qu’en tant que télépathe tu pourrais un jour développer des photos mentales. Du coup sa question prend tout son sens, ou tout un sens pour toi auquel tu n’avais jusqu’alors pas réfléchis. Du coup est-ce que cela veut dire que tu dois retenir exactement tout ce que tu veux développer en pensée plus tard, quand tu auras ce pouvoir ?

Hm. En tous les cas tu as oublié de répondre à sa question que déjà il en pose une autre à laquelle tu te raccroches cette-fois et réponds du tac au tac pour ne pas l’oublier.

« Oui, ‘fin là j’ai pris de l’aquarelle, alors peut-être que tu considères que je vais peindre ? »

Il y a des puristes du mot juste qui considèrent que chaque mot à un sens et chaque sens a un mot… Alors tu ne veux pas le froisser, pas alors qu’il fait si beau. T’es pas logique Angie, s’il faisait moche, cela voudrait dire que tu pourrais le froisser ? Non, mais il faut bien des prétextes pour excuser ta manière précautionneuse de parler pour ne pas avouer que tu es juste gentil et attentionné. Tu aimerais tant être un mauvais garçon Angie.

« Quoi que… Tu me laisserais te croquer ? J’ai un crayon gris ! »

Pourquoi tu fais ça ? Et pourquoi pas ? Bah, il est beau et il est sur fond de ciel bleu… Il a tout pour plaire cet homme.

Zola détaille du regard ce nouvel inconnu. Il le mémorise. Son appareil a beau avoir lui même en mémoire l'image de ce garçon, c'est important aussi pour lui de replacer les gens. Il le recroisera surement et ce serait bête à ce moment de n'avoir que cette petit voix qui le titille au fond de son esprit pour lui dire que si biensûr il le connait, il l'a déjà croisé, mais où. Non ça il ne veut pas alors il essaye d'y associer des mots clés. Il a cette image et il y associe, le toit, le ciel bleue et … Ah ! Bien evidement la peinture.

Il pose le regard sur le bloc de feuilles. Ca l'intrigue. Il hoche la tête pour toute réponse. Son esprit n'est pas à la communication il est à la découverte. Il s'approche un peu.

-Je peux voir ?

Il est curieux. Tout ce qui touche à l'image et la création, ça le rend curieux. Ca l'intrigue et il a envie de voir plus. Comme un mulot qui aurait trouvé une graine et qui partirait en quête du paquet un peu. Zola est un gros mulot.

Mais … Le mulot relève la tête. Les oreilles en arrière : la crainte. La menace. Bon concrètement il n'a pas les oreilles en arrière mais sous sa forme alternative de mulot, il les a. Il les a et elles sont en mode radar a essayer de capter, a essayer de comprendre.

-C-cr-oquer .. ?

C'est très bizarre parce que pour le coup le mot dissone en lui. Il entend bien le sens manger mais .. Il sent bien que ça ne colle pas. Pour le coup il aurait bien aimé avoir son dictionnaire de poche mais il brulé jadis et il n'en a pas racheté depuis. Après .. Il n'a peut être pas tord .. Il a entendu parlé d'un truc une fois et …

-C'est .. C'est toi le cannibale ?

Ca y est on remet les oreilles en avant. Il est de nouveau curieux. Bon il ne se decide pas encore à si il se laissera croquer ou non mais dans l'idée, il veut en savoir plus. Ouep, le mulot se pose des questions. Des grosses questions pour un gros mulot. Surtout la première : Comment un crayon gris peut remplacer un couteau ? D'autant plus que que les crayons c'est fait avec du plomb et que c'est dangereux pour la santé ! Attention amis mulot, ne mangez pas vos crayons !

« Bien sûr ! »

Tu lui tends ton cahier, il n’y a pas de grandes œuvres dedans, plutôt des études. Des études de fleurs de feuilles et d’insectes au début puis des études de ciels. Des dizaines de ciels, bleu ciel, cyan, remplis d’étoiles et parfois d’arc-en-ciel, parcourus de branches, d’oiseaux et de nuages bleus et blancs, blancs et bleus. Cela fait six mois que tu ne dessines plus que cela et la mer, mais la mer tu ne peux la croquer à Terrae car les seules vagues qui frappent ici sont celles des Eaux. Tu n’avais jamais tant eu la tête dans les nuages.

Pourtant de tes nuages tu finis par en sortir, non pas quand il te demande un peu angoissé ‘’croquer ?’’, ce à quoi tu as bien entendu répondu d’un hochement de tête affirmatif et d’un grand sourire sans rien comprendre à ses sentiments, mais quand il t’a demandé si tu étais le cannibale tu as failli t’étouffer, de surprise puis de rire. Parce que oui cette foutue rumeur totalement fondée -mais pas à tes yeux- court encore à Terrae et que tu la trouves tellement absurde. Presque autant absurde qu’il pense que tu puisses être un cannibale toi… Tes façon de croquer sont bien différentes de celles qu’il a en tête… L’idée un instant te frôle de mordre pour voir comment il réagirait, mais très sincère elle ne fait que passer. Tu ne lui ferais pas de mal même s’il te le demandait.

« Ah, euh, non il n’y a pas de cannibales à Terrae. Je parlais de faire un croquis de toi ! »

Tu te permets d’être affirmatif car tu ne crois absolument à cette rumeur farfelue. Certains ici parlent de mafieux, de violeurs, de tu sais pas quoi d’horrible, mais tu n’y crois pas. Dans ta tête tout le monde il est beau tout le monde il est gentil… T’es juste bien trop crédu.

« Tu serais d’accord du coup ? »

Zola saisit le cahier qu'on lui tend. Il aime bien regarder les choses. Ca lui arrive souvent de fixer sans trop savoir pourquoi ni comment. Ouais parce que parfois y'a pas grand chose à fixer quoi. Parfois c'est parce qu'il aime bien, parfois c'est parce qu'il pense trop, parfois c'est parce qu'il ne pense pas assez. Enfin dans tous les cas ce qu'il faut savoir c'est que quand Zola fixe quelque chose tout se passe dans sa tête. Et ainsi il feuillette le cahier de ce nouveau venu. C'est assez agréable. Il aime bien. Les couleurs, le trait, la texture du papier et même l'environnement qui l'entoure alors qui tourne les pages du carnet. Un peu comme s'il y avait une sorte d'osmose. Signe assez rare pour le noter, alors que la pensée du brun divague un sourire pensif se dessine sur ses lèvres. Lui qui normalement est plutot du genre à zapper toute forme d'expression faciale quand il pense, ce carnet lui fait plutot bon effet. Quand il ressort de ce voyage il lève la tête, un peu perdu et cligne plusieurs fois des yeux comme s'il venait de se réveiller.

- C'est beau. On dirait que tu veux être un oiseau.

Je .. En tant que narrateur je m'octroie le droit de me dispenser de toutes justifications quant au personnage de Germinal aka. Zola Jarvis parce que bon .. je suis pas payé pour les heures sup non plus, j'ai jamais prétendu être un génie et là.. Bah y'a quelque chose qui fait que .. Ouuuaiis on voit ou il veut en venir et tout. Le ciel les oiseaux.. Tout ça c'est logique mais le truc c'est que .. Dans sa tête il a fait un chemin .. Mon gars, t'aurais pas voulu voir ça. J'ai du mérite de tenir le coup avec ce garçon vous savez ? Non parce qu'en vrai c'est pas tous les jours faciles. Il en fait de toutes les couleurs le bougre. Enfin bref, je ferais ma lettre de doléance plus tard, revenons à Zola qui se demande avec hardeur quel oiseau pourrait être ce garçon. A première vue il a pensé à une mouette parce que c'est le classique de la mouette sur ciel bleu. Mais ce garçon n'est clairement pas une mouette. Un pinson ? Mais un pinson ça ne va pas si haut dans le ciel .. Et une buse c'est trop rapace pour lui .. OH ! Il pourrait être une aigrette ! C'est trop mignon. Zola sourit. Il est content de rencontrer une aigrette. On en voit pas tous les jours en plus.

Puis il revient à la discussion parce que oui de base on commencait sur un dialogue un peu ne l'oublions pas. Il est un peu surpris. Bah oui ! Parce qu'il vient de réaliser qu'en face on attend qu'il bouge son popotin, fasse claquer sa langue et oléééé ! Non mais je vous jure..

-AH ! OH ! Baaah .. Je .. Non mais oui ! Bien sûr ? Tu sais dessiner les aigrettes ?

Il en démord pas de son piaf mais bon. C'est gentil comme ça. On dirait juste un enfant de 6 ans. Un enfant de 6 ans qui en réalité en à genre 4 fois plus. M'enfin bon .. 17 ans dans une vie c'est quoi ? Trois fois rien non ? Bah voilà, on va pas en faire tout un fromage !

Le temps s’égraine alors que Zola regarde ton carnet et que tu regardes Zola. C’est parfois un peu compliqué de savoir trouver la juste distance avec les gens, trop regarder une personne peut la mettre mal à l’aise et trop peu la regarder peut te donner l’air mal à l’aise. Pourtant comme il est concentré sur tes dessins il ne semble pas gêné que tu soies concentré sur lui, à vrai dire on pourrait croire qu’il t’a zappé pour s’immerger dans ton monde. Toi tu contemples ses longs cils, suis leur courbe pour tomber dans yeux concentrés, coule le long d’une joue droite, longe un sourire et remonte le long de l’arrête de son nez. Il sort de ton carnet et fait une réflexion qui te laisse perplexe.

C’est tellement doux dit de la sorte, pourtant tu sais qu’il a sans doute raison… Bien qu’en réalité tu aurais voulu être un artiiiiiiiiiiiiiiiiste. Pardon. Elle était facile.

« Je n’y avais pas réfléchi, tu as peut-être raison. » avoues-tu en toute honnêteté.

Tu attends sa réponse, mais Zola semble avoir envie du passer du coq à l’aigrette. Tu réfléchis un instant, quand tu penses à cet oiseau tu te rends compte que tu imagines une sorte de petit moineau. Tu ne connais pas les oiseaux, et après une bonne minute de réflexion tu te rends compte que tu n’as pas la moindre idée de ce à quoi ressemble une aigrette.

« Je ne sais pas, je ne connais pas cet oiseau… Si tu es d’accord tu pourrais y penser fort et je pourrais essayer de voir dans ton esprit à quoi il ressemble… J’imagine qu’avec un modèle je pourrais dessiner quelque-chose de potable. »

Tu as toujours aimé les esquisses plus que les dessins finis, leurs traits qui cherchent la courbe parfaite masquent ton absence de précision. Chaque regard suit la courbe qui lui plait le plus tout en effaçant les autres, une ébauche est finalement plus précise qu’une peinture. Elle invite d’ailleurs plus au rêve.

Zola le regarde pensif. Raison. Oui il a peut etre raison. Ou peut etre pas. Ca on ne sait pas trop mais il a comprit au moins une chose ! C'est que ce garçon en face de lui a envie de voir de belles choses, des choses qui voyagent un peu. Qui vont plus loin que ce que l'on peut faire. Enfin en tout cas c'est comme ça qu'il l'interprete. Mais là question qui vient là c'est de savoir si c'est aussi ce dont rêvent les oiseaux. Ca dépend surement lesquels.

Et puis le regarde Zola s'illumine et il lâche un long "Oooooooooooh" C'est vrai qu'il y a des gens qui voient dans les pensées ... Ooooh ! C'est incroyable ça quand même. Bon du coup il panique un peu et regarde tout autour de lui. Genre comme si tout le monde pouvait soudain voir ses pensées. Ensuite il hoche la tete un bon coup.

-Okay ! Je vais essayer de bien penser alors !

Il se concentre pour essayer de trouver une image d'aigrette qui aille. Il se demande quand est ce qu'il a vu une aigrette la première fois. Dans un livre surement. Dans la bibliothèque de ses parents quand il était petit. Il feuilletait tous les livres qui avaient des images et s'était trouvé face à la pae des échassiers qu'il avait trouvé particulièrement éléguant. Par la suite il avait regardé des documentaires et tout. Le première fois qu'il en vu une c'était une fois ou il s'était perdu dans les marais. Ses parents l'avaient plus ou moins oublié et il l'avait vu. Il s'était donc assis dans les hautes herbes et avait passé un long moment à la regarder immobile. Elle observait et puis pechait. Et puis un moment elle s'est envollée et il l'a regardé partir. Dans le ciel. Le ciel comme sur les dessins du garçon. Comme si ce garçon avait les mêmes ambitions que son aigrette. Est ce que lui aussi il pêche.

Il fixe Charlie-Ange puis secoue la tête.

-OH ! Pardon ! Je ne sais pas trop à quoi je devais penser ! C'est suffisant ?! Ca va ?

Il est nostalgique de ce bel oiseau blanc.

C’est fou Angie, avec sa psychologie de comptoir Zola commence à mieux te cerner que tu ne te cernes. A ta place j’commencerais sérieusement à m’inquiéter. Tout comme je m’inquièterais du fait qu’il ait accepté que tu lises dans ses pensées, je dois te rappeler que tu es nul dans cet exercice ? La terre t’a toujours semblé un pouvoir plus positif que le viol des pensées, si bien qu’une fois que tu as réussi à empêcher ton pouvoir de faire des siennes tu n’as pas réellement cherché à le développer. Pourquoi lui as-tu proposé ça déjà ? Ah, oui, parce que tu es très con.

Bien, bon maintenant qu’t’as accepté, tu dois le faire. Alors tu fermes les yeux très fort et tu te concentres très très fort. Il te faut d’abord saisir l’étincelle de ton pouvoir et réussir à la sortir de la boîte imaginaire en béton armé où tu l’as enfermée. Bien sûr cela est tout à fait métaphorique, mais il te faut des métaphores pour réussir à maitriser ce qui est intangible. Alors tu plonges en toi, tu la trouve, fille deux ou trois coups de pieds mental dedans, te nique le petit orteil parce qu’il ne faut pas déconner même avec des Docs Marteens, un pied face à du béton n’fait pas l’affaire. Tu t’acharnes, c’est toi qui a proposé l’idée, maintenant faut assumer. Porte tes couilles un peu. Ça y est, tu as de nouveau accès à ce pan de tes pouvoirs. Bien. Maintenant faut que tu te concentres sur lui.

V’là aut’ chose.

C’est déjà pas grandiose quand tu tentes de lire dans l’esprit de quelqu’un d’concentré, mais quand les idées fusent à toute vitesse ça te donne vite le tournis. Les images défilent sans que tu t’en empares, comme un film qui passerait à une vitesse augmentée. T’as un poil mal au cœur, il vient taper contre tes lèvres, tu t’accroches. T’as dit que tu pouvais l’faire, même si ça fait mal. T’essayes de mettre pause sur une seule image, te concentrant uniquement sur celle-ci… Manque de chance c’est celle du bibliothèque et non celle d’un oiseau. Tu romps le contact, tu n’en peux plus et tu penses qu’il préfère sans doute que t’évites de lui vomir sur les pieds.

Tu mets un certain temps à trouver des mots pour lui répondre, le temps de réintégrer ta tête à toi et d’y reprendre tes marques.

« Oui, désolé. Je n’y suis pas arrivé, je ne suis pas bon télépathe. »

Pas bon à grand-chose, penses-tu alors qu’un nouveau haut le cœur te prends.

Zola tu es un boloss. Zola est tout tristou. Zola se sent nul. Ah la la Zozo ... Qu'à tu encore fait ? Il soupire et regarde à droite à gauche. On voit qu'il n'est pas très bien. En vrai il panique même un peu. C'est de sa faute hein s'il n'a pas reussi. C'est forcement de sa faute !

Il ne sait pas quoi faire et clairement le jeune damoiseau en face de lui a perdu de son brillant. Vous savez le petit éclat des gens bien. Des gens vivants et gentils. Vous le voyez vous aussi ? NOn mais du coup ça tire la sonnette d'alarme du grand brun. Il saisit des deux mains les joues de son interlocuteur et le regarde droit dans les yeux.

-PARDOOOON ! JE SUIS DESOLE !! ........ Ca va ?!?

Il lui patoune la tête. Définitivement tout humain malade et définit comme un petit animal doux aux yeux de Zola. Il secoue la tête négativement en continuant de lui caresser le sommet du crane comme si ça allait résoudre quoi que ce soit.

-Je suis sûr que tu te sous estime ! Non mais en vrai c'est ma faute ... C'est juste que .. Mon psy me le dit toujours .. Il faut que je fasse de l'ordre dans mes pensées sinon je vais continuer de me perdre et de perdre les autres.... Aaaah... Je suis vraiment désolé ! Je peux faire un truc en échange ?!

Il réfléchit un instant et .. AH MAIS OUI ! Idée mesdames et messieurs ! IDEE ! Et pas des moindres à ça non ! Un idée de génie, l'idée du siècle !

-J'ai peut être une photo sur mon téléphone maintenant que j'y pense.

Ca faciliterait, qui sait, parce que sait on jamais, éventuellement, peut être, les choses. A voir.

T’as le ventre qui joue le tango, et c’est pas rigolo… La migraine qui pointe comme un nez au milieu d’une figure brouillée. Ralala. Tu détestes tellement ta télépathie en cet instant, assis à même le sol du toit du bâtiment t’as l’impression d’être sur un bateau qui tangue quand il pose ses patounes sur tes joues pour essayer de devenir ton point d’encrage. Ca marche moyen mais la nausée commence à passer. C’est toujours plus compliqué au début, puis quand tu te coupes totalement de ton pouvoir ça s’apaise. Avant que tu n’ais pu lui dire que tu te sentais déjà mieux le voilà qui se met à caresser ta tête comme si tu étais un petit animal… Et en fait, c’est loin d’être désagréable, c’est pas cool ce que tu fais Angie. Tu profites de la situation là, comment ça, ça tangue toujours un peu ? Mon cul oui, t’es juste un gros matou qui aime être câliné derrière les oreilles ! Bon ok, t’as peut-être un petit haut le cœur mais rien qui ne justifie que tu tolères l’inquiétude démesurée de Zozo. Allez hop ! Bouge ton petit derch et explique lui, surtout qu’il se croit coupable de tout. C’est mal ce que tu fais !

« Ca va mieux t’inquiètes pas, c’est vraiment pas ta faute. Je ne suis que novice, j’ai du mal avec ma télépathie, une fois sur deux ça finit comme ça. P’t’être deux fois sur trois… »

Ou plus… Quand on est une brêle on est une brêle que veux-tu ? C’est faux. Bien entendu, si tu prenais le temps de t’entrainer. Si tu ne te fermais pas totalement à la télépathie… Par contre…

« Enfin si tu veux continuer à me patpater, j’dis pas non. C’est agréable ! »

N’allons pas nous faire des idées, il ne s’agit pas d’un fétiche de l’artiste. C’est une sensation qu’il apprécie tout simplement, comme quand on lui gratte le dos juste entre les omoplates à l’endroit qu’il n’atteint lui-même que par de multiples contorsions. Seulement le Zozio passe déjà à l’idée suivante dans son flux perpétuel de pensées.

« Si tu as une photo j’admets que ce serait plus facile… »

Surtout quand on est une brêle avec sa télépathie ? Mais t’es sérieux gars ? Si les pensées de ton comparse fusent les tiennes semblent quelque-peu redondantes. Tu pourrais essayer de t’en échapper non ?

« Tu sembles beaucoup aimer les oiseaux ? » question et constatation simultanées.

Zola continua quand même de paniquer un peu au fond de lui, à observer de près tous les détails du jeune homme. Limite à prendre sa fière et puis quand celui ci lui dit que les patounes sur la tête ça faisait du bien, il ne fallut pas lui dire deux fois. Zola s'assit comme il était à l'aise et il imposa légèrement un position à son nouvel interlocuteur fort délicat afin de pouvoir confortablement lui caresser le cuir chevelu tel ces bestioles qu'il aimait tant. Du coup il prit ce nouveau doggo contre lui et lui pria de s'adosser à son torse.

-J'aime bien. Il faut pas forcer parfois, juste prendre un pause et profiter.

D'un main il caressait donc le doggoiseau et de l'eau il chercha sur son téléphone une photo d'aigrette. Le problème c'est qu'il avait VRAIMENT BEAUCOUP de photos. Et quand je dit vraiment beaucoup c'est VRAIMENT BEAUCOUP donc très clairement ça prit un certain temps avant qu'il se dise qu'il ne la trouverait pas dans sa gallerie d'images aussi facilement du coup il alla voir dans ses mms et en effet il avait envoyé une image d'aigrette à l'un de ses parents et comme ceux ci ne repondait jamais ou que très rarement cela simplifiait grandement la recherche. Il donna donc son téléphone au jeune homme et pu remettre ses deux mains à son travail de capillo masseur.

-Tiens ! Voilà une aigrette !

Il réfléchit un instant et regarda le ciel. En fait il resta un long moment songeur avant de formuler sa phrase. C'est vraiment qu'il aimait bien les oiseaux mais est ce qu'il les aimait tant que ça ? Les aimer beaucoup ça voulait dire qu'il aimait moins d'autre chose non ? Du coup qu'est ce qu'il aimait moins ? Et eset ce que du coup il devait n'aimer que les oiseaux en priorité ou est ce qu'il pouvait y avoir d'autres choses ? Aaaah ... C'était compliquééé !

-J'aime bien les animaux en globalité ..Mais je pense que je prefère ceux avec lesquels on peut dormir. Comme les humains, les félins, chiens ou serpents. C'est plus compliqué avec les oiseaux.

A priori il pensait avoir répondu correctement. Enfin pour lui la réponse sonnait juste. Bon c'était sans compter qu'il avait oublié la question entre temps.

-Au fait. On s'est dit nos noms ?

Parce qu'il avait peur d'avoir oublié ça aussi. Il en a marre de toujours oublier plein de choses ..

T’es quand même sacrément chanceux, t’as le droit à des câlins gratuits et c’est hyper agréable. Il t’entraine contre lui et te caresse la tête. C’est confortable comme position, et on n’va pas se mentir, ça fait longtemps que personne ne t’a pris dans ses bras de la sorte. T’es un peu gêné de ce genre d’attention, et puis au lieu de simplement profiter tu te mets à douter. Est-ce que tu abuses de lui et de sa gentillesse ? Pourtant c’est difficile de ne pas profiter de la situation, ta tête contre son torse t’as fermé les yeux pour profiter. Il sent bon ? Il sent la douceur. Euh. Angie, ton esprit est clairement en train de dériver et oui si tu l’embrasses tu abuses. Tu le sais, alors arrête le fantasme. Non, bon okay. Alors fantasme dans ta tête, et évite de partager ce genre de… Ok. Non mais oui. Ok d’accord. Je suis pas assez payée pour ces conneries.

Tu t’imagines te retourner et l’embrasser, picorer un baisé sur ses lèvres avant de t’en emparer. Glisser ta langue contre la sienne, lui faire perdre son souffle en y mêlant le tien. Tes mains dans sa tignasse brune, sur ce torse que tu sens dans ton dos. Tes mains aventureuses qui passent sous le tissus de…

Quoi oui une photo d’aigrette ? Euh. T’sais heureusement qu’il n’est pas télépathe lui. Bon t’as p’t’être légèrement rougi alors bon… Si faut il se doutera de quelque-chose. Embraye. Vite. Ah. Il le fait tout seul et puis il continue à te papouiller et il reste derrière toi, donc il verra pas ta gène.

« C’est un joli oiseau, je pense que je pourrais le dessiner en effet. Si tu veux je pourrais te le faire en grand pour ta chambre ? J’propose des tableaux gratuits à tous les initiés pour qu’ils s’approprient leur nouveau chez-eux, j’peux aussi te faire un autre animal, suffit que tu me dises... »

Tu proposes tes tableaux aux initiés pour qu’ils aient dans leur chambre quelque-chose à eux qui ne soit pas utile mais joli. C’est une manière de les aider à s’intégrer. A se sentir chez eux sans dépenser un centime. Tu es logé, nourri, blanchis par Terrae, tu peux bien le rendre de temps en temps… Ah. Il continue à te caresser la tête. C’est pas évident de te concentrer.

« Je sais plus si on s’est présentés, si c’est l’cas j’suis désolé, j’ai pas retenu ton prénom, moi c’est Angie. »

Tu pourrais te retourner pour lui serrer une paluche non ? non, tu ne comptes pas bouger tant qu’il caresse ta tête. Saligaud.

Zola ne capte pas une once de l'ambiance ou de la gêne qui peut être dégagé ou que ce soit. Lui pour le coup il profite. Il est plutôt content de la situation. Enfin il s'inquiète toujours un peu pour le garçon mais du coup ça ne lui donne vraiment aucune raison d'arreter de se mettre bien étant donné que ce dernier lui a prié de continuer. Et puis Zola il aime bien les cheveux. C'est pas un fétiche ou quoi, c'est juste qu'il aime bien pouvoir passer ses doigts dedans, c'est apaisant. Reposant même. Lui aussi il fermerait bien les yeux pour se laisser porter par ci par là. Mais il ne fait pas ! Il pourrait s'endormir et après s'il pleut et qu'il dort bah il sera mouillé ! Ca lui est déjà arrivé et franchement c'est pas cool. 87% de chance d'attraper un rhume et plus après !

Et puis il parle de tableau et ..

-OOOOOH !

Il se penche sur le coté pour essayer de le voir en face, enfin au moins un bout de son visage quoi.

-C'est trop gentil ! Tu es si coool ! Woaw .. Mais je sais pas moi .. C'est vrai qu'une aigrette ce serait cool mais il y a tellement de choses qui serait chouette aussi .. Aaaah ....

Demander à Zola de faire un choix comme ça, sur un truc aussi important et passionnant ?! Mais qu'avez vous dans la tête sacre bleu ! Le voila qui turbine en fixant le sol. Ah non ça c'est sur ce n'est pas facile. Vraiment pas facile. Il soupire concentré puis relève les yeux très sérieux vers son interlocuteur.

-Est ce que je peux y réfléchir et dès que j'ai une idée précise je viens te le dire ? ... S'il te plait...

Il finit sa phrase sur un air un peu suppliant mais c'est vraiment un intense déchirement dans son esprit. TROP DE POSSIBILITES ! Ca le tiraille c'est terrible. La cogitation est a son maximum quand soudain... Angie. Son regard s'illumine et il ouvre de grand yeux plein d'étoiles.

-ANGIE ?! C'est trop mignoooon ! Et ça te va bien !

Il hoche vivement la tête convaincu de ce qu'il avance. Il regarde le visage d'Angie donc et en effet. Ca lui va très bien ! C'est un super nom pour un garçon oiseau. L'une de ses mains reste dans les cheveux du garçon oiseau pendant que l'autre se tord un peu pour se présenter.

-Eh bien enchanté alors ! Moi c'est Zola !

Ouais. Lui c'est Zola, et là Zola il est content. Il avait oublié que rencontrer des gens ça pouvait être vraiment cool.