## Mer 24 Avr 2019 - 12:02 | ||
Cornélia de la Cour Messages : 61 Date d'inscription : 05/04/2019 Age : 27 Emploi/loisirs : Gérante de "La petite boutique" Humeur : Et je te plains, car pour toi, les étoiles sont toutes les mêmes. | Une danse d'ébène et d'ivoire feat. Atumane Ngwenya Dernière édition par Cornélia de la Cour le Sam 7 Déc 2019 - 10:13, édité 1 fois |
## Mer 24 Avr 2019 - 18:56 | ||
Atumane Ngwenya Messages : 147 Date d'inscription : 07/04/2019 Emploi/loisirs : Circulez, y’a rien à voir. | Par cette journée bruineuse, quelque peu fatigué par ce début de semaine, pendant laquelle Atumane s’était surtout affairé à s’installer à Terrae, celui-ci décida de prendre un peu de temps libre, et d’aller au café. L’occasion de jauger la qualité de cet établissement, et de lire un peu au calme. Certes, le bâtiment des Terres où il vivait était peu bruyant, mais il était aussi farci de télépathes. S’il laissait sa pensée un peu trop dériver, Atumane pouvait bien se mettre à penser à ses plans aux frontières du licite et du moral, voire carrément en-deçà. Pour occuper son esprit, et que personne ne tente de lire quoi que ce soit de lui par inadvertance, il répétait en boucle ses déclinaisons latines. Passé la centième itération, il en avait perdu le compte. C’était assez monotone, de devoir être en permanence sur ses gardes. Au réveil : Templum, templum, templum, templi, templo, templo, templa, templa, templa, templorum, templis, templis. Quand il rentrait chez lui pour récupérer une affaire : ciuis, ciuis, ciuem, ciuis, ciui, ciue, ciues, ciues, ciues, ciuium, ciuibus, ciuibus. Au moment de se laver les dents avant d’aller dormir : mare, mare, mare, maris, mari, mari, maria, maria, maria, marius, maribum maribum. Peu étonnant qu’il passât le plus clair de son temps dehors. Travailler pour sa tante, et même lui parler – elle ne pouvait pas s’empêcher de lui raconter où elle était et quels calibres elle avait vendu – était impensable. Ce passage au café était d’ailleurs l’occasion de mêler l’utile à l’agréable. Dans un attroupement, peut-être que ses pensées serait plus difficiles à lire, et il pourrait donc venir bosser ici avec son ordinateur portable. Mais avant, un liégeois et finir ce chapitre de Guerre et Paix. Pour des raisons pratiques, depuis peu, Atumane s’était remis au russe, qu’il parlait assez imparfaitement. Il avait trouvé une édition bilingue, avec une page en anglais et l’autre en russe. Cela représentait un énorme pavé, mais il le lisait sur sa tablette. Et alors qu’il cherchait dans le dictionnaire de sa tablette un mot, voilà qu’une inconnue s’approcha de lui et se mit à le parler. En français. Bien entendu, Atumane n’avait pas pris sa puce traductrice, qu’il avait laissé dans un tiroir de son logement, et s’était promis de ne plus y retoucher. Au début, il avait reconnu quelques mots : « marché », « marchandise », « industrie », « commercial », mais très vite, c’était devenue une bouillie informe et dénuée de sens. Poliment, Atumane l’écoutait débiter son baratin qui semblait ne jamais s’arrêter. Comme elle semblait plus intéressée par ce qu’elle racontait que par lui, il se mit à la regarder avec plus de précision. Elle semblait fortunée, au vu de son style vestimentaire travaillé. Elle était belle, aussi, n’importe quel imbécile aurait pu le dire. Atumane n’était pas vraiment venu ici pour se lancer dans quelque démarche de séduction avec qui que ce soit, il était plutôt en repérage tactique en vue d’installer une base d’opération secondaire profitant d’un couvert contre de l’espionnage psychique, mais si on pouvait mêler l’utile à l’agréable, pourquoi pas. Et tactile, avec ça. Atumane ne retira pas sa main, ce serait impoli. Il n’avait pas compris un traître mot de ce qu’elle racontait, mais il semblait saisir le sentiment général : cette jeune aristocrate était un peu perdue et voulait trouver du réconfort dans les bras de quelqu’un de son milieu social. Il se ferait une joie de répondre à ses attentes. Et répondit dans le peu de français qu’il connaissait, avec un accent mozambicain mêlé de portugais : « Mademoiselle, enchanté. Je m’appelle Atumane Ngwenya. » Et comme leurs paumes se touchaient, il souleva celle de cette charmante jeune femme et lui fit le baisemain. « That’s would be all I can say in French, I’m afraid. I am not equipped with the translation chip. Nous pouvons continuer en portugais*, en russe un petit peu**, paulum latinusque. But first, could you repeat your name, please ? » * : En portugais dans le texte. ** : En russe dans le texte. Atumane : color=#993399 et font=Yu Mincho Light, serif
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## Jeu 25 Avr 2019 - 9:32 | ||
Cornélia de la Cour Messages : 61 Date d'inscription : 05/04/2019 Age : 27 Emploi/loisirs : Gérante de "La petite boutique" Humeur : Et je te plains, car pour toi, les étoiles sont toutes les mêmes. | Une danse d'ébène et d'ivoire feat. Atumane Ngwenya Dernière édition par Cornélia de la Cour le Sam 7 Déc 2019 - 10:07, édité 1 fois |
## Ven 26 Avr 2019 - 1:47 | ||
Atumane Ngwenya Messages : 147 Date d'inscription : 07/04/2019 Emploi/loisirs : Circulez, y’a rien à voir. | Plus elle continuait à bavasser, moins Atumane comprenait ce qu’il foutait ici, à continuer de l’écouter. Alors certes, de manière très tangente, ils travaillaient tous deux dans la marchandise – si on veut bien excuser la dénomination médiévale –, mais il se trouvait que l’intérêt qu’y portait Cornélia semblait, pour celui qu’elle avait ainsi cavalièrement alpaguée, complètement dénué d’intérêt. D’une part, Atumane n’en avait absolument rien à foutre des projets professionnels de cette jeune et charmante personne. Elle parlait d’ouvrir une échoppe, alors que lui, d’ici quelques heures, devrait envoyer à sa tante un dossier sur les conflits ethniques au Kenya, pour qu’elle puisse refourguer les dizaines de caisses d’AK-74 récemment obtenues au groupe semi-terroriste susceptible de payer le mieux. Ils ne vivaient pas du tout dans le même monde. D’autre part, il avait un mal fou à s’intéresser à sa vie qu’elle lui déballait, là, sans complexe. Il écoutait, poliment, tentant très fort de rester concentré et de ne pas penser à autre chose de plus intéressant, comme de savoir quand il pourrait avoir du temps pour trier ses chaussettes cet après-midi. Vint le moment où elle finit une phrase, et n’en commença pas une autre immédiatement après. Que répondre ? Comment répondre ? Il avait tenté d’écouter, mais tous les propos de Cornélia lui semblaient tellement vides d’intérêts qu’Atumane ne sentait pas possible de rebondir dessus. Et s’il devait le faire, quel ton employer ? S’il était sincère, il aurait lâché une réponse sèche, du genre : « Si tu veux parler, commence par te taire. » S’il était courtisan, il aurait répondu : « C’est très intéressant, tout cela. Dites-m’en plus, je ne ne me lasse pas d’entendre le son de votre voix. » Or il n’était rien de tout cela. Il se contenta d’un sourire attentionné, celui qu’on adresserait à quelqu’un pour qui on aurait de la considération, et posa son autre main sur celle de Cornélia, produisant un effet de contraste chromatique qu’il ne put s’empêcher de trouver fort agréable à l’œil. « Je serais aussi ravi de discuter plus avec vous, ma chère, mais à la condition que vous contrôliez votre débit. Faites des phrases simples : sujet, verbe, complément, et arrivée au point, n’en dites pas plus et laissez-moi répondre. » Ce n’était pas possible de parler autant. Elle devait être folle à lier, ou alors elle compensait pour quelque chose ; elle lâchait du lest. D’un certain côté, cela pouvait se comprendre. Si, comme lui, Cornélia était nouvelle, elle devait loger dans les dortoirs. Et si elle était une femme de la meilleure condition, rien d’étonnant à ce qu’elle y perdisse la boule. « Vous dormez dans les dortoirs ? Figurez-vous que je suis aussi nouveau, et que, comme vous, l’idée d’y séjourner m’était insupportable… Je parle au prétérit, parce que j’ai réussi à trouver quelqu’un disposant d’une chambre individuelle qui me l’a loué contre un bon loyer. Si vous souhaitez éviter de dormir avec tout le monde, vous pouvez venir chez moi, je serais ravie de vous accueillir, et vous y serez au calme… » Un instant. Il venait vraiment de dire cela ? Avec un sourire mielleux ? Et galère, par galanterie, ça lui avait échappé. Atumane ne pouvait se rétracter, ce serait fort impoli, mais dans le même temps, il ne se sentait pas très à l’aise avec l’idée de partager son lieu de calme avec ce moulin à parole intarissable, pour dire le moins. Comment avait-il pu tomber sous le charme de ses beaux yeux ? Et question subsidiaire, Cornélia avait-elle réussi ce tour par accident, ou y avait-il eu manipulation derrière qu’il n’avait pu voir ? Si sa tactique était de l’assommer de paroles jusqu’à anéantir sa vigilance, ça avait marché. Brutal, digne d’un bulldozer, comme technique, mais efficace. Atumane : color=#993399 et font=Yu Mincho Light, serif
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## Lun 29 Avr 2019 - 20:21 | ||
Cornélia de la Cour Messages : 61 Date d'inscription : 05/04/2019 Age : 27 Emploi/loisirs : Gérante de "La petite boutique" Humeur : Et je te plains, car pour toi, les étoiles sont toutes les mêmes. | Une danse d'ébène et d'ivoire feat. Atumane Ngwenya Dernière édition par Cornélia de la Cour le Sam 7 Déc 2019 - 10:05, édité 1 fois |
## Jeu 2 Mai 2019 - 16:09 | ||
Atumane Ngwenya Messages : 147 Date d'inscription : 07/04/2019 Emploi/loisirs : Circulez, y’a rien à voir. | Qu’il y ait eu manipulation ou pas, la situation était désormais totalement hors du contrôle d’Atumane, ce qui ne lui plaisait guère. Sa priorité était donc de déterminer s’il avait invité une manipulatrice chez lui – ou plutôt, le cas échéant, s’il s’était vu forcer d’héberger une telle personne – ou plus simplement s’il avait affaire à quelqu’un de particulièrement entreprenant, mais de tout à fait inoffensif. Et généralement, un bon moyen de coincer un manipulateur, c’est de tomber dans son jeu. On en arrive à un jeu consenti par l’un, mais pas par l’autre, de la victime et de la proie, et la victoire finale parviendrait à celui qui arriverait à avoir le plan le plus intriqué. Avant de feindre de tomber dans son piège, encore fallait-il le connaître sous toutes ses coutures. Après tout, une feinte est une résistance, et pour que la feinte à un piège ne soit pas décelée, et donc anéantie, il fallait qu’elle n’ait en rien l’apparence de la résistance, afin de faire justement fonctionner le piège. Elle voulait donc le faire parler. Très bien. Une manière classique d’endormir la méfiance. Quelqu’un voulant résister au piège se serait montré allusif, succinct, aurait embrayé sur une autre question. Quelqu’un tombant dedans tête la première se serait mis à monologuer. Pour savoir si Cornélia était en train de le manipuler, il fallait donc faire un test simple : voulait-elle un dialogue, ou endormir sa méfiance ? Et pour cela, la bonne vieille tactique : donner beaucoup, et analyser chaque réaction de l’autre sur chaque élément, et ainsi recueillir une très grande quantité de données. À ceci près qu’Atumane préféra une approche progressive ; donnant en quantité raisonnable mais croissante. « Hé bien, chère amie, avant d’être à Terrae, disons que j’officiai dans une entreprise d’import-export familiale, basée au Mozambique, et ayant des contrats de plusieurs dizaines de millions de yuans en Asie et Afrique. Enfin, j’en parle au passé. Les entreprises familiales, on n’en sort jamais vraiment. Dès que possible, je me remettrai au travail. Je vous laisse imaginer ce que cela permet de dépaysement et de plaisirs matériels et intellectuels. » Atumane : color=#993399 et font=Yu Mincho Light, serif
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## Ven 3 Mai 2019 - 10:02 | ||
Cornélia de la Cour Messages : 61 Date d'inscription : 05/04/2019 Age : 27 Emploi/loisirs : Gérante de "La petite boutique" Humeur : Et je te plains, car pour toi, les étoiles sont toutes les mêmes. | Une danse d'ébène et d'ivoire feat. Atumane Ngwenya Dernière édition par Cornélia de la Cour le Sam 7 Déc 2019 - 10:01, édité 1 fois |
## Dim 5 Mai 2019 - 18:22 | ||
Atumane Ngwenya Messages : 147 Date d'inscription : 07/04/2019 Emploi/loisirs : Circulez, y’a rien à voir. | Elle était amusante de naïveté. Atumane en revint à sa pensée originelle ; cette jeune personne n’ambitionnant rien de plus qu’être une boutiquière de petite envergure n’appartenait pas du tout au même monde que lui, malgré les apparences, sans doutes des héritages d’un passé familial plus glorieux que la pâle manifestation qu’elle était. « Tiens donc, moi qui pensait que la noblesse française risquait de déchoir si elle frayait avec la marchandise. » Ceci mis à part, Cornélia ne lui semblait pas être quelqu’un de foncièrement désagréable, ni de particulièrement dangereux. Certes, elle ne pourrait pas s’empêcher de fourrer son tarin là ou il ne fallait pas, et elle serait sans nul doute une commère incorrigible. En clair, Atumane invitait un mouchard chez lui. Bon, ce n’était qu’un inconvénient léger, qui ne nécessiterait que des mesures limitées, étant donné qu’il vivait déjà dans un bâtiment farci de télépathes. S’il pouvait contrôler sa pensée, il arriverait à contrôler ses paroles. Et pourrait même utiliser cette charmante personne comme une informatrice. De toutes façon, il n’avait pas le choix de considérer que l’inviter chez lui était une bonne idée en fin de compte, vu que c’était inévitable. Coco lui posa une question sur son absence de puce, et se rigidifia, comme si elle appréhendait la réponse. À quoi s’attendait-elle ? D’un autre côté, il était vrai qu’ayant présenté, ou plutôt, non-présenté son travail de la sorte, Atumane pouvait bien passer pour quelqu’un dont les revenus étaient très peu légaux. Ce qui était faux, d’ailleurs ; la question étant de savoir à quel État on demandait ce qui était légal ou non. Selon la loi panaméenne, liechtensteinoise, irlandaise, suisse, il n’y avait aucun problème. Moralement discutables, certes. Atumane sourit. « Oh, pour une raison très simple. Terrae est un endroit où sont rassemblés des jeunes gens venant de tous les horizons, de toutes les cultures, de toutes les langues. Ce serait un grand gâchis de ne pas en profiter pleinement. D’ailleurs, j’ose espérer que vous m’apprendrez le français. » Leurs pas les avaient menés jusqu’au bâtiment des Terres. À partir de maintenant, la partie se compliquait encore plus ; il faudrait éviter d’attirer la suspicion des locataires en évoquant ouvertement des plans de manipulation mentale. Fort heureusement, cette restriction s’appliquait aux deux. « Nous y voici, ma chambre est à l’étage. Faites attention, les résidents y sont calmes, mais peuvent lire dans les pensées d’autrui. » Il lui ouvrit la porte, toujours avec son sourire mielleux. « Après vous. » Atumane : color=#993399 et font=Yu Mincho Light, serif
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## Sam 29 Juin 2019 - 1:45 | ||
Cornélia de la Cour Messages : 61 Date d'inscription : 05/04/2019 Age : 27 Emploi/loisirs : Gérante de "La petite boutique" Humeur : Et je te plains, car pour toi, les étoiles sont toutes les mêmes. | Une danse d'ébène et d'ivoire feat. Atumane Ngwenya |
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