Quelques jours ont passé depuis le déclenchement de l'état d'alerte. Il reste encore beaucoup de questions sans réponse, mais malgré tout la vie a repris son cours à Terrae. Un cours juste un peu plus morne et stressant que d'habitude. On dirait que la vie a perdu de sa couleur... En fait, sans nos pouvoirs, cet endroit est un simple institut de gens malmenés par la vie, un peu triste et fade.

Je pense avoir plutôt bien vécu la perte de mes dons. Bien sûr, les entraînements me manquent - surtout que je commençais à progresser - et en particulier cette sensation de liberté que me procurait l'Air. Mais ça va, je gère. Je trouve même que je m'en sors bien, quand je vois comment certaines personnes ont été affectées... Comme Akito par exemple. Lui qui est toujours si plein de vie et qui n'arrête pas de m'envoyer des messages pour tout et pour rien... Là, je n'ai quasiment plus de nouvelles. Et je dois bien avouer que je m'inquiète. Je n'aime pas le savoir déprimé, j'aimerais pouvoir y faire quelque chose, mais quoi ? Je ne suis pas vraiment douée pour ce genre de chose.

Je décide tout de même d'aller le voir après ma journée de travail. Au moins m'assurer qu'il va bien et qu'il ne se laisse pas dépérir dans son lit. Je fais un crochet par la supérette pour lui ramener un petit remontant. En temps normal, j'aurais pris de la bière... Mais s'agissant du blondinet, je prends plutôt un pack de jus à la fraise et un groooos paquet de bonbons. Je rentre ensuite vers l'institut et me rends directement dans le couloir des Eaux, sans même repasser par ma chambre.

Je m'arrête devant sa porte un moment, me sentant quelque peu nerveuse. C'est peut-être bête, mais je n'ai pas l'habitude de rendre visite à qui que ce soit. Je toque à la porte, plusieurs fois, mais personne ne vient m'ouvrir. Peut-être qu'il est simplement parti ? Qu'il va mieux et qu'il rend visite à un ami ? Je ne saurais dire pourquoi, mais j'ai le pressentiment que ce n'est pas le cas. Et dans le doute, je tourne la poignée de la porte, pour voir si elle est verrouillée. Mais elle ne l'est pas. Je l'entrouvre alors légèrement et colle ma bouche à l'entrebâillement.

"Akito, tu es là ? C'est Pandora. Je t'ai amené un petit remontant... Je peux entrer ?"

En fait, je rentrerai même s'il me dit non. Parce qu'il est hors de question que je le laisse seul dans la pénombre de sa chambre. Certaines personnes ont besoin de solitude lorsqu'ils vont mal. Je le sais, parce que bien souvent c'est mon cas... Mais je connais assez le blondinet pour savoir qu'il est très différent. Lui, il a besoin de réconfort et de soutien, comme un enfant apeuré. Et je suis prête à le lui apporter.

Alors que je parle par l'entrebâillement de la porte, j'entends les petits pas d'Akito se précipiter pour m'ouvrir. Sauf qu'il s'arrête avant d'avoir atteint la porte, et ne m'ouvre pas. Pourquoi ? Je ne comprends pas... Au moins, il est debout, je m'attendais presque à ce qu'il soit prostré dans son lit, et ça me rassure un peu du coup. Il finit par me dire qu'il est désolé, qu'il est fatigué... Et je me retrouve à hésiter. Peut-être que c'est vrai ? Qu'il occupe ses journées encore plus que d'habitude, pour ne pas penser à la situation, et que du coup il est épuisé... ?

Je m'apprête à tourner les talons... Mais non. Je ne le crois pas. Le ton de sa voix est trop fluet et faible, il est teinté de tristesse et non de fatigue. Armée de mes briques de jus de fraise et de mes bonbons, je pousse sa porte pour l'ouvrir en grand... Et tombe sur un petit blondinet aux traits tirés, le visage rempli de paillettes. Mon visage se fend d'un sourire, puis je pose mes provisions sur la table de nuit et m'avance vers lui. C'est étrange, il a l'air tellement plus petit et plus jeune encore que d'habitude, avec son visage pâle et ses cernes. Mais en même temps, tellement égal à lui-même, des paillettes collées partout sur la joue et dans ses cheveux.

"Akito..."

Je ne sais pas quoi dire. Je suis contente de te voir ? Je me suis inquiétée ? Je pensais te trouver dans un état pire que ça ? J'aime bien ta couette avec des motifs de gosse ? Aucun mot ne se décide à sortir de ma bouche. Alors simplement, je passe mes bras autour de ses fines épaules, et l'attire contre moi. Un câlin vaut mieux que mille mots, non ?

Je le garde un moment contre moi, comme un petit enfant ayant besoin d'être rassuré. Ou peut-être que c'est moi qui ait besoin d'être rassurée ? Je ne sais plus trop. Je finis par me reculer, nous rendant à chacun notre espace personnel. Je garde malgré tout mes mains sur ses épaules et inspecte son petit visage, les sourcils froncés.

"Je n'aime pas cet air déprimé sur ta petite bouille... Par contre, j'aime bien les paillettes ! Tu essayes de te déguiser en princesse ?"

Je tente une blague, ayant envie de le voir sourire. Je crois que je serais même prête à me déguiser en princesse moi-même pour qu'il me sourie. Mais il n'a pas vraiment l'air d'un prince, dans son pyjama à motifs ! Il a juste l'air d'un enfant, et je me rappelle soudain que je ne suis pas venue les mains vides. Je pointe alors mon doigt vers la table de nuit.

"Va falloir que tu m'aides à finir mes stocks de jus et de bonbons... J'espère que t'as faim ?"

Quoi que, il est plus question de gourmandise que de faim, pour manger ça !

Dans notre étreinte, je sens Akito s'accrocher à moi comme à une bouée de sauvetage. Je resserre mon étreinte autour de ses épaules, et passe une main dans ses cheveux pour les caresser doucement, dans un geste réconfortant. Ca va aller bonhomme, je suis là, et je ne te laisserai pas couler. Il tente de répondre à ma blague, mais la conviction n'y est pas vraiment. Je caresse doucement sa joue pour le débarrasser de ses paillettes.

"D'accord, tu seras la princesse, et moi le chevalier..."

Je souris, mi-sérieuse. C'est que pour le moment, il a bien besoin d'être sauvé, le petit blondinet ! Je suis rassurée de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres en découvrant les friandises. Mais cela ne dure qu'un instant, et la seconde d'après, il se jette à mes pieds en s'excusant d'être si faible. Je l'aide à se redresser, lui caressant le dos pour l'aider à calmer ses sanglots.

"Tu n'as pas à t'excuser Akito ! Et ce n'est pas de la faiblesse, d'être affecté par ce qui se passe ! Tu es simplement plus émotif que certains autres, c'est tout..."

Genre moi, ahah. Enfin, je mentirais si je disais que tous ces événements m'ont laissée indifférente. Je me suis sentie affectée, moi aussi, mais bien moins que la plupart des gens autour de moi. Comme quoi, être détachée de ce qui nous entoure, ce n'est pas toujours un mal... Mais malgré tout, s'il y a bien une personne à qui je me suis attachée, c'est cette petite bouille ! Et je ne le laisserai pas sombrer, je suis bien décidée à l'aider à remonter la pente. Il pose ses petits yeux humides sur moi, et je lui adresse un sourire encourageant.

"Personne n'est de retour à la case départ ! Tu m'as moi. Et cette fille aux cheveux blancs qui s'est occupée de toi la dernière fois... Tu n'es plus seul, pouvoirs ou pas ! Et de toute façon, on va sans doute les récupérer rapidement..."

Enfin du moins, c'est ce que je pense. Il paraît que les Masters les ont déjà récupérés, certains élèves plus anciens aussi. Bientôt, ce sera notre tour ! Et même si j'avoue avoir envie de récupérer ma maîtrise de l'Air, je trouve cela reposant d'être redevenue une personne normale, juste pour quelques temps.

J'aide Akito à s'asseoir sur son lit et m'installe à côté de lui, prenant sa main dans la mienne. J'ai l'impression d'être une baby-sitter, et aussi étrange que ça puisse paraître, ça ne me dérange pas du tout. J'attrape une brique de jus de fraise que j'ai ramenée, et la lui tends en souriant.

"Allez, tiens, la vie est plus belle avec de la fraise. Tu veux qu'on regarde un film ?"

Ou des dessins animés s'il préfère ? Ou bien on peut même faire du bricolage... Ca m'est égal, tant que ça lui change les idées.

Akito ne me répond rien, se contente de me regarder de ses grands yeux humides. Il a l'air au bout du rouleau, autant physiquement qu'émotionnellement. Et je ne pense pas qu'un film puisse lui changer vraiment les idées... Je le regarde triturer sa brique de jus de fruit un moment, avant de finalement planter la paille pour lui. Il ne va jamais y arriver sinon...

"Ca ne fait que quelques jours... Il faut être patient, je suis sûre que d'ici une ou deux semaines, tout sera revenu à la normale !"

Cet incident laissera sûrement des séquelles pour les personnes les plus affectées, mais la vie rependra son cours, j'en suis convaincue. Et ce n'est pas tellement le retrait de nos pouvoirs qui m'inquiète, mais plutôt la raison qu'il y a derrière. Une menace plane sur Terrae, une menace non identifiée qui risque de s'abattre sur nous tôt ou tard. Cette idée m'angoisse, mais je préfère ne pas la partager avec le blondinet, il est déjà assez mal en point.

Suite aux paroles de mon ami, je le regarde se pencher vers l'avant, tête entre les jambes, comme les claustrophobes en crise. Cette position est sensée aider à se calmer, il paraît. Je lui frotte un moment le dos, jusqu'à ce qu'il se redresse. Je prends ensuite son petit visage entre mes mains et le force doucement à regarder dans ma direction. Ces yeux dorés ne devraient pas être pleins de larme, ça me tord le coeur.

"Personne ne te méprise ici. Tu es une belle personne Akito, et ceux qui ne le voient pas sont des idiots. Je ne laisserai personne t'insulter ou te faire du mal, je te le promets."

Je lui souris et lui donne un léger baiser sur le front.

"Chacun est comme il est, avec ses qualités et ses défauts... Je suis assez forte pour nous deux, tu peux te reposer sur moi. Et surtout ne change pas, tu es parfait comme tu es."

Si j'avais eu un petit frère un jour, j'aurais aimé qu'il soit comme lui. Pas faible, mais un peu fragile, et doux comme un agneau. Enthousiaste et une éternelle âme d'enfant. Un peu trop énergique, parfois saoulant, mais tellement adorable... Mon sourire se fait doux à cette pensée. Akito est un enfant, et personne n'a le droit de faire du mal à un enfant.

"Si tu ne bois pas ton jus, je te le vole. Et puis après, tu files à la douche et tu t'habilles ! J'aimerais t'emmener quelque part."

J'ai une petite idée pour lui remonter un peu le moral. Parce que clairement, un film ne sera pas suffisant.

Akito finit par me gratifier d'un très léger sourire - mais un sourire quand même - auquel je réponds largement, un peu rassurée. Il a l'air de reprendre vie doucement, et c'est une excellente nouvelle ! Mon petit Akito n'est pas une personne fade et terne ! Je lui donne une petite pichenette sur le front alors qu'il me remercie d'être son amie.

"Il n'y a pas à me remercier pour ça va !"

Je continue à sourire alors qu'il court prendre sa douche. Je l'attends patiemment, rangeant un peu son bureau alors que j'entends l'eau couler dans la salle de bain. Il ne perd pas de temps, et quelques minutes plus tard à peine, je le vois revenir, propre et frais... Et brillant aussi, ahah ! Il a l'air tout contrit et s'excuse de son apparence, ce qui me fait rire. Je lui ébouriffe les cheveux avant de hausser les épaules.

"Bah, je te l'ai déjà dit, mais ça te va bien les paillettes ! Je préfère quand tu brilles, tu sais... Et ton jus t'attend sagement sur la table de nuit."

Je lui lance un clin d'oeil, avant de lui tendre sa brique de jus. Je ne suis pas une sadique non plus, eh ! Je remets les autres briques ainsi que les bonbons dans leur sachet, puis attrape la main du blondinet, et l'entraîne hors de sa chambre. Nous montons les escaliers pour arriver finalement au dernier étage, dans la partie Air. Après Renji, il est la deuxième personne que j'emmène dans mon antre... Et encore un garçon, décidément !

J'ouvre la porte et le laisse entrer pour découvrir ma chambre. Je m'attends déjà à une tonne de questions sur les posters et dessins qui recouvrent mes murs ! Comme la dernière fois avec Renji, j'entasse rapidement dans un coin, les vêtements et feuillets qui traînent un peu partout. Promis, pour la prochaine fois que je ramène quelqu'un, j'essayerai de ranger ! J'invite Akito à s'asseoir sur mon lit et se mettre à son aise, avant de prendre place derrière mon synthétiseur. Le son est moins bon que sur un vrai piano, mais je préfère quand même composer dans l'intimité de ma chambre...

"Voilà, en fait je n'avais rien à te montrer vraiment... Mais plutôt, à te faire écouter ! C'est un morceau que j'ai composé en arrivant ici, donc personne ne l'a encore entendu..."

A part mes voisins de chambre, je crois que les murs ne sont pas très épais... Bref. Je me sens un peu tendue, c'est bête je sais, mais je n'ai plus joué devant personne depuis... Ben depuis Matt, en fait. Et d'ailleurs, je n'ai jamais joué devant personne à part Matt, et ma famille. Je prends une inspiration, puis laisse glisser mes doigts sur les touches. Une douce mélodie de piano monte doucement dans la pièce, à laquelle s'ajoute bientôt le son de ma voix. Des paroles minimalistes, au sujet d'une amitié qui s'étiole... De mon amitié avec Matt, parce que c'est tout ce qui me tournait en tête à mon arrivée à Terrae. Et que ma seule façon de m'exprimer a toujours été en musique.
(Hooverphonic - Eden)

Le morceau se termine, et je laisse un moment mes doigts sur le clavier, sans bouger. Je prends une inspiration, essuie discrètement une larme qui coule sur ma joue, puis me tourne vers Akito avec un sourire doux. Il a été silencieux pendant tout le morceau, et son expression est indéchiffrable.

"... Alors, qu'est ce que tu en dis ?"

Nous ne sommes même pas encore arrivés dans ma chambre que le blondinet commence à rougir jusqu'au bout de ses oreilles. Il a beau essayer de se cacher derrière ses mains, je le vois ! Je lui envoie une nouvelle fois une petite pichenette sur le front, accompagnée d'un rire.

"Dis donc, ce n'est pas la peine de rougir comme ça !"

Ce n'est qu'une chambre comme une autre ! Et puis il va finir par me mettre mal à l'aise s'il continue. Enfin quoi que, non en fait, il n'y a vraiment pas la moindre ambiguïté à sa venue ici, je trouve ! Pas comme avec Renji, ahah... Mais pourquoi je pense à ça, moi ?

Akito va de son petit commentaire, et je lui adresse un sourire quand il me complimente sur ma chambre. Je la trouve cool aussi, je dois dire... Enfin, forcément, je ne l'aurais pas décorée comme ça si ça ne me plaisait pas ! Mais surtout, je m'y sens bien, je m'y sens enfin chez moi je crois. Le jeune garçon s'installe sur mon lit, et je vois ses yeux s'agrandir alors que je m'installe pour lui jouer un morceau.

Une fois le petit concert improvisé terminé, le blondinet reste silencieux quelques instants, l'air ailleurs, avant de finalement bredouiller quelques mots. Il a l'air touché, et joint le geste à la parole en mettant sa main sur le coeur. Je lui adresse un sourire un peu nostalgique, avant de hausser les épaules.

"Ce n'est pas une chanson très chaleureuse pourtant... Mais je suis contente que ça t'aie plu. J'étais sûre que ça te remonterait un peu le moral !"

Mon sourire se fait plus franc, je suis contente d'avoir réussi mon coup ! Bon, j'aurais pu trouver un morceau plus enjoué que celui-là, mais c'est ma composition la plus récente, donc bon. Et puis surtout, je trouve la mélodie vraiment jolie et douce, ça correspond bien à ce que je voulais transmettre au jeune homme.

"Eh bien, tu es officiellement mon premier auditeur de Terrae ! Peut-être qu'il y en aura d'autres... Mais pas tout de suite. C'est déjà une belle étape, de jouer pour des gens qui me sont proches. Les inconnus, ce sera pour plus tard !"

Je lâche un léger rire. Pour plus tard, ou même pour jamais hein ! Je ne suis toujours pas convaincue par l'idée de partager ma musique avec n'importe qui... Mais je n'ai pas envie de contredire Akito maintenant qu'il a retrouvé le sourire !

"Est-ce qu'il y a un morceau que tu voudrais que je te joue ? Ou alors que je t'apprenne même ?"

Akito me sourit et se redresse tout en me complimentant. Je sens mes joues chauffer légèrement, c'est assez agréable de savoir que notre travail est apprécié, en fait. Et ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps ! Je hausse ensuite légèrement les épaules avant de répondre au garçon, un léger sourire sur les lèvres.

"Il n'y a pas besoin de s'y connaître pour apprécier la musique... D'ailleurs, je pense que chacun l'apprécie d'une façon différente, et c'est ça qui est magique !"

Certains aiment la beauté et la pureté d'une mélodie, d'autres sont envoutés par le rythme, alors que d'autres encore s'intéressent plus à la technique de l'artiste. L'amour de la musique est propre à chacun. Et pour moi, c'est un tout. On ressent l'âme d'une personne à travers sa façon de jouer, et ce que j'aime par dessus tout, c'est l'harmonie qui peut exister entre une oeuvre et son interprète. C'est au-delà de la mélodie ou du niveau du musicien. C'est comme tomber amoureux, je pense. On tombe amoureux d'un morceau, et dès lors il est impossible de mal le jouer.

Alors que je propose au blondinet un petit cours improvisé, je vois son visage s'illuminer comme celui d'un gosse devant ses cadeaux de Noël. Il s'installe à côté de moi d'un air excité, me parlant d'un morceau bien connu. Je laisse échapper un léger rire tout en me décalant un peu sur le tabouret, pour lui laisser plus de place.

"C'est un classique ! Et il n'est pas trop compliqué, je peux essayer de t'apprendre simplement la mélodie de la main droite ?"

Le but est de passer un agréable moment, ce n'est pas un "vrai" cours, donc on va laisser de côté le solfège et la lecture de notes hein... J'ai toujours été fascinée par les partitions et leur lecture, mais je sais que je suis exception. C'est généralement la partie que les apprentis musiciens trouvent la plus barbante ! Il vaut mieux passer directement à la pratique. Je positionne sa main sur les touches, pouce sur le "Do", et commence à lui expliquer de manière la plus simple possible les rudiments de l'instrument.

"Cette note est le Do, c'est la première note de la gamme. Elle est facile à reconnaître sur le clavier, elle précède toujours le groupement de 2 touches noires. Après, elles se suivent simplement, Do-Ré-Mi-Fa-Sol-La-Si, et puis ça recommence !"

Je positionne ma main quelques octaves plus bas que celle d'Akito, et commence à jouer doucement les premières mesures du Clair de Lune. Il n'a plus qu'à mimer mon geste lent, la mélodie sur le début est assez simple.

Akito semble presque impressionné par le synthétiseur, comme s'il ne s'était jamais retrouvé devant un clavier avant ça. Sa réaction est mignonne, et imaginer sa tête s'il avait été devant un véritable piano me tire un sourire encore plus large. Il positionne sa main comme je le lui montre, et je hoche doucement la tête.

Il écoute mes explications avec application, avant de suivre maladroitement le mouvement de ma main. Il se trompe, s'arrête en s'excusant. Je ris et ébouriffe ses cheveux, replaçant correctement sa main sur le clavier.

"C'est pas grave, ça ne s'apprend pas en cinq minutes non plus ! On va recommencer plus lentement jusqu'à ce tu y arrives."

Et c'est ce que nous faisons, encore et encore. Le blondinet est concentré mais un peu maladroit de ses petites mains. Néanmoins, il finit par y arriver après plusieurs tentatives, alors je le fais recommencer plus rapidement, avec le rythme réel du morceau. Quand il se sent un peu plus à l'aise, je le fais jouer seul, puis finalement, je rajoute ma main gauche à sa main droite, pour que la mélodie soit complète.

"Et voilà, tu sais jouer presque la première page de la partition maintenant !"

Je l'applaudis doucement en riant, alors qu'Akito a l'air aux anges. En fait, je me rends compte que j'apprécie beaucoup donner des "cours" de musique. Je me demande si c'est parce que c'est lui, ou parce que j'aime ça simplement ? Je devrais peut-être essayer de donner de vrais cours, pour voir ?

Finalement, nous nous installons sur mon lit pour manger des bonbons en discutant, avant de regarder un dessin animé que le blondinet choisit. Il finit par s'endormir, et je n'ai pas le coeur de le réveiller, alors je le mets sous la couverture et m'installe à coté de lui. L'ombre qui planait au dessus de sa petite tête a l'air de s'être définitivement évaporée, ce qui me rassure beaucoup. Je me promets d'être toujours là pour chasser ses cauchemars, comme une grande soeur protectrice. Je caresse doucement ses cheveux avant de sombrer à mon tour dans les bras de Morphée.