« Ouai mais clairement pas d’un débile comme toi. »

Le type que j’aime m’éviterait de finir en taule en taule et m’embarquerait jamais dans ce genre de plan foireux. Le type que j’aime supporterait sans doute pas de me voir dans cet état d’alcoolémie et… Je ne pense pas qu’il m’engueulerait, mais je ne veux pas voir la déception dans son regard. Il sait que je sors beaucoup, que j’ai toujours été la plus sociable de nous deux… Il sait que je bois régulièrement, mais je ne sais pas s’il sait que je bois autant… On n’en parle pas. Je n’en parle pas. J’ai peur. Je l’aime. Je ne veux pas y penser.

Ys croit que Tjay efface tout à distance mais en réalité il me donne nombre d’indications pour que je lui donne l’accès au poste. Je pense qu’il sera ravi plus tard quand il pourra s’en servir pour son… ‘’travail’’ mais je sais qu’il ne fera rien de trop illégal. On en a parlé, longuement. Pour le moment il travaille pour un cabinet d’avocat et ça semble lui convenir plutôt bien… Le tonnerre la déconcentre un instant avec l’uniforme qu’il enfile.

« Tu serais parfait pour les villages peoples… »

Il vient fureter derrière mon épaule, regarde mes doigts fureter sur le clavier en fonction des instructions que me donne mon frère et commente. J’ai pas tellement le temps de lui répondre que je sais, qu’il est clair qu’il aurait du le savoir depuis l’arène. Il semble capable de nous téléporter, où ? J’en sais rien, mais j’pense que tout autre endroit serait plus approprié qu’ici. J’espère ne rien oublier et j’attrape tout ce qui nous concerne, notes, papier d’intervention et je glisse le tout pêle-mêle dans mes poches avant de finir dans la flotte.

« PUTAIN YS ! »

Et je ne parle pas là de le payer pour une relation sexuelle. Bordel. C’est froid, si lui est sur la berge les fesses dans l’eau, moi j’y suis jusqu’au nombril avec mon fauteuil (sans quoi j’aurais rien senti mais c’est un détail.)

« Si tu m’aides pas à sortir de là j’te promets j’te frappe. »

Au moins il va mieux, je crois. J’ai beau l’engueuler, je souris. J’suis heureuse qu’il n’ait plus sa gueule fermée, j’ai l’impression qu’il va mieux mais je n’en suis pas certaine… ça j’en serais certaine que demain… S’il survit…

Ouai j’aime pas et pourtant il pousse le bouchon un peu trop loin, au moins il essaie de m’aider à sortir de la vase. J’l’aide en tirant sur mes roues du plus fort que je peux. C’est galère et l’eau est glacée. Vous savez qui a du mal à réguler sa température corporelle dans ce genre de situations ? Bah, ouai les reptiles et les paraplégiques qui ont des problèmes de gestion de leurs systèmes ortho et parasympathiques. Dites merci à l’autre blaireaute pour pas m’entrainer direct aux urgences…

« Il n’est pas lourd, c’est tes muscles qui sont en carton. »

Je sais ce qu’il cherchait à insinuer, je ne me laisserais pas faire. En plus l’gars il grogne comme s’il était en train d’se branler. J’vous jure c’est gênant… J’raconterais l’truc à Mitsu pour savoir s’il est réellement comme ça dans l’intimité, non parce que sinon j’peux l’écouter se plaindre et l’aider à lui cracher dessus maintenant… Bon ok j’le ferais p’t’être pas parce qu’il m’a sorti de l’eau et que j’me vois quand même moyen taper la discut pépouze avec Mitsu sur les gémissements de son copain sans deux ou trois verres d’alcool dans l’sang… Puis on balance pas ses potes à moins d’en tirer de gros bénéfices…

« T’inquiètes ta shoes sera plus heureuse sans toi. Maintenant elle est libre. »

C’est l’genre de conneries qu’on peut se sortir avec Ys, c’est n’importe quoi et on le sait. C’est agréable je trouve de ne pas être sérieux, d’sentir qu’on est proche et d’pas avoir besoin d’l’expliciter, d’mettre de mots dessus. Sympa d’se faire confiance j’dirais ? J’peux pas dire ce genre de trucs, on peut pas dire ce genre de trucs. C’trop intime, et j’pense qu’on est trop pudiques. J’imagine que pour certains c’est ce qu’on qualifierait d’amitié virile, celle où tu tapes sur l’épaule de l’autre pour pas lui dire des mots gentils qu’on sait qu’il pense parce que ça nous gênerait tous les deux. Manque de chance, j’suis une meuf, et va falloir trouver un terme plus approprié ou accepter que j'peux être virile. J'sais pas.

« Avec plaisir. J’aime t’aider à libérer des chaussures prisonnières… Tu ne veux pas jeter la seconde ? »

Je lui souris.

« Bon, on dort ici ou on rentre ? » les deux solutions m’vont aussi bien l’une que l’autre.

Ys lâche un ricanement face aux remarques d'Ipiu. Elle est probablement l'une des rares personnes avec autant de réparties. Surement la raison pour laquelle c'est toujours aussi électrique.
Enfin pour l'instant, ils sont surtout comme deux idiots bloqués dans un lac glacé bien trop proche de chez eux. Ys force tout ce qu'il peut tandis qu'Ipiu tente de son côté. Enfin… elle essaye hein. Si ça se trouve, elle se la coule douce. Elle en est capable, dites pas le contraire.

Finalement les deux Masters réussissent à atteindre la berge. Ils s'en souviendront de cette soirée mouvementée. Vraiment n'importe nawak! Ceci dit, Ys juge judicieux de remercier la blonde. Inutile de rentrer dans les détails ou d'en rajouter. Ils se comprennent. Ce à quoi la Master rétorque d'une blague. Relevant la tête, Ys croise son regard et un large sourire malicieux se glisse sur ses lèvres.

"Tu vas m'en offrir de nouvelles pour Noel. Ca t'apprendra! Et puis je t'ai sauvé d'une noyade."

Surenchérit-il.
A quel moment déjà? A partir de quand exactement avaient ils commencé à se côtoyer? La Mastérisation de la miss? Ou bien avant ça?
Ys ne sait plus réellement. C'était comme si la blonde avait toujours été dans son cadre sans réellement lui parler. Elle était là. Mais peu à peu, leur relation avait changé et il avait appris à la connaitre, la découvrir. Si au départ, elle parait hautaine, n'inspirant pas la confiance, on se rend compte que c'est une personne censée, soucieuse des autres bien plus qu'elle ne voudrait le laisser croire. Comme ce soir, où elle avait entraîné le Master loin des soucis. Peut être pour un soir. Ca ira pour un soir. Parce que ça reviendra, forcément. On échappe pas à la réalité. Mais grâce à son amie, il sait désormais comment s'y prendre. Comme tenir à ses convictions.
Parce que c'est son amie qui lui a montré le chemin.
Son amie.
Ca aussi, c'est une bonne cause.

"On y va la grincheuse. Et comptes pas sur moi pour te bercer."

Et côte à côte, les deux terriens se dirigent vers Terrae. Leurs maisons. Ils le savent. Ils se battent pour la même cause. Ici. Il n'y a qu'ici qu'ils sont libres d'être eux mêmes. C'est en sorte un point commun qu'ils ont.

HRP> Wesh ma gueule!!! On s'arrête là où tu veux continuer? :D