La demoiselle assista à la rencontre entre le chat et l'humain, le sourire aux lèvres. Quand son protégé sembla quêter son approbation, elle la lui donna d'un petit hochement de tête. Au moment où il allait visiblement s'enhardir, elle remarqua le regard de son semblable tourné vers un autre endroit. Suivant la direction ainsi indiquée, elle fut prise d'appréhension... Un chat inconnu... Et, connaissant son chaton, il n'allait pas laisser au nouveau venu la possibilité d'approcher.

D'ailleurs, il avait déjà triplé de volume et feulait dans la direction de l'inconnu. Mais elle savait qu'il ne ferait rien tant que l'autre n'approcherait pas.
Enfin... Après réflexion... Lani était capable de tout, et était souvent agressif envers les inconnus. Essayant d'anticiper, elle s'avança donc vers lui en s'arrangeant pour l'empêcher de voir l'objet de sa rage, parlant doucement, sur un ton apaisant. Les chats, ne comprenant pas le langage des humains, sont plus réceptifs aux intonations, la demoiselle le savait de longue date. Elle tenta donc de prendre le ton le plus calme, doux et assuré possible en lui susurrant :

- Du calme, mon Lani. Il ne te veut aucun mal, ni à toi ni à aucun de nous. Il s'en moque d'ailleurs totalement de qui nous sommes et de ce que nous faisons. Alors, calme-toi. Tu n'as pas à t'énerver.

Il la fixa dans les yeux, puis cessa de feuler. Néanmoins, ses poils restèrent dressés en une attitude menaçante, et elle savait qu'il attaquerait quiconque s'approcherait trop, elle comprise. C'est pourquoi elle n'essaya pas de le caresser, ce qui l'aurait pourtant vraiment calmé, s'il l'avait laissée faire. Mais il ne le lui permettrait pas. Elle continua donc à lui parler sur le même ton, sans forcément faire attention au contenu de ses mots, et prenant bien garde à toujours rester dans sa ligne de vue. Ne pas lui permettre de voir ce qui l'énervait lui semblait un premier pas dans sa quête de lui faire retrouver son calme.

Tout en poursuivant son monologue, sans lâcher le chaton du regard, afin de l'assurer de sa propre assurance, elle accepta le don de son aîné. Elle avait vu du coin de l'oeil la manière dont il avait usé pour s'en servir avec son propre chat. Elle en ferait autant, mais d'abord, il fallait qu'il la laisse approcher.
Tout en continuant de parler, elle fit un pas vers lui. Le chaton montra un peu plus les dents. Soupirant, elle reprit sa place initiale, déposant le cube devant elle.

- Bon, d'accord. Je te le laisse ici, tu viendras le chercher quand tu seras calmé.

Puis elle tourna la tête, dans l'intention de remercier le propriétaire de la friandise. Mais ce dernier se trouvait déjà aux côtés du chat errant. Il le caressait... Apparemment, il avait réussi à l'amadouer. Comment, elle n'en avait aucune idée, leur ayant tourné le dos pendant toute sa tentative échouée de rétablir le dialogue avec Lani. Mais, à voir le vieux chat grignoter un cube semblable à ceux offerts aux deux autres, elle comprit assez vite la manœuvre de l'Egyptien. Il cherchait tout simplement à mettre tout le monde d'accord. Et la nourriture, quand on voulait s'attirer les faveurs d'un animal, c'était imparable. L'aîné des chats avait sans doute déjà accepté l'homme. Clara sourit, décidant de ne pas les déranger. Elle laisserait son semblable s'occuper du nouveau venu.

Sa mission à elle serait de se charger de son propre protégé, dont le caractère ne lui faciliterait pas la tâche. Elle reporta donc son attention sur lui, et vit qu'il s'était approché, reniflant prudemment la friandise. Pleine d'espoir, elle continua à l'observer... Jusqu'à ce qu'il s'en rende compte. Il fila donc à l'opposé, comme pris en faute. Soupirant, Clara déclara :

- Très bien. Si tu veux, je ne regarde pas.

Et, se retournant de nouveau, elle reprit son observation du matou, qui ne semblait en effet nullement menaçant... C'était simplement Lani qui avait failli tout envenimer... Comme d'habitude.